On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan
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Sujet: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mar 10 Juil 2012 - 16:56
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
Un jour nouveau s'était levé, nimbant Detroit de ses couleurs chaleureuses et chatoyantes. Au fur et à mesure que l'heure s'égrenait, les couleurs venaient à changer. Une nouvelle teinte pour chaque sentiment ressenti. Spectacle splendide s'offrant à lui alors qu'il buvait tranquillement son café, accoudé à la balustrade de son ridicule balcon. Les joies du centre ville. Aujourd'hui allait sans doute marquer la fin de quelque chose, ou plutôt le commencement de quelque chose. Le rendez-vous de ce matin, il l'attendait depuis quelques semaines déjà, depuis qu'il avait eu vent d'une certaine information. 120 mois, 3652 jours – à peu de choses près – qu'il attendait cet instant. Moment où, il la croiserait à nouveau. Se raccrocher à un souvenir, un fantôme peut-être et ne plus pouvoir avancer dans sa vie personnelle à cause de cela. Bien qu'il n'en laissa rien paraître depuis tout ce temps, l'origine de son mal porte un nom : Joanny Anadia. Doux tintement que ces quelques syllabes. Jamais il ne l'avait oubliée, comment pourrait-il en être autrement ? Lui qui se sentait responsable de la descente aux enfers de la jeune femme, de son amour de jeunesse. Aimer quelqu'un et pourtant être coupable de la plus grosse tragédie de la vie de l'être aimé. Un profond soupir s'échappa de sa bouche, alors qu'il repensait à cette fameuse soirée. Lorsqu'on est jeune, on est parfois stupide. Ethan était bien placé pour le savoir. S'il n'avait pas incité Joan à boire lors de cette satanée soirée, peut-être serait-elle encore à ses côtés ou du moins serait-elle heureuse et non pas hantée par tout un tas de souvenirs aussi laids que ce que son agresseur a pu lui faire subir.
Depuis leur dernière rencontre, il ne peut s'empêcher de penser à ce qu'elle est devenue. A-t-elle repris une vie normale ? A-t-elle pu tourner la page ? A-t-elle changée ? Mais surtout, arrive-t-elle a être heureuse ? Tourbillon incessant de questions. Bientôt... Bientôt il aurait des réponses à tout ça. Du moins, c'est ce qu'il espérait. Le rendez-vous qui se déroulerait dans quelques heures à peine, constituait un espoir. Espoir de pouvoir remplir les blancs. La revoir changerait-il quelque chose ? Pas sûr, mais il avait tellement à lui dire. Comme le fait qu'il était désolé d'être en parti responsable de la destruction de sa jeunesse, et de sa vie tout simplement. Tout en s'habillant il ne put s'empêcher de penser à nouveau à elle. Véritable obsession ? Peut-être. Malgré tout, il ne s'empêchait pas de vivre pour autant. De vivre, non. Mais d'aimer, oui. Un dernier regard au miroir trônant dans la salle de bains, et le voilà prêt à affronter le « directeur » de ce fameux centre d'appel pour personnes en détresse. Bien que la cause lui parût tout à fait honorable, il devait bien avouer que ce n'était pas sa motivation première. Ne restait plus qu'à espérer que cela ne soit pas trop flagrant. Fort de son expérience, une personne tel que lui ne devrait pas trop avoir de mal à se faire sa place au sein de cette association.
Décontraction habituelle, quelques phrases bateaux et le tour était dans la poche. Cela ne serait alors certainement plus qu'une question de jours avant qu'il ne croise à nouveau la route de Joan. N'arrivant plus à cacher sa joie, un large sourire illuminant son visage, il sortit du bureau de celui qui venait de le recevoir. Mentalement, il en vint à remercier Stiles pour cette information de choix. Avant de quitter les lieux, on lui demanda d'aller se présenter auprès des autres bénévoles. Chose qu'il fît sans se faire prier. Une dizaine de têtes se levèrent en même temps. Une seule et même masse, reliée à un téléphone. Gestes mécaniques, impression d'être face à des robots, alors qu'il prenait la parole. Décontraction et sourire toujours. « Bonjour à toutes et tous. Il semblerait que j'ai bientôt la chance de venir grossir vos rangs. On m'a demandé de me présenter... moi c'est Ethan... Ethan Sanders. ». Son regard s'attarda sur les trois personnes devant lui, alors qu'il guettait une réaction quelconque. Il ne remarqua pas celle du fond de la pièce. Son sourire se serait peut-être alors transformé, si tel avait été le cas.
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mar 10 Juil 2012 - 19:15
Cauchemar. Une nouvelle nuit où Joan avait revécu les moments de cette soirée. Elle revoyait le visage de ses amis de l'époque, Sally et Ethan notamment, en train de rire devant son corps inerte dans les toilettes du club. Joan se leva, les mains tremblotantes et essuya la larme qui avait coulé de son œil lors de son sommeil dérangé. Elle se dirigea directement sur son balcon pour fumer sa première cigarette de la matinée. C'était la seule manière qu'elle avait d'évacuer la douleur qui la prenait dans tout son corps après toutes ses pensées trop déchirantes pour elle, malgré les dix années passées. Elle regarda la ville tandis qu'elle tentait d'allumer sa cigarette, un effort qui nécessita cinq bonnes minutes de son précieux temps. Kellers posa ensuite son regard sur son bras, elle se rappelait que celui-ci était ensanglanté ce soir là puisqu'elle avait essayé de se débattre, sans succès. La jeune tueuse était encore plus fatiguée que la veille, malgré la mort du violeur, ses nuits restaient troublées et elle se retrouvait souvent en pleurs recroquevillée dans son lit. Elle balança sa cigarette au loin avant de s'habiller et se diriger au centre d'appel. Lorsque les nuits étaient difficiles, elle allait toujours aider des femmes dans le besoin. C'était la seule manière qu'elle avait trouvé pour s'empêcher de tuer des idiots.
Elle arriva alors que déjà de nombreuses femmes répondaient à des appels déchirants. Elle lança des sourires et des signes de tête avant d'aller se servir à la machine à café, elle en aurait bien besoin. Un appel résonna dans tout le centre: il fallait se réunir dans la grande salle. Joan s'y dirigea d'un pas assuré, son café dans une main. Elle se posta contre le mur au fond de la salle en buvant une gorgée. Elle écouta d'une manière distraite la voix de l'homme qui commença à parler puis elle leva la tête brusquement en entendant son nom... C'était impossible. Non. Pourtant, il était là, à cinq mètres d'elle et il était toujours aussi craquant malgré les dix ans passés. Sans le réaliser, Joan lâcha sa tasse et tout le monde se tourna vers elle. Elle tenta d'articuler une phrase tout en regardant toujours Ethan Sanders, son ami et la personne qu'elle pensait aimé il y a une décennie avant que tout cela n'arrive.
Excusez... Pardon..
Puis elle quitta en courant la salle sans se retourner. Pourvu qu'il ne l'ait pas reconnu. Joan se sentait idiote mais elle n'arrivait pas à le croire ici, à des milliers de kilomètres de là où il était censé être. Elle débarqua au dehors et tenta de reprendre son calme. Elle sortit une autre cigarette et s'adossa au bâtiment: elle ne pouvait pas y retourner. A cet instant, les images du viol surgirent à son esprit et elle se laissa tomber par terre, anéantie...
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mer 11 Juil 2012 - 16:19
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
Toujours au même endroit, Ethan n'avait pas bougé d'un pouce. Pas franchement timide pour un sous, il avait pris la parole sans vraiment se poser de questions, mais maintenant qu'un silence de plomb régnait sur la pièce, il en vint à se demander s'il n'avait pas rêvé. C'est presque s'il pût entendre les mouches voler. N'avait-il pas pris la parole ou bien les personnes ici présentes n'avaient-elles que faire de sa présence ? Un peu gêné, il se gratta le menton, guettant toujours les réactions des autres bénévoles. Grand moment de solitude. Quelle ambiance ! Où avait-il mis les pieds ? Il se le demandait. Et puis, soudainement un bruit fracassant vint perturber ce silence au combien écrasant. Bruit métallique d'une cuillère cognant contre une tasse, tasse se heurtant au bois d'une table, le tout accompagné d'un splash. A nouveau, d'un seul geste, toutes les têtes se tournèrent vers le fond de la grande salle. Enfin une réaction. S'il fallait se montrer aussi peu adroit pour attirer leur attention, il était plutôt mal barré. Sacrilège que cette personne venait de faire. Ethan se demanda si les horreurs quotidiennes proférées au bout du fil, amenait à un lavage de cerveau, ou bien s'il nageait en plein délire. L'investigatrice de ce vacarme s'excusa avant de quitter la pièce. Ethan ne prêta pas vraiment attention à la jeune femme. Pourtant, il aurait dû. Il aurait dû. La vie n'est qu'une succession d'occasions manquées. Il s'en faut parfois de peu pour passer à côté de quelque chose d'intensément grandiose. Hasard, coïncidence, autant de considérations ne l'effleurant même pas à cet instant précis.
Ce petit cinéma avait bien trop duré à son goût. Après une excuse polie, Ethan s'éclipsa de cette salle à l'ambiance un peu trop poisseuse pour lui. Dans quel bourbier venait-il de s'embarquer ? Cela promettait de ressembler à un calvaire sans nom. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour revoir quelqu'un. Quelqu'un, pas n'importe qui non plus, cela méritait au moins ce « sacrifice ». Il était en train de délirer sec, cela ne lui ressemblait en rien pourtant. Le cerveau retourné, il se hâta de gagner la sortie du bâtiment. L'air frais du dehors lui fît du bien. Pas franchement pressé de rentrer chez lui, d'un geste, il extirpa son paquet de cigarettes de la poche de sa veste. D'un geste mécanique, il bloqua le tube de papier au creux de ses lèvres, avant d'actionner son briquet. Bruit caractéristique du papier se consumant sous l'effet de la flamme. La nicotine s'insinua dans le moindre recoin de ses bronches, alors qu'il aspirait une longue bouffée. Un instant durant, il apprécia cette sensation de plénitude qui s'emparait de lui, avant de se mettre en route d'un pas plutôt lent.
Quelques mètres à peine parcourus, et le voilà qui s'arrête, aux pieds d'une jeune femme, assise par terre – l'air pas franchement dans son assiette - le dos au mur du bâtiment renfermant le centre d'appel. Un détail le frappa. Ces cheveux noirs de jais, les mêmes que la demoiselle ayant renversée sa tasse quelques minutes plus tôt. Incapable de passer son chemin de la sorte, Ethan s’accroupit face à elle. Venir en aide à autrui, qu'il s'agisse d'un ami proche ou bien d'une parfaite inconnue, pour lui cela revenait au même. Avant même qu'il prenne la parole, il eût un mouvement de recul. Entre milles, il aurait pu la reconnaître, même dix années plus tard, coiffée différemment. Il n'arrivait pas à y croire. Tellement de temps qu'il attendait ce moment et Joan était enfin devant ses yeux, en chair et en os. Elle avait un peu changée, ses traits paraissaient beaucoup plus durs, mais c'était bien elle, il en était presque certain. Toujours aussi belle. Toujours aussi envoûtante. Difficilement, il décrispa la mâchoire, feintant un certain étonnement. « Jo... Joan ? Quelle surprise ! Qu... qu'est-ce que tu fais-là ? ». Quel piètre acteur il ferait. « Ça ne va pas ? » finit-il par lâcher comme si de rien n'était, comme s'ils s'étaient vus l'avant veille et non pas il y a presque dix ans maintenant. Prit d'une soudaine émotion, il parla sans vraiment prendre le temps de la réflexion. « Tu ne peux pas imaginer à quel point je suis heureux de te revoir. Ça fait... Ça fait tellement longtemps ! ». Ethan laissa le temps à la brunette d'ingérer le choc de cette rencontre, avant de s'aventurer plus en avant dans une quelconque conversation. Peut-être ne lui laisserait-elle pas le temps d'en dire plus...
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mer 11 Juil 2012 - 18:20
Le sang qui coulait sur le sol. La douleur répandue dans tout son corps. Le bruit d'une ceinture métallique. L'alcool qui lui faisait tourner à l'aide. Le déchirement de ses cordes vocales lorsqu'elle appela Ethan à s'en tordre les poumons. Encore la souffrance puis la honte et enfin le trou noir. L'inconscience, la haine et le tourbillon de sangs qui tâchaient son corps autrefois si innocent. C'est avec ces images en tête que Joan tomba au pied du bâtiment, les mains tremblotantes, les poings fermés avant de tenter d'atteindre son paquet de cigarettes. Les larmes recommençaient de couler contre son gré mais elle finit par réussir à fumer, ses jambes recroquevillés dans une position qui se voulait réconfortante. Ce ne pouvait pas être Ethan, pas après tout ce temps, pas après tous les efforts qu'elle avait mis pour le faire disparaitre de son esprit tourmenté. Personne ne pouvait s'approcher d'elle, plus personne n'avait le droit de l'atteindre. C'était sa règle d'or depuis une décennie et Ethan était l'exception qui ne pourrait que lui faire plus mal. Revoir son image ce matin lui renvoyait à la face qu'elle n'était qu'une femme vulnérable qui avait tenté de devenir quelqu'un d'autre pour combattre sa haine d'elle même. Elle avait honte, elle ne supportait pas son image, encore moins depuis qu'elle avait abandonné son style de tueuse.
Elle releva les yeux cinq minutes plus tard, luttant encore contre le reste de tremblements qui la hantait encore. Elle remarqua qu'Ethan était à côté de la porte, plus loin, stressé apparemment et une cigarette libératrice dans la bouche. Au soleil, Joan ne put s'empêcher de penser qu'elle était passée à côté d'un homme merveilleux et pas seulement physiquement. Il avait toujours été tendre et gentil avec elle, si seulement, cette soirée avait été différente, si seulement elle avait arrêté l'alcool à un moment donné... Elle essuya ses larmes alors qu'Ethan la remarqua, son regard passait du stress à quelque chose d'inexpliqué. Un regard qu'elle affectionnait tant dix ans plus tôt. Mais aujourd'hui, tout était différent, Joan était souillé et elle ne pourrait jamais oublier malgré toute l'énergie mise et la vengeance qu'elle avait réalisé. Son amour de jeunesse bredouilla de surprise ou d'émotions, Joan ne réussit pas à le déterminer, elle tenta de se relever tant bien que mal mais resta adossée au mur, ressentant encore les douleurs fictives de ses souvenirs et l'émotion contradictoire qu'elle ressentait devant le visage heureux d'Ethan. Elle reprit un air neutre et impassible, celui de la tueuse en série, le seul masque qu'elle interprétait avec brio avant de lui répondre d'une voix plate et dénuéd de bonheur.
C'est plutôt à moi de te demander ce que tu fais là Ethan. Après dix ans et à des milliers de kilomètres de là où on s'est rencontrés.. Je vois que tu te portes à merveille, je suis heureuse pour toi.
Elle tentait de résister à toute envie de s'effondrer dans ses bras, chose qu'elle s'était toujours refusée de faire même après le viol. La faiblesse n'avait pas son mot à dire dans la vie de Joan, surtout pas face à la gente masculine qui l'avait détruite. Elle ne sourit pas, se contentant de résister aux larmes et à l'envie de fuir le plus loin possible du danger que représentait Ethan pour sa carapace de froideur. Elle continua de fumer tout en ne lâchant pas son regard, lui ému par les retrouvailles. Andy commenta sa dernière phrase, tout en chassant les images qui commençaient à refaire leur apparition.
Dix ans, Ethan. Dix ans. Je suis désolé d'être partie sans te dire au revoir, je comprendrais que tu puisses m'en vouloir.
Puis, Kellers lança sa fin de cigarette au loin, abandonnant le regard électrique d'Ethan Sanders, cet homme inoubliable..
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Jeu 12 Juil 2012 - 15:08
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
Impossible. Le jeune homme n'osait y croire. Il se tenait à quelques centimètres à peine de l'investigatrice de tant de tourments, de tant de peine. Depuis son départ de Londres, il ne devait pas se passer un seul jour sans qu'il n'ait au moins une petite pensée pour elle. Cela avait été si soudain, si brutal. Le pansement avait été arraché avec vivacité, mais pourtant la plaie en dessous ne voulait pas cicatriser. Purulente et putride blessure qui ne voulait pas guérir. Pourquoi ? Il n'en savait strictement rien, il avait bien tenté de comprendre, de passer à autre chose, mais il y avait toujours un moment donné où, Joan se rappelait à son bon souvenir. Il se sentait trop impliqué dans l'histoire ayant brisé sa vie, pour arriver à l'oublier. Sorte de punition qu'il s'infligeait certainement à lui-même. Ne pas oublier surtout, ce qui avait pu se passer ce fameux soir. Ne jamais oublier ! Garder cette noirceur enfouie quelque part au fond de son cœur, et laisser cette nécrose éclater au moment le moins opportun. A croire que ce moment était arrivé. Effet boomerang, le retour du bâton fut aussi rapide que douloureux. Après quelques secondes à la regarder, il sentit qu'il lâchait prise. Cela faisait tellement longtemps qu'il attendait ce moment. Des milliers de fois – en projection mentale – il avait imaginé à quoi pourrait ressembler ces retrouvailles. Jamais, au grand jamais dans son scénario il n'y avait eût face à lui, une jeune femme à l'air aussi triste et meurtrie. L'expression affichée sur le visage de Joan lui fit l'effet d'un coup de poignard en plein dans le ventre. Souffle coupé, alors que la plaie commençait à saigner. La douleur s’immisça alors dans chaque parcelle de son être. Il aurait voulu se raccrocher à elle, la prendre dans ses bras pour la consoler, lui dire que tout irait bien à présent, qu'il allait veiller sur elle. Mais cela n'aurait été que pur égoïsme de sa part. Il n'y avait certainement que lui et lui seul pour vouloir une telle chose. Sentir le poids de son corps contre le sien, la chaleur de sa peau... Effort surhumain pour revenir à l'instant présent.
