Alex avait suivi la même routine qu'à son habitude depuis son retour. Il s'était levé à l'aube, était parti courir et lorsqu'il était revenu, il avait dit bonjour à sa famille qui prenait son petit déjeuner. Il était alors monté prendre sa douche et en redescendant, il avait rejoint les petits pendant qu'Erin se préparait. Il profitait toujours de ce moment pour regarder si l'armée l'avait recontacté pour une autre mission. Mais il savait qu'il n'irait plus en Irak... C'était fini. D'ici quelques mois, il rejoindrait surement une unité à Détroit pour faire la formation de la future chaire à pâté de l'Amérique. L'ancien militaire attendait ses ordres à présent. Et aussi ceux de sa femme. Celle ci redescendit prête à aller travailler et ne lui en donna aucun. Elle devait s'en sortir ce matin alors il les envoya tous sur la route avant d'aller prendre son petit déjeuner à la cuisine. Seul. Au calme. Enfin !! La frénésie du matin, ce n'était pas son truc. Il n'aimait pas du tout ça et était bien content quand tout le monde partait et qu'il se retrouvait seul avec sa chienne. Alex mangea et partit s'allonger sur le canapé pour regarder la télé. D'habitude Zora venait après quelques minutes pour profiter de son maitre mais pas aujourd'hui. Le militaire surprit partit à la recherche de sa bête. En passant près de la gamelle il remarqua qu'elle n'avait pas mangé son repas de la veille, ni but... Il regarda et ce n'est qu'après de longues minutes qu'il la trouva caché sous les escaliers. Elle était endormie ? Non. Elle respirait avec difficulté et quand il essaya de la toucher, elle se mit à gémir et à se plaindre. Les yeux clairs du jeune homme se remplirent de crainte alors qu'il se mettait à parler à sa chienne avec douceur.

« Zora, ma belle, on va aller voir Erin et elle va te soigner, tout va bien se passer... »

Il fit glisser la bête sur une couverture malgré qu'elle gémisse de douleur. Elle n'avait plus la force de bouger. Il savait que c'était mauvais et pourtant il refusait de la laisser partir sans se battre. Elle l'avait attendu pendant trois ans ! Le militaire la prit contre lui et l'amena jusqu'à la voiture - et là il fut bien content d'en avoir acheté une deuxième dès son retour - et conduit comme un fou jusqu'à la clinique vétérinaire. Il ne fit pas attention aux panneaux ou aux feux, mais il arriva vivant. Et il débarqua dans le cabinet, passa devant tout le monde et passa en force jusqu'à une salle libre avant d'appeler sa femme. Fin c'était des cris, des cris à déchirer le cœur. Parce que sa bête n'allait pas bien. Alors quand il vit le visage de la rouquine, il lui fit signe de venir vite.

« C'est Zora. Elle respire mal... La laisse pas... Je ne suis pas rentrée pour la voir m... »

Il n'arrivait même pas à dire le mot.

Le retour d'Alex a totalement changé les habitudes familiales. Zoé est encore plus turbulente que d'habitude, Lucas est plus calme et plus collant avec sa mère et Erin est comme sur un petit nuage. C'est le bonheur complet, hormis le fait que son homme ne soit pas encore totalement intégré. Il lui faut du temps pour reprendre ses marques, elle l'a bien comprit et elle le laisse aller à son rythme. Mais elle passe du temps avec lui dès qu'elle le peut. Seulement il faut bien bosser et comme tout les matin, elle alla déposer les enfants à l'école avant d'aller à la clinique vétérinaire. Elle enchaina quelques rdv avant d'entendre du rafus dans la salle d'attente puis une voix bien familière qui l'appelait. Elle s'excusa auprès de la personne qu'elle avait en consultation et sortit de la salle avant de voir Alex.

_ Qu'est-ce qui se passe ?

Elle le vit avec Zora et tout paniqué alors elle s'arrêta un instant au comptoir de l'accueil pour demander à son collègue de s'occuper de ses rendez-vous puis elle alla rejoindre Alex qui avait déjà installé sa chienne sur la table d'auscultation.

_ Calmes-toi, ça ne sert à rien de hurler comme ça.

Elle elle passa sa main en une douce caresse sur la tête de Zora puis attrapa son stéthoscope pour écouter le coeur de la chienne. Ce n'était pas bon. Erin sait depuis quelques mois que la pauvre Zora est en fin de vie. Elle ne l'a jamais avoué à son mari parce qu'elle sait qu'il tient énormément à sa chienne. Mais à 14ans, la pauvre bête est à bout de force.

Zora n'était plus toute jeune, il savait qu'elle viendrait à mourir un jour, mais pas aujourd'hui. Il avait besoin de quelques années avec sa bête. Il n'était pas prêt alors il voulait que sa femme la soigne. Sauf la chienne et le rassure, mais ce ne fut pas le cas. A l'écouter il avait l'impression qu'elle le prenait pour un dingue. Qu'il exagérait et que ce n'était qu'un chien. C'était plus qu'un chien. Alex aimait sa bête.

« Ça ne sert à rien ? c'est ma chienne ! Occupe toi d'elle au lieu de dire des conneries ! »

Le jeune homme retourna du côté du museau de la chienne et lui parla avec une voie rassurante, douce. Rien à voir avec le ton violent qu'il avait utilisé pour sa femme. Erin lui cachait quelque chose et il pouvait le voir. Il vivait pour elle, avec elle, il la connaissait mieux que quiconque.

« Qu'est ce qu'elle a ? »

N'ayant pas de réponse, il se leva et choppa sa femme par les bras et la plaqua contre la porte. Elle ne touchait même plus le sol. Alex serrait de plus en plus fort avant de la lâcher et de se retourner vers sa chienne qui pleurait. Fin il pensait que c'était ça parce que c'était vraiment tout petit comme son. Reprenant le bras de la rouquine, il la poussa violemment vers la table d'auscultation.

« Aide là ! »

Le coeur d'Alex était serré. Il avait peur, était triste, il n'était pas bien, comme s'il perdait doucement un enfant. D'où son comportement avec sa femme. Il lui en voudrait surement beaucoup si elle ne pouvait pas sauver la chienne qui l'avait accompagné durant sa vie d'adulte.

Erin a fait tout son possible pour aider Zora, la soigner et calmer ses souffrances. Erin aime les animaux depuis toute petite. Ce métier ne lui est pas venu du jour au lendemain, c'est ce qu'elle est. Elle est au service des animaux et voir souffrir un animal lui est insupportable. Pourtant pour lui, elle avait repoussé l'inévitable. L’euthanasie était la meilleure solution aujourd'hui. En prenant sa température, un tout petit 34° s'affichait. Elle était tout simplement entrain de vivre ses dernières heures.
Elle n'avait pas répondu quand il s'était montré dur avec elle. C'est la peine qui parlait, elle le comprenait. Mais en comprenant qu'elle ne pourrait pas sauver sa chienne cette fois-ci, elle cherchait comment le lui dire. Mais il l'attrapa si fort qu'elle en fut surprise. Il lui faisait mal et plutôt que de se débattre, elle restait à le regardait complètement ahurie par la violence qu'il faisait preuve envers elle. Jamais il n'avait levé la main sur elle.

_ Lâches-moi tu me fais mal !

Elle protestait quand même et il finit par la lâcher, mais c'était pour mieux la repousser vers la table. Elle se cogna la hanche dessus mais ne dit rien. Elle posa simplement une main réconfortante sur la chienne avant de relever le regard vers son mari.

_ Tout ce que je peux faire pour l'aider, c'est de l'aider à partir.

Elle savait qu'il n'allait pas aimer cette solution mais c'était ce qu'elle devait faire. Lui éviter quelques minutes ou quelques heures de souffrances. Elle aurait pu le faire sans le lui demander, après tout c'est autant sa chienne à elle qu'à lui maintenant, alors pas besoin de son consentement.

_ Elle est condamné depuis presqu'un an Alex. Elle s'en va là, mais elle souffre. Laisses-moi la soulager.

Alex s'énervait sur sa femme, était doux avec sa chienne, c'était comme s'il avait deux personnalités en lui. Sauf que lorsqu'elle lui fit qu'il fallait l'aider à partir, l'énervement prit le dessus. Il regarda sa femme avec un regard noir à vous glacer le sang et il la poussa de toutes ses forces pour qu'elle vire au plus vite des côtés de sa chienne. Ce fut si violent qu'elle tomba, mais il s'en moquait, il retrouva vite le regard de Zora pour la rassurer.

« Tu vas aller bien... »

Il était hors de question que sa bête ne le quitte aujourd'hui. Il avait beau voir la douleur dans les yeux de sa chienne, il ne voulait pas baisser les bras. Il tenta une caresse, mais elle gémit et il s'arrêta dans son mouvement.

« Tu aurais du la guérir il y a un an, pas la laisser être malade aussi longtemps. C'est de ta faute tout ça ! Je t'ai fait confiance pour que tu t'occupes d'elle, mais je n'aurais pas du. »

Alex partit récupérer sa femme et il la secoua avant de la repousser à nouveau, mais cette fois vers la table d'auscultation. Il ne pouvait pas aider sa chienne seul, elle le pouvait et elle allait le faire; Elle n'en avait pas le choix.

« Fais quelque chose pour qu'elle aille mieux. Je ne veux pas l'aider à partir, je ne veux pas qu'elle parte ! »

La cage thoracique de la bête se soulevait de plus en plus doucement, elle ne bougeait plus et ses yeux devenaient lourds. Alors le militaire, se mit à hauteur de sa chienne, posa deux doigts sur son museau et tout bas il se mit à prier. Encore et encore, en boucle avec l'espoir qu'elle aille mieux d'un coup. Il n'était pas plus croyant que ça, juste quand ça l'arrangeait en fait. Puis la respiration de la bête s'aggrava et il sentait le poil de celle ci se refroidirent.

« Erin... Pourquoi tu la laisses mourir ? Pourquoi tu ne l'aides pas ? »

Erin ne l'avait jamais vu dans un tel état. Elle encaissait en se disant que c'était la peine qui le faisait agir ainsi mais elle ne se démonta pas pour lui expliquer les choses. Zora est malade et en fin de vie. Tout ce qu'elle peut faire c'est l'aider à partir. Cette pauvre bête ne supporterait plus le moindre traitement et tout au plus ça ne lui ferait gagner que quelques jours de souffrances supplémentaire. Ça n'en vaut pas le coup mais Alex ne semblait pas de cet avis. Il la poussa de nouveau mais beaucoup plus violemment. Elle tomba lourdement en un gémissement douloureux mais elle le regardait toujours. Pas question de baisser les yeux devant lui.

_ J'ai tout fait pour la soigner ! Je fais pas de miracle je te signale !

Elle protestait en se relevant mais il la poussa de nouveau et les larmes lui montèrent aux yeux. C'était beaucoup à supporter pour elle et les larmes roulèrent sur ses joues en le voyant prier pour sa chienne. Elle savait qu'elle n'avait qu'une chose à faire. Elle croisa un court instant le regard de Zora et Alex la supplia de l'aider alors elle y alla. Elle attrapa une seringue qu'elle ouvrit puis quelques flacons. Elle fit une première piqure dans la patte de la chienne.

_ Ça va aller Zora. On est là ma belle.

Zora s'endormit lentement puis Erin lui injecta le produit ultime. Quelques minutes après, Zora ne respirait plus et Erin put constater l'arrêt du coeur à l'aide de son stéthoscope.

Après avoir supplié sa femme d'aider Zora, il avait reposé son visage près de celui de sa bête. Il la regardait et lui parlait sans voir ce que faisait Erin. Cependant lorsqu'il vit la respiration de sa chienne s'arrêter, il repéra vite la seringue qu'elle avait à la main et il craqua complètement.

« Qu'est ce que tu as fait ? »

Alex ne pouvait pas retenir les larmes qui roulaient sur son visage. Sa femme venait de tuer sa chienne alors qu'il n'avait jamais demandé ça. Il avait voulu qu'elle la soigne et elle l'avait euthanasié.

« Tu l'as tué ! Je t'avais dit de la sauver ! »

A bout, sentant son coeur battre beaucoup trop vite, trop fort, sous la peine et toutes les émotions négatives il attrapa le poignet de sa femme et serra jusqu'à ce qu'elle lâche l'aiguille qu'elle tenait. Et il ne s'arrêta pas, il l'entendait se plaindre et il pouvait sentir les os se tassaient, se comprimer presqu'au point de rupture... Il lâcha pour lui envoyer une gifle en pleine face. Puis il tomba, à genoux et il se prit le visage entre les mains pour pleurer. Sa chienne c'était beaucoup pour lui, elle avait toujours été importante. Sa meilleure amie, sa complice et sa confidente. Il avait toujours pris soin d'elle et maintenant elle était sans vie sur une table en acier dans son dos. Il ne le supportait pas. Il voulait sa chienne. Il la voulait comme elle était avant qu'il ne parte en Irak. En pleine forme, une sorte de protectrice pour ses enfants et sa femme...

« Pourquoi tu l'as tué ? Je l'aimais... J'ai besoin d'elle. C'était ma Zora. Ma chienne. »

Erin ne pouvait pas regarder sa chienne souffrir alors elle fit ce qu'elle avait prévu de faire lorsque plus rien d'autre ne serait envisageable. Les animaux ont cette chance de pouvoir partir sans souffrance. Zora aura ce droit elle aussi et bien qu'Alex ne soit pas d'accord, elle le fit. La pauvre bête s'en alla paisiblement et Erin sentit son coeur se serrer. Cette chienne, elle l'aimait énormément elle aussi. Mais pas le temps de la regarder plus longtemps, Alex l'attrapa si fort qu'elle en lâcha la seringue avant de se plaindre.

_ Alex arrêtes ! Je devais le faire... lâches-moi t'es cinglé !

Il serrait, encore et encore. Et forcément ce qui devait arriver, arriva. Un craquement et une douleur qui lui arracha un gémissement plaintif. Il finit quand même par la lâcher mais pour mieux la gifler. Le souffle coupé sous le choc, elle mit quelques secondes avant de reprendre ses esprits. C'est qu'il a énormément de force. Le bras recroquevillé contre sa poitrine, elle le regarda toute choquée. Il avait mal, elle le comprenait. Mais ça n'excusait pas tout. Il avait été trop loin.

_ Et je suis ta femme... au cas où tu ne t'en souviendrais pas.

Il aime sa chienne. ok. Mais il n'est pas sensé aimer sa femme plusqu'une chienne ?

Alex n'était pas sur de pouvoir tenir debout. Il avait vu des hommes tomber au combat, mais ça ne lui avait jamais fait aussi mal qu'aujourd'hui. Et sa femme, il s'en moquait bien à cet instant là, parce que Zora n'était plus de ce monde et que c'était de sa faute. Elle l'avait tué. Elle n'avait pas le droit de se plaindre.

« C'était ma chienne ! Sans elle tu n'aurais pas le quart de ce que tu as aujourd'hui ! »

C'était grâce à la bête qu'ils s'étaient rencontrés, étaient tombés amoureux et avaient fondé une famille. C'était grâce à Zora qu'ils étaient ensemble... Et maintenant il la regardait sans vie sur cette table froide. Il avait perdu sa chienne... Le pauvre homme alla poser sa main sur Zora et la caressa, lui parla comme si elle était toujours là et lui promit de ne plus repartir en Irak. Il voulait qu'elle ouvre les yeux et qu'elle saute sur ses pattes pour aller jouer avec lui, mais ça ne se fit pas. Elle resta allongée, sans vie, froide.

« Non ! »

Dit il en cognant du poing sur la table. Et il recommença jusqu'à avoir mal. Il ne supportait pas cette douleur, ses larmes sur son visage. Il était incapable de se contrôler tout seul alors il se tourna vers sa femme, oubliant totalement ce qu'il lui avait fait et il se cacha dans son cou. Comme l'aurait fait Lucas ou Zoé et il lâcha le raz de marée de larmes qu'il avait en lui. Et il pleura encore et encore, murmurant des mots d'amour pour sa chienne et des regrets, des victoires et des défaites.

« Je l'aimais. Je l'aimais plus que tout cette chienne... Elle m'a ouvert les portes du bonheur et maintenant elle est morte. Elle est morte... »

Il était trop dur et violent, Erin en fit les frais. Enfin surtout son poignet qui tournait déjà au bleu. Elle lui rappela quand même qu'elle était sa femme. Mais ce qu'il lui dit lui fit mal. C'est vrai qu'ils ne se seraient surement pas rencontré, mais elle aurait fait sa vie avec un autre. Ça aurait été différent voilà tout. Qu'est-ce qu'il croit au juste ? Que sans lui, elle serait toujours célibataire. Faut pas rêver, elle en fait craquer plus d'un.

_ Et sans moi tu ne l'aurais pas revu à ton retour !

Oui parce qu'elle aurait pu la piquer bien plus tôt. Elle a tenter tout les traitements possible, quitte à payer une fortune chaque mois. Il avait pu la revoir à son retour. C'était déjà un miracle. Elle aurait cru qu'il l'aurait remercié d'avoir prit soin d'elle et de lui avoir permit de la voir. Mais non, il l'accusait de l'avoir tué. Il ne se rendait même pas compte qu'elle aimait beaucoup cette chienne aussi.
Il pleurait et sans prévenir il se colla contre elle. Elle était tellement surprise de ce changement de comportement qu'elle ne savait pas si elle devait le repousser ou pas. Son bras lui faisait mal mais elle resta contre lui, bien qu'elle ne faisait rien de plus que de poser sa main valide sur son dos. Juste quelques caresses réconfortantes.

_ Elle a eut une belle vie Alex. Tu peux être fière d'elle.

elle finit quand même par le repousser un peu. parce qu'il se collait trop à elle et que son bras se retrouvait coincé entre eux et que ça lui faisait mal. elle regarda la chienne et reprit. elle n'avait pas envie de le consoler, pas après ce qu'il venait de faire.

_ Où est-ce que tu veux la mettre ?

dans le jardin ? un cimetière spécial ou alors l'incinérer. elle lui laissait le choix mais elle devait savoir.

Erin s'en était pris plein la tête. C'est vrai. Mais Alex venait de perdre sa chienne. Il la considérait comme une enfant et si la rouquine avait perdu un de leur enfant, elle serait probablement dans le même état que lui... Et pourtant. Elle lui reprochait. Elle était froide et quand il cherchait le réconfort, elle le repoussait. Son rôle de femme, elle l'avait abandonné lorsqu'il avait levé la main sur elle. Alors il abandonna son rôle de mari tout aussi froidement.

« Loin de toi. »

Murmura-t-il avec une voie glaciale avant de lui demander de le laisser seul avec la chienne. Il n'avait pas eu le temps de dire au revoir. Ni de fêter son retour avec elle. Pendant deux mois ils s'étaient côtoyés et aimés de loin... Comme deux grands amis. Alors il attendit que la rouquine parte pour s'assoir et prendre la tête de Zora sur ses genoux. Il la caressait et voyait les larmes tomber sur ses poils doux. Elle avait toujours eu les poils doux, même en vieillissant.

« J'espère que tu auras aimé ta vie. Que tu ne m'en aura jamais trop voulu de t'avoir emmené sur des missions dangereuses, d'être parti à l'autre bout du monde pendant des mois. Des années. J'ai grandi avec toi ma belle... Quand je partais sur un mauvais chemin, tu étais toujours là pour me ramener sur la bonne route. Puis j'ai épousé Erin grâce à toi. Sans toi, je n'aurais jamais eu de femme, d'enfants... T'as été la meilleure des chienne. Je donnerai tout pour que tu sois avec moi un peu plus longtemps. Je t'avais promis d'aller à la plage. T'adorais la plage. Et on aurait été au parc pour jouer avec ta balle préférée. Je l'ai toujours gardé avec moi quand j'étais en Irak. La meilleure... Je ne sais pas ce que je vais devenir sans toi. Peut être que si je ne dis pas au revoir, tu vas revenir. Hein Zora... Tu es et seras toujours ma première puce. J'aurais du être là pour mieux m'occuper de toi. »

Elle aurait aimé être là pour le réconforté. C'est comme ça qu'elle voyait le départ de Zora. Main dans la main à se soutenir ensemble. Mais il est tellement violent et froid qu'elle n'y arrive pas. Le soutien ne doit pas venir que d'un coté. Elle en a besoin elle aussi. Et elle pense aux enfants. Leur annoncer sera une bien mauvaise épreuve, même s'ils savent qu'elle était très malade et très vieille.
Elle lui demanda quand même ce qu'il voulait faire de sa chienne et quand il lui répondit aussi froidement, son coeur se serra si fort qu'elle en évita son regard. Il n'était plus pareil avec elle. Elle le laissa seul avec sa chienne. Elle essuya les quelques larmes sur ses joues et regard son poignet complètement bleu. Elle le cacha du mieux possible avec sa blouse et mit sa main dans sa poche avant de repartir à l'accueil.

_ Ted, tu veux bien aller en salle 2. je viens d'euthanasier ma chienne et mon mari a un peu de mal à gérer, je... il faut qu'il prenne une décision pour le corps.

Son collègue accepta bien volontiers de la remplacer et il alla rejoindre Alex avant de se présenter. Ce type était très sympa. Un véto d'une trentaine d'année qui est très doué dans son boulot. Elle expliqua qu'il prenait la place d'Erin et enfin il expliqua les différentes possibilité pour le corps de sa chienne. Erin, elle, alla au vestiaire se changer. Elle avait demander à partir plus tôt. Elle se changea lentement, parce qu'avec une seule main se n'était vraiment pas évident.

Alex était en train de parler à sa chienne quand la porte de la salle s'ouvrit sur un abruti au grand sourire. Il refusa immédiatement de lui parler et ne l'écouta même pas. Il était fou de rage que sa femme lui ai envoyé un autre type alors qu'elle aurait du être là. C'était sa chienne à elle aussi... La preuve que non. Le militaire descendit de la table et prit la bête dans ses bras. Il était hors de question qu'il la laisse avec cet homme. Il chercha rapidement sa femme du regard dans la clinique et quand il ne la trouva pas, il décida d'aller dans sa voiture. Alors il retourna sur ses pas, traversa la salle d'attente avec sa chienne morte dans les bras et alla jusqu'à sa voiture où il monta à l'arrière avec Zora. Elle semblait paisible. Presque heureuse maintenant qu'il prenait le temps de la regarder sans pleurer.

« Tu vas te plaire, là où tu es. »

Sa main se remit à la caresser, mais il s'arrêta lorsqu'il réalisa qu'elle était froide. Il prit la couverture qu'il avait utilisé pour l'amener et la recouvrit. Et même si ça ne changea rien physiquement, ça changea beaucoup pour lui dans sa tête. Il se remit à lui parler, à la rassurer, jusqu'à ce qu'il voit sa femme passer dans son rétroviseur. Il sortit de sa voiture et l'appela à travers le parking.

« Je ne veux pas l'enterrer tout de suite. Je veux pouvoir la caresser, lui parler... Elle est morte. Hier elle me regardait encore et elle souriait alors pourquoi aujourd'hui ? »

Il baissa les yeux sincèrement déboussolé, autant par la mort de sa chienne que par son comportement.

« Je suis désolé pour ce que je t'ai fait. J'ai perdu le sens des réalités. C'est comme perdre un enfant... Un enfant que j'ai vu grandir pendant 14 ans. »

Deux mois qu'il était revenu. Erin sait que la réhabilitation mets du temps mais d'habitude tout se remet vite en place. Mais il part quelques mois, là ce sont des années. Tout est différent. Et là elle avait la preuve que tout ce que disent les femmes de militaires peut être vrai. Elle n'a jamais voulu les croire quand elles disaient que l'Irak changeait les hommes. Là, c'était vrai. Elle préféra laisser un collègue gérer. Elle s'entend bien avec ses collègues alors il n'y a jamais aucun soucis pour s'entraider. Elle alla ensuite se changer comme elle le put, puis elle sortit. Seulement sur le parking, elle l'entendit de nouveau. Elle s'arrêta et le regarda approcher d'elle.

_ Parce que ça devait arriver. Je suis désolée, j'ai tout fait pour qu'elle soit toujours là à ton retour. Je savais qu'elle était condamné. Ça devait arriver.

Mais ce qu'il disait n'avait aucun sens. D'ailleurs elle reprit.

_ Tu ne peux pas la ramener à la maison et la garder comme ça. Tu dois l'enterrer Alex. Ce n'est pas sain de la garder comme ça. Et les enfants ne doivent pas la voir.

Elle ne voulait pas les choquer et puis Zora ce n'est plus qu'un corps maintenant, elle devait être enterré au plus vite. Il reprit ensuite en s'excusant. C'était déjà ça.

_ Hmm...

quoi répondre à cela. C'est pas grave ? Je comprend ? Ça va aller ? Bien sur que non. Ce n'est pas normal qu'il est put la frapper si fort et lui briser les os sans même qu'il ne s'en inquiète même maintenant. La douleur était encore là et elle devait aller aux urgences. Et là, tout ce qu'elle espérait, c'est que sa soeur ne soit pas de garde.

_ Je... je dois y aller.

Erin était passée derrière la voiture alors il en avait profité pour essayer de lui parler, de s'excuser, mais il n'y avait rien à faire. Elle était fermée. Puis elle ne voulait pas de Zora à la maison, et lui ne savait plus quoi faire. Elle devait y aller alors il la laissa faire. Sans un mot.

« D'accord. »

Alex retourna près de sa voiture et vit la chienne à l'arrière. S'il ne pouvait pas la ramener à la maison, il devait l'enterrer ce soir... Le grand brun se mit à courir vers la voiture de sa femme et se plaça devant celle ci. Et c'est là qu'il vit qu'elle conduisait avec une main, la mauvaise. Mais il ne dit rien sachant très bien que c'était de sa faute.

« Tu veux lui dire au revoir ? »

Il passa sur le côté et ouvrit la portière de la voiture avant de se mettre à hauteur de sa femme. Mais elle était loin d'être souriante. Elle était comme lui au fond, elle avait perdu son chien et en plus elle s'était faite battre par son mari. Elle avait le poignet bleu, surement cassé et sa joue était rouge.

« Tu ne peux pas conduire comme ça. Je vais te conduire à l'hôpital... »

Pas sur de lui, il alla quand même chercher les clefs de sa belle et l'aida à sortir de là. Il lui fit signe de le suivre. Elle n'avait pas trop le choix, parce qu'il la souleva et claqua la portière avant de l'amener jusqu'à sa voiture et il l'emmena jusqu'à sa place côté passager.

« Tu n'es pas obligée de la regarder. J'irais l'enterrer ce soir... »

Où ? Il y avait de grande chance pour qu'il aille l'enterrer à New York. Même s'il devait conduire toute la nuit. Il le ferait... Sa bête devait avoir le meilleur. Elle aimait la plage, ils avaient vécu à New York... C'était l'endroit. Même si ça allait être loin et qu'il ne pourrait pas la voir tous les jours. Ça allait être une excuse parfaite pour retourner à Manhattan.

« Il est où l'hôpital ? »

Elle devait y aller. Son bras lui faisait mal et elle savait qu'aux urgences, il faut toujours attendre une éternité pour être prit en charge, alors autant ne pas tarder. Il ne protesta pas et elle partit à sa voiture. Étant donné qu'il lui avait cassé son bras droit et qu'elle était droitière, elle galérait pas mal. Surtout pour les vitesses en fait. Elle se servit de son bras blessé en grimaçant de douleur mais elle sursauta en voyant Alex se planter devant sa voiture.
Il voulait qu'elle dise au revoir à leur chien. Elle n'avait pas besoin de le faire parce qu'elle savait qu'au font, elle penserait toujours à elle et puis les au revoir ce n'était pas trop son truc. Il finit par la faire sortir de la voiture en disant qu'il voulait l'emmener. C'est vrai que ça serait plus facile de se faire conduire.

_ Tu n'es pas obligé.

Bah oui, elle pouvait se débrouiller seule. Au pire elle appellerait un taxi. Mais bon, elle se retrouva quand même dans sa voiture. Elle jeta un regard derrière. La regarder n'était pas un problème pour elle. Elle savait qu'elle ne souffrait plus.

_ Tu vas l'enterrer où ?

Après tout elle était en droit de savoir. Elle lui indiqua la direction à prendre pour se rendre à l'hôpital puis elle reprit sérieusement.

_ Tu me dépose devant l'entrée et j'irais seule.

Avant qu'il ne s'énerve, elle reprit pour qu'il comprenne un peu mieux.

_ Ella travaille là et si c'est elle qui me prend en charge, je veux pas qu'elle te vois et qu'elle en tire des conclusions.

Autrement dit elle ne voulait pas que ça se sache et elle allait mentir sur l'état de son poignet.

Alex ne parlait plus pendant qu'il conduisait, il écoutait les directions que sa femme lui disait et évitait plus que tout de regarder la chienne sur la banquette arrière. Contrairement à sa femme, il aurait probablement fondu en larme. Encore une fois. La seule parole qui le poussa à regarder la rouquine fut lorsqu'elle lui demanda là où il voulait enterrer la chienne.

« A côté de la plage où on allait tout le temps quand tu étais enceinte de Zoé. Elle adorait. »

Les souvenirs l'assaillirent et heureusement qu'il était arrêté à un feu rouge. La chienne adorait cette plage. Ils y allaient souvent quand Erin était enceinte de Zoé. Autant la chienne que la femme y trouvait un endroit où se détendre. S'amuser. Il adorait les voir aussi bien. C'était bien différent de là, sa chienne était partie et il avait cogné sa femme. Des klaxons retentirent et il réalisa que le feu était vert. Il démarra et l'amena à l'hôpital sauf qu'elle ne voulait pas qu'il vienne. Et avant ça, il n'en avait pas envie non plus, mais là il devait y aller avec elle.

« Je peux assumer ce que je t'ai fait devant elle. »

Et devant la justice s'il fallait. Il ne voulait plus la laisser tomber. Fin il l'avait déjà fait. Beaucoup trop souvent. Peut être qu'elle avait raison, peut être qu'il devait l'attendre dehors comme elle le voulait. Alors il conduisit jusqu'à l'entrée des urgences et attendit qu'elle descende avant de lui dire qu'il l'attendrait dans la voiture.

« Je vais rester avec Zora en t'attendant. »

Alex alla se garer dans le parking de l'hôpital et ne se tourna pas vers sa chienne. Il ne pouvait pas la regarder, alors il posa son front sur son volant et resta immobile dans cette position. Combien de temps, il ne savait pas, mais en relevant les yeux, il faisait plus sombre... Comme dans son cœur.

« On va vite aller à la plage ma belle. »

Erin se contentait de lui donner les routes à suivre pour se rendre à l'hôpital. Mais elle chercha quand même à savoir où il irait enterrer leur chienne. Elle y tient beaucoup et elle voulait juste savoir où elle finirait. Erin est une sentimentale mais son métier la mets face à la réalité chaque jour. Un animal n'est pas éternel et elle a apprit à le comprendre au fil du temps. Elle pensera toujours à Zora mais elle ne sera plus là. Et puis à ce moment précis, elle pensait beaucoup aux enfants. Parce que ce soir, il faudra leur annoncer la nouvelle et elle savait qu'elle allait avoir deux bouilles larmoyantes devant elle qui la feront craquer elle aussi.

_ C'est une bonne idée... Elle sera bien là-bas.

Cette plage est rempli de souvenirs. Ils y allaient souvent lorsqu'ils étaient jeunes mariés ou même après avec les enfants et Zora. Et la chienne a toujours été folle de la plage. Elle se perdit un peu dans ses pensées mais une fois arrivée à l'hôpital, elle lui demanda de ne pas venir. Elle ne voulait pas mettre de fausses idées dans la tête de sa soeur, même si c'était vrai.

_ Mais je n'ai pas envie qu'elle sache.

Ce n'était pas le fait qu'il veuille assumer ou non, c'était juste elle qui ne voulait pas montrer qu'elle s'était laissé battre par son homme. La rouquine a sa fierté et c'est dur de lui retirer. Fort heureusement il accepta d'attendre. Il en aura surement pour des heures. C'est toujours très long dans ce genre d'endroit.

_ Tu peux prendre la route pour NY si tu veux, je prendrais un taxi. Faut toujours attendre une plombe aux urgences.

Elle descendit de la voiture et partit directement aux urgences où elle du patienter. Encore et encore. C'était vraiment très très long. Il faut dire qu'il y avait eut un incendie dans un immeuble et beaucoup de blessé s assez grave. Donc elle n'était pas prioritaire.

« Tu sais que ça ne se reproduira plus jamais ça. »

Cet écart de sa part ne devait pas se reproduire, il le savait parce qu'il ne voulait pas être un mari violent. Pas un de ces crétins qui battaient leurs femmes en mettant tout sur le dos de la guerre. Non. Il allait tout faire pour être pardonné. Et c'est pour ça qu'il la déposa à l'entrée des urgences sans se battre de trop pour la suivre. Seulement après plusieurs heures dans sa voiture, sans nouvelle, il s'inquiéta. Alex sortit de sa voiture et entra à son tour dans l'hôpital. Les urgences étaient pleines et sa rouquine toujours en train d'attendre alors il alla se mettre à genoux devant elle et lui remonta le visage.

« Erin... Viens, je vais t'emmener sur la base, ils seront plus rapides. »

C'est vrai que l'hôpital militaire était sensé être pour les militaires, mais ils pourraient faire un écart pour eux, elle. Il ne savait plus trop comment s'y pendre, mais il lui prit la main et la traina hors de l'hôpital pour l'amener à la voiture. Et après l'avoir aidé à s'installer, il reprit le volant pour conduire. Ce n'était pas trop dur dans se sens, il savait où était la maison et pouvait déduire le chemin de la base militaire. A peine arrivée qu'Erin était prise en charge. Il resta juste pour dire qu'il était militaire avant de sortir pour se remettre dans sa voiture et attendre. Comme un con. Sauf que là, il ne résista pas et regarda sa chienne, retirant la couverture de sa truffe.

« Elle a prit soin de toi pendant trois ans... Je n'aurais pas du la cogner comme ça. C'était stupide. Elle t'aimait autant que je t'aimais. Ton maitre est un crétin, mais ça tu le savais. Tu as toujours su m'éviter les ennuis. »

_ Je l'espère.

Contrairement à beaucoup de femmes qui reçoivent des coups, Erin le regardait droit dans les yeux. Elle n'a jamais été du genre à se laisser faire et là elle avait été surprise. Mais la prochaine fois, elle ne se laisserait surement pas faire aussi facilement. Elle finit par descendre et rejoindre les urgences. Sauf qu'il y avait un monde fou et qu'elle perdait patience. En plus ça faisait de plus en plus mal, c'était tout bleu et tout enflé. Elle avait super chaud en plus dans toute cette foule. Elle attendait quand même et elle finit par voir son homme devant elle. Elle avait mal, elle ne disait rien mais ça se voyait.

_ Mais je suis pas militaire.

Elle se laissa faire quand même. Elle suivit parce qu'elle en avait marre d'attendre. Elle se retrouva chez les militaires et au moins chez eux, ça ne bloquait pas. Elle fut très vite prise en charge. Par contre ce ne sont pas des tendres ici et elle poussa un cri quand il lui remise son bras sans aucune anesthésie avant. Mais au moins c'était remit et un simple plâtre suffira. Pas besoin d'opérer. C'était déjà une bonne chose et puis ici, on ne lui posa aucune question sur le comment c'est arrivé. Elle en ressortit avec un beau plâtre vert. Elle aurait pu prendre une autre couleur mais en prenant rose, Lucas aurait été jaloux et en prenant bleu c'est Zoé qui aurait trouvé à redire. Avec le vert, ça passerait pour les deux. Elle rejoignit la voiture et monta en regardant son homme qui semblait être entrain de parler avec sa chienne.

_ C'est bon, on peut y aller.

Alex resta silencieux en la voyant monter dans la voiture. Elle avait un plâtre vert, pas un joli vert, un vert militaire... Et c'était de sa faute. Il la regarda, mais pas dans les yeux, il avait honte. Alors il reprit la route pour rentrer, mais il était fatigué, il s'endormait et ça lui arriva à un feu rouge. Pour la deuxième fois de la journée on le klaxonna et il redémarra sans même regarder, réveillé de cette courte pause.

« Ça ne te dérange pas si je te dépose et que je pars directement ? »

Il pensait sincèrement que s'il ne s'arrêtait pas jusque New York, il tiendrait sans dormir. Il ne voyait pas le danger, ou ne voulait pas l'écouter. Il voulait juste que sa chienne repose en paix et arrête d'être trimballé a droite à gauche comme là.

« Je vais peut être rester à New York quelques jours... Semaines. »

Le militaire n'était pas prêt à retourner à la maison après ce qu'il avait fait à sa femme. Il ne supportait pas de la voir comme ça alors peut être qu'il pourrait revenir quand elle irait mieux. Peut être qu'il pourrait trouver le sosie de Zora et l'entrainer comme elle... Quoi qu'il ne voulait plus jamais ressentir la douleur qu'il ressentait maintenant alors il hésitait. Cependant il n'était pas sur de pouvoir vivre sans chien, il avait toujours eu un chien. Zora avait juste été spéciale... Il se tourna pour la regarder et manqua de se faire percuter par une voiture à pleine vitesse. C'était ça de griller les stops en ville.

« Pardon. Je suis pas concentré. »

Erin fut contente de sortir de là. C'était bourré de militaire. Autrement dit bourré de testostérone et de regards intéressé. Les mecs sont tous les mêmes ! Enfin pas son Alex. D'ailleurs elle le rejoignit et ils reprirent la route. Il voulait partir directement pour NY mais elle n'était pas sure que ça soit une bonne idée, surtout quand il s'endormit à un feu rouge.

_ Je préfère que tu dormes un peu avant. T'es complètement crevé, t'iras pas loin comme ça.

Elle ne voulait pas qu'il prenne de risque inutile. Ils pourraient très bien mettre Zora dans un grand carton dans le garage et il partira le lendemain matin. Les enfants n'y verront rien du tout. Mais monsieur avait sans doute des projets puisqu'il prévoyait de partir plusieurs semaines. Automatiquement la rouquine tourna son regard vers lui.

_ Pourquoi ? Tu n'en a pas pour plusieurs semaines, ça peut très bien être fait en une journée. Au pire tu restes dormir une nuit et tu reviens.

Elle n'avait aucune envie qu'il reparte des semaines alors qu'il était rentré que depuis deux petits mois. Il ne pouvait pas l'envisager, même après ce qui venait de se passer aujourd'hui. D'ailleurs il enchaina les conneries puisque la rouquine poussa un cri quand ils manquèrent de se faire renter dedans.

_ Fais attention merde !!

elle râlait, ça lui arrivait souvent et là en plus elle venait de passer une mauvaise journée. Elle le regardait d'un air pas content et surtout inquiet.

_ Laisses-moi conduire, je suis sure que même avec une seule main je suis moins dangereuse que toi.

« Je veux rester avec elle. »

Mentit il. Il voulait juste rester très loin de sa femme et de son plâtre vert. Sa chienne allait lui manquait. Erin aussi. Aujourd'hui il n'était pas lucide, il n'était juste pas bien. Et elle le lui rappela lorsqu'il faillit les tuer. Elle lui cria dessus et il se remit à pleurer en silence, conduisant avec prudence sur les deux rues qui les séparaient de la maison.

« Pardon. »

Répéta-t-il en la voyant descendre de la voiture. Il ne savait pas où aller. Erin avait raison, il n'était pas en état de conduire jusqu'à New York, mais il ne pouvait pas non plus laisser sa chienne toute seule.

« Je vais rester avec Zora dans le garage cette nuit. J'irais demain à New York. »

Il tenta de sourire pour la rassurer, mais elle ne semblait plus s'inquiéter de lui. Elle voulait revoir ses enfants et il pouvait comprendre. Lui n'en avait pas du tout envie alors il fila directement dans le garage avec sa chienne et sortit un duvet qu'ils utilisaient pour le camping... Fin quand ils y allaient avant sa mission en Irak, avant la naissance des enfants. La chienne aussi retrouva un peu de confort dans un panier qu'il avait installé là, pour quand elle le suivait quand il bricolait. C'était différent aujourd'hui. Elle ne le regardait plus. Elle était décédée. Pour toujours.

« Je t'abandonnerai pas. On n'abandonne pas un homme au combat. Je n'aurai pas du te laisser toute seule... Tu as toujours été là pour moi toi. »

Alex caressait sa chienne entre les oreilles. Elle adorait ça quand elle était encore toute jeune. Puis lui aussi. Il adorait prendre soin d'elle. Il était tranquillement en train de lui parler, et de commencer à faire son deuil quand il sentit des petits bras autour de lui puis des larmes dans son cou. Il n'avait pas besoin de regarder pour savoir que c'était sa fille. La voir comme ça lui brisait le cœur alors il la prit dans ses bras et serra fort en gardant une main sur sa chienne.

« C'était le moment ma puce. Elle est avec les étoiles maintenant. »

« Tu as demandé à maman pour venir ? Elle va pas être contente si elle te voit là. »

Erin resta à le regarder quand il lui dit qu'il voulait juste rester avec sa chienne. S'il voulait l'avoir près de lui, autant l'enterrer ici, dans leur cour, pas à New-York. Elle préféra cependant ne pas argumenter, surtout parce qu'il manqua de peu de les tuer. Elle lui cria dessus. C'est normal, il était crevé et il conduisait. Il lui avait foutu la trouille alors ça se manifestait en râlant, tout simplement. Il s'excusa de nouveau, il pleurait mais tant pis. Une fois arrivé à la maison, elle descendit alors qu'il lui disait aller dans le garage. Décidément il n'était vraiment pas raisonné aujourd'hui. Elle lui dit un simple ok avant d'aller voir les enfants. Elle les trouva rapidement avec la nounou. Une fois seule avec eux, elle prit le temps de leur expliquer les choses. C'était déchirant et la rouquine se mit à pleurer avec eux. Lucas dans ses bras, Zoé s'en alla en courant pour voir son père. C'était vraiment un moment dur. La rouquine se décida à se lever aussi. Elle garda Lucas dans ses bras à le cajoler un peu pour qu'il calme ses pleurs, elle se passa une main sur son visage pour essuyer ses propres larmes puis elle alla au garage. Comme elle le pensait, elle trouva Zoé contre son papa. Et Zora tout à coté. Elle aurait préféra qu'ils ne la voient pas comme ça. Ils sont trop jeune.

_ Viens à l'intérieur avec nous. Il fait froid ici.

Le garage n'est pas chauffé et faut se rendre à l'évidence qu'il ne fait pas très chaud à cette période de l'année. Bon et puis, ils avaient besoin de passer ce cap tous ensemble. Elle avait besoin de lui mine de rien.

Alex ne pouvait pas faire le deuil de sa chienne du jour au lendemain. Il allait avoir besoin de beaucoup de temps, de patience, d'alcool... Il avait perdu la bête qui l'avait accompagné pendant 14 ans. Ce n'était pas rien. Et la solitude n'aidait pas avec la situation, alors quand Zoé arriva, il l'attrapa et la serra contre lui. Pleurer avec elle ça avait plus de sens. Elle était triste comme lui. Mais Erin arriva et leur demanda de rentrer. Il savait qu'elle ne voulait pas que les enfants voient la chienne comme ça. Il allait se faire engueuler pour ça.

« J'arrive. »

Il demanda à Zoé d'aller avec sa mère pendant qu'il installait la chienne, mais elle refusa. Ce fut donc à deux qu'ils s'occupèrent de recouvrir Zora et de lui dire au revoir avant de rentrer dans la chaleur du foyer.

« Faut pas que tu sois triste, elle était malade. Elle est morte sans souffrir. »

Dit il à sa fille qui ne voulait plus le lâcher, et qui continuait de pleurer. Elle ne pouvait plus s'arrêter, alors il la prit dans ses bras et au lieu de rejoindre le salon, il alla dans la chambre de la petite pour parler avec elle. Lui expliquer. Zoé était sensible sous sa carapace et comme son père elle avait du mal à gérer tout ça. Elle était une petite princesse en larme dans les bras de son papa.

« On va avoir un nouveau chien ? »
« Non, je ne pense pas. Je ne veux pas. »

Alex se retourna et vite sa rouquine avec leur fils alors il s'écarta de sa fille. Elle n'allait surement pas vouloir qu'il reste seul avec les enfants après ce qu'il s'était passé pendant l'après midi. Il se fit tout petit, cachant son malaise et sa tristesse. Il regardait par terre ou par la fenêtre.

« C'est maman qui décidera si on remplace Zora ou pas. »

Il ne voulait pas décider, parce que de toute façon pour lui, c'était non. Aucun chien ne serait à la hauteur de Zora. D'ailleurs, il voulait aller la rejoindre, il ne se sentait plus fatigué du tout et avait envie de prendre la route au plus vite.

« Je devrais partir maintenant pour éviter le trafic. »