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 I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles

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MessageSujet: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyLun 27 Aoû 2012 - 18:03

I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality
Joan, Stiles & Ethan

La pire saloperie que puisse vous faire un cauchemar, c’est de vous donner l’illusion de sa propre conscience et de continuer à en être un !



Est-ce qu'une cicatrice, sur le cœur, sur l'âme peut se refermer à jamais ? Est-ce qu'il est des mots qui ne peuvent jamais être prononcés et encore moins chuchotés, des mots qu'il est préférable d'écrire sur une feuille en papier que l'on enferme dans une bouteille qui voguera plus tard contre vents et marées pour finalement se faire happer par le typhon ? Est-ce qu'il est des heures ou les ombres qui vous hantent viennent se serrer contre vous dans un moment intimiste, ou vous seul pouvez reconnaître les visages de ces dernières, car rien absolument rien, pas même une une poupée vaudou ne peut les exorciser ? Est-ce que nous sommes aussi forts que nous voulons bien le prétendre ou du moins le faire croire à autrui ? Peut-être pas en définitive. Peut-être que nous mentons, tout simplement, aux autres, mais surtout à nous-même. Rempart, leurre au mal-être qui nous ronge, se cacher derrière un joli masque pour ne pas ennuyer autrui, mais surtout pour ne pas se dire que l'on n'est incapable de faire face. Assis devant sa fenêtre, le front collé contre la vitre froide, Ethan observait les passants. Tous étaient trop préoccupés par leur petite vie pour le remarquer, tout comme il avait certainement été trop aveugle pour remarquer ce qui n'allait pas chez Joan. Des questions qui tourbillonnaient comme des flocons de neige dans sa tête, et cette litanie incessante qui lui faisait prendre conscience à quel point il avait été proche d'elle, tout en demeurant pourtant éloigné. Tout comme ces gens là en bas, dans la rue. Le Londonien avait du mal à comprendre ce paradoxe. Tout comme il n'arrivait pas à comprendre le silence radio de son amour de jeunesse. Qu'avait-i fait ou dit pour n'avoir ainsi aucune nouvelle depuis la soirée qu'il avaient passés ensemble ? En boucle, il se repassait la scène, encore et encore, jusqu'à en avoir le tournis. Arrêt sur image, pour tenter de chiper l'instant, LE passage où il avait foiré. Il y en avait forcément un, le silence de Joan n'avait aucun sens autrement. Rien ne lui sautait pourtant aux yeux, tout avait semblé normal pour lui. Il ouvrit la fenêtre pour se rafraîchir les idées. L'enveloppe de bruit qu'était la ville lui sauta presque instantanément au visage. Sans demander son reste, il la referma, se releva et attrapa son paquet de cigarettes. Pansement de son âme, qui avait été mise un peu trop à mal ces derniers temps, il enchaînait cigarettes sur cigarettes. Cendrier ambulant, tandis qu'il continuait à se consumer de l'intérieur, ne sachant que faire vis à vis de Joan. S'élever, puis retomber lourdement la tête dans les graviers, sentir ses dents claquer sur sa langue, filet poisseux se répandant alors dans sa bouche. Ce goût de fer, presque amer lui restait et ne le quittait plus. Amertume qui ne faisait qu'amplifier cette impression qu'il avait eût, celle qui lui avait fait penser qu'il était enfin arrivé à bonne destination. Pourquoi, pourquoi, pourquoi et pourquoi ? Il avait voulu y croire tellement fort, que la chute était lancinante, le laissant « anorexié » et le souffle court. S'élever ainsi et retomber presque aussitôt, cela en avait-il valu la peine ? Nuage de fumée et d'interrogations en suspend, qui l'accompagna jusque sur le pas de sa porte d'entrée – après qu'il eût attrapé au vol la facture d'un certain privé - bien décidé à en découdre avec cette histoire. En avoir le cœur net, une bonne fois pour toute ; savoir si elle s'était payé sa tête ou si il lui était arrivé quelque chose. Le seul qui pourrait l'aider en ce moment, était Stiles. Le cœur dans les talons, il sentit l'étau fait de barbelé se resserrer de plus en plus autour de son cou, tandis qu'il se rapprochait dangereusement du domicile de celui qui l'avait contacté quelques mois auparavant. Souvenir qui appuya un peu plus sur la plaie ouverte, béante. Ethan n'était pas loin de l'explosion ou de la combustion instantanée. Trois coups sourds contre la porte qui, il en était maintenant persuadé, le conduirait bientôt aux neufs cercles de l'enfer. Tachycardie, accompagnée d'un léger vertige alors qu'il attendait que Stiles vienne lui ouvrir. L'attente, lui paru s'étirer à l'infini, il eût tout à loisir de sentir l'angoisse couler un peu plus vite dans ses veines. Un bruit de clef, un autre laissant finalement apparaître le brun aux traits tirés. Il n'avait pas bien meilleure mine que lui, à bien y regarder c'était même pire. « Salut, j'espère que je te déranges pas ! Je ne vais pas t'embêter longtemps, je suis juste passé parce que j'ai reçu la facture du détective... et puis... est-ce que tu as des nouvelles de Joan depuis la semaine dernière ? », peut-être était-il au courant de quelque chose, l'air de rien Ethan posa sa question sur un ton qui se voulu détaché. Malheureusement, il accompagna la fin de sa phrase par une grimace qui reflétait son angoisse du moment. Non, ce n'était pas anodin, c'était même loin de l'être. Il eût presque envie de hurler et de secouer celui qui lui faisait face. Désespoir dansant avec lui. C'était forcé qu'il sache quelque chose, après tout, il était son frère, il devait forcément savoir. Ne voulant rien commettre d'irraisonné, le Londonien s'empara à nouveau de son paquet de cancer en tubes. La nicotine qui se déversa dans ses bronches l'apaisa durant quelques instants ; instants suffisant pour guetter la réaction de son interlocuteur.
Namy
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Stiles C. Kellers

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Stiles C. Kellers

AGE : 34
NOMBRE DE CONTACTS : 217
ANNIVERSAIRE : 15/10/1990
EN VILLE DEPUIS LE : 21/07/2012
AVATAR : Jake Gyllenhaal




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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyMar 28 Aoû 2012 - 15:45

Des éclats de verre. Jonchés sur le sol, tachés des dernières gouttes de café qu'ils contenaient jusqu'alors en espace clos. Assis sur le bord de sa chaise, Stiles ne se pencha même pas pour les ramasser. Son regard vide réagit à peine à la tache qui grossissait au sol. S'il avait été loque après la mort d'Irving, il tendait à le redevenir. L'état était différent mais l'effet paraissait être le même. Chaque geste avait pris une ampleur mécanique, automatique. Se laver, s'habiller, partir travailler, travailler puis rentrer sans dire un mot. Il se contentait de strict nécessaire, ne prêtait aucun attention aux questions de ses collègues. Il en venait à préférer le taxi. Tant qu'il les conduisait où ils le voulaient, les clients lui foutaient la paix. Il ne gagnait pas en sourire mais il s'en fichait. Comme de tout, comme de lui-même. Il resta sans bouger, sans amorcer le moindre geste. Il avait pourtant envie de se frapper, de se faire violence. Il ne pouvait pas se permettre de rester de la sorte, pas maintenant qu'il devait accomplir sa quête, pas maintenant qu'il était seul. Il avait renié sa sœur. C'était il y a déjà plusieurs jours, depuis rien. Il continuait de sombrer. Il n'arrivait pourtant pas à approuver des regrets. Pour lui, ça avait été une trahison et il était difficile de dire si c'était la perte de sa soeur ou cette trahison qui le mettait dans cet état catatonique. Sans doute les deux.
Adieu Joanny.
Il n'avait pas versé d'autres larmes depuis son départ de la maison. Il savait qu'il ne la reverrait sans doute jamais, il avait provoqué cette rupture J'avais pas le choix Mais il savait aussi que la tache qu'il s'était lancé s'annonçait beaucoup plus compliqué. Pas de réponses, pas de noms, pas d'indices. Il était toujours à la case départ après avoir touché de si près son St Graal. Le prix de sa libération. Il soupira enfin. Et au prix d'un effort considérable et douloureux, se leva. Il marcha sans y prêter attention sur la tasse brisée. Direction la salle de bain. Le reflet qu'il vît alors dans le miroir ne fit qu'accentuer son mal-être. Monstre Des cernes creusés, des rides marquées en dépit de son âge encore jeune et le teint blafard. Un cadavre. Avec un geste toujours machinal, il se passa de l'eau sur le visage, résistant à l'envie de s'y noyer. Un autre mouvement pour quitter le haut. Avec un regard sombre, il aperçut ses cicatrices sur le torse. Il passa la main sur chacune d'entre elles, les comptant mentalement, presque pour éviter de se souvenir d'où elle provenait. C'était pourtant un de ses cauchemars. Pas cette nuit pourtant. Non le dernier en date était Irving. Encore Irving. Cette vision d'horreur lui donnait envie de rentrer en Angleterre. Les heures passaient sur sa tombe lui manquaient. Il en aurait bien eu besoin. Il n'était d'ailleurs même pas sur de trouver ce qu'il cherchait. Il était surtout venu pour Joanny mais il était venu pour rien. En un flash, le visage meurtri d'Irving prit le pas sur ses propres traits. Ils avaient si semblables. La mort leur avait volé ce cadeau.
IRVING !
Ce matin, il s'était réveillé en sursaut après un énième cauchemar. Il y était habitué même s'il restait rare que son réveil se fasse encore en hurlant. Mauvais présage. Mais qu'importe. Que pouvait-il bien lui arriver ? Il n'avait rien à perdre, absolument rien. Une illusion pourtant. Il fut tiré de ses pensées par le son de coups sur la porte. Lentement et surpris, Stiles lança un regard dans sa direction. Il avait du rêver. Pourtant non. Un coup vint, puis encore un. Les sourcils froncés, il remit son tee-shirt puis cherchant désespérément les clés dans le foutoir qu'était devenu le haut du meuble d'entrée, il finit par les trouver. Avec des gestes douloureux, il entreprit d'ouvrir les serrures. Bordel qui pouvait bien venir le voir ici ! Il était pourtant persuadé de n'avoir donné son adresse à personne. Ca devait encore être ce crétin de proprio. Il allait l'envoyer promener dans les règles de l'art. Il finit par ouvrir. Il marqua à peine sa surprise en voyant qui se trouvait sur le pas de sa porte. Ethan. S'il s'était attendu à celle-là. Il pria pour ce ne fusse pas Joanny qui l'envoyait. Si elle voulait quelque chose, elle devrait venir en personne. Il le laissa parler, se poussant juste pour le laisser entrer avant de revenir la porte. En dépit de son propre état, il ne put s'empêcher de remarquer qu'il n'avait pas l'air au mieux. Pitié, faites qu'elle ne l'ait pas détruit lui aussi. S'il y avait un qui ne le méritait pas, c'était bien lui. Avec le temps, au cours de leurs mois de recherche, il avait fini par vraiment apprécier le jeune homme, comprenant alors ce que Joanny lui avait trouvé à l'époque. D'ailleurs, il venait pour le détective. Au prix de la déception que ça lui avait causé, il avait presque fini par oublier qu'il ne l'avait pas payé. Et puis il aborda le sujet qui fâche. Joanny. A en juger par sa question, Stiles comprit qu'il n'était pas au courant. Pourtant son ton qui se voulait détaché était ajouté à une figure d'angoisse. Il s'inquiétait. Encore. Que pouvait-il lui dire ? Il ne lui avait jamais révélé la véritable raison qui l'avait poussé à chercher Joanny tout comme il ne lui avait jamais confié ses soupçons concernant les activités de la plus jeune des Kellers. A quoi cela aurait-il servi ? Dans tous les cas, il n'allait pas changer ça. Maintenant qu'ils étaient là, c'était à elle de le dire, pas à lui. La semaine dernière. Selon toute vraisemblance, elle n'avait donc pas donné de nouvelles depuis leur rencontre. Il doutait qu'elle fusse dans le même état que lui mais il n'était pas impossible qu'elle ait réagi à sa manière. En se terrant. Un trait de famille. Il observa son ami prendre une cigarette. Il en ressentit à son tour le besoin.

- Ah oui, c'est vrai, le détective. Je peux t'en prendre une ?

Il l'observa, s'appuyant sans y faire vraiment attention contre le meuble de l'entrée. La fumée lui donnait étrangement l'impression de respirer.

- Joanny. Non. Mais je ne suis pas étonné. On ne s'est pas vraiment quittés en très bons termes la dernière fois. Même pas du tout.

Il revoyait la scène de leurs retrouvailles. Les choses auraient être tellement différentes. Elles auraient du. Mais ils étaient devenus des étrangers. Des automates, sans âme. Ils s'étaient perdus en chemin. Dix ans de trop. Dix ans de gâchis.

- Je te proposerais bien quelque chose mais j'ai rien. J'ai pas fait les courses et j'ai pas envie de les faire.

Il s'avança dans la pièce, entreprenant enfin de ramasser la tasse brisée. Il prit les morceaux dans ses mains et les balança sans ménagement dans l'évier. Il se retourna vers Ethan.

- Pourquoi tu me demandes ça ?


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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyMar 28 Aoû 2012 - 16:28


« I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality »


Ouvrir les yeux. Se lever. Se détester. Marcher. Regarder par la fenêtre. Se haïr. Regarder les oiseaux voler dans le ciel. Avoir envie d'en finir. Allumer une cigarette. Vouloir se l'enfoncer au fond de la gorge. Ne pas avoir le courage nécessaire. Faire les cent pas. Regretter. Attendre. Repartir. Se ronger les sangs. Regarder la cigarette se consumer comme son existence si vide qu'elle en devient invisible. Tenter de grignoter quelque chose. Se résigner. Pourquoi faire ? Alors qu'on connaissait la suite, qu'elle allait bientôt arriver et que l'issue serait fatale. Ne pas pleurer. Ne pas dire un mot. Se haïr en silence et attendre, toujours attendre. Se retrouver sur son perron avec une seconde cigarette. Respirer l'air frais mais ne pas le sentir pénétrer dans ses poumons avides. Ne rien voir. Ne rien sentir. Le vide. Et puis attendre encore jusqu'à ce que son heure vienne...

Attendre n'est pas suffisant. Le cerveau en ébullition, des mots viennent et les dernières notes de son existence devaient être jouées. Prendre son crayon et écrire, écrire pendant des heures, écrire jusqu'à ce que le courage soit suffisant pour agir. Pour enfin se libérer, pour ne plus regretter, pour ne plus vivre...

Fiche (c) Espe
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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyMar 28 Aoû 2012 - 18:45

I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality
Joan, Stiles & Ethan

La pire saloperie que puisse vous faire un cauchemar, c’est de vous donner l’illusion de sa propre conscience et de continuer à en être un !



Loque humaine, enveloppe vide , zombie... autant de qualificatifs qu'il pourrait employer pour décrire ce à quoi Stiles pouvait bien lui faire penser. Cette figure emblématique de son adolescence n'avait plus rien à voir avec ce qu'il était autrefois. Peur et respect, c'est ce qu'il lui inspirait à l'époque. Stiles n'avait jamais été tendre avec lui, ne semblant pas vraiment le porter dans son cœur, sans vraiment savoir pourquoi, maintenant il savait. Aujourd'hui, Ethan ne ressentait plus que de la pitié pour cet homme dévasté. Un point qu'ils avaient sûrement en commun. Ravagés de l'intérieur, bouffés, rongés par des maux différents, mais au final le résultat était le même et ce n'était pas particulièrement plaisant à voir. Le visage de la souffrance était peut-être bien plus dur à regarder en face que celui de la mort. L'intérieur de l'appartement de Stiles puait le mal-être et l'agonie. Ethan tendit une cigarette à Stiles et essaya de ne pas laisser ses yeux vagabonder tantôt sur la table brisée, tantôt sur le foutoir qui régnait dans la pièce. Un pas en avant, puis deux, il fini par dégainer la facture et la tendit sans cérémonie au brun. Pas donné, les honoraires du détective en question. Ne roulant pas vraiment sur l'or, Ethan ne savait pas vraiment comment il allait faire pour payer sa part, ce qu'il garda pourtant pour lui, cela ne concernait pas vraiment le frère de Joan après tout. Le nuage de fumée semblait marquer un fossé entre eux, cette facture sonnait le glas de leur collaboration, leurs chemins n'allaient certainement pas tarder à se séparer, maintenant qu'ils avaient atteint leur but ultime, à savoir retrouver Joan. Le détective, le seul lien qui les avait unis et les uniraient sans doute jamais. Même s'il avait pu découvrir un visage un peu différent - au travers de leur périple au bout du monde – de celui qu'il avait pu voir durant toute son adolescence, Stiles était et resterait sans doute à jamais celui qui l'avait harcelé pendant des heures après le viol de Joan. En boucle, encore et encore il lui avait posé les mêmes questions - inlassablement - qui se réduisaient à peu de choses près à « De quoi te rappelles-tu ? », « Qu'est-ce qu'il s'est passé ?». Répéter les mêmes choses, mots pour mots comme il avait pu le faire avec la police. Relater les faits du mieux qu'il pouvait, il n'avait pas pu faire mieux. Raconter, encore et toujours le déroulement de cette soirée, dont il aurait bien voulu ne plus se rappeler. Obsession dévorante pour les interrogatoires, Sally n'avait pas non plus été épargnée. Cela n'avait mené à rien, hormis lui donner l'impression que les mots qui sortaient de sa bouche n'avaient absolument plus aucune signification à force de les répéter. S'il s'était trouvé à sa place, sans doute n'aurait-il pas agit différemment. Il lui en avait voulu – énormément – se sentant alors comme le suspect numéro 1 qui ne démordait pas de sa version et qu'on essayait malgré tout de faire parler encore et encore jusqu'à finir par le faire craquer. Non, il ne savait pas qui avait pu faire ça. Non, il ne savait pas comment cela c'était passé. Non, ce n'était pas lui. Bestialité dont il aurait été incapable. Ethan avait fini par enfouir ce passage de sa vie au fin fond de son être, pour pouvoir avancer au moins un peu. Faux ! Il n'avait pas avancé, il s'était contenté de fuir Londres, sans se retourner, tout comme avait pu le faire son amour de jeunesse. Reculer pour ne pas avoir à sauter, franchir le pas qui l'aurait mené inexorablement vers un oubli dont il n'avait pas voulu. Tout comme Stiles, il s'était enfermé dans son obsession. Se raccrocher à un souvenir, un fantôme avec l'espoir fou de le voir apparaître un beau jour. Prier chaque soir pour cela, invocation ne fonctionnant pas, tandis que le manque, de plus en plus grand continuait à le ronger. Par tous les moyens, il avait essayé de chasser cette impression d’abîme interne qui pompait tout ce qu'il pouvait ressentir. Anesthésié, évoluant dans un monde ou les couleurs n'avaient plus les mêmes teintes, il ne savait même pas comment il avait fait pour tenir jusqu'au moment ultime où il avait enfin pu se retrouver dans les bras de Joan. Une force insoupçonnable l'avait conduit jusqu'à cet instant, force qui l'avait porté et continuerait sans doute à le porter.


Inconstante constance, essayer de changer la donne, mais reproduire un schéma à l'identique, se retrouver au point de départ. Impression de déjà vu. Cette scène n'était pas si différente de celle vécue il y a plusieurs mois de ça. Pas de nouvelles non plus pour le grand frère de son amour de jeunesse, cela n'était pas pour être rassurant. Une sonnette d'alarme se tira dans sa tête. Une petite voix lui susurra que quelque chose de grave s'était produit. D'un geste, il tira une longue bouffée sur sa cigarette, pour faire disparaître cette inquisitrice qui n'avait rien à faire là. Etait-il possible qu'elle soit partie une seconde fois, les abandonnant tous deux ? Elle lui avait promis qu'il n'avait plus à avoir peur pour ça. Elle n'avait pas pu passer outre sa promesse, elle n'en avait pas le droit, pas après les derniers événement ; pas après ses révélations, il s'était mis à nu comme il ne l'avait encore jamais fait avec personne. Si pour elle cela ne voulait rien dire, pour lui tout était différent. Trahison. Pilule qu'il n'était pas prêt d'avaler. Non ce n'était pas possible, pas après ce qu'elle lui avait dit elle aussi. L'étau autour de sa gorge se resserra un peu plus. Inconfortable suffocation qui lui donna la nausée. L'inquiétude passa dans son regard pour se ficher dans ses iris claires. « Pas quittés en bon termes, t'entends quoi par là ? ». D'un geste de la main, il montra à Stiles que ce n'était pas bien grave, il aurait été incapable d'avaler quoi que ce soit de toute manière. Pas avec les aiguilles qu'il avait l'impression d'avoir dans la bouche. « Je ne suis pas venu pour ça de toute façon ! ». Pourquoi ? Très bonne question, parce que pour être exact, il était mort de trouille au sujet du silence de Joan. Intimement convaincu que quelque chose était en train de se dessiner, quelque chose qui ne tarderait pas à leur tomber sur le coin du nez sans qu'ils aient même pu s'en douter. Le nuage de fumée toujours présent dans l'appartement montait de plus en plus, s'amassant au dessus de leurs têtes, de plus en plus menaçant. Oppressement que ne faisait que renforcer la pénombre de la pièce. Après un déglutissement difficile, Ethan réussit à aligner une phrase à peu près correcte. Détachement feint, où perçait pourtant de plus en plus l'angoisse. « Oh... comme ça. En fait j'ai pas du tout de nouvelles, j'ai essayé de l'appeler, elle ne décroche pas son téléphone... Je crois même qu'elle a fini par le débrancher, je suis tombé sur le répondeur hier après avoir essayé pour la dernière fois. J'ai pas osé passer chez elle... parce que je pense avoir compris, mais je voulais voir au moins avec toi ce qu'il se passe ! ». Sans y être invité, le Londonien se laissa mollement tomber sur le canapé, l'air dépité. La tête entre les deux mains, il eût besoin de parler, même si Stiles ne l'écoutait pas, il en avait besoin. Évacuer ce poison qui menaçait de le rendre complètement dingue. « Je pensais... je pensais vraiment l'avoir retrouvée ! Qu'est-ce que j'ai été stupide de penser qu'elle resterait, si elle est partie il y a dix ans c'est sûrement pas pour rien. Elle ne voulait plus de nous dans sa vie, on n'aurait pas dû forcer le destin. Le plus con dans l'histoire je crois que c'est moi, je m'étais promis de ne jamais rien lui dire, de ne surtout pas lui avouer ce que je peux ressentir pour elle... et qu'est-ce que j'ai fais ? J'ai foncé tête baissée, et le pire, c'est que j'ai vraiment cru pendant une soirée, que toutes ces années où je pensais ne jamais la revoir, où j'ai failli crever de douleur... j'ai vraiment cru que tout ça c'était terminé, qu'on pourrait enfin saisir l'occasion qu'on avait plus d'une fois manquée ! Mais non... je crois que le message est on ne peut plus clair cette fois ! ». Aimer à en crever, aimer à être totalement dévasté par l'absence qui accomplissait une fois de plus son œuvre macabre. D'ordinaire peu bavard, Ethan releva la tête, le regard embué. Un mot, un seul mot de Stiles et il quitterait la pièce, mais aussi Detroit, sans plus jamais se retourner cette fois-ci.
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Dernière édition par Ethan Sanders le Jeu 30 Aoû 2012 - 2:13, édité 1 fois
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Stiles C. Kellers

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Stiles C. Kellers

AGE : 34
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ANNIVERSAIRE : 15/10/1990
EN VILLE DEPUIS LE : 21/07/2012
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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyMer 29 Aoû 2012 - 20:03

Et si je me frappais la tête contre la porte ? A grands coups de front, finir la tête en sang, peut être avec une plaie ou mieux une commotion; un trauma crânien, peut être un nouveau coma. Enfin la paix, le sommeil, dans l'attente de la mort qui viendrait enfin me les offrir pour l'éternité.
Une envie irrépressible que le son des coups sur le bois avait réveillé, mais une envie qu'une fois de plus il ne mit pas à exécution. Il se contenta de chercher les clés, de déverrouiller les serrures et de faire entrer son invité surprise. Ce cher Ethan Sanders. Stiles réalisa que les deux hommes ne s'étaient pas revus depuis leur arrivée à Détroit. Ils avaient eu le résultat attendu, ils n'y avaient pas trouvé de raison. Qu'étaient-ils exactement ? Des amis ? Difficile à dire. Peut être dans une autre vie, dans d'autres circonstances. A la réflexion, quelles occasions avaient-ils eu ? A l'époque, Stiles le voyait surtout comme l'ami trop beau et séducteur de son innocente petite soeur. En grand frère protecteur, il avait toujours eu une certaine méfiance à son égard, car même si elle ne parlait point, il n'avait pas été dupe quant aux sentiments de la jeune fille pour lui, lui qui n'avait alors semblé la percevoir que comme une amie. Sombre erreur encore commise. Et puis il y a eu ce soir-là. La fin d'une vie pour Joanny et pour son entourage. Noyé dans son chagrin et son désir de vengeance, Stiles se souvenait avoir presque persécuté chacun des amis qu'elle avait eu. Ethan en ligne de mire. Il avait vu bien trop tard que lui aussi avait souffert de la situation. Et il y avait ce besoin de la retrouver. Les mois d'attente, les occasions manquées, les mots avaient été nombreux mais ils étaient tous les deux bien différents de l'époque. Au fond, ils ne leur restaient réellement que Joanny en commun et Joanny n'était plus. En tout cas pour Stiles. Pas pour Ethan.
Il saisit la cigarette que ce dernier lui tendait et l'alluma avec un geste libérateur. Au moins un manque qu'il pouvait combler. Il prit aussi en main la facture du détective. Pas donné quand on savait à quoi ça avait mené ! Chose qu'il n'avait malheureusement pas pu prévoir. L'aurait-il pu ? Possible. Après tout, son objectif était bien moins noble que celui de l'homme en face de lui. Pourtant à en juger par l'inquiétude que l'on pouvait lire dans son regard, tout ne s'était pas non plus si bien passé entre eux. Le jeune homme réagit d'ailleurs à ses propos quand il mentionna leur séparation. Comment lui dire sans se trahir ? Il se dirigea vers la table pour ramasser la tasse brisée. Le dos tourné, il put s'empêcher de sourire quand Ethan lui fit savoir qu'il n'était pas venu pour ça.
A qui veux-tu faire croire ça Ethan Sanders ?
Lorsqu'il se retourna, il put noter l'angoisse grandissante du jeune homme.
Bordel, Joanny, qu'est ce que t'as foutu encore ?

- On s'est disputés, enfin plus ou moins. Dix ans plus tard et nous ne sommes pas plus proches que des étrangers.

Non, ils ne l'étaient pas. Stiles ne fit pas mention du fait qu'il avait renié sa soeur. Même avec le recul, il avait du mal à avaler ce qu'il assimilait comme une trahison. L'était-ce vraiment ? Sans doute pas, mais il n'avait pas envie d'y penser autrement. Il ne pouvait pas revenir en arrière. Il revoyait Joanny s'effondrer face à ses mots. Il détourna la tête. Il ne pouvait pas se permettre un autre sentiment de culpabilité. A sa question, Ethan répondit d'une voix feinte qui ne trompait personne. En dépit de son état catatonique, il prit tout de même la peine d'écouter ce qu'il avait à lui dire, non pas que ça l'intéressait encore. Il revoyait sans mal le jour où il avait décidé de l'appeler. Lui. Pas un autre des amis de la jeune fille. Lui.

FLASH BACK
Londres, 2011.

Depuis les révélations d'Evan, Stiles avait du mal à avoir les idées en place. Il n'arrivait pas à se faire à l'idée que Joanny était responsable de son malheur. Après toutes ces années, il avait conservé précieusement le souvenir de sa petite soeur qu'il n'avait pas pu protéger, qu'il n'avait pas pu venger. Si douce, si innocente, devenue un fantôme après ce qui avait détruit sa vie. Il essayait de trouver des raisons, des excuses. Qu'est-ce qui l'avait poussé à devenir ainsi ? Toutes les victimes de viol ne devenaient pas des meurtriers bon sang ! Non, Joanny n'était pas une meurtrière. Evan avait parlé de business, rien ne disait qu'elle était du même acabit que le monstre qui avait anéanti Irving. Peut être parlait-il simplement de trafic ou de drogues ? Même si cet aspect restait encore difficile à avaler, il lui paraissait tout de même plus plausible. Peut être avait-elle sombré dans ce que lui-même s'était interdit de toucher, même après la mort d'Irving. Il voyait tous les jours des drogués en manque aux urgences de l'hôpital. Les voir l'avait vacciné de toute tentation; il voulait rester maître de lui-même. La seule dépendance qu'il s'était accordé était le tabac.
Perdu dans ses pensées, il remarqua à peine sa collégue qui l'appelait.

- STILES ! Ca va ?
- Hein, quoi, euh oui, merci. J'étais juste ...
- Ailleurs, je sais. Tu es sur que tu es bien remis ?
- Ca va, je te dis ! Ca va bientôt faire un an. Je vais bien. Je suis juste fatigué.
- Alors tu devrais aller te reposer.
- Tu sais que ça ne marche pas comme ça.
- Comme tu veux.


Il l'observa s'éloigner avec un air dubitatif. Bah quelle importance ! Si elle avait la moindre idée de ce qui hantait les méandres de sa conscience à l'heure actuelle. Traversant machinalement les couloirs, il laissait ses pensées vagabonder à nouveau. Il était inquiet et perdu concernant Joanny mais il savait qu'il n'y avait qu'un moment pour savoir, connaître la vérité et peut être retrouver enfin le meurtrier d'Irving. Il l'avait su dés le début et il devait se rendre à l'évidence. Il devait retrouver Joanny. Les moyens pour y parvenir semblaient toutefois limités. Neuf ans qu'ils s'étaient séparés sans un mot. D'après leur père, Joanny avait quitté la maison deux ans plus tard, à sa majorité. Dieu seul savait où elle pouvait bien se trouver à l'heure qu'il était. Il allait avoir besoin d'aide. Peut être même d'un professionnel mais avant tout, il devait tenter autre chose. Qui, qui pourrait l'aider plus en avant ? Qui donc se soucierait autant que lui de la retrouver ? Il se mordit la lèvre quand le nom apparut à son esprit. Les deux hommes ne s'étaient pas quittés en très bons termes mais au delà de ça, Stiles avait pris conscience de la situation. En serait-il toujours de même, après toutes ces années ? Il n'y avait qu'un moyen de le savoir. Il devait le contacter. La question restait encore comment. Puis il se souvint d'une conversation avec un des bénévoles, il y a quelques mois déjà. Bien sur.
Il sortit dans la cour de l'hôpital et prit son téléphone. Il composa le numéro et attendit la sonnerie.

- Allo ?
- Jack , c'est Stiles Kellers
- Stiles ! Oh bon dieu, ça me fait plaisir de t'entendre ! Comment tu vas ?
- J'ai connu mieux. Mais dis-moi, tu te souviens de la dernière fois pour la journée spéciale ?
- Oui, bien sur !
- J'aurais un service à te demander.
- Euh, ouais de quoi s'agit-il ?
- Tu as toujours des nouvelles d'Ethan Sanders ?


FIN DU FLASH BACK

Revenu à la réalité, Stiles continua de prêter son attention aux mots de son interlocuteur. Il tiqua à la dernière phrase. Lui dire ne ferait qu'accentuer ses angoisses qui semblaient déjà bien établies. Malgré tout, malgré sa tentative pour rester détaché, Stiles ne put s'empêcher à son tour d'être inquiet. Il voulait se frapper pour éprouver encore ce sentiment mais n'en fit rien. A quoi cela servirait-il ? Le jeune homme se laissa tomber sur le canapé et la tête entre les deux mains, il poursuivit. Au début, il ne put s'empêcher d'être surpris. En deçà des nombreuses conversations qu'ils avaient pu avoir au sujet de la jeune femme, il n'avait jamais vu Ethan dans cet état. Il ne l'avait d'ailleurs jamais vu aussi volubile. Une fois de plus, en dépit de son intention première, il ne put rester détaché. Sois maudit Stiles Kellers. Il se mordit la lèvre puis veillant toutefois à conserver une certaine distance, fit face au jeune homme. Ce dernier venait de lever un regard embué de larmes.

- Ethan. Je ne suis sans doute pas le mieux placé pour parler des sentiments de Joanny, crois-moi. Notre dernière rencontre l'a suffisamment montré mais je sais au moins une chose. Tu n'es pas le coupable dans l'histoire. Les coupables, ils sont deux, le monstre qui lui a fait ça et moi. J'ai été fou et imprudent. C'est de ma faute. Tu ne connais pas toute l'histoire.

Il marqua une pause. Qu'allait-il faire ? Que s'apprêtait-il à dire ? Irving, aide-moi. Puis il se ravisa. Au lieu de quoi, il dit autre chose. Peut être bien pire. Pauvre fou.

- Je ne peux pas t'en dire plus. C'est entre elle et moi. Mais si tu souhaites aller la voir, si tu as besoin, je t'accompagnerais.

Et voilà ! Toute une résolution foutue en l'air ! Faisait-il ça seulement pour lui ? Sans doute que non. Sa catatonie n'avait pas suffi à tuer ce qu'il conservait encore d'humanité et la marque de cette dernière sur Terre restait Joanny. Sa soeur, celle-là même dont il n'arrivait pas à faire le deuil. Etait-ce de trop pour un seul homme pour qu'il ne réussisse à se résoudre ? Non, il aurait fini par y parvenir, quand bien même il n'y fut jamais parvenu avec Irving. Non, c'était lui, l'homme en face de lui qui par son angoisse avait réveillé ce qui lui restait de sentiment fraternel. Il venait de tout ruiner. Même s'il devait bien l'avouer, il n'avait pas vraiment essayé non plus.
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I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles Empty
MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyJeu 30 Aoû 2012 - 12:28


« I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality »


« Les choses que l'on fait détermine ce que nous sommes. Je l'ai appris à mes dépens. Et voilà qu'aujourd'hui, j'impose mon dernier acte. Le rideau se referme, il se referme sur la femme que j'étais autrefois. Dynamique, timide, amusante, joyeuse, vive et certainement pas ce que je suis devenue. Tyrannique, amère, nostalgique, blessée, vengeresse, j'ai renié ma morale, mes valeurs pour un acte insignifiant. Comme si tuer pouvait vous rendre votre état d'esprit, vous rendre ce que vous étiez.
Je me rappelle des soirs gelés de Londres, la douceur de la musique caressant mes oreilles, le carrousel aux abords de notre rue. Te rappelles-tu Stiles ce qu'était notre vie ? Les sucreries puis les remontrances de Papa. On avait tout et puis Il était là, Elle était là aussi. Maman, Irving. Ils sentaient le monde différemment, n'est-ce pas ? Ils respiraient la vie peut être plus lourdement que nous, ils vivaient pour les autres et c'est ce qui a causé leur perte. Je me souviens du jour où Maman est partie. Dans ce lit, elle était si jolie, si froide, si mélancolique, son mot à la main. Je n'oublierais jamais le toucher, la sensation du papier râpant ma peau. Ce mot a changé ma vie, tu sais. « Souviens toi Joan, j'ai été quelqu'un moi aussi ». Je n'ai pas compris tout de suite ce qu'elle voulait dire, je n'ai pas compris son geste, je ne comprenais pas ce qu'elle ressentait, pourquoi elle avait ce regard haineux envers le monde et envers nous. C'était pourtant simple : comment regarder le monde avec envie, admirer des paysages tristes, regarder les rayons de soleil s'évanouir au loin alors qu'on hait chaque cellule qui nous constitue ? C'est impossible Stiles et tu le sais aussi bien que moi. Nous étions jeunes, aveugles et bien heureux et pourtant, elle avait tout compris. A cette époque, j'avais aussi l'impression d'être quelqu'un. Il a fallu que cela change en une unique heure, ou peut être même une seule minute qui chamboula le reste de notre existence à tous.
J'étais naïve et insouciante, jeune en somme. J'ai mis du temps mais j'ai enfin accepté ce destin. J'ai enfin accepté les blessures aussi bien physiques que mentales, je n'en veux plus à personne même pas à cet homme que j'ai tué de mes propres mains. J'ai enterré ce passé et tu devrais en faire autant. Je ne m'accorderais jamais le pardon d'avoir agi de cette manière, j'ai cru que c'était la meilleure manière de vivre son adolescence : boire, fumer, toutes ces choses que tous les jeunes font. Ce n'était pas pour moi et je ne l'ai pas compris. C'est après avoir découvert mon visage et mon corps dans cette chambre insalubre de ce vieil hôpital londonien que j'ai effacé toute trace de mon identité. J'ai cru que ma petite mission de vengeance me prendrait une année ou peut être deux et que je redeviendrais moi même. Un sourire aux lèvres à gambader dans les champs avec Irving mais je me suis perdue en chemin sans espoir de retrouver le bon carrefour, celui où j'ai fait la plus grave erreur de ma vie.
J'aurais pu vivre ainsi, j'aurais pu si je n'avais pas été responsable de la mort du plus bel être que le monde ait connu. Je ne peux plus continuer à vivre sans lui, sans les souvenirs heureux. Lorsque je pensais à lui, j'imaginais toujours ces moments là : la fois où il m'a emmené à ce festival de cinéma ou encore le jour de mon douzième anniversaire lorsqu'il est venu me réveiller avec mon cadeau sous le bras. Tous ces souvenirs ont peuplé mes rêves pendant toutes ces années, celles où je n'étais plus moi, où je me contentais de tuer, pas par plaisir comme tu peux le croire non, par absence de sentiments. J'étais vide, je ne voyais que la vengeance, que le bout de ce tunnel où je pourrais lui faire payer mes côtes fracturées, mon visage meurtri et tout le reste. J'ai fini par oublier tout cela, tous ces simples souvenirs qui me faisaient sourire avant. Aveuglée par son visage, j'ai fini par oublier que vous existiez ailleurs. Je vous ai abandonné lâchement pour une quête qui ne m'aura même pas rendu ce que j'aurais souhaité. C'est cet égoïsme qui a emporté Irving, c'est cet égoïsme qui ne nous le ramènera jamais. J'aurais beau m'excuser des milliards de fois, je ne pourrais jamais oublier ce simple fait. Jamais. Vivre avec moi même, ce nouveau moi que je me suis construit dans cette ville n'est qu'une illusion, une belle et simple plaisanterie qui ne ramènera pas notre frère. Il est parti et je serai toujours l'unique responsable de ta perte, grand frère.
J'ai conscience de t'en demander beaucoup mais je veux que tu puisses vivre. Vivre sans amertume ou envie de vengeance, ce sentiment est inutile et ne le fera pas revenir. Vis ta vie Stiles le plus longtemps possible, redeviens ce que tu étais. Sois ma plus grande fierté comme tu l'as toujours été lorsque j'étais encore enfant, mon modèle à jamais. Je garderai toujours un œil sur toi avec Irving et tout ira mieux, c'est l'unique promesse que je te fais aujourd'hui. »


Se désaltérer. Fumer une nouvelle cigarette. Aller prendre l'air et découvrir l'air frais. Sentir le vent contre sa joue et momentanément oublier le fardeau que l'on porte. Ouvrir les yeux. Observer le monde. Regretter quelques secondes ce qu'on s'apprêtait à faire. S'asseoir sur le perron en regardant la montée irrémédiable du soleil. Réaliser que c'est l'ultime fois. Ne pas regretter finalement. Sourire. Se dire que le vide sera bientôt comblé. Se relever. Se servir une nouvelle tasse de café. Jeter sa cigarette. Se rasseoir et se préparer pour le second acte...

«  Ressentir. Un mot que j'avais oublié depuis bon nombre d'années. Aussi loin que je me souvienne, le vide était la seule émotion que j'ai pu expérimenter. Il m'a fait perdre mon identité, m'a transformé en véritable machine de guerre mais je suppose que tu es désormais au courant de ce que je suis. Je n'ai pas vraiment envie de m'attarder sur cette partie de ma vie, pas maintenant alors que je disparais définitivement de ton champ de vision. Le plus important que tu dois savoir est la chose suivante : je ne t'ai jamais menti. J'ai omis certains éléments mais je ne t'ai jamais menti. J'ai toujours été cette gamine effrayée, en retrait qui comptait pour du beurre dans le cœur de beaucoup de gens. J'ai même cru que tu me voyais de cette manière pendant dix ans de ma vie. J'ai même encore du mal à croire que ce ne soit pas le cas : ma jalousie m'a toujours aveuglée sur la véritable nature de notre relation. Il faut croire qu'il est maintenant trop tard pour penser à tout cela.
Je pars avec tous les moments de bonheur que tu m'as apportés, tu ne le croiras certainement pas mais tu es la plus belle chose qui me soit arrivée même s'il m'a fallu dix longues années, quelques meurtres indécis pour m'en rendre compte. Je ne m'attends pas à ce que tu me pardonnes, d'ailleurs, j'espère que tu me haïras pour ce que j'ai osé faire, pour ce que j'ai osé être pendant ton absence. Je sais à quel point cela sera plus facile pour toi de continuer ta vie de cette manière. Nourris ta haine envers moi chaque jour, cultive là et tu aimeras à nouveau. Cette fois, ce ne sera pas une détraquée ni une femme superficielle comme tu les aimais au lycée, non, cette fois, ce sera le grand amour, le vrai avec un grand A. Une jeune femme honnête, généreuse, protectrice et aimante, tout ce que je n'ai pas été pour toi. Tu auras enfin le bonheur que tu mérites. J'imagine déjà l'étincelle dans tes pupilles lorsque tu la rencontreras, cette personne qui se donnera corps et âme pour te rendre heureux.
Tu me manqueras toujours. J'emmène ton parfum enivrant avec moi, j'emmène tous ces souvenirs, tous ces moments les plus heureux de mon existence. Je t'emmène avec moi, sache le et je veillerai sur toi pour que plus aucun malheur ne vienne entacher ce que tu es. Je t'ai aimé pendant plus de dix ans de ma vie et ce sentiment ne s'effacera pas même si la mort nous séparera. Je suis désolé que tu aies appris tout cela par un intermédiaire, je suis désolé que ce papier soit tout ce qu'il te reste comme preuve de mon existence mais c'est mieux ainsi. Oublie moi, oublie notre soirée ensemble, oublie tout ce que je t'ai dit, vis simplement. Souviens toi seulement de ce que je t'ai caché : rappelle toi que je suis une tueuse au sang froid, cela t'aidera sûrement à passer à autre chose, à aller vers une meilleure destinée... Je t'aime, Ethan. Je vous aime tous les deux. Vivez, c'est tout ce qui m'importe maintenant...