Cigarette toujours en main, Ethan vint s’asseoir à côté d'elle. Son rythme cardiaque s'accéléra ostensiblement alors que son épaule frôlait celle fragile de la jeune femme. Sentiments restés intacts de son côté. Coin légèrement racornis et couleur un peu estompée par le soleil, mais tout était encore là, bien présent. Le ton impersonnel et presque froid de Joan vint le cueillir telle une grosse gifle. « Je suis ici pour quelques temps... J'ai monté une association avec un ami pour aider les écoles Africaines. Detroit était une ville qui lui tenait à cœur, mentit-il alors. Je... Je vais plutôt bien, ce qui n'est visiblement pas ton cas, à en juger par les traits noirs qui te barrent le visage. ». Nouvelle envie de la serrer dans ses bras, il dût se faire violence pour ne pas craquer. Après tout, il n'avait pas le droit de débarquer ainsi et de forcer un quelconque contact, pourtant c'est ce qu'il venait de faire. La suite des paroles de Joan le ramenèrent à Londres, quelques années en arrière. Il se souvenait encore de ce jour où, il s'était pointé devant chez elle, et avait attendu – inutilement – qu'elle vienne lui ouvrir. Jamais plus il ne l'avait revue, le laissant avec ses tripes dans les mains et le cœur au bord des lèvres. Tout ce qu'il souhaitait, c'était lui venir en aide, après l'épisode traumatisant qu'elle avait pu vivre, mais jamais elle ne lui en laissa l'occasion. Bien que l'ayant imaginé, il ne savait pas ce qu'elle avait pu ressentir à ce moment-là, il ne pouvait pas savoir à quel point elle avait souffert... Il ne savait pas et ne savait toujours pas. Peut-être avait-il besoin de réponses à présent. Doucement, il tourna la tête dans sa direction, cherchant son regard.
« Je ne t'en veux pas, j'aurais pu, mais je n'y suis pas arrivé. Je.... Il chercha ses mots. Je regrette seulement que tu n'ai pas saisi la main secourable que j'essayais de te tendre, à l'époque. L'émotion le gagna légèrement. Tu n'avais pas à affronter tes démons seule. Cela ne changera rien au cours des événements, mais... je... je voulais que tu saches que je suis vraiment désolé... p... pour tout ! Il chercha la main de Joan. Je suis là à présent, si besoin ! » Jugeant ce contact déplacé, il laissa retomber sa main sur sa jambe. Après une hésitation palpable, il osa demander d'un ton doux : « Qu'est-ce que tu fais assise ici en pleine rue ? »
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Jeu 12 Juil 2012 - 17:30
Dieu voulait punir Joan Kellers. Voilà ce que se disait l'ex tueuse à gages. Elle n’avait pas assez souffert, il avait fallu qu'il lui mette sous le nez ce magnifique spécimen bien heureux d'Ethan Sanders. Elle n'avait pas besoin de lui pour venir lui rappeler qu'elle n'était plus grand chose à part un bon vieux souvenir cocasse de sa vie d'adolescent. Après tout, ce n'est pas comme si, à l'époque, il n'avait pas profité de son succès sous son nez. Aujourd'hui, les choses avaient bien changé. Elle était devenue l'ombre de la Joan d'il y a dix ans. Autrefois si souriante et aimable, désormais, prête à tout pour se venger et faire mal autour d'elle. Kellers aurait désiré plus que tout que son amour adolescent ne la voit pas dans cet état. A croire qu'elle était destinée à la souffrance et à la nostalgie. Alors qu'Ethan commença à parler, Joan le jaugea rapidement. Quand on avait quelqu'un comme lui en face, on ne pouvait pas faire autrement. Joan se demandait s'il était heureux, marié, avec des enfants ou peut être même devenu célèbre. Dans tous les cas, elle prenait conscience qu'elle avait mal agi sur toute la ligne et surtout avec lui. Elle avait tout quitté pour espérer la rédemption à l'autre bout du monde et on ne pouvait pas dire que cela l'avait réussi. Dès qu'elle se voyait dans une glace, son image la répugnait toujours autant comme au lendemain de son viol alors qu'elle l'avait torturé. Elle l'avait tué et en avait même retiré un certain plaisir. Revoir Ethan aujourd'hui lui apportait encore plus de haine envers elle même, elle était passée à côté de sa vie et n'avait plus aucun espoir pour un futur...
Joan tenta d'échapper à sa négativité tout en retrouvant le regard lumineux d'Ethan qui lui contait qu'il était ici pour ouvrir une association. Il n'avait vraiment pas changé.. Sa douleur augmenta en entendant son discours. Il marqua un silence avant de lui faire remarquer qu'elle était dans un état pitoyable. Pour toute réponse, elle posa son regard sur son paquet de cigarettes et en alluma encore une autre. Elle était en colère contre elle même mais désormais contre lui. Pourquoi venir lui montrer qu'il avait réussi? Qu'il avait continué sa vie comme si rien n'était arrivé? De quel droit venait il lui faire la morale sur son état de santé? Elle expira sa fumée et se retourna une nouvelle fois vers lui, un faux sourire sur ses lèvres.
Je suis heureuse pour toi. T'as réussi à t'épanouir dans quelque chose d'important, ça ne m'étonne pas de toi. Tu as toujours été destiné à de grandes choses. Ethan, fais pas ça... M'oblige pas à te rappeler ce qu'il s'est passé la dernière fois qu'on s'est vus...
Joan se mura dans un silence, durant lequel, une unique larme tomba sur sa joue. Celle-ci n'avait aucun rapport avec le viol, la nostalgie ou la douleur des images de ce soir là. Non, cette larme était la signification de l'amour perdu. Ethan avait été tellement important pour elle et il avait fallu qu'elle parte à des milliers de kilomètres il y a dix ans pour le réaliser. Après ce départ, elle n'avait pas pu revenir en arrière. Il avait le droit au bonheur, cela était encore plus vrai aujourd'hui alors qu'elle avait assassiné des ordures pour une simple vengeance. Bien évidemment, Ethan restait Ethan. Même dix ans plus tard, il trouvait le moyen de lui rappeler qu'il aurait fait son possible pour qu'elle aille mieux. Mais qu'aurait-il pu faire? Elle lui en voulait. Elle ne savait pas pourquoi mais elle lui en avait toujours voulu d'être en pleine crise de rire et de drague avec Sally plutôt qu'avec elle. Elle n'aurait jamais pu se confier à lui, encore moins lui montrer qu'elle avait mal. Joan essuya sa larme et se retourna à nouveau avec Ethan avec un regard lointain. Il était temps qu'il comprenne ou du moins qu'il sache pourquoi elle était partie. Il méritait au moins cela, même si cela n'avait plus d'importance puisqu'il avait une nouvelle vie bien heureuse désormais.
Pourquoi t'excuser Ethan? Tu ne me dois rien et tu ne m'as jamais rien dû. J'ai eu du mal à le comprendre à ce moment-là. Oui, j'étais en colère contre toi parce que tu ne m'avais pas sauvé. J'ai été idiote de croire que t'aurais pu faire quelque chose. Je n'avais qu'à pas boire autant, j'aurai peut être pu me défendre... Enfin bref, c'est du passé tout cela..
A en voir son visage, cela n'en était certainement pas. Joan continuait de souffrir de cette unique soirée. Elle n'avait jamais pu s'attacher à nouveau. Elle n'était que haine. Dès qu'un homme la touchait, elle était prête à hurler. Être si près d'Ethan était un exploit en soi, mais il serait toujours son exception. D'un air innocent, Sanders lui demanda ce qu'elle faisait étalée contre le bâtiment. Joan aspira une nouvelle bouffée toxique et lui fit un sourire un peu plus chaleureux, désormais que la bombe avait été lancée.
Disons que je voulais t'éviter mais j'ai raté mon plan, Sanders!
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Ven 13 Juil 2012 - 20:09
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
A quoi s'attendait-il exactement ? Qu'est-ce qu'il s'était imaginé ? Qu'elle allait lui sauter au cou, puis lui tomber dans les bras ? Il n'y avait que dans ses rêves les plus fous que cela se passait comme ça. La réalité était toute autre, malheureusement. Décidément, il était plus bête que la moyenne. Il ne pouvait décemment pas se pointer ainsi devant Joan, après dix années d'absence et espérer que rien n'ait changé, que tout soit toujours comme avant. Avant le drame. Si seulement il était possible de remonter le temps, il sacrifierait sa vie pour pouvoir délivrer la jeune femme de ce cancer qui la rongeait depuis bien trop longtemps. Expier ce péché en quelque sorte, se laver de cet abandon qu'il ne se pardonnerait certainement jamais. Absolution parfaite jusqu'à ce que mort s'en suive. Pourrie et rongée de l'intérieur par ce mal insondable qui ressortait en surface. Vomissure de son âme, alors qu'il lui étalait copieusement son « bonheur » sous le nez. Elle n'était pas passé à autre chose à en juger par ses paroles, comment l'aurait-elle seulement pu ? Pour qui se prenait-il à la fin ? Et puis pourquoi était-il là, à la contempler bêtement avec les yeux de l'adolescent qu'il était il y encore peu ? Une réponse lui apparaissait clairement au milieu de tout ce chantier innommable. L'amour, ni plus ni moins. S'il ne l'avait pas oubliée ; s'il n'avait pu vraiment passer à autre chose depuis dix ans, ce n'était pas pour rien. Elle hantait son esprit, ses pensées, le moindre de ses faits et gestes. Nul part et partout à la fois, voilà comment il vivait depuis une décennie, avec ce fantôme se trouvant constamment sur ses traces, dans ses pas. Bien sûr, il avait bien essayé d'enfouir à jamais cette image, cette illusion de l'idéal, mais il n'y était pas parvenu. Effort surhumain, employé en vain, afin de se persuader qu'il pouvait tomber amoureux d'une autre. En vain.
Joan paraissait être tout sauf heureuse pour lui à cette seconde même. Tout dans son attitude, mais aussi dans le ton employé indiquait le contraire. Une dernière bouffée de cigarette alors qu'il l'observait en silence, avant de jeter le mégot au loin. Dans un geste d'auto-défense sans nul doute, il ramena alors ses jambes contre lui puis les encercla de ses bras. Ne pas craquer et ne pas se mettre à hurler ou bien à pleurer, ou peut-être même les deux à la fois qui sait. Concernant l'épanouissement il avait réussi c'était plus que certain, mais était-il heureux pour autant ? Un peu, certainement, mais il lui manquait quelque chose. Quelque chose de bien plus important que tout le reste. L'amour, mais surtout l'amour de Joan. Alors qu'il tentait de répondre de la manière la plus naturelle possible à la jeune femme, il en vint à se demander pourquoi il avait flashé sur elle. Pourquoi elle et pas une autre ? Au temps du lycée il était toujours très entouré par la gente féminine, alors pourquoi parmi toutes ces filles il ne s'était épris que d'une seule ? Ethan ne croyait et n'avait jamais cru à toutes ces conneries sur l'âme sœur, le coup de foudre et autres foutaises du genre. Pourtant il devait bien reconnaître – bien des années plus tard – que c'est sans doute ce qu'il avait connu avec Joan, bien qu'il ne se soit jamais rien passé. C'était peut-être ça le pire dans l'histoire, espérer quelque chose qui ne se produirait jamais. Depuis le départ de la brunette, Ethan se sentait comme vidé. Un morceau de lui-même semblait manquer au puzzle. Part manquante et originelle de son âme. Alors était-ce ça l'âme sœur ? Éprouver ce manque, ce vide vertigineux en l'absence de l'être aimé ? Ou bien était-t-il complètement à côté de ses pompes, aveuglé au possible par ses souvenirs ? Ton monocorde où teintait une certaine mélancolie : « Merci... Ce n'est pas grand chose, j'essaye de faire ce que je peux à mon petit niveau. Durant un instant, il chercha ses mots. Trouver une phrase adéquate pas totalement mielleuse. Je suis peut-être épanoui au niveau professionnel, mais c'est bien le seul niveau... » Le reste de la phrase se bloqua dans sa gorge. Ne pas l'obliger à se remémorer, ne pas l'amener encore une fois jusqu'aux portes de l'enfer. Cette simple évocation, ce simple souvenir vint s'écraser de tout son poids contre ses épaules. Il aurait voulu lui dire tellement de choses concernant cette horrible nuit, mais il n'y arrivait pas. Les mots virevoltaient dans son esprits, s'entrechoquant entre eux, bouillie infâme ne ressemblant plus à rien.
Part manquante disions-nous ? Et bien aux côtés de Joan ce manque semblait se dissiper à vue d’œil, vitesse vertigineuse lui donnant presque le tournis. La plaie cicatrisait petit à petit. Sentir son cœur battre à nouveau ; muscle insufflant à nouveau la vie dans son âme. Ethan ne vit pas la larme, l'unique larme roulant sur la joue de Joan. Dans le cas contraire, il se serait empressé de la prendre dans ses bras pour la réconforter. Il n'attendait qu'un signe de sa part pour le faire d'ailleurs, il attendait cet instant depuis tellement longtemps. Difficile de se retenir, alors il serra un peu plus fort ses bras autour de ses jambes. L'explication de la jeune femme quant à son départ, le laissa sans voix durant un instant. Bombe déposée devant son palier, débris lui arrachant la moitié du torse, découvrant une fois de plus son cœur sanguinolent. Dans quel état sortirait-t-il de cet entrevue ? Les pieds devant sans aucun doute. « Remettons les choses dans leur contexte, c'est moi qui t'ai fait boire, tout ça c'est de ma faute. J'étais vraiment stupide... Son regard se voilà ostensiblement. Si je n'avais pas été occupé de mon côté à faire je n'sais quoi, j'aurais pu t'aider... je ne sais pas si j'aurais pu arrêter ce type, mais au moins j'aurais pu essayer. Du passé ? En un sens, j'ai ruiné ta vie. Je me sens tellement mal à cette idée depuis dix ans. Il serrait tellement fort ses jambes qu'il fini par ressentir une douleur, il relâcha la pression exercée autour de ces dernières. Joan... je... j'aimerais vraiment pouvoir me racheter, faire en sorte que ta vie soit meilleure. Je... je ne sais pas encore comment je compte m'y prendre mais... je veux vraiment t'aider. Ne me claque pas la porte au nez une seconde fois s'il te plais, dit-il dans un souffle, sans prendre le temps de respirer entre deux phrases. Je ne sais pas si je le supporterais.». Le sourire de Joan ne suffit pas à réchauffer son cœur, bien au contraire, cela ne fit qu'accentuer un peu plus son impression de malaise, de vide ; ce gouffre qui semblait se creuser à nouveau. Malheureux comme les pierres et sans oser la regarder il lança de but en blanc : « Je peux m'en aller si c'est ce que tu veux ! Je ne voudrais pas t'ennuyer, je crois que j'ai déjà assez abusé comme ça ! »
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Ven 13 Juil 2012 - 22:09
Pourquoi maintenant? C'était l'unique pensée qui hantait Joan en cet instant. Kellers savait qu'aujourd'hui, elle était vulnérable plus qu'hier. Chaque jour qui passait la ramenait plus proche de la jeune fille qui s'était fait violée ce soir là dans le club. Un beau paradoxe puisque le temps passait mais Joan, elle, ne faisait que reculer. Joan n'osait pas regarder Ethan pour la simple et bonne raison que le regarder signifiait s'abandonner. Elle avait fait une croix sur lui depuis des années, ses activités l'en avaient obligés. Elle était devenue une autre personne, beaucoup moins cordiale, clémente et drôle. La tueuse posa son regard vers le lointain, ses yeux azur toujours illuminés par les larmes qui n'étaient pas loin d'en déborder. Elle se souvenait. Pour la première fois, elle se remémorait les souvenirs heureux avec Ethan Sanders. Avant tout cela, ils avaient été amis et de très bons amis. A vrai dire, ils passaient le plus clair de leur temps ensemble, Joan subissant les blagues douteuses de ses frères adorés. Joan ne s'autorisa pas à aller plus loin, elle n'était plus cette personne. Elle était un poison qui s'incrustait dans les veines d'autrui pour lui faire rendre son dernier souffle, sans remords ni regrets. L'estime de soi? Elle avait oublié ce concept depuis longtemps et la présence de Joan lui rappelait qu'elle était un être indésirable aujourd'hui.
Malgré son dégoût d'elle même accentué par la gentillesse habituelle d'Ethan, Andy l'écouta. Son coeur fit même un bond lorsqu'elle détourna le regard de nouveau vers lui. Elle rêvait ou avait-elle bien senti un désespoir notable dans ses paroles? Ethan Sanders lui avouait sa solitude, il était recroquevillé dans une position de souffrance que Joan n'avait jamais vu chez lui il y a dix ans. Quelque chose avait changé en lui et elle commençait tout juste à le réaliser. Où était parti son optimisme à toute épreuve? Son humour? Sa joie de vivre? Ce constat la blessa bien plus qu'elle ne l'aurait imaginé. Ethan n'était pas si heureux qu'il voulait le montrer. Une autre larme perla au coin des yeux de Joan. Elle s'empressa d'effacer cette trace pour le moins gênante. Sans réaliser ce qu'elle faisait, elle posa sa main sur l'épaule d'Ethan. Ce simple geste impulsif aurait certainement des conséquences mais le cerveau de Joan était déconnecté, concentré sur la peine de son ami de longue date plutôt que sur la sienne pour une fois. Lorsqu'elle réalisa l'intimité de son geste, elle reposa sa main sur son genou, avec un sourire gêné envers son interlocuteur.
Le seul niveau? Ne me dis pas que toi, tu es seul..
Cela ne la regardait pas. Cela ne la regardait absolument pas. Elle détourna les yeux pour cacher son émotion. Avec l’ambiguïté de leur relation, ce n'était certainement pas le moment de trainer sur des chemins aussi houleux. Elle ne tiendrait pas le choc, pas après ces années de torture. Joan n'était vraiment pas dans son assiette, elle haïssait les hommes, tous les hommes, c'était son mot d'ordres depuis des années. Pourquoi n'avait-elle jamais pu le détester lui? Ethan lui avoua ses regrets et sa culpabilité. C'en était trop pour Joan, elle se remit sur ses pieds. Elle devait évacuer tout ce qu'elle ressentait avant de le faire subir à Ethan. Andy resta là en face de lui, enfin debout, les jambes tremblotantes et le cerveau embrumé par toutes ses pensées paradoxales. "J'ai ruiné ta vie." Ces paroles sonnèrent comme un glas pour Joan, c'était elle qui avait détruit son sourire. Il était amer et rongé par ce qu'il n'avait pas fait ce soir là et elle venait juste de lui rappeler qu'elle était en colère contre lui. Elle n'avait pas le droit.
Ethan, je t'en supplie, arrête de te punir. Je suis désolé si je t'ai fait endurer tout cela, je n'ai pas le droit de t'empêcher d'avancer, tu mérites bien mieux que de vivre dans un vieux cauchemar. J'ai bu et j'en ai payé le prix, tu ne m'as pas forcé même si sur le moment, j'en voulais au monde entier. Aujourd'hui, je te libère, Ethan, sois heureux, c'est tout ce qui m'importe.
