Code by Holliday

Méthodes peu scrupuleuses

« Sa raison de commettre le crime, c'est précisément de le commettre sans raison. »
[André Gide]

« M. Johns, désolée de vous déranger mais l’inspecteur Wellington est ici. Dois-je la faire entrer ? » Il prit une profonde inspiration avant de répondre : « Faites la patienter quelques instants. » Il connaissait l’inspecteur Jane Wellington et savait d’avance qu’avoir affaire à elle risquait de ne pas être une partie de plaisir. Il leur arrivait de collaborer et en général, ça finissait souvent mal. Elle, l’aidait à avoir accès à des dossiers confidentiels de la police et lui, l’aidait à connaître certains détails sur des clients ou la partie adverse. Ce qui en général posait problème, c’est que leurs raisonnement différaient. Il partait du principe que tous les moyens sont bons pour récolter des informations tandis qu’elle, elle était assez attachée à la morale et à l’éthique. Elle n’aime pas sa façon de récolter ses informations et ne se gêne pas pour le lui faire savoir. Manque de bol, il est aussi têtu qu’elle, peut-être même plus alors autant dire qu’il ne l’écoute pas toujours. Au final, forte tête contre forte tête ça finit par donner des étincelles. C’est pour cette raison qu’il n’était pas enchanté de la visite de la jeune femme mais d’un autre côté, l’avoir dans son camp était un gros avantage même si parfois elle le forçait à arrêter ses méthodes d’investigation s’il souhaitait continuer à avoir accès aux données confidentielles de la police. Du chantage en d’autres termes. Il détestait ça car il se voyait obligé de céder. Il est vrai que ses méthodes étaient assez radicales et constituaient souvent en un espionnage intensif. Pour certaines grosses affaires, faire appel à un détective privé est souvent nécessaire or il en connaît un parfait. Filature, hackage des données confidentielles, pose de micros et de caméras miniatures, tant de choses violant la vie privée mais très instructives pour mieux connaître son adversaire. Christopher se mit en conditions psychologiques pour affronter Jane. Ces derniers temps il n’avait utilisé aucune pratique illégale, elle ne pouvait donc pas être là pour ça. Machinalement, il remis un peu d’ordre dans ses dossiers avant d’appuyer sur le bouton de son téléphone et d’annoncer : « Vous pouvez la faire entrer. » Moins de vingt secondes après, sa secrétaire toqua et entra suivit de Jane. Il se leva pour l’accueillir tandis que sa secrétaire refermait la porte derrière eux. « Inspecteur Wellington, quelle bonne surprise ! » Un sourire forcé se colla à ses lèvres. « Asseyez-vous je vous en prie. » Il lui tendit un siège et alla lui-même s’asseoir dans son fauteuil. Sa rencontre avec elle fut l’une très bénéfique pour son travail. Sans elle, il n’aurait sans doute pas gagner autant de procès mais en même temps, elle était têtue et prenait un malin plaisir à le contrarier. Ca faisait maintenant un bout de temps qu’il la connaissait et pourtant il n’avait jamais pris le temps de la connaître plus que leur profession ne l’exigeait, et n’avait jamais cessé de la vouvoyez en signe de respect. « Qu’est-ce qui vous amène ? » Elle passait rarement directement à son bureau, en général elle était bien trop occupée pour cela or cette fois, elle s’était déplacée ce qui indiquait une affaire importante ; suffisamment importante même pour qu’elle lui en parle de vive voix et non au téléphone.