Joan. »


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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyVen 31 Aoû 2012 - 17:10

I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality
Joan, Stiles & Ethan

La pire saloperie que puisse vous faire un cauchemar, c’est de vous donner l’illusion de sa propre conscience et de continuer à en être un !



Disputés ; plus ou moins ; dix ans plus tard ; étrangers. Hachés, décortiqués, mais après une analyse approfondie, les mots qui parvinrent jusqu'à lui, ne lui apportèrent pas la réponse tant attendue. Quel avait bien pu être le sujet de la discorde ? Qu'est-ce qui pouvait bien pousser frère et sœur à se quitter fâchés ? Nouvelles énigmes qui vinrent s'ajouter à sa longue liste déjà existante. Véritable casse-tête chinois qui ne voulait pas se démêler et qui l'emmenait encore un peu plus en avant de cette abysse sans fond. Labyrinthe, dédale de couloirs dans lequel son esprit s'était totalement perdu. Presque une chance qu'il sache encore comment il se prénommait. Mentalement et schématiquement, il essayait de reconstruire le puzzle qui l'amènerait vers un début de réponse. Quand avait eu lieu la dernière rencontre entre Stiles et Joan ? Était-ce avant leur soirée, ou bien après ? Pourquoi attachait-il autant d'importance à cet infime détail ? Pour savoir si ce silence anormal était dû à l'un ou à l'autre. En souvenir du passé, cela lui ferait presque plaisir que ce soit de la faute de Stiles. Trouver le coupable, le fustiger. Cela ne rimait à rien, il était vraiment tombé bien bas pour penser à ça. Après avoir remis un semblant d'ordre dans sa tête, Ethan se risqua à dire : « Comment tu peux dire un truc pareil, c'est ta sœur dont il s'agit. Même si tu ne l'as pas vue depuis un moment, ce n'est pas pour autant qu'elle t'est totalement étrangère. Je me rappelle d'une période où vous étiez plutôt proches... enfin c'était avant... erm, oublie ce que je viens de dire ! ». Ethan aurait sûrement mérité la palme du boulet de l'année pour cette magnifique bourde. Sans chercher à se rattraper, il tira exagérément sur sa cigarette. Il avait beau retourner la question dans tous les sens, il ne voyait pas ce qui avait pu les amener à se disputer, tout comme il ne voyait pas à quel moment il avait pu tout foutre en l'air avec Joan. La clef du mystère ne devait pas se trouver bien loin, elle était forcément là, sous ses yeux. Le dénouement était proche, il pouvait le sentir jusqu'au plus profond de son être, mais il n'arrivait pas à visualiser ce à quoi tout ça allait bien pouvoir les mener. Comme aveuglé, il voulait plus que tout que la vue lui soit rendue, même si pour cela il devait payer le prix fort. Toujours persuadé que Joan avait ouvert les yeux de son côté, il en vint à espérer qu'elle mette rapidement fin à son calvaire. Qu'elle l'abatte avant qu'il n'ait réellement le temps de souffrir ; de souffrir un peu plus. La mort serait préférable à cette longue agonie. Après des années d'errance, avec pour seule ligne de conduite la fuite et l'oubli, Ethan venait à nouveau de perdre son point de repère. Cette fois-ci, sans sa carte, il n'était pas sûr de pouvoir survivre longtemps. En y songeant, il n'avait plus l'énergie nécessaire et encore moins la force pour partir à l'autre bout du monde. Même de l'autre côté de l'équateur, il lui serait – encore plus – difficile de ne pas penser à Joan. La promesse des quelques moments volés qu'ils avaient pu vivre, il aurait préféré ne pas y avoir eu droit. Aujourd'hui, ils n'étaient plus les adolescents qui se contentent de se regarder de loin et de s'aimer en secret. Lancinante impression d'avoir été amputé d'une partie de soi. Au marteau et au burin, sans douceur et sans anesthésie. Sensation qui rajouta un peu plus à sa détresse.

Auto-persuasion. Tout ira bien. Il suffit de se dire que tout ira bien. Tout ira bien. Que ça passera, ça s'arrangera, et qu'au pire, on oubliera. Parce que c'était l'exercice simple de la vie : s'attacher, souffrir, puis oublier. Savoir que chaque rencontre admet une séparation, que chaque instant passé fait écho à un moment de solitude. Mais tout ira bien, parce qu'au fond, c'est ça le truc non ? Répéter les mêmes erreurs. Savoir que c'est mal, mais le faire, et même recommencer, pour les beaux yeux de la décharge d'adrénaline, pour l'envie naïve de savoir si, depuis la dernière, ça a toujours la même saveur. Comme un gamin qui touche une flamme, hurle de douleur, et recommence, en pensant que la seconde fois serait moins horrible. Mais c'est ridicule. Ça fera toujours aussi mal, ça déchirera toujours autant les entrailles, et votre cœur broyé, émietté, devra se remettre de votre erreur tant bien que mal. Et quand il sera de nouveau tout rafistolé, il faudra alors recommencer. Un cœur en un seul morceau n'a pas de vraie valeur ; il fait partie de ces choses qui ne sont importantes qu'une fois brisée. Un cœur en bonne santé ne suscite aucune attention. Un organe défaillant, une petite tachycardie mentale, un sadomasochisme et enfin on fait attention à cette maudite chose, qui cogne contre les côtes. Le cœur se complaît dans sa douleur. C'est bien le seul moment où l'on prend conscience de son existence, et qu'on en prend enfin soin. Le reste du temps, il est sans importance. Et pourtant, on devrait l'écouter plus souvent. Un jour viendra où plus aucune colle ne pourra rassembler les morceaux, et quelques uns finiront éparpillés dans le vent, dans les larmes, finissant par ne laisser qu'un moignon de cœur.

A nouveau, une valse de questions, tandis que les paroles de Stiles franchissaient la barrière de son esprit, sans pour autant avoir un impact quelconque sur le Londonien. Trop anesthésié par ses propres mots, ceux du brun s'inscrivaient dans un coin, recoin de son cerveau, pour être ressortis plus tard, lorsque sa propre plainte, vomissure syntaxique, aurait pris fin. Pourquoi ne pouvait-il pas être comme tout le monde, s'en foutre tout simplement, que ce soit Joan, ou la fille là-bas, ou n'importe qui d'autre ? Ce serait toujours moins douloureux de se briser sur une inconnue que sur la femme qu'il aimait, pour n'avoir à affronter aucun regard désolé, aucune déception. Le blond n'avait pas besoin d'avoir un spectateur de l'explosion de son cœur, il ne voulait pas qu'on l'aide à ramasser les morceaux et encore moins qu'on lui fasse constater que les dégâts étaient moindres, puisque de toute manière il ne restait pas grand chose de son cœur avant qu'il ne se brise. Satané boxeur qui cognait contre ses côtes, satanée morale, satané respect d'autrui. Un vent de révolte s'éleva, contre lui, mais aussi contre l'homme qui lui faisait face, au moment où son « Tu ne connais pas toute l'histoire », rentrait durement en collision avec sa complainte. Alors c'était ainsi, il ne détenait pas tous les éléments de l'histoire, il y avait bel et bien une énigme au beau milieu de tout ça. Ethan reçu les dernières phrases de Stiles comme une belle droite en plein dans la mâchoire. Douloureux, celle-là il ne l'avait pas vu venir. Ce n'était pas censé se passer comme ça, lorsqu'il avait repris contact avec lui pour les recherches. Lui qui pensait qu'il n'y aurait pas de place pour les cachotteries et qui avait joué carte sur table dès le départ, se retrouvait en fin de compte le dindon d'une farce amère. Ethan commençait à se dire qu'il n'avait été qu'un pion sur le grand échiquier des Kellers. D'un bon, il se redressa, piqué au vif, le ton monta presque aussitôt. « Entre elle et toi ? Tu te fous de moi ou quoi ? On est dans la même galère je te rappelles. Si c'était entre elle et toi, pourquoi tu m'as contacté ? J'étais là uniquement pour te servir c'est ça ? Tu penses vraiment que je vais me contenter de ça ? Je... je rêve, merde ! Maintenant t'en as trop dit ou pas assez Stiles. Je suis plus le gamin apeuré que j'étais il y a dix ans, je te conseilles... et puis laisse tomber ! J'y vais, je vais la voir, avec toi ou non ! ». Ce n'était pas franchement le moment de se battre, ce n'était d'ailleurs pas dans ses habitudes de s'emporter de la sorte. Fatigue nerveuse, angoisse, cocktail détonant. Sans attendre de réponse de la part du frère de Joan, l'éducateur se détourna de lui et amorça un pas vers la porte d'entrée, bien décidé à filer chez la jeune femme.
Namy
Code by Anarchy
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Stiles C. Kellers

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Stiles C. Kellers

AGE : 34
NOMBRE DE CONTACTS : 217
ANNIVERSAIRE : 15/10/1990
EN VILLE DEPUIS LE : 21/07/2012
AVATAR : Jake Gyllenhaal




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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptySam 1 Sep 2012 - 21:44

Mourir.
Sombrer dans l'inconscience. Sentir ses dernières forces nous quitter. Le sang qui coule à flots sans interruption. La douleur qui tend à s’atténuer comme pour signifier qu'elle sera la dernière. Une dernière image. Une dernière pensée. Un léger sourire aussi. Peut être encore une larme, mais cette fois de soulagement. La fin d'une vie d'échecs et de malheurs. Personne pour réellement vous regretter. Personne pour vous pleurer. La fin de l'histoire.
Cette sensation n'avait rien d'inconnu pour Stiles. Celle-là même qu'il était tenté de ressentir à nouveau depuis plusieurs jours. Son esprit en rêvait au point de l'amener à croire puis il revenait brusquement à la réalité. Comme la dernière fois. Un goût amer à la bouche. Celui qui signifiait que l'on avait raté son coup. Ce coup-là pourtant n'avait pas été de sa décision. Il avait même été tenté de lutter avant de lâcher les armes voyant là, l'opportunité de toucher du doigt ce qu'il désirait sans oser le mettre en œuvre. Parfois encore, il se demandait pourquoi, comment il avait pu rater son coup. Comme la fatalité désirait tant le maintenir en vie. Même avec un but aujourd'hui encore, la raison semblait insuffisante, injuste. Pourquoi pas lui ? Cette culpabilité toujours présente, celle-là même que le psychologue avait appelé du survivant. Son esprit tendait à le ramener vers les raisons de cette première et dernière consultation, il y a quatre ans. L'acte manqué.

FLASH BACK
Londres, 2009

La journée avait pourtant bien commencé. Pas de morts, des opérations réussies. La stabilité que Stiles avait tenté de s'offrir depuis sa sortie de cellule il y a quelques semaines passer par le travail. Même les marques sur son visage commençaient à s’atténuer. Allait-il bien ? Non bien sur. Il y avait toujours cette sensation de vide, celle-là qu'il ne comblerait jamais. Il s'était fait une raison. Il ne serait sans doute jamais heureux mais il espérait au moins vivre en paix en dépit de la tentation de trouver parfois le bout du tunnel pour le rejoindre. Oui, la journée avait bien commencé. Il avait même réussi à sourire de manière sincère aux remarques du docteur Fields. Mais c'était bien connu, la paix ne durait jamais vraiment longtemps. Stiles se demandait parfois pourquoi la fatalité tenait tant à le conserver en vie si c'était pour lui trouver encore de nouvelles raisons de vouloir la quitter. Comme ce jour-là. Depuis combien de temps cela durait-il déjà ? Plusieurs minutes, plusieurs heures ? Difficile à quantifier en l'état des choses.
Caché dans l'une des chambres d'un patient, Stiles tentait de calmer sa jeune collègue à côté de lui. La vue du corps inerte du docteur Fields entouré de sang avait quelque chose de perturbant. La jeune femme ne l'avait pas supporté. Elle pleurait sans arrêt depuis le coup de feu. Elle n'avait du sa survie qu'à Stiles qui avait eu la bonne idée de lui masquer la bouche.
Il y avait du sang sur ses vêtements mais il n'était pas blessé. Il ignorait comment sortir de cet endroit, quand tout cela allait-il prendre fini. Il revoyait très bien l'arrivée du tireur en trombe dans les urgences. Il avait eu l'air de connaître la maison pour fermer toutes les issues dés son arrivée. Il avait ensuite réuni les personnes présentes au sol et il avait filé dans les couloirs. La suite était floue mais il était sur d'une chose. Le docteur Fields n'avait pas survécu. Il espérait mourir lui-même au cours de ses deux dernières années mais il n'était pas sur de vouloir finir comme ça. Une balle dans la poitrine à cause d'un fou furieux.
La porte à demi-ouverte, Stiles tentait de voir s'il était toujours dans les parages mais il semblait être parti. Difficile pour autant d'être sur de lui à ce sujet. Il inspira puis se tourna vers la jeune femme.

- Judy ? Ecoute-moi ! Je vais aller voir où ça en est. Ne bouge pas d'ici, ne dis rien, ne tente rien. Je reviens
- Stiles, non ! Il va te tuer !
- Chut, je vais être prudent, promis. Ne bouge pas


Et sans attendre un mot de plus, il ouvrit doucement la porte pour le laisser passer avant de la refaire avec tout autant de précautions. Par acquis de conscience, il se dirigea vers le docteur mais ce qu'il vit ne fit que confirmer ce qu'il pensait. Pauvre homme. Longeant les couloirs, Stiles tendait l'oreille dans l'attente du moindre bruit, du moindre son de pas. Il finit par le trouver, et il se masqua automatiquement dans un coin, afin de pouvoir observer sans se faire remarquer. L'homme menaçait plusieurs personnes au sol. Il devait intervenir s'ils voulaient éviter d'autres cadavres. L'unique vocation de son existence.
Il se mit à réfléchir. Quel moyen possédait-il hormis celui qui consistait à mourir sans obtenir la moindre satisfaction ? Il avait lu quelque part que les mots pouvaient être utiles mais il n'était pas certain d'y parvenir. Si au moins, il connaissait son histoire. Mais il n'était qu'un aide-soignant, difficile de connaître les cas. Patient ou famille ? Membre de la profession ou simple fou furieux qui avait choisi l’hôpital par hasard ? Au début, il avait pensé à un drogué en manque mais un type comme ça serait parti avec la marchandise sans demander son reste. Il n'aurait pas organisé une telle prise d'otage. Il y avait autre chose derrière. Une vengeance sans doute. Mais contre qui ? Le système, l’hôpital lui-même ou une seule personne ? Il fallait qu'il fasse quelque chose. Quelque chose qui ne soit pas stupide. Il n'eut pas le temps de bouger qu'il se retrouva avec une des infirmières blessées jetée à ses pieds. Stiles leva les yeux surpris, le tueur l'avait repéré. Il se pencha pour aider l'infirmière mais le tireur le braqua en joue lui ordonnant de rester debout. Craignant des représailles sur l'infirmière en question, il s’exécuta.

- Va rejoindre les autres sur la ligne !

En s'avançant, Stiles remarqua la longue ligne de personnes à genoux qui se trouvait sur les lieux. Il y avait parfois quelques cadavres. Il adressa un regard à l'une des collègues aide-soignante. Elle avait trois enfants à la maison. Elle ne pouvait pas mourir.

- A genoux, face à moi !

Stiles s’exécuta une nouvelle fois se demandant ce qui allait suivre. Il espérait que Judy n'avait pas bougé de la chambre. Il ne le reverrait sans doute jamais.

- Eh mais je te connais, toi !

Stiles afficha un air surpris. Il observait attentivement le visage de l'homme mais il ne lui rappelait rien. Rien du tout.

- Si, si, t'es chauffeur de taxi !

Son regard devint perplexe. Un client ? Peut être bien sauf qu'il n’exerçait plus depuis trois ans. Qui donc peut bien se souvenir d'un simple chauffeur après tout ce temps ?

- Mais si, ma grand-mère t'adorait. Tu l'aidais toujours à monter les six étages même si ça te faisait perdre du temps pour le boulot. Qu'est-ce tu fais là ? Tu es un patient ?

Un pincement au cœur. Non, ça n'était pas lui, le chauffeur de taxi;. C'était Irving. Irving qui mettait toujours plus de temps que prévu pour une tournée parce qu'il tenait toujours à rendre service aux clients jusqu'au bout. Le moins qu'on puisse c'est que la rentabilité n'était pas de mise mais Stiles ne lui avait jamais reproché. La boite marchait bien et puis il savait qu'Irving ne pouvait pas s'en empêcher. C'était une part de lui. En dépit du contexte, Stiles ne put s'empêcher de fermer les yeux à ce souvenir.
Il pourrait mentir. Cela lui sauverait peut être la vie. Mais il se refusait à utiliser les actions de son frère.

- C'était mon frère jumeau, Irving. Pour ma part, je suis aide-soignant ici.
- C'était ?
- Il est mort il y a trois ans. Assassiné.


L'homme n'ajouta rien. Pour Stiles prononcer ces mots n'étaient pas aisés. Il évitait autant qu'il le pouvait de formuler cette vérité tout comme il n'en parlait à personne. A l’hôpital, personne ne savait pour Irving. Le tireur reporta son attention ailleurs sur une autre de ses collègues.

- Ou on en était ma belle ?
- Je ... je ... ne sais pas ... je vous jure que je ne sais rien
- ARRETE DE ME MENTIR !


La jeune femme se mit à pleurer, paniquée.

- AAAHHH ! Tu as besoin que j'en tue un autre c'est ça ? Alors hein, ça serait qui ? Elle ? Elle ? Lui ? Elle ? Ou encore lui ?

Il pointa une bonne partie de la ligne dont Stiles avec son arme, en proie à la fureur et sans doute la folie. La tension était palpable. Puis les choses commencèrent à dégénérer. Prise de panique, une des victimes pointées sortit du rang. Le tireur surpris l’abattit sur le champ. Dans la panique et les cris, la ligne se défit. Les victimes se mirent à courir dans tous les sens. Le criminel se mit à tirer sans réfléchir sur les premiers venus. Instinctivement, Stiles allait se mettre derrière le comptoir, à l'abri des coups de feu. Il se trouva bien vite en compagnie d'une petite fille, sans doute présente là depuis le début. Elle ne disait rien mais ses joues étaient trempées de larmes. Comme pour la rassurer, Stiles lui parla en chuchotant.

- Ne t'inquiète pas. Je vais te sortir de là. Ca va aller.

Elle se contenta de hocher la tête.

- Tout va bien aller. Au fait, je m'appelle Stiles.
- Annie.
- Ca va aller, Annie. Tu n'es pas blessée ?
- Non, ça va.