En cet instant, elle se sentait si fragile et si seule. Elle ne bougea pas et constata que le regard d'Ethan était fixé sur elle pendant ce silence. Joan ne savait pas quoi faire, elle avait détruit le seul homme qui méritait sa considération et elle ne l'avait pas réalisé avant aujourd'hui. Elle était égoïste et l'avait toujours été. Après tout, beaucoup de gens avaient été prêts à la soutenir, d'autres femmes n'avaient pas cette chance. Elle tourna la tête sur sa gauche pour ne plus faire face à ce regard déchirant d'Ethan. Même aujourd'hui, il voulait l'aider. Qu'est ce qu'il pourrait bien faire? Elle avait réalisé sa vengeance, elle aurait dû être libre elle aussi mais elle ne le serait jamais. Elle était la seule maître de son destin désormais, plus personne ne pourrait l'aider si elle, elle n'était pas capable de le faire. Il continuait de parler et enfoncer profondément sa trace dans le coeur de Joan comme lui seul savait le faire. Son discours sonnait comme une déclaration, comme si ce qu'elle allait répondre déterminerait s'il resterait en vie ou mourrait. Joan ne méritait pas cela de la part d'un homme si droit et honnête. Cette fois, elle laissa sa larme couler, elle avait mal pour lui mais elle ne pouvait pas le laisser dans cet état.
Je ne veux pas qu'on m'aide Thany. Personne ne le peut sauf moi. Je veux que tu souris, je veux que tu tombes désespérément amoureux et vive heureux. Je veux plein de choses pour toi parce que tu mérites tout cela, bien plus que je ne le mériterais jamais.
Joan se laissait aller dans l'intimité. A vrai dire, elle ne faisait que dire tout haut ce qu'elle avait toujours rêvé pour son amour de jeunesse. Elle avait déjà pensé à lui de nombreuses fois mais jamais elle n'avait imaginé cette détresse qui lui brisait le coeur. Elle se força à l'humour et au sourire plus chaleureux mais Ethan ne semblait pas partager son point de vue puisqu'il lui fit sentir encore une fois son malheur en lui proposant de s'en aller. Kellers ne sut pas vraiment quoi répondre mais elle sentait au fond d'elle qu'elle n'aimait pas cette idée même si elle ne comprenait pas pourquoi. Avec un autre sourire, elle continua.
Tu comptes faire comme moi il y a dix ans? Regarde le résultat.
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Sam 14 Juil 2012 - 23:12
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
Ethan n'avait jamais été friand des adieux, mais lorsqu'il posait les yeux sur la jeune femme se tenant à ses côtés – proche, bien trop proche, les effluves de son parfum parvenant jusqu'à ses narines – il en revenait toujours à la même question hasardeuse. Pourquoi m'as tu abandonné ? Égoïsme sans nom de sa part, encore une fois. Il ne pensait qu'à lui et uniquement à la souffrance engendrée par cette perte, mais il ne pensait pas à ce que pouvait ressentir ou qu'avait pu ressentir Joan. Le jeune homme se haïssait pour cet égoïsme. Depuis dix ans maintenant, Ethan attendait de pouvoir être libéré de ce trou noir dans lequel il avait été laissé. Depuis dix ans, il attendait de savoir pourquoi. Elle lui avait tout pris, ces jours étaient vides, sa vie morte. Colmater le tout tant bien que mal et avec ce qu'il trouvait à porté de main ; à savoir se jeter à corps perdu dans une action qu'il jugeait bonne. Oublier cette histoire, jusqu'à oublier qui il était vraiment, faire table rase du passé, au moins durant un temps. Le temps de chasser les fantômes, de jeter aux oubliettes leurs chaînes pesant des tonnes. Oublier... jusqu'à ce qu'il prenne conscience que jamais il ne guérirait de cet amour. Joan semblait étonnée à l'idée qu'il soit seul. C'était pourtant la stricte vérité. Malgré des aventures sans grande importance il était... seul et ce depuis toujours au final. Mentalement lié à une personne qui ne voudrait certainement jamais de lui. Difficilement il en prenait conscience à cet instant précis. Douloureuse constatation. Il haussa alors les épaules, comme pour signifier que cela n'était pas si grave que ça, comme pour montrer que cela n'avait pas grande importance. Mais dans le fond c'était tout sauf peu important. « Aussi difficile à croire que cela puisse être et bien... je suis tout seul... comme un vieux garçon ! ». Sa dernière phrase lui arracha un sourire assez indescriptible. Curieux, il arqua un sourcil alors qu'il demandait : « Pourquoi est-ce que cela t'étonnes autant ? ».
Joan évoqua l'idée d'une quelconque punition, il était bien trop tard pour revenir en arrière, le mal était fait et ce depuis belle lurette. Je te libères ; cette phrase lui explosa en pleine figure alors qu'il réalisait qu'il était bien le seul à éprouver des sentiments – autres qu'amicaux. Jamais jusque là, il n'avait eu le courage de lui avouer son amour. Il pensait avoir le temps de le faire, un jour... Mais à trop repousser ce moment, elle avait fini par lui filer entre les doigts ; aussi insaisissable qu'un courant d'air un soir d'été. Est-ce que cela aurait changé la donne ? Certains jours, il avait pensé qu'elle était amoureuse de lui, mais jamais il n'avait pu en être certain. Le temps semblait s'arrêter lors des instants passés en sa compagnie. Fusion parfaite, mais n'avait-il pas seulement imaginé tout ça ? Quel crétin, avoir eu peur de simples mots, voilà où tout ça l'avait mené. Peut-être était-il temps d'oser faire le grand plongeon et de lui révéler tout ça. Non, mauvaise idée. Il ne se sentait pas de taille à essuyer le moindre jugement, ou bien un refus. Il l'aimait trop pour ça. On pense toujours avoir le temps de faire ce dont on a envie, on a alors trop tendance à tout reporter au lendemain, au sur-lendemain. A ses dépends, il avait pu apprendre qu'on a jamais assez de temps pour rien. Ne rien remettre à plus tard, vivre pleinement, sans remords possibles. Vivre vite, se brûler les ailes si nécessaire de trop d'amour, plutôt que de prendre le risque de n'avoir jamais aimé, de n'avoir jamais connu ce frisson alors que l'être aimé pose son regard sur vous. Oser l'abandon, baisser les armes. Ethan venait de se rendre compte à côté de quoi il était passé durant toutes ces années. Tout ça à cause d'une décision. Erreur de jeunesse, mauvais calcul. Aurait-il droit à une seconde chance ? Face à ce combat inégal, ces chances de victoire tenaient plus de l'exception que de la règle. « Pour ce qui est de la punition, je crois que c'est déjà trop tard. Ses grands yeux cherchaient toujours ceux de Joan. Après mûre réflexion, il osa s'aventurer un peu plus en avant des confessions. Pour être franc je n'arrive pas à oublier cet incident. En fait je n'y arrive tellement pas, que j'ai dû fuir Londres peu de temps après toi... pour tenter de guérir de ton absence. J'ai essayé, par tous les moyens, mais je n'y suis pas arrivé. Je suis heureux rassures-toi... mais pas à cent pour cent. » Sa voix déclina légèrement à la fin de sa phrase. Jusqu’où avait-il dû s'enfuir pour échapper à cette douleur lui martelant le torse ? Jusqu’où bout du monde, et cela n'avait pas été encore assez suffisant pour oublier Joan Kellers. Véritable malédiction. Le contact de la jeune femme sur son épaule le fit légèrement tressauter.
Tomber amoureux ? C'était déjà fait. Le plus douloureux dans toute cette histoire, était sans nul doute que cela ne soit pas réciproque. En même temps, au bout de dix ans d'absence, le temps avait dû faire son œuvre. Elle aurait dû en faire de même de son côté. A se frapper la tête contre un mur. Qu'est-ce qu'il pouvait se détester. Cette visite était vraiment l'une des pires idées qu'il ait jamais eut. « Je me sens égoïste en te disant tout ça. C'est toi, plus que moi qui mérite d'être libérée et heureuse. ». Ethan ne supportait pas de la voir dans cet état alors qu'elle se levait, se campait face à lui. Impression d'être insignifiant et misérable alors qu'elle le dominait de toute sa hauteur. Thany, cela faisait une éternité qu'on ne l'avait plus appelé ainsi. Il releva la tête. Position inconfortable. Il se leva à son tour et s'approcha de Joan. Irrésistible envie de faire s'envoler les larmes qui menaçaient de s'écouler en torrent sur les joues de son interlocutrice. Scrutant la surface du visage de cette dernière – dont il pouvait clairement se rappeler de chaque courbe, chaque imperfection – il planta son regard clair dans celui de son amie. Il voulait qu'elle le regarde, il ne voulait pas qu'elle tente de fuir. « On a tous besoin d'aide à moment donné de sa vie... que tu le veuilles ou non, je suis là pour ça. Durant un instant, il baissa les yeux avant de les relever, cherchant ses mots, ne sachant trop comment formuler ses phrases. Ne rien dire qui puisse être compromettant. Réfléchir à une bonne ligne de conduite. Tiraillement entre l'envie de tout révéler et celle de taire cette pulsion. Désespérément amoureux tu dis ? Une légère grimace vint déformer ses traits. Je crois que c'est fait... malheureusement pour moi, ce n'est pas réciproque. Ne pas en dire plus que le strict minimum. Il secoua la tête. Ne dis pas ça Joan, tu mérites d'être heureuse, tout autant que moi, si ce n'est plus. Après la pluie, tu as le droit au beau temps. Qu'est-ce que tu deviens d'ailleurs ? ». Curiosité mal placée, mais réel intérêt pour la vie présente de son amour de jeunesse. En silence, il en vint presque à espérer qu'elle soit heureuse, qu'elle ait trouvé la paix intérieure, même si ce bonheur devait rimé avec absence pour lui. Il ne souhaitait que son bien après tout, peu importe qu'il fasse parti ou non de sa vie. C'est ce qu'il avait toujours voulu pour elle d'ailleurs. Avoir la chance de prendre part au film n'était en soit qu'un petit plus.
Le résultat de dix années d'absence pouvait clairement s'étaler sous ses yeux. Absence totale de rayon de soleil. Triste jardin qu'il pouvait contempler là. Maintenant qu'il était là, il ne comptait pas la laisser de si tôt. Du moins si elle acceptait de le supporter encore quelques temps. « Je ne compte pas partir de mon plein gré... seulement si tu me le demandes. Je ne veux pas m'immiscer dans ta vie comme ça, sans ta permission. ». Phrase à double sens, qu'il n'était même pas sûr de comprendre lui-même. Trop tard pour la ravaler.
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Dim 15 Juil 2012 - 20:49
Joan avait l'impression d'être dans un univers parallèle depuis déjà quelques minutes. Elle n'arrivait pas à se dire qu'il était réel, qu'il était là face à elle. Toute cette journée tournait au cauchemar: il souffrait, elle aussi. Être en présence de la personne qui avait laissé une plaie béante dans votre coeur n'est jamais un passage facile à négocier. Après toutes ces années écoulées, toutes les mauvaises actions que Kellers avait accompli, elle avait tout bonnement l'impression que rien ne changerait jamais. Elle resterait toujours la jeune femme violée, blessée dans son amour propre aux yeux d'Ethan Sanders. Elle ne pouvait pas l'en blâmer, après tout, elle avait fui pour cette raison en premier lieu. Mais tant de choses s'étaient passées depuis leur dernière entrevue: son innocence s'était transformée en violente haine. Elle avait tué et elle avait aimé être la responsable du dernier souffle de ses victimes. Certes, aucun d'eux n'était des enfants de choeur mais le résultat était le même: elle était une meurtrière et aucun retour en arrière n'était désormais possible. Pour la première fois en dix années, elle avait des remords. Ethan était l'être le plus gentil et honnête qu'elle connaissait et son image lui rappelait qu'elle avait embrassé un destin funeste, qu'en aucun cas, elle ne pourrait supporter de l'avoir déçu une fois de plus. C'était une réaction stupide venant de la jeune Joan, Ethan l'empêchait de cette manière de devenir complètement insensible.
Pour le moment, Joan avait fait dériver la conversation sur une pente qu'elle ne voulait pas dévaler. La vie sentimentale d'Ethan ne la regardait pas, encore moins après tout ce qu'elle lui avait fait subir alors qu'ils n'avaient jamais été ensemble. Pourtant, entendre sa réponse lui procura un bien être incommensurable. Mais qu'est ce qui lui passait par la tête? Joan était complètement perdue et elle réalisa à cet instant qu'elle lui souriait. Il fallait absolument qu'elle arrête d'agir de la sorte avant qu'elle ne fasse dégénérer la situation. "Un vieux garçon", Joan en doutait. Sa gueule d'ange, son sourire irrésistible et son regard électrique devaient l'aider pour ses conquêtes. En pensant ainsi, Joan avait bloqué son regard sur le visage de son ami se remémorant tous les détails qui la faisaient craquer dix ans auparavant, cela n'avait pas tellement changé à vrai dire. La question d'Ethan la surprit dans sa contemplation, elle était bien mal à l'aise tout d'un coup. Kellers effaça son sourire pour prendre un air un peu plus désintéressée.
La question serait plutôt pourquoi cela t'étonne si peu.. C'est vrai, tu es jeune et plutôt.. séduisant. Enfin, tu vois ce que je veux dire.
Joan ne savait vraiment pas où se mettre et rester sur place ne l'aidait pas à avoir les idées plus claires. Le regarder accentuait son mal être alors Andy regarda ses pieds pendant quelques instants le temps que son coeur batte moins vite. La tournure de la conversation devint plus dramatique à nouveau. Joan lui avait avoué qu'elle voulait le voir heureux, même si cela lui déchirait une bonne partie du coeur, cet homme méritait plus qu'une vulgaire menteuse meurtrière comme elle. Pour autant, Joan ne releva pas les yeux, pas après ce qu'il venait de sous entendre. Cela faisait des années qu'il culpabilisait par sa faute, il avait même abandonné sa famille quelques temps après elle. Joan ne s'attendait pas à un aveu pareil et elle releva enfin le regard vers lui, surprise et émue à nouveau. Quand arrêterait-il de la surprendre? Les mains tremblotantes, Joan commençait tout juste à réaliser l'impact de sa fuite sur son entourage, Ethan en premier lieu. Sa lâcheté l'exacerbait au maximum, elle lui avait fait tellement de mal qu'elle ne pourrait plus rien faire pour le soulager. « Nul châtiment n'est pire que le remords. » et Joan en prenait désormais conscience. C'est avec ce regard meurtri qu'elle lui répondit.
Je m'en veux Thany. Je n'aurai jamais imaginé que mon choix t'ait atteint à ce point. J'ai été lâche, je n'ai pas réussi à affronter le regard des gens, encore moins le tien. Je suis désolé.
Elle se détourna pour échapper aux larmes. Cette situation était insoutenable, elle n'avait fait que pleurer depuis qu'Ethan s'était montré. Malgré cela, Ethan poursuivit lui assurant qu'elle méritait le bonheur par dessus tout. S'il savait... S'il savait ce qu'elle avait fait pour se libérer et cela n'avait même pas suffi à la soulager un tant soit peu. Elle entendit Ethan se lever et s'approcher d'elle. Joan sentit son odeur derrière elle, il fallait qu'elle soit forte. Andy essuya son visage à nouveau et se retourna vers lui alors qu'Ethan insistait sur la nécessité qu'elle le laisse l'aider ou en tout cas, qu'elle ne le rejette pas à nouveau.
Je t'assure que le bonheur n'est pas pour moi Ethan. Mais comment pourrais tu m'aider? Dix ans ont passé tu sais et beaucoup de facteurs ont évolué. Je.. Je suis un peu perturbée, je m'excuse.
Joan avait surtout honte de ses meurtres. Elle ne méritait ni la rédemption, ni le bonheur et encore moins le pardon. Ethan précisa qu'il était déjà amoureux, c'était déjà une bonne chose pour lui même si selon lui, les sentiments n'étaient pas réciproques. Encore une fois, Joan sentit la détresse dans son regard, elle posa sa main sur le bras de son ami pour le réconforter même si ce geste était déplacé et vraiment incontrôlé.
Je suis désolé de l'apprendre Ethan. Mais tout est possible tu sais, cette personne changera peut être d'avis, tu es une personne merveilleuse et elle s'en rendra forcément compte à un moment donné.
Elle suivit son regard une nouvelle fois, marquant un silence et réalisa qu'elle venait largement empiéter sur l'espace vitale d'Ethan. Elle retira donc sa main avec un air gêné devant le sourire de son amour de jeunesse. Après ce léger silence, il lui demanda des nouvelles. A vrai dire, Joan ne savait pas réellement quoi lui dire: "Euh, j'ai tué mon violeur et quelques autres personnes. Il est possible qu'on vienne me pêcher ici et qu'on me tue pour cet affront." Elle choisit donc de rester dans le banal et la routine.
Et bien comme tu le vois, je suis bénévole au centre d'appel, je suis également vendeuse dans une animalerie à mi temps. Je suis arrivée depuis peu ici alors j'essaye de m'adapter à mon tout nouveau chez moi..
A vrai dire, elle était encore baignée dans la solitude. Joan n'avait jamais réussi à faire entrer des gens dans sa vie, pas de la façon dont Ethan y était ancré en tout cas. Ce n'était qu'aujourd'hui qu'elle le regrettait mais elle était effrayée qu'on lui fasse encore du mal et qu'elle redevienne un monstre. Joan Kellers était au bout du rouleau tout simplement. Elle continua d'écouter ses paroles et Ethan, un peu mal à l'aise à son tour, lui demandait plus ou moins la permission de la côtoyer encore un peu. Il était tellement gentil et cet air affligé frappa Joan. Dans ces moments là, elle avait juste de le prendre dans ses bras et retourner en arrière mais elle n'avait aucun droit sur lui, pas après ce qu'elle lui avait fait. Andy trouva la force de lui sourire pour le rassurer avec toujours cette envie d'accentuer cette proximité.
Je me ferai un plaisir de te voir par ici tu sais. Je connais peu de monde et toi... Tu es certainement la personne qui me connait le mieux.. Enfin, je ferais mieux de me taire avant de te faire fuir à mon tour!
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Lun 16 Juil 2012 - 19:35
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
Contaminé par un poison, qui s'était insinué dans ses veines, avançant lentement mais sûrement jusqu'à parvenir dans tous ses organes ; la moindre parcelle de son être était infecté ; à jamais il portait en lui cette empreinte, comme une marque faite au fer rouge. L'agonie sans l'antidote, était à la limite du supportable. Durant tout ce temps, il s'était vraiment senti comme vide, comme si quelque chose, ou une partie de lui-même lui manquait. La part originelle manquante à son âme. Ce à quoi il pensait un peu plus tôt. Maintenant qu'il se trouvait aux côtés de Joan il se sentait comme à nouveau complet. La jeune femme avait réussi à toucher son âme, malgré la distance, malgré le temps il s'était toujours plus ou moins sentit lié à elle. Tout aurait pu être si simple entre eux. Mais non, il avait fallu que le destin vienne mettre son grain de sel au beau milieu de toute cette histoire. A croire qu'ils n'avaient pas le droit d'être heureux ou bien que c'était tout simplement une histoire qui ne devait pas avoir lieu. Coup du sort. Qu'est-ce qui pouvait bien déterminer qu'une relation aboutisse ou non ? Le hasard ? Une entité supérieure ? Ou bien rien de tout ça ? Considération un peu trop alambiquée et tirée par les cheveux pour lui. La conversation un peu étrange continuait son court, Ethan avait cette fâcheuse impression d'être analysé sous toutes les coutures. La façon dont le regardait la jeune femme lui donna l'envie irrésistible – un peu plus - de la prendre dans ses bras et de ne plus jamais la lâcher. Un regard en biais et un grand sourire se dessina sur le visage du jeune homme. La nature avait été plutôt clémente avec lui, il est vrai. Enfin, si elle pouvait être assez clémente pour pousser Joan dans ses filets cela serait encore mieux. Hochement de tête en signe d'acquiescement. Oui, il avait bien compris, mais il s'en fichait un peu à vrai dire. Une seule chose pouvait bien l'intéresser. Une seule personne plutôt. Et cette personne était totalement inaccessible pour lui. Ethan en vint à se dire qu'il devrait penser à consulter un psychologue. Attendre en vain et durant toute ces années un événement qui ne se produirait jamais, pas franchement sain. L’inaccessibilité de la demoiselle ne devait l'en rendre qu'un peu plus désirable à ses yeux. Foutue connerie. Quelle drôle de machine que le cerveau humain. A n'y rien comprendre. Pourquoi ne pouvait-il pas faire comme n'importe qui ? Sortir avec la première venue, se persuader qu'il s'agit de la bonne personne, penser que l'on est fou amoureux. Cela serait tellement simple. Mais non, son cerveau torturé en avait décidé tout autrement. Se contenter d'une simple attirance physique envers la gente féminine, passer du bon temps mais au final se sentir seul, toujours aussi seul. Ne pas arriver à retrouver cette espèce de communion de l'âme. Désespoir. Avant de répondre, il baissa la tête durant quelques secondes. « Je vois ce que tu veux dire... mais il faut croire que ce n'est pas suffisant. ». De peu, il se retint d'ajouter quelque chose à la fin de sa phrase. Quelque chose du genre, ce n'est pas suffisant pour être avec la personne que j'aime.
Le tournant que venait de prendre la conversation sembla enfoncer un peu plus la lame dans la plaie. Inquisitrice et sans gêne, la douleur se répandait dans tous ses muscles. Il n'était pas sûr de sortir indemne de cette entrevue. Je suis désolée. Ethan l'était encore plus. Il était navré pour elle ; qu'elle n'ait pas eu assez confiance en lui pour se confier, lui parler de ses états d'âmes, de ce qu'elle pouvait ressentir... Pourtant, il était prêt à l'aider, peut-être plus que quiconque d'ailleurs. En parlant d'atteinte, elle ne croyait pas si bien dire. Le souvenir de la déferlante de sentiments ressentis alors qu'il attendait devant la porte de l'ancienne demeure de la brunette se rappela à lui. Angoisse, colère, tristesse. Ballet tournoyant et s'entremêlant, jusqu'à manquer de faire exploser sa cage thoracique. Alors qu'il prenait conscience à l'époque qu'elle était partie sans jeter le moindre regard en arrière, il s'était sentit comme mort à l'intérieur. Pas franchement plus courageux qu'elle en définitive, il avait fini par prendre la poudre d'escampette à son tour. Ne plus se retourner, essayer par tous les moyens d'oublier, s'occuper l'esprit jusqu'à ne plus savoir qui il était ni où il pouvait se trouver. Recette gagnante, durant un temps du moins. Jusqu'à ce que Stiles, le frère de Joan se manifeste. Plutôt amusant de voir de quelle manière les fantômes se manifestent. Où que vous soyez, quoi que vous fassiez, ils finissent par vous retrouver. Ses épaules s'affaissèrent légèrement. Ne sachant trop quoi répondre il se contenta d'un : « Personne ne te jugeais à l'époque, tout le monde était prêt à t'aider au contraire. ». Son regard se voila un peu plus. « Tu ne pouvais pas savoir et puis tu as fais ce que tu jugeais juste. Je ne t'en veux pas... ou plus du moins ! ». La détresse de son amour de jeunesse – et de toujours – était de plus en plus insupportable. Difficile de résister à cette attraction qu'elle arrivait à exercer sur lui, tout comme à cette envie de la protéger et de la réconforter. Dangereux pour lui.
Comme le disait si bien Joan, le temps avait fait son œuvre, les mois, les années s'étaient égrenés, des changements d'un côté comme de l'autre s'étaient sans nul doute opérés. Malgré tout, il avait toujours cette envie – ce besoin – de lui venir en aide, et ça même le temps qui s'était écoulé inexorablement ne le lui avait pas ôté. Complètement aveuglé par le regard de la jeune femme, électrisé, lobotomisé, il n'arrivait pas à comprendre comment cela était seulement possible. En temps normal, les liens se font, se défont. Un beau jour l'un reste, l'autre part, ainsi va la vie, il n'y a pas forcément d'explication. On ne peut décemment pas tout donner à l'autre avec cette épée de Damoclès au dessus de la tête. Ne pas bâtir sa vie sur des sentiments, car les sentiments ne sont pas éternels, ils sont soumis à bien trop de tentation, sont bien trop fragiles. Des gens qui s'aiment pour la vie, il n'en avait jamais connu. N'avait-il peut-être que de mauvais exemples en tête. La question du bonheur arriva ensuite sur le devant de la scène, un peu comme un cheveu sur la soupe. Étrange que d'évoquer cela avec Joan. Elle qui était la cause de son malheur. Si elle savait. « Le bonheur est pour tout le monde Joan... surtout après ce que tu as vécu, tu as le droit d'être heureuse. Quand tu parles de facteurs évolutifs ? De quoi tu veux parler au juste ? ». Il se rapprocha un peu plus d'elle, mais fourra ses mains dans ses poches, afin qu'elle n'aillent pas à la rencontre des épaules de la brunette. « Pour ce qui est de l'aide, je ne sais pas comment faire... mais je trouverais bien ! ».
Le cœur d'Ethan fît un bond dans sa poitrine au moment où la main de Joan vint se poser sur son bras. Battements cardiaques incontrôlés. Impression que sa cage thoracique allait se fendre, laissant apparaître ce muscle palpitant bien plus fort que nécessaire. Les paroles de Joan accentuèrent encore un peu plus son mal-être du moment. Quelle mauvaise idée de s'être aventuré sur cette pente glissante. Tout est possible, si seulement il pouvait croire en ces paroles. Quel idiot, pourquoi il ne lui avouait pas tout au lieu de laisser planer le mystère ? Parce qu'il n'en avait pas le droit, tout simplement ! Arriver ainsi sans crier gare et lui avouer ses sentiments, les lui jeter à la figure aussi brutalement, cela n'aurait pas été correct de sa part. Par respect pour elle, il ne devait rien dire, jamais. Son timbre de voix se fit de moins en moins assuré, alors que Joan retirait sa main située sur son avant bras. « Je... je ne... crois pas que... cela changera quoi que ce soit. Avec un regard un peu trop insistant il enchaîna. J'aimerais tellement te croire. Je ne demande que ça d'ailleurs ! ». Il en vint à se maudire profondément après cette parole totalement déplacée. Il était urgent et presque vital qu'il se concentre sur autre chose que sur Joan. Rivant son regard au sol – activité au combien intéressante – il fixa ses chaussures alors que la jeune femme lui relatait les nouveautés de son existence. S'adapter à son nouvel environnement, il releva les yeux avant de les fixer de nouveau sur son interlocutrice. Il connaissait déjà tout ça, par l'intermédiaire du détective privé que Stiles et lui avaient pu embaucher. Feinter l'étonnement tout en se sentant soulagé qu'elle ne fit pas mention de l'existence d'un quelconque petit ami. Lueur de l'espoir se ravivant durant une seconde. « Tu es a Detroit depuis combien de temps ? C'est tout à fait honorable de ta part de faire du bénévolat. D'ailleurs, il semblerait qu'on soit amenés à se recroiser de temps à autre ici. Une légère pause. Vendeuse en animalerie ? Ça te plais ? ». Ne pas trop parler non plus, ne pas essayer de combler les blancs et la gène de plus en plus présente. Agir le plus naturellement possible.
Les dernières paroles de son amie lui mirent du baume au cœur. Ce n'était pourtant rien, mais il se sentit soudainement mieux. Elle ne voulait pas le tenir écarter de sa vie, ce qui n'était déjà pas si mal. Se contenter de cette amitié plutôt que de cette douloureuse absence. Un sourire et une envie insurmontable plus tard, sans réfléchir, il se laissa porter par l'impulsion du moment. Doucement, il s'approcha un peu plus de Joan, avant de la prendre dans ses bras. Gestes un peu maladroit, mais impression finale d'être arrivé à bon port et d'être à sa place. Là où il aurait dû être depuis bien longtemps. Dans un souffle, il lâcha un : « Aucun risque que je prenne la fuite... je tiens trop à toi pour ça ! », puis resserra un peu plus son étreinte autour des épaules de la jeune femme.
WELCOME TO DETROIT
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mar 17 Juil 2012 - 22:37
L'espoir faisait surface, cet espoir indomptable et destructeur qui avait balayé tous les aspects de sa charmante personnalité. L'humour? Cela faisait dix ans qu'elle n'avait pas dit une seule plaisanterie. La naïveté? Elle avait abandonné l'idée après avoir voulu se jeter sous les roues de la voiture de son père peu de temps après le viol. Le pire de tout... L’honnêteté? En plus d'avoir menti à tous ses proches, elle s'était menti à elle même. Elle n'avait pas le tempérament ou le sang froid d'une meurtrière hors pair, elle avait voulu enfouir cette jeune femme innocente, pur, drôle et jolie au fin fond de son être pour ne pas mettre fin à ses jours. Elle avait perdu cette partie d'elle même, il y a fort longtemps et elle n'avait pas pu le supporter. Ethan effaçait tous ses facteurs si aisément. Pour elle, il représentait cet espoir, ce doux parfum qui venait vous taquiner les narines au réveil pour vous faire ressentir toute la beauté du monde. En réalité, votre réveil assommait votre espoir d'une journée libérée à vagabonder dans la sauvage nature. Ethan Sanders, sa rédemption, sa plus grande peur, son espoir perdu de nouveau.
Son amour de jeunesse avait perdu toute foi, il manquait clairement de confiance en lui aujourd'hui. Était-ce par sa faute? Avait-elle détruit tous ses désirs? A en juger par ses paroles, Ethan jugeait que tous ses efforts étaient inutiles. Son charme naturel, ses yeux pétillants et son sourire électrisant ne feraient pas leur effet. Comment en était-il arrivé à ce genre de conclusions erronées? Tout de suite, Joan se sentait attirée par cette détresse évidente. Pourtant, cela faisait des années qu'elle n'avait pas approché affectueusement quelqu'un. Si seulement Ethan n'était qu'un quelqu'un, peut être cela aurait été moins complexe pour Kellers. Elle se reprit très rapidement, il mentionnait une personne dont il se sentait proche mais qui ne partageait à priori pas ses sentiments. Une fois, cette connexion faite dans son cerveau, elle lui sourit. Cette personne était chanceuse de l'avoir et lorsqu'elle le réalisera, Ethan sera l'homme le plus heureux du monde. Voilà à quel nouvel espoir, Joan se raccrochait: son bonheur à lui uniquement.
Je t'ai connu plus optimiste. Je te rappelle qu'il y a une époque, tu finissais avec trois conquêtes dans tes filets à la fin de la soirée!
Arracher cette phrase de sa bouche fut difficile. Cette époque, elle ne l'avait pas aimé. Les déboires d'un premier amour en somme: vivre dans l'ombre de toutes ces femmes sûres d'elles qui n'avaient peur de rien pour atteindre leur but. Joan avait vécu avec cet aspect de leur amitié, elle y avait survécu puis le drame avait tout ruiné à nouveau. Il devait en être ainsi certainement. Il fallait la punir pour le monstre qui sommeillait en elle sûrement déjà à cette époque. L'ambiance de cette conversation était bien sombre. Joan ne voulait pas penser à tout cela mais rien que la présence d'Ethan empêchait son désir de se réaliser. Ses paroles lui faisaient regretter son moindre acte. Pour lui, la fuite était une grossière erreur même s'il était diplomate dans son discours. Joan ne pouvait pas réécrire l'histoire malgré l'envie oppressante de changer tout ce qu'il s'est passé depuis ses quinze ans. Son regard prit une teinte plus sombre, désespérée de tous ses remords dont elle ne pourrait jamais se débarrasser.
Je ne peux pas revenir en arrière Ethan. Je ne peux pas effacer tout le mal que je t'ai fait. Cela restera mon plus gros remords mais je ne peux rien y changer désormais. Je ne pourrais jamais me soulager de ce poids tout comme je ne peux pas me faire aider. Je peux juste faire en sorte que tu obtiennes ton bonheur à cent pour cent. Il va falloir qu'on discute plus amplement de cette personne que tu dois convaincre, je pourrais peut être aider...
Pincement au coeur. Douleur à l'abdomen se répandant dans chaque particule de son corps. L'aider à conquérir une inconnue? Elle était de nouveau la jeune et gentille Joan qui aidait ces malheureuses à avoir des rendez vous avec Ethan en échange d'un peu de leur considération. Elle était pathétique mais elle devait remplir cette promesse: réparer ce qu'elle avait brisé en Ethan et cela passait par un sacrifice de tous ces souvenirs avec lui, de son envie permanente de le toucher même après une décennie. Comment cela était-il possible? Elle ne ressentait jamais un manque, jamais. Elle n'avait jamais espéré revoir ses frères, elle n'avait jamais voulu prendre son père dans ses bras et elle n'avait certainement jamais désiré avant aujourd'hui sentir la chaleur enivrante d'Ethan Sanders. Son corps la trahissait comme cette fois où elle avait failli se suicider, après son viol et peu de temps après le décès de sa mère. Pour le moment, Ethan continuait de la tenter en insistant sur ce bonheur mérité. Il était pourtant devenu plus interrogateur quant aux changements qui permettaient de dire que la situation n'était plus gérable de la même manière. Elle capta chez lui un regard inquiet qu'elle ne lui connaissait que trop bien, elle se contenta de baisser le regard. Comment lui avouer qu'elle comptait vingt trois cadavres sur la conscience? Vingt trois.. Qu'elle avait aimé voir disparaitre surtout le dernier qu'elle avait pris plaisir à torturer. Lacérer la chair avec ce bâton, électrocuter ces artères qui suppliaient d'arrêter jusqu'à ce que le coeur ne batte plus, lassé des coups et de la honte. "Tu te réveilleras en Enfer en ayant vu mon visage comme dernier fléau". Dernière réplique pour un dernier meurtre pour le moins réussi mais pas libérateur. Comment pouvait-elle lui avouer sa nature désormais? Leurs chemins étaient étroitement liés et pourtant si discontinus que Joan ne savait pas comment gérer la situation et encore moins son coeur qui tambourinait dans sa cage thoracique après cette simple question. Elle marqua un silence gênant avant de lancer sa réponse.
Oh tu sais, je ne suis plus la personne d'il y a dix ans. Mon innocence a disparu, tout ce qui me complétait à l'époque n'est plus présent et puis, tu as une nouvelle vie toi aussi. Regarde toi, un vrai dévoué à la cause. Les adolescents que nous étions sont bien loin... Pour ce qui est de l'aide, être toi suffira, ça c'est évident.
Joan avait encore le coeur déchiré de lui avouer tout cela. C'était sa manière de lui dire la vérité. Elle était devenue ce qu'elle dénigrait le plus et il fallait qu'elle protège Ethan de cette partie dangereuse qu'elle avait bien enfouie en elle. Elle lui souriait avec un regard empli de désespoir, luttant contre la part sombre qu'elle refoulait depuis son arrivée à Detroit. Elle avait posé brièvement sa main frêle sur le bras de son ex bien aimé. Ce geste si rapide provoqua pourtant un tourbillon de sensations qu'elle n'avait jamais expérimentées jusqu'ici. Gênée, elle retrouva sa position alors qu'Ethan n'avait pas cillé de son regard ce qui eut le don de faire rougir Joan. Celui-ci continua de lui dire qu'il ne voyait pas d'issues aux sentiments qu'il ressentait pour cette mystérieuse inconnue. Joan replaça une mèche de cheveux en évitant encore une fois le regard pénétrant d'Ethan.
Arrête de douter de toi Thany. Tu peux avoir qui tu veux quand tu veux. Claque des doigts et la magie opérera. C'est ce que tu me disais il y a dix ans...
Un petit sourire accompagna ses propos. Un moment nostalgie qu'il fallait éviter absolument à l'avenir. Ne pas craquer devant ce regard, l'aider à obtenir ce qu'il souhaitait, rien de plus. Ne pas s'impliquer. Ce petit moment fut brisé par de nouvelles questions d'Ethan sur sa vie ici. Un sujet bien plus facile à gérer pour Kellers, elle fit quelques pas pour se dégourdir et se positionna de nouveau devant Ethan, un peu plus proche qu'il y a quelques secondes néanmoins.
Je suis arrivée il y a quelques mois mais c'est encore très récent pour moi. Je suppose que toi, c'est tout neuf. J'espère que tu aimes la ville, cela change de notre chez nous.. Je suppose en effet que tu vas devoir me supporter ici de temps en temps même si je ne suis qu'une simple bénévole. Oh, mon job de vendeuse, c'est surtout pour payer les charges. Je n'ai pas beaucoup d'expérience là dedans, je t'avouerais. Et toi, tu m'as pas dit ce que tu avais fait pendant ces dix longues années qui ont fini par t'amener à Detroit?
