Respirer, ne pas respirer. Dans tous les cas c’était mourir. Alors, puisqu’elle n’avait aucun option et qu’elle n’avait pas la force de faire quoique ce soit, elle se résigna à rester là à attendre la mort. 19 ans de vie ce n’était pas beaucoup mais c’était déjà bien, elle était seulement triste de quitter ceux qu’elle aimait. Ses pensées se mélangèrent, mais une dominait toute les autres, la vie là-bas en Espagne. Le sable, l’océan, la bonne odeur des orangers d’octobre à juin, celle des lilas et des coquelicots, la casa de las flores, le soleil toujours trop chaud. Si elle était en train de bruler vive, elle ne le remarquerais surement pas, vu qu’elle n’arrivait pas à distinguer rêve et réalité. Quelqu’un vint cacher le soleil tout à coup, et les yeux à demi-ouvert elle reconnut une figure qu’elle connaissait, et qu’elle aimait. Idiot. Qu’il la laisse là, il ne méritait pas de souffrir autant, et ses problèmes seraient résolut si elle mourrait maintenant. Elle sentit qu’elle était soulevée de terre et qu’on lui plaquait un mouchoir sur la bouche, et le sang qui coulait, les bouts de verre dans son bras et sa jambe qui la faisait atrocement souffrir, elle sentait cela aussi. Des voix, des cris, elle suffoquait, regarda à nouveau Chuck et serra sa chemise de sa main non blessée. Elle voulait lui parler, dire qu’elle l’aimait, mais sa gorge la brulait et elle ne voyait presque rien. Elle entendait des voix, mélangés aux bourdonnements dans es oreilles, mais elle restait les yeux fermés tandis que l’air ne devenant pas plus respirable et la douleur ne devenant pas moins forte.

"BRAEDEN ! Vite !" Hurla Chuck pour essayer de forcer son ami à se dépêcher. Plus vite Serena et Downy seraient à l'air libre et mieux ils se porteraient. Et lui aussi avait bien besoin d'un peu d'air frais pour changer de la fumée qui lui brûlait la gorge et emplissait ses poumons. Il sentit Serena s'accrocher à la chemise qu'il portait et ne put retenir un sourire triste. Il leva les yeux vers Ana et acquiesça. Ils devaient sortir d'ici, et vite. Regardant à nouveau en arrière pour vérifier que Braeden les suivait, il remarqua plusieurs corps inanimés allongés dans le couloir. Se mordant la lèvre inférieure, il comprit qu'il n'avait pas le choix, remonter, confier Serena et Downy à quelqu'un de confiance et redescendre. Il ne pouvait pas laisser quelqu'un ici, cette partie du bateau était entrain de se décrocher et allait bientôt couler. "Monte !" Cria-t-il en direction d'Ana pour qu'il ait la possibilité de la suivre. Titubant, grimaçant à chaque fois que son poids reposait sur sa cheville blessée, il finit cependant par revenir à l'air libre. Le bateau était effectivement quasiment séparé en deux et la partie sur laquelle ils se trouvaient menaçait de se détacher d'un moment à l'autre. D'un signe de tête, il désigna l'autre bout du bateau et avança dans cette direction. Il posa le corps de Serena par terre, prenant la main qui agrippait sa chemise pour la déposer avec et releva les yeux vers Ana. "Ana, j'ai besoin que tu restes ici et que tu veilles sur Serena et Downy. Il faut qu'on redescende, nous. S'il-te-plait." Il lui lança un regard quasiment suppliant, il ne pouvait pas laisser Serena comme ça, il fallait que quelqu'un veille sur elle et Ana était quelqu'un en qui il avait confiance.

Se relevant, il chercha Braeden des yeux. "Il faut qu'on redescende." Hurla-t-il pour être sûr que son ami l'entendrait par-dessus les cris et les pleurs des passagers.

Le bruit de la musique, le bruit des conversation. Tout cela commençait à lui peser et la fête tout entière l'agaçait. Elle n'était plus d'humeur joyeuse et ne désirait que trouver un peu de calme. Elle n'espérait même plus croiser quelqu'un qui lui soit agréable. La jeune femme n'avait pas aperçu Ella et pour ce qui était des autres convives … ils ne lui inspiraient guère confiance, pour la plupart ! Ils semblaient tous tellement heureux … elle aussi aurait sans doute plus l'être si son caractère et son attrait pour l'argent ne l'avait pas éloigné du monde. Cela sans compter sur ce trou béant dans sa mémoire … Enfin, ce qui était arrivé ne pouvait être changé. En attendant les feux et l'animation de cette soirée du 4 juillet, Iseult prit sur elle d'aller observer l'intérieur du bâtiment. Observer ou noter chaque élément qui pourrait lui permettre de faire un article digne de ce nom une fois rentrée chez elle. Elle commencerait par la salle des machines, certainement l'un des endroits les plus captivants sur un aussi gros bateau. La jeune femme emprunta l'escalier centrale et ne prêta plus vraiment attention à son entourage. En bas des escaliers, elle chercha une indication … bien sûr, on n'indiquait pas ce genre de lieu, on connaissait le navire ou alors on n'y allait pas ! Le couloir s'étendait certainement d'un bout à l'autre du bâtiment. Elle chercha quelqu'un qui puisse lui indiquer une direction à suivre. Qui sait !
Elle regagna les marches et aperçut une jeune femme qui, plus haut, semblait chercher quelque chose. Une voix résonna dans le couloir, sans doute qu'en haut on s'apprêtait à lancer les feux et que l'organisateur faisait la conversation d'usage. Iseult remonterait bientôt. Se fixant sur la jeune personne plus haut qui, elle ne le sut pas, se nommait Serena, elle se résolut à l'aborder, peut-être … elle n'en eut pas l'occasion. Une secousse. Un souffle qui la projeta contre le mur, ne lui laissant aucun temps de fuite. Des débris du bateau était projeté dans sa direction. Sa tête heurta violemment le mur, le monde se mit à tourner. Une planche vient rajouter à sa douleur et lui entailla une bonne partie du coté gauche de sa tête. Elle avait une envie soudaine de vider son estomac et la sensation de ne plus respirer. Ses yeux la brûlèrent, d'infimes morceaux métalliques avait élu domicile dans ceux-ci, la faisant presque plus souffrir que cette blessure à la tête. Elle allait juste somnoler un peu. Le bateau grinçait, les gens criaient. Elle n'avait pas crier et ne le voulait pas. Elle allait juste se reposer un peu. Fermer les yeux.

Sur le bateau, c'était la panique. D'autant plus que Dean ne savait absolument pas ce qu'elle devrait faire. Elle était tout ce qu'il y avait de plus chamboulée. Des larmes lui venaient sans qu'elle ne parvienne à les contrôler, puis des frissons, puis des cris... Et elle tremblait, elle était pétrifiée, incapable de bouger. Ses jambes ne lui obéissaient plus, elle aurait dû courir, mais elle n'y arrivait pas. Elle se contentait de crier, encore et encore. Comme une folle, une imbécile. Elle repensa à son ami Seth, qui, lui, devait être bien à l'abri. Alors qu'elle, elle était là, paralysée, à regarder des gens courir folle de panique. Alors, elle se contenta de fermer les yeux et de crier, les larmes coulantes à flot, comme une enfant sans sa mère. Elle cria, encore et encore, heureusement que personne ne la regardait. Tous étaient occupés à fuir ou aider leurs amis. Elle était deux fois plus seule que tout à l'heure, mais cette fois, c'était dangereux.

Comme dans un mauvais film, Ethan vit le lustre arriver au ralenti tout droit sur Joan. Il essaya de crier quelque chose, mais le son se bloqua dans sa gorge. Un bruit horrible et il eût mal pour elle. Il se débattait toujours avec lui-même pour réussir à se remettre debout. Se relever au plus vite et emmener Joan dans un coin sécurisé, si tant est qu'il y en ait encore un sur ce maudit bateau. Une fois de plus il était l'investigateur d'une soirée dramatique, quand est-ce que cela prendrait fin ? Il nota dans un coin de sa tête : ne plus jamais emmener Joan en soirée, trop dangereux pour elle. Lamentablement, il réussit à rouler sur lui-même et à se remettre à peu près droit. Une impulsion sur le mur et un effort plus tard, il était de nouveau debout. Rapidement - du moins le plus vite qu'il pu au vu de la configuration sans dessus dessous de la pièce – il se retrouva aux côtés de Joan. La jeune femme avait été bien plus chanceuse que leur voisine qui ne semblait plus respirer. Ne pas regarder, ne pas penser et ne pas paniquer. Il n'osa pas jeter un œil à la jambe de la brunette. Que faire en cas de jambe fracturée ? Le genre de choses que l'on n'apprend pas durant les formations de premiers secours. « C...Ça va ? » C'est tout ce qu'il trouva à dire. Bien sûr que non ça n'allait pas. C'était flagrant, son visage était crispé par la douleur. Pourquoi venait-il de poser la question la plus idiote du monde ? Ethan tendit les bras à son amour de jeunesse. « Vient, appuie toi sur moi pour te relever, et puis je te porterais. Un regard en direction de la porte évoquée plus tôt par Joan. On va passer par là ce sera sûrement plus simple, tu as raison. ». Deux minutes de répit, pourvu qu'ils aient au moins ce laps de temps pour trouver quoi faire, pourvu que le bateau ne coule pas à pic dans la seconde. Un mauvais remake de Titanic, voilà ce qu'ils étaient en train de vivre.

La douleur était insoutenable pourtant Joan ne tourna pas de l'oeil et ne cilla pas. Elle s'agrippa tant bien que mal à la rambarde en attendant l'arrivée d'Ethan. Celui ci fut plus rapide que prévu. Il la regarda avec un air inquiet, Joan arrêta de suite les grimaces, elle avait vécu pire, il fallait le montrer. Ethan lui demanda si elle allait bien, elle n'était pas au top de sa forme mais elle s'en accommoderait si elle voulait rester en vie.

Disons que je peux compter que sur une de mes deux jambes mais ça va aller!

Elle lui fit un sourire qui se voulait réconfortant et Ethan la releva puis lui précisa qu'il soutiendrait. Elle lui fit un simple signe de tête et regarda dans la direction qu'il pointait: cette fameuse porte. Sans plus attendre, Joan voulut avancer pour aller se réfugier alors que le bateau penchait dangereusement, elle chuta sur Ethan, s'excusa puis réussit par pénétrer dans l'antre. A première vue, le refuge idéal. Joan se laissa tomber quelques instants pour reposer sa jambe endolorie.

Il faut croire que je te porte la poisse, ma parole. Tu ferais mieux de me laisser là et de t'en sortir Thany.

Elle lui fit un sourire. Qu'est ce qu'elle pouvait faire d'autre de toute manière?

Qu'avait-il bien pu se passer pour que le bateau - en apparence aussi solide - penche de la sorte ? Question parfaitement inutile. Il était urgent de se sauver de là et au plus vite, ne pas perdre de temps en considérations vaines. Trouver la sortie se promettait d'être un exercice de haut vol. Joan chuta une première fois, il réussit à la rattraper, il l'aida ensuite à passer de l'autre côté de la porte avant de la rejoindre. Ne leur restait plus qu'à rejoindre un couloir et remonter sur le pont, pourvu qu'ils aient assez de temps. Ethan ne laissa rien transparaitre de son angoisse et se força à sourire lorsque la brunette en vint à lui dire qu'il ferait mieux de partir sans elle. En signe de négation il secoua la tête. " Hors de question que je te laisses ici... Et je te rappelles que l'invitation vient de moi, donc ce n'est pas toi qui porte la poisse. Il jeta un regard alentour. Je vais voir où est-ce que cette porte mène, je reviens ! ". Avec toutes les précautions du monde, il s'aventura jusqu'à la dite porte, l'ouvrit, jeta un oeil et s'engouffra dans la pièce. Il dû franchir encore plusieurs pièces avant de tomber sur un couloir. Personne à l'horizon, pas franchement rassurant. Il rebroussa chemin. De retour auprès de Joan, il lui tendit la main. " On va tenter de trouver une issue en passant par le couloir que je viens de trouver. Essaye de monter sur mon dos, ce sera plus simple, tu vas trop te fatiguer sinon ! " Il ponctua la fin de sa phrase par un grand sourire et un clin d'oeil. Dédramatiser la situation à fond pour ne pas se laisser submerger par la panique.

Tout était allé vite. Chuck s'était ramené et les avaient séparé. Saloperie de mec trop amoureux. Nath était parti se balader, énervé. Sa soirée était bel et bien fichu. Autant rentrer. Et tant pis si Cécily gueulait. Il était dans un sale état. Il se dirigeait vers les passerelles lorsque l'homme commença son discours. Ce qui voulait dire que le feu était bientôt la. À être resté, autant attendre le spectacle. Et le grand enfant qu'était Nathanael ne fut pas déçu. Le spectacle était fantastique. Jusqu'à ce que le boum ne soit plus dans le ciel mais dans la cale du bateau. À peu près la où il se trouvait, mais plus bas. Le souffle de l'explosion le propulsa contre le mur de la grande salle. Il rejoignit le sol à vitesse grand V. Étourdit, le bras en sang. La vitre avait explosé près de lui et un morceau de verre de la taille d'un smartphone était planté dans son bras droit. Celui ci était en sans. D'autres petits morceau de verres s'étaient logé dans son bras, son flanc et son visage. Rien de trop grave à part ça. Nathanael avait eu le souffle coupé lors de son vole plané. Il lui fallut un moment avant de s'en remettre. La tête lui tournait, il était totalement paumé et sonné. Les gens courraient de partout, le bateau tanguait dangereusement, une épaisse fumée sortait par ci par là. Comme dans les films. Sauf que dans les films les héros n'avaient pas l'air d'avoir mal. Hors son bras le lançait atrocement. Nath repéra Payton plus loin. C'était son collègue, son ami. non bien sur que non, il ne l'aimait pas, alors même pas en rêve qu'il l'aiderait. Non, Nathanael le savait, il devrait se lever et partir seul, peu importe la blessure.

Parler de tout et de rien, suivre la conversation d'une oreille distraite, s'amuser comme un rat mort au final. Payton en était encore à se demander pourquoi d'une part il était venu sur ce satané rafiot, et d'autre part pourquoi il était venu trouver Haley et son amie. Qu'est-ce qu'il foutait là ? Il n'aimait pas les gens, il n'aimait pas la foule, il n'aimait pas les soirées de ce genre. Qu'est-ce qui lui avait pris ? L'envie de faire un truc stupide sans doute. Un truc stupide disions-nous ? Après le spitch de l'organisateur de la soirée un feu d'artifice fût tiré. La tête en l'air, admirant le spectacle, l'ancien analyste suivit du regard la trajectoire d'une traînée rouge. Aussi rouge que l'explosion et le feu qui suivit peu après. Mauvais calcul de la part de celui qui venait de lancer le feu d'artifice. L'erreur est humaine. La poisse. Le souffle et l'onde de choc de l'explosion balaya tout sur son passage. Scotché sur place, contemplation malsaine, Payton vit le bateau se briser littéralement en deux, puis il se prit le souffle chaud en pleine face. Éjecté en arrière, le profiler glissa sur quelques mètres avant de finir sa course folle contre un des nombreux transat situé sur le pont du bateau. Une douleur fulgurante lui irradia tout le haut du corps alors qu'il essayait de se relever. Putain de connerie. Impression de déjà vu alors qu'il se levait, s'écroulait puis se levait à nouveau. Pour la première fois depuis deux ans, il sentit enfin son cœur battre dans sa cage thoracique. Vivant, il était vivant ! Un véritable miracle. Clopin clopant, il réussit à se déplacer sur quelques mètres, tout en se tenant au rebord de l'immense navire. Soudain, il tomba sur Nathanael, qui n'avait pas l'air d'être plus en forme que lui. Haletant, il vint s'asseoir à côté de lui, pas le temps de désinfecter quoi que ce soit, tant pis. Ce mouvement lui arracha une grimace de douleur, un mince filait de sang lui dégoulinait le long du crâne. « Rien de cassé ? Il faut qu'on se tire d'ici et en vitesse ! ». La panique totale, des gens hurlaient et couraient en tout sens. Effort surhumain pour contrôler sa respiration.

Pas très loin de lui se trouvait Leonor, une jeune femme avec qui il avait une affinité toute particulière. Il la salua à son tour de la main. Derrière lui se tenait Serena, une femme avec qui le beau blond avait eu une aventure d'un soir que des plus plaisantes. Mais en ce moment, il se trouvait en compagnie de Jane, enfin il s'était plus incrusté dans sa conversation. J'suis riche figure toi et j'ai vingt-un ans dans un petit mois! Alors avec tout l'argent que j'ai, une fausse carte de fait pas le poids! Lança t-il à la rouquine qui le dévisageait, intrigué par sa présence dans cette petite fête. La lieutenante fit cesser la discussion entre Junior et l'autre femme par une bonne engueulade et un doigt d'honneur. Depuis qu'il avait en sa possession des photos compromettante de Jane, rien ne pouvait lui enlever son sourire de son joli petit minois. Les deux femmes laissèrent le blondinet seul à lui même, ce qui n'était pas très gentil de leur part. Mais connaissant la tention entre le jeune homme et la policière, ils n'auraient pas durer très longtemps sans s'en prendre à l'autre. À plusieurs pas de lui, une bagarre s'était déclencher entre deux hommes mais prit fin quelque temps après, grâce à cette garce de policière.

Une petite demi heure avait passé avent qu'un homme prit la parole sur la scène. Après avoir expliqué plein de trucs que Hurringhton n'écoutait guère, les feux d'artifices firent lancé dans le ciel provenant du paquebot. Depuis tout petit, le jeune riche adorait ce qui était plein de couleur et qui brillaient de mille feux. Sa bière dans les mains, il regardait dans le ciel, émerveillé. Soudain, une explosion se fit entendre et un feu se propageait. Lyam fut brutalement procheté au sol. Il était étourdit ; ne sachant trop ce qui se passait. Quand après une minute coucher sur le sol le jeune homme se releva péniblement et comprit enfin ce qui se passait ; un feu s'était déclaré. Junior se dirigea vers le bort du bateau, pensant qu'il pouvait échappé aux flammes et à la fumée, mais en vain. IL se mit donc à courir droit devant lui, lorsqu'il vit Dean, une jeune femme avec qui il n'avait pas eu un bon commencement, mais par là suite, les deux jeunes gens s'appréciaient et déconnais entre eux. Dean ! Dean arrête de pleurer et suit moi.. Lui dit il le plus fort possible, car il y avait beaucoup de bruit pouvant enterré les paroles du jeune homme. Tout de suite !

Légère déception lorsqu'Ethan refusa de la laisser périr ici. Comment allait-il rester en vie s'il se compliquait la tâche de cette manière? Joan ne trouva rien à dire sur le sujet pourtant. Elle se contenta de le regarder avec un sourire timide. Pourvu qu'il survive, c'était le seul souhait qu'elle avait. Elle sentit une petite pointe de culpabilité dans les propos d'Ethan mais elle savait qu'elle ne pourrait pas le convaincre du contraire alors elle resta ici, le laissant chercher une issue avec le chemin qu'il avait déniché.
Pendant ce temps, Joan put constater qu'elle était déjà dans un état pitoyable. Ceci dit, l'adrénaline coupait partiellement la douleur insoutenable. Alors que Joan tentait d'imaginer la meilleure manière de garder Ethan en vit, il réapparut, fier d'avoir trouvé une solution partielle à leurs problèmes. Bien évidemment, cette solution miracle impliquait un sacrifice de soi que Joan n'était pas encore tout à fait prête à concéder. Elle se releva tant bien que mal, passa devant le jeune homme avec un large sourire en évitant de grimacer de douleur.

Je te fais confiance alors!

Puis, elle s'aventura dans l'allée, très lentement, il fallait l'avouer. Il était temps assurément puisque quelques minutes plus tard, un effondrement rendit difficile l'accès au passage derrière eux. Joan ne savait pas du tout où ils allaient mais il y n'avait plus vraiment d'autre choix. Puis, la jeune tueuse sentit un peu d'eau se faufiler sous ses pieds. Elle se retourna pour regarder son amour de jeunesse.

On est mal Thany... A peine retrouvés et déjà condamnés à mourir..

"Pardonne-moi" Un son, un souffle. Deux yeux brillant d'une lueur triste. Rien de mieux pour briser un eu plus le coeur de l'homme. Son Downy était la, dans ces bras, grimaçant et s'en voulant. L'homme qu'il aimait était la, faible et blessé, et il n'y pouvait rien. Il ne respirait presque plus. Pour Downy, pour que l'autre homme aille mieux. "Tais toi, garde ton énergie et arrêtes tes bêtises... tout ira bien d'accord? Accroches toi, je te pardonne" C'était dit. Il se devait de le dire. Pour si tout s'aggravait. Braeden suivit Chuck dans l'escalier et cru renaître en sentant l'air revenir dans ses poumons. Il toussa un moment, cracha un mélange de salive et de suie et tenta un sourire pour Downy. Le rassurer. Le sauver et le rassurer. Le bateau coulait, une partie du bateau chutait déjà. Titanic. Ils avaient regardé le film peu de temps avant. Dans le film Rose finissait seule et Jack se transformait en glaçon. Pas question de rejouer le film en somme. Et puis Braeden posa Downy au sol alors que Chuck laissait Ana les prendre en charges. Wilde n'avait pas envie de laisser Clarkson. Mais il y avait encore du monde à sauver. Et il était en assez bon état pour le faire. Il passa rapidement sa main sur la partie non abîmé du visage de son ami avant de déposer un dernier baisé sur ses lèvres. L'embrasser, qu'il ai un dernier souvenir. Au cas où. "Il faut qu'on redescende." Braeden se releva et suivit Chuck. Il attrapa une nouvelle serviette, propre, et une bouteille d'eau. Au cas où. Ils allaient couler, ils en auraient de l'eau. Et Braeden descendit, suivant Chuck. Chuck qui n'avait aucune idée de l'enfer dans lequel ils se lançaient.

Constance suivit ainsi son amie Haley sur le piste de danse. Les deux femmes dansèrent durant un moment et le message débuta, alors Constance s’arrêta et alla se chercher un autre verre et rejoint à nouveau son amie. Elle lui tendit le sourire aux lèvres et dit. « Voilà, un autre verre pour profiter de cette superbe soirée ! » Et alors, un homme s’approcha d’eux. Constance lui fit un grand sourire et dit sur un ton des plus enjoués. « Bonjour ! Je suis Constance ! » Elle lui tendit la main et écouta l’homme faire une petite blague, ce qui restait hors de la compréhension de la brunette. La jeune femme se retourna ensuite pour observer les feux d’artifices. Elle leva les bras dans les airs en criant, heureuse de pouvoir célébrer cette fête et soudainement, une femme hurla, Constance arqua un sourcil et détourna les yeux intriguées, elle vit le feu s’approcher d’eux, son coeur ne fit qu’un bond avant qu’il n’atteigne le bateau et la partie gauche explosa littéralement. Sachant que la belle était sur la piste de danse, celle-ci tomba sur le sol, elle vit l’inconnu qui venait d’aborder Haley glisser jusqu’à l’autre extrémité du bateau. Constance tenta de s’agripper sur le sol, elle observait Haley en hurlant. Elle tourna la tête et vit que la partie du bateau où elle était venait de se séparer en deux, le bout de celle-ci tomba droit dans la rivière. Le choc fut plutôt lourd, sachant que Haley et elle étaient sur le morceau qui flottaient à la dérive. Elle voyait au loin, les cris, le sang, les morts, les blessés. Il y avait les deux rouquines qui étaient en train de tomber droit dans l’eau, une femme était attachée après une corde, mais Haley et Constance ne pouvaient rien faire pour elles. Elle tenta de se relever, l’eau augmentait en intensité sur la partie du bateau détachée. On pouvait le voir en flamme, à moitié sur pied s’enfoncer tranquillement dans les débris jusque dans les profondeurs de l’eau. Elle toucha le bras de son amie. « Haley... Il faut faire quelque chose merde ! Je veux pas mourir ! » Elle regardait le reste du morceau où elle était, il y avait une bonne vingtaine de personnes dont plusieurs blessés. C’est à ce moment qu’elle vit la grosse emplie de son se décrocher et glisser vers elle, elle poussa Haley sur le sol et se lança dans l’autre sens, évitant avec chance celle-ci.

Vivian n’en pouvait plus, elle avait les bras qui l’a démangeait et elle glissait littéralement vers le gouffre. Elle ressentait la chaleur du feu qui se propageait dans les sous-sol du bateau et dans la partie à la dérive. Elle n’était pas une femme forte, mais elle ne laisserait pas mourir sa fille ainsi, elle faisait tout en son possible pour l’agripper, mais elle glissait à son tour. Jane aurait sans doute pu les aider, mais en levant à peine les yeux, elle l’a voyait flotter dans les airs. Leslee ne pouvait pas tomber, Viv ne se le pardonnerait jamais. Elle avait déjà tant perdue. Elle hurla. « Tiens bon ma chérie, je suis là... Maman est là, je vais te sortir de là.. » Vivian tourna la tête et vit deux hommes courir dans tous les sens. « Vous deux, vite, venez m’aider ! » Et les deux hommes avancèrent vers elle. Elle les laissa prendre chacun un côté pour aider Les à remonter sur la paquebot. Lorsqu’elle toucha le sol, elle se riva vers elle pour la prendre dans ses bras. « Je m’excuse pour tout Les, mais maintenant, il faut se sortir de là... Trouvons un endroit sur ! » Malgré tout, Madison oublia la petite amie de sa fille qui flottait dans les airs. Elle fit un sourire aux deux hommes pour les remercier avant de les voir partir, mais une partie du plancher se mit à craquer et l’un tout tomba directement dans l’eau. Vivian hurla bien fort, mais c’était terminé pour lui. Elle posa une main sur son coeur qui battait à toutes allures.

Chuck regarda rapidement en arrière –surement pour voir si Wilde les suivait- puis cria à Ana de monter. Elle ne réfléchit pas et obéit. Lorsqu’elle sentit le vent sur son visage, elle fut soulager mais ça ne dura qu’un millième de seconde. Autour d’elle, elle pouvait voir des personnes terrifiées et blessées. Lorsqu’elle se rendit compte qu’ils se trouvaient sur la partie du bateau qui allait se détacher à n’importe quel moment elle eut l’impression d’être sur le point de craquer mais le signe de tête de Chuck et le fait qu’il semblait prendre les choses en main la rassurèrent. Une fois sur la « bonne » partie du bateau, la jeune Russe vit Chuck déposer Serena puis il la regarda et ce qu’il lui annonça la glaça d’effroi. Pas pour elle, non, pour les autres une fois de plus. Elle avait peur pour Chuck et Wilde, pour Serena et Downy, pour tous les gens sur ce bateau… Mais elle décida d’être forte, de ne pas craquer et acquiesça à Chuck. « D’accord. Fais attention à toi. Faîtes attention à vous. » Sa voix l’étonna, étrangement elle était calme, comme s’il ne se passait rien de grave. Son cerveau fonctionnait à toute vitesse, montrant des images floues du jour qui avait changé sa vie en Russie, une voix lui disait que tous ceux à qui elle tenait allaient mourir mais elle y mit un terme. Elle regarda Serena et Downy allongés non loin sur le pont, Chuck qui se relevait et hurlait à l’intention de Wilde, Wilde qui embrassa Downy et partit avec Davis. Et elle se dit qu’elle devait tenir, être forte pour eux, qu’elle ne laisserait pas la panique prendre le dessus comme ces gens qu’elle entendait crier, s’il fallait s’effondrer, se serait plus tard. S’il y avait un plus tard. Non, il ne fallait pas penser de cette manière, elle devait penser utile, aider. Elle fit alors la chose qui lui paraissait la plus appropriée et la seule qui lui permettait d’obéir à Chuck tout en aidant ses amis et en lui empêchant de trop penser à son passé. Elle essaya de soigner Serena et Downy. Tout d’abord, elle s’approcha d’eux et leur parla, espérant une réaction. « Serena, Downy ? Vous m’entendez ? Ne bougez pas trop, je vais faire ce que je peux pour vous soigner. » Elle s’activa, concentrée dans cet enfer, commençant par les obliger à boire un peu d'eau puis mettant en pratique ce qu’elle apprenait en cours et lors des stages, empêchant le sang de s’écouler plus longtemps de leurs blessures, elle essayait d’appliquer les premiers soins avec les moyens du bord, désespérée de ne pouvoir faire plus.

Downy était donc là. Le monde s'écroulait autour de lui. La sensation des lèvres de Braeden lui donnait l'impression de brûler de l'intérieur, il avait sans aucun doute beaucoup trop d'alcool dans le sang, et il était encore un peu dans les vappes, mais son esprit son coeur tombaient d'accord pour lui dire qu'il ne pouvait pas laisser des gens mourir. Dans le genre situation pas facile et pas compréhensible pour un cerveau embrumé, y'avait pas mieux. Mais le coup de sauver des vies, c'était le complexe du héros. Une connerie qui arrivait à tout les militaires un jour ou l'autre. Face au danger, ils se sentaient le devoir de sauver les autres avant leur propre peau. Downy toussota en avant l'eau que lui donnait cette fille, Ana si il avait bien entendu... Il battit des paupières et voulu s'appuyer sur un bras pour se relever. Mauvaise idée, il utilisa le droit. Et réprima un gémissement alors qu'il retombait allongé. C'était Bagdad. Sur le bateau comme dans sa tête. Mais son sens militaire le maintenait dans un état de lucidité. Encore une connerie, ça. On leurs avaient tellement bourré le crâne qu'ils ne pouvaient pas faire face au danger en paniquant et s'évanouissant comme n'importe qui.

"Il faut.. régler les opérations" Il avait balbutié, regardant cette Ana. Dire la simple vérité, c'était tout ce qu'il lui restait. Si on continuait de faire les choses de façon anarchique, on y arriverait pas. Et puis il fallait évacuer ce foutu bateau. Il prenait l'eau, bon sang ! Il tenta de se relever, à nouveau, mais sa tête le tourna et il dut se rattraper à une rambarde qui était juste à côté de lui. Il ferma les yeux. Il ne supportait pas qu'on le traite avec pitié. Il y avait des gens qui allaient crever. Il fallait juste qu'il reprenne ses esprits, oui, juste cela...

Chuck s'assura qu'Ana était bien d'accord avec ce qu'il lui avait demandé de faire avant d'appeler Braeden. Les images de tout ces corps inanimés lui revenaient en tête, il fallait qu'il fasse quelque chose. Il n'y avait rien de plus qu'il puisse faire pour aider Serena, ou Downy, ou aucun autre blessé. Il n'avait même pas suivi une formation de base pour les premiers secours, alors il préférait laisser faire Ana. Et lui, il ferait ce qu'il pouvait pour aider. Braeden était déjà prêt à partir, mais la peur de ne plus jamais revoir Serena empêchait Chuck de s'en aller comme ça. Il se mit à nouveau à genoux devant la jeune femme, elle avait l'air tellement jeune, et tellement vulnérable. Il essaya de ne pas se concentrer sur l'impuissance qu'il ressentait à ne pas pouvoir l'aider, il repoussa dans un coin de son esprit la discussion qu'ils avaient eu un peu plus tôt. S'il ne remontait pas, ou qu'elle ne se réveillait plus jamais, il ne voulait pas en rester là. Il déposa un long baiser sur le front de la jeune femme, caressant sa joue. Il releva les yeux vers Ana. "Je te fais confiance." Il aurait aimé que sa voix soit plus assurée, mais même lui pouvait entendre le désespoir percer. Un dernier coup d'oeil à Serena avant de se relever et de partir en courant. Avant de changer d'avis.

Il attrapa plusieurs serviettes et cria pour demander à quelques hommes qui n'avaient pas l'air blessés de venir les aider à remonter les gens coincés en bas. Quand ils descendirent l'escalier, il essaya de laisser Serena hors de son esprit, ça ne lui servirait à rien de s'inquiéter pour elle, il ne pouvait pas l'aider. Chuck posa l'une des serviettes sur sa bouche pour éviter d'inhaler trop de fumée et lança les autres serviettes aux trois hommes qui les avaient accompagné. Il sentit le sol bouger légèrement sous ses pieds et lança un regard inquiet à son meilleur ami. La partie du bateau dans laquelle ils se trouvaient n'allaient pas tarder à se décrocher, il ne leur restait pas beaucoup de temps. Il se précipita vers le premier corps allongé qu'il vit. Il s'agissait d'une jeune femme aux cheveux longs, il ne le savait pas, mais elle s'appelait Iseult. "Madame? Vous m'entendez?" Il la secoua doucement en sentant une nouvelle secousse sous ses pieds. "Madame!?" Cria-t-il à nouveau en se rendant compte à quel point leur temps était compté.

Situation plus que critique dans laquelle ils se trouvaient. Joan un peu trop téméraire et ne voulant pas de son aide, continuait à marcher clopin-clopant pour rejoindre le couloir entrevu quelques instants plus tôt. Ils évoluaient à la vitesse de l'escargot asthmatique. La brunette était en train de se fatiguer inutilement. Pour le moment, Ethan avait émit l'hypothèse de la porter, chose qu'elle avait refuser, il l'avait laissé jouer aux fortes têtes. Mais, la pièce dans laquelle ils se trouvaient peu de temps avant s'écroula littéralement comme un château de carte derrière eux. Décharge d'adrénaline dans les veines, ce n'était plus qu'une question de temps avant que tout le reste du navire ne tombe en miettes. L'eau commençait à se faufiler dans le dédale de couloir, celle-ci vint lui lécher les pieds. Un regard au sol et il ne lui fallu pas longtemps pour réagir. Il passa un bras sous les cuisses de Joan puis lui entoura les épaules de l'autre, avant qu'elle n'ait le temps de protester et en s'assurant qu'il ne risquait pas de lui faire mal, il la souleva de terre et commença à avancer d'un pas rapide. « Ne râle pas... Si on se dépêche, on a peut-être une chance de sortir de ce fourbi. ». Il courrait presque à présent, fonçant droit devant lui. Pas un chat ne traînait dans ce couloir, pas vraiment rassurant. L'eau lui arrivait maintenant aux chevilles. Des escaliers se présentèrent à eux, il les enjamba quatre à quatre. Arrivé en haut du palier, ils se retrouvèrent face à une porte coupe feu, fermée. Le sort s'acharnait sur eux. Délicatement, il reposa Joan au sol. Sans perdre une seconde il analysa la situation. Cette maudite porte était leur seule chance de pouvoir accéder au pont supérieur. Dans un premier temps, il essaya de tirer sur le chambranle, il secoua la poignée, elle résista. « Recules-toi, je vais essayer d'enfoncer la porte. ». Il se jeta ensuite de toutes ses forces contre le chambranle, qui résista et lui fit voir 36 chandelles. Bien sûr, il n'y a que dans les films où le héros bodybuildé arrive à faire céder une porte aussi facilement. Se frottant l'épaule, il donna des grands coup de pied rageur dans la porte. « Fait chier, chier, chier et re chier ! » pesta-t-il tout en continuant à shooter copieusement au même endroit. Il se tourna vers Joan, l'air penaud. « Je suis vraiment désolé, je crois que tu avais raison... on est vraiment maudits ! ». Cela ne pouvait pas se terminer de la sorte, c'était impossible, pas maintenant, pas après qu'ils se soient enfin retrouvés. Avec l'énergie du désespoir il s'avança encore vers la porte et tambourina tout en hurlant. « Y a quelqu'un ? Est-ce que quelqu'un m'entend ? Venez nous aider ! »

Il fallait bien que ça ce passé ainsi, bien évidement. La brunette n’avait pu s’empêcher d’exercer son métier une fois de plus pour attirer l’attention ; prendre des photos ou rien…bah voilà qu’il n’y avait plus rien, enfin sauf une table qu’elle tenait désespérément alors que ses pieds pendaient dans le vide oui… ce qu’elle pouvait être cruche par moment! Dire qu’elle n’avait même pas assez de voix pour crier à l’aide en plus…elle ferma les yeux un quart de seconde pour reprendre ses esprits, difficilement. Se disant qu’il valait mieux tenter le tout pour le tout, elle agrippa l’une de ses main, un peu plus haute sur la table perchée pour ensuite ouvrir de nouveau les yeux. Elle manqua de lâché prise lorsqu’elle entrevit une femme penché vers elle, une main dans le vide pour tenter de lui apporter son aide. C’était la jeune femme qui se prenait la tête avec l’homme étrange, oui elle venait de la rencontrer; ah les cerveaux de poissons! Une mince lueur s’empara donc de son regard, mais vite fait elle comprit que cette jeune femme…enceinte, ne pourrait pas faire le poids avec une simple main. Mais t’es folle, j’vais te plonger directement dans le feu toi et ton p’tit! Elle la dévisageait, ne voulant pas la blesser…elle s’en sortirait, elle trouverait bien un moyen… Elle regarda autour d’elle pour finalement fixer une autre table, celle forcément de la rouquine qu’elle avait aperçu un peu plus tôt. Si vraiment tu veux m’aider, vas chercher cette nappe!

Saoirse était penchée vers le bord du trou qui menaçait de s'effondrer encore plus. La main tendue dans le vide, elle attendit que la jeune femme la saisit mais sa réaction fut autre. Dans un sens, elle n'avait pas tort. Enceinte comme elle était, elle ne pourrait sans doute pas la relever à la simple force d'un bras. Contrairement à l'habitude, où elle trouvait toujours moyen de porter ses armes lourdes, elle ne pouvait cette fois pas supporter le poids d'une femme bien que mince. Elle se mordit la lèvre, désemparée. Elle ne pouvait pas la laisser là. La jeune femme réagit plus vite qu'elle et parla alors d'une nappe qu'elle pourrait utiliser. Suffirait-elle seulement ? Sans doute pas, mais c'était déjà quelque chose.
Elle se releva et virant d'un mouvement tout ce qui se trouvait dessus, elle attrapa la nappe. D'un geste précis et rapide, elle la noua de façon à créer un poids suffisant. Elle lança un bout à la jeune femme mais au moyen de tirer, manquer de s'effondrer sur le dos. Elle y renonça et trouva un lieu où la nouer.

- Je vais nouer la nappe juste là. Je vais voir si je peux trouver quelqu'un ou quelque chose pour m'aider à vous tirer. Essaye de remonter pendant ce temps-là. Je vais aussi vite que possible.

Une main sur son ventre, elle se mit presque à courir sur le pont. Impossible pourtant de trouver quelqu'un qui pourrait lui venir en aide. La foule ne cessait de courir en tout sens, ne prenant pas la peine de voir, où ils marchaient. Ce fut à cause de cela qu'elle se retrouva bientôt sur le sol après une bousculade. Une douleur la saisit soudain avant de repartir aussitôt. Elle n'y prêta plus attention et se releva comme elle put. Elle ne pouvait pas se permettre de rester là. Mais qui pourrait l'aider ? Une idée lui vînt soudain. Le personnel avait surement ce qu'il fallait sur le pont. Elle tenta de se frayer un chemin jusqu'à la zone des cabines non sans mal. Parfois, elle lançait un regard en arrière pour voir si la nappe tenait toujours. Elle priait pour qu'elle arrive à tenir juste là, espérant que quelqu'un de plus fort pourrait peut être aider la jeune femme le temps qu'elle revienne. Elle finit par atteindre le centre vers les bâtiments. Manquant de se faire écraser par une poutre, elle s'écarta et descendit dans les couloirs. Chaque porte qu'elle tentait d'ouvrir semblait fermer de l'intérieur. Mais bon sang ! Il devait bien y avoir un accès au pont de secours. Maudissant intérieurement la situation dans laquelle, elle se trouvait, elle continua. Marcher aussi vite l'épuisa, mais elle n'avait pas le choix. Qui sait combien de temps, cela tiendrait. Elle devait revenir sur le pont au plus vite pour l'aider. Au moment de franchir un autre couloir rendu étroit par des décombres, elle entendit un tambourinement contre une porte. Elle se figea, hésita puis revint vers la porte. Elle tenta de l'ouvrir mais ne parvint pas même à la faire trembler. La serrure était complétement verrouillée et sans clé ... Elle se mordit la lèvre puis hurla :

- Reculez ! Ne restez pas derrière ! Reculez !

Puis sans attendre, elle sortit l'arme à sa cheville et tira sur la serrure. Trois fois. Celle-ci n'avait pas cédé mais elle s'en fallait de peu. Elle tira avec ses bras sur les poignets avant de s'arrêter, prise de douleur. Elle tira une dernière balle et la serrure céda. Elle tenta alors à nouveau d'ouvrir la porte. Elle était lourde, très lourde, trop lourde. Elle fut prise de vertiges mais put rejoindre ceux qui étaient derrière.

- Joan ?! Ca va ?

A peine eut-elle dit cela qu'elle manqua de percuter le battant de la porte, prise de vertige. Ils devaient remonter et vite. Il ne fallait pas la laisser seule, là-haut. Elle était en sueur et sans qu'elle le vit, du sang coulait au niveau de sa cuisse droite.

La situation était quelque peu désespérée et la jambe de Joan la faisait souffrir mais elle ne voulait pas lâcher le morceau aussi facilement. C'était sans compter sur Ethan qui fatiguait de la voir se démener inutilement surtout que l'eau commençait à monter et qu'ils seraient certainement bientôt submergés. En un rien de temps et sans avoir eu réellement le temps de protester, la jeune tueuse se retrouva dans les bras rassurants d'Ethan Sanders. Elle fit mine de bouder puis suivit l'allure folle du jeune homme.
Un instant d'espoir alors qu'ils arrivèrent devant une porte qui pourraient les mener vers la liberté. L'eau continuait de monter dangereusement et Joan se retrouva contre le mur à observer Ethan s'acharner sur la solide issue. Joan savait qu'il ne pourrait pas l'ouvrir, pourtant elle recula lorsqu'il lui ordonna avec un certain désespoir marqué sur son visage.

Thany, je crois que tu sais comme moi que c'est inutile... C'est pas grave tu sais...

Puis, elle s'approcha de lui et lui attrapa la main, les yeux larmoyants. Mourir ainsi était certainement ce qui aurait pu leur arriver de pire. Joan estimait qu'elle méritait d'être punie de la sorte et la mort ne l'effrayait pas mais elle aurait tellement aimé le sauver, lui.
Dans tous les cas, Ethan n'était pas de son avis et continua de tambouriner à la porte dans l'espoir que quelqu'un vienne les sauver. La tueuse entendit une voix qu'elle connaissait derrière la porte: Saoirse. Elle leur demandait de se reculer et tira des coups dans la serrure pour les libérer. Après un temps qui sembla durer une éternité, son amie réussit l'impossible.
Dès que Joan vit son visage, elle savait que quelque chose n'allait pas et le sang qui coulait sur la jambe de Sao ne la rassura pas.

Sao... C'est à toi que je devrais demander ça...