Wellington lui exposa l’affaire et au fur et à mesure qu’il l’écoutait parler, il se demandait en quoi il allait bien pouvoir lui être utile. Il s’agissait d’un meurtre à résoudre or au cas où elle l’aurait oublié, il était spécialisé en droit financier. Si son assassin était un homme riche, il aurait peut-être pu l’aider à le faire tomber mais là, l’assassin présumé n’avait rien à voir avec les gens qu’il côtoyait. N’osant l’interrompre, il la laissa finir. Ne comprenant vraiment pas pourquoi elle avait besoin de lui, il le lui demanda : « J’avoue ne pas bien comprendre, en quoi cette affaire me concerne-t-elle ? » Il vit alors le visage de l’inspectrice changer, comme si un voile de sérieux s’abattait dessus. Elle parlait alors moins fort et lui avoua être venu ici pour le charger de recueillir par tous les moyens possibles des informations complémentaires sur l’assassin présumé. Intrigué par une telle requête et soucieux d’avoir mal compris, il demanda : « Par tous les moyens possibles dois-je comprendre… ? » Sans même le laisser terminer sa phrase, elle acquiesça d’un signe de tête. C’était le monde à l’envers, l’inspectrice grande morale qui lui demandait d’avoir recourt à des moyens peu catholique pour emmagasiner des informations sur un suspect. Jamais jusqu’alors elle ne lui avait clairement exprimé avoir besoin de ce genre d’aide et le peu de fois où elle lui avait donné des informations et qu’il les lui avait ramené à l’aide de ces méthodes, il s’était fait prendre un sacré savon. Si elle lui demandait d’agir de la sorte, ce devait être que cet homme avait un excellent alibi. « Et pourquoi un tel changement d’avis ? D’habitude lorsque j’emploie ces méthodes, je me fais généralement taper sur les doigts alors qu’aujourd’hui vous venez me demander d’enfreindre votre propre règlement. » Elle aurait très bien pu faire elle-même appel à un détective privé. Il est vrai que ce n’est pas très bien vu pour un inspecteur de police de faire appel à un détective privé mais normalement la discrétion est de mise. Quoi qu’il en soit, il ne savait pas trop s’il devait ou non accepté cette proposition …

**Aujourd’hui, rien ne s’était déroulé comme d’habitude au boulot. Jane n’aurait jamais cru qu’en allant au boulot, une vieille histoire sortirait du placard, la jeune femme avait tout droit été appelé sur les lieux d’un crime aux portes de la ville et selon l’enquête, le criminel qui avait assassiné cette pauvre femme se trouvait à être le mari de la victime, mais pas simplement cela, c’était bien l’élément qui compromettait l’histoire, il s’agissait du fils de Edouardo Sanchez, l’homme qui avait dans le passé été le client de son père, mais aussi celui qui lui avait enlevé la vie sans pitié dans le stationnement de leur résidence familiale, secouant à jamais la famille Wellington. JJ avait passé plusieurs années à rechercher cet homme qui avait disparu dans la nature depuis l’assassinat de M. Wellington, mais jusqu’à présent aucun lien ne s’était relié à cette enquête jusqu’à présent. L’individu qui avait assassiné sa femme était le fils du meurtrier de son père et jamais, il n’avait fait des siennes jusqu’à présent, c’était une bonne manière de ré-ouvrir l’enquête, enfin, de manière privé. Elle avait besoin de quelqu’un de confiance qui l’aiderait dans sa petite recherche. C’est avec réflexion qu’elle trouva la personne parfaite ; Christopher Johns. Elle le connaissait peu, mais savait comme il était. Wellington avait toujours été présente pour remettre Johns sur place lorsqu’il débordait vers l’illégalité, bien sûr, dans une autre vie, elle n’aurait pas refusé de corrompre certaines façons d’agir de l’avocat, mais en étant lieutenante de police, elle se devait de bien agir. La brunette décida de téléphoner au cabinet pour obtenir un rendez-vous le plus rapidement possible. Ainsi, elle prit chemin jusqu’au cabinet Thorthon & Murphy et demanda Chris à l’accueil. Elle attendit jusqu’à ce qu’il fut temps d’aller le rejoindre. Jane était loin d’être une femme tendre et respectueuse, elle avait la plus part du temps un langage de merde, enfin, lorsqu’elle n’était pas au boulot, dans ce temps-là, JJ faisait tout en son pouvoir pour user du plus grand professionnalisme possible, bien que cela lui échappait de temps à autre, de plus, elle était franche, directe… enfin, elle restait quelqu’un de spontanée, souriante et amusante surtout. Lorsqu’elle rejoignit Chris, elle lui désigna un grand sourire.**

« Hey Christopher… merci de me prendre aussi rapidement, disons que c’est assez important… »

**Elle prit place d’un bond sur le sofa et regarda le jeune homme. Elle passa une main dans ses cheveux, au moins, la climatisation du cabinet avait été réparée. Wellington détestait la chaleur, enfin sauf lorsqu’elle était au lit avec une magnifique femme, comme Leslee. Elle écarta les jambes et glissa ses mains croisées entres elles, fixant l’homme avec un air un peu découragée.**

« Bon, je sais bien que tes techniques ne sont pas les plus … disons légales la plus part du temps, mais cette fois-ci, j’ai vachement besoin de ton aide Johns et à n’importe quel prix… fait tout ce que tu peux… même si c’est pas top … Aujourd’hui, on a découvert un nouveau cadavre, un putain d’enfant de chienne qui a tabassé sa femme avant de la tuer… et cet homme, il s’agit du fils de Eduardo Sanchez, l’assassin de mon père qui a disparu de la map depuis le meurtre commis sur mon paternel, jusqu’à aujourd’hui, aucune trace de ce trou du cul… et là, son fils se pointe et tue sa femme, disparaissant à son tour dans la nature, j’aimerais que tu m’aides à trouver des informations sur ce batard .. peut-être bien qu’après cela, je pourrais retracer son enfant de chienne de paternelle et enfin clôre l’enquête.. comme j’ai dit, c’est assez personnel comme histoire et je ne veux pas me mettre dans la merde non plus, mon équipe connaisse cette histoire et je sais très bien qu’en cherchant de mon côté, je pourrais relier certains points… l’enquête est en arrêt depuis bien trop longtemps ! Enfin… tu crois pouvoir m’aider… je peux t’amener un paquet de dossier sur tout ça… »

Il connaissait l’inspecteur Jane Wellington pour leurs collaborations passées et savait par conséquent que sa visite impromptue ne lui réservait rien de bon. Ces derniers temps, elle avait tendance à lui taper sur les doigts, ses méthodes d’enquête n’étant pas tolérées par la loi. Elle n’hésitait pas à lui tirer les oreilles quitta à lui mettre des battons dans les roues. Elle n’approuvait pas le fait que parfois, pour obtenir des informations sur la partie adverse, il fasse appel à un détective privé. Bien entendu, il connaissait la loi, il savait que la violation de la vie privée était passible d’une amande voir plus mais malgré tout, ces méthodes d’investigations s’avéraient rentables pour gagner des procès. Jouer à la loyal c’est bon pour les perdant. Lui, il s’est toujours donné pour objectif d’être le meilleur dans son domaine et il a réussi. Il n’a encore jamais perdu une enquête et il faut bien admettre que parfois, faire appel à une aide extérieure l’a bien aidé. Histoire de savoir ce qui amenait Jane dans son bureau de si bon matin, il lui demanda sur un ton poli mais non moins méfiant ce qu’elle venait faire ici. Ces derniers temps il n’avait pas enfreint les règles qu’elle lui avait imposer alors elle n’était sans doute pas venue pour ça. Le récit qu’elle lui fit le lui confirma. Elle lui exposa les faits qui au départ étaient tout à fait banal, tellement d’ailleurs qu’il ne comprenait pas pourquoi elle était venue le voir, jusqu’à ce qu’elle lui parle du lien qui reliait l’assassin avec celui de son père. Tel père tel fils ! Il connaissait l’histoire de Jane pour s’être renseigné. L’assassinat de son père remontait à plusieurs années, à l’époque où il était encore étudiant en droit et où il ne prêtait pas grand intérêt à ce genre d’affaires. Si aujourd’hui il est devenu avocat financier, ça ne l’empêche pas de se documenter sur l’actualité et plus précisément sur les faits divers et notamment les assassinats. De plus, lors d’une conversation un peu plus personnel que le simple cadre de l’entre-aide flic/avocat, elle lui avait expliqué toute l’affaire. « J’vais voir ce que je peux faire pour t’aider. », il venait d’abandonner le ton protocolaire du vouvoiement. « Je vais contacter le détective privé auquel je fais appel en général. Ce qu’il faudrait c’est le localiser, à partir de là, récolter des preuves contre lui et surveiller ses allées et venues sera un jeu d’enfant. » Le détective privé auquel il faisait appel était un excellent détective capable de récolter de nombreuses preuves auxquelles la police ne pourrait jamais avoir accès à cause des restrictions de la loi. La première étape était de retrouver l’assassin pour ensuite équiper son appartement de caméra et de micros, et pour lui suivre. « Il faut que ton équipe essaie de le localise pour qu’ensuite le privé pose des micros chez lui. Une fois que ce sera fait, ce ne sera plus qu’une question de temps pour constituer un dossier solide contre lui et pourquoi pas, voir s’il est ou non encore en contact avec son père. » Il comprenait pourquoi Jane ne pouvait pas enquêter de son côté. Trop personnel pour qu’elle se charge de l’affaire ! C’est sans doute ce que lui avait dit ses supérieurs. Il pouvait cependant comprendre son besoin de voir l’affaire avancer or tout le monde sait que la police n’est pas très douée pour constituer des preuves rapidement. Il faut d’abord demander un mandat, avoir des raisons d’inculqué le suspect et tout un tas d’autres procédures longues et compliquées. « J’veux bien une copie de tes dossiers, je ferai une lecture rapide histoire de voir sous quels motifs d’accusation tu peux l’inculpé avant de les transmettre au privé. » Il n’était pas le mieux placé pour gérer toutes ces histoires de chef d’accusation et autre étant donné que son domaine est le droit financier et des sociétés, mais il à néanmoins les bases. De plus, si le dossier s’avère trop compliqué pour lui, il pourra toujours le transmettre à un collègue. Il analysa la jeune femme un instant. Sa détermination était sans bornes, la preuve, elle était prête à utiliser des méthodes d’investigations qu’elle blâmait d’ordinaire. « J’espère pouvoir t’aider à retrouver ce type pour l’empêcher de nuire. Généralement, ceux qui se comportent comme ça une fois recommencent. Y a pas de mot pour décrire les types comme lui ! » Assassin, meurtrier, ordure, détraqué, tous ces mots n’étaient pas assez forts pour décrire les monstres capables de telles atrocités.

**Jane J. Wellington avait décidé d’être flic pas simplement parce qu’elle adorait le métier et qu’elle rêvait d’exercer l’ordre depuis sa tendre enfance, elle avait amplifié son désir après l’assassinat de son paternel. Elle avait envie d’en savoir le plus possible sur le métier et de mettre finalement la main sur ce salaupard une bonne fois pour tout. Au lycée, Jane était une vrai fêtarde, ce qui n’avait pas changé à l’heure qu’il était, mais quand même, la brunette ne se concentrait pas du tout sur ses études, chose qu’elle avait changé, entrée à l’université, ce qui était un point supplémentaire pour la motiver. La brunette avait fait beaucoup d’enquête dans le passé, mais rien, cet homme était introuvable, comme s’il s’aurait envolé comme par magie, c’était impossible et inimaginable pour la brunette qui tentait le tout pour le tout depuis son arrivé dans le secteur de la criminelle. JJ avait espéré recevoir de l’aide lorsque le meurtre de cette femme eut lieu, mais on l’avait toute suite pousser de l’enquête, ce qui l’avait mis dans une colère noire, elle avait même claqué la porte du département où elle était lieutenant pour aller se défouler dans un petit bar non loin du poste. Wellington était une femme très solide, mais lorsqu’il était temps de contrôler sa colère, c’était une toute autre chose. Ainsi, Johns était sa dernière solution. Elle croisa les bras, écoutant ce qu’il lui proposait et aborda un léger sourire.**

« Évidemment, ce p’tit con doit avoir quitté la ville après ça ! C’est évident qu’il va faire un faux pas, il ne peut pas être aussi pointilleux que son père et disparaitre comme cet enfant de chienne… mais je pense que ça pourrait le faire, il a laissé un tas d’emprunte dans son appartement et comme tu l’aurais deviné, on m’a retiré de l’enquête.. alors je peux pas faire quelque chose de précis, c’est pour ça que j’aimerais bien avoir ton aide, pour réussir à lui parler en privé et essayer de parler à ce salaud et peut-être trouver une piste sur son foutu paternel ! »

**Elle serrait les points de colère. Jane tentait de se contrôler, mais c’était plutôt difficile, sachant tout ce que cette histoire avait créé, il y avait quelques années de cela.**

« Je vais demander qu’on surveille son appartement d’avantages, sa voiture a disparu avec lui, alors si on trouve sa plaque d’immatriculation ou s’il utilise une carte de crédit ou son portable, on peut le retrouver, mais pour l’instant, c’est point mort. Alors, ce qu’il faut, c’est trouvé sa position, ensuite, tu pourras foutre un micro dans son dortoir et peut-être obtenir des informations compromettantes qui nous mèneraient à Sanchez ! »

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