A journée banale, tout imprévu banale !
« amy-lee, erwan & iseult »

Iseult :toujours avec quelqu'un, toujours quelque part, toujours à faire quelque chose. Les journées de l'américaine pure souche semblaient réglées comme du papier à musique, ses rendez-vous organisés à la minute près, même si dans les fait, c'était loin d'être le cas. Si la jeune femme était partout, c'était qu'elle voulait l'être, rencontrer du monde, partager ne serait-ce qu'un sourire, une conversation qui pourrait illuminer sa journée ou celle de son interlocuteur, et même en sortir un article pour le journal si la situation s'y prêtait. Le temps était relatif, tout était relatif, c'était ce qu'elle se répétait tout le temps, ce dont elle voulait se persuader. Mais dans son métier, c'était quasiment l'inverse et même si en tout légitimité, elle estimait important de faire ceci ou cela ou rester avec untel, la brune ne pouvait s'éloigner des sentiers battus. Le travail n'attendait pas. Et comme à tout travail: récompense à sa hauteur, Iseult continuait à suivre les lignes toutes tracées et organisées à la minute près ! L'argent était à la clé de son assiduité et son investissement dans l'emploi . C'était un élément suffisamment important pour qu'elle garde cette ligne de conduite. Cela, et la satisfaction du travail rondement mené à terme dans les plus brefs délais et pour les meilleurs résultats. En tout et pour tout, Iseult était un gentil petit soldat qui écoutait le patron comme s'il prêchait parole sainte et exécutait les ordres, aussi rapidement que possible. Pas rebelle pour un sous ? Non, simplement résignée à son état. Et puis, pouvait-elle seulement se plaindre quand sa vie était des plus stables. Elle ne manquait de rien, vivait même dans le luxe : appartement gigantesque, compte en banque rempli …. même son emploi laissait penser qu'elle vivait aisément. Quant à ses liens de parenté … n'en parlons pas … fille heureuse ou malheureuse du grand patron des médias de la ville … de quoi renier sa seule famille ! Et malgré tout cela, la jeune femme se demandait de plus en plus si ce célèbre diction se rapprochait de la vérité : « l'argent ne fait pas le bonheur. » Quelques temps plus tôt, elle aurait ri au nez de quiconque aurait évoqué cette phrase. Aujourd'hui, peu à peu, la signification se frayait un chemin au travers de sa carapace de rudesse. Devrait-elle penser à revoir l'ordre de ses priorités ? Bientôt, sans aucun doute … mais pas maintenant.

Maintenant, l'instant présent, au centre de Détroit. Bousculée, exaspérée, désespérée. Trop de monde, trop d'indifférence, chacun marchant ers un but inconnu et bien souvent futile. Se sentait-elle au dessus de toute cela ? Aujourd'hui oui. Elle ne venait pas pour essayer la dernière veste branchée, hors de prix, ni pour augmenter l'effectif de boîte à chaussure dans son grand placard d'entrée. Iseult venait simplement remplir son frigo, nourrir son estomac et étancher sa soif … dis comme ça, elle se rendait compte de l'état éphémère de ses achats mais n'en restaient-ils pas moins importants ?! Si bien sûr alors si seulement elle pouvait se débarrasser des gêneurs et autres lécheurs de vitrines, elle pourrait s'estimer satisfaite. Alors pourquoi au juste toutes ses élucubrations sur le bien fondé de la présence d'autrui et de son emploi du temps serré ? … parce que tout simplement même lorsqu'il s'agissait de faire les courses, la jeune femme avait ses horaires, en retard, elle ne voulait pas l'être. Elle avait accepté à la dernière minute un rendez-vous dans une émission de radio à vaste échelle, émission qui mettrait en valeur la chaîne btv dont la radio était partenaire. L'heure, c'était l'heure ! Quant à avoir besoin de d'autrui … pas quelle soit indispensable mais, dans son métier, elle ne pouvait s'en défaire … ou alors qu'elle parte faire un reportage sur les pingouins .. au moins là-bas, la présence humaine serait restreinte. Idée à envisager. Idée même très envisageable au moment où le pépé du troisième étage du Mall tout plié et totalement inoffensif .. en apparence, enfonça sa canne dans le pied de la jeune femme … bien plus fortement qu'elle ne l'aurait cru. Elle retint un cri, entendit le bonhomme s'excuser mais l'ignora royalement décidant que finalement, elle mangerait des sandwichs et autres hamburger pour tout le mois à venir plutôt que de rester une minute de plus dans l'Hurringhton's Mall avec tout ce monde ! Fière de ses résolutions et ignorant l'ange à son image sur son épaule qui lui faisait un catalogue de tous les effets néfastes d'une mal-bouffe continue, Iseult atteint l'escalator et renonça vite à l'emprunter. Les gens flânaient, se laissaient guider … prenaient leur temps et n'avançaient pas … vision d'horreur, ils lui sortaient par tous les pores ce genre de personnes ! Autre solution, l’ascenseur. Trois au bout à gauche du couloir, deux autres sur sa droite ainsi qu'une sortie de secours :les escaliers. Un, deux, trois … soleil … non, non. Ascenseur.