Stiles se risqua à un sourire qu'il voulait rassurant. Il devait faire quelque chose. Cette gamine ne méritait pas de mourir, elle était bien trop jeune. Il devait faire quelque chose pour l'aider à sortir de là. Quitte à y rester. Il risqua un regard par dessus le comptoir pour visualiser la position de l'homme. Pour le moment, il était de dos mais il semblait instable, sans doute viendrait-il fouiller chaque recoin sous peu. Il ne pouvait pas le laisser la toucher. Profitant de son attention exercée ailleurs, il fit se lever la petite fille puis la fit partir vers une des chambres la suivant de près pour veiller qu'elle ne risquerait rien. Le tireur finit pourtant par le surprendre. Annie eut le temps de rejoindre la chambre mais Stiles sentit l'impact d'une balle. La première. Dans l'épaule. Se retenant de hurler de douleur, il partit vite se placer derrière le mur et s'assit. Il demanda du regard à l'enfant de fermer la porte de la chambre. Il s'attendait à voir le tueur venir d'un moment à l'autre. Le sang commençait à se déverser de la plaie. Il tentait de stopper l'hémorragie de la main puis se releva. En réponse, à la douleur, il ne put s'empêcher de penser à celles qu'Irving avait réussi dans le corps. Le souffle court, il s'attendait à être achevé d'un moment à l'autre. Le tireur vint en effet dans sa direction , il le pointa mais ne tira pas à nouveau. Il cherchait quelque chose ou quelqu'un. Pris soudain de panique à l'idée qu'il trouve la petite fille dans la chambre, Stiles prit le risque d'attirer son attention.

- Qu'est-ce que vous voulez au juste ?

L'homme se retourna automatiquement vers lui à deux pas de la chambre d'Annie.

- T'as dis quoi ?
- C'est quoi votre but là dedans ? Tuer le plus de gens possible ? Y a mieux qu'un hôpital pour ça non ?
- Tu ne sais rien de moi !
- Non en effet. Mais je doute que ta grand-mère soit fière de toi à l'heure actuelle
- NE PARLE PAS DE MA GRAND MERE !


Et le coup partit. Le second. Dans le poumon cette fois. La douleur fut bien pire. Stiles ne tint pas longtemps debout. Il s'effondra au sol, le sang continuant de couler à flots. Sa vue se troubla. Il sentit ses forces le quitter. Il allait mourir. Ici. Comme ça. En sauvant une petite fille. Il y avait pire comme raison. Un léger sourire sur ses larmes à l'idée de toucher enfin la mort du doigt et une dernière pensée.
J'arrive petit frère.

FIN DU FLASH BACK

La culpabilité du survivant. A son réveil, Stiles avait été soulagé d'apprendre que la petite fille avait survécu. Il avait pu être content de ça, au moins. Perdu dans ses pensées, il remarqua à peine la réaction d'Ethan à ce qui avait été de simples propos pour éviter d'approfondir le sujet. Il ne trouvait concevable que Stiles puisse considérer sa sœur comme une étrangère, qu'ils étaient proches à l'époque, puis il se ressaisit. Oui, ils l'avaient été. Même si elle avait sans doute été plus proche d'Irving encore. Mais il y avait son viol, le suicide de leur mère, son départ de la maison, la mort d'Irving, Joanny devenue une tueuse. Trop, trop de choses pour qu'ils puissent encore imaginer être proches comme à l'époque. Il n'y avait pas grand chose à ajouter, c'était l'évidence même.

- Les choses ont changé.

Dix longues années et Stiles avait fini par créer une distance encore plus grande. Il tenta de s'expliquer, essayant d'oublier qu'une nouvelle inquiétude qu'il ne voulait pas s'autoriser, le taraudait à nouveau. Ethan pourtant ne sembla pas accepter ses explications. Sa réaction fut sans appel et pendant un instant, Stiles fut surpris de sa vivacité. A chaque phrase, il souhaitait répondre mais il ne lui en laissait pas le temps. Le ton monta jusqu'au point culminant qui amena le jeune homme vers la sortie. Énervé à son tour, il tenta pourtant de garder un minimum de calme, espérant pouvoir enfin en placer une. Mais bordel, il croyait quoi l'autre ?

- Ethan. ETHAN.

Il écrasa sa cigarette sur le rebord de la table puis vint concentrer son attention sur le jeune homme.

- Pour qui tu me prends bordel ? T'as oublié ? T'as oublié ce que je t'ai dit que je t'ai appelé, tu crois vraiment que j'aurais pu me contenter de me servir de toi ? Je sais, Ethan, je sais que tu m'en veux pour ce que j'ai fait il y a dix ans et je suis désolé. Désolé de mettre tromper de cible. Mais bordel, elle t'aimait, Ethan ! Si j'avais pensé que quelqu'un aurait du faire quelque chose là-bas, c'était toi. Je me suis trompé, je t'en ai trop mis sur le dos et je suis désolé.

Il marqua une pause, à bout de nerfs. Deux disputes en moins de quelques jours, c'était trop dans son état psychologique. Sa voix prit un ton brisé, bien plus calme et il se retint de repartir dans l'une de ses crises.

- C'était pour lui, Ethan. C'était pour Irving. Il... il s'est avéré qu'elle avait une part de responsabilité là-dedans et ... je voulais lui en parler. Ca a mal tourné. Je l'ai renié et je suis parti. Tu n'as rien à voir là-dedans, Ethan.

Il baissa les yeux puis se mordant la lèvre, releva la tête. Il n'était plus sur de son coup mais il ne pouvait pas le laisser partir seul. Il avait beau l'avoir renié par les mots, il était clair qu'il ne pouvait pas complétement l'effacer. Il avoua sa faiblesse et se dit qu'il devrait peut être, peut être essayer. Et si elle avait réfléchi ? Et si elle avait enfin décidé de le lui dire ? Il n'avait rien dire à quoi s'accrocher de toute façon. Il s'avanca vers la porte et prit les clés. Celle de l'appartement et celle de la voiture.

- Je viens avec toi. Et c'est moi qui conduis, vu ton état, tu serais bien capable de nous ficher dans un arbre.

Il ouvrit la porte et sortit. Il attendit la sortie d'Ethan referma l'entrée avant de partir en direction du parking.
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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptySam 1 Sep 2012 - 21:58


« I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality »


Relire ce bout de papier qui n'apportait aucun soulagement, aucune satisfaction aux peines engendrées. Le vide, toujours le vide comblé par cette cigarette salvatrice, une des dernières. Le glas sonnait. Le cerveau en ébullition, il était temps d'agir. Une minute de plus passée dans cette maison, sur cette Terre, en compagnie de sa déchéance ne pouvait combler ce vide. Un objectif en vue, l'ultime. Courir jusqu'au garage pour retrouver l'objet propice à sa mission. Continuer de sa haïr tandis que le pétrole envahissait l'air ambiant. Sans savoir pourquoi, un doigt alla s'écraser contre le bouton lecture de la chaîne hi-fi. Le bidon à terre, la transe prend le dessus. L'odeur continue de se transformer, adieu la vanille sucrée, le parfum des beaux jours, l'odeur enivrante et agaçante de l'essence s'engouffrait dans tous les recoins sombres de la demeure. Rester plantée au milieu de la pièce pour oublier, oublier ce que le destin fait vivre, oublier le fardeau de la culpabilité, du regret et du remords. Trembler au rythme de la musique, geste machinale alors que le liquide s'étend sur le divan, le tapis et que la musique monte crescendo. La pièce aspergée, une trace laissée sur des vêtements passés par le temps. Revêtir son attirail pour la dernière fois. Direction la salle de bains où attend la dernière transformation, l'ultime reflet laissé par un miroir maintes fois brisé.

Toujours détester ce qui apparaît en face. Ne rien dire. Ne pas parler. Continuer ce qu'on commence. Ressortir tous les souvenirs : des boucles luisantes qui avaient autrefois été rougi par le sang de victimes cruelles et suppliantes. Ne pas y repenser. Laisser les cadavres dans le passé. Plus rien n'importait. Sortir la pince et sentir le sang qui coule. Aucun gémissement, aucun son, juste le sang qui vient maculer le lavabo autrefois si blanc. Les anneaux reprirent leur place, le reflet avait changé. Découvrir un air de tueur, redevenir le monstre. Laisser le sang couler, cela n'avait plus d'importance. Toucher la vitre, le reflet, se rappeler de ce qu'il avait été dix ans auparavant et sourire, sourire et encore sourire. Partir de cette manière, partir comme il le fallait pour effacer les traces d'actions malsaines, de meurtres malhabiles et sanglants. Marcher machinalement. Retourner au salon en riant. Ne pas sentir la douleur laissée par le perçage des zones sensibles du visage. Sentir les anneaux, les voir briller dans la lueur du jour et se sentir libre. Se sentir retourner en arrière, ne plus penser aux pertes, aux sentiments ou aux personnes que l'on laisse derrière soi. Agir. Enfin.

Les poches fouillées, savoir exactement ce que l'on cherche. Sortir les fautives, être certaine d'en finir avec ce cauchemar. Pilules blanches, d'un blanc vide et sans aspérité comme le fond d'une âme blessée, trop blessée désormais éreintée. Poser sur la table ce qui emporterait les restes d'une vie trop tranchante. Créer un cocktail mortel, la vodka destinée à accompagner ce repas morbide. Les deux protagonistes principaux désormais bien en vue, la suite vient naturellement... Ou presque.

FLASHBACK.
Londres, dix ans auparavant.

Le regard perdu au loin, la jeune Joan tentait d'imaginer le nombre de pas la séparant de sa mère qui avait mis fin à ses jours la veille. La jolie brune se posait tant de questions déjà à seize ans. Son calvaire commençait tout juste et pourtant, elle haïssait sa mère. Pourquoi abandonner ? Pourquoi l'abandonner en ne laissant sur papier que les bribes sans importance de son existence ? Une énigme de plus que l'adolescente ne pouvait résoudre désormais. Une autre quête l'attendait alors que ses côtes la faisaient encore souffrir, surtout dans le noir lorsque les cauchemars venaient l'agresser au moment où elle était le plus vulnérable. Joan ne se rappelait pas et cela la tuait à petit feu. Elle n'avait pas prononcé un seul mot au reste de sa famille depuis le fameux soir. Elle n'allait plus au lycée ou presque et regardait sa mère se mutiler sans aucune émotion particulière.
Joan tentait de comprendre, assise sur la balançoire de son jardin alors que des gens qu'elle connaissait à peine passaient à côté d'elle, lui lançant un simple « mes condoléances » avant de pénétrer dans la demeure où avait lieu la veillée. Pourquoi sa mère avait-elle attendu ce jour précis pour mourir ? Cela faisait des mois qu'elle était malade, que Joan la retrouvait dans la baignoire, ivre, à tenter de se noyer sans y parvenir.
La jeune femme n'était pas triste, elle avait abandonné l'idée même de ressentir cette émotion depuis quelques mois déjà. Comprendre, c'était tout ce qui l'obsédait maintenant que la matriarche Kellers s'était éteinte. Elle réfléchit quelques secondes en pensant à ce mot, qu'elle touchait de ses mains depuis la veille. Une énigme de plus sans intérêt. Sa mère avait été quelqu'un et maintenant qu'elle était morte, tout ce qu'elle avait été et surtout ce qu'elle avait accompli partait avec elle. Idée plaisante lorsqu'on collectionnait les braquages et autres actes indignes mais aussi loin que Joan s'en souvienne, sa mère n'était pas de ceux là... Alors pourquoi ?

FIN DU FLASHBACK.

Tout était clair désormais. La peur, la frayeur d'avoir des regrets, de rater ce que le destin avait prévu pour sa personne et surtout la peur de laisser son entourage en proie au désarroi le plus total. Sans tout cela, un être n'est plus rien, juste une coquille vide qui ne demande qu'à disparaître. Le jour où cette peur vous quitte, cela signifie qu'il est temps...

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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyDim 2 Sep 2012 - 13:54

I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality
Joan, Stiles & Ethan

La pire saloperie que puisse vous faire un cauchemar, c’est de vous donner l’illusion de sa propre conscience et de continuer à en être un !



Un grondement sourd, une déferlante de paroles, un coup porté à l'arrière de la nuque. Comme assommé par le cri qui monta dans les airs, Ethan interrompit son geste et se stoppa net. Peut-être avait-il légèrement abusé avec ses propos, peut-être que Stiles n'y était pour rien dans le fond, peut-être qu'il avait juste voulu retrouver Joan, tout comme lui, sans arrière pensée aucune. Dix années de rancœur, alimentée par le feu de l'angoisse et de l'absence venait d'éclater telle une bombe nucléaire. Champignon atomique censé tout avaler sur son passage, mais n'engloutissant en fait que sa propre raison. Ethan n'avait rien oublié de cette fameuse conversation téléphonique – chaque mot, chaque hésitation, chaque souffle était encore inscrit dans son esprit - qui lui avait semblé sortir tout droit d'un film de science-fiction. Stiles Kellers qui lui demandait de bien vouloir retrouver Joan, au bout de dix années. Joan Kellers, qui avait tout emporté avec elle ; leur raison comme leur envie d'avancer dans la vie. Toute sensation de bonheur, mais aussi de vie avait été annihilée suite à son départ. Plus qu'un grand fossé, la sensation d'être totalement vide ; chagrin harcelant son cœur, lui donnant l'impression que plus jamais il ne pourrait aimer la vie. Durant de nombreuses années, il avait cru bon de rester en mouvement constant, afin de semer ce vieil ami qui le suivait à la trace. Quoiqu'il ait pu faire ou dire, il se tenait là, toujours en retrait, en arrière plan mais pourtant bien présent – il pouvait sentir sa présence, même sans se retourner - impossible de ce débarrasser de ce chagrin qui faisait parti de lui. Malgré toute la richesse que ces voyages humanitaires avaient pu lui apporter, aucun n'avait été suffisant pour recoller la plaie béante qui lui barrait le torse. Au pays de l'agonie, nulle règle pour s'en sortir, hormis garder la tête hors de l'eau le plus longtemps possible, en espérant qu'un jour, un beau jour ce voile de chagrin se lève enfin de lui-même. Durant quelques heures, Ethan avait vraiment cru que ce vieil ami l'avait abandonné, mais c'était faux, il était toujours présent, toujours là, prêt à se rappeler à son bon souvenir à la moindre occasion, lui rappelant qu'il n'était jamais vraiment parti. Le cœur au bord des lèvres, la main en suspend dans le vide, prêt à saisir la poignée de porte et à s'envoler vers sa destinée ; intervalle où rien n'était encore joué, les dès restaient dans sa main, émettant leur bruit caractéristique, tandis qu'il ne savait pas encore de quoi serait fait le futur ; futur proche, il se pouvait très bien que dans un quart d'heure il soit tout aussi bredouille que maintenant, il se pouvait aussi que dans un quart d'heure toute cette affaire soit résolue. Son – leur – quotidien pouvait très bien basculer d'un côté ou de l'autre dans cet intervalle d'incertitude, moment de joie suprême en suspension entre deux états latents. La mâchoire crispée au possible, Ethan tenta tant bien que mal et plutôt mal que bien de reprendre le dessus sur ses émotions et de ne pas se laisser gagner par la colère. La main exagérément serrée sur la poignée de porte, il se retint de hurler après Stiles. « Non j'ai pas oublié, comment j'aurais pu oublier ? T'en vouloir ? C'est un doux euphémisme ça je crois. Tu peux même pas t'imaginer ce que c'est que d'être traité comme le suspect numéro un. Tu penses vraiment que j'aurais pu faire ça et me montrer aussi inhumain ? Tu penses vraiment que j'étais capable de l'anéantir ainsi ? Je l'aimais aussi, j'aurais été incapable de la traiter de la sorte, sauf que tu étais trop aveuglé par ton besoin de vengeance pour le voir. Désolé... tu parles ! ». D'un geste où le calme ne trouvait plus sa place, il fini par ouvrir la porte du logement du brun à la volée, se retenant de toutes ses forces de shooter dedans pour calmer ses nerfs. Que lui arrivait-il au juste ? Ce n'était pas dans ses habitudes de se comporter ainsi et de se laisser gagner par des émotions aussi primaire que la colère. Nulle expression positive ici, juste une décharge de toute cette longue étendue de rancœur qui avait un peu trop eût le temps de s'auto-alimenter durant ces dix dernières années.

Entre incompréhension et énervement palpable, Ethan n'arrivait pas bien à saisir où voulait en venir Stiles. Que venait faire Irving dans toute cette histoire ? Etait-il en train de lui dire que Joan était responsable de la mort de son propre frère ? Comment était-ce seulement possible ? Véritable mystère qui méritait d'être éclairci, mais sûrement pas maintenant, sûrement pas dans son état, comme venait de l'indiquer l'homme qui lui faisait face. Le Londonien n'était pas sûr de pouvoir encaisser les révélations de Stiles, il préférait rester dans l'ignorance encore un peu, savoir que tout était possible, se voiler la face encore quelques instants. Chaque humain possède sa part d'ombre, un côté sombre, tout un chacun est capable d'actes inhumains et dégradants. Ethan voulait juste conserver encore un peu l'équilibre de ce moment d'incertitude, dans lequel il était en train de nager. Se dire que Joan avait quelque chose à voir avec tout ça était trop douloureux. Le blond ne trouva rien à ajouter tandis que Stiles partait en direction du parking. Mettant son cerveau sur le mode veille, il grimpa en voiture et s'installa sur le siège passager. Les quelques minutes que durèrent le trajet semblèrent s'étirer à l'infini, comme si les minutes s'égrenaient au ralenti, dans un dernier pied de nez à toute cette grande mascarade. Parce que c'était ça leur histoire, une grande mascarade et rien d'autre, ou chacun était un domino, prêt à faire basculer l'autre dans une abîme sans fond. Le paysage de Detroit défilait de l'autre côté de la vitre, faisant accélérer un peu plus son rythme cardiaque au fur et à mesure des mètres parcourus. Toujours persuadé que ce silence voulu venait de lui, Ethan serra le poing, se retenant de craquer aux côtés du grand frère de son grand amour. Son cœur manqua d'imploser dans sa cage thoracique, alors que le véhicule se garait près de l'habitation de la jeune femme. Tout était silencieux dans la rue, pas un chat ne traînait dehors. Une légère brise vint leur ébouriffer les cheveux quand ils foulèrent de leur pas l'allée menant jusqu'à la maison. La gorge nouée, au bord de la syncope, l'éducateur trouva tout de même la force de frapper contre l'obstacle en bois le séparant de Joan. Une première tentative, où seul l'écho du silence leur répondit, une seconde pas plus fructueuse, puis une troisième où l'angoisse éclata dans sa bouche, lui laissant un goût odieux, celui de la panique. Panique lui criant que ce n'était pas normal, que quelque chose était en train de se produire ou s'était produit. Nouvelle sensation de déjà vu. Inexorablement, cette scène le renvoya pas loin de dix années en arrière, alors qu'il s'évertuait à cogner comme un damné contre la porte d'entrée de Joan. Personne, il n'y avait plus personne à l'intérieur, elle était parti, sans laisser de traces. Ce n'était pas possible que l'épisode se répète à nouveau. Frappant de plus belle, avec l'énergie du désespoir, il s'entendit hurler : « Andy, Andy, ouvre... s'il te plais... ouvre ! ». Après avoir adressé un regard rempli de tristesse à Stiles, il s'avança vers la fenêtre la plus proche, celle donnant sur le salon. Scrutant l'intérieur de la pièce, c'est alors qu'il su ce qui était en train de se tramer. Une colonne de feu partait du canapé et commençait à monter sur un pan de mur au fond de la pièce. « Put... MERDE ! », d'un geste mécanique il se tourna vers Stiles et hurla presque : « Stiles, il faut qu'on ouvre cette porte et en vitesse, le salon est en train de flamber ! »
Namy
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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyDim 2 Sep 2012 - 14:14


« I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality »


Sourire retrouvée, regarder en face son œuvre, l'odeur de pétrole titillant des narines trop inquisitrices. L'alcool, la drogue, le feu, une mort à la hauteur des souffrances perpétrées autour de soi, le feu détruisant chaque particule de chaque action morbide effectuée au cours des années. Boire une gorgée du breuvage. Se brûler de l'intérieur avant de s'attaquer à l'enveloppe corporelle. Avaler non pas une mais une poignée de cette drogue salvatrice puis une autre gorgée d'alcool. Répéter le schéma jusqu'à ce que le cerveau divague. Il est temps de mettre la machine en marche.
Prendre la dernière cigarette du paquet. L'admirer alors que les yeux tournent dans leurs orbites tentant de digérer le mélange de substances mortelles. Le briquet actionné, sentir le feu brûler des doigts autrefois si raffinés. Une fumée légère puis un rouge flamboyant alors que la drogue se collait à des lèvres tentatrices. Respirer pour l'ultime fois cet air pollué. Sentir les poumons s'affoler sous le poids lancinant des rafales mortelles de poison. Retirer l'arme de sa bouche puis contempler le sol détrempé avant de lancer la bombe. Observer l'embrasement du tapis : les flammes qui s'élèvent, qui se rapprochent du corps enchevêtré sur le divan imbibé. Boire encore et sombrer, enfin sombrer. Sentir la chaleur vous envahir, sentir le feu qui vous rappelle à lui mais ne pas avoir mal. Ne plus avoir mal. Se consumer sans en avoir conscience. La jouissance à l'état pur. Enfin...

