Downy était donc là. Le monde s'écroulait autour de lui. La sensation des lèvres de Braeden lui donnait l'impression de brûler de l'intérieur, il avait sans aucun doute beaucoup trop d'alcool dans le sang, et il était encore un peu dans les vappes, mais son esprit son coeur tombaient d'accord pour lui dire qu'il ne pouvait pas laisser des gens mourir. Dans le genre situation pas facile et pas compréhensible pour un cerveau embrumé, y'avait pas mieux. Mais le coup de sauver des vies, c'était le complexe du héros. Une connerie qui arrivait à tout les militaires un jour ou l'autre. Face au danger, ils se sentaient le devoir de sauver les autres avant leur propre peau. Downy toussota en avant l'eau que lui donnait cette fille, Ana si il avait bien entendu... Il battit des paupières et voulu s'appuyer sur un bras pour se relever. Mauvaise idée, il utilisa le droit. Et réprima un gémissement alors qu'il retombait allongé. C'était Bagdad. Sur le bateau comme dans sa tête. Mais son sens militaire le maintenait dans un état de lucidité. Encore une connerie, ça. On leurs avaient tellement bourré le crâne qu'ils ne pouvaient pas faire face au danger en paniquant et s'évanouissant comme n'importe qui.

"Il faut.. régler les opérations" Il avait balbutié, regardant cette Ana. Dire la simple vérité, c'était tout ce qu'il lui restait. Si on continuait de faire les choses de façon anarchique, on y arriverait pas. Et puis il fallait évacuer ce foutu bateau. Il prenait l'eau, bon sang ! Il tenta de se relever, à nouveau, mais sa tête le tourna et il dut se rattraper à une rambarde qui était juste à côté de lui. Il ferma les yeux. Il ne supportait pas qu'on le traite avec pitié. Il y avait des gens qui allaient crever. Il fallait juste qu'il reprenne ses esprits, oui, juste cela...

Chuck s'assura qu'Ana était bien d'accord avec ce qu'il lui avait demandé de faire avant d'appeler Braeden. Les images de tout ces corps inanimés lui revenaient en tête, il fallait qu'il fasse quelque chose. Il n'y avait rien de plus qu'il puisse faire pour aider Serena, ou Downy, ou aucun autre blessé. Il n'avait même pas suivi une formation de base pour les premiers secours, alors il préférait laisser faire Ana. Et lui, il ferait ce qu'il pouvait pour aider. Braeden était déjà prêt à partir, mais la peur de ne plus jamais revoir Serena empêchait Chuck de s'en aller comme ça. Il se mit à nouveau à genoux devant la jeune femme, elle avait l'air tellement jeune, et tellement vulnérable. Il essaya de ne pas se concentrer sur l'impuissance qu'il ressentait à ne pas pouvoir l'aider, il repoussa dans un coin de son esprit la discussion qu'ils avaient eu un peu plus tôt. S'il ne remontait pas, ou qu'elle ne se réveillait plus jamais, il ne voulait pas en rester là. Il déposa un long baiser sur le front de la jeune femme, caressant sa joue. Il releva les yeux vers Ana. "Je te fais confiance." Il aurait aimé que sa voix soit plus assurée, mais même lui pouvait entendre le désespoir percer. Un dernier coup d'oeil à Serena avant de se relever et de partir en courant. Avant de changer d'avis.

Il attrapa plusieurs serviettes et cria pour demander à quelques hommes qui n'avaient pas l'air blessés de venir les aider à remonter les gens coincés en bas. Quand ils descendirent l'escalier, il essaya de laisser Serena hors de son esprit, ça ne lui servirait à rien de s'inquiéter pour elle, il ne pouvait pas l'aider. Chuck posa l'une des serviettes sur sa bouche pour éviter d'inhaler trop de fumée et lança les autres serviettes aux trois hommes qui les avaient accompagné. Il sentit le sol bouger légèrement sous ses pieds et lança un regard inquiet à son meilleur ami. La partie du bateau dans laquelle ils se trouvaient n'allaient pas tarder à se décrocher, il ne leur restait pas beaucoup de temps. Il se précipita vers le premier corps allongé qu'il vit. Il s'agissait d'une jeune femme aux cheveux longs, il ne le savait pas, mais elle s'appelait Iseult. "Madame? Vous m'entendez?" Il la secoua doucement en sentant une nouvelle secousse sous ses pieds. "Madame!?" Cria-t-il à nouveau en se rendant compte à quel point leur temps était compté.

Situation plus que critique dans laquelle ils se trouvaient. Joan un peu trop téméraire et ne voulant pas de son aide, continuait à marcher clopin-clopant pour rejoindre le couloir entrevu quelques instants plus tôt. Ils évoluaient à la vitesse de l'escargot asthmatique. La brunette était en train de se fatiguer inutilement. Pour le moment, Ethan avait émit l'hypothèse de la porter, chose qu'elle avait refuser, il l'avait laissé jouer aux fortes têtes. Mais, la pièce dans laquelle ils se trouvaient peu de temps avant s'écroula littéralement comme un château de carte derrière eux. Décharge d'adrénaline dans les veines, ce n'était plus qu'une question de temps avant que tout le reste du navire ne tombe en miettes. L'eau commençait à se faufiler dans le dédale de couloir, celle-ci vint lui lécher les pieds. Un regard au sol et il ne lui fallu pas longtemps pour réagir. Il passa un bras sous les cuisses de Joan puis lui entoura les épaules de l'autre, avant qu'elle n'ait le temps de protester et en s'assurant qu'il ne risquait pas de lui faire mal, il la souleva de terre et commença à avancer d'un pas rapide. « Ne râle pas... Si on se dépêche, on a peut-être une chance de sortir de ce fourbi. ». Il courrait presque à présent, fonçant droit devant lui. Pas un chat ne traînait dans ce couloir, pas vraiment rassurant. L'eau lui arrivait maintenant aux chevilles. Des escaliers se présentèrent à eux, il les enjamba quatre à quatre. Arrivé en haut du palier, ils se retrouvèrent face à une porte coupe feu, fermée. Le sort s'acharnait sur eux. Délicatement, il reposa Joan au sol. Sans perdre une seconde il analysa la situation. Cette maudite porte était leur seule chance de pouvoir accéder au pont supérieur. Dans un premier temps, il essaya de tirer sur le chambranle, il secoua la poignée, elle résista. « Recules-toi, je vais essayer d'enfoncer la porte. ». Il se jeta ensuite de toutes ses forces contre le chambranle, qui résista et lui fit voir 36 chandelles. Bien sûr, il n'y a que dans les films où le héros bodybuildé arrive à faire céder une porte aussi facilement. Se frottant l'épaule, il donna des grands coup de pied rageur dans la porte. « Fait chier, chier, chier et re chier ! » pesta-t-il tout en continuant à shooter copieusement au même endroit. Il se tourna vers Joan, l'air penaud. « Je suis vraiment désolé, je crois que tu avais raison... on est vraiment maudits ! ». Cela ne pouvait pas se terminer de la sorte, c'était impossible, pas maintenant, pas après qu'ils se soient enfin retrouvés. Avec l'énergie du désespoir il s'avança encore vers la porte et tambourina tout en hurlant. « Y a quelqu'un ? Est-ce que quelqu'un m'entend ? Venez nous aider ! »

Il fallait bien que ça ce passé ainsi, bien évidement. La brunette n’avait pu s’empêcher d’exercer son métier une fois de plus pour attirer l’attention ; prendre des photos ou rien…bah voilà qu’il n’y avait plus rien, enfin sauf une table qu’elle tenait désespérément alors que ses pieds pendaient dans le vide oui… ce qu’elle pouvait être cruche par moment! Dire qu’elle n’avait même pas assez de voix pour crier à l’aide en plus…elle ferma les yeux un quart de seconde pour reprendre ses esprits, difficilement. Se disant qu’il valait mieux tenter le tout pour le tout, elle agrippa l’une de ses main, un peu plus haute sur la table perchée pour ensuite ouvrir de nouveau les yeux. Elle manqua de lâché prise lorsqu’elle entrevit une femme penché vers elle, une main dans le vide pour tenter de lui apporter son aide. C’était la jeune femme qui se prenait la tête avec l’homme étrange, oui elle venait de la rencontrer; ah les cerveaux de poissons! Une mince lueur s’empara donc de son regard, mais vite fait elle comprit que cette jeune femme…enceinte, ne pourrait pas faire le poids avec une simple main. Mais t’es folle, j’vais te plonger directement dans le feu toi et ton p’tit! Elle la dévisageait, ne voulant pas la blesser…elle s’en sortirait, elle trouverait bien un moyen… Elle regarda autour d’elle pour finalement fixer une autre table, celle forcément de la rouquine qu’elle avait aperçu un peu plus tôt. Si vraiment tu veux m’aider, vas chercher cette nappe!

Saoirse était penchée vers le bord du trou qui menaçait de s'effondrer encore plus. La main tendue dans le vide, elle attendit que la jeune femme la saisit mais sa réaction fut autre. Dans un sens, elle n'avait pas tort. Enceinte comme elle était, elle ne pourrait sans doute pas la relever à la simple force d'un bras. Contrairement à l'habitude, où elle trouvait toujours moyen de porter ses armes lourdes, elle ne pouvait cette fois pas supporter le poids d'une femme bien que mince. Elle se mordit la lèvre, désemparée. Elle ne pouvait pas la laisser là. La jeune femme réagit plus vite qu'elle et parla alors d'une nappe qu'elle pourrait utiliser. Suffirait-elle seulement ? Sans doute pas, mais c'était déjà quelque chose.
Elle se releva et virant d'un mouvement tout ce qui se trouvait dessus, elle attrapa la nappe. D'un geste précis et rapide, elle la noua de façon à créer un poids suffisant. Elle lança un bout à la jeune femme mais au moyen de tirer, manquer de s'effondrer sur le dos. Elle y renonça et trouva un lieu où la nouer.

- Je vais nouer la nappe juste là. Je vais voir si je peux trouver quelqu'un ou quelque chose pour m'aider à vous tirer. Essaye de remonter pendant ce temps-là. Je vais aussi vite que possible.

Une main sur son ventre, elle se mit presque à courir sur le pont. Impossible pourtant de trouver quelqu'un qui pourrait lui venir en aide. La foule ne cessait de courir en tout sens, ne prenant pas la peine de voir, où ils marchaient. Ce fut à cause de cela qu'elle se retrouva bientôt sur le sol après une bousculade. Une douleur la saisit soudain avant de repartir aussitôt. Elle n'y prêta plus attention et se releva comme elle put. Elle ne pouvait pas se permettre de rester là. Mais qui pourrait l'aider ? Une idée lui vînt soudain. Le personnel avait surement ce qu'il fallait sur le pont. Elle tenta de se frayer un chemin jusqu'à la zone des cabines non sans mal. Parfois, elle lançait un regard en arrière pour voir si la nappe tenait toujours. Elle priait pour qu'elle arrive à tenir juste là, espérant que quelqu'un de plus fort pourrait peut être aider la jeune femme le temps qu'elle revienne. Elle finit par atteindre le centre vers les bâtiments. Manquant de se faire écraser par une poutre, elle s'écarta et descendit dans les couloirs. Chaque porte qu'elle tentait d'ouvrir semblait fermer de l'intérieur. Mais bon sang ! Il devait bien y avoir un accès au pont de secours. Maudissant intérieurement la situation dans laquelle, elle se trouvait, elle continua. Marcher aussi vite l'épuisa, mais elle n'avait pas le choix. Qui sait combien de temps, cela tiendrait. Elle devait revenir sur le pont au plus vite pour l'aider. Au moment de franchir un autre couloir rendu étroit par des décombres, elle entendit un tambourinement contre une porte. Elle se figea, hésita puis revint vers la porte. Elle tenta de l'ouvrir mais ne parvint pas même à la faire trembler. La serrure était complétement verrouillée et sans clé ... Elle se mordit la lèvre puis hurla :

- Reculez ! Ne restez pas derrière ! Reculez !

Puis sans attendre, elle sortit l'arme à sa cheville et tira sur la serrure. Trois fois. Celle-ci n'avait pas cédé mais elle s'en fallait de peu. Elle tira avec ses bras sur les poignets avant de s'arrêter, prise de douleur. Elle tira une dernière balle et la serrure céda. Elle tenta alors à nouveau d'ouvrir la porte. Elle était lourde, très lourde, trop lourde. Elle fut prise de vertiges mais put rejoindre ceux qui étaient derrière.

- Joan ?! Ca va ?

A peine eut-elle dit cela qu'elle manqua de percuter le battant de la porte, prise de vertige. Ils devaient remonter et vite. Il ne fallait pas la laisser seule, là-haut. Elle était en sueur et sans qu'elle le vit, du sang coulait au niveau de sa cuisse droite.

La situation était quelque peu désespérée et la jambe de Joan la faisait souffrir mais elle ne voulait pas lâcher le morceau aussi facilement. C'était sans compter sur Ethan qui fatiguait de la voir se démener inutilement surtout que l'eau commençait à monter et qu'ils seraient certainement bientôt submergés. En un rien de temps et sans avoir eu réellement le temps de protester, la jeune tueuse se retrouva dans les bras rassurants d'Ethan Sanders. Elle fit mine de bouder puis suivit l'allure folle du jeune homme.
Un instant d'espoir alors qu'ils arrivèrent devant une porte qui pourraient les mener vers la liberté. L'eau continuait de monter dangereusement et Joan se retrouva contre le mur à observer Ethan s'acharner sur la solide issue. Joan savait qu'il ne pourrait pas l'ouvrir, pourtant elle recula lorsqu'il lui ordonna avec un certain désespoir marqué sur son visage.

Thany, je crois que tu sais comme moi que c'est inutile... C'est pas grave tu sais...

Puis, elle s'approcha de lui et lui attrapa la main, les yeux larmoyants. Mourir ainsi était certainement ce qui aurait pu leur arriver de pire. Joan estimait qu'elle méritait d'être punie de la sorte et la mort ne l'effrayait pas mais elle aurait tellement aimé le sauver, lui.
Dans tous les cas, Ethan n'était pas de son avis et continua de tambouriner à la porte dans l'espoir que quelqu'un vienne les sauver. La tueuse entendit une voix qu'elle connaissait derrière la porte: Saoirse. Elle leur demandait de se reculer et tira des coups dans la serrure pour les libérer. Après un temps qui sembla durer une éternité, son amie réussit l'impossible.
Dès que Joan vit son visage, elle savait que quelque chose n'allait pas et le sang qui coulait sur la jambe de Sao ne la rassura pas.

Sao... C'est à toi que je devrais demander ça...

La sensation des lèvres de Chuck sur son front puis plus rien, à part le bruit sourd de la voix d’Ana peut-être. Ses oreilles bourdonnait, elle respirait mal, mais mieux, elle réussit enfin à ouvrir les yeux complètement. Elle n’arrivait pas à parler, sa gorge la brulait, et l’eau qu’Ana la força boire lui fit le plus grand bien. Serena regarda à sa droite, et vit le dénommé Downy, elle voulut bouger son bras dans sa direction, mais tous les bouts de verre étaient incrustés dans celui-ci. Mais quelle horreur, la voilà qui ne pouvait ni utiliser sa jambe gauche, ni son bras droit et ce bourdonnement qui ne cessait pas. « Ana, on va couler, c’est foutu. Sauves-toi. », dit-elle dans un souffle saccadé. Chuck, où était-t’il ? Il allait mourir lui aussi, non il ne fallait pas qu’il meure, tout était de sa faute, elle lui portait vraiment la poisse. « Comme je sais que tu ne voudras pas me faire mal Ana… », Serena tourna sa tête vers Downy, « Si tu as assez de force pour le faire, retire moi ces satanés bouts de verres de mon bras, pitié. », dit -elle, une grimace de douleur apparaissant aussi tot sur son visage. Elle avait presque crié, parce qu’elle n’entendait rien en dessous du bourdonnement incessant de ses oreilles. Puisqu’ils ne se connaissaient pas, il ne ferait pas dans le sentiment, et c’était ca qu’elle voulait, Ana l’assisterait au pire des cas, mais elle n’avait pas assez de force pour les retirer elle-même. Elle espérait qu’il dise oui, mais visiblement il ne voulait pas rester là sans rien faire, bien qu’il soit lui aussi en piteux état. Si seulement sa jambe n’avait pas souffert, elle aurait quand même pu se lever pour aider les autres, mais le sort s’acharnait visiblement.

« Si tu as assez de force pour le faire, retire moi ces satanés bouts de verres de mon bras, pitié. » Presque un cri. Une sorte d'appel à l'aide. Au moment précis où sa conscience lui criait de sauver des vies mais que sa raison lui rappelait qu'il n'était pas en état. Ils allaient couler, c'était certain. Mais cette fille, elle était dans le même bateau. Il était un peu le seul homme à ne pas sauver des vies dans les tréfonds du bateau. Il allait être l'homme de la situation, point. Il tituba jusqu'à elle et se laissa tomber à genou. Ana, cette fille, semblait qualifiée. Mais elle n'aurait pas la force de retirer certains éclats du bras de celle allongée au sol. Il n'avait pas forcément à faire de la grande médecine. Mais le minimum, on leur avait inculqué. Des éclats à cause d'une mine trop proche, c'était tellement plausible.. Il leva ses yeux chocolats vers Ana. Le regard un peu fiévreux, les mains qui tremblaient légèrement, il s'en sentait complètement capable. Même si il aurait sûrement dû ne pas bouger et se retrouver avec les cervicales bloquées le temps qu'on le porte dans un hôpital aux yeux de n'importe quel médecin. Il retira la veste de son costume en grimaçant. Foutue épaule. Il se préparait. Au moins, l'autre fille aurait du tissus pour poser un garrot si une hémorragie se déclarait. Il attrapa son bras. Downy, l'homme qui n'aurait fait de mal à personne. Il jeta un rapide coup d'oeil à cette fille. Elle connaissait Chuck. Ils étaient dans le même bateau, et c'était le cas de le dire. Quelque chose lui disait que dans d'autres circonstances, ils se seraient bien entendu. "O.. Okay... Ana, c'est ça ? Tu as ma veste en garrot au cas où elle se mette à trop saigner. Bon, hum.. Je compte jusqu'à trois, et j'en tire un.." Calme et précision militaire. Il n'aurait jamais imaginé que ça lui resservirait, un jour. "Un, deux... Trois." Et il retira un premier éclat.