La sensation des lèvres de Chuck sur son front puis plus rien, à part le bruit sourd de la voix d’Ana peut-être. Ses oreilles bourdonnait, elle respirait mal, mais mieux, elle réussit enfin à ouvrir les yeux complètement. Elle n’arrivait pas à parler, sa gorge la brulait, et l’eau qu’Ana la força boire lui fit le plus grand bien. Serena regarda à sa droite, et vit le dénommé Downy, elle voulut bouger son bras dans sa direction, mais tous les bouts de verre étaient incrustés dans celui-ci. Mais quelle horreur, la voilà qui ne pouvait ni utiliser sa jambe gauche, ni son bras droit et ce bourdonnement qui ne cessait pas. « Ana, on va couler, c’est foutu. Sauves-toi. », dit-elle dans un souffle saccadé. Chuck, où était-t’il ? Il allait mourir lui aussi, non il ne fallait pas qu’il meure, tout était de sa faute, elle lui portait vraiment la poisse. « Comme je sais que tu ne voudras pas me faire mal Ana… », Serena tourna sa tête vers Downy, « Si tu as assez de force pour le faire, retire moi ces satanés bouts de verres de mon bras, pitié. », dit -elle, une grimace de douleur apparaissant aussi tot sur son visage. Elle avait presque crié, parce qu’elle n’entendait rien en dessous du bourdonnement incessant de ses oreilles. Puisqu’ils ne se connaissaient pas, il ne ferait pas dans le sentiment, et c’était ca qu’elle voulait, Ana l’assisterait au pire des cas, mais elle n’avait pas assez de force pour les retirer elle-même. Elle espérait qu’il dise oui, mais visiblement il ne voulait pas rester là sans rien faire, bien qu’il soit lui aussi en piteux état. Si seulement sa jambe n’avait pas souffert, elle aurait quand même pu se lever pour aider les autres, mais le sort s’acharnait visiblement.

« Si tu as assez de force pour le faire, retire moi ces satanés bouts de verres de mon bras, pitié. » Presque un cri. Une sorte d'appel à l'aide. Au moment précis où sa conscience lui criait de sauver des vies mais que sa raison lui rappelait qu'il n'était pas en état. Ils allaient couler, c'était certain. Mais cette fille, elle était dans le même bateau. Il était un peu le seul homme à ne pas sauver des vies dans les tréfonds du bateau. Il allait être l'homme de la situation, point. Il tituba jusqu'à elle et se laissa tomber à genou. Ana, cette fille, semblait qualifiée. Mais elle n'aurait pas la force de retirer certains éclats du bras de celle allongée au sol. Il n'avait pas forcément à faire de la grande médecine. Mais le minimum, on leur avait inculqué. Des éclats à cause d'une mine trop proche, c'était tellement plausible.. Il leva ses yeux chocolats vers Ana. Le regard un peu fiévreux, les mains qui tremblaient légèrement, il s'en sentait complètement capable. Même si il aurait sûrement dû ne pas bouger et se retrouver avec les cervicales bloquées le temps qu'on le porte dans un hôpital aux yeux de n'importe quel médecin. Il retira la veste de son costume en grimaçant. Foutue épaule. Il se préparait. Au moins, l'autre fille aurait du tissus pour poser un garrot si une hémorragie se déclarait. Il attrapa son bras. Downy, l'homme qui n'aurait fait de mal à personne. Il jeta un rapide coup d'oeil à cette fille. Elle connaissait Chuck. Ils étaient dans le même bateau, et c'était le cas de le dire. Quelque chose lui disait que dans d'autres circonstances, ils se seraient bien entendu. "O.. Okay... Ana, c'est ça ? Tu as ma veste en garrot au cas où elle se mette à trop saigner. Bon, hum.. Je compte jusqu'à trois, et j'en tire un.." Calme et précision militaire. Il n'aurait jamais imaginé que ça lui resservirait, un jour. "Un, deux... Trois." Et il retira un premier éclat.

Un cri de douleur horrible et un flot de larmes incontrolé. Elle ne pleurait pas mais les larmes coulaient d’elle - même. Elle sentait tout, malgrès tout, c’était comme un mélange de douleur et de soulagement à la fois. La main crispée de Serena serra la main d’Ana, peut-être un peu trop fort. Devant l’hésitation apparente de Downy et Ana, la jeune fille prit la parole difficilement «  C’est bon. Ca va. » Si ils s’en sortaient elle ne manquerait pas de retrouver ce Downy pour le remercier, il la sauvait un peu en quelques sorte. Quoiqu’il avait l’air blessé et qu’il saignait de la tête, une prochaine rencontre à l’hopital dans la meilleure des options. C’était pathétique vu comme ça. Elle aurait aussi tout le temps de remercier Ana, elle était son amie, elle la retrouverait facilement. Mais bon ça c’était seulement si elle s’en sortait, et elle ne voulait pas vraiment penser comme une égoiste, si la situation devenait trop critique, elle demanderait à Downy de la laisser là et de se sauver avec Ana. Quand on lui arracha un autre bout de verre, la réaction fut la même, mais c’était intense trop intense et elle sentait le sang couler sur son bras, elle avait envie de fermer les yeux, rien qu'une petite seconde.

L'eau continuait à monter, lentement mais sûrement. Sa course folle ne semblait pas prête de s'arrêter. Le niveau montait inexorablement. Course contre la montre qui se jouait à présent. Ethan s'acharnait contre la maudite porte coupe-feu, en vain. Joan lui fit d'ailleurs remarquer que cela ne servait pas à grand chose. L'un comme l'autre en avait parfaitement conscience, mais l'éducateur continuait de plus belle, ne voulant pas lâcher le morceau. Cela ne pouvait tout simplement pas se terminer de la sorte. C'est pas grave tu sais. Cette phrase résonna en lui tel le glas de leur vie alors qu'elle s’approchait de lui. Ethan ne trouva rien à redire lorsqu'elle lui saisit les mains, il détourna les yeux, ne supportant pas la vision qui s'offrait à lui. Il aurait dû faire quelque chose, il aurait dû ouvrir cette maudite porte et pouvoir la sortir de là. Il aurait dû... mais il n'y arrivait pas. Ne sachant trop que faire, que dire en pareille circonstance, Ethan entoura les épaules de Joan. S'il devait se résigner à mourir aujourd'hui, ce serait dans les bras de son grand amour et nul part ailleurs. Il ne leur restait sans doute plus que quelques minutes à vivre. Il y avait une chose qu'il ne voulait pas regretter. Le jeune homme releva le menton de la brunette et planta son regard dans le sien. « Il y a sûrement peu de chances pour qu'on s'en sorte, je voulais te dire que... je t'... ». La phrase d'Ethan se figea dans les airs, alors qu'une voix leur intimait de reculer. Exécution immédiate. Des coups de feu retentirent et la porte finit par céder. Un soulagement sans nom, puis un visage inconnu apparu - pas forcément en très bonne forme d'ailleurs. Saoirse manqua de s'écrouler, lâchant Joan, le jeune homme se rua sur elle pour la soutenir, il ne remarqua pas le sang qui lui coulait le long de la jambe. Pas vraiment le temps de la remercier, le temps pressait. « Est-ce que vous êtes en mesure de nous reconduire sur le pont supérieur ? »