Joan était vraiment curieuse. Pourtant, elle luttait. En savoir plus, c'était s'attacher et elle l'avait appris à ses dépens. Elle regarda une nouvelle fois les bâtiments aux alentours pour tenter de calmer ses émotions qui se battaient en ce moment. Elle ne savait pas ce qui lui prenait mais Joan précisa à Ethan qu'elle le voulait dans les environs. Ce n'était pas ce qu'elle avait imaginé avant de parler mais rien n'était contrôlé en la présence de cet homme. Elle lui fit un sourire timide pour ne pas paraitre ridicule désormais. La suite, elle l'avait seulement imaginé dans ses rêves les plus fous. La chaleur enivrante lui donna des frissons alors que son sang ne faisait qu'un tour. Ethan s'était approché et avait blotti la jeune femme dans ses bras dans un geste tendre qu'elle n'avait peut être jamais connu avant aujourd'hui. Un véritable tourbillon de sensations toutes plus belles les unes que les autres jusqu'à ce qu'Ethan parle à nouveau en resserrant son étreinte autour d'elle... « Aucun risque que je prenne la fuite... je tiens trop à toi pour ça ! » Elle était prise au piège de ses griffes, elle mourrait assurément. Les toilettes du club, les insultes qu'elle lançait à cet homme et la seule chose qu'il trouva à lui répondre fut cette funeste phrase qui scella son destin. Il l'avait attaché avec sa ceinture au lavabo, tout était fermé, elle était seule face à sa peine. La douleur déchira tout son être. Malgré sa lutte, les poings continuaient de marteler tout son corps alors qu'elle sentait son innocence disparaitre, impuissante. Elle criait, elle se débattait à coups de pieds puis l'homme lui assena un ultime poing sur le crâne. Le trou noir. Joan se rappelait. Enfin, elle savait. C'était la première fois qu'elle voyait ces images dans leur intégralité circuler dans son esprit. Retour à la réalité. Les yeux ronds, Joan se débattit comme un diable, la folie enchainant son regard.
Lâchez moi! Vous n'avez pas le droit de me faire ça! Vous pouvez pas me détruire! Je vous tuerais, je vous jure que je vous tuerais!
Elle hurlait, sa force décuplée par ses émotions et son brin de folie. La suite, Joan n'eut pas le temps de la comprendre. Trou noir, peuplé des visions de son viol qu'elle avait refoulées pendant plus d'une décennie. Puis, elle ouvrit les yeux, elle était au sol, une douleur enchainant ses mains et sa jambe. Elle ne bougea pas et se contenta d'observer qu'elle était toujours devant le centre d'appels alors qu'elle reçut une goutte d'eau sur le visage et qu'elle sentait la main d'Ethan serrer un peu fort la sienne...
WELCOME TO DETROIT
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mer 18 Juil 2012 - 18:06
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
L'ombre de lui-même, voilà ce qu'il était devenu, du moins pas en surface, pas à l'extérieur. Il était toujours aussi... lui, se cachant derrière ses grands iris électriques, agrémentant le tout d'immenses sourires charmeurs. Carapace en carton pâte, qui ne le protégeait plus de grand chose en compagnie de Joan. Intérieurement, il avait bien changé, il était toujours aussi droit et respectable mais il n'était plus aussi insouciant qu'avant. Le passé l'avait plus ou moins forgé. L'absence avait fait le reste, en terminant son œuvre. Après cette soirée funeste, il n'avait plus vraiment vécu, ce l'interdisant inconsciemment – ou peut-être consciemment. C'était si douloureux de la revoir. En quittant Londres, elle avait emporté bien plus que ses bagages. Elle avait surtout étouffé son cœur, lui enlevant toute possibilité d'aimer à nouveau. Faire semblant, se cacher derrière cette muraille puant la fausseté à des kilomètres à la ronde, afin d'éviter de crouler sous les questions. Rien de plus énervant que de passer son temps à répondre que tout va bien, alors que rien ne va. Loin d'être à plaindre, il lui manquait pourtant quelque chose. Le plus important sans doute. Cette quête, cette obsession plutôt, qu'il avait tenté d'oublier durant les dix dernières années avait finalement été plus forte que lui. Joan évoquait son optimisme passé, tout comme ses « conquêtes », les temps avaient bien changés. Si seulement il n'avait pas été si aveugle à ce moment-là, pourtant tout était là, étalé devant ses yeux et il n'avait pas saisi l'opportunité qui se présentait à lui. Quel crétin. A croire que la vie n'est qu'une succession d’innombrables occasions manquées. Ethan n'était pas sûr d'apprécier l'humour particulier de cette dernière. Aujourd'hui, il s'en voulait de ne pas avoir eu de GPS alors qu'il se trouvait à un carrefour. Absence de signalisation, emprunter la mauvaise direction, continuer sur sa lancée et se retrouver dans une impasse par un matin glacial de Janvier. Jamais il n'arriverait à se pardonner cet abandon, tout comme ce choix de rester aux côtés de Sally, alors que quelques mètres plus loin Joan aurait eu besoin de son aide. Mais qu'est-ce qui lui avait prit ? N'avoir d'yeux que pour une personne et pourtant se retrouver à roucouler à côté d'une autre. Incompréhension la plus totale bien des années plus tard. Qu'est-ce qu'il pouvait se détester. Il restait persuadé que tout ça ne serait pas arrivé s'il avait été là où il aurait dû être, à savoir aux côtés de Joan. Avec un pâle sourire, tout en baissant les yeux, il répondit à la brunette. « Comme quoi... tout est possible ! Il releva la tête et planta son regard dans celui de Joan. On va dire que les temps ont bien changés, j'ai évolué. J'ai ouvert les yeux, je me suis aperçu de certaines choses. »
Désirant en dire le moins possible, il s'interrompit là, puis haussa les épaules, comme pour signifier que tout ça n'était pas si grave en soit. Enfin pas si grave, relativité de la chose. Joan avait raison sur un point, il était impossible de remonter le court du temps, nulle machine n'ayant encore été conçue pour parvenir à ce petit miracle. Le jeune homme se demanda alors s'il aurait changé quelque chose à sa vie. Sans doute, mais certainement aurait-il reproduit les mêmes erreurs, se dirigeant manu militari sur le même chemin sinueux. Ne pas regretter ses choix, pour n'éprouver aucun regret par le futur. Au moins était-il à peu près sûr que ce n'était pas le cas de Joan, elle avait pris sa décision sans le moindre doute, comment le remord aurait-il été possible dans ce cas là ? Du moins, c'est ce dont Ethan était persuadé. Son départ avait été si soudain qu'aucun doute n'était permis. Un sourire mélancolique vint se graver sur ses traits. Si elle savait de qui il était vraiment question, à coup sûr elle aurait revu son discours. « Les remords valent mieux que les regrets Joan, crois moi ! Tu as raison, on ne peut pas revenir en arrière, ce serait bien trop facile. On va dire qu'on est quittes du coup. Je regrette tellement de t'avoir délaissée... Il n'osa pas faire mention à haute voix de l’événement auquel il faisait référence. Je ne pense pas qu'en parler puisse changer quoi que ce soit tu sais. Enfin c'est gentil de vouloir m'aider. »
Comment aurait-il pu seulement lui révéler que la seule façon de l'aider c'est elle et elle seule qui en détenait le pouvoir. Ironie du sort car à cet instant, Joan possédait sans même le savoir le « destin » d'Ethan entre ses mains. Tel le gladiateur dans l'arène, attendant le souffle coupé qu'on l'achève ou non, Joan toute puissante pouvait mettre fin à ses souffrances d'un geste de la main. C'est sur cette image totalement saugrenue qu'il eût un moment de nostalgie, alors qu'il se remémorait clairement cette époque révolue de leur adolescence. Tout était alors bien plus simple, aucune responsabilité, aucun souvenir douloureux et la vie qui leur tendait grand les bras, n'attendant qu'eux, alors qu'ils courraient à en perdre haleine vers leur funeste destin. La jeune femme avouait aisément avoir elle aussi changée, après tout elle n'échappait pas à la règle, elle aussi était comme tout le monde, un peu paumée, une peu seule, un peu trop marquée par les drames ayant empreint sa vie. Ethan aurait souhaité qu'il en fût autrement, elle valait bien mieux et surtout elle ne méritait pas ce qui lui était arrivé. Pourquoi elle et pas quelqu'un d'autre ? Réaction égoïste encore, mais il n'y pouvait pas grand chose. Dégoût profond de sa personne, alors qu'il en venait à espérer un possible échange avec quelqu'un d'autre. Cela n'aurait pas été plus juste pour cette personne, mais au moins la brunette aurait été épargnée. S'il lui était même possible de pactiser avec le Diable, pour procéder à cet échange - et ainsi s'assurer que Joan puisse avoir une belle vie, une vie meilleure – il n'aurait pas hésité une seule seconde. Les révélations de la jeune femme concernant les changements qui s'étaient opérés en elle l'intriguèrent au plus haut point, malgré tout il ne voulait pas se montrer trop curieux, trop inquisiteur, alors il se contenta d'une généralité, le tout ponctué d'un trait d'humour raté : « La vie ne t'as pas fait de cadeau, c'est normal que tu ais changée. Je suis sûr que derrière ton masque, l'ado avec des rêves plein la tête est toujours là. Il marqua un temps d'arrêt. L'expression tout comme les joues rosies de son amie lui déchirèrent le cœur. Ça m'occupe ce genre d'action et puis ça permet de faire perdurer la tradition familiale, dit-il en évoquant son grand-père... tu n'es pas en reste non plus toi aussi tu donnes de ton temps libre pour une bonne cause. Cette phrase anodine lui arracha un sourire. Etre lui, chose qu'il savait très bien faire. Entendu, je vais me contenter de ça en attendant de trouver mieux. »
Le regard d'Ethan devint un peu plus sombre tandis que Joan évoquait une de ses propres citations, tout à fait idiote à bien y réfléchir. Sans amour, à quoi cela peut-il bien servir d'avoir qui on veut quand on veut ? A rien, il l'avait appris de lui-même. Son sourire s'effaça alors qu'il reprenait la parole. « J'étais stupide à l'époque il faut croire. Avoir qui on veut quand on veut, à quoi ça sert au juste ? Il y a plus important que ça et malheureusement pour moi, ce n'est pas en claquant des doigts que je vais réussir à attirer cette fameuse personne. D'ailleurs je suis sûr que je suis totalement transparent à ses yeux, du moins qu'elle ne me voit que comme un simple ami tout au plus. ». Conscient qu'il en avait déjà trop dit ou du moins pas assez, il se mordit la lèvre afin de stopper ce flot de paroles inopiné, qui s'échappait de sa bouche sans qu'il pût rien contrôler du tout. Avec beaucoup d'attention, il écouta ensuite Joan. Elle se contentait de lui délivrer le strict minimum en terme d'informations, elle avait délibérément oublié de lui parler de ce qui s'était passé entre son départ de Londres et son arrivée à Detroit. Par politesse, il n'osa pas poser la question qui lui brûlait les lèvres. « Detroit est totalement différente de Londres c'est vrai, mais elle n'en est pas moins charmante. Le climat est assez appréciable d'ailleurs, ajouta-t-il avec un large sourire. Qu'est-ce qui t'as poussé à t'installer ici d'ailleurs ? Si tu arrives à subvenir à tes besoin avec cet emploi, c'est le principal dirons nous. Te supporter ? Un léger rire lui échappa. Je ne crois pas que ce soit un vrai problème en soit. Moi ? Il se passa une main dans les cheveux un peu gêné. J'ai passé mon diplôme d'éducateur spécialisé et je suis parti presque aussitôt de Londres, enfin entre deux missions je rentrais souvent chez ma mère. D'un ton détaché il continua : J'ai pas mal aidé dans des orphelinats, des écoles... un peu partout dans le monde, l'Afrique du Sud, le Pérou, la Tanzanie, le Kenya, la Mongolie pour n'en citer que quelques uns. Et puis... me voilà ! », ajouta-t-il simplement, n'ayant pas vraiment envie de parler des détails l'ayant conduits jusqu'à Detroit.
Si jusqu'à présent ces retrouvailles s'avéraient agréables, bien que dangereuses pour l'un comme pour l'autre, la suite fût légèrement moins appréciable. Sans qu'il ne puisse rien comprendre aux événements et sans qu'il n'ait même le temps de profiter un temps soit peu du contact que lui offrait ce rapprochement, les choses prirent une drôle de tournure. Ethan, l'espace d'un instant fût le plus heureux de la terre alors qu'il pouvait sentir la chaleur du corps de Joan, tout comme les effluves de son parfum. Ascenseur émotionnel qui se produisit ensuite. De la joie, il passa bien vite à l'incompréhension, puis la tristesse. Joan eût une réaction des plus excessives. Il desserra son étreinte autour des épaules de la brunette tandis que cette dernière se débattait comme si sa vie en dépendait. Évitant de peu une pluie de coups, il ne réussit toutefois pas à la retenir, alors qu'elle basculait en arrière en hurlant des paroles tout à fait incompréhensibles pour lui. Bien qu'il ne pouvait pas imaginer une seule seconde ce genre de réaction, il s'en voulu d'avoir forcer le contact avec Joan. La vision qui s'offrait à lui fendit le cœur, il sentit son âme saigner au moment où il serra un peu plus la main – qu'il n'avait pas lâchée - de la jeune femme. Les horreurs du passé venait de leur exploser en plein visage, tandis qu'ils se trouvaient en pleine rue. Ethan n'avait plus qu'à ramasser son cœur en miettes et s'en aller. S'en aller, il n'avait plus que ça à faire, il ne pouvait pas prendre le risque de provoquer à nouveau ce genre de réaction chez son amour de jeunesse. Son regard s'embua à cette pensée ; lorsqu'on aime une personne, il faut parfois savoir la laisser partir, il aurait dû s'en rendre compte bien avant cet instant. Il se pencha légèrement en essayant de la relever. Une larme, une unique larme roula sur sa joue avant de s'écraser sur le visage de Joan. D'un geste rageur il s'essuya le visage. Les hommes ça ne pleure pas lui avait dit son grand-père. Il y avait cru tellement fort, durant toutes ces années, il avait vécu dans la fiction ni plus ni moins, il avait espéré une fin différente, mais pas de Hapy End ici, il n'y en aurait certainement jamais. Maudits pour l'éternité. La vie réelle finit toujours par reprendre ses droits sur l'imaginaire. Il tenta tant bien que mal de ne pas céder à la panique. « Joan... ce n'est que moi, tu n'as rien à craindre... Je ne vais pas te faire de mal. Je... je suis désolé. Je ne voulais pas te faire peur, j'avais juste envie de te prendre dans mes bras. Je crois que je ferais mieux de te laisser tranquille maintenant ! », dit-il alors qu'il l'aidait à se relever, une boule se forma dans sa gorge.
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Jeu 19 Juil 2012 - 15:35
"She went quietly Without a word of where Just a note that wrote “Forgetting is easier”
Amour. Futilité. Tout cela ne rimait à rien pour Joan. Elle avait vécu presque la moitié de sa vie dans l'ignorance totale de ce qu'était un sentiment. A quoi bon ressentir lorsque toute émotion finissait en souffrance? Aujourd'hui, tout cela lui revenait en pleine figure. Ses émotions étaient décuplées et elle ne pouvait pas maitriser des choses qu'elle n'avait jamais connues ou en tout cas pas frôlées depuis plus de dix années. Cette conversation les menait clairement nulle part. Ressasser le sombre passé ne faisait qu'aggraver cette nostalgie destructrice. En cet instant, en regardant dans les yeux si profonds d'Ethan, Joan ne voyait que le reflet de ce passé si aguichant. Il avait la couleur du regret et de la passion. Oui, à ses quinze ans, Joan était persuadée qu'elle aimerait toujours Ethan de la manière la plus pure. Aujourd'hui, elle n'avait plus foi en l'amour. Qu'est ce que l'amour? Une torture de plus dans son monde. Son coeur avait été piétiné de nombreuses fois en très peu de temps: le mot de sa mère, son suicide, Ethan et ses conquêtes, l'espoir retrouvé lors de cette soirée, la suite... La dernière personne que Joan avait aimé était bien Ethan Sanders, il était la dernière personne qu'elle avait vu même si elle lui cache ce fait. Ce soir là, son sac sur le dos, elle était venue jusque chez lui, l'avait observé alors qu'il était en train de passer ses nerfs sur la réparation d'une mobylette. Andy avait dans l'idée de lui parler, lui expliquer mais à la place de l'action, elle se détourna, les larmes coulant sur ses joues. Voilà à quoi ressemblait leur passé, une succession d'échecs, de mensonges, de malentendus, de la souffrance en série en somme. Depuis cet homme, Joan n'avait jamais réitéré l'expérience, son coeur ne l'aurait pas supporté. Elle s'est contentée d'utiliser les hommes pour atteindre ses objectifs: la vengeance en premier lieu. Elle se complaisait dans ce rôle: la solitude, la haine du sexe opposé et il était réapparu. Pourtant, la tueuse avait toujours eu l'impression de sa présence, Ethan avait été une ombre derrière elle qu'elle s'était empressée d'enfermer au fin fond de son esprit en jetant la clé. Tous ces efforts étaient vains. Dix années de froideur et d'insensibilité rangées au placard en l'espace d'une demie seconde. Il avait suffi d'un regard, d'un sourire et Joan le savait très bien même si elle ne le montrerait pas. Être blessée à nouveau causerait sa perte et plus encore...
L'allée respirait la nostalgie. Le silence était pesant et les regards échangés étaient lourds de sous entendus, pourtant, aucun des deux ne semblait réaliser l'ampleur de ce que pouvait penser l'autre. Surtout à cet instant, puisqu'Ethan clama qu'il avait évolué. Depuis déjà quelques minutes, les jeunes gens insistaient bien sur ce point de rupture: le temps avait passé, ils n'étaient plus des adolescents énamourés, loin de là. Lui était devenu quelqu'un de respectable, elle, s'était enfoncée dans les vices de la haine. Rappeler une nouvelle fois ce contraste était douloureux pour Joan mais elle ne cilla pas, elle avait survécu à la souffrance à l'état peur, feindre était devenu un de ses points fors. Etha resta vague sur les raisons de ce changements, la curiosité de Joan était réveillée désormais, elle cligna des yeux avec un regard interrogateur.
Certaines choses? Il va falloir que tu explicites parce que cette réponse ne va pas me suffire.
Joan croisa les bras avec un sourire malheureux, accentuant un peu plus son malaise. Elle avait l'impression de le forcer à rester. Elle agissait comme une enfant capricieuse, il avait certainement d'autres choses mieux à faire que ressasser devant une jeune femme qu'il avait oublié depuis bien longtemps. Lorsqu'elle réalisa ce fait, Kellers se sentit encore plus à l'étroit. Elle ferait mieux de fuir, une nouvelle fois. La honte s'emparait d'elle, elle était devenue tellement égocentrique et cette pensée la terrifiait encore plus. Un léger haussement d'épaules de la part d'Ethan puis un autre sujet de conversation. Ils arrivaient enfin à un accord: penser au passé, le réécrire ne servait plus à rien. Les mots que haïssaient tant Joan, remords et regret, furent une nouvelle fois prononcées. Cette fois, ils sonnaient comme un au revoir comme si Ethan tournait enfin la page de cette période douloureuse. Joan avait la boule au ventre, sans pouvoir l'expliquer. Pourquoi avait-elle cette sensation? Le laisser partir était-il si difficile? De plus, ce n'était pas sûr que ce ne soit pas déjà fait de son côté. Le seul signe qui restait des paroles d'Ethan était son regret de ne pas l'avoir sauvé ce soir là. En soi, elle l'avait déjà perdu depuis une décennie, rien de neuf. Hormis qu'aujourd'hui, elle réalisait cette perte, elle était encore cette enfant qui vivait dans un conte de fées. Elle venait de perdre le seul amour qu'elle avait eu jusqu'ici et c'était peut être même plus douloureux que cette soirée là...