Un cri de douleur horrible et un flot de larmes incontrolé. Elle ne pleurait pas mais les larmes coulaient d’elle - même. Elle sentait tout, malgrès tout, c’était comme un mélange de douleur et de soulagement à la fois. La main crispée de Serena serra la main d’Ana, peut-être un peu trop fort. Devant l’hésitation apparente de Downy et Ana, la jeune fille prit la parole difficilement «  C’est bon. Ca va. » Si ils s’en sortaient elle ne manquerait pas de retrouver ce Downy pour le remercier, il la sauvait un peu en quelques sorte. Quoiqu’il avait l’air blessé et qu’il saignait de la tête, une prochaine rencontre à l’hopital dans la meilleure des options. C’était pathétique vu comme ça. Elle aurait aussi tout le temps de remercier Ana, elle était son amie, elle la retrouverait facilement. Mais bon ça c’était seulement si elle s’en sortait, et elle ne voulait pas vraiment penser comme une égoiste, si la situation devenait trop critique, elle demanderait à Downy de la laisser là et de se sauver avec Ana. Quand on lui arracha un autre bout de verre, la réaction fut la même, mais c’était intense trop intense et elle sentait le sang couler sur son bras, elle avait envie de fermer les yeux, rien qu'une petite seconde.

L'eau continuait à monter, lentement mais sûrement. Sa course folle ne semblait pas prête de s'arrêter. Le niveau montait inexorablement. Course contre la montre qui se jouait à présent. Ethan s'acharnait contre la maudite porte coupe-feu, en vain. Joan lui fit d'ailleurs remarquer que cela ne servait pas à grand chose. L'un comme l'autre en avait parfaitement conscience, mais l'éducateur continuait de plus belle, ne voulant pas lâcher le morceau. Cela ne pouvait tout simplement pas se terminer de la sorte. C'est pas grave tu sais. Cette phrase résonna en lui tel le glas de leur vie alors qu'elle s’approchait de lui. Ethan ne trouva rien à redire lorsqu'elle lui saisit les mains, il détourna les yeux, ne supportant pas la vision qui s'offrait à lui. Il aurait dû faire quelque chose, il aurait dû ouvrir cette maudite porte et pouvoir la sortir de là. Il aurait dû... mais il n'y arrivait pas. Ne sachant trop que faire, que dire en pareille circonstance, Ethan entoura les épaules de Joan. S'il devait se résigner à mourir aujourd'hui, ce serait dans les bras de son grand amour et nul part ailleurs. Il ne leur restait sans doute plus que quelques minutes à vivre. Il y avait une chose qu'il ne voulait pas regretter. Le jeune homme releva le menton de la brunette et planta son regard dans le sien. « Il y a sûrement peu de chances pour qu'on s'en sorte, je voulais te dire que... je t'... ». La phrase d'Ethan se figea dans les airs, alors qu'une voix leur intimait de reculer. Exécution immédiate. Des coups de feu retentirent et la porte finit par céder. Un soulagement sans nom, puis un visage inconnu apparu - pas forcément en très bonne forme d'ailleurs. Saoirse manqua de s'écrouler, lâchant Joan, le jeune homme se rua sur elle pour la soutenir, il ne remarqua pas le sang qui lui coulait le long de la jambe. Pas vraiment le temps de la remercier, le temps pressait. « Est-ce que vous êtes en mesure de nous reconduire sur le pont supérieur ? »

Chuck dirigeait les opérations. En temps normal Braeden l'aurait devancé, il aurait prit les commandes comme il avait été habitué à le faire. Mais il n'en avait absolument pas la force. Il n'avait qu'une seule chose en tête: Downy. Il fallait le sauver, sinon il ne s'en remettrait pas. Il avait perdu trop de proches, pas celui la. Il l laissa et suivit Chuck, attrapa des serviettes et regarda les hommes les rejoindre. Il y en avait trop. Cette mission était trop dangereuse, surtout à l'aveugle, pour risquant tant de vie. Braeden en regarda deux. "Toi, et toi, allez plutôt faire un tour près de la brèche, il y a surement encore des gens d'accrochés ils sont votre priorité." Puis il regarda les trois derniers hommes, et Chuck. "Nous, on descends." Braeden avait prit les commandes. Un haut gradé dans l'armée américaine gérerait mieux ça qu'un avocat en rogne. Parce que Wilde pouvait gérer sa peur et celle qu'il avait pour Downy. Après tout il était avec Ana, une apprenti médecin habitué du magasin. Et ils descendirent. Braeden sorti son portable et fit le maximum pour que celui ci ai un écran lumineux. Avec de la lumière ils y arriveraient. Chuck se précipita vers une femme. Wilde l'avait déjà vu, elle était journaliste et assez collante. Et elle semblait mal en point. Wilde se tourna vers les trois hommes. "Vous, allez de ce coté la, juste aux parti qui se sont détachez, sauver tout les invités qui pourraient y être. Nous on va aller à l’opposer, d'accord Chuck?" Un regard à son ancien ami. Celui ci monta la jeune femme. En attendant, Wilde avança. Droit vers l’incendie.

Autumn se tenait à bout de bras depuis quelques seconds seulement et sentait pourtant déjà ses membres s’affaiblir. Elle n’aurait su dire s’il s’agissait de son manque d’activités physique ou la peur qui la prenait, mais il lui faudrait remédier à la situation et rapidement. Elle laissa donc sa compagne lui lancer un bout de nappe bien soyeuse qu’elle reprit presqu’aussitôt, jugeant bon de l’attacher à quelque part, n’étant pas assez imposante pour tenir à bout de bras le corps frêle de Leah. D’un mince sourire elle acquiesça à la demande de Sao, qui quittait la pièce, à la recherche d’aide pour la sortir de là; franchement elle aurait tout aussi bien pu la laisser-là, comme un vulgaire jouet, mais elle avait apparemment conscience d’aider son prochain et Autumn la félicitait. À sa place…elle n’aurait pas su faire mieux. La brunette resta donc suspendu à sa table alors qu’elle sentait la chaleur prendre tout prêt de ses jambes, non le feu n’y était pas, mais pas loin…mourir brûlée, quelle horreur! Savannah agrippa de nouveau le coin de la table pour se pousser un peu plus vers l’avant, échappant de justesse à une flamme qui passait par là… Elle agrippa ensuite la nappe pour se donner un peu de répit, mais senti rapidement la table bouger; ce n’était pas bon signe du tout; elle priait de tout son cœur pour que cette nouvelle connaissance arrive et ce, le plus tôt possible.

Payton semblait assez mal en point. Il saignait de la tête. Nath regarda son bras en grimaçant. Il devait retirer ces conneries de bous de verres. Parce que la ça faisait un mal de chien. Tout en se mordant la lèvre il retira le plus gros bous. Sa mère n'allait vraiment pas être contente. Et qu'en penserait Hesther? elle le verrait arriver tout abîmer et le prendrait pour un raté et refuserait qu'il voie son enfant. Sa faisait une super histoire à raconter pour plus tard d'ailleurs. "comment tu t'es fait ça papa?" " En sauvant tout le monde sur un bateau qui coulait!" Pas la vérité? Allons, Hesther n'était pas la elle ne le saurait jamais. Payton lui était la. Et il se mit à parler alors que la panique régnait. "Rien de cassé ? Il faut qu'on se tire d'ici et en vitesse !" "Tu peux pas attendre juste trente secondes? tu vois bien que je suis occupé la, j'ai des bous de verres à retirer alors on bougera mais après. De toute façon tu veux qu'on aille où hein? Moi je te préviens je ne saute pas, c'est hors de question. J'ai même pas mon maillot." Et il regarda Payton d'un air effronté. Pour lui sa réponse était on ne peu plus normal. Et alors que tout le monde hurlait et courait il resta la, assis, à retirer ses morceaux de verres doucement. Et tant pis si on le prenait pour un fou. Ne leur avaient-on donc jamais apprit qu'il était mal de courir comme ça? Glisser, rentrer dans quelqu'un, tomber. Il n'y avait pas meilleur façon de se faire plus de mal. Et puis pour aller où? Ils étaient coincé. C'était comme ça. "Pay vu qu'on va rien foutre un moment.. T'as des gosses toi? Non mais parce que j'vais être papa et je me demandais si, si tu en avais, tu pourrais pas me filer des cours tu vois.. Tt'es un bon prof toi non?"

Un mince filet de sang lui dégoulinait le long de l'arcade sourcilière. Filet chaud et poisseux, sensation désagréable dont il fallait faire abstraction, tout comme il ne fallait pas s'écouter, pour ainsi oublier la douleur qui lui martelait la tête mais aussi le dos. Penser à tout sauf à ça. Ses pensées se tournèrent alors vers sa petite fille. Pour la première fois depuis sa tentative de suicide il en vint à se dire qu'il ne la verrait peut-être pas grandir. La voix de son voisin d'infortune le tira de sa rêverie. Nath' n'avait pas tord, où pourraient-ils aller hormis dans l'eau ? Ils risqueraient l'hypothermie voire pire, mieux valait attendre tranquillement sur le pont. Attendre de couler. Que choisir entre terminer écrasé ou noyé ? Choix difficile. « C'est bon je t'attends mais dépêche toi, et puis fait pas ta mauviette bon sang, tôt ou tard on sera obligés de sauter, si personne ne vient nous tirer de là. ». Un peu agacé, l'ancien profiler secoua la tête. Qu'est-ce qu'il pouvait être énervant en toute circonstance, ils avaient beau bosser ensemble et bien s'entendre, il y avait toujours un moment où Nathanael finissait par lui taper sur le système. « Tu veux que je t'aides peut-être ? », demanda-t-il l'air de rien. La question complètement en décalage par rapport à la situation lui arracha un sourire, malgré lui. Sourire, puis grimace. Lui, père ? C'était une blague. « Oui, j'ai une fille qui va sur ses dix ans, mais crois moi je suis pas le mieux placé pour donner des conseils. Il tourna la tête dans sa direction, cherchant son regard. Tu vas être père... ce... c'est arrivé sur un malentendu non ? Enfin le prend pas mal, mais tu joues encore à Pokémon, c'est un peu étrange quoi... Bref, tu veux savoir quoi au juste ? Compte pas sur moi pour changer les couches de ton gosse par contre. ». Le bruit de la panique parvenait jusqu'à ses oreilles tandis qu'il parlait tranquillement avec son collègue. Cherchez l'erreur...

L’eau leur avait visiblement fait du bien et Ana était en train de soigner Serena comme elle le pouvait quand Downy se releva. Elle n’eut pas le temps d’aller jusqu’à lui qu’il s’appuya contre une rambarde. Ce qu’il lui dit ensuite, ils devaient organiser les choses… Mais elle ne pouvait faire ça, elle ne l’avait jamais fait ! Elle s’apprêtait à essayer quand même, quitte à donner des solutions idiotes mais ils devaient sauver ces gens. Pourtant, elle ne voulait pas s’éloigner de Serena et Downy, eux aussi avaient besoin d’elle, ils n’étaient pas en forme. Avant qu’elle n’ait pu dire ou faire quelque chose, ce fut Serena qui parla. Se sauver et les laisser là ? Elle délirait ou quoi ? « Pas moyen. » répliqua doucement mais fermement la jeune Russe. Puis Serena continua et Ana se mit à penser que si elle aurait du lui faire du mal pour la soigner elle aurait pu mais peut être pas là, sur ce bateau. S’il n’y avait pas eu d’autre solution elle l’aurait fait, mais Serena demanda à Downy de… lui arracher les bouts de verres qu’elle avait dans le bras. Ana regarda rapidement cette partie et c’était effectivement plus grave que ce qu’elle avait pensé. De toute manière, elle n’aurait surement pas eut la force de retirer certains des morceaux. Son bras gauche lui faisait toujours mal mais elle préférait ne pas y penser, leurs blessures étaient plus importantes. Downy se laissa tomber près de Serena et leva les yeux vers Ana, il retira sa veste et attrapa le bras de Gomez. Ensuite il parla à la jeune Richards qui hocha la tête. Une confirmation pour son prénom et pour lui dire qu’elle serait là si besoin. Il compta et retira le premier morceau et Serena hurla. Des larmes s’échappèrent et elle serra fort, très fort la main d’Ana. Celle-ci hésita, voulu faire arrêter Downy, ayant du mal à voir tant de douleur sur le visage de son amie mais Serena les rassura de manière à ce que Downy continue. Il arracha un second bout de verre et le cri de la brune recommença. Le sang coulait de son bras, et coulait trop, beaucoup trop. Ana s’en rendit compte et il ne lui fallu que quelque secondes pour qu’elle réagisse. « Do… Downy, attends. Juste un moment, elle saigne trop, je… je dois lui faire un garrot. Passe-moi ta veste s’il-te-plaît. » Etrangement, elle avait prononcé sa dernière phrase avec beaucoup de calme. Clarkson la lui donna et elle confectionna rapidement un garrot autour du bras de son amie, elle vérifia qu’il était bien fait puis reprit son autre main. « C’est bon, tu peux… continuer. » Alors qu’il reprenait sa tâche, elle regardait Serena et voyait qu’elle avait fermé les yeux. C’était pas bon ça, elle ne devait pas partir, elle devait rester consciente, avec eux, même si elle avait mal. « Serena, tu m’entends ? Ouvres les yeux, tu dois rester éveillée, je sais que tu as mal mais, il le faut. Parles-moi si tu veux, parles-moi de ta famille, de tes projets, de ton dernier rêve, de Ch…, hum, de la pluie, du soleil, des Bisounours ou même des licornes qui courent dans la prairie et des petits poneys dans les prés si tu veux ! Mais juste, parle-moi, reste avec nous. » Ok, elle était un peu partie dans un délire mais Serena devait rester consciente. Ana avait butté sur le nom de Chuck, elle savait que ça ferait remonter de mauvais souvenirs, surtout que leur dernier entretient avait fini en larmes pour la jeune femme. Elle attendit avec angoisse une réponse de la jeune femme.

Il fallait être méthodique. Ne pas se préoccuper du monde extérieur. Mais ce premier hurlement de la jeune fille lui résonnait encore dans la tête. Il ne supportait pas de voir ses proches souffrir. Et pourtant, là, il était en train d'enlever des bouts de verre de son bras. Mais le sang était trop abondant. Downy laissa rapidement se servir de sa veste comme garrot à Ana. Un mal de tête insoutenable lui vrillait les tempes. Et il frissonnait, à chaque seconde un peu plus. Il ressentait chaque douleur de façon aiguë, et en même temps avait l'impression d'être totalement anesthésié. Il ferma les yeux un instant. Sur un champ de bataille, fermer les yeux, c'était mourir. Mais il les rouvrit rapidement quand il comprit ce que disait Anastasia. Oh non, il ne fallait pas qu'elle ferme les yeux. C'était abandonner toutes ses chances. Dans un champ de bataille comme n'importe où ailleurs, si la mort guettait, abandonner, c'était finir sa vie, pour toujours. Downy tenta de sourire en entendant de quoi parlait Ana à son amie. Mais il avait l'impression d'être si.. Engourdi. Comme plongé dans de la ouate. Il était, en quelques sortes, en train de se déconnecter de la situation. Il s'était rapproché de son visage et lui donnait de petites tapes sur les joues comme on le faisait avec les personnes qui devaient être extirpées de l'inconscience. Il fallait qu'elle s'accroche. Il murmurait sans un son des chapelés d'injures qui ne pouvaient s'entendre quand lisant sur ses lèvres. Mais la migraine.. Mais le froid.. Il releva les yeux, et regarda tour à tour les deux jeunes femmes. Il s'était frappé le crâne contre un mur avec la force d'une explosion. "Je..." Un début de phrase judicieux. Il avait l'impression qu'une armée de marteaux piqueur s'était nichée à l'intérieur. Il se prit le crâne entre les mains, un instant. Et maintenant, l'envie de vomir qui montaient. Pas à cause de la vue du sang. Mais on savait tous ce qu'un trauma' pouvait causer. Et là, visiblement, Downy n'était pas bien. Du tout.

Leslee sentait son coeur résonner contre les parois de son crâne… elle entendait sa petite amie crier non loin d’elle, tout comme elle entendait sa mère lui dire de ne pas lâcher prise; chose qu’elle n’était pas prête de faire, même si c’était l’une des pires personne au monde qui tentait de l’aider, elle s’accrocha donc. Heureusement pour eux, deux hommes, probablement tout aussi apeuré que les deux jeunes femmes passèrent par-là, se faisant aborder par la rouquine afin qu’on lui donne un coup de main. En moins de deux elle se remit sur pied, tremblant de tout son corps, ne prenant pas même le temps de remercier ceux qui avait contribué à son bienêtre, ou plutôt à sa survie.

Sa tête lui élancait franchement, elle ne voyait pratiquement plus rien, comme si un trou se dessinait dans son esprit et pourtant, elle entendit sa mère lui dicter de nouveau ce qu’elle devrait faire ; « Je m’excuse pour tout Les, mais maintenant, il faut se sortir de là... Trouvons un endroit sûr ! » Seulement Leslee savait ce qu’elle avait à faire. Elle marcha, ignorant les propos de sa mère qui venait de se mettre à hurler; sauver JJ était sa priorité et elle ne changerait pas d’ici à ce que ce soit chose accompli. La rouquine avançait donc, se sentant quelque peu dans les vapes, ne portant pas attention aux autres qui courraient dans tous les sens, portant sa concentration sur Jane, sa petite amie. Je suis là Jane, tiens bon…je t’en supplie, tiens bon! Elle ne s’entendait plus elle-même, quelque chose n’allait pas, elle sentait son corps défaillir, sa tête devenir lourde…

Sans prévenir, Saoirse manqua de s'écrouler. Par chance, elle fut retenue. Elle jeta un œil soulagé au jeune homme à qui elle devait son salut. Dans d'autres circonstances, elle l'aurait trouvé vraiment pas mal. Mais l'important était clairement ailleurs. Quand il lui posa la question, elle se remit sur jambe. Cette faiblesse, ça n'était pas dans ses habitudes. A quoi bon passer sa vie à apprendre comment survivre face à l'apocalypse si c'est pour flancher pendant un accident de bateau ? Elle passa son bras sur son front pour essuyer la sueur puis fit un grand sourire.

- Ca serait mal me connaître que de penser que je suis déjà hors-service ! Ca va passer, j'ai du trop forcer sur la porte !

Elle lança un regard amusé à Joan, avant de reprendre son sérieux.

- J'ai laissé quelqu'un là-haut ! Quelqu'un qui ne va pas tenir longtemps si je la laisse comme ça. Je pensais chercher l'équipe de navigation mais puisque vous êtes là, je vais pas les attendre ! Allons-y !

Son calme apparent et son attitude ne laissaient rien penser de ce qui se tramait en elle en ce moment même. Son masque ne dura pas pourtant. Au moment de retourner de l'autre côté, une douleur fulgurante la saisit au niveau du bas-ventre. Elle laissa échapper un cri rapide et porta aussitôt sa main sur son ventre.
Allez mon bébé ! On va y arriver !
Elle fit quelques pas de plus faisant signe aux deux autres de la suivre. Sa vue se brouilla pourtant et elle dut s'appuyer contre le mur pour continuer à avancer. Elle s'arrêtait parfois quelques secondes avant de repartir. Une main contre le mur, une autre tenant son ventre par le bas, le regard droit devant elle. Elle ne remarqua pas la flaque de sang qu'elle avait laissé tomber au sol et sur laquelle elle glissa avec ses talons.
Elle tomba en arrière et cette fois, hurla vraiment.
Mais qu'est ce que ....
Elle se figea en voyant ce qui avait provoqué sa chute. Un regard paniqué aux deux autres et un son qui s'arrêta au creux de sa gorge

L'eau s'écoulait enfin alors que la phrase d'Ethan s'évanouissait dans l'air sans avoir atteint son objectif. Sao se retrouvait bien vite devant eux, dans un piteux état. Joan tenta de lui demander des nouvelles mais c'était peine perdue, il y avait une urgence et son amie partit bien vite en sens inverse alors que Joan peinait à suivre le rythme avec sa jambe douloureuse. A en juger par les propos de Saoirse, ils devaient secourir quelqu'un qui menaçait de chuter dans les flammes. C'est cet objectif qui tenait encore Joan debout alors que la situation pour Sao devenait incontrôlable, De derrière, Joan voyait le sang couler dans un flot désormais plus dense.
Le rythme était effréné, sa tête tournait étrangement, ses efforts ne tiendraient plus longtemps, ceux de Sao certainement non plus. Joan ne pouvait pas parler, bien trop concentrée à rester debout, à continuer pour sauver cette mystérieuse personne. Elle réussit seulement à se murmurer à elle même en boucle des paroles qui se voulaient réconfortantes.

Allez, on va y arriver. On va survivre. Cette personne va survivre, ce bateau ne va pas couler.

Peu convaincant alors que le décor autour d'eux était particulièrement sombre: Joan croisa le regard d'un homme brûlé à vif qui n'en avait certainement plus pour longtemps. Elle détourna le regard à nouveau alors que des cris se faisaient entendre autour d'eux. Le monde devenait flou, la douleur trop forte, sa jambe valide ne la soutenait plus.
Elle ne fut pas la seule à lâcher si près du bu. Sao s'effondra quelques mètres devant elle et Joan tenta de ramper à ses côtés pour soutenir son amie enceinte, qui ne semblait plus en avoir conscience...

Sao, oh mon dieu...

C'est tout ce que son cerveau put enregistrer, la situation devenait franchement critique...

Jane Julia Wellington ne savait pas comment se sortir de là, elle était prise dans un cable qui faisait une pression très désagréable autour de son corps, sachant qu’elle était également dans les airs et voyait l’eau, les débris et le bateau à proximité. Elle n’avait jamais eu peur des hauteurs, mais ça commençait à lui donner quelque peu la frousse. La lieutenante fut au moins soulagée lorsqu’elle vit Vivian réussir à sortir Leslee de sa chute. Elle fit un simple sourire et continua à tenter une manœuvre pour se sortir de là. Jane serra les dents, lorsqu’elle vit sa petite amie s’approcher d’elle, elle se sentit plutôt heureuse, mais en même temps stressée. JJ comprenait que la corde pouvait lâcher à tout moment, ce n’était pas solide et avec le bateau qui coulait, c’était presque impossible que cela tienne des heures. Elle ne voulait pas non plus être coupée en deux. La femme lança à Leslee. « Mais qu’est-ce que tu vas faire merde.. je vois pas comment je peux me libérer de là ! » Hurla-t-elle du plus fort qu’elle pouvait, sachant tout le vacarme qu’il y avait autour d’elle.

Cela faisait un bon quinze minutes que l’explosion avait eu lieu sur le bateau causé par un feux d’artifice. Il y avait déjà des centaines de morts et de blessés combinés, mais rapidement les secours et les journalistes furent alertés pour voir ce qu’en était cette petite fiesta maritime. Deux hélicoptères s’approchaient du lieu ainsi que deux bateaux pour secourir certains passagers.

La panique semblait s'être emparée de chaque personne se trouvant sur le bateau. L'eau n'avait de cesse de monter, l'urgence apparaissait maintenant, il fallait détaler et au plus vite s'ils ne voulaient pas être fait comme des rats. Saoirse se remis rapidement debout après qu'Ethan l'ait aidée. La femme enceinte avait visiblement laissé quelqu'un un peu plus haut, elle avait besoin d'aide. Une véritable bénédiction pour eux, qu'elle soit passée par là à ce moment. Sans elle, ils auraient été fait comme des rats. La clameur environnante, cette vision de fin du monde leur sautèrent au visage alors qu'ils tentaient tant bien que mal de remonter au niveau supérieur. Ascension vite stoppée par la chute de Saoirse, puis celle de Joan. Ethan n'eut pas le temps d'agir que les deux jeunes femmes se retrouvaient à terre. Saoirse saignait abondamment et avait glissée sur sa propre flaque d'hémoglobine. Ne sachant trop dans quel ordre procéder, il aida tout d'abord Joan à se relever, en s'assurant qu'elle tienne debout. « Ça va aller ? », demanda-t-il en lui caressant la joue. Il s'avança vers Sao' et tenta de la relever. Les cris et les bruits de course couvrirent le bruit des hélicoptères en approche. Ethan se demandait comment il allait pouvoir gérer les deux femmes blessées. Il leur jeta un regard avant de dire. « Restez là pendant que je vais chercher de l'aide. Je fais au plus vite, ne bougez pas en attendant. ». Il embrassa le front de Joan et partit en courant dans le couloir. Lorsqu'il arriva sur le pont, la désolation la plus complète s'offrit à lui. C'était pire que tout ce qu'il avait pu voir durant ses missions humanitaires. Des cadavres partout, de la fumée... Il trouva une personne, la première qui passait à côté de lui et lui dit alors en essayant de ne pas paniquer. « S'il vous plaît, j'ai besoin de bras pour m'aider à remonter deux femmes, elles se trouvent au niveau inférieur ! ». C'est à ce moment là qu'un nouveau bruit couvrit le reste, l'éducateur releva la tête et pu apercevoir les hélicoptères en approche. Son cœur fit un bon dans sa poitrine. Sauvés, ils allaient être sauvés.

Saoirse resta figée jusqu'à ce qu'Ethan tente de la relever mais c'était peine perdue. Joan et elle étaient dans un piteux état et seul, il ne pouvait rien faire. Il parut arriver à la même conclusion quand il leur demanda de rester là pour aller chercher de l'aide. La jeune femme ne put que s’exécuter. Ses jambes refusèrent de lui répondre. Pour la première fois depuis l'accident, elle commença à paniquer. Elle détestait être impuissante. On l'avait élevé, entrainé, manipulé, transformé en machine à survie et faire des enfants. Elle ne pouvait pas être impuissante. Pourtant au delà de ce sentiment, c'était autre chose qui lui faisait peur. Qui l'effrayait. La peur. Elle avait oublié ce sentiment depuis le jour où ce fichu gourou l'avait abandonné seule dans la forêt pendant un mois entier alors qu'elle avait à peine huit ans. Mais elle n'avait pas peur pour elle. La mort ne l'avait jamais vraiment effrayé. Elle faisait partie du processus, elle le savait, elle était prête à l'accepter. Non c'était pour son bébé qu'elle avait peur. Ce bébé qu'elle ne verrait jamais grandir, ce bébé qu'elle comptait bien pourtant porter pendant les neuf mois, comme les douze autres. Ce sang , ça n'était pas normal. Il se passait quelque chose et ce quelque chose avait un lien avec son bébé. Elle sentit son esprit dérivé au bord du gouffre et trouva la seule chose qui pouvait la rattacher à la réalité. Elle porta son inquiétude plutôt sur la jeune femme qui était encore avec elle. Elle aussi était bien mal fichue.

- Ca va aller Joan ? J'espère que ton ami fera vite, j'ai comme l'impression qu'on va avoir besoin d'aide.

Elle se força à sourire. Le bruit des moteurs d'hélicoptère se firent plus proches et elle commença à croire à une forme de salut. Mais était-ce vraiment le cas ? Cela suffirait-il ? Elle avait vu l'état du bateau, l'état des gens. Il y aurait des morts et au vu de sa position, elle pourrait bien en faire partie. L'eau en effet commença et là rattrapaient et toujours au sol, elle finit par être trempée. Au prix d'un effort qui lui arracha un cri, elle tenta de se redresser pour s'appuyer contre le mur. Une autre vive douleur la saisit au bas ventre et elle se plia en deux. Ses tentatives pour penser à autre chose furent bientôt vaines et elle perdit le cours de sa pensée. Elle se tourna avec une voix paniquée vers sa partenaire.

- Joan. Joan dis-moi qu'il va bien ?

C'était vain, c'était idiot mais elle devait l'entendre. L'un comme l'autre. Du sang continuait à couler et bientôt sa vue commença à se troubler. Avant une nouvelle douleur.
S'il te plait, arrête. On va sortir d'ici !

Joan était au sol et tentait d'analyser la situation de son amie de longue date. Tout cela ne présageait rien de bon mais elle tenta de conserver un sourire de circonstance alors qu'Ethan la releva, lui indiquant qu'il allait chercher du secours. Joan ne broncha pas et laissa son amour de jeunesse prendre les commandes pour une fois. Il lui baise le front et partit le plus vite possible.
Saoirse semblait en bien mauvaise posture, la douleur marquant son visage, le sang coulant dans un flot ininterrompu, Joan faisait son possible pour tenir le coup alors que son amie lui demandait si elle allait bien.

T'inquiètes pas Sao', j'ai juste une jambe cassée, ce n'est rien.. J'ai confiance en Ethan, il va nous tirer de là, je te le promets.

A vrai dire, Joan avait peur que ce soit la fin. Sao se releva avec l'aide de Kellers qui s'obligeait à ne pas paniquer. Elle n'était pas médecin et avait plutôt l'habitude de faire saigner ses semblables, pas les soigner. La vendeuse d'armes luttait contre sa peine, des cris déchirants sortant de sa gorge. Elle réussit à se tourner vers Joan pour lui demander des nouvelles de son bébé. Des larmes perlaient au coin des yeux de Kellers, elle n'avait que très peu d'espoir sur ce point...

Je suis désolé Sao'.. Je pense que.. Qu'on ne pourra pas le sauver...

Elle ne lâcha pas le regard de Saoirse jusqu'à ce que Joan entende, parmi les bruits affreux, le ronronnement lointain d'un hélicoptère. Les secours. Il fallait qu'elles avancent pour sauver Saoirse... Joan prit son courage à deux mains, posa les bras sous son amie et voulut avancer vers le pont, en espérant qu'elles deux tiendraient le choc...

Ses oreilles bourdonnaient. Le mal de tête empirait... A moins que. Ce bruit. Il l'aurait reconnu entre mille. Ses oreilles l'avaient entendu chaque jours durant trois ans. Et plus le ronronnement se rapprochait, plus cela devenait distinct. Downy leva les yeux. Un hélicoptère. Peut-être d'autres dans l'ombre. Et des bateaux qui remontaient la Detroit River. Les secours. Leur salut. Downy regarda autour de lui, l'air un peu hagard. Braeden. Il ne savait pas où il était. Il ne savait pas ce qu'il faisait. Downy déglutit, et regarda tour à tour Ana et sa victime. Peut-être que Braeden n'avait pas entendu le bruit des pâles. Downy posa une main à terre et s'en servit pour se relever. Il vacilla un instant. Les images se brouillaient et, visiblement, le monde trouvait ça drôle de tourner. Sa migraine s'était intensifiée en un instant. Clarkson ferma les yeux et serra les dents. Les battements de son coeur résonnaient dans sa tête ? Et alors. Braeden pouvait très bien s'être retrouvé coincé dans les entrailles du bateau. Downy refusait cette option, mais si cela arrivait.. Ses jambes se dérobèrent sous lui en quelques pas à peine. Trop faible et désorienté pour avancer. Il s'était à nouveau retrouvé au ras du sol. Mais, étendu, il ne bougeait pas. Ses yeux étaient clos. L'alcool dans le sang, la migraine, les blessures, le traumatisme se révélant plus important que prévu, l'émotion, Braeden, tout ça s'était mélangé en un cocktail détonant. Et Downy avait failli, s'était écroulé, et était tombé dans l'inconscience. Il fallait bien que ça tombe sur lui. Le seul et l'unique homme à tomber dans les pommes une fois que les secours pointent le bout de leur nez.