Après tant d'années de bataille, le corps de Joan Kellers abandonnait le combat ? Son cœur battait de plus en plus lentement, son pouls ralentissait et le feu allait la ronger mais elle s'en fichait. Son esprit voyageait dans les limbe. Contrairement à ce qu'elle avait imaginé, aucun tunnel ne vint l'accueillir. Elle vit seulement de la lumière puis des souvenirs, des occasions ratées, un destin qui n'était plus le sien.
Elle était avec Irving au marché et son frère lui avouait qu'il bâtirait sa vie pour la voir sourire comme cela à nouveau. Il venait de lui acheter un simple ballon de baudruche mais la jeune Joan ne l'écoutait pas. Elle préférait courir partout en lui posant toutes sortes de questions sur l'avenir de ce ballon lorsqu'elle le laisserait s'envoler de ses propres ailes. Irving haussa les épaules en signe d'ignorance et l'enfant tenta l'expérience, le ballon s'élevant haut dans le ciel pour ne plus jamais atterrir des cieux qui l'attendait.
Joan laissa Irving derrière elle et se retrouva dans les bras réconfortants de sa mère un soir de Noël. Elle lui avait tricoté une nouvelle écharpe pour l'occasion et l'invita à parader telle une mannequin devant le reste de la famille. Joan s'exécuta sans broncher, un sourire malicieux s'élargissant sur son visage. Elle vit alors et finalement sur le visage de sa mère un regard de fierté, de l'amour à la force la plus pure jamais connue et qui puisse exister.
Un autre regard vers le fenêtre et Joan se retrouvait dans le jardin à jouer au ballon avec son père. Celui-ci vantait les talents de gardien de but de son unique fille, espérant qu'elle conserverait toute sa vie cette hargne, cette ambition à toute épreuve. Il était persuadé qu'elle ferait son plus grand bonheur par sa simple présence à ses côtés. Joan courut dans ses bras, scellant cette promesse par un bisou sur la joue râpeuse de son géniteur. Celui-ci lui murmura un simple je t'aime, une des déclarations les plus nobles et réelles que Joan ait pu connaître et la voilà qu'elle partait pour la fête foraine, Stiles sur ses talons.
Elle venait de voler lâchement son vélo pour aller plus vite, désespérée par les mouvements lents de son frère. Il courait derrière elle, proférant des menaces en l'air. Joan se détourna pour rire de son air agacé mais ne vit pas l'obstacle sur son chemin. Elle se retrouva bien vite à terre, le visage de l’aîné au dessus d'elle. Paniquée, Joan se renseigna sur son châtiment et sur la possibilité qu'il puisse un jour lui pardonner de sa bêtise. D'abord muet, Stiles finit par la soulever de terre avant de sourire devant le visage égratigné de sa jeune sœur. Il conclut qu'il lui pardonnerait toujours pour tout, elle, sa sœur adorée.
Un dernier regard partagé puis Joan, désormais adulte, s'envola vers les bras d'Ethan. Étrange sensation que les papillons qui déferlèrent au creux de son ventre alors qu'elle croisa le regard de son amour de jeunesse. Elle était chez elle, elle était guérie finalement. Elle osa poser son regard alentour et découvrir la bâtisse dont elle avait toujours rêvé. Des couleurs vives et chaudes, de l'espace à n'en plus finir, un sentiment entier de plénitude vint frapper son cœur, jusque là meurtri. Elle se concentra de nouveau sur Ethan, partageant avec lui un bonheur sans limite. Être enfin complète, enfin libre et pouvoir enfin poser ses lèvres sur les siennes sans avoir peur qu'il disparaisse à jamais. Joan se détacha lentement de son emprise, un sourire monopolisant toujours ses lèvres. Elle prit finalement le chemin de la porte et se retourna une ultime fois alors que sa main atteignait la poignée. « Je suis enfin quelqu'un et c'est grâce à toi Ethan Sanders. » Elle posa sa main sur son ventre tout en laissant la larme de bonheur couler le long de sa joue. Un coup donné par le jeune être qui grossissait en elle, Joan comprit, à travers le regard scintillant de l'amour de sa vie, que plus rien ne l'atteindrait jamais. Enfin libre, enfin heureuse, Joan se détourna et ouvrit la porte...

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Stiles C. Kellers

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Stiles C. Kellers

AGE : 34
NOMBRE DE CONTACTS : 217
ANNIVERSAIRE : 15/10/1990
EN VILLE DEPUIS LE : 21/07/2012
AVATAR : Jake Gyllenhaal




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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyDim 2 Sep 2012 - 19:58

La culpabilité. Au delà même du chagrin, c'était ce sentiment qui dominait Stiles et toute son existence. N'avoir pu empêcher ce monstre de détruire Joanny, n'avoir pu empêcher sa mère de se suicider, n'avoir pu venger Joanny, avoir agi de façon presque monstrueuse contre des personnes innocentes par le biais des mots, n'avoir pu sauver Irving, n'avoir pu rendre Ivy heureuse, ni même Peter, n'avoir pu sauver son père, n'avoir pu sauver tous ces gens venus lui confier leur vie dans l'espoir qu'il puisse leur rendre la vie face à la fatalité. Ce sentiment écrasant, ce poids qui vous compresse le coeur au point que vous vous sentez agoniser. Ces erreurs que l'on ne peut rattraper. Toutes ces raisons qui vous disent que l'humanité se porterait mieux si vous étiez mort, que sans vous les choses seraient tellement plus simples, tellement plus belles. Chaque erreur est alors comme un coup de poignard. Celui que l'on plante profondément dans le corps de sa victime pour la regarder agoniser avec un sourire malsain. La culpabilité n'est pas un sentiment que l'on peut omettre. Elle est là bien vivante, s'insinuant dans chaque parcelle de votre corps, de votre âme, vous rappelant sans cesse qui vous êtes, ce que vous avez fait, vous empêchant de fuir. Et lorsqu'elle se mêle à l'amour, elle vous réduit le coeur en miettes, compresse chaque morceau comme du cristal que l'on broie sous vos yeux. Alors vous hurlez, vous frappez dans ce qui vous tombe sous la main, vous suppliez, vous êtes prêts à vous arracher le coeur et chaque parcelle de peau qui vous retiennent pour l'atteindre. Se tailler les veines, boire jusqu'à la chute, se laisser mourir et tenter de se racheter. Encore et toujours. Faire ce que l'on croit juste, se donner corps et âme pour payer sa dette. Mais ça ne suffit pas. Ca ne suffit jamais. Alors quoi ? Que faire, que donner ? La mort apparaît souvent comme la solution rêvée. Celle qui résout tous les pêchés, celle qui donne raison aux détracteurs. Mais le suicide était-il pourtant le mieux ? Pour certains, la souffrance engendrait par la vie est une bien meilleure vengeance, la lente agonie jusqu'au jour propice. Celui que l'on souhaite plus que tout le moment venu parce que la vie elle-même n'est plus supportable. Ce long jour où la fatalité accepte enfin d'accéder à votre requête, parce que ce jour-là, vous avez tellement souffert que plus rien, plus rien ne peut être pire que la mort. Et l'on vous emporte enfin. La maladie, les accidents, parfois même la torture. Le prix d'une vie faite d'erreurs et d'échecs. Le prix de la culpabilité.

Mais il existe pourtant parfois autre chose. Une chose que les coupables ignorent parce qu'ils ne peuvent se détacher de leurs sentiments. Ils continuent de ressentir intimement chacun de leurs crimes, chacune de leurs erreurs. Ils se contentent d'exercer des supplications jusqu'à choisir la solution de facilité. Elle n'est pourtant pas la seule. Il s'agit plus d'émettre des regrets mais de les accepter. Il ne suffit plus de supplier mais de réaliser que l'on vous en doit aussi. La seule véritable culpabilité qui existe est celle de vivre. Peut-on pour autant se le reprocher ? Avons-nous en effet décidé de vivre, de venir au monde ? Savions-nous le jour où nous avons ouvert les yeux au monde pour la première fois que chacune de nos actions seraient des erreurs, que le véritable bonheur n'existe pas, que la vie parfaite est un mythe qui ne sera jamais vrai. On peut se battre, on peut lutter, rien n'est parfait. Rien n'est jamais totalement beau. La mort fait partie de la vie au même prix que la souffrance. La vraie question est alors que vaut la vie si l'on connaît pas la mort. Que vaut le bonheur si on ne sait pas le reconnaître, que vaut une vie parfaite si l'on ne connaît pas l'imperfection. Ce sont nos erreurs qui font ce que nous sommes, ce sont les erreurs de la vie qui font que nous en connaissons la valeur. Et le jour, le jour où l'on comprend que l'on ne peut pas être coupable de tout, le jour où l'on comprend que l'on est pas le seul coupable dans l'histoire, que parfois nos gestes ou nos mots ne peuvent rien, une fois que l'on accepte la fragilité de la vie, la mort, les erreurs que l'on trace. Ce jour-là, on touche du doigt la liberté. La vie, la vraie. La culpabilité devient alors secondaire parce qu'elle est naturelle. Une partie de nous comme notre générosité, notre culpabilité émotionnelle est alors devenue la preuve de notre humanité. Et la preuve que nous sommes humains signifie que nous méritons de vivre, que notre culpabilité ne doit pas nous soustraire à la liberté, que nous ne sommes pas des monstres, juste des êtres vivants. Des humains qui n'ont pas à se sentir coupables de vivre, parce que c'est ainsi que ça doit être.

Le réaliser pourtant n'est pas toujours évident. Cela n'arrive parfois même jamais. Pour Stiles, cette révélation était encore lointaine. Quelque chose pourtant l'empêchait de venir à bout de son existence. La fatalité ou bien son inconscient. Le bord du gouffre et l'hésitation à sauter. On se cache derrière des principes mais au final, ils n'ont pour autre origine que notre conscience profonde. Pour l'heure encore, il était dévoré. Dévoré de culpabilité pour l'homme qui se trouvait face à lui. Il n'avait pas su, pas réalisé. Un euphémisme. Oui sans doute. Mais que dire d'autre ? Que dire hormis le pire ? Son regard se fit embué. Faire face à une autre de ses victimes avait quelque chose de déchirant. Il revoyait toutes les autres. Le regard vide de Joanny, les yeux sans vie de sa mère, le regard figé dans la mort d'Irving, le dernier soupir de son père. En premier lieu, il avait choisi de s'énerver mais en réalité, il n'en ressentait plus l'envie. La lâcheté le reprenait à nouveau, il avouait sa faiblesse. Le poids de la vie lui pesait toujours plus lourd. Quand cesserait-elle d'être ? Sa voix se fit lente, bien plus calme. Il n'exigeait plus le pardon, il avait appris à vivre sans, persuadé de ne pas le mériter.

- Je sais que tu ne me crois pas. Je l'accepte. Rassure-toi, ma mort n'est plus qu'une question de temps. Mais je n'en suis pas encore là. Sache juste que je suis sincère que je te dis que je suis désolé. Crois-toi que j'ignore ce que c'est d'être considéré comme le coupable. Je l'ai découvert trop tard c'est vrai mais je le sais, Ethan. Je le sais, parce qu'on prit pour un meurtrier. L'amour nous puisse parfois à faire des choses extrêmes, ne me dis pas que tu l'ignores. Cette vengeance, c'était pour ne pas admettre ma propre culpabilité. Je suis navré que tu aies du en subir les conséquences. Crois-le ou non.

Il n'ajouta rien de plus puis prit lui aussi la direction de la sortie jusqu'au parking. Il démarra le taxi avec le geste de l'habitude. Il était tellement amené à conduire qu'il le faisait sans être nécessairement concentré sur sa tâche. Il n'avait jamais eu à déplorer de réels accidents et en dépit du reste, les trajets le maintenaient étrangement éveillés, sans doute encore cette angoisse de trouver le taxi d'Irving sur le bord de la route, son cadavre au sol. Le trajet se fit en silence et le temps parut s'étirer à l'infini. Il ne pouvait s'empêcher de penser à cette nouvelle rencontre. Une nouvelle confrontation sans doute.
Tu n'es plus rien pour moi désormais. Tu n'es plus qu'un obstacle.
Ces coups lançaient à la manière de balles que l'on tire avec une précision meurtrière. Le recul les rendait encore plus froids et amers. Maintenant qu'il avait accepté que sa tentative avait échoué, il ne pouvait s'empêcher de ressentir à nouveau la culpabilité. Quel frère peut dire de telles horreurs à sa soeur ?
Va en enfer !
Les mots de la colère, les mots du désespoir. Il avait frappé bien trop fort pour la silhouette qui avait été en face de lui. Pourrait-elle les lui pardonner ? Sans doute que non. Il devrait vivre avec cette culpabilité aussi. Comme avec toutes les autres.
Pardonne-moi Joanny.
Il connaissait la raison qui l'avait poussé à agir ainsi et malgré tout, il ne réussissait pas à lui pardonner cette trahison mais il avait peut être agi de la mauvaise manière. En l'accusant d'entrée de jeu, il l'avait placé en adversaire et non pas en possible allié. Pourquoi aurait-elle accepté de l'aider ? Il devait s'accuser et tenter une autre chance. Faire un pas en avant.
Pourquoi je fais toujours tout de travers Irving ?
Il finit par arriver à destination et se gara dans l'allée. La brise soufflait, changeant de l'ambiance étouffante qui avait régné dans la voiture pendant les derniers kilomètres. Ethan fut le premier à frapper à la porte. Une fois, deux fois, trois fois. Pas de réponse. Stiles se retint d'agir à son tour, s'impatientant. La dernière fois, Joanny était déjà là à cette heure. Elle était absente ou bien refusait de répondre mais un effroyable doute commença à s'insinuer dans son esprit. Ethan partit en direction d'une fenêtre pour observer l'intérieur. Nerveux, Stiles attendait toujours même si quelque chose qu'il ne saurait définir le perturber outre-mesure. Il réagit au cri d'Ethan, ne se faisant pas prier quand la suite intervint.
Oh putain, Joanny, tout mais pas ça !
Il donna un premier coup d'épaule contre la porte.
Une silhouette au sol sans vie.
Un autre coup, à s'en déchirer l'épaule.
Irving pleurant à côté. Non !
Encore un coup, comme si la douleur ne comptait pas.
Parvenir à ses côtés et voir la scène.
La porte commença à craquer sous les coups. Plus qu'un.
Découvrir le corps de sa mère, livide.
Le dernier coup.
Découvrir le regard d'Irving et comprendre.
La porte céda et les deux hommes parvinrent enfin à entrer à l'intérieur. La fumée vint aussitôt le prendre à la gorge. Il manqua de s'étouffer puis resta soudain figé. Vision d'horreur. Spasme de douleur. Les genoux qui tombent sur le sol. Un cri de douleur étouffait par le crépitement des flammes. Des larmes qui vinrent aussitôt envahir ses yeux. Un autre cri, puis les jambes qui acceptent de fonctionner. Braver les flammes et la rejoindre. Lui hurler de survivre, de se réveiller, de ne pas mourir. Souffrir de voir les mutilations sur son visage. Irving. Joanny. Tâter son corps pour tenter de déceler un dernier espoir. Accepter la brulure qui menaçait dans sa gorge. Plus rien ne comptait. Plus rien hormis la silhouette face à lui. Un échec. Encore un. Une nouvelle mort. La douleur insupportable qui donne envie de se laisser tomber dans les flammes.

- JOANNY !

Non. Non. Non. NON ! La souffrance marqué sur le visage. La culpabilité qui vous assomme. La fin de l'humanité. La folie. La perte de raison. La fin de la réalité. Le désespoir. La nuit.
Puis l'espoir. Le minuscule espoir. Un battement. Un battement de cœur sous ses doigts. Manquant d'étouffer, il se tourna aussitôt vers Ethan.

- Ouvre les fenêtres ! MAINTENANT ! OUVRE !

Il se retourna vers Joanny puis commença à réfléchir, à réaliser. Elle n'était pas morte. Pas encore. Il pouvait la sauver. Il pouvait la sauver, elle. Au moins, elle. Il le pouvait. Il allait le faire. Il ne cesserait pas avant de la voir revenir à la vie. Il réalisa soudain qu'il était encerclé de flammes. Il en fut gêné.

- IL FAUT QU'ON ARRÊTE CE FEU ! ON NE POURRA RIEN FAIRE AUTREMENT. ELLE EST EN VIE ETHAN, ELLE EST EN VIE

Et je vais la sauver.
Il souleva le corps de Joanny du canapé et l'amena plus loin dans la pièce, là où il aurait plus de chances de la sauver sans la voir partir en flammes avec lui. La panique menaçait toujours son esprit, ses gestes étaient faux, imprécis. Il s'arrêta soudain. Les minutes défilaient sans que rien de ses actions ne fussent efficaces. Il faisait tout de travers. S'il ne ressaisissait pas, il ne pourrait pas la sauver. Il ne pouvait pas se le permettre. Il ferma les yeux une seconde. Il devait reprendre ses esprits. Il avait le pouvoir de la sauver, il le savait. Il le ferait. Il n'avait pas droit à l'erreur. Plus maintenant.
Prenant une grande inspiration, il vida son esprit pour se concentrer à son seul objectif. Quand il les rouvrit, ce fut pour analyser la situation de façon objective. Il observa les marques de sang sur son visage mais ça ne pouvait pas être ça la cause. Il se leva d'un bond, cherchant un indice, quelque chose sur quoi travailler. Puis il les vît. La bouteille. La boite. Il jura intérieurement puis revint aussitôt vers elle. Il devait faire vite. Dieu seul sait depuis combien de temps, elle était comme ça. Sa vie ne tenait plus qu'à un fil. Un fil qu'il devait maintenir. A n'importe quel prix. Il allait braver la mort. Non pas pour lui, non plus pour lui. Pour elle. Seulement pour elle. Sa soeur. Sa petite soeur. Elle allait vivre et il allait y veiller.

- Si tu crois que je vais te laisser mourir. Tu t'es trompée sur mon compte, Joanny. Tu croyais vraiment que je ne reviendrais pas. Tu as oublié, comment j'étais on dirait. Têtu comme une mule, pas vrai Irving ?

La culpabilité. Ce sentiment qui nous oppresse au point de nous empêcher de vivre. De nous faire souhaiter la mort plus que tout au monde. Ce sentiment qui nous ramène à la faiblesse de notre humanité, à la mauvaise part de notre existence. Le jour où l'on comprend son origine, on réussit à l'affronter. On réussit à se rappeler pourquoi vivre, pourquoi sombrer. On se rappelle alors qu'on est plus seuls dans le monde. Que l'amour vaut plus que la force d'un sentiment destructeur. On s'accroche alors à l'espoir. Et on survit, on touche au bout. Le bout de notre existence.

- Reste avec moi, Joanny ! Reste avec moi !

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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyLun 3 Sep 2012 - 16:46

I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality
Joan, Stiles & Ethan

La pire saloperie que puisse vous faire un cauchemar, c’est de vous donner l’illusion de sa propre conscience et de continuer à en être un !



Comme dans un mauvais film où le scénario est déjà couru d'avance, Ethan vit la scène défiler au ralenti. Le bruit de ses pas qui foulaient le gravier de l'allée parvinrent en décalage à ses oreilles, incapable de réagir pour le moment, trop choqué par cette colonne de feu montant dans le salon il vît sans le voir Stiles s'agiter après la porte d'entrée. Une fois, deux fois, trois fois, attente interminable du prisonnier condamné à mort. Reprenant soudainement ses esprits, Ethan vint prêter main forte au frère de Joan. Un craquement sinistre accompagna l'ouverture de la porte. Ouverture sur le monde de son amour de jeunesse, un monde qu'elle avait construit à son image. Un monde fait de douleur et de noirceur, ou l'oxygène mais aussi toute parcelle de vie semblait s'être éteinte. Un cri, un seul, lui déchira les entrailles. « ANDY ! » Tableau digne de l'apocalypse, un véritable blasphème qu'elle avait fait à elle-même. Les flammes en guise de bienvenue, une épaisse fumée s'échappait du canapé et des murs se consumant. Air lourd et difficilement respirable, qui les firent presque aussitôt suffoquer. Au milieu de cet enfer - parce que oui c'était bel et bien l'enfer à l'intérieur de la maison - le corps de Joan inerte, le visage en sang. Une image qui les hanteraient à coup sûr jusqu'à leur dernier souffle. Tirant sur son T-shirt pour se couvrir le nez et la bouche, le blond suivit Stiles. Ne surtout pas penser au pire, ne surtout pas penser au pire. Mettre son cerveau hors tension et se contenter de suivre les ordres du brun. Abandonnant Stiles auprès de Joan, il ouvrit rapidement la première fenêtre, puis la seconde. Un courant d'air, une flammèche vint lui chatouiller les pieds. Mauvaise idée. Jurant intérieurement contre lui, Ethan referma l'une des fenêtres du salon et évita de justesse une autre flammèche. « JE VAIS VOIR CE QUE JE PEUX TROUVER POUR ARRETER CA ! ». Les yeux qui piquent, la gorge qui brûle, horrible impression d'avoir le visage en feu, mais il devait tenir bon, pour elle, pour Stiles, mais aussi pour lui. « L'amour nous pousse parfois à faire des choses extrêmes, ne me dis pas que tu l'ignores », non il ne l'ignorait pas. « Elle est en vie, en vie ». Avec une vivacité dont il ne se serait pas cru capable, il couru jusque dans la cuisine, il devait forcément y avoir un seau quelque part. Fouillant à toute vitesse et sans douceur aucune dans les placards, jetant tout au sol, il se demanda pourquoi ? Pourquoi cet acte, pourquoi ce besoin de théâtralité ? Pourquoi cet appel au secours entendu trop tard ? Il ne trouva pas de réponse tandis qu'il mettait la main sur le St Graal, d'un contenant tout à fait ridicule. Tant pis, il n'avait rien d'autre sous la main et certainement pas le temps de chercher s'il y avait un extincteur dans les parages. L'eau coulait dans le seau alors qu'il pestait contre le débit bien trop faible selon lui. « Vite, vite vite, bon sang, saloperie ! ». Une première gerbe d'eau sur les flammes qui n'eût pas plus d'effet que s'il avait pissé dans un violon. Gestes répétitifs, mécaniques. Un deuxième seau, puis un troisième. L'air lui manquait, au bord de la marasme, il s'acharnait encore et encore, tandis que les flammes gagnaient encore de l'ampleur. C'est alors que ce qui ressemblait à un jerrycan entra dans son champ de vision. Inutilité de l'eau contre ce type de combustible, merci les formations incendie dispensées dans certains établissements pour lesquels il avait travaillé. Il lui fallait une couverture ou n'importe quoi pour recouvrir ce maudit feu qui allait tous les engloutir.

Crachant presque ses poumons, il grimpa à la volée les quelques marches le séparant de l'étage, se rendit dans la chambre de son grand amour et s'empara de la couette se trouvant sur le lit. Un flash, le souvenir de cette soirée qui avait laissé dans son esprit une cicatrice indélébile remonta à la surface avec force. Joan pendue à son cou, lui faisant promette de ne jamais partir. Vision qu'il essaya de repousser, mais une autre un peu plus tenace le frappa de plein fouet. Le temps se figea durant quelques instants ; instants où ils avaient tous les deux quinze ans, où ils se souriaient, où Joan n'avait pas perdu son innocence, où il n'était pas rongé par le poids du remord. Instants où la vie était encore pleine de promesses. Une larme roula sur sa joue au moment où il revint sur terre. L'odeur âcre de la fumée, le crépitement des flammes, les cris de Stiles ; au cœur du propre enfer de Joan, il s'activa de nouveau pour trouver d'autres couvertures. Il fini par tomber sur des draps, des serviettes. Les bras chargés il redescendit, la tête commençait à lui tourner sérieusement. L'énergie du désespoir s'était emparé de lui, il n'osait pas regarder du côté de la jeune femme et de son frère. Tout en recouvrant du mieux qu'il pouvait le canapé, le sol et tout ce qui tombait sous sa main, Ethan se demanda dans un effort désespéré de compréhension ce qui avait poussé Joan à ce geste mystérieux, presque mystique, difficilement prévisible ou repérable. Il n'arrivait pas à définir s'il la trouvait courageuse ou bien lâche. Ni l'un ni l'autre sans nul doute. Une trop grande détresse, un destin brisé bien trop tôt, une décision désespérée en réponse à une impasse. Le recours ultime pour échapper à l'insupportable. Retenant un sanglot avec peine, le Londonien se dirigea à nouveau vers la cuisine pour humidifier les derniers linges qu'il avait encore sur les bras. Son regard fût attiré par un objet qu'il n'avait pas repéré lors de son premier passage sur les lieux. Un bout de papier blanc, trônant là sur le plan de travail, un stylo posé dessus. Sans savoir pourquoi, cette feuille l'attira dans un sentiment primitif, comme une évidence, la peur éclata dans sa cage thoracique, répandant un goût amer dans sa bouche, mais aussi dans chaque parcelle de son être. Un œil furtif à l'objet en question, en diagonal il survola la feuille, ses yeux se posèrent alors sur les dernières lignes. « Je t'aime, Ethan. Je vous aime tous les deux. Vivez, c'est tout ce qui m'importe maintenant... Joan. ». Mécaniquement, tel un robot bien huilé, il plia dans un geste fébrile la feuille en quatre. Plus rien, il ne ressentait plus rien. Trop anesthésié par la douleur qui le rongeait et par la peur de la perdre définitivement. La main tremblante, il glissa les mots d'adieux de Joan dans la poche de son jean. En revenant dans le salon à toute vitesse, il lança les draps humides sur les flammes, les dégâts étaient trop importants, à lui seul il ne pouvait plus faire de miracle. Il était impératif de sortir au plus vite de la bâtisse avant de succomber aux fumées toxiques. Se couvrant toujours du mieux qu'il pouvait le visage, il hurla : « STILES ! », il vint se placer à ses côtés, en s'accroupissant. « Il faut qu'on sorte d'ici et en vitesse, on va tous y passer si on reste ici quelques minutes de plus ! On peut la soulever ? Elle... est-ce qu'elle est toujours en vie ? », demanda-t-il avec la voix brisée, n'osant regarder l'étendue des dégâts infligés à ce visage si parfait.
Namy
Code by Anarchy
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Stiles C. Kellers

WELCOME TO DETROIT
Stiles C. Kellers

AGE : 34
NOMBRE DE CONTACTS : 217
ANNIVERSAIRE : 15/10/1990
EN VILLE DEPUIS LE : 21/07/2012
AVATAR : Jake Gyllenhaal




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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyMer 5 Sep 2012 - 21:03

Agir. Sauver des vies. Faire son métier. Travailler dans l'urgence. Prendre des décisions. Administrer la dose parfaite. Ne pas regarder les plaies. Ne pas ressentir la douleur. Ne pas ressentir. Analyser la situation. Changer de direction. Élaborer une théorie, une stratégie. Et ne plus penser, ne plus réfléchir. Laisser agir les réflexes. L'instinct de survie. La conscience de l'unique chose valable à l'instant présent. La survie.

Courir. Ne pas écouter les voix qui vous disent de ne pas bouger. N'écouter que sa propre voix et affronter le visage de la mort qui se présente à vous.

FLASH BACK
Londres, 2008.

Le bout du tunnel. Puis la chute.
Maintenant que la colère avait été déversée, que la vérité avait été affrontée, que la douleur avait repris sa place, meurtrissant chaque recoin de son corps et son âme, Stiles était enfin sorti de chez lui. Suffisamment tôt pour assister à la mort de la compagnie qu'il a fondé avec tant d'espoir au côté de son frère. En dépit d'une forme de culpabilité, ce fut plutôt le soulagement qui avait primé. Il ne voulait pas retourner dans ces lieux, où il savait que le sourire de son frère, viendrait le hanter à chaque détour. Il se retrouvait pourtant sans emploi. Bien qu'il n'ait pas renoncé à fuir la vie, il devait tout de même exercer quelque chose. Un moyen financier, une occupation pour ne plus penser sans arrêt, ni temps mort. Rien ne trouvait grâce à ses yeux, tout comme il ne trouvait grâce aux yeux de personne. Ses semaines de léthargie se lisaient sur son visage et la confiance n'était pas vraiment de mise. Parcourant une nouvelle fois les rues sans but précis, il était tombé alors sur un convoi. Un sourire sans joie sur les lèvres et un bref passage à l'appartement plus tard, il se retrouvait dans le centre de recrutement des forces armées britanniques. L'entretien avait apparu plutôt concluant mais le reste n'offrit pas le résultat espéré. Sans plus d'espoir, il fut recalé. Une nouvelle chute.
Puis une nouvelle journée. Les rues, sans destination, ni but. Juste marcher, respirer. Il aurait voulu mourir avec honneur, il mourait seul. Si tel était le choix. Il s'assit sur un banc. Se recroquevilla sur lui-même. Ne bougea plus. Ne pleura même pas. Il avait trop pleuré. Il tentait juste de contenir la douleur oppressante que représente l'absence de son frère à ses côtés. Se faire à l'idée que plus jamais il n'entendrait le son de sa voix, le son de son rire. Qu'il ne reverrait plus jamais son regard, ses yeux rieurs tentés de mélancolie, hantés parfois par les mauvais souvenirs de leur passé mais toujours, toujours cette forme d'espoir. Il était mort avec Irving. Depuis qu'Ivy l'avait sorti de sa léthargie, il n'avait de cesse de se poser toutes les questions qui restaient encore sans réponse. Il n'avait rien. Pas d'indices, aucun élément de réponse. Rien qui ne pouvait expliquer qu'on avait pu faire ça à quelqu'un comme Irving Kellers. La seule explication possible était alors celle d'un fou. Un paranoïaque atteint d'une maladie mentale effroyable au point de lui faire perdre le contrôle du monde et de la réalité.
Il resta ainsi à ressasser sans répit jusqu'à ce qu'autre chose vienne retenir son attention. Depuis combien de temps était-il là ? Il était difficile de se prononcer mais ses muscles s'étaient enchylosés et la douleur physique devint alors bien réelle. Pourtant au sortir de sa léthargie, il pouvait saisir la situation qui se profilait autour de lui, une situation de panique. Des cris, des sons d'alarme, des pleurs, des hurlements déchirants. Puis la sensation de s'étouffer. La fumée. L'air toxique. Les flammes. Les flammes semblaient dévorer une maison à tout juste cent mètres de lui. Lentement, il s'approcha de la scène, tenta de saisir l'objet de cris puis il comprit. Il restait quelqu'un. Quelqu'un à l'intérieur de la maison. En proie aux flammes. A la mort. Par brulure ou asphyxie.
Il oublia la douleur, il oublia la peur. Cette dernière avait cessé d'exister depuis la mort d'Irving. Il s’élança. Vers la maison, vers les flammes, vers la fournaise et le reflet de la promesse d'une mort certaine. Les cris n'avaient aucun importance. Seul ce qui se trouvait face à lui comptait. Et pour l'heure c'était la mort. La mort personnifiée en un feu ardent et destructeur. Molly. Le nom lui apparut après avoir entendu tous les cris. Il cria alors à son tour, tentant d'avancer dans la fournaise. Ne se fier qu'à son instinct. Ne pas réfléchir. Juste continuer, toujours et survivre. Survivre pour atteindre son objectif.

- MOLLY !

Les sentiment qui commencent à reprendre le dessus. Et si ? Et si elle était déjà morte ? Et s'il se trompait de direction ? Et s'il n'arrivait pas à temps ? Il était alors doté d'une seule certitude. Il ne ressortirait pas de là sans elle. S'il ne pouvait la sauver, il resterait mourir dans ses murs qui menaçaient de s'effondrer. Il commençait à le penser même en continuant les recherches mais l'espoir commençait peu à peu à s'éteindre. Et puis non. Un son, une voix peut être. L'attention qui ressurgit. Un nouvel appel. Une attente sans fin puis une réponse, enfin. Se fiant à ses sens, Stiles suivit le son de la voix tout en continuant de l'appeler. Un escalier. Une chute manquée. Une brulure superficielle. Arrivé à l'étage, il fouilla les lieux, les pièces et finit par la trouver, coincée sous un meuble. Le soulagement se lisait sur son visage au même prix que la douleur. Il jaugea la situation, tenta de rester calme, puis se fia à son instinct naturel. Comme s'il avait fait ça toute sa vie.

- Ne bougez pas, je vais vous sortir de là !

Sa voix était calme, mesurée, confiante. Elle dut le sentir parce qu'aussitôt, elle cessa de bouger, attendant avec espoir sur le visage, la suite. Stiles n'ajouta rien et commença à observer la position du meuble. Il devait le faire basculer ou bien le repousser. Il jugea le sol, les murs, la position de la jeune femme. Le lieu était instable et sa force malgré tout réduite. La fumée commençait à envahir et seule la présence au sol de la jeune femme l'empêchait de s'étouffer.

- Vous sentez quelque chose ? Dans vos jambes, dans vos bras, votre bas-ventre ?
- Euh
- Vous ressentez de la douleur ou plus rien du tout, comme si vous n'aviez rien à partir de la taille ?
- Non, ça me fait mal.


Son regard fut perplexe à la vue du sourire de Stiles. Il s'en expliqua aussitôt.

- Je ne peux le redresser ou le repousser mais je peux le soulever. Je vais vous demander d'utiliser toute la force qui vous reste dans les bras et dans les jambes pour vous trainer hors du meuble. Vous êtes prêtes ?

Elle sembla comprendre puis prit appui sur ses bras. Stiles choisit un point stratégique puis avec la force qu'il possédait encore, il parvint à soulever le meuble. D'abord un centimètre, puis un peu plus, un peu plus. L'espace augmente peu à peu jusqu'à laisser une hauteur suffisante pour la jeune femme. Sans prêter attention à ses bras qui hurlent à la mort et menacent de lâcher, Stiles se contenta d'encourager la jeune femme avec toute la ferveur qu'il possédait. Quand elle parvint enfin à se sortir après des minutes interminables, il relâcha le meuble au sol et s'approcha d'elle.

- Comment vous vous sentez ? Vos jambes ?

Elle ne put que prononcer un son de douleur.

- Je vais vous porter. Ne soyez pas si surprise, je vais vous sortir de là. Moi c'est Stiles.

La voyant se laisser faire, Stiles commença à passer ses bras sous ses jambes mais après avoir porté le meuble, ces derniers refusaient de s'exécuter. Avec un regard désolé, il se contenta alors de la prendre en appui sur ses épaules, autant qu'il le pouvait et il sortirent de la pièce. Évitant les gravas, les flammes, supportant la fumée, les escalier furent un passage délicat mais ils parvinrent au rez-de-chaussée. Ce dernier était dans un état pire qu'auparavant. Certains des chemins qu'il avait emprunté à l'allée se révélaient maintenant impraticables. Il allait devoir trouver une solution. Pour où ? Il avait un instant oublié qu'il n'était pas seul. Molly en effet semblait bien connaître les lieux. Cherchant du regard les voies les moins dangereuses tout en suivant les conseils de la jeune femme, Stiles avait cessé de penser pour se concentrer seulement sur son objectif. Le miracle arriva enfin quand ils parvinrent à ressentir enfin l'air frais de la rue. Ce courant d'air lui fit violemment ressentir la brulure qui prenait sa gorge depuis sans doute un bon moment. Plus que quelques mètres. La sortie était toute proche. Et enfin la lumière. Les pompiers étaient arrivés entre temps. Ils prirent aussitôt en charge la jeune femme que Stiles laissa partir avec un sourire qu'il voulait rassurant. Il mit un temps à réaliser la situation. Ce qu'il avait fait, où il était, ce que ça signifiait. Il avait sauvé une jeune femme au prix de sa vie et ils avaient survécu tous les deux. Plus de peur, plus de douleur écrasante, juste une sensation nouvelle. Un sentiment sur lequel, il n'arrivait pas à mettre de nom.

- Stiles c'est ça ? Elle nous a dit ce que vous avez fait. Je ne sais pas qui vous êtes et je ne sais pas ce qui vous a pris mais je devrais plutôt vous devoir des félicitations et des remerciements. Ce que vous avez fait été certes complétement irraisonné mais vous avez réussi. Vous êtes un héros, Stiles.

Stiles ne parvint tout de suite à saisir ce que le pompier était en train de lui dire. Il avait l'impression qu'il se trompait de personne, de sujet. Puis il réalisa qu'il s'adressait bien à lui.

- Vous êtes médecin ou un truc du genre ?
- Non, pas du tout
- Et bien, c'est dommage ! On aurait besoin de gens comme vous dans ce milieu.


Il laissa s'éloigner le pompier tandis que Stiles entreprenait de quitter les lieux et de réaliser ce qui venait de se produire. Il avait sauvé une vie. Il avait sauvé quelqu'un de la mort alors qu'il était lui-même prêt à mourir. Nul sentiment de panique, nul sentiment de désespoir. Juste un calme intérieur. Un réflexe naturel qui ne laissait nul place à autre chose que l'instinct de survie. Un regard vers la maison en flammes et il comprit.

FIN DU FLASH BACK

Les flammes continuaient d'envahir l'espace même si les actions d'Ethan ralentir leurs actions. Cela serait-il pour autant suffisant ? Pour l'heure, cependant il n'avait d'yeux que pour elle. La silhouette étendue à ses pieds. Celle de sa petite soeur. Celle-là même qu'il avait renié. Abandonné. Détesté. Il n'espérait pourtant qu'une chose. La voir ouvrir les yeux et lui parler à nouveau. Lui dire qu'elle le détestait, qu'elle lui en voulait. Une réaction enfin. La preuve de sa vie, de son existence, de sa présence encore parmi les vivants.
Il avait cette opportunité entre ses doigts, cette vie en jeu était désormais sienne. Il avait le pouvoir de vie ou de mort sur elle, comme sur tous ses patients. Il n'avait pas les diplômes mais les années avaient fait de Stiles bien plus qu'un simple aide-soignant. Il en connaissait parfois plus que certains infirmiers américains à qui il travaillait désormais. La solitude, le désespoir, l'obligation de se rattacher à la vie, l'avaient poussé à pratique bien plus qu'un autre, à se consacrer corps et âme à soigner les gens, les aider à survivre ou du moins à vivre. Comme avec son père.
Un corps inerte. Des yeux clos. Un teint albâtre qui trouvait enfin le repos.
Des larmes silencieuses.

Stiles commença par pencher sa soeur sur le côté. Y avait-il d'autres dégâts, d'autres plaies ? S'était-elle contenté de ruiner son visage ? Seul ses yeux clos empêchaient le souvenir de la mutilation d'Irving de refaire surface. A mesure des réflexions, il ne voyait plus qu'une solution.
Il fut interrompu dans son fil par l'arrivée d'Ethan à ses côtés.
Il faut qu'on sorte d'ici et en vitesse, on va tous y passer si on reste ici quelques minutes de plus ! On peut la soulever ? Elle... est-ce qu'elle est toujours en vie ?
Il ne répondit se contentant de juger de la situation avec le plus de rapidité et de précision dont il était capable. Les dégâts de la maison étaient importants et il avait raison. Il allait finir en cendres. Sortir. La tache s'annonçait compliquée. A première vue, elle était intacte sur l'ensemble de son corps mais comment savoir. Il l'avait pourtant transporté du canapé jusque là, il pourrait sans doute faire quelques pas de plus.

- Rien n'est perdu.

Le regard décidé, le ton clair et parfaitement calme, il se tourna vers Ethan.

- Ok. Voilà comment on va procéder. Je n'ai pas encore pu juger des dégâts réels sur l'ensemble mais je pense qu'un nouveau transport devrait être possible sans causer des blessures irréversibles. Prends-moi trois couvertures, on va les mettre sur la pelouse, ça sera toujours mieux que le béton. Je veux éviter qu'elle ne me fasse une hypothermie, avant d'avoir pu expulser le poison de son corps.

Il se retourna vers sa soeur.

- Prête pour un nouveau tour de manège ?

Il avait du mal à croire qu'il faisait de l'humour à un moment pareil avant de se souvenir que c'était justement là sa méthode de travail. User de tous les moyens pour éviter de sombrer, rester léger pour garder la tête froide et les idées claires. En faisant fi de ses sentiments personnels, Joanny était une patiente comme une autre. Et à ce titre, il allait faire tout ce qui était en son pouvoir pour la sauver. Il passa à nouveau ses bras sous elle et la porta. Il se précipita à l'extérieur avec toutes les précautions dont il avait moyen et l'étendit sur la pelouse.

- Ethan. Je vais avoir besoin de ma trousse de secours dans le taxi. Prends ma clé. Les secours ont dit qu'ils arrivaient quand ?

Penser en soignant, non pas en frère, envisager toutes les solutions, toutes les mesures. Le naturel professionnel de Stiles reprenait le dessus. Pour l'éviter de sombrer. Pour lui offrir la chance de faire ce qu'il n'avait pu entreprendre pour Irving. Lui sauver la vie. Coute que coute. Sans la moindre hésitation, ne plus penser en coupable, penser en sauveur. La culpabilité reviendrait sans doute, bien plus forte qu'auparavant. A moins que l'on ne comprenne, que l'on ne saisisse. Que l'on ne réussisse à accomplir un premier acte digne de justifier toute une existence.

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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptySam 8 Sep 2012 - 9:58

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Joan, Stiles & Ethan

La pire saloperie que puisse vous faire un cauchemar, c’est de vous donner l’illusion de sa propre conscience et de continuer à en être un !



Instant entre deux états, ou rien n'était encore décidé mais ou tout pouvait basculer, le sort de Joan n'était pas encore scellé, sa vie ne tenait certainement plus à grand chose, les gestes de Stiles devenaient à présent décisifs. Rien n'est perdu venait-il de lui assurer. Le Londonien plaça tous ses espoirs dans ces quelques mots auxquels il se raccrocha pour ne pas totalement perdre pied. Ce n'était pas le moment de flancher. Entre la vie, entre la mort la jeune femme était un peu comme le chat de Schrodinger. Ethan n'osait pas la regarder, de peur sans doute de perturber l'état de cette terrible inconstance dans laquelle elle se trouvait. Un regard, un mouvement, une vibration de trop et l'expérience tournerait au désastre. Imaginer ne serait-ce qu'une seconde à quoi pourrait ressembler sa vie sans la présence de Joan, lui donna la nausée, pensée plus douloureuse que l'idée même de sa propre mort. Auto-persuasion, elle allait s'en sortir, à bien des égards elle avait vécu pire par le passé. Le passé, le pire ennemi de la jeune femme, Ethan pouvait comprendre l'essence même de cet acte, qui avait conduit son amour de jeunesse jusqu'au bord du gouffre. Gouffre qui avait fini par la rappeler à lui et la happer. Les ténèbres pour seule compagnie, personne ne semblait l'avoir remarqué, jusqu'à cet instant fatidique ou la vie semblait livrer un combat acharné contre la mort. Ces ténèbres avaient-elles un nom ? Cette cruauté, cette haine, qui tapissait les murs, d'où venaient-elles ? C'étaient-elles introduites dans la vie de la jeune femme à son insu, ou bien était-elle allée les chercher délibérément ? Joan était persuadée d'être allée d'elle-même à leur rencontre, comme elle le lui avait avoué, mais c'était faux. Qu'avait-il bien pu se passer ? Pourquoi avait-elle été jetée ainsi dans le monde du chaos, comme de jeune soldats dans l'enfer de la guerre ? Espoir vain qu'ils reviennent tous sains et saufs, même si nous savons très bien que certains trouveront la mort en route. Depuis quand avait-elle perdu tout espoir en l'avenir ? Enveloppée par les ombres, cernée par les ténèbres. Ces ténèbres avaient-elles un nom ? Et si ce nom était le sien ?

Une voix, claire et posée qui s’élève et parvient à percer la barrière claire obscure des pensées du jeune homme. Des recommandations, des ordres, une corde pour se diriger, pour ne pas se perdre dans la tempête, suivre le long couloir. Les flammes, la fumée âcre et épaisse, les escaliers. Toujours ce même but, effort désespéré, gestes à nouveau mécaniques, trouver les objets demandés par Stiles. Une sorte de purée de pois s'était formée dans son esprit, tandis que l'oxygène commençait à lui manquer. Au bord de l'asphyxie, des formes mouvantes commençaient à danser devant ses yeux, qui n'arrivaient plus vraiment à se fixer sur un point déterminé. Coton nébuleux dans lequel il évoluait maintenant, comme dans un rêve, où rien ne pouvait vraiment lui arriver. Il n'avait plus vraiment conscience de ce qui l'entourait, alors qu'il cherchait les trois couvertures réclamées par Stiles. Tout en fouinant dans les coins et recoins, il tenta tant bien que mal de se persuader qu'elle était entre de bonnes mains, que tout irait bien, que rien, absolument rien ne pouvait plus lui arriver. C'est sûrement dans ce genre de moments, où la panique s'installe, où l'on est plus vraiment sûr de rien, sauf que l'on risque de perdre à tout jamais l'être aimé, que l'on se rend compte à quel point on peut tenir à la personne. Pourquoi faut-il toujours que ce soit dans ce genre de moments, au bord de la rupture ? Pourquoi ne prend-on pas conscience plus tôt de la valeur des êtres qui participent à notre quotidien et notre bonheur ? Est-il dur de prononcer quelques mots, de dire un bête « Je t'aime » aux personnes qui comptent plus que tout ? Sans doute que oui, nous ne retarderions pas ce moment, celui-où l'on met enfin son cœur à nu pour se révéler, exprimer et montrer à la face du monde nos véritables sentiments à l'égard d'autrui. L'Humain est ainsi fait. Ethan ne savait pas – il y a encore peu - à quel point la jeune femme était nécessaire à son épanouissement, aujourd'hui il savait. S'il s'était contenté de penser à elle en silence jusque là, durant la décennie qui venait de s'écouler, à présent il ne pouvait clairement plus se passer d'elle. Au bord de la rupture nerveuse, de la crise d'angoisse générée par le feu et le manque d'oxygène, Ethan parvint enfin à retrouver Stiles et Joan, les poumons en feu, le cœur au bord des lèvres, mais avec les couvertures à la main. Éviter à son grand amour l'hypothermie, c'est tout ce qui comptait.

De nouveaux ordres, auxquels il répondit sans rechigner. L'hyperactivité était préférable dans ces cas là, plutôt que l'immobilité et l'attente interminable, attente dans laquelle il était presque sûr de tout fracasser. Immobilité qui n'aurait pas sa peau, mais cette constatation peut-être, celle qui lui hurlait dessus qu'il n'avait pas appelé les secours, et qu'il n'était qu'un sombre crétin dénué de cervelle. D'une main tremblante, le jeune homme s'empara de la clé que lui tendait l'homme lui faisant face. Avec difficulté et en déglutissant, il arriva à prononcer un vague : « Je ne sais pas quand est-ce que les secours vont arriver... je n'ai pas appelé, je le fais de suite. Je... je suis désolé ! ». Comment avait-il pu oublier quelque chose d'aussi essentiel et important que les secours et les pompiers ? Où avait-il la tête au juste ? Par sa faute, Joan risquait d'y rester, bien que Stiles fasse son possible pour elle. La voix tremblante, il eût toutes les peines du monde d'expliquer la situation à son interlocutrice au bout de la ligne, après un terrible effort, il parvint tout de même à donner l'adresse et à demander une ambulance ainsi que le renfort des pompiers afin d'éviter au quartier complet de partir en fumée. Le plus rapidement possible, le blond revint vers le frère de Joan, la trousse de secours à la main, les appels passés. « Tiens ! Les secours ne devraient plus tarder à arriver maintenant, d'ici dix minutes tout au plus. Est-ce que... tu crois qu'elle a une chance de s'en sortir ? Est-ce qu'elle risque d'avoir des séquelles ? », demanda-t-il, le regard de plus en plus embué, une quinte de toux le gagna presque aussitôt. Maudite fumée, maudit feu, maudite journée qu'ils n'étaient pas prêts d'oublier. Pourvu que les portes de cet enfer se referment au plus vite, que Joan ouvre à nouveau les yeux et que tout ça soit oublié le plus rapidement possible. Pourvu qu'elle se réveille. S'il le pouvait et s'il était sûr qu'elle revienne à elle, il échangerait sa vie et prendrait sa place sans même réfléchir.
Namy
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Stiles C. Kellers

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Stiles C. Kellers

AGE : 34
NOMBRE DE CONTACTS : 217
ANNIVERSAIRE : 15/10/1990
EN VILLE DEPUIS LE : 21/07/2012
AVATAR : Jake Gyllenhaal




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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyMer 12 Sep 2012 - 19:21

Réfléchir. Il fallait envisager les meilleures possibilités. Les plus simples, les plus rapides, les plus efficaces. Il avait la vie de Joan entre ses mains. Il devait faire ce qu'il pouvait, quitte à tenter le pire, quitte à prendre des risques, quitte à en payer les conséquences. Il arrive un moment où la vie ne tient qu'à un fil, où toute son existence se résume à ça. Agir ou échouer. Prendre le risque ou choisir la facilité. Et quand l'un signifie plus la mort que l'autre, le choix est décisif. Fatidique. La moindre erreur fatale. Pour elle, pour lui, pour l'homme qu'il fait courir sans cesse pour veiller à le garder actif, pour ne pas être seul à agir. Par force, par égoïsme ? Non, ces sentiments n'ont plus aucune importance, ils ne revêtent rien. Le choix est là. Il ne reste que lui. La sauver ou mourir. La réflexion est faite. La méthode précise. Il sait comment agir, comment procéder. Il sait que ça ne sera pas simple, il sait qu'il peut échouer. Il sait que ça n'est pas son travail et que son inexpérience pourrait couter une vie. Mais quelle autre solution? Attendre ? Essayer autre chose de moins efficace ? Non. Le risque est là. Comme toujours. Vivre ou mourir Le choix est simple. Les remords viendront en temps voulu. La culpabilité refera surface si elle le doit ou s'effacera.
Il ferma les yeux un instant.

Parler. Il avait soulevé Joanny pour l'amener à l'extérieur. Les couvertures étaient en place. Il l'avait posé dessus. Sa décision, il la connaissait. L'objet de sa réflexion était tout trouvé. Il savait de quoi, il avait besoin. Il s'adressa à Ethan. Ce dernier s'exécutait mais la panique était au bord de ses lèvres. Il avait oublié. Stiles ne parla pas. Ne dit pas un mot de plus. Le mot de trop. Il voyait bien l'état du jeune homme. Il n'avait rien à ajouter. Hurler. Démontrer son agacement. Cela serait comme faire des reproches à un jeune interne qui débute dans la profession. Mais Ethan n'est pas un interne. Stiles se retient et se concentre sur Joanny. Les secours finiraient par arriver. Sans doute plus tard que prévu. Il n'y avait donc que lui pour l'heure. Ses gestes seraient décisifs. La moindre erreur fatale. Alors il parla, parla lentement, doucement, d'un ton fluide et rassurant. Il commenta ses idées, il commenta ses gestes. L'espoir de créer une connexion avec la patiente étendue sur le sol, avec cette soeur qu'il avait fait l'erreur de renier quand bien même il fut trop attaché à ce sang qui était celui des Kellers. Son attachement à Irving aurait du le lui prouver. Sans eux, il n'était rien. Sans elle, non plus. Il lui parla, usant de geste précis, assuré. Ethan arrive finalement avec sa trousse de secours et de nouvelles questions et une nouvelle. Dix minutes. Le temps était compté. Le compte à rebours était lancé. Il devait penser en médecin, qu'il n'était pas. Il parla alors comme tel.

- D'accord, merci Ethan. Difficile à dire pour le moment. Il est difficile de juger exactement à quel point son système sera atteint, je penserais plutôt à des séquelles psychologues, les autres, c'est à moi de veiller à ce qu'elle en garde le moins possible.

Il adressa un regard à Ethan et l'invita à s'asseoir à côté de lui. Il aurait besoin de lui. Il lui parla d'un ton calme, presque pédagogique.

- Tu voies son visage. Ce sont des blessures épouvantables à l'oeil nu mais elles ne sont pas profondes. Si elle cicatrise bien, elle devrait pouvoir conserver son visage tel qu'il était à l'origine. Donc pas de séquelles visibles. Le reste, il est encore dur d'en juger. Ouvre la trousse et passe-moi la dernière pochette, la noire.

Comment il tenait ? Il l'ignorait. Il aurait du hurler, fuir, s'effondrer mais rien encore de tout cela. Juste cette pensée, ces mots qui sortaient inconsciemment de sa bouche sans qu'il en saisisse la portée, sans qu'il ne réalise qu'il parlait de sa sœur et qu'elle se mourrait dans ses bras. Il le savait mais se l'interdisait. Il ne pouvait plus penser à lui. Il devait penser à elle. Il ne pouvait plus parler de ses sentiments. Il devait lui parler avec l'espoir que sa voix maintiendrait son cerveau hors de l'eau.

Agir. User de gestes précautionneux. Faire ce qui n'est pas de votre niveau mais le faire pour l'avoir observer des centaines de fois. Laisser ses mains agir pour ne pas penser à la situation. Se détacher du cas présent, ne penser qu'à elle. Qu'à sa vie qui tient à un fil. Il saisit ses outils, fit basculer Joanny sur le côté. Il commença à masquer son visage, à limiter le flot de sang qui en découlait. Les plaies étaient toujours ouvertes mais elles pouvaient être épongées. Jeter les bandages. Il plaça ses mains au niveau du sternum. Respirer un coup. Exercer une pression au niveau de l'estomac. Prier pour que cela suffise. Pour ne pas avoir à faire le reste. Exercer une autre pression. Positionner le corps de façon idéale. Observer son échec. Il essuya la sueur sur son front d'un revers de main et recommença. Sentir le pouls faiblir. Perdre trace.

Échouer. Réaliser que ses gestes ne suffiront pas. Que l'on est pas médecin. Que son espoir n'est qu'illusion et tromperie. Retenir la panique qui menace de se déverser. Retenir le cri qui menace de tout anéantir. Le masque. La posture. La survie. Il souffla une nouvelle vie. Tenter de ne rien laisse paraître au jeune homme à côté de lui. Il replaça Joanny sur le dos, mesura son pouls. Arrêt cardiaque. Des flashs vinrent envahir son esprit. Le sentiment d'avoir échoué. Des larmes commençaient à se former à ses yeux. Joanny. Joanny était morte. Son cœur avait cessé de battre. C'était fini.
Il eut envie de mourir. De s'effondrer sur son corps et de pleurer. Pleurer toutes les larmes de son corps. Il l'avait tué. Il n'avait pas pu la sauver. C'était fini. Il était seul. Complétement seul. Le dernier des Kellers pour quelques heures encore. Et puis il disparaîtrait. Avec les autres. Il les rejoindrait tous. Il avait envie de sombrer. De partir. De mourir. Sa Joanny. Sa petite Joanny était morte dans ses bras. Comme son père. Comme Irving, comme sa mère. C'était fini.

Refuser. Il vît une de ses larmes tomber sur le corps inerte de Joanny. Il réalisa ce qui se passait, ce qu'il était en train de faire. Il éprouva soudain une puissante haine de lui-même. Cette haine prit possession même de son regard. Il changea de position, mit ses mains sur la poitrine de Joanny et refusa. Refusa de perdre espoir. Refusa d'être responsable de la mort de celle qui les maintenait en vie tous les deux. Une pression après l'autre. Faire repartir le cœur. Des secondes à peine. Il pouvait le faire. Il pouvait refuser le sort. Il pouvait la sauver elle. D'une voix forte, il s'adressa à nouveau à Ethan.

- Ethan ! Je veux que tu mettes sa tête sur tes genoux. Va derrière, va derrière ! On va la sauver. On va sauver Joanny.

Il lui adressa un regarde de défi, le regard confiant de quelqu'un qui refuse la défaite tant qu'elle n'est pas établie. Une pression après l'autre. La proximité de ses lèvres. Une pression à lui en briser les côtes.
Allez Joanny ! Allez ! Tu ne vas pas mourir Joanny, je refuse. Tu ne vas pas mourir !
Une autre pression. Les douleurs dans ses mains n'étaient rien. Il se sentait oppressé. Il continua.

- Ethan ! Si tu as fait du secourisme, occupe-toi de sa respiration ! On va y arriver !

Encore une. Encore une pression. Il devait y arriver. Il le fallait. Allez Joanny. Reviens. Ne pas perdre espoir. Jouer le tout pour le tout. Refuser la mort.

Espérer. L'espoir de réussir. D'entendre à nouveau le battement de son coeur. De le sentir sous ses doigts. De réussir à la sauver. D'accomplir le dernier objet de sa vie. Quitte à en mourir. Quitte à lui briser les côtes. Des flashs revinrent le hanter. Irving. La même situation. La même panique. Le même refus. Non. Non. Cette fois c'était différent. Cette fois, il la sauverait. Il réussirait. Ca n'était pas trop tard. Il la sauverait. Il n'avait pas le choix.

- Allez Joanny. Reste avec nous !

Avoir envie de hurler. Ne plus prêter attention au reste. Seules ses mains et leur action comptent. Des gestes précis, implacables. La panique qui tend à se résorber pour éviter de sombrer, d'abandonner. De ne pas penser. Juste agir. Agir et espérer.

- Allez !

Sentir une côte craquer finalement. S'en mordre une lèvre. Continuer quand même. Allez, allez, allez.

Revivre. Sentir un battement. S'arrêter soudain. Continuer les pressions. Sentir un autre battement. Sourire sans le vouloir. Lâcher la pression. Respirer.

- Elle est en vie, Ethan ! Elle est en vie !

Sans doute, pas pour longtemps. Sans doute allait-elle aussitôt repartir et mourir une fois de plus, mais l'espoir était là. La vie était revenue. Il pouvait le faire. Il devait faire ce qu'il n'avait pas osé jusque là. User de la dernière carte. Il repositionna Joanny sur le côté, pria pour qu'elle ne s'étouffe pas. Il sortit une gant de sa trousse et mit sa main ainsi gantée dans sa gorge pour exercer une pression des doigts.
Faire sortir le poison. Et peut être la mort.



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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyDim 16 Sep 2012 - 21:58

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Joan, Stiles & Ethan

La pire saloperie que puisse vous faire un cauchemar, c’est de vous donner l’illusion de sa propre conscience et de continuer à en être un !



Une course conte la montre, contre la mort était lancée. La bombe devait être désamorcée au plus vite, avant de faire de dégâts considérables et irréparables. Le tic-tac caractéristique des secondes qui s'égrenaient pouvait retentir jusqu'aux tréfonds de son âme. Bruit stressant, vacarme assourdissant, qui couvrait presque les paroles de celui qui se tenait à ses côtés. Séquelles psychologiques, séquelles physiques, lesquelles étaient les pires ? Les psychologiques sûrement. S'il est possible de rafistoler un corps, de le faire tenir à l'aide de tout un tas de matériaux plus ou moins sophistiqués, il est plus difficile d'en faire de même avec une âme, aussi abîmée soit-elle que celle de son amour de jeunesse. Blessure béante qui n'était certainement pas prête de se refermer, pas après tout ce qu'elle avait pu vivre. Ethan se demandait comment elle pouvait être encore debout, après tout ce qu'elle avait pu subir. L'être humain est doté d'une certaine capacité d'adaptation, qui lui permet de résister à toutes les situations, même les pires, jusqu'à un certain point. Point de non retour que Joan semblait avoir atteint, après plus de dix ans de lutte acharnée contre elle-même. Une lutte inégale, où les chances de survie étaient presque nulles. Combat perdu d'avance, contre cet ennemi, le pire qu'il puisse exister, soi-même. Un pincement au cœur, en posant les yeux sur ce corps inerte. Pourquoi, pour la seconde fois de sa vie Joan ne s'était pas tournée vers lui avant d'en arriver à ce point ? Pourquoi refusait-elle aussi catégoriquement son aide, alors que c'est tout ce qu'il souhaitait. L'aider, avoir une place dans sa vie, c'est tout ce qu'il voulait, ce n'était pas grand chose. C'était peut-être déjà trop demander. La jeune femme avait préféré se perdre dans les ténèbres, plutôt que de saisir la main secourable qu'il lui avait maintes fois tendue. Malgré ses affirmations, rien n'avait changé depuis dix années. Dur constat, pourtant la lumière et la fin du calvaire avait semblé si proche. Retour à la dure réalité. Écouter ; le tic-tac qui s'ajoutait à l'écho des battements de son cœur, les paroles de Stiles qui se voulaient rassurantes, tout en étant toujours aussi directrices. Chaque mot qu'il prononçait s'inscrivait une fois de plus dans son esprit, mais il ne trouva rien à rétorquer. Que pouvait-il répondre de toute manière ? Il n'y avait rien à ajouter. Il souhaitait seulement qu'elle s'en sorte avec le moins de dégâts possibles. Ne pas craquer, agir par mimétisme, se calquer sur le calme apparent du frère de Joan. Plus facile à dire qu'à faire, tandis que ses mains tremblaient et qu'il prenait place aux côtés du brun. Comment il arriva là, il ne sût pas vraiment. Ethan avait toujours l'impression d'évoluer dans une autre dimension, une toute autre réalité, un mauvais rêve, qui s'évertuait à continuer encore et encore jusqu'à ce qu'il ait assez mal pour se réveiller en pleurs.

Un hochement de tête en signe d'acquiescement, puis il ouvrit la trousse de secours qu'il tenait toujours à la main, en extirpa la dite pochette noire et la tendit à Stiles. Il agissait par réflexes, sans plus vraiment se poser de questions, trop anesthésié par la douleur qui irradiait tout son corps. Comment tenait-il encore debout ? Question qui resta sans réponse. Une voix, d'outre tombe, qu'il ne reconnu même pas, tellement celle-ci était déformée par l'angoisse et la peur quasi ancestrale. « Fais ce qu'il faut... je t'en supplies ! ». Impuissant, spectateur de cette scène sordide, sans arme et la larme à l’œil, le Londonien ne réalisait pas bien ce qu'il se passait. L’œil vide, sans arriver à penser à quoi que ce soit, il regardait Stiles s'activer et se démener contre la mort. Il aurait voulu faire quelque chose, faire plus, mais il s'en sentait incapable. De nouvelles paroles parvinrent à percer la brume de son esprit, le ton employé par Stiles avait quelque peu changé cette fois-ci. Un coup d’œil jeté en direction du visage de son acolyte de fortune, expression indescriptible, le regard bordé de larmes, finalement il n'était pas mieux loti que lui-même. Se remettre debout, suivre les instructions encore une fois, ne pas se poser de questions, agir. Se positionner, s'emparer délicatement de la tête de son grand amour, la poser sur ses genoux. Des gestes simples et pourtant Ethan eut toutes les peines du monde à s’exécuter. On va sauver Joanny, et s'il n'y arrivait pas ? Il croisa le regard du brun et pensa alors que c'était tout bonnement impossible, pas si prêt du but, ce n'était pas possible de la perdre, pas à ce stade là, pas après tout ce qu'ils venaient de faire pour la sortir de cet enfer. Un accord tacite, invisible, passé entre les deux protagonistes, un nouveau hochement de tête pour signer ce contrat. Ethan venait de comprendre que l'heure était grave, ils n'avaient plus droit à la moindre erreur. Auto-persuasion. « On va y arriver ! On a pas le choix de toute façon... » Se rappeler des quelques notions de secourisme qu'il pouvait avoir. Tremblant comme une feuille, il se plaça à côté de Joan, la main la plus proche de sa tête se positionna sur le front de la brune, avec sa main libre il fit levier et fit basculer la tête de cette dernière vers l'arrière. Après avoir pincé le nez de la jeune femme, il appliqua sa bouche autour de celle de Joan. Souffler progressivement, ni trop peu, ni trop, durant deux secondes, jeter un œil en direction de la poitrine de la brune, la voir se soulever, s'interrompre, indiquer à Stiles qu'il pouvait recommencer à compresser la pauvre cage thoracique de sa soeur, déjà mise à mal. Recommencer encore, ne pas s'interrompre, ne pas perdre espoir malgré le manque de réaction de la part de son grand amour. S'acharner, lui insuffler un peu de sa propre vie, dans l'espoir de voir ses grands yeux électrisants se poser à nouveau sur lui.

Reste avec nous
. Quand l'espoir n'est plus suffisant pour vous porter et vous faire vivre, lorsqu'il ne reste plus grand chose hormis la résolution et l'acceptation, lorsque le poids engendré par la douleur vous accable et vous écrase comme un rouleau compresseur, alors il est temps de lâcher un peu de leste. Reste avec nous. Une larme - aussi froide que la lame d'un poignard – glissa sur la joue de l'éducateur, bientôt suivie d'une autre, puis ce fût l'avalanche, aussi importante qu'incontrôlable. Ce n'était pas le moment de se laisser aller, mais Ethan ne pouvait plus faire face à la situation, trop pour lui, trop pour ses épaules. Sentir la vie glisser de cette âme qu'il avait chérie pendant tant d'années était insupportable, bien trop douloureux. Il pouvait tout endurer, mais pas ça. Voir Stiles s'acharner alors qu'il n'y avait plus rien à faire lui donnait envie de hurler, hurler à pleins poumons, le frapper, crier sa rage. Il s'effondra tandis que le bruit sinistre d'une côte, qui se rompt sous la pression d'une compression, retentit jusque dans les méandres de sa boite crânienne. Un homme – lui - à genoux, qui mord sa main jusqu'au sang et qui hurle, le visage inondé de cette eau salée qui se transforme en acide. Qui hurle une plainte incohérente, comme si le désespoir avait pris forme. Forme – informe – d'un cri. Crier la fin d'un rêve, la fin du monde, du sien, du leur. Crier la fin de la femme qu'il aimait et qui venait d'ingurgiter une dose létale de médicaments. Crier l'atroce réalité de cette vie qui ne fait de cadeaux à personne, qui donne, qui reprend comme bon lui semble. Ne plus pouvoir s'arrêter, vouloir mourir. Crier encore - comme un animal qui hurle à la mort - ce qu'ils avaient vécu, ce qu'ils auraient pu vivre. Crier ce qu'elle est, ce qu'elle aurait pu devenir. Crier encore et toujours plus, sa détresse, sa douleur, son amour, son amour, déverser sa détresse dans ce cri, comme pour se laver de quelque chose, mais ne pas y arriver.

Envisager l'avenir comme une éternité de souffrances et d'ennui. S'égosiller, avoir mal aux cordes vocales, s'interrompre, pour entendre : Elle est en vie ! Relever la tête, fixer son regard sur celui de Stiles tout en haletant, la douleur lui martelant les tempes, la cage thoracique ; avoir du mal à respirer. Ne pas y croire, pleurer de plus belle. Avoir l'impression d'avoir eu le cœur replacé dans ce trou béant sans ménagement, de la manière la plus brutale qu'il soit. Électrochoc. Ne plus savoir ce qu'il se passe. Encore cette impression de nager en plein brouillard. Souffrir un peu plus. Se relever, groggy, faire quelques pas et déverser sa douleur à même le sol, pleurer, marteler le sol, tenter de se reprendre, ne plus savoir où l'on se trouve, vaciller et s'écrouler. Les yeux qui papillonnent durant quelques secondes, qui n'arrivent pas à se fixer sur un point bien précis. Nappe brumeuse de laquelle monte un nouveau vacarme, celui à peine audible des secours qui approchent, sirène tonitruante, absorbée par le coton de son esprit. Les yeux qui papillonnent à nouveau, puis les ténèbres, juste les ténèbres. Ethan venait de tomber dans les vapes, le choc de l'annonce, de la découverte de Joan, son corps venait de dire stop. ► Namy
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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyLun 17 Sep 2012 - 18:44


« I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality »


Accepter son destin, accepter que sa vie ait été vaine. D'aucune utilité hormis faire le mal, Joan vivait enfin l'apothéose. Effet de la drogue salvatrice ou bien de la mort qui venait la cueillir? Dans tous les cas, Kellers acceptait la mort, elle la laissait la transpercer jusqu'à pomper chaque goutte de son flux de vie. La libération venait enfin après dix années d'horreur. Dire qu'elle avait attendu ce moment sans agir alors que l'ataraxie était à portée de main. Aujourd'hui, la nature reprenait ses droits. La mort était douce, la mort était paix, la mort était l'accomplissement d'une âme meurtrie. Joan errait à la recherche de sa libération définitive. Ouvrir des portes, contempler le spectacle de sa vie et pour une fois, sourire à cette vue. Les larmes de joie qui coulaient sur son joli visage, Andy disparaissait aux yeux du monde et pas une once d'elle ne regrettait ce maudit geste. Ce malheureux moment de folie qui l'avait conduit à se mutiler avant d'allumer la mèche. Le feu embrasait chaque centimètre carré de son âme et la jeune tueuse ne ressentait rien du tout, elle riait, elle avait enfin retrouvé son moi profond. Pendant des années, on lui avait fait croire que la situation s'améliorerait, que les épreuves ne deviendraient que de simples souvenirs qui ne l’atteindraient plus. Foutaises, chaque jour passé, ce sentiment s'était démultiplié. Une décennie à se faire arracher chaque parcelle de son corps, chaque morceau de ce qu'elle était.
Le couloir continuait encore, il était interminable, le nombre de portes était lui aussi infini. Sans savoir pourquoi, la jeune anglaise ne pouvait s'empêcher de tout redécouvrir, de voir chaque personne qui avait compté, chaque instant qui avait transformé son avenir. Pourtant, ce n'était pas avec tristesse ou nostalgie qu'elle contemplait son passé, Joan Kellers n'aurait pas pu être plus heureuse. Sa famille unie, un sourire sur le coin de leurs lèvres, ces êtres disparus qui lui souriaient et l'invitaient à les rejoindre. Encore quelques mètres à parcourir et la froideur de la pièce blanche serait consumée par la chaleur de l'amour retrouvé. Ces individus lui avaient manqué à chaque minute, il lui avait fallu passer par des épreuves terribles pour arriver jusqu'ici afin de le réaliser. Sa mère, sa tendre mère était enfin heureuse, des larmes de joie brillaient au coin de ses yeux. Son père ne lui en voulait pas, il demandait juste à ce que sa fille arrive jusque ses bras. Quant à Irving, son rire malicieux faisait vibrer la pièce et lui apportait l'humanité tant désirée. La perfection de ce moment était déconcertant, tout cela semblait irréel. Jamais aucun des voeux de Joan n'avait été mené à terme, jamais elle n'avait eu l'occasion de trouver cette paix intérieure. La mort était-elle aussi simple? Tout portait à le croire. La jeune femme avança vers les protagonistes, un sourire envahissant son visage. A quelques centimètres de leurs bras tendus, elle s'arrêta. D'autres pensées venaient trancher avec le décor ambiant. Joan détourna le regard de sa famille et observa une autre partie de ce tunnel lugubre, son sourire disparut instantanément.
Après une minute de réflexion, Joan réalisa qu'il manquait une partie d'elle même. Elle comprit qu'elle n'était pas en paix pour la simple et bonne raison que la majeure partie de son âme était ailleurs, bien loin de ce tunnel sans vie et sans clarté. Bien vite, elle se rappela. Elle se rappela avoir écrit cette lettre, elle se rappela des deux individus qu'elle laissait derrière elle et surtout l'amour qu'elle leur portait. Un dilemme s'imposa à son esprit, pour la première fois, Joan se posait les bonnes questions. Valait-il mieux partir et ne plus avoir d'âme ou continuer son chemin en acceptant les souffrances de la vie pour vivre pleinement cet amour qui avait empli son être? Son regard électrique se posa d'abord sur les sourires malavisés de ceux qui se prenaient pour sa famille puis sur le bout du tunnel où des bruits de plus en plus forts se faisaient ressentir. Joan ferma les yeux, elle écouta. Pour la première fois en plus de vingt cinq ans d'existence, elle était en totale osmose avec son environnement. Fini de penser à elle, toujours à elle, la jeune tueuse tentait de déceler ce qui se passait en dehors de ce monde irréel. Des murmures puis des voix qu'elle connaissait si bien. Elle sentait de la douleur, de la frayeur, des émotions qu'elle avait tant de fois voulu effacer sans y parvenir. Elle s'avança vers le son et se mit à penser. Joan était responsable de cette mascarade encore une fois, elle avait encore une fois fait passer ses intérêts avant ceux des gens qu'elle aimait. La souffrance vint la frapper de plein fouet dans la poitrine dès l'instant où elle prit conscience de son erreur. Recourbée, sa main sur sa poitrine, elle sentait la mort venir la chercher finalement. Contre toute attente, elle se refusait à elle. Le cri de victoire de son frère aîné et surtout les pleurs, cette terrible détresse qui envahissait son bien aimé vint l'arracher aux mains de la Faucheuse. Malgré la difficulté qu'avait ses poumons à inspirer de l'air, Joan se releva et avança aussi vite que son corps faible le lui permettait.

Le silence. Cet aveu. Où était-elle? Joan avait-elle échoué? Elle ne sentait rien, elle ne pouvait pas bouger, encore moins ouvrir un oeil. Rien ne vint perturber ce silence mortuaire qui régnait dans cet endroit qu'elle ne reconnaissait pas. Pourtant, petit à petit, elle retrouva ses sens. L'odorat d'abord. Une odeur âcre de fumée envahissait ses bronches et sa respiration en pâtissait. Joan n'eut pas le temps de sentir le vent sur sa joue, encore moins le chatouillis de l'herbe sur son bras, qu'elle restituait les restes de son cocktail explosif. Lorsque plus rien ne vint obstruer sa trachée, elle réussit à ouvrir les yeux timidement. Le visage inquiet de Stiles l'accueillit et les sirènes tonitruantes des secours vinrent lui détruire les tympans. Elle n'était pas morte, elle s'était refusée à cet objectif pourtant si tentant. La jeune femme était étendue sur sa pelouse, son frère penché au dessus d'elle, soulagé. Joan se rendit bien vite compte que l'air qui pénétrait dans son corps lui faisait un mal fou, pourtant, elle voulait se relever, elle voulait réparer les dégâts. La tueuse se rappelait désormais de ses moindres actes: le feu devait certainement avoir tout rongé, sauf son corps.
Un autre questionnement vint s'imposer à elle. Elle se remémorait vivement les cris d'Ethan. L'avait-elle tué lui aussi? Son absence eut raison de ses dernières volontés: une larme timide vint caresser sa joue alors qu'elle attrapa la main de son frère, le regard désespéré avant de parler dans un souffle.

Eth.. Ethan?

Elle aurait voulu le remercier, elle aurait voulu s'excuser auprès de lui pour son comportement. Stiles était la seule famille qu'elle avait, il avait bien plus d'importance à ses yeux que tous ses maudits souvenirs qui avaient voulu l'éloigner de lui. Joan aurait voulu lui dire ce qu'elle savait mais elle ne put que lui serrer la main avec le reste de ses forces avec un regard suppliant. Ses pensées se dispersèrent bien vite pour se concentrer de nouveau sur Ethan, sa disparition lui fit bien plus mal que tous ses piercings manuels, sa côté broyée ou encore son estomac qui se consumait. Elle n'eut pas le loisir de se faire plus de films puisque d'autres individus vinrent se mêler à la danse et sa vue se troubla. Des secouristes à en juger par leur langage incompréhensible. Joan ferma les eux et sentit que la main de son frère lui était retiré. On la déplaçait, beaucoup de mouvements, de paroles qu'elle avait du mal à saisir puis le trou noir à nouveau. Et si la mort revenait la chercher sur le chemin de sa rédemption? L'inconscient de Joan priait pour arriver jusqu'au lieu hostile qu'elle avait connu dix ans auparavant, l'hôpital, sa dernière chance....

Fiche (c) Espe
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Stiles C. Kellers

WELCOME TO DETROIT
Stiles C. Kellers

AGE : 34
NOMBRE DE CONTACTS : 217
ANNIVERSAIRE : 15/10/1990
EN VILLE DEPUIS LE : 21/07/2012
AVATAR : Jake Gyllenhaal




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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyVen 21 Sep 2012 - 10:59

La douleur. Que sommes-nous lorsque nous avons tout perdu ? Lorsque la dernière personne qui comptait pour vous rend l'âme. Pouvons-nous survivre ? Nous relever, marcher, poursuivre sa route vers l'horizon ?
On dit qu'au moment de mourir, on voit toute sa vie défiler devant ses yeux. Est-ce bien réel ? Et qu'en était-il quand on doit affronter non pas la mort comme le commun des hommes mais la vie ? Cette sinueuse, cette destructrice qui vous oblige à ressentir, à respirer, à éprouver la douleur à un point inimaginable. Pour Stiles, cela revenait à voir défiler les visages des individus morts dans ses bras. Ces cadavres qui représentaient tous une part de lui, une part de son âme et de son être. Sa mère et son enfance. Son frère et sa capacité à aimer. Son père et son honneur. Tous ces patients qui avaient appris un peu de son humanité, de son intégrité. Il n'était alors plus que douleur et larmes. Sa sœur venait d'emporter avec elle, sa vie même. Il n'était alors plus rien, plus rien ne pouvait le sauver. Il n'avait plus passé depuis la mort de sa mère, plus de présent depuis la mort d'Irving, plus d'avenir maintenant que Joan les avait rejoint dans l'autre monde. Il avait envie de hurler comme hurler maintenant son compagnon d'infortune. Qu'allait-il devenir lui aussi ? Lui même qui avait tout lâché même dix ans après pour le suivre dans une quête folle, comme si rien n'avait changé. Il aurait aimé connaître ce type d'amour et il se demandait bien comment Joanny n'avait pu s'apercevoir de sa chance. Se rendre compte que contrairement à lui, il lui restait quelqu'un.
Stiles ne hurla pas. Il en fut incapable. Il osa au contraire encore plus de masque qu'il s'était crée. Et il s'accrochait. Il s'accrochait comme on s'accroche à sa propre existence. Dire que sa survie était désormais liée à celle de Joan n'était pas un euphémisme. Elle mourrait, il mourrait avec elle. Alors il espéra. Il continua ses gestes, sachant ses pensées meurtrières pour se concentrer sur la seule chose qui pouvait bien lui rester. Cette dernière partie de lui-même. Ce dernier aspect de son existence. Se battre jusqu'au bout. Jusqu'à la mort. La sienne.
Et revivre. Il entendit un premier battement puis un autre. Il sourit presque machinalement. Ses sentiments menaçaient de refaire surface à tout moment alors il hurla. Hurla sa victoire. Il croisa le regard d'Ethan et fit à peine attention à son départ. Ses pleurs étaient les siens. Comme s'il exprimait tout ce que lui se refusait à exprimer pour ne pas sombrer et rater sa chance.
Il changea Joan de position pour faire un dernier geste. Celui qui peut être lui rendrait enfin la vie. Sa main gantée, il s'apprêta à la mettre dans la gorge de la jeune femme, quand un bruit sourd vint interrompre son mouvement. Le choc sans doute. Ethan venait de s'effondrer au sol. Stiles étouffa un juron.

- Ethan !

Il se mordit la lèvre, hésita puis se dit qu'elle risquait plus que lui. Il devait faire vite s'il voulait avoir le temps de vérifier qu'il ne s'était pas fait une commotion pendant sa chute. Il cessa alors de repousser l'échéance et plongea ses doigts dans la gorge de sa soeur. Le geste où l'effet escompté. Retenant son propre dégout, il renouvela l'entreprise plusieurs fois jusqu'à être sur d'être parvenu à son but initial. Avec un frisson, il retira son gant qu'il jeta au loin. Il entreprit de nettoyer le visage de sa sœur, maudissant les secours de n'être toujours pas arrivé. Il interrompit à nouveau son geste. Inquiet, il porta ses mains au visage de sa soeur et sentit quelque chose se briser en lui. Elle venait d'ouvrir les yeux.
Elle est vivante.
Il était tellement obnubilé par la vision des prunelles cristallines de sa jeune soeur, qu'il ne nota pas que les secours arrivaient enfin.
Joanny.
Il la sentit prendre sa main et la serra avec les forces qu'il possédait encore. Le soulagement qu'il éprouvait à la voir réveiller menaçait de briser son masque et de le faire sombrer, à la manière de celui qu'il considérait à ce jour comme son beau-frère. Celui-là dont le nom fut le premier mot que Joanny prononça. Il tenta de passer outre le pincement au coeur que cela lui provoqua pour reporter son attention sur ce dernier. Avec le réveil de Joan, il avait presque oublié, qu'il devait s'occuper de lui aussi.

- Ca va aller Joanny. Ne t'inquiète pas pour lui.

Il avait adopté sa voix la plus douce, la plus légère avec un ton d'où débordait bien trop d'affection.

- Chut ! C'est terminé, Joanny.

Dans le tumulte que produisait les secours, il n'était pas sur qu'elle puisse l'entendre mais pouvoir lui parler même sans ça était déjà bien trop beau. Il attendit les secours sans bouger et se laissa faire quand ils les séparèrent. Il se contenta de les observer l'amener, se refusant à la quitter des yeux. Il remarqua à peine quand l'un d'eux vint lui parler. D'un ton machinal, il raconta ce qu'il avait fait depuis son arrivée jusqu'à la leur. Il crut sentir un ton d'admiration quand le secouriste découvrit qu'il n'était en réalité qu'aide-soignant mais cela n'avait aucune importance. Il continua de parler machinalement, sans prêter réellement attention à ses questions ou à ses mots. Il regarda l'ambulance amenait Joan puis Ethan. Il jeta un dernier regard à la maison que les pompiers tentaient tant bien que mal de sauver des flammes, pour ce qu'il en restait. Il resta encore dans cet état second, déconnecté de la réalité, indifférent aux regards de ces gens-là qu'ils ne connaissaient pas et qui de toute façon n'avaient rien fait. Il refusa qu'on l'amena à son tour en ambulance, signifiant qu'il avait sa voiture garée non loin et dont il prit la direction sans un mot de plus. Il s'apprêta à sortir ses clés puis réalisa que c'était Ethan qui les avait. Il se rappela alors pourquoi.
Ce qui s'était passé.
Ce qu'il avait fait
Pourquoi il l'avait fait.
Il s'effondra à même le bitume.

A SUIVRE
FIN DU TOPIC

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MessageSujet: Re: I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality ϟ Joan & Stiles I never paint dreams or nightmares, I paint my own reality  ϟ Joan & Stiles EmptyVen 21 Sep 2012 - 11:55

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