Oui, on est quittes. Chacun de nous à des choses à regretter mais en parler ne résoudra rien. Il faut juste se pardonner et oublier.
Comme si c'était facile. Oublier. C'est ce qu'elle avait fait. Elle avait oublié quasiment toute cette soirée là mais cela n'arrangeait aucunement son mal être. Pourtant, oublier les regrets, elle ne le pouvait pas. Quel paradoxe. Elle prodiguait ce conseil et Joan se trouvait tellement ridicule, elle était incapable de suivre ses propres paroles. Elle ne faisait que mentir de toute manière et ce depuis un bon moment déjà. Kellers n'était pas prête de pouvoir aider Ethan, c'était désormais évident. Elle était très loin d'être un exemple à suivre dans le domaine sentimental. Ethan se mit à commenter son discours futile. Elle avait changé certes mais lui ne voyait en elle que l'éternelle gentillesse, la spontanéité de Joan Kellers, la lycéenne londonienne. Il l'excusait presque d'être une meurtrière, s'il savait, il appellerait la police sur le champ ou la ferait interner. C'est à peu près tout ce qu'elle mériterait si le monde était parfait. Puis, la conversation dériva sur le métier d'Ethan, il était toujours bien droit et c'était un motif de satisfaction. Au moins l'un d'eux suivait un cours de vie normal et loin de toute criminalité.
L'ado' rêveuse.. Cela fait longtemps que je ne l'ai pas croisé mais ce n'est peut être pas perdu pour autant. J'espère que tu continueras d'aider tous ces gens Thany. C'est quelque chose qui me ferait plaisir en plus de continuer d'être toi évidemment.
Un petit rire traversa sa gorge. Faire semblant était réellement la solution de facilité mais la faiblesse n'était pas loin. Ethan finit par évoquer son changement d'état d'esprit, Joan fut réellement surprise de cette transformation. Elle avouait facilement que c'était un des côtés d'Ethan qui lui avaient le plus plu à base, comme bon nombre de jeunes filles à l'époque certainement. Kellers resta concentrée sur ses paroles, ne l'interrompant pas. Elle tentait de déceler les causes qui l'avaient conduit à ne plus vouloir tout ce dont il avait envie quelques années auparavant. Une déception amoureuse certainement mais Joan ne pouvait pas deviner plus que ses paroles. Il voulait juste vivre quelque chose avec cette fameuse personne comme il le disait si bien. Celle-ci ne semblait voir en lui qu'un ami, grossière erreur certainement mais Joan en avait fait des pires avec lui. Joan n'était jamais de très bons conseils mais elle tenta quand même d'exposer son point de vue.
Mon dieu ce que tu as changé, en bien rassure toi. Pour ce que qui est de cette fameuse personne, prouve lui le contraire. L'amitié c'est bien mais j'ai comme l'impression que ce ne soit pas suffisant dans ton cas.
Conseil bidon, comme tout ce qu'elle était depuis son arrivée à Detroit mais il ne fallait pas en rester là. Revenons en à des formules de politesse: qu'est ce qui s'est passé dans votre vie depuis dix ans en somme. Joan n'avait pas grand chose à lui dire qui soit vrai, elle resta donc très vague en évitant de laisser des points d'ombre majeurs. Ethan voulait savoir ce qui l'avait poussé à choisir cette ville. La jeune femme n'en avait aucune idée, elle avait pris un billet et était arrivée ici. Choix du destin. Quant à Ethan, il lui évoqua ses voyages en Afrique, il était heureux. C'est tout ce que Joan vit sur son visage lorsqu'ils en étaient arrivés là dans leur discussions. Sans prévenir, un sourire était apparue sur ses lèvres. C'était comme cela qu'elle voulait le voir, pour toujours. C'était son objectif aujourd'hui et ce rayon lumineux lui indiquait que ce n'était pas qu'une utopie, elle y arriverait avec un peu de temps et de persévérance. Elle ne commenta pas ses banalités plus que de coutume, elle préféra rester dans le vague tout en laissant entrevoir sa lueur d'espoir à la vue du sourire d'Ethan.
J'avais envie de m'installer et le destin a décidé que ce serait ici. Moi même, je ne pourrais pas répondre à ta question... Tu devrais sourire plus souvent comme cela Thany, c'est ton arme fatale tu sais!
Ce moment d'espoir qui se transforma en moment de bonheur puis en cauchemar. Joan ne distinguait plus la réalité du souvenir. D'ailleurs, elle était enfermée dans son souvenir de ce soir là, elle se souvenait enfin de ce qu'on lui avait fait dans les moindres détails. La révélation fut douloureuse, elle se débattait, luttait contre des choses qui n'existaient plus que dans sa tête. Elle tomba à terre en imaginant que sa fin était proche mais elle était encore à Alley District et elle n'était pas enfermée dans les toilettes avec lui, non, elle avait pris Ethan pour cible à la place. Celui-ci était au dessus d'elle, serrant sa main, versant une unique larme qui vint s'écraser contre la joue endormie de Joan. Le temps que son cerveau prenne conscience de la réalité, elle avait commis l'irréparable. Elle avait sûrement dû le frapper lui. Elle aurait préféré mourir plutôt qu'il s'imagine que ce soit lui qui ait provoqué tout cela. Cette fois, elle se sentait mal, comme une intruse dans son propre corps. Il la releva tant bien que mal, clairement distant maintenant. Elle avait tout raté, une nouvelle fois. Mais, au moins cette fois, elle savait une chose: tout était sa faute. Elle avait beau blâmer ses parents de ne pas avoir réagi, ses frères de l'avoir laissé gérer le malheur de son père, par dessus tout, Ethan qui n'avait pas été là ce soir là, c'était uniquement sa faute. Elle avait effacé le souvenir et pourtant, c'était elle qui avait plus ou moins aguiché son harceleur pour pouvoir obtenir un autre verre gratuitement. Elle l'avait cherché, elle l'avait invité tout simplement. Joan était perdue dans sa douleur, sa révélation mais elle finit par revenir parmi les vivants, pleurant à chaudes larmes cette fois, lavée toute honte ou gêne. Sa version adolescente était enfin morte et enterrée, elle avait juste eu besoin de savoir la vérité, enfouie au fond de son cerveau meurtrie par les évènements. Lorsqu'elle regarda autour d'elle, Ethan n'était plus à ses côtés. Il marchait vers le bout de la rue, l'abandonnant à son triste sort. Joan pleura de plus belle, les pieds comme plantés dans le sol, réalisant que tout espoir s'était envolé. Elle était morte à l'intérieur. Sa haine avait laissé place à un énorme vide accentué par le départ précipité d'Ethan Sanders. Elle avait juste envie de continuer de pleurer jusqu'à mourir. Pourtant, elle n'en fit rien. Elle se contenta d'aller chercher Ethan. Pourquoi? Elle n'en savait rien mais sur le moment, elle avait besoin cette chaleur enivrante qu'il pouvait lui apporter. Elle le rattrapa à grande foulées, se posta devant lui, les larmes continuant de couler. Elle évita à tout prix son regard pour ne pas céder à la panique. Puis, elle se laissa aller dans ses bras, comme elle aurait dû le faire dix ans auparavant, le serrant comme s'il allait s'échapper...
C'était pas toi Thany. C'était pas ta faute. Je me suis tuée...
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Dim 22 Juil 2012 - 17:06
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
Réalité de l'instant apparaissant comme un rêve intemporel. Ethan avait l'impression de rêver éveiller, tellement il ne réalisait pas encore qu'il se trouvait bel et bien face à son amour de jeunesse. Tout continuait à graviter autour d'eux et à s'animer, mais le temps semblait être suspendu pour lui. Ne voir plus qu'elle, jusqu'à faire abstraction du reste du monde. Si cet instant pouvait ne jamais prendre fin, il serait sans doute la personne plus heureuse sur terre. Comme si de rien n'était et comme s'il s'étaient vus la veille, ils évoquaient ensemble leur quotidien. Cela n'est possible qu'avec les véritables « amis ». Si ces retrouvailles n'avaient pas été aussi douloureuses et aussi étranges, sans doute aurait-il pu oublier les dix années d'absence de Joan. Mais il ne le pouvait pas, comment l'aurait-il seulement pu ? L'enfer, engendré par le vide provoqué par ce départ soudain l'ayant tellement fait souffrir. Ne restait plus qu'à espérer que la jeune femme ne parte plus jamais de la sorte, sans laisser la moindre trace. Si cela devait se produire à nouveau, Ethan n'était pas sûr de pouvoir puiser en lui la force pour continuer à avancer. Rien qu'à cette pensée, il sentit son cœur se serrer un peu plus. Ne pas penser à ça, afin de pouvoir profiter à fond du moment présent. L'attitude de la jeune femme, à la fin de sa phrase, le fit sourire. Elle n'aurait même pas eu besoin de dire que cette réponse n'était pas suffisante pour elle, il l'a connaissait assez pour savoir qu'elle ne se contenterait pas d'une courbette de la sorte. « Oui, certaines choses ! Un nouveau sourire vint illuminer son visage avant de disparaître presque aussitôt. Comme le fait que l'amour, le vrai, est bien plus important qu'une histoire sans lendemain. ». Le Londonien n'osa pas en dire plus sur le sujet, de peur de s'embourber dans une explication totalement foireuse et qui le mettrait à nu, chose dont il ne voulait pas.
Un accord tacite venait d'être passé entre eux deux, à cette seconde précise, soit ne plus parler du passé, l'enfouir assez profond pour ne pas voir resurgir les vieux fantômes au moment le moins attendu, pardonner. En un sens, faire son deuil et accepter le fait qu'il était grand temps d'avancer. Ne plus se retourner, ne plus regarder en arrière, voir loin devant soi et se dire que les plus belles années sont maintenant droit devant. Si seulement cela était aussi simple que ça, tirer un trait, mettre son cerveau sur pause le temps de tout effacer et recommencer de plus belle. Oublier, une chose totalement impossible. Et puis, malgré toute la laideur d'une partie de ses souvenirs, sans eux, dans quoi pourrait-il s'enrouler durant les longs soirs d'hiver, seul, devant le feu de sa cheminée ? Sans eux, il ne serait certainement pas l'homme qu'il était devenu. A choisir, il préférait les garder secrètement pour lui. Ne trouvant rien à ajouter là dessus, il se contenta d’acquiescer les paroles de Joan dans un mouvement de tête. Accord passé. Ethan ne pouvait pas vraiment comprendre en quoi l'ado rêveuse qu'elle était autrefois avait complètement disparue, il était persuadé que derrière cette carapace, elle se trouvait forcément là, sous la peau, prête à revenir sur le devant de la scène et à croquer la vie à pleines dents, comme elle pouvait le faire quelques années auparavant... Avant que la vie en noire ne remplace la vie en rose. Bien sûr, il ne pouvait pas savoir que derrière un si joli visage puisse se cacher une âme si noire. Il ne pouvait pas savoir et n'avait absolument aucune idée de ce qui avait bien pu se passer dans la vie de Joan ces dix dernières années. Dans son esprit, Joan était et resterait toujours la gentille et jolie Londonienne dont il s'était amouraché. « Rien n'est jamais perdu, l'espoir fait vivre comme on le dit si bien ! Nouveau sourire. Tu peux compter sur moi pour ça, je crois que j'ai ça dans le sang de toute façon... bien qu'un nouveau départ à l'étranger ne soit pas au programme pour le moment. En attendant, je vais me contenter d'aider les femmes qui en ont le plus besoin. ». Et dans ces nombreuses inconnues, il incluait Joan tout en haut de sa liste.
« Il n'y a que les idiots qui ne changent pas d'avis, non ? Un peu mal à l'aise, il se frotta la joue. On va dire que j'ai appris à mes dépends que se comporter comme un imbécile peut avoir de lourdes conséquences. Comme je le disait tout à l'heure, je suis passé à côté de l'essentiel.... Enfin peu importe. Il détourna légèrement le regard, n'osant affronter celui de Joan. Tu as raison, ce n'est pas assez pour moi, malheureusement on ne peut pas toujours avoir ce qu'on veut ! ».Un air résigné sur le visage et il écouta ce qu'avait à ajouter Joan concernant cette mystérieuse destination que représentait pour elle Detroit. Pourquoi pas Londres ? Pourquoi avoir choisi une ville au hasard plutôt que sa ville natale ? La jeune femme évitait de répondre trop précisément à ses questions portant sur certains sujets. Qu'avait-elle a cacher au juste ? Afin de ne pas se montrer trop curieux et de ne pas embarrasser Joan, il se contenta de dire : « Le destin fait parfois bien les choses, on se laisse porter par le vent et puis... Il fût couper net dans sa phrase, le compliment de Joan le déstabilisa bien plus qu'il ne l'aurait voulu. Il se retrouva un peu bête à ne savoir que répondre. Ah... euh.... merci... c'est gentil ! Il fallait qu'il se reprenne et au plus vite. Mon arme fatale ? Je vais en profiter alors ! ». Il ponctua sa phrase en offrant son plus beau sourire à Joan.
Des retrouvailles incluent forcément des adieux. Ce moment que l'on essaye tant bien que mal de retarder, alors qu'on se trouve sur le bord du quai, le train s'apprêtant à partir, on tente de grappiller de précieuses secondes, et puis vient le moment fatidique où les portes se referment sur vous, sur le monde extérieur. En proie à un profond désarroi lorsqu'on regarde par la fenêtre, qui renvoie indéniablement au vide de son cœur. Solitude, qui sabote la plupart des instants magiques précédents cet abandon. C'est ce qu'Ethan ressentît au moment où il tourna les talons, l'écho de ces pas foulant le sol accompagnant son envie de hurler sa douleur. Forte impression d'auto-mutilation, comme s'il venait de se taillader les veines avec un couteau rouillé, avant de s'attaquer avec entrain à son torse. Réussir à déloger ce muscle palpitant qui ne servirait plus à rien désormais, l'arracher, le broyer avant de s'écrouler raide mort. Si Ethan avait voulu se faire mal, c'est de cette manière là dont il aurait dû s'y prendre : venir à Detroit pour retrouver son amour de jeunesse, amour qu'il n'avait pas oublié malgré les années, tenter une approche en feintant l'étonnement le plus complet. Crétin d'imbécile, pourquoi est-ce qu'il avait fallu qu'il succombe à cette tentation aussi grotesque que malsaine de la revoir ? Par pur masochisme sans doute. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il était servi question douleur. Bien fait, qu'on ne l'y reprenne plus. Malgré tout, même si ces retrouvailles ressemblaient à s'y méprendre à un fiasco géant, il pouvait s'estimer heureux d'avoir été jusqu'au bout de son « rêve ». Nuls regrets possibles à présent, à lui de réussir à tourner la page et de pouvoir enfin avancer. Mais il n'en avait pas envie ; la laisser filer comme ça, plutôt crever sur place. Le Londonien atteignait l'angle de la rue, lorsqu'elle se retrouva devant lui, sans qu'il ne puisse trop comprendre comment. Peu importe, elle était là, c'est certainement ce qui comptait le plus. Son cœur n'allait pas résister longtemps à cet ascenseur émotionnel. Espoir, tristesse infinie, puis de nouveau l'espoir. Montagnes russes du tourment. Ethan cru défaillir sur place, tandis que Joan se jetait dans ses bras, en larmes. Se raccrocher l'un à l'autre, comme si leur vie en dépendait ; bouée de sauvetage au milieu de la tempête. De nouveau il se sentit complet. Tellement longtemps qu'il attendait ce moment, il en savoura chaque secondes. Le temps sembla s'arrêter, il n'avait plus d'yeux que pour elle. Sensation indescriptible au creux de son ventre. Avec toute la tendresse dont il était capable, le jeune homme sécha du bout des doigts les larmes de la brunette. Désormais, il avait un nouveau but, chasser les démons internes de Joan et lui redonner la joie de vivre, quoi que cela puisse lui coûter. Certaines personnes naissent avec un but précis, d'autres le trouvent bien plus tard, c'est ce qui venait de se produire. La protéger d'autrui, mais surtout d'elle-même. Il la laissa parler et l'écouta attentivement. Elle évitait toujours son regard, tant pis, il ferait avec. « Ce n'était pas non plus de ta faute Jo', c'est toi la victime de l'histoire, et personne d'autre. Tu n'y es absolument pour rien. Tu es toujours debout malgré tout, tu as fait preuve de courage, fais en ta force principale, pour continuer à avancer. Ne laisse pas tes propres démons te terrasser, tu mérites tellement mieux ! Je ne te laisserais plus tomber, tu peux compter sur moi pour t'aider. ». Sur l'impulsion du moment, il déposa un baiser sur le front de Joan, à la fin de sa phrase. Effort surhumain qu'il dû fournir, de ne pas succomber à l'envie de poser ses lèvres sur les siennes. Il aurait voulu lui dire tellement plus, tout lui révéler, lui dire à quel point il pouvait l'aimer, mais il en fût incapable, tout comme il y a dix ans. Schéma éternel. Les actes signifiant certainement plus que toutes les paroles du monde, il se contenta de la serrer contre son torse afin de la consoler. La garder contre lui, pour toujours, c'est tout ce qu'il souhaitait. La terre à présent pouvait bien s'écrouler autour d'eux, cela n'avait plus d'importance.
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Lun 23 Juil 2012 - 18:30
Comment passer du rire aux larmes en passant par l'envie? Joan n'avait jamais connu ce genre de sensations avec quelqu'un d'autre qu'Ethan. C'était la plus grande contradiction qu'elle ait eu à vivre. Joan haïssait les hommes, elle avait l'habitude de les décrire comme des êtres insensibles, froids lâches, malhonnêtes, monstrueux, avares, impatients.. Tous les défauts du monde en une seule espèce. Et puis, il y avait Ethan Sanders, cet homme qui, aujourd'hui, chamboulait une nouvelle fois toute sa façon de pensée. Il était doux, tendre, drôle, gentil, mignon et depuis toujours, il était une partie d'elle qu'elle s'était refusée d'exister. Joan n'était plus la jeune femme qu'elle était lorsqu'ils se sont connus mais elle n'était certainement pas non plus la femme qu'elle était quelques mois auparavant. Ethan la rendait tellement humaine, il faisait ressortir ses traits les plus positifs et Joan ne savait pas comment lutter contre la profondeur de ce lien. Pour le moment, elle se contentait de le regarder d'une manière insistante. Elle ne se rendait pas réellement compte de tout cela, elle ne pensait plus. Elle était dans un autre monde, un monde où le viol n'avait pas eu lieu, où ils auraient pu s'aimer enfin. Mais ce n'était pas la réalité, Joan n'était pas une femme pour lui, elle ne le serait jamais, brisée par le destin et la douleur qui s'immisçait dans chaque centimètre carré de sa peau. Pourquoi continuer à vivre après cette douloureuse prise de conscience? Joan n'en avait pas la moindre idée, elle voulait certainement profiter de sa présence avant le vide.. Cet insaisissable vide qui viendrait la chercher dès se soir, dans la solitude de son appartement. Observer chaque trait de ce visage aimant, imaginer ce qu'elle aurait pu ressentir en le touchant du bout des doigts, avoir envie de passer ses derniers instants dans un silence qui en disait long. Mais, dans la réalité, cela ne se passait pas comme dans ses rêves les plus fous. Ils étaient plutôt distants, gênés, à parler de tout et de rien, de regrets, de douleurs cachés et d'un avenir qui n'existait pas pour eux...
Joan était bien curieuse d'en apprendre plus sur le changement de mentalité de son amour de jeunesse. A en juger par sa réponse, il était devenu un véritable romantique. L'élue de son coeur avait bien de la chance. Éviter ce genre de pensées absolument. Comment ne pas craquer si on s'imaginait à la place de cette amie qui n'avait aucune considération pour lui. Elle ravala ses larmes une nouvelle fois pour afficher un sourire des grands jours. Feindre. Toujours feindre. Jusqu'à ce qu'elle pousse son dernier souffle. Ne jamais s'attacher. Pourquoi n'était-elle pas capable de tenir cette promesse devant Ethan Sanders? Elle était si bien partie le jour où elle avait réussi à partir, sans se retourner, abandonnant la partie la plus agréable d'elle même. Elle ne serait certainement plus jamais complète mais elle préférait cela plutôt que d'aimer à nouveau. Choix désespérée? Choix d'une personne amenée à détester le monde qui l'entoure mais par dessus tout sa propre âme. Elle était tellement égoïste de penser ainsi mais Joan ne voyait pas d'alternative. Le bonheur n'était pas pour elle, le destin lui avait prouvé à plusieurs reprises lorsqu'elle l'avait effleuré. Elle avait compris le message et ne jouerait pas avec lui. Elle n'aurait pas la force. Elle tenait conserver la promesse tacite faite à sa mère intacte et s'ouvrir impliquait sombrer. Joan Kellers s'y refusait. Joan ne pouvait donc pas approuver les propos d'Ethan. Elle voulait y croire, elle y avait cru autrefois mais elle n'avait vécu que des histoires sans lendemain et elle survivait tellement bien ainsi. Prendre un risque? Elle ne savait pas si elle serait capable de le faire. De toute manière, elle ne pouvait pas se poser la question, l'inaccessibilité la freinait désormais. Elle plongea son regard dans celui de l'homme qu'elle respectait tant avant de contredire ses propres pensées.
Certainement.. Il faudrait le tester pour pouvoir l'affirmer. Enfin, je suppose que cela a déjà été le cas pour toi de toute manière...
Nouveau silence pesant. Pourquoi Joan s'entichait à se faire du mal de la sorte? Savoir, c'était se détruire. Elle n'avait clairement pas envie d'imaginer le nombre de femmes qu'Ethan avait aimées. Jalouse? Non, elle ne pouvait pas l'être. Elle n'aimait personne, même pas une once d'elle même. Pourtant, la sensation au creux de son ventre laissait supposer le contraire mais la tueuse l'ignora, pour son propre bien. Les deux jeunes gens restèrent dans le silence après s'être mis d'accord de laisser le passé dans le passé. Joan savait que c'était impossible mais se donner l'illusion était mieux que rien. La tueuse se doutait qu'ils tourneraient autour du véritable problème, qu'ils graviteraient tous deux autour de ce fameux soir tant que la vérité ne sortirait pas de sa bouche mais elle n'en avait pas la force. Elle ne voulait plus de la pitié des autres, elle voulait au contraire rester la personne forte qu'elle était depuis dix ans et elle savait qu'Ethan ne comprendrait pas cette décision.
Quoiqu'il en soit, ce silence gênant laissa place à un autre style de conversation, moins dangereux et pourtant si douloureux. L'espoir était tellement présent, ce poison destructeur qui lui donnait envie d'en finir avec elle-même sur le champ. Ethan ne demandait qu'à aider ses semblables, c'était quelque chose qu'il savait si bien faire et elle n'aurait jamais imaginé le contraire venant de lui. Il précisa d'ailleurs qu'il comptait rester ici au moins un temps pour venir en aide à toutes ces femmes qui souffraient... A toutes ces femmes, comme elles.. Pourquoi agirait-il ainsi? Joan avait comme l'impression qu'il se punissait sans le réaliser une nouvelle fois. Elle espérait que tout cela n'avait rien à voir avec elle. Tout cela était terminé, ils étaient passées au dessus de ce sujet depuis déjà quelques minutes et il était hors de question de laisser une nouvelle trace d'amertume après l'accord qu'ils avaient passés. Joan fit donc semblant de considérer ses intentions comme des actions sans arrière pensée.
C'est honorable de ta part.. Enfin, c'est ce que je m'étais imaginé que tu ferais! Avec brio, évidemment. Si tu arrives à les soulager un peu de leur fardeau, ce sera une petite victoire...
Un sourire naissant sur le visage. Comment pouvait-elle envisager qu'une action de ce type fonctionnerait? Les femmes brisées n'espéraient plus grand chose de la vie, elles le réalisaient à travers elle même évidemment mais les coups de fil en témoignaient aussi de manière flagrante. Joan souhaitait juste afficher cette façade d'assurance ainsi que cet espoir que la partie tendre et compatissante qui la constituait était bien présente. Être morte d'accord, mais pas en une seule rencontre. C'était trop difficile à avaler. Jouer le jeu jusqu'à ce que cela ne soit plus possible. Joan chassa ses pensées, ne surtout pas lâcher le morceau si facilement. Quel challenge lorsqu'on était en face de quelqu'un comme Ethan. Celui-ci d'ailleurs tentait de lui faire passer un message que Joan ne comprenait pas réellement. Il était passé à côté de l'essentiel.. Des paroles toujours aussi sombres qui laissaient entendre un malheur permanent. Mais, Joan ne voulait plus le mettre mal à l'aise. Elle ne pouvait plus supporter ce malaise justement qui la mettait sous pression. Elle avait peur du moindre mot qu'elle prononçait, la peur d'en dire trop ou pas assez. La peur de ne pas être à la hauteur d'Ethan Sanders en somme. Pourtant, elle le regarda, ce fut loin qui se sentit gêné et qui abandonna la bataille alors que Kellers était visiblement troublée par ses propos implicites. Elle voulait qu'il se sente bien face à elle et c'est donc dans cette optique qu'elle lui répondit.
Je ne sais absolument pas de quoi tu parles mais je peux te dire une chose, la volonté peut faire des miracles. Si tu abandonnes, c'est certain que tu n'obtiendras jamais l'objet de tes désirs.
Mais qu'est ce qu'elle racontait? Joan divaguait complètement, elle commençait à lui raconter de sacrés salades et qui la gênait par dessus le marché. Elle regarda au loin pour se remettre de sa bêtise. Elle partait tellement sur de mauvaises bases, lui dire tout cela ne l'aidait clairement pas à oublier la sensation étrange au creux de son estomac. Tout cela ne faisait qu'accentuer tous les paradoxes qu'elle souhaitait oublier. Oublier. Bon sang. Elle ne put s’empêcher de continuer sur sa lancée. Elle ne savait pas ce qui lui avait pris mais elle venait de dire à Ethan qu'il avait une arme fatale. C'était la vérité, elle ne faisait que sourire en le voyant faire. Mais pourquoi lui avouer? Quel déchirement. Il en profitait, elle le savait. Elle mourait sur place en voyant ce magnifique sourire lui tendre les bras. Non. Résister. Elle ne réussit pas longtemps, elle lui sourit à son tour avec une timidité évidente. Comment ne pas être gênée après avoir plus ou moins avoué que son charme faisait toujours autant d'effet malgré les années écoulées? Joan préféré donc jouer la carte de l'humour pour faire passer ses propos pour une simple plaisanterie entre amis. Peu crédible mais c'était mieux que de se ridiculiser. Elle fit semblant de bouder devant le sourire magistral de son amour de jeunesse.
Vas y, profites en... Fais ton air irrésistible, vas y..
Elle s'enfonçait. A vrai dire, Joan n'avait plus aucun répondant et bégayer quelques mots était déjà un exploit face à quelqu'un comme lui.
Ce fut le dernier instant à peu près heureux qu'elle vit avant le trou noir. Après cela, la fuite d'Ethan. Joan nageait en plein délire. Qu'est ce qu'elle pouvait faire d'autre que le poursuivre? Elle était seule, en larmes, désespérée et revivait des instants tragiques. Ethan était la seule personne capable de l'empêcher de sombrer. Des images affreuses plein la tête, elle courut et lorsqu'elle l'atteignit, elle s'écroula dans les bras si rassurants et protecteurs d'Ethan Sanders. Joan ne le regarda pas. Elle évitait même précieusement ce regard si attirait. Elle se contenta de pleurer en lui avouant, faible, qu'elle était désormais au courant de sa propre culpabilité. Elle avait attiré l'agresseur dans ses filets, c'était uniquement elle la responsable. Maintenant, vivre avec... Ce serait moins facile. Pourtant, Ethan précisa qu'il serait là dans chaque étape du processus. Elle calma quelques instants ses sanglots pour tenter de répondre à la promesse et la foi qu'il avait en elle, en sa rédemption.
Je veux juste que tu saches que t'y es pour rien, Thany.. C'est moi, je voulais profiter de son argent et.. C'est ma faute.. J'ai joué avec le feu.. Il aurait dû me tuer, en finir.. Je.. Je ne suis plus rien.. Je suis partie.. Je n'ai pas oublié.. Rien.. Ni personne.. Juste ce que j'étais.. Je suis désolé, j'ai fait n'importe quoi.. Je dois payer..
Joan perdait pied. Elle était perdue, au bord du gouffre. L'envie d'en finir était plus que présent, elle devait résister, le regard de sa mère sûrement rivé vers elle. Quant à sa situation dans les bras d'Ethan, une chose était certaine, elle ne s'était jamais sentie si en sécurité qu'en cet instant. Le baiser sur son front fit battre son coeur à cent à l'heure. Elle n'était plus maitresse d'elle même, ni de ses paroles, ni de ses gestes et encore moins ses sentiments. Elle resta silencieuse dans ses bras pendant cinq bonnes minutes, si malheureuse et pourtant elle se sentait arrivée à destination. Une vulnérabilité nouvelle pour Joan Kellers, elle n'avait désormais plus d'autre choix que de lever son regard mouillé vers Ethan.
Qu'est ce qu'il m'arrive? Je suis censée haïr le reste du monde...
WELCOME TO DETROIT
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mer 25 Juil 2012 - 15:36
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
Était-ce une pointe de jalousie qu'il sentit poindre dans le ton de Joan ? Ou bien était-ce uniquement le fruit de son imagination un peu trop débordante ? Si l'on souhaite très fort quelque chose – à défaut que cela se réalise – n'en vient-on pas à imaginer tout et n'importe quoi ? C'est presque s'il avait pu voir les flammes de ce sentiment brûler dans les prunelles sombres, de son amour de jeunesse. A cette pensée, son cœur s'accéléra. Ce pouvait-il réellement qu'elle soit jalouse de ses conquêtes, ou plutôt de ces histoires sans lendemain ? Si elle savait, pas une seule de ces filles ne lui arrivait à la cheville. Pas une seule n'avait sa beauté, pas une seule n'avait réussit à combler le vide de son cœur. En résumé, pas une seule n'avait été capable de remplacer ou bien de surpasser Joan. Jamais cela n'était arrivé, jamais cela n'arriverait, maintenant qu'il se trouvait face à elle, il en avait la certitude. Si tant est que cela existe, la brunette était son âme sœur. Pourquoi était-ce si dur de lui en parler ? Il n'avait qu'un pas à faire, un tout petit pas en avant à franchir pour tout lui révéler. Des mots, tout ça n'était que des mots, rien de bien compliqué en définitive. Alors pourquoi ce satané son restait bloqué dans sa gorge, et résonnait dans sa tête, à lui en faire exploser le crâne ? Caisse de résonance le renvoyant à sa propre lâcheté. Qu'est-ce qu'il aimerait pouvoir trouver le courage de tout lui avouer, lancer ses révélations comme ça, de but en blanc puis se sauver en courant, pour ne pas avoir à affronter son regard. Ne pas avoir à subir son rejet, ce serait bien trop dur. Chose insupportable que cette idée. Se faire rejeter de la sorte par son grand amour. Ethan n'osa même pas imaginer ce qu'il pourrait ressentir si cela venait à se produire. Probablement qu'il mourrait dans la seconde, du moins c'est ce qu'il espérait. Mourir, pour ne pas être accablé par le poids du chagrin. Ne pas gésir dans le caniveau, la bouche ouverte et la cage thoracique littéralement dézinguée. Image peu flatteuse mais au combien rassurante, de la grande faucheuse qui viendrait le cueillir avec les bras grands ouverts. Pourvu que cela soit rapide. Soudainement, il revint à lui et pu sortir des méandres scabreux de son esprit. Joan se tenait toujours face à lui, une expression indescriptible sur le visage, sans se départir de son sourire tout aussi indescriptible. Phrase bateau qu'il prononça par la suite, comme pour garder une certaine contenance et ne rien montrer de son trouble. Lamentation plus qu'une explication au final. Quel pleurnichard ! « Le tester, ce n'est pas l'adopter, crois-moi. Je ne m'en cache pas, cela a été le cas, mais cela ne le sera plus car c'est totalement inutile. ». Ethan se retint d’enchaîner sur le fait que les erreurs sont monnaies courante lorsque l'on est jeune. Cela n'aurait pas été très approprié, et puis cela ne ferait que les renvoyer dans un passé qu'ils cherchaient maintenant à éviter par tous les moyens.
Le silence les accabla de nouveau, bruit effrayant où il pouvait entendre son cœur résonner à ses oreilles, tout comme les mécanismes rouillés de son cerveau qui essayaient de s'activer à toute vitesse. Grincements assourdissants et tambourinements effrayants. Tout était désormais bon pour combler les vides de la conversation. La pluie, le beau temps, le quotidien, autant de sujets qu'ils pourraient aborder, mais dans le fond chacun savait que ce n'était pas de ça qu'ils souhaitaient parler. Faire semblant, mais tout ce qu'ils pouvaient dire à présent n'était là que pour faire joli. Tourner autour du pot, jusqu'à creuser un énorme sillon, se perdre dans ce dernier, et ne plus apercevoir l'autre. C'est fou le fossé qu'il peut y avoir entre ce que l'on voudrait dire ou faire, et puis ce que l'on fait réellement. Les mots qui ne voulaient pas franchir la barrière de ses lèvres ressemblaient à quelque chose comme : « J'ai quelque chose à te dire, voilà... ça fait dix ans que je craque pour toi. Je t'aime ! Je t'aime tellement que j'ai cru crever durant ton absence. ». Jamais au grand jamais il n'oserait avouer quelque chose de la sorte, alors il se contenta de rendre son sourire – un peu penaud – à la jeune femme. D'ordinaire Ethan n'était pas du genre à manquer de courage, bien au contraire. Tout était si différent lorsqu'il s'agissait de Joan, depuis bien longtemps, cela n'était pas prêt de changer. Il avait eu tellement peur de la perdre, qu'il avait préféré rester à sa place à l'époque, si seulement il avait été plus courageux, rien de tout ça ne se serait produit. S'en vouloir, encore et toujours. Aujourd'hui encore, il avait peur de la perdre si jamais il en venait à ne plus pouvoir tenir sa langue. Comment réagirait-elle face à ses aveux ? Mal sans doute, car d'aussi loin qu'il se souvienne elle n'avait jamais manifesté le moindre signe d'attirance à son égard. Voilà pourquoi il devait se concentrer de rester à sa place, ne jamais rien lui révéler. Être l'ami qu'il avait toujours été et dont elle avait besoin, cette oreille attentive, cette épaule sur laquelle se reposer, mais pas plus. Pas plus, à cette pensée son cœur se serra davantage. Bien que cela lui fît mal, il en vint à se dire qu'il était sans doute préférable d'être dans sa vie en étant un simple ami, plutôt que de ne pas en faire partie du tout. Piètre consolation, mais au moins il pourrait s'assurer qu'elle allait bien. Tout comme il pourrait veiller sur elle en se rendant au centre d'appels. Faire d'une pierre deux coups, mêler l'utile à l'agréable. D'ailleurs, il ne sût pas quoi ajouter de plus par rapport à cette bonne action en question, alors il opina du chef et lui rendit son sourire. Sourire à tout va, se cacher derrière cette fausse contenance, mais en dedans il était complètement liquéfié et mort de trouille.
Sentiment qui ne fit que se renforcer par les paroles de Joan. Elle n'avait absolument pas conscience de ce qu'elle était en train de dire. La volonté, du moins sa propre volonté, n'était pas uniquement la pièce maitresse du puzzle, tout ne dépendait pas uniquement de lui. Il fallait aussi prendre en considération ces désirs à elle. Désirs qui n'étaient certainement pas identiques aux siens. Comme le dit pourtant si bien l'adage, qui ne tente rien n'a rien. C'est sûr qu'en restant le bon ami qu'il avait toujours été, il ne risquait pas de savoir si cela pouvait être au moins un peu réciproque. Elle lui conseillait de ne pas abandonner. Il avait fait le contraire, il s'était résigné depuis tellement longtemps. Se faire une raison pour colmater la brèche de son cœur, rustine ne tenant qu'à moitié. Avec soin et en prenant le temps de la réflexion, il choisit ses mots. « Il faut croire que je me suis résigné depuis bien longtemps, la volonté ne fait pas tout. Et puis je ne veux pas prendre le risque de la perdre, alors je vais rester sagement à ma place. », dit-il en la regardant avec sans doute un peu trop d'insistance, pour cela ne se remarqua pas. Étrange de parler plus ou moins ouvertement de ça avec Joan. Et puis il était tellement peu discret, qu'il en mettait presque sa main à couper qu'il venait de se faire griller sur toute la ligne. Il lui était de plus en plus dur de ne pas craquer, de se contenir, de ne pas tout lui avouer, tout comme il était difficile de la regarder sans ressentir cette envie de la serrer dans ses bras, de faire courir ses doigts sur son visage si parfait, l'embrasser avec fougue. Il aurait pu l'admirer des heures durant, sans jamais se lasser. Stop, assez rêvé ! L'attitude de Joan changea ensuite imperceptiblement devant son sourire. Venait-il de marquer un point ? Il ne put s'empêcher de rire tandis qu'elle feintait de bouder. Cet air ne la rendait qu'un peu plus attirante. « En profiter ? Non pas du tout mon genre, avoua-t-il en fronçant le nez. Quel air ? Celui-là ? » demanda-t-il tout à fait innocemment en souriant de plus belle.
L'orage vint assombrir ce moment de joie et de légèreté. Les sourires laissèrent place aux larmes. Torrent de tristesse balayant tout sur son passage. Il avait tellement mal pour elle. La voir le visage noyé de sanglots lui était vraiment insupportable. S'il lui était possible de capter sa douleur pour l'aspirer, il l'aurait fait sans même réfléchir. Blottie contre lui, les révélations qu'elle pu lui faire ne firent qu'ajouter un peu plus à sa propre détresse. Une main toujours sur le visage de la brunette, il secoua la tête en signe de négation. « Tu n'as rien a payer, tout comme tu n'as pas a être désolée, c'est cet enfoiré qui devrait l'être et qui aurait dû payer pour ce qu'il t'as fais, il ne mérite pas de vivre. C'est toi la victime dans cette affaire, quoi qu'il ait pu se passer ce soir là, c'est toi et pas lui, que ce soit bien clair Joanny ! Je ne veux pas que tu penses un truc pareil, c'est totalement faux. Arrête... », dit-il à mi-voix en resserrant un peu plus son étreinte. Un nouveau silence s'ensuivit ; silence durant lequel il posa son front contre celui de la jeune femme. Il ferma les yeux, s'imprimant de son contact et de son odeur. Son cœur battait à toute allure dans sa poitrine. Ethan aurait voulu que cet instant ne s'arrête jamais, que le temps s'interrompe, il était tellement bien ainsi. A cet instant, il sût qu'il ne désirait rien d'autre, seulement être aux côtés de Joan et ce pour toujours, jusqu'à ce que la mort l'emporte. La voix de son amie lui fit ouvrir à nouveau les yeux. Il s'écarta d'elle, tout en la tenant toujours dans ses bras. Regard plongé dans le sien. « Comment ça qu'est-ce qu'il t’arrive ? demanda-t-il d'un ton doux. Il fronça les sourcils. Je ne suis pas sûr de comprendre ! Haïr autrui est sûrement une réaction normale.». Une fois de plus, il n'osa pas nommer les événements, de peur de faire un peu plus mal à son amour de jeunesse. Qu'entendait-elle exactement par cette phrase ? Qu'est-ce qu'il m'arrive ? Ne pas se faire de films, ne pas imaginer tout et n'importe quoi durant cet instant fatidique où il attendait sa réponse. Se pouvait-il que... Non, ne rien imaginer. Son rythme cardiaque s'emballa.
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mer 25 Juil 2012 - 18:41
Le passage des années laissait-il une trace si indélébile sur un individu ? En cet instant, Joan ne croyait pas une once que cette question s’avérait vraie. Sa vie avait tellement changé, elle peut être bien plus et pourtant en voyant Ethan, cela faisait comme s'ils s'étaient dit au revoir la veille. La jeune femme se doutait que quelque chose de malsain se tramait au fond de son âme. On ne pouvait pas ressentir cela après dix ans sans nouvelles de quelqu'un. C'était tout bonnement impossible. Mais pourquoi se sentait-elle si troublée ? Ethan ne faisait pourtant rien qui pouvait amener ce genre de réactions au fond d'elle, il était juste lui. Cet homme si attachant qui avait su laisser sa marque sur le cœur de Joan. Cette marque que la jeune femme n'avait jamais regardé en face, cette trace qu'elle avait effacé il y a de cela des mois, elle se rappelait exactement du moment où elle avait abandonné toute confiance en l'amour, l'espoir et tout ce que représentait Ethan Sanders pour elle...
FLASHBACK Los Angeles, 2005.
Joan commençait à devenir un vrai monstre mais son patron était bien fier d'elle. Aujourd'hui, elle avait accompli son premier meurtre, sa première grimace à la morale et à l'ancienne Joanny. C'est avec un sourire sadique que Joan se tourna vers son violeur, l'homme qu'elle devait faire semblant d'aimer. Il s'approcha d'elle, toucha son bras. Joan eut un frisson de haine mais elle conserva son air froid, ses piercings luisants devant les reflets que renvoyaient les vitres du hangar.. Elle essuya rapidement les traces de sang qui perlaient sur ses mains puis écouta les murmures de l'homme qu'elle tuerait de ses mains. Des félicitations, toujours des compliments. S'il savait ce qu'elle avait prévu pour lui, il rirait certainement moins. Pourtant, elle accepta ses propos avec un certain plaisir. Devenir son pire ennemi était ce qu'elle avait eu de plus facile à faire : se haïr était devenu une véritable coutume qu'elle n'échangerait pour rien au monde.
Pourtant, à la vue de ce visage, quelque chose clocha à l'intérieur de Joan : une fureur, un dégoût et.. l'amour. Fier de l'effet qu'il avait opéré en elle, le meurtrier quitta la pièce sans un regard vers sa nouvelle protégée. Joan resta seule plantée au milieu de la pièce, entourée d'une flaque de sang, seule trace désormais de ce qu'elle venait d'effectuer... Ce qu'il lui avait mis dans la main ne devrait pas la toucher : elle ne le connaissait pas. Il n'était pas innocent et ressemblait bien plus à son nouveau maître plutôt qu'à la gentillesse même. Ethan. Ethan Sanders. Pourquoi en cet instant une larme roula sur sa joue ? Tout simplement parce qu'elle avait un nouveau meurtre à accomplir. Jusqu'ici, ce n'était pas surprenant, elle devrait seulement mener l'affaire de bout en bout et seule cette fois. Mais ce qui était difficile était d'éliminer une personne portant le nom de son bien aimé. C'était si lointain, si fort et si perturbant. Joan pensait toujours à Ethan. Trois années avaient passé, trois malheureuses années et pourtant, jamais son image ne l'avait frappé de la sorte. C'était comme le tuer, lui...
FIN DU FLASHBACK
Retour à la réalité. Souvenirs lointains, flous et douloureux encore une fois. Pour le moment, Joan luttait contre ce paradoxe d'émotions si effrayantes. Jalousie ? Peut être bien. D'autres femmes avaient eu la chance de partager des moments intimes avec Ethan, elle, elle ne le pourrait jamais. Elle avait loupé le coche, rater le moment. Vivre dans les regrets n'était pas si mal quand on savait ce qu'elle devait endurer avec les remords. Son visage laissait certainement entendre toutes ses pensées : elle n'aurait jamais la chance de le toucher, tant d'autres avant elles s'y étaient amusées. Injustice de la vie. Pourtant, elle méritait ce sort, Joan le savait. Pour le moment, elle regardait Ethan, troublée par ce genre de révélations. Il ne voulait plus de ce type de relations. Joan n'était pas certaine de savoir de quoi il parlait. Avait-il aimé ? Dans tous les cas, il était attaché à une autre personne aujourd'hui et cela ne pouvait s'effacer, même pas avec tous les efforts du monde. Noyer la douleur dans des phrases toutes faites.
Tu sembles plus expert que moi en la matière alors je te fais confiance.. J'espère que tu trouveras ce que tu cherches si ardemment...
Même si je n'en fais pas partie. Douleur, injustice, châtiment. Elle ne méritait même pas une once de considération, sale espoir qui vient te prendre à la gorge au moment où tu l'as refoulé au fin fond de toi même. Joan n'avait plus grand chose à apprécier de la vie désormais. Revoir Ethan lui confirmait cette image d'elle même. Elle était seule, à jamais, elle l'observerait de loin se marier, avoir ce qu'il désire, une famille et plus encore. Elle, elle périrait au fin fond d'une prison ou on finirait par retrouver son corps inerte dans la cuisine après une énième atteinte à sa propre personne...
FLASHBACK Chicago, Début 2006.
Six mois de préparation. Des mois difficiles à éplucher les registres pour trouver ce « Ethan Rosebury ». Joan avait réussi à résister à la tentation, de le retrouver lui. Ses souvenirs étaient déjà loin, son amour si proche, elle le sentait qui était à la limite de rompre sa cage thoracique ce soir. Son deuxième meurtre. Et la voilà devant Ethan qui la suppliait de donner le coup de grâce. Mais Joan ne pouvait s'y résoudre, elle hallucinait. Elle ne voyait pas le même Ethan. C'était SON Ethan qui lui demandait d'en finir, de le tuer, ne supportant plus son regard haineux face à lui. Joan pleurait... Elle avait certainement mis du temps à le réaliser mais elle l'aimait tellement que ce simple geste la couperait d'elle même, à jamais. C'était probablement une réaction ridicule, Rosebury ne lui ressemblait nullement que ce soit physiquement ou moralement mais ce nom.. Cette ténacité et ce regard compatissant ne pouvaient que lui rappeler la personne qu'elle aimait. Et elle allait tuer son image, ses souvenirs. Elle allait tirer un trait définitif sur Ethan Sanders. Les yeux fermés, le désespoir collé à ses lèvres, les gémissements sans fin de l'homme qu'elle venait de torturer, Joan sortit son arme, sa machette. Sans le regarder une autre fois, par peur de voir son amour la supplier, la jeune tueuse fit glisser son arme sur sa gorge.. C'en était fini. Plus un bruit. Juste les sanglots interminables d'une adolescente à la recherche de son amour perdu. Joan se laissa glisser au sol, pleurant tout l'amour qu'elle avait pour l'anglais. Désormais, tout était fini. Elle n'y penserait plus jamais. Ethan Sanders était son passé, son cœur se refermant sur des idéaux perdus. Joanny n'existait plus, terrassée par la vengeance, une quête sans fin qui avait détruit toute once de bonheur en elle. Alors, sans le réaliser, Joan posa une main tremblotante sur son cœur douloureux. Elle l'aimerait toujours...
FIN DU FLASHBACK
Second retour à la réalité, plus douloureux que le premier, qui laissait des traces permanentes sur un cœur déjà meurtri. Pourquoi Ethan était-il en face d'elle ? Pourquoi ? Elle avait tout fait pour oublier chaque parcelle de ce qu'il était et représentait pour elle. Désormais, tout était fichu. Il serait toujours en elle, fantôme à jamais triturant chaque celle de son pauvre corps. Joan reposa son regard sur celui qui la faisait vaciller depuis déjà quelques minutes. Il était résigné. C'était tout ce qu'elle comprenait, elle n'en saisissait pas les raisons, elle ne connaissait pas cette femme mais elle lui faisait un mal fou. Voilà tout ce que retient Joan Kellers. On faisait du mal à Ethan sans le vouloir. Il souffrait et elle ne pouvait rien faire pour lui rendre la vie meilleure, juste rester spectatrice de sa douleur reflétant en elle même la sienne. Cercle sans fin qui finirait par la tuer s'il restait dans les environs... En attendant, Joan ne cilla pas et préféra le réconforter comme elle le pouvait.
Si tu penses que la résignation t'apportera ton bonheur, tu te trompes mon cher. Mais après tout, ce n'est pas moi la spécialiste..
Une once d'humour dans ses paroles qui rendaient Ethan Sanders encore plus irrésistible. L'arme fatale de sortie, il n'en fallait pas beaucoup plus à Joan pour qu'elle craque mais elle n'en avait pas le droit. Surtout pas. Et sa promesse d'il y a 6 ans ? Elle l'avait laissé tomber, elle ne pouvait plus rien réclamer. Pourtant, Ethan continuait son petit jeu, amusé de l'effet qu'il faisait sur Kellers. Le cœur de la jeune femme battait à toute vitesse, il n'avait pas le droit d'être si attirant, surtout pas dix ans après leur dernière entrevue...
Arrête ça Sanders...
Elle n'était pas loin de succomber à ses charmes lorsqu'elle réalisa une autre sorte de douleur, une autre qui ne s'en irait probablement jamais. Joan s'était sentie obligée de chercher du réconfort auprès d'Ethan. Non, elle ne s'y était pas sentie obligée, elle le voulait tellement comme elle aurait dû le vouloir dix ans auparavant. Ce contact physique tant espérée et cette panique qui lui glaçait le sang lui faisaient perdre le contrôle d'elle même. Devant ses sanglots interminables, Ethan la consola, la serra dans ses bras alors que Joan ne voulait plus se décrocher de lui d'une semelle. Lorsqu'il lui baisa le front, Joan se sentit défaillir, était ce la détresse ou tout autre chose ? Elle écouta tant bien que mal le discours d'Ethan qui lui précisait qu'elle n'y était pour rien et que cet homme était le mal... S'il savait.. S'il savait ce qu'elle avait fait, ce qu'elle avait imaginé devant sa seconde victime, ce qu'elle avait perpétré sur les vingt autres.. Il ne dirait plus cela. Mais pour le moment, elle voulait faire vivre le rêve.
Joanny n'existe plus, Thany et depuis bien longtemps.. Je ne suis pas une victime, je suis l'instigatrice de ma propre souffrance.. Toi, le précieux témoin...
Puis, le silence. Pas un silence gêné comme quelques instants plus tôt. Non, un silence si parfait qu'il donna des frissons à la tueuse. Son front contre celui d'Ethan, la douceur qu'elle avait recherché pendant des années, la chaleur enivrante. Comment avait-elle osé imaginer qu'elle l'oublierait ne serait ce qu'un instant ? Les joues encore embués, elle respirait difficilement, son cœur trahissant un rythme cardiaque bien trop élevé à cause de cette proximité. Elle ne put s'empêcher de briser ce moment par des paroles sans aucun sens. Ethan se détacha donc d'elle pour la regarder et continuer de parler avec un ton étonnamment doux. Il était si calme, si peu comme elle qui ne maîtrisait jamais ses émotions. Elle le laissa faire, une pointe de regret dans l'âme. Bien sûr, il n'avait pas compris un traître mot de ce que Joan lui disait puisqu'il ne se doutait pas de la vie qu'elle avait mené ces dernières années. La jeune femme n'était pas prête pour lui en dévoiler plus, le voir partir serait plus douloureux que tout ce qu'elle avait enduré jusqu'ici. Alors, elle lui sourit en essuyant ses larmes. Elle s'approcha lentement de lui avant de lui murmurer son adresse et son numéro de téléphone, elle espérait qu'il se souviendrait d'au moins l'un des deux, se refusant à ne pas avoir de ses nouvelles. Une fois chose faite, Joan céda à l'impulsion du moment. Parce qu'elle n'était pas sûre de le revoir un jour même si une partie d'elle même l'espérait, parce qu'elle était égoïste et se fichait de cette autre femme et parce qu'elle ne pouvait pas se résigner à regretter cela une minute de plus. Joan posa ses lèvres sur celles d'Ethan, ce geste si pur contredisait tout ce qu'elle avait été pendant dix ans mais pour le moment, la tueuse s'en fichait royalement. C'était comme si elle embrassait pour la première fois, elle revivait, elle entrevit une once de bonheur puis elle se détacha pour ne pas céder plus avant.
Je n'en sais rien Thany...
Puis, elle se détourna. Elle quitta les lieux, laissant en plan son amour de jeunesse, qu'elle aimait certainement toujours autant...
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Lun 30 Juil 2012 - 13:18
Joan A. Kellers ◭ Ethan Sanders
Paroles visant uniquement à faire joli disions-nous ? Une sonnette d'alarme se déclencha dans le crâne d'Ethan alors qu'il serrait toujours la jeune femme contre son torse. Sensations indescriptibles, festival dans sa tête. Ce simple contact était suffisant pour le rendre heureux pour les dix prochaines années. Se contenter de peu, de ce moment qui s'offrait, le saisir comme il venait, en savourer chaque instant. S'imprimer de ce contact, de chaque sensation, afin de s'en rappeler lorsque le moral serait au plus bas, se rappeler de ce moment magique où il avait tenu Joan Kellers dans ses bras. Tellement de fois il avait rêvé ce moment, mais jamais il n'aurait pu imaginer à quel point cela pouvait être fantastique. Dans une existence il y a forcément des jours exceptionnels, des jours qui, touchant au cœur même de ce que nous sommes, nous crient tous la même chose : « défense d'entrer, privé ». Ces jours, on ne les reconnaît qu'après coup , ce n'est qu'ensuite que l'on peut y voir un tournant dans sa propre vie. Ce jour devait être un de ceux-là. Les deux jeunes gens se trouvaient à un carrefour de leur vie respective, sans même le savoir, sans même en avoir conscience. Leur destin venait d'être scellé. Réunis, unis par un lien invisible qui ne s'était jamais rompu et ce malgré les années qui venaient de s'écouler.
La réalité avait dépassée la fiction, enfin ! Comme quoi, il suffit parfois de se montrer un peu patient. Un peu... voire beaucoup. Toute la souffrance éprouvée ces dernières années, tout comme la solitude, ce vide abyssal venait d'être balayé d'un geste de la main. Le remède à son mal-être, son antidote, il venait de le trouver. Pourtant Ethan ne savait que trop bien que cet état pouvait être aussi long qu’éphémère. Joan devait être la seule personne sur terre à avoir ce drôle de pouvoir sur lui, à savoir être capable de le rendre heureux comme jamais, mais aussi de pouvoir lui faire mal ; mal au point de se sentir totalement dévasté, en bout de course avoir cette horrible impression de n'être plus tout à fait vivant, mais pas tout à fait mort non plus. Drôle de pouvoir. Même avec toute la volonté du monde, il n'arriverait pas à se défaire de cette attraction qu'elle exerçait sur lui. Plus il s'évertuait à la repousser de ses pensées et plus elle se rappelait à son bon souvenir, toujours un peu plus pressante, un peu plus inquisitrice. Mais aujourd'hui, tout ça semblait être derrière lui, du moins pendant quelques heures au moins. Toujours silencieux, toujours dans les bras l'un de l'autre, cet instant parfait fût rompu par les paroles de Joan. Incompréhension la plus complète, qui laissa Ethan en proie à ses questions. Il tenta tout de même de la rassurer du mieux qu'il le pût. Tentative ratée ou non, le sourire de la jeune femme suffit à faire stopper le flot d'interrogations qui tournoyait dans sa tête. L'adresse et le numéro de téléphone murmurés à son oreille lui arrachèrent un frisson. Promesse qu'ils se reverraient bientôt, la jeune femme le laissait à nouveau rentrer dans sa vie. Ethan possