un amour de meilleure amie

Eden & Daphnée

13h48 Quel ennui, mais quel ennui. Trois heures que Daphnée Ylahna Whinyson ne faisait rien d'autre que de regarder un vieux téléfilm à l'eau de rose, chose qu'elle détestait pardessus tout. Elle avait acheté plusieurs DVDs mais ne voulait pas les regarder toute seule, et des tas de litres de crème glacées mais, une fois encore, ne voulait pas les manger seule. Seulement, qui pouvait-elle inviter ? Lucy ? Non, trop... Superficielle. Downy ? Non, il était bloqué à l'hôpital. Eden ? Évidemment ! Eden, sa meilleure amie, sa merveille de meilleure amie, celle sur qui elle pouvait toujours compter ! Pourquoi n'y avait-elle pas penser plus tôt ? Quelle imbécile. Mais elle n'était pas présentable : ses cheveux étaient ébouriffés, ses habits tachés, et sa chambre en bazar. Elle rangea tout immédiatement, ce qui lui prit à peu près une demi heure, et qui la récompensa par les retrouvailles avec son vieux doudou Capuchon, coincé entre la tête de lit et le mur. Tout poussiéreux, brave doudou. Elle l'épousseta par la fenêtre et le mit sur son lit qu'elle venait de refaire. Puis, elle ouvrit sa valise et s'assit face à l'objet. Elle prit un temps de réflexion, avant de choisir sa tenue et de l'enfiler hâtivement, puis, elle se dirigea vers la salle de bain, vérifia l'état de ses dents, se coiffa d'un chignon approximatif, et s'appliqua du crayon noir discret. Et enfin, elle était prête à recevoir Eden.

/cellphone\
appel en cours
• Allô Eden ? Oui, c'est moi, Daphnée, dis, ça te dirait de venir cet après-midi ? J'ai loué de bons films ! Biz, répond vite!
fin de l'appel

Elle s'assit sur son lit, attendit patiemment.

© Childish Wings

UN AMOUR DE MEILLEURE AMIE ϟ daphnée whinyson

Un rayon de soleil traversa la vitre de l'appartement. Puis deux, puis trois. Ils dansaient gracieusement sur son visage, et, finirent par réveiller la jeune fille endormie. Eden se redressa, s'appuya contre sa tête de lit et laissa son regard plonger dans le vide. Un, deux, trois, quatre. Voilà quatre jours qu'Evans dormait de moins en moins. Parce qu'elle avait les idées embrumées. Parce qu'elle réfléchissait trop. Et surtout parce qu'à l'approche de son entrée à l'hôpital, elle trouvait que cela était une perte de temps. Début octobre elle était sensée commencer son internat, et, elle le savait, à partir de son entrée elle n'aurait plus le droit à l'erreur. C'est pourquoi elle s'acharnait encore et encore sur ses cours. Ou peut-être aussi que sa folie studieuse venait du fait qu'elle faisait sans cesse travailler son esprit afin de ne plus avoir le temps de penser. Parce qu'elle n'avait pas envie, de penser.
Glissant son corps hors de son lit, la jeune étudiante se dirigea vers la salle de bain et se fit couler un bain brûlant. Elle retira le pyjama qu'elle portait déjà depuis plus d'une demie semaine et se glissa dans la baignoire en allumant une cigarette. Sa consommation de tabac, aussi, avait augmenté. Cela lui permettait visiblement de se détendre, et dernièrement, la sérénité était un luxe pour la jeune femme. Son inquiétude naturelle avait repris le dessus sur la spontanéité dont elle avait pu faire preuve jusque là. Spontanéité qui l'avait poussée à embrasser un homme qui avait pris la fuite quelques minutes plus tard. Spontanéité qu'elle mettrait du temps à retrouver, probablement. Par peur de se heurter à nouveau à un départ. Chose qu'elle supporterait sûrement mal.
Aspirant la dernière bouffée de sa cigarette, Evans écrasa son mégot dans le cendrier déjà bien rempli et daigna enfin se laver, bien qu'elle le fit plus par nécessité que par envie. Se reprendre en main. Voilà ce qu'elle avait décidé ce matin, même si elle était intimement convaincue que tous les efforts du monde ne parviendraient pas à la remettre sur pieds.
Une fois qu'elle fut lavée, Eden sortit de la salle de bain enfila une tenue choisie à la va vite et commença à ranger le bazar sans nom qui avait pris place dans tout l'appartement. Elle ouvrit les fenêtres, laissant les odeurs de tabac froid et de pizzas réchauffées s'en aller dans la rue.
Une fois qu'elle eut terminé de nettoyer son logis de fond en comble, la brunette décida de rallumer son téléphone afin de retrouver ne serait-ce qu'un peu de contact avec le monde extérieur. Elle les parcourut rapidement et le plus récent attira son attention. Ravie, elle répondit à son amie par texto.

Je viens de recevoir ton message Daphnée, je suis chez moi, j'arrive tout de suite. Hâte de te voir, ça fait longtemps ! Des bisouuuuus xx


À peine eut-elle rangé son portable dans son sac qu'Evans se mit en route. En réalité les deux jeunes femmes s'étaient vus il y a seulement quelques jours, mais elles étaient si proches que pour Eden cela semblait faire une éternité. Daphnée était sans aucun doute sa meilleure amie, et elle avait encore aujourd'hui énormément de choses à lui raconter. Comme d'habitude d'ailleurs. C'était seulement avec Whynison qu'elle était réellement elle-même, et c'était ce qu'elle appréciait le plus : ce que la jeune blonde faisait d'elle à ses côtés.
Après une dizaine de minutes de bus, elle arriva devant l'hôtel Hilton et se dirigea directement vers la chambre de son amie sans passer par l'accueil. Les gens ici avaient fini par la connaître, à force de la voir entrer et sortir de l'immeuble presque tous les soirs. Elle emprunta les escaliers, arriva devant la chambre de Daphnée et toqua trois fois à sa porte, et attendit que son amie ouvre. Lorsqu'elle vit le visage de son amie, Eden ne put réprimer un sourire et plaqua deux baisers sur ses joues roses.

- Hé ! Salut Daphnée ! Ca me fait vraiment plaisir de te voir, tu t'imagines pas. Comment tu vas toi ? J'espère que t'as des choses à me raconter !

> CODAGE BY MYSELF < > CODAGE BY MYSELF >

un amour de meilleure amie

Eden & Daphnée

« Hé ! Salut Daphnée ! Ca me fait vraiment plaisir de te voir, tu t'imagines pas. Comment tu vas toi ? J'espère que t'as des choses à me raconter ! » Comment elle allait ? Si seulement elle savait comme elle allait mal. Elle n'avait aucun moyen de retourner dans l'Ohio, et Arthur ne montrait aucun signe de vie. Le manque la rongeait plus qu'autre chose, et des tas de regrets s'étaient installés. La seule chose qui la retenait à Détroit, c'était Eden et ses bisous. Lorsque Whinyson était avec Evans, Arthur s'évaporait un peu, comme si il la laissait s'installer doucement à Détroit.
Daphnée n'avait pas encore parlé de son frangin à Eden, elle ne voulait surtout pas parler de ses problèmes, qui la plupart du temps ne faisaient qu'embêter les gens. Au fond, c'est vrai, Eden était sa meilleure amie, et elle devrait lui dire, juste pour se renseigner, mais une espèce de gêne l'en empêchait.

Dans une étreinte, elle bredouilla un "Je vais bien et toi ? Alors, les études, comment ça se passe ?", avant de faire rentrer Eden à l'intérieur et de refermer derrière elle. Son amie venait très souvent, ça n'était plus la peine de lui indiquer quoi que ce soit.

La malheureuse photographie encadrée de son frère et elle traînait sur le lit, chose à laquelle elle était habituée, mais jamais quand Eden venait. La plupart du temps, elle le fourrait dans un tiroir, ou sous le matelas (le cadre et la vitre étant très solides), et ne sachant quoi faire, elle se contenta de tirer brusquement la couette, qui dévoila une quantité formidable de mouchoirs usagés. Voilà donc ce qu'elle avait oublié : la housse de couette. Pourquoi fourrait-elle ses mouchoirs dans la housse de couette ? Personne, ni même elle ne pourrait le comprendre. Elle toussa bruyamment avant de fixer le sol et ses belles chaussettes taupes.

© Childish Wings

UN AMOUR DE MEILLEURE AMIE ϟ daphnée whinyson

- Je vais bien et toi ? Alors, les études, comment ça se passe ?

Ton peu convaincant, détournement de sujet. Eden connaissait assez bien Whynison pour savoir que non, tout n'aillait pas bien. Elle la regarda de haut en bas, et lui offrit un petit sourire avant de se diriger vers le lit, comme si elle était chez elle. Certaines choses traînaient sur celui-ci, dont un cadre, qui attira le regard de la brunette. Sur la vieille photo, Daphnée, avec un garçon. Garçon dont elle ne lui avait visiblement jamais parlé. Elle fronça les sourcils, et après quelques secondes de réflexion, répondit à son amie.

- Oui ça va. Et toi t'es sûre que ça va ? Les études oui, ça va ça vient... Je suis pas sûre de continuer mais c'est pas important. Dis-moi... qu'est-ce que...

La petite blonde se précipita vers le lit et tira brusquement la couette sur le cadre avant qu'Eden n'eut le temps de terminer sa phrase. Cependant une quantité astronomique de mouchoirs s'étala sur le lit. Tournant la tête vers son amie, Evans la questionna du regard. Elle vint s'asseoir sur le lit tout juste à côté des mouchoirs, ses grands yeux bleus toujours posés sur elle. Elle attrapa son bras, la força à s'asseoir à côté d'elle, caressant doucement l'avant bras de la jeune femme de son pouce.

- Je repose ma question Daphnée, t'es sûre que ça va ? Et c'est qui ce mec sur cette photo ? Essaie pas de me mentir, y'a un paquet de mouchoirs qui témoigneront pour le procureur là.

La jeune étudiante esquissa un petit sourire et se rapprocha de son amie, serrant ses mains entre les siennes. Eden pouvait tout dire à Daphnée, à inversement. Elle devait le savoir, comprendre qu'elle serait toujours présente pour elle peu importe la situation.

> CODAGE BY MYSELF < > CODAGE BY MYSELF >

un amour de meilleure amie

Eden & Daphnée

Un silence gêné s'était installé à partir du moment où les mouchoirs avaient fait leur apparition. Elle toussota un peu, puis releva sa tête avant de proposer un verre de lait à Eden. Chose stupide, qu'un gamin de trois ans aurait fait si sa mère découvrait qu'il avait cassé son vase préféré. Elle sentit la main chaude d'Evans s'agripper à son bras, et la forcer à s'asseoir près d'elle. Maintenant, elle ne pouvait plus reculer elle serait forcée de répondre. Elle souffla, soupira, tourna la tête, re-souffla, re-soupira, et regarda Eden. Elle prit le cadre et le mit sur ses genoux.

« Il était super. Même si papa et maman ne l'aimaient pas trop, moi, je l'aimais bien. Il était gentil. » Daphnée crut même verser quelques larmes mais se retint. Elle respira un grand coup avant de regarder Eden. Cette dernière la regardait en insistant, avec ses grands yeux bleus. Difficile de faire la maligne.

Elle hésita encore. Sa main tenait nerveusement le cadre, et ses yeux devinrent humides. Sans trop réfléchir, elle fondit en larmes avant de plonger dans les bras de sa meilleure amie. Cette fois, elle se sentait un peu plus légère, sans son lourd "secret". Elle était à deux doigts de l'étrangler et s'en rendit vite compte. Elle se retira aussitôt et répondit en souriant un peu :

« Arthur. C'est Arthur Whinyson. »

© Childish Wings

UN AMOUR DE MEILLEURE AMIE ϟ daphnée whinyson

Après avoir refusé le verre de lait que lui avait proposé son amie et l'avoir forcée à s'asseoir, elle garda ses deux grands yeux bleus posés sur Whinyson. Une réponse. Juste une, pour savoir. Inquiète, voilà dans quel état se trouvait Eden à ce moment là. L'ignorance était bel et bien une chose qu'elle haïssait, d'autant plus lorsqu'il s'agissait de ses amis - et d'elle, en particulier.

- Il était super. Même si papa et maman ne l'aimaient pas trop, moi, je l'aimais bien. Il était gentil.

Révélation. Surprise. Peu certaine de son interprétation, Evans ne souhaita pas tirer de conclusion hâtive. Elle baissa la tête, déconcertée par cette réponses inattendue. Et elle ne put s'empêcher de penser à sa propre famille, qui n'en avait jamais réellement été une. Daphnée elle, avait eu de la chance. Tout du moins, de ce qu'elle savait de son amie, la jeune étudiante pouvait avancer cela. Un père, une mère. Une famille. Une vraie famille. Chose qui lui avait toujours manqué, et qu'elle enviait. Une famille unie de membres ne se détruisant pas les uns, et les autres. Une famille respectueuse, qui restait soudée dans n'importe quelle situation. Une grande maison, des réunions chaleureuses et des rires infantiles qui se perdaient et résonnaient à des kilomètres aux alentours. Du soutient, de l'amour, et des proches. Un peu de bonheur. Voilà ce qui lui avait manqué dans son enfance. Un peu de bonheur, et un peu d'insouciance. Assez pour avoir la possibilité de rêver d'un idéal de vie.
Sous les yeux bleutés et insistants d'Eden, Daphnée avait fini par craquer. Elle était à présent serrée tout contre la petite brune, emmitouflée dans ses bras. Evans sentit les larmes chaudes de son amie couler dans son cou et l'embrassa sur le sommet du crâne en caressant tendrement son dos, puis vint poser son menton sur son épaule en lui murmurant quelques mots. " Tout ira bien. Ca va aller. " Elle ferma les paupières, inspirant profondément avant de sentir son amie se détacher doucement d'elle. Alors elle rouvrit les yeux, posant à nouveau sa main sur celle de Whinyson.

- Arthur. C'est Arthur Whinyson.

Son frère. Voilà qui était sur cette photo. Frère dont Eden ne connaissait jusque là pas l'existence. Elle tenta de sourire, un peu, tête toujours baissée.

- Je... Enfin... Suis désolée. Je comprends pas pourquoi tu ne m'en as pas parlé plus tôt. C'est... C'est ton frère ? Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Elle redressa la tête, plantant ses yeux bleus dans ceux de son amie. Ezra. Ezra Evans. Son frère jumeau. La personne qu'elle avait aimé plus que quiconque. C'était lui à présent qui occupait son esprit tout entier. Frère qu'elle avait perdu depuis des années, et qui lui manquait. Chassant ces pensées de son esprit, elle se re-concentra sur Daphnée. Parce qu'elle souhaitait être pour elle ce que personne n'avait su être des années auparavant pour Eden. Et ce qu'elle avait ressenti durant cette longue période, elle ne permettrait à personne de le revivre. Encore moins à son amie la plus chère.

un amour de meilleure amie

Eden & Daphnée

Visiblement, Daphnée n'avait pas nécessairement besoin d'en dire plus. Eden avait déjà tout compris. Sa petite Denou, son Eden. Si belle, si douce, si compréhensive et à la fois compréhensible.
C'était la première personne après Arthur à qui elle s'était autant attaché. Une fille qui n'existe qu'en un seule exemplaire, qu'on ne regrette jamais d'avoir connu. Ce genre de fille à qui on ne peut rien cacher, simplement à cause de leur visage cristallin, ou de leur mots tout doux. Pour la petite Whinyson, c'était la seule chose dont elle avait besoin en ce moment.

Elle acquiesça silencieusement, avant de se moucher avec son énième mouchoir. Puis elle se lança dans le récit le plus détaillé possible :
« Tu vois, Arthur, il a toujours été là pour moi. Un peu comme toi, sauf que lui, je le connais depuis ma naissance. C'est le grand frère le plus insolent que je connaisse, mais aussi le plus protecteur que je connaisse. Un jour même, quand on a essayé de me voler mon premier vélo, il est allé frapper le garçon coupable. Papa et maman étaient bien embêtés de se coltiner les parents du garçon, sur le palier, rouge de rage. » Elle s'arrêta un instant, pour maîtriser ses larmes et prendre son souffle, comme dans un marathon. « Et donc, Arthur, il a toujours été là. Jusqu'à mes 16 ans. Et jusqu'à ses 18 ans. Il nous a laissé. En particulier moi. J'avais besoin de lui, plus que quiconque. Il m'a juste promis d'envoyer des lettres. J'en ai reçu aucune. » Elle serra son poing, pour calmer sa colère. « Alors j'ai attendu deux ans. Avant de prendre à mon tour mon envol vers Détroit. Je sais pas pourquoi j'ai atterri ici, ni pourquoi je suis si persuadée qu'il est ici. Mais je le sais, c'est tout. » Ses yeux étaient devenus tout humides, remplis par la haine, la tristesse, et le manque. Elle sourit enfin, heureuse d'en avoir enfin parlé à quelqu'un. « Et puis te voilà Denou. Comme un ange tombé du ciel. Je sais pas grand chose de toi, mais je sais que t'es la fille la plus merveilleuse que j'ai jamais connu. Celle dont j'eus toujours besoin. Je te remercie d'être là pour moi, surtout aujourd'hui. Et je peux autant compter sur toi que toi tu peux le faire pour moi. Maintenant, à ton tour, à toi de me dire tes problèmes. Comment tu vas. Tes amours. Ta famille. »
Daphnée s'arrêta un instant, sur le mot amours ne sachant pourquoi.

© Childish Wings

UN AMOUR DE MEILLEURE AMIE ϟ daphnée whinyson

Les yeux posés sur le visage angélique de la petite blonde, Eden l'écoutait. Inlassablement. Sachant que c'était ce qui lui manquait : simplement une oreille attentive. Chose qu'elle aurait aimé avoir lorsqu'elle même avait souffert. Chose qu'elle n'avait jamais eu. Trop intimidée par son bourreau pour ne serait ce que prononcer un seul mot à ce sujet, ou laisser quelques preuves afin de mettre la puce à l'oreille de quelqu'un. Et puis, un jour elle s'était décidée. Tout lâcher. Après mille questions d'Ethan Sanders, elle avait fini par lui raconter absolument tout. Et il avait fini par l'écouter. Peut être trop tard, mais il avait été là. Tel un ami. Chose que jamais elle n'aurait imaginé en le rencontrant. Adolescent populaire, se moquant de la petite brune, comme tous les autres. Même si au fond il était plus que ça.
Tout en se re concentrant sur le récit de son amie elle serra un peu plus sa main dans les siennes afin de la soutenir. Lui montrer qu'elle était là, elle aussi. Alors il s'agissait d'une histoire de famille ? Evans savait bien ce que c'était, de perdre un frère. Une partie de soi-même, irremplaçable. Chose qu'elle avait vécu en étant séparée d'Ezra, et ce vide, elle le ressentait encore. Chaque jour. Chose paradoxale. Jamais étant petite elle n'aurait pensé que les liens du sang puissent être aussi puissants. Et sans essayer de se battre une seule seconde - étant bien trop affaiblie pour cela - elle l'avait laissé partir.
Une larme naquit au coin de son oeil. Cette histoire bien trop proche de la sienne mais pourtant si différente émouvait Eden bien plus qu'elle ne l'aurait pensé. Alors, elle acquiesça suite aux propos de son amie, et lui offrit un sourire pour la remercier avant d'entamer à son tour son histoire. Tout du moins, la partie qu'elle lui avait toujours cachée.

- Tu sais, j'avais un frère, aussi. Un jumeau. C'était... un peu tout. Et on me l'a arraché, à mes seize ans. Je t'avais déjà raconté tout ce que mon père m'avait fait subir ? Et ben... quand il est mort... On a été séparé. J'ai plus eu aucune nouvelle depuis... Et... J'ai l'impression qu'il est tout près. Comme si j'pouvais le sentir. Je pensais pas que quelqu'un puisse me manquer autant... C'est... trop puissant pour être décrit. Ce lien. J'crois qu'en fait, on s'est jamais réellement quitté. J'ai toujours gardé un petit bout de lui dans mon coeur, sans réellement le vouloir. On m'a pas laissé le choix. Et c'était trop intense pour que je l'ignore. Alors j'pense savoir ce que tu ressens.

Alors, elle pleura. Un peu. Silencieusement. Et redressa la tête, plantant ses deux yeux bleus dans ceux de sa meilleure amie, ses mains toujours auprès des siennes. Tout lâcher juste une fois. C'était une des plus belles preuves d'amitié, qu'elle venait de lui offrir. Se confier ainsi. Seules quelques personnes avaient été au courant. Daphnée en faisait maintenant parti. Elle n'ajouta rien, ignorant les questions suivantes, peu importantes comparées à cette révélation. Et elle resta là, le regard perdu dans le sien. Cherchant des réponses. Et surtout, comprenant la souffrance endurée.

« Bonjour,
Nous avons constaté que le sujet suivant n'a pas reçu de réponse depuis un moment, nous vous laissons jusqu'au 14 novembre 2012 sinon, le sujet sera verrouillé.
Merci de votre compréhension. »

Topic abandonné & verrouillé.