La vie nous réserve toujours des surprises et il n’est pas toujours facile de s’en remettre au destin. Pour Vivian Victoria Madison, la vie n’avait pas toujours été joli. Étant une grande dame, la belle rouquine passait beaucoup de temps à exiger la perfection chez sa famille, particulièrement chez sa fille. Elle savait déjà que son mari était un homme bien droit, muni des mêmes convictions que la jeune demoiselle de l’époque. Elle avait épousé l’homme de sa vie, cela, Vivian le savait très bien. Cela faisait désormais quelques mois que son mari avait péris de son cancer et l’organisatrice événementielle ne savait plus quoi faire à Boston, seule, sans l’homme qu’elle aimait. Elle décida de réécrire sa vie. Lorsque sa fille unique Leslee était adolescente, Vivian était réellement dur avec la jeunette qui semblait beaucoup trop rebelle pour le caractère du couple Madison. Vivian n’en pouvait plus des bagarres chez sa fille, ainsi, elle l’envoya vivre chez sa propre mère ; Ruth Maclay. Le temps passa et elle n’eut plus aucun contact avec sa fille. Malgré les années d’absence, Madison pensait toujours à sa jeune fille qu’elle n’avait jamais revue depuis 20 ans. Même à l’enterrement de Ruth, Vivian ne resta pas longtemps pour ne pas la croiser. Aujourd’hui, elle voulait développer cette relation et surtout ce racheter, ce qui ne serait pas facile. Elle le savait très bien. La belle rousse s’était achetée une belle résidence dans Mile Road et avait fait la décoration complète. Elle s’était trouvé un emploi et avait même rejoint l’église St-Barnabé. Elle s’était bien intégrée dans la communauté de Detroit. Il ne lui manquait que d’aller voir sa fille, mais c’était beaucoup trop dur pour elle. Vivian décida d’aller prendre une marche de santé. Elle se rendit au parc pas très loin de sa maison où il y avait beaucoup d’enfants. Vivian prit place sur un banc, le sourire comblé sur les lèvres. Elle adorait les enfants et se trouvait si stupide d’avoir perdu sa propre fille. Comment avait-elle pu créer une progéniture aussi peu distinguée. Elle ne le savait pas, mais souhaitait surtout que la rouquine se soit améliorée avec les années et soit devenue une parfaite adulte désormais. Vivian était pensive, seule sur ce banc. Elle avait perdu la confiance qu’elle avait trouvé un peu plus tôt pour aller rendre visite à Leslee.

Une belle après-midi s’annonçait. Les nuages n’existaient pas en cette journée banale. Le ciel bleu rappelait la couleur de l’été, celle d’une mer transparente également. Aileen ne donnait pas de cours. La rousse s’était reconvertie depuis bien des années en institutrice pour les jeunes enfants en primaire. L’éducation était sa priorité. Avant, elle rêvait de devenir physicienne quelque chose dans le genre. Sa grossesse inattendue et le comportement acerbe d’un ex-fiancé avaient eu raison d’elle. Aileen Duncan, anciennement Caitlyn O'Donnelly, avait du fuir pour la sécurité de sa fille qu’elle avait appris à prendre en compte. Ce bébé méritait un avenir. Byron, cet homme violent et trop perturbé, n’aurait su lui offrir un quotidien serein. Aileen avait tout sacrifié pour Lexie. Cette dernière ne connaissait pas l’identité de son vrai papa. Il le fallait! Auquel cas, elle désirerait certainement le retrouver et il n’en était pas question. Présentement, après le goûter, Lexie et Aileen se dirigèrent à pied au parc le plus connu de la ville. La rouquine appréciait préserver la terre. Elle se retenait de toutes démarches polluantes. Elle avait toujours été élevée dans ces valeurs. La planète elle y accordait une grande importance. Elle pensait aux générations futures. Arrivées au parc, la petite Lexie courut vers les balançoires. Sa génitrice la poussa un moment mais pas trop fort pour éviter qu’elle décolle. Quand il faisait bon, les Duncan allaient toujours au parc pour pouvoir profiter de chaque instant ensemble. Heureusement, Lexie n’avait que dix ans donc toutes ces choses étaient encore possibles. Le futur changerait-il la donne? Leur relation se voulait fusionnelle. Plus tard, la jeune femme laissa sa fille s’amusait au toboggan avec d’autres enfants. Pendant ce temps, elle s’assit sur un banc non loin des jeux pour ne pas perdre Lexie de vue. Une femme se situait sur le même banc. La mère de famille engagea la conversation.

- Bonjour, excusez-moi de vous dérangez. Vous surveillez quelqu’un? Vous avez l’air si pensive. Aileen trouvait cette inconnue intrigante.

Depuis qu’elle s’était installée à Detroit, Vivian Maclay-Madison retrouvait beaucoup de souvenir, lorsque Leslee n’était encore qu’une enfant. Lorsqu’elle lui faisait des sourires et des dessins. C’était une époque résolue et depuis trop longtemps pour la pauvre rouquine. Elle ne savait pas ce que Leslee vivait maintenant, elle ne pouvait même pas s’imaginer quelle femme était-elle devenue. C’était presque insoutenable, elle devait la revoir. Son manque de tact et sa trop grande passion pour la perfection les avaient séparés, mais souhaiterait-elle reprendre une relation avec sa génitrice. Vivian ne le savait pas, si la belle jeune femme qu’était rendue Leslee lui en voulait toujours ou si elle conservait une partie de son caractère rebelle d’adolescence, c’était presque une évidence qu’elle ne voudrait pas reprendre contact avec elle malheureusement. Aujourd’hui, une dose de force avait ressortie de la femme, mais elle s’était rapidement estompée en prenant place sur ce banc de parc. La vie était si compliquée désormais, sachant que l’homme qu’elle partageait sa vie depuis toujours avait trouvé la mort. Elle s’ennuyait énormément de lui, la belle rousse avait perdu sa moitié, à croire qu’elle ne trouverait personne comme elle que William. C’est en réfléchissant à tout ça qu’une jeune inconnue s’adressa à elle. La mère d’une petite fillette, elle semblait avoir le tour avec les enfants, ce qu’elle trouvait agréable. Vivian lui fit un sourire, passa une main dans sa chevelure et posa une mèche derrière son oreille.

« Non non, je ne surveille personne, disons que je réfléchie à ma vie. Votre fille est réellement magnifique, ça doit être un bonheur de l’avoir près de vous, surtout à cette âge-là, elles sont adorables ! » Ajouta t-elle sur un ton charmé et presque triste. On pouvait sentir la faiblesse dans sa voix. La dame n’était pas fière de l’éducation qu’elle avait donné à sa fille. Elle l’avait renié et c’était Ruth, sa mère qui l’avait élevée réellement ensuite jusqu’à sa mort. Elle espérait bien que Leslee soit une bonne personne aujourd’hui et n’aille pas de grave problème comme la drogue par exemple. Elle se sentirait mal sinon. « Votre mari n’est pas avec vous ? »

Pendant que Lexie Duncan jouait au toboggan avec d’autres gamins, sa maman Aileen débutait une discussion avec une inconnue qui avait le regard qui en disait long. Le vécu et l’expérience d’une vie pas facile transperçait son visage. Elle semblait si solitaire et perdue à la fois. Elle était magnifique, sa belle chevelure et son style soigné ne passaient pas inaperçu. Aileen avait cru que la rouquine possédait un des enfants présents dans le parc. Mais non, elle observait ce beau tableau où l’innocence avait toute sa place dans un monde fait de mauvaises choses. Ces dernières rendaient rapidement les gens insatisfaits, bien malheureux ou désenchantés. Les enfants n’avaient pas encore conscience de cette dure réalité. Parfois, la professeur des écoles retrouvait une joie de vivre rien qu’en écoutant les dires naïfs prononcés par sa fille de dix ans. Espoir, et rêves habitaient la petite. Qu’il était bon de passer du temps avec une âme n’ayant pas encore subi les aléas apportés par un quotidien joueur. Enfin… Lexie n’avait pas de papa, c’était déjà beaucoup pour une gamine. La fille de Aileen était même trop mature pour son âge. Cela pouvait être bien vu autant que mal perçu. Des camarades la jalousait pour sa relation fusionnelle avec sa mère. D’autres ne l’appréciait pas la jugeant trop hautaine, sûre d’elle et parfois pessimiste avant l’âge. Son côté surdoué ne plaisait pas à tous. Lexie avait une créativité, une intelligence surdéveloppée. Compensait-elle le manque d’un père par le travail? Assurément. Elle ne profitait pas toujours de la vie. Donc, ces instants à jouer dans le parc restaient très importants et décisifs pour la petite. Elle s’amusait comme tout autre enfant possédant son âge. Cela lui prouvait que ces moments étaient primordiaux pour son équilibre et sa vie sociale. Aileen n’en ratait pas une pour lui faire la leçon.

- Cela peut-être une bonne activité parfois, partager c’est mieux car quand on a personne pour nous dire quelle direction prendre, avec notre propre réflexion on ne va pas loin. Vous pouvez me parler vous savez, j’aime bien écouter les gens et si cela peut vous aider, j’en serai ravie. La belle femme d’une âge mûr s’exprima de manière à complimenter la progéniture d’Aileen Duncan. Oh merci, j’ai pas à me plaindre. C’est une petite fille très curieuse mais absolument intelligente et vraiment adorable c’est vrai. Vous êtes maman également? Vous parlez tout comme et c’est réellement intéressant. La rousse tentait de mettre Vivian en confiance. Cette dernière posa une question pas très évidente à la mère de Lexie. Je suis mère célibataire. Elle sourit pour paraître tranquille aux vues de la situation.

Revoir sa fille était certainement la chose qu’elle souhaitait depuis tant d’année. La rousse n’avait jamais eu réellement de courage pour le faire, présentement, elle était dans la même ville que Leslee et la dose manquante de force ne semblait pas arriver. Elle avait réussis à changer de ville pour se rapprocher de sa fille, mais si elle n’y arrivait pas. Elle ne voulait peut-être pas recevoir les reproches de sa fille unique pour la vie qu’elle lui avait donné. Vivian était une femme plutôt dur, elle avait exigé le plus de grâce et de dignité chez sa fille durant sa jeunesse, mais malheureusement pour elle, Les n’en avait jamais donné la moindre dose. Aujourd’hui, ce n’était sans doute pas encore le bon moment pour aller la voir. Elle ne savait toujours pas où elle vivait. Peut-être que Vivian réussirait à aller droit vers la mairie pour obtenir des informations sur Leslee Sea Madison. Elle souhaitait bien qu’on lui laisse cette chance. Madison avait également beaucoup d’argent, elle pourrait engager un privé pour obtenir cet information, ce qui ne serait sans doute pas bien difficile. Elle avait appris d’un membre de sa famille que depuis un an, Leslee était à Detroit, mais rien de plus. Vivian se sentait si seule, particulièrement depuis la mort de son mari. Elle regardait la mère à ses côtés et lui fit un petit sourire. La rouquine sourit aveuglément, elle repensait à toute sa vie, mais décida de répondre à cette femme.

« C’est très gentil de votre part, disons que ma vie n’est pas exactement ce que j’imaginais. J’ai fait beaucoup d’erreur, mais j’ai perdu beaucoup de gens et à l’heure qu’il est.. Je me retrouve seule.. » Vivian Madison prit une pause. Elle plissa la bouche, écoutant la femme ajouter certains propos à l’égard de sa fille et lorsqu’elle lui demanda à son tour si elle avait des enfants, le coeur de la riche femme se serra. Elle racla sa gorge et dit sur un ton bas. « Oui, j’ai une fille. Une grande fille, elle a 32 ans désormais... Disons que ça fait bien des années que je ne l’ai pas vu... » La gorge de Vivian se noua aussitôt, elle détourna la tête un moment vers la gauche, pour retenir ses larmes. Elle ne souhaitait surtout pas démontrer ce genre de sentiment devant une inconnue. Elle était une grande dame. Elle ne fit que plisser les lèvres une seconde fois et le sentiment de tristesse quitta son visage serin. Elle entendit que Aileen était mère célibataire. Sa bouche forma un « O ». Elle était surprise, mais c’était des choses qui arrivaient. « D’accord, le père de votre fille n’était pas l’homme idéal ? »

Vivian Madison restait pensive. Aileen Duncan l’avait surprise ainsi. Son envie d’en savoir plus fut attisée. La rouquine était-elle venue avec son enfant? Elle avait annoncé que « non ». Pourquoi fixait-elle les autres gamins alors? Là était la réponse. Elle repensait à sa fille: Leslee, ‘Leen le saurait bien plus tard. Leslee était une bonne amie de la mère de famille. Elle passait son temps à la conseiller avec sa fille de trois ans car la sienne en avait sept de plus. Pourtant, Leslee possédait bien deux années de plus que Aileen. Mais les problématiques d’existence n’étaient pas les mêmes. La maman de Lexie adorait cette femme avec qui elle partageait certaines choses, elle aimait la retrouver le plus souvent possible. La voir représentait une vraie bouffée d’air frais. Le caractère de Leslee faisait beaucoup. Aileen était loin de savoir que son amie était l’enfant de la belle Vivian, située à côté d’elle. L’institutrice admirait le sourire de cette dame. Était-elle ravie d’être ici?

- Vraiment? On fait tous des erreurs mais nous sommes seuls maîtres de notre destin, vous ne pensez pas? A moins que quelqu’un s’est amusé à vous mettre des bâtons dans les roues...?!! Vivian devint plus précise au fil des secondes. Je suis navrée, vous m’avez l’air si aimable. Vous regrettez apparemment, vous ne pensez pas que ces personnes que vous avez perdu risquent de s’en rendre compte et de vous pardonner? Aileen parlait des vivants. Se remettre en question est une bonne chose. C’est admirable de nos jours, les gens croient en général que tout leur est dû, ils ne réfléchissent plus et nous voilà en contact avec un mur bien épais. L’interlocutrice possédait une sincérité appréciable. Votre enfant vit ici? Vous savez tout n’est pas perdu. La rousse semblait si triste. Que se passait-il entre cette mère et sa fille? Pourquoi vous ne voyez plus votre fille? La professeur des écoles ne désirait pas se montrer insistante ou malpolie alors elle n’en demanda pas plus. Madison avait l’air très préoccupée et réellement perdue, peut-être sans sa fille justement… mystère élucidé? Quel est votre nom Madame? Je me permets de faire les présentations entre deux, je suis Aileen Duncan et ma fille se prénomme Lexie, elle a dix ans. Elle sourit chaleureusement. L’atmosphère était remplie de légèreté par le contexte et de lourdeur contradictoirement tout cela à cause des expériences de vie de chacune. Vivian arbora une mine surprise face aux aveux de ‘Leen, et oui elle élevait sa fille seule. Le choix se fut rapidement. Jamais Lexie n’aurait pu être heureuse avec Byron: son père, cet être violent. Non il ne l’était pas. Elle n’en dit pas plus.

Les révélations devenaient de plus en plus grandes en cette après-midi calme. Vivian ne connaissait pas cette femme, mais elle avait réellement l’envie et le besoin de raconter ses problèmes à quelqu’un. Peut-être ne rêverait-elle jamais cette femme, que ce soit le cas ou pas, elle se sentait d’avantage mieux en discutant avec cette jolie rousse qui ne semblait pas avoir eu la vie facile à son tour. Elle aurait aimé s’assoir comme ça sur ce banc de parc à discuter et à s’expliquer en compagnie de Leslee. Elle ne savait même pas si la belle jeune femme qu’elle était désormais avait changé. Elle ne pouvait pas prévoir une situation, ça faisait tout de même vingt longues années qu’elle n’avait pas revu sa progéniture. Pour Vivian, c’était insoutenable. Elle se retrouvait seule au monde et avait besoin encore plus à ce moment de la présence de sa fille unique. La grande dame avait fait le choix d’aménager dans cette grande ville à quelques heures de Boston pour changer d’air et recommencer à zero, mais il ne fallait pas cacher la réelle raison de cette sélection : Leslee Sea Madison. Vivian se demandait également si sa fille avait un mari et des enfants désormais.

« Non, personne ne m’a réellement poussé à l’envoyer lorsqu’elle était adolescente… mise à part peut-être un peu ma mère… Leslee, ma fille était une enfant difficile, j’exigeais sans doute trop pour elle et elle s’est rebellée. Elle m’a fait vivre les pires histoires et j’ai craqué. Sa grand-mère, qui est décédée à l’heure qu’il est, l’a pris sous son ailes et je n’ai jamais recroisé mon tendre ange depuis ce jour, récemment, mon mari a été victime d’une maladie grave qui l’a conduit jusqu’à son lit de mort et j’aurais besoin de reparler à ma fille.. D’essayer de recoller les morceaux ! Nous ne sommes plus que deux maintenant… et oui, elle vit à Detroit, c’est la raison de ma venue en ville. » Vivian baissa les yeux vers le sol, elle serra les dents toute en plissant les joues. La dame n’arrivait tout simplement à croire qu’elle était dans la même ville que Leslee, la dernière fois où elle avait si près, c’était aux funérailles de Ruth, sa mère. Madison leva les yeux tristement vers la jeune femme et lui fit un léger sourire lorsqu’elle lui présenta sa fille. Elle colla ses mains entres elles et dit. « Je suis ravi de vous rencontrer, tu es très mignonne Lexie, tu le savais ? Et moi, je suis Vivian ! .. je trouve ça triste votre histoire également… »

Abandonné, verrouillé & archivé.