Piétinement, attente. Bousculade, Engueulade. Elle en avait marre, elle avait chaud, elle voulait rentrer chez elle. Enfin le bruit, un « ding » caractéristique sembla la sauver. Un soupir, Iseult fit quelques pas jusqu'à la cabine. Elle était seule, tranquille. Pour l'instant, personne aux environs.

A journée banale, tout imprévu banale !

« Il n'y a pas d'imprévu favorable. L'imprévu c'est toujours un malheur qu'on n'attendait pas. »

Une journée de congé. Cela changeait tout pour le psychologue qui avait vraiment trop l’habitude de passer ses journées un peu isolé du grand monde. Il les passait généralement dans son cabinet à écouter ses patients, sans prendre vraiment la peine de prendre une journée de repos pour se changer les idées. Erwan vivait presque pour le travail et rien d’autre. Rien ne l’intéressait vraiment dehors et il avait oublié pourquoi il ne sortait presque jamais au grand jour. Il préférait sortir le soir pour éviter le grand monde le bousculer ou quelque chose comme ça. Mais maintenant il savait vraiment pourquoi il préférait éviter de marcher dans les rues en pleine journée de chaleur, c’était parce qu’il y avait vraiment beaucoup du monde. Dans une foule, il était facile pour les gens de ne pas remarquer que l’un d’eux qu’ils avaient croisé avait disparu tout d’un coup, il était facile de voler un porte-feuille sans qu’on se rende compte. Le psychologue détestait vraiment le grand monde... Ils se bousculaient, téléphonaient, parlaient à voix hautes. C’en était presque insupportable. Alors, s’il détestait cela, pourquoi sortait-il au grand jour ? Ce n’était sûrement pas pour se balader, sinon il aurait bien sûr choisit un endroit moins fréquenté que celui-ci. On le voyait se diriger avec tant de mal que de bien vers le centre commercial. Erwan ne savait sans doute pas trop quoi faire dans son loft et avait peut-être ouvert le frigo pour se demander ce qu’il pourrait bien manger le soir. Il aurait sans doute remarqué qu’il lui manquait quelques ingrédients pour cuisiner. En gros, il était parti de son appartement pour remplir un peu son frigo. Il aurait très bien fait d’aller dans une petite épicerie, mais ils étaient tous fermés. Alors le psychologue n’avait pas eu d’autres choix que d’aller dans le grand Hurringhton’s Mall à son plus grand malheur...

Enfin entré. Il avait mis presque trois minutes pour franchir une porte tellement de gens sortaient, cela avait pour but de l’agacer. Le psychologue était déjà de mauvaise humeur de toute façon, il pouvait très bien s’énerver à petit feu avant d’exploser devant tout le monde. Chose qu’il ne ferait sans doute pas et qu’il ne s’abstiendrait pas à se contrôler avant de se faire passer pour un idiot devant tout les gens. Erwan montait jusqu’au troisième étage afin de trouver rapidement de ce qu’il en avait besoin. Il avait attendu, disputé un peu la place pour savoir qui était le premier à être arrivé devant la caissière pour finalement laisser passer la personne et enfin il avait payé. C’était assez pénible comme ça. Il s’était bien demandé en râlant légèrement comment tout le monde pouvait vivre de cette manière... S’il n’arrivait pas à rester au plus calme, les autres seraient forcément agacés comme lui. Mais ils étaient assez forts pour ne pas montrer leurs agacements. Ils faisaient comme si rien n’était. Le psychologue n’avait pas vraiment l’habitude de ce genre de chose, c’était pour ça qu’il lui était facile de s’énerver. Il faudrait bien qu’il sorte de temps en temps dans la journée pour apprendre à se maitriser, mais c’était trop peu pour lui et il savait qu’il ne ferait pas cela tellement cela le dépitait et l’agaçait. Il préférait sortir le soir, c’était mieux il n’y avait pas à dire. La journée c’était une horreur et un enfer. Puis avec tout ces gens-là, on pouvait avoir trop chaud d’un coup avec toute cette chaleur. Erwan désirait que deux choses : rentrer chez lui ou aller dans un café pour souffler un peu...

Une fois sorti du magasin avec son sac à dos où il avait mis de quoi manger dedans, il regardait dans les alentours et remarquait qu’il y avait encore plus de monde que d’habitude. Il soupira en se grattant l’arrière de son crâne murmurant un ‘’ mais...Ce n’est pas possible...’’ et chercha du regard une sortie de secours. C’était ce qu’il y avait de mieux. Sortir prendre de l’air tellement cela l’étouffait. Il n’aimait pas cette sensation d’oppression. Il regardait les Escalators et il vaudrait mieux de ne pas en parler. Trop de monde, peu de gens avançaient et beaucoup restaient sur place se ‘’ reposer’’. Non, autre idée... Attendre qu’il y ait moins de monde ? Cela pouvait bien prendre des heures... Donc non pas bonne idée aussi... Erwan réfléchissait en marchant sans savoir où il allait et sans faire attention aux gens qu’il manquait de rentrer devant. Jusqu’à qu’il vit le ballon entre ses pieds et qu’il avait manqué de marcher dessus. Le psychologue fut surpris de voir un ballon à ses pieds, il leva la tête pour voir qui était le propriétaire de cette balle et vit un enfant. Il haussa un sourcil semblant se demander comment un gosse pouvait jouer au foot dans cet endroit pareil ?! D’un geste, il ramassa le ballon et se dirigea vers l’enfant pour le lui donner. Au moment où il allait donner le ballon à l’enfant, il vit un ascenseur. Les portes s’apprêtaient à fermer et il semblait de ne pas avoir beaucoup de monde. C’était maintenant ou jamais.

« — Tient petit ! Ta maman devait t’avoir appris de ne jamais jouer au ballon quand il y a du monde ! Excuse-moi, mais j’ai un ascenseur à prendre ! » s’exclama-t-il en tout hâte avant de courir vers l'ascenseur.

Erwan courut en bousculant des gens qui râlaient jusqu’aux portes qui allaient se refermer entres elles, il eut le temps de les bloquer avec son pied et de les réouvrir. Il pouvait voir qu’il n’y avait personne d’autre qu’une jeune femme, il laissa échapper un soupir de soulagement et entra sans rien dire. Au moins, il n’y avait pas du monde là... Puis il ne semblait pas vraiment remarquer qu’il avait toujours le ballon de foot entre ses mains.

« — Pour une fois... Il n’y a pas du monde dans cet ascenseur...Et j’espère qu’il n’y en aura pas d’autre pour que nous soyons à l’étroit..» dit-il en s’appuyant sur le mur de la cabine et en reposant la tête à la fois comme s’il était déjà épuisé.

Erwan savait qu’une chose: Dans les jours de congés, ne JAMAIS aller dans un centre commercial...

Aujourd'hui était encore un de ces jours où la jolie blonde ne faisait rien de spécial. Le lancement de sa carrière était bien trop lente à son goût, pourtant Amy-Lee faisait tout pour percer dans le métier. Tellement de monde pouvait lui dire qu'elle était jeune, sublime et qu'elle n'aurait aucun mal à réaliser son rêve. La jeune femme ne pourrait jamais se résinier à abandonner ce qu'elle désire le plus au monde, jamais. Comment pouvait-elle oublier son rêve le plus cher, elle qui a toujours eu ce qu'elle désirait dans la vie ? Ce n'était pas envisageable ni même imaginable.

Voyant son morale baisser devant de ses penser, la jolie blonde se devait de bouger de son loft bien trop vide à son goût. Elle aurait pu faire du sport, mais l'envie n'y était pas. Dans des cas comme ça, la jeune femme avait besoin de faire du shopping. Quel beau cliché pensait-elle, d'ailleurs la plupart des gens croyaient qu'Amy était un stéréotype sur jambe. Après tout, une grande et jolie blonde qui se passionne pour la mode, un compte en banque bien plus que pleins et pour finir, qui attend le sentiment le plus unique au monde : l'amour. Cependant, grands nombres de personnes se trompaient, mais il fallait déjà avoir la curiosité de connaître Amy.

Lorsque celle-ci déposait son premier claquement de talon sur le sol d'Hurringhton's Mall, la jeune femme allait se lancer dans une après-midi de dépense intense. Elle aimait ça, acheter de nouvelles affaires, elle disait à chaque personne qui lui demandaient « pourquoi ? », qu'elle n'en aurait jamais assé. Ce centre commercial était gigantesque et comblait parfaitement les envies de la jeune femme. Alors elle commençait par ses boutiques préférées, elle les enchaînait les unes après les autres sans se préoccuper de ce qu'elle pourrait dépenser au final. Ça lui faisait du bien ça la détendait. Amy aimait être jolie, non pas pour les autres, mais surtout pour elle, et son amour propre.

La course folle après les vêtements prenait fin, la blonde commençait à avoir mal aux jambes et la foule n'aidait pas. Avant de rentrer chez soi, la jeune femme passait au supermarché acheter de la glace. Après une journée comme celle-ci, ce n'était pas de refus. Son achat terminé, elle n'avait pas le courage de marcher un peu plus et les sacs qu'elle pouvait porter en ce moment l'encourageaient à prendre l'ascenseur. De loin, elle pouvait apercevoir une femme seule qui attendait la fermeture des portes, ce qui n'allait pas tarder. Amy n'avait aucune envie de courir, elle prendrait celui qu'il y a à côté, ça n'avait pas d'importance. Mais comme si la chance était avec elle, un jeune homme courrait pour pouvoir entrer avant la fermeture de l'ascenseur. La jeune femme n'était qu'à quelques mètres à présent, si elle accélérait le pas elle pourrait le prendre aussi. Sans attendre plus longtemps, Amy rejoignait l'ascenseur de justesse.

Une fois à l'intérieur, l'homme qui se tenait à côté d'elle venait de finir sa phrase. Est-ce que les deux personnes se connaissaient ? Peut-être, de toute façon elle ne verrait ces gens durant quelques secondes. Tenant toujours ses sacs fermement, Amy s'adossait contre une des parois de l'ascenseur pour se reposer.

Abandonné & verrouillé