I'm like a kid who just won't let it go

Ethan & Ylan

Ne plus être vraiment sur de qui on est. Douter sur sa vie entière, à seulement vingt-quatre ans. Ylan Sanders avait essayé tant bien que mal de démêler ce casse-tête infernal. Rien n’y faisait. La vérité ? La connaitrait-il une fois qu’il rencontrerait celui qui était supposé être son frère biologique ? Il l’espérait du moins. Il avait mal, et son cœur saignait pour son grand-père qui était partit, il y avait maintenant deux semaines. Cet homme avait été la seule figure masculine importante pour lui , hormis son père bien sur. Apprendre une nouvelle pareille, de la part des deux seuls repères de sa vie, le bouleversait profondément. Il avait détesté sa mère, adoré son père, et dorénavant il ne savait plus réellement quoi penser. Alors il avait prit ses distances, il avait prétexté une promotion pour sa bande dessinée. Ce qui n’était pas tout à fait faux d’ailleurs. Le jeune Londonien était allongé sur le large lit de sa chambre d’hôtel depuis une bonne heure déjà, entouré de feuilles de dessins gribouillées ou froissées. Pauvre Sling, il fallait dire que ces temps-ci il n’avait pas bonne mine. Le jeune homme se releva d’un seul bond, et regarda sa montre qui affichait 14h32. Il avait le nom, l’adresse, mais il n’avait pas la volonté. Qu’allait-il bien pouvoir dire ? « Bonjour, je m’appelle Ylan Sanders, apparemment vous êtes mon frère, d’après ce que m’a dit notre grand-père qui est mort il y a deux semaines ! » Chouette scénario. Sans compter le fait qu’il devrait lui demander ce qui était vrai ou pas. Mais il était hors de question qu’on dise du mal de son père, même s’il s’était disputé avec lui, il ne voulait en aucun cas renier toutes ces années qu’il avait passé à s’investir pour lui, même s’il n’avait pas toujours été facile à vivre.

Le jeune Sanders enfila une chemise blanche et la veste de costume bleu foncée assortie à son pantalon. Il avait toujours été soigné, comme son géniteur le lui avait apprit, et il n’avait jamais aimé être négligé, même s’il ne voulait surtout pas qu’on le qualifie de bourgeois. Prenant ses clés et fourrant ses mains dans ses poches, il descendit les quelques escaliers qui le menèrent à la sortie. Pour l’avoir relue une centaine de fois, il connaissait presque par cœur l’adresse de cet Ethan Sanders : Appartement 525 Landmarks Boulevard. Il allait y aller à pieds, l’air frais le réveillerait un peu et lui remettait les idées en place. Une foule de gens dans les rues, qui se pressaient en se poussant les uns les autres. Il n’aimait pas se précipiter, s’il n’avait pas été patient, il n’aurait jamais réussis à réaliser son rêve. Encore quelques mètres et il y serait. Un, deux trois, quatre, Ylan comptait les marches qui le séparait dorénavant de son soit disant frère. La porte d’entrée était le seul obstacle à présent. Après une longue inspiration, il toqua à la porte, qui s’ouvrit quelques secondes après sur celui qui devait être Ethan. Ylan réajusta sa veste de costume, « Bonjour, vous -êtes bien Ethan Sanders ? » Question stupide bien évidemment, mais il préférait s’assurer qu’il ne raconterait pas sa vie par mégarde à un inconnu. Il lui tendit la main, « Je m’appelle Ylan. Ylan Sanders. » Des mots tellement simples, mais tellement lourd de sens.

© Mzlle Alice.

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« Nul ami tel qu'un frère ; nul ennemi comme un frère. »

« Les jours se suivaient et se ressemblaient à s’y méprendre. Valse infinie du temps qui s’écoulait lentement, inexorablement, sans que rien ne vienne perturber cette semi-tranquillité. Tranquillité parsemée de touche de sombre, où la nuit avait remplacée le jour. Ce n’était pourtant pas faute d’essayer de remonter la pente, mais cette dernière, bien trop glissante semblait être insurmontable. Plus rien n’avait vraiment de sens. Drôle de tour que s’évertuait à lui jouer son cerveau, pourtant Joan était tirée d’affaire, pourquoi se conforter dans cette douce mélancolie ? Pourquoi continuer à courir en cercle, en s’épuisant pour rien ? A croire qu’il le faisait exprès. Incompréhensible, totalement incompréhensible. Cela ne lui ressemblait guère – et ne rimait à rien - pourtant de se laisser entraîner par le fond. Peut-être, mais rien ne pouvait plus lui ressembler lorsqu’il était question de la seule femme qu’il ait jamais aimé. Prendre trop à cœur ce qui la concernait de près ou de loin, cela n’était pas prêt de changer. Cela ne changerait jamais d’ailleurs, pas plus qu’hier et pas moins que demain. Une constante qui était toujours la même, un point de repère, depuis pas loin de dix années maintenant, Joan Kellers. Ne sachant que faire pour retrouver la joie de vivre, Ethan tournait en rond, essayant vainement de se fixer sur un travail en cours ou bien sur une activité, mais ni la lecture ni son association n’arrivait à combler ce vide qui aspirait de plus en plus son esprit, annihilait ses sens. Assis sur le rebord de la fenêtre, une cigarette éteinte bloquée au coin des lèvres, le Londonien pianotait sur son téléphone. La sonnette de la porte d’entrée retentît soudainement, coupant court à toute élucubration. Relevant légèrement la tête de cette merveille de technologie qu’il tenait entre les mains, il en vint à se demander qui pouvait bien venir leur rendre visite. Un ami de Serena certainement, ou bien un de ses nombreux soupirants.

Se trouvant juste à côté de la porte, il alla ouvrir tout naturellement. Détaillant de la tête aux pieds et d’un air sombre l’homme qui lui faisait face, Ethan se gratta la joue avant de reporter son attention sur son téléphone. Jamais vu cet individu. Probablement un de ces vendeurs à la sauvette, ou bien pire encore vu sa tenue vestimentaire – en comparaison, le Londonien faisait presque plouc : pull, jean et pieds nus - peut-être bien un de ces assistant de la divinité machin-truc-chouette censé apporter la lumière ou une connerie du genre. Manque de bol, ils avaient déjà l’électricité dans l’appartement. Une envie frénétique de répondre que non il n’était pas Ethan Sanders se fît ressentir, pourtant il opina tout de même du chef en signe d’acquiescement. Que pouvait-il bien lui vouloir ? Sa question resta en suspend et se bloqua dans les tréfonds de son esprit. Sanders, est-ce qu’il avait bien entendu ? Il manqua presque de faire tomber son téléphone par terre. Comment était-il seulement possible qu’un de ces homonymes vienne toquer à sa porte ? Fils unique, il n’avait jamais eu vent de l’existence d’un cousin ou de quelqu’un ayant un lien de parenté avec lui. Sur la défensive, le blond marmonna un vague : « Mhhh… c’est quoi cette blague ? » Il laissa passer quelques secondes avant de reprendre la parole. « Ylan Sanders vous dites ? Mouais et moi c’est le prince William, enchanté ! Bon allez j’ai pas de temps à perdre avec vos conneries de Jéhovah ou de je ne sais quel autre truc débile ! » Jaugeant son interlocuteur d’un regard noir, Ethan commença à refermer la porte. »

(c) Spinelsuns

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Ethan & Ylan

Cet homme qui était soi disant son frère n’était pas la plus aimable des personnes qu’il lui avait été donné de rencontrer. De plus, son apparence laissait franchement à désirer, Ylan qui avait toujours été habitué à être bien habillé et propre sur lui même lorsqu’il était décontracté, avait vite déchanté. De tout ce qu’il avait pu imaginer sur ce soit disant Ethan Sanders, il n’avait pas considéré la possibilité de rencontrer un… dépressif ? Ou alors un chômeur un peu rustre qui se laissait aller à coller au canapé. Il respira un bon coup, il ne fallait pas se laisser aller aux apparences, après tout, qui en le voyant dans son costume parfaitement taillé pouvait imaginer qu’il passait des journées entières chez lui en pull et jogging à dessiner, gribouiller et disperser des feuilles de papier un peu partout dans l’appartement ? La plupart du temps lorsque des amis de son père faisaient des suppositions sur sa situation professionnelle, ils l’imaginaient dans une entreprise, derrière à bureau, à gérer je ne sais quelle sorte de truc machin chose financier. C’était d’ailleurs ce qu’aurait voulut son père, mais Ylan en avait décidé tout autrement. Cet accro aux jeux vidéos ne se voyait définitivement pas entouré d’hommes sinistres et ennuyeux à mourir en train de lui dire à quelle point la situation économique actuelle était catastrophique. Non, ce qui était catastrophique c’était que Sling n’ai pas réussit à développer le stade numéro trois de ses pouvoirs, c’était ça le vrai problème. Ils étaient en plein Tome numéro vingt-deux et il fallait marquer le coup, surtout qu’Ylan avait imaginé un tas d’autres intrigues à glisser dans la bande dessinée. La remarque quelques peu désobligeante d’Ethan tira le jeune Londonien de ses pensées fantasques. Mais pour qui se prenait-il celui là ? On ne parlait pas aux gens comme cela. D’un côté cela ne l’étonnait même pas, son père lui avait bel et bien dit qu’on ne pouvait pas faire confiance à sa mère. A coup sur ce frère fictif avait été élevé comme un malpropre et Ylan regretta d’avoir douté des dires de son géniteur sur l’instant. Cependant, il n’avait pas fait le voyage pour rien, alors il n’avait rien à y perdre. Il voulut d’abord répliquer mais on ne lui en laissa pas le temps.

C’est la seconde tirade du blond qui eut don d’énerver Ylan au quart de tour. Fronçant les sourcils et d’un geste fort il plaqua sa main avec force contre la porte pour éviter qu’elle se ferme. « De un, sauf votre respect, ca m’étonnerait que vous soyez le Prince William vu votre dégaine. Et je sais de quoi je parle en matière de famille royale au Royaume-Uni. Et de deux, je viens pour vous parler d’une chose importante concernant Flynn Sanders, c’est… très délicat. », s’était-il exclamé d’un ton assuré. Il ne put s’empêcher de grimacer légèrement, parce qu’il était encore affecté par la mort de son grand-père et qu’il n’en avait parlé à voix haute qu’avec son père. Si cet individu était bel et bien son frère, et s’il s’avérait que ce que lui avait dit son père était un tissu de mensonge, Ylan devrait alors reconsidérer sa vie entière. Intérieurement, le jeune Londonien voulait qu’on lui dise que oui, sa mère n’avait pas voulut que son père s’occupe de cet Ethan, et qu’elle lui avait interdit de le voir. En quelque sorte il comprenait la réaction du blond, il avait réagit de la même façon lorsqu'il avait entendu ce prénom suivit de son homonyme la première fois, même s'il n'avait insulté personne, lui. De plus, il allait devoir annoncer la mort de son grand-père, ce qui allait être au autre sujet délicat à aborder.« Il faut vraiment que je vous parle. », laissa-t-il tomber. Il ne savait définitivement pas par où commencer mais son instinct lui faisait ressentir qu’en dépit de toute chose, il avait bien fait d’entamer ce voyage un peu fou.

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« Nul ami tel qu'un frère ; nul ennemi comme un frère. »

« Pour qui se prenait ce petit merdeux lui faisant face ? Pas pour n'importe quoi à en juger du ton sur lequel il venait de lui répondre, en se permettant au passage de bloquer la porte d'entrée du 525 Landmarks Bd. Le respect, une notion qu'on avait visiblement oublié de lui enseigner vu la façon qu'il avait de se comporter. De quel droit se permettait-il de bloquer la porte d'entrée d'un logement ne lui appartenant pas ? Normalement pas du genre à s'énerver pour rien, le calme olympien d'Ethan avait dû rester au placard, tenant compagnie au chagrin, qui le laissait pour le moment en paix. Crispant les mâchoires, et les poings par la même occasion, le blond fît tout de même un effort pour écouter jusqu'au bout ce que ce drôle d'oiseau avait de si important à lui dire. Entre deux phrases, il le gratifia d'un gentil : « Le respect... ce n'est pas un peu déplacé d'employer ce terme alors que vous êtes en train de forcer la porte de mon appartement ? » La suite de la conversation le laissa interdit, les mots lui manquèrent. Pourquoi un type lui étant visiblement complètement étranger voudrait lui parler au sujet de son grand-père ? L'angoisse éclata dans sa gorge, pour se répandre dans chaque petite partie de son être. Avant que cet Ylan n'en dise plus, Ethan comprit. Il comprit que ce jeune homme n'était qu'un oiseau de mauvais augure. Un pressentiment, comme c'est souvent le cas lorsque de telles paroles précèdent une mauvaise nouvelle, une très mauvaise nouvelle. L'être humain est sûrement doté d'un sens particulier pour ce genre de choses.

Parler d'une chose délicate, il n'en fallut pas moins au Londonien pour finalement ouvrir la porte qu'il voulait claquer au nez de son interlocuteur. « Entrez ! », dit-il sans cérémonie. Laissant la porte ouverte pour qu'Ylan puisse rentrer, Sanders se dégagea et attrapa un pull qui traînait sur une chaise avant de l'enfiler et de mettre des chaussures. Sa dégaine - comme l'avait si bien spécifié cet être arrogant qui se présentait comme un membre de sa famille – laissait un peu moins à désirer. Il revint ensuite auprès d'Ylan. La politesse la plus élémentaire voulait qu'il proposa quelque chose à boire, bien que cela ne lui fit pas franchement plaisir, il n'en oublia pas pour autant ses bonnes manières. « Je vous sert quelque chose ? Café, thé... ? » Ethan sentait qu'il aurait besoin d'un remontant, ou à défaut, du soutien psychologique de la part d'une bonne tasse de café bien corsé, où la cuillère tient debout toute seule plantée dans le breuvage. Les mains légèrement tremblantes, il s'activa dans la cuisine ouverte sur le salon, avant de larguer la bombe, question ultime, parce que oui après tout cet étranger n'était pas venu pour déguster un café avec le portrait de cet acteur hollywoodien sur le paquet. « Qu'est-ce que vous vouliez me dire de si important à propos de mon grand-père ? » Interrogation qui coupa presque instantanément sa respiration. Entre deux états, la vie et la mort peut-être bien, il scruta le regard du brun, pour y trouver une réponse avant qu'il ne se décide à reprendre la parole. »
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Ethan & Ylan

Le jeune homme se mordit les lèvres pour ne pas répliquer et préféra adresser à son interlocuteur un regard sombre. Ylan Sanders ne connaissait pas cet homme, plus les minutes passaient plus il devenait sur qu’Ethan n’était en aucun cas son frère. Physiquement tout d’abord il ne lui trouva pas de traits particulièrement proches des siens, mais il ne pouvait nier cet infime detail qui avait attiré son attention. Il avait eut cette même expression dans les yeux, ce même froncement de sourcil que son père lui adressait lorsqu’il se mettait en colère contre lui, et cela l’avait d’autant plus encouragé dans sa riposte. Le jeune londonnien aurait bien voulut pouvoir lui détailler d’autres traits physionomiques probables de le conforter dans l’identité d’Ethan, mais il se ravisa. Après tout, il n’allait pas rester planté là à le dévisager comme un abruti. Enfin, la simple mention du nom de son grand-père calma le fauve. Donc c’était ça, l’ainé des frères avait l’air concerné, il se souciait de lui. Comment allait-il bien pouvoir lâcher une telle bombe et surenchérir en lui disant tout à coup qu’il était son frère. Ylan allait surement être témoin d’une crise cardiaque et il pensa tout à coup que cela n’avait pas été une mauvaise idée de mettre le numéro des pompiers en numérotation rapide sur son téléphone portable. Le jeune homme réajusta sa veste de costume et entra dans l’appartement, d’un pas hésitant. Il était extrêmement mal à l’aise, tellement qu’il avait envie de s’enfuir et d’annoncer qu’en réalité ce n’était rien de grave et qu’il repasserait à l’occasion pour ne jamais le faire par la suite. « Non, ca ira…heum merci. », répondit-il à la proposition d’Ethan en se raclant maladroitement la gorge. Il regarda autour de lui, l’appartement était pas mal mais quelques objets lui laissèrent deviner que ce frère ne vivait pas seul, c’était clair et net. Une chose qui lui fit à nouveau prendre conscience qu’ils ne connaissaient rien de l’autre. Des étrangers et pourtant liés indubitablement par le sang, mais cela suffirait-il ?

Le brun s’asseya sur le bord du canapé, comme s’il avait peur de se montrer trop à l’aise ou de déranger quelque chose. Il était comme ça Ylan, un éternel soucieux de tout. Lorsqu’il vit Ethan revenir il se mit à se maudire intérieurement de ne pas avoir utilisé ce labs de temps seul pour réfléchir à une annonce convenable. Il ne fallait pas oublier que Flynn comptait énormément pour Ylan, il ne savait pas si il en était de même pour cet autre Sanders. Annoncer sa mort à voix haute allait être une épreuve d’autant plus difficile pour lui que pour son interlocuteur c’était certain. Un frisson parcourut son échine lorsqu’on lui posa LA question à laquelle il allait devoir répondre avec tact, ce qui n’était pas vraiment gagné. Le jeune homme joignit ses mains, les tordants un peu dans tous les sens, tant il était au bord de la crise de nerf, « Voilà… Si je suis venu ici c’est pour vous faire part d’une mauvaise nouvelle… ou plutôt deux en réalité ca dépend de la façon dont on voit les choses. » Le brun prit une profonde inspiration avant de continuer, « Flynn a souffert de complications dut à une maladie des poumons… et il est décédé il y a maintenant un mois. Je suis… désolé, c’est une perte pour moi aussi… », termina-t-il des trémolos dans la voix. Il sentait qu’il avait les larmes aux yeux, ce n’était pas seulement le grand-père d’Ethan, mais aussi SON grand-père à lui, le seul exemple masculin qu’il avait pu suivre sans être guidé par l’autorité et la rigueur. « Mais c’est pas tout… », Lâcha-t-il d’une voix hésitante. Il était lancé il ne pouvait plus reculer tout ce qu’il avait à faire c’est larguer cette bombe qui allait irrévocablement bouleverser la vie d’Ethan et la sienne par la même occasion. Son cœur battait fort, il ne fallait pourtant pas qu’il craque, il avait été habitué à faire preuve de self-control dans les situations critiques. C’était ce que son père lui avait toujours enseigné. Il s’agissait du moment fatidique ou il saurait définitivement, si son père était à l’image de celui qui l’avait élevé ou alors cette enflure qui avait abandonné l’un de ses enfants. C’était une histoire bien trop folle mise en scène par des fous.

© Mzlle Alice.

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« Nul ami tel qu'un frère ; nul ennemi comme un frère. »

« Sa vie était sur le point de changer, de prendre un tout nouveau tournant, il en avait l'intime conviction. Toujours debout face à cet étranger, Ethan l'observait en silence. La posture, les gestes nerveux de ce dernier n'annonçaient vraiment rien de bon. Vraiment rien. Un cheminement scabreux commença à se former dans l'esprit du Londonien. Chose importante à dire, Flynn ; un méli-mélo ressemblant à une espèce de purée où rien de bon ne ressortait. Peut-être que quelque part il s'attendait à l'annonce qu'allait lui faire Ylan. A part une très mauvaise nouvelle, pourquoi cet individu aurait pris la peine de se déplacer ? La réponse ne tarda pas à parvenir jusqu'à ses oreilles, rompant court à toute élucubration. Ethan cru avoir mal entendu, ou bien à une grosse farce, mais visiblement son interlocuteur n'avait pas l'air de rire, loin de là d'ailleurs s'il en jugeait les perles qui s'accumulaient au coin des yeux du brunet. Le choc de l'annonce le heurta durement et de plein fouet, aussi douloureusement que s'il était tombé sur une plaque de béton après une chute de quatre étages. Le souffle coupé, la tête lui tournant très légèrement, il dû s'asseoir aux côtés d'Ylan, afin d'éviter de se retrouver par terre à cause de ses jambes flageolantes. Presque un miracle qu'il ait réussit à garder en main sa tasse de café dont il n'avait plus du tout envie à présent. D'un geste quasi robotique, il la posa sur la table basse, avant de se prendre la tête entre les mains. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être réel, pas lui, pas Flynn, pas cet être qui lui apparaissait comme immortel depuis qu'il était haut comme trois pommes. Le monde venait de s'arrêter de tourner, s'émiettant encore un peu plus qu'au cours des semaines passées. La tête toujours entre les mains, il tenta de déglutir et de se remettre de ce qui avait le goût d'une blague amère. Depuis un mois... et personne ne l'avait appelé avant, personne ne l'avait prévenu de cette fameuse maladie. Celui qu'il considérait comme étant son père était parti, sans qu'il n'en sache rien, sans qu'il soit à ses côtés, sans même l'avoir pressenti. Il était parti sans la moindre chance de pouvoir lui dire au revoir. Ethan passa en un éclair du choc de l'annonce à la colère. Sentiment dévastateur qui ressortit d'un tenant ; sentiment de haine, de dégoût envers cette famille qui avait si peu de considération pour lui, qu'elle n'avait pas jugée bon de l'avertir. Un mois, Ethan avait l'impression de nager en plein cauchemar. De quel droit s'était-on opposé à une visite, de quel droit ne l'avait-on pas prévenu de l'enterrement de Flynn ? Une partie de sa cage thoracique s'effondra, tandis que la douleur commençait à faire son travail de fourmi et à couler dans ses veines. D'un bond, il se releva, se passa la main sur le visage ; il ne pleurerait pas, il ne pleurerait plus – surtout pas devant un étranger - ce n'est pas ce que Flynn aurait voulu, ce n'est d'ailleurs pas une chose qu'il lui avait enseigné. Mais crier, hurler sa douleur, ça il pouvait faire.

Les paroles de celui qui venait de passer de vivant à défunt en l'espace d'un claquement de doigt se rappelèrent à lui. « Savoir quand se battre et quand trouver la paix. Aussi longtemps que la lune scintillera, aussi longtemps que la rivière coulera, aussi longtemps que le soleil brillera, nous connaîtrons tous la paix ! » La paix, il ne l'avait plus trouvée depuis un moment, il ne la trouverait certainement plus avant longtemps, pour l'heure il était question de tout autre chose. Savoir quand se battre, se battre contre la bêtise humaine, se battre contre soi-même. Le visage crispé par la douleur, mais surtout par la rage, le Londonien adressa un regard noir à son interlocuteur. « C'est arrivé il y a un mois et on me prévient que maintenant ? Putain mais je crois rêver... Pourquoi ? », il commença à marcher de long en large dans la pièce, fulminant de plus en plus. « Pourquoi on ne m'a pas appelé avant, pour que je saute dans le premier avion quand il y a eu ces complications ? J'étais même pas au courant pour sa maladie... Je compte si peu pour cette famille, qu'on ne m'annonce les choses qu'une éternité plus tard et par le biais d'un étranger c'est ça ? », hurla-t-il à présent en donnant un grand coup de pied dans la table basse, qui se renversa presque aussitôt, faisant voler la tasse encore pleine, qui évita de justesse Ylan. Vraiment pas son genre de s'énerver en temps normal, sauf quand il était question de deux personnes, en l’occurrence Joan et son grand-père. Ylan n'y était certainement pour rien, il aurait voulu se contrôler et ne pas se montrer sous ce visage, mais la vie semblait tellement s'acharner sur lui ces derniers temps, qu'il fallait bien que quelqu'un, ou quelque chose plutôt, en paie les frais. Pauvre table, pauvre tasse. Les mains tremblantes, le cœur au bord des lèvres et la tête lui tournant de plus en plus, Ethan se baissa pour ramasser la tasse et remettre la table debout. S'occuper, pour ne pas craquer à nouveau, faire quelque chose, tout et n'importe quoi. Après avoir laissé tombé dans l'évier le mug qui manqua de se casser, Ethan revint auprès d'Ylan. Alors qu'il se demandait comment il allait bien pouvoir gérer cette perte, il se souvint brutalement que le locuteur avait une seconde mauvaise nouvelle à lui annoncer. Inspirant profondément le blond lâcha un : « Et c'est quoi la seconde mauvaise nouvelle ? » Qu'on l'achève sur le champ s'il était question de sa mère. La vie ne lui semblait être plus qu'une désolation sans nom, un champ de bataille complètement dévasté. D'abord Joan, puis Flynn, qu'est-ce qui allait lui tomber sur le coin du nez à présent ? Qu'est-ce que le sort pouvait bien encore lui réserver ? »
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Ethan & Ylan

FLASHBACK

« Mais merde Ylan tu comprends rien ! » Son père s’était levée et avait soulevé la table, éparpillant quelques stylos et feuilles sur le tapis de sol de la salle à manger. L’air penaud, Ylan regardait son père, les yeux brillants, « Je suis désolé papa, mais j’y arrive pas, ca fait plus de trois heures heures qu’on travaille. » Il avait vu ce regard, nerveux et exaspéré, dans les yeux de son géniteur, et il s’en voulait tellement de ne pas réussir à satisfaire ses attentes. « Oui eh bien tu peux l’être ! Mais à quoi tu penses ? Tu crois que quand tu géreras ton entreprise tu te plaindras de ton emploi du temps ? » Le jeune garçon laissa échapper un soupir, et se vit administrer une légère tape derrière la tête, « Papa ! J’ai que 17 ans ! Et en plus j’ai pas envie de gérer une entreprise… », « Ah oui ? Et tu vas faire quoi de ta vie ? Dessiner tes stupidités ? » Le visage du jeune homme s’assombrit, et il se leva brusquement, lançant la totalité de ses feuilles de calcul en l’air, « Tu ne comprends rien ! J’en ai rien à foutre de tes calculs débiles ! » En furie, il était sortit de la pièce, et il n’écoutait plus rien, même pas les plaintes de son père derrière lui, aveuglé par la rancœur et la colère.

FIN DU FLASHBACK

Le jeune Sanders fut interrompu dans son flot de pensées par l’accès de colère d’Ethan. Le garçon resta d’abord silencieux, habitué à ce genre de situation même si cela n’avait rien à voir du tout pour le coup. Il se leva à son tour, respirant profondément pour gérer son stress, « Je ne savais même pas que… vous existiez... Mon grand-père m’a juste dit que vous viviez ici rien de plus ni de moins, et mon père m’avait déconseillé de venir mais j’ai pensé que c’était mieux que je vous l’apprenne, même si ca à mit un certain temps. » C’était le moment, il était là, il allait le faire, avouer tout, enfin connaitre la vérité, savoir si son père était bel et bien l’enflure qu’il paraissait être, bien qu’il était sur de l’aimer comme il se doit, comme un bon fils aime son père. Ylan ne pouvait pas supporter de faire face à la détresse de ce soit disant frère inconnu, alors il se retourna faisant face au mur. « Ca s’est passé très vite, je n’ai même pas eu le temps de réaliser ce qu’il se passait… Mon grand-père m’a dit que j’avais un frère, et qu’il vivait à Detroit, que je devais le retrouver pour savoir la vérité, et qu’il voulait m’avouer ce dernier secret afin de pouvoir mourir en paix. J’ai rien compris, rien du tout. Mon père, ma mère… je m’appelle Ylan Sanders, et je suis le fils de Victoria Sanders et d’Evan Buckley, mais je vis uniquement avec mon père, parce que ma mère n’a pas voulut s’occuper de moi… du moins c’est ce qu’on m’a dit. Je sais plus distinguer le vrai du faux, d’un côté on me dit que c’est mon père l’ordure, alors que c’est ma mère que j’ai détesté pendant 23 ans. C’est du grand n’importe quoi, je ne sais même pas comment réagir face à tout ça et maintenant je viens chez vous et je largue cette bombe alors… » Le jeune garçon sentit un larme douloureuse couler sur sa joue tandis qu’il se retournait pour faire face à son frère, «… je suis sincèrement navré. » De l’air, il avait besoin d’air, de disparaitre dans un trou, ou de dormir pendant plusieurs années pour qu’on oublie tout ça et qu’on lui fiche la paix.

© Mzlle Alice.

« I'm like a kid who just won't let it go»

« Nul ami tel qu'un frère ; nul ennemi comme un frère. »

« Une bien triste nouvelle. Une mauvaise nouvelle à laquelle il n'était clairement pas préparé, bien que cela fasse partie de l'ordre naturel des choses. Devant le fait accompli, sans avoir pu ne serait-ce que lui adresser une dernière parole, un dernier mot, un au revoir, Ethan ne savait pas comment réagir. Le désespoir d'avoir perdu son modèle se mêlait à cette colère sourde, celle qui grondait et bouillonnait là juste sous sa peau. Tant de choses qu'il n'avait pas eu le temps de lui dire, qu'il ne pourrait jamais prononcer. En un sens il se sentait coupable et égoïste. Flynn l'avait toujours encouragé et poussé à réaliser ses rêves, mais au prix de quel sacrifice avait-il réalisé celui qui lui tenait le plus à cœur depuis dix ans ? Cela en valait-il la peine à présent ? Le pire dans tout ça, était ce choix qu'on ne lui avait pas laissé. Retiré d'office en lui cachant la vérité, comme s'il ne faisait pas vraiment partie de cette famille. D'ailleurs avait-il déjà fait partie de cette famille ? En cette seconde, il en douta fortement. Il ne savait pas s'il devait hurler tout son soûl en cassant tout sur son passage ou bien se mettre à pleurer. Tous les évènements de ces derniers mois venaient de remonter d'un même tenant à la surface. Une épreuve de plus placée en travers de son chemin, comme s'il n'en avait pas eu assez jusqu'à présent. Comme si la vie venait soudainement de décider de le tester une fois de plus, juste pour voir jusqu'où il pourrait aller, jusqu'à quel point il pourrait résister et tenir le choc. Son voyage jusqu'à Detroit était probablement la plus grosse erreur de toute sa vie, au vue du résultat plus que catastrophique. Les pertes étaient considérables et la douleur d'autant pire. Ce n'était plus un périple en enfer, c'était sans doute bien pire, comme une terrible traversée censée le mener jusqu'au bout de lui-même. Arriverait-il seulement à faire quelques pas de plus sans s'écrouler de tout son long la tête la première contre le pavé ? Il en douta, tout comme il douta pouvoir puiser en lui la force pour continuer à avancer, sans la présence de son père de substitution à ses côtés. « C'est lui qui m'a élevé et m'a inculqué quasiment tout ce que je sais aujourd'hui... si je suis devenu ce que je suis aujourd'hui, c'est grâce à lui... je lui dois tellement... et je n'ai même pas pu lui dire à quel point il comptait pour moi, à quel point je l'aimais. Je me sens tellement égoïste maintenant ! »

Il se laissa tomber sur le canapé aux côtés de Ylan, tout en l'écoutant parler. Finalement, peut-être qu'il l'avait mal jugé au premier abord, car à présent, il semblait aussi désemparé que lui. Il n'y avait plus vraiment de doute sur le lien qui les unissait. A moins qu'il y ait des millions de Victoria Sanders et d'Evan Buckley résidant à Londres. Le prénom de son géniteur lui donna d'ailleurs la nausée. Il n'avait jamais cherché à la connaître, de toute façon il n 'avait pas voulu de lui, alors à quoi bon lui courir après ? La suite le rebuta d'autant plus. Leurs parents respectifs avaient joué sur les deux tableaux durant tant d'années. Comment avaient-ils pu faire cela ? Interdit, Ethan contempla cet étranger avec lequel il était lié par le sang avant de lâcher un : « Pour moi c'est l'inverse... c'est mon père que j'ai appris à détester parce qu'il n'a jamais voulu me reconnaître, c'est pour ça que je porte le nom de ma mère... de Victoria ! Du grand n'importe quoi, c'est le moins qu'on puisse dire... à quoi ont-ils joués durant toutes ces années ? » Le blond ne se sentait guère mieux que son interlocuteur et ne savait pas du tout comment se comporter ou bien quoi penser de cette situation. Des mensonges qui finissaient par éclater au grand jour. Victoria et Evan ne valaient pas mieux l'un que l'autre à y regarder de plus près. « Ils me dégouttent autant l'un que l'autre...  de quel droit nous ont-ils fait subir tout ça... d'abord ces mensonges et puis ensuite ces cachotteries vis à vis de Flynn, ça ne rime à rien ! », ajouta-t-il à voix haute plus pour lui qu'autre chose. « Je suis désolé, je ne voulais pas vous... enfin te... faire peur ou bien me comporter comme un abruti... navré pour... tout à l'heure ! » Il poussa un profond soupir en tentant tant bien que mal et plutôt mal que bien de sauver les apparences et de ne pas craquer devant... son frère. Il avait du mal à le considérer comme tel. D'un geste mécanique, il s'empara de son paquet de cigarettes, qu'il extirpa de la poche de son pantalon, en proposa une à Ylan, avant d'allumer le bout de cancer en tube. « Je ne compte plus le nombre de fois où je me suis fait engueuler à cause de ça !», dit-il en désignant sa cigarette avec un pauvre sourire en coin en se remémorant tout ce que Flynn avait pu lui dire sur le tabac. A cette pensée, il sentit les larmes lui monter aux yeux. « Il va me manquer... tu sais si... il a souffert ? » Magnifique question, vraiment magnifique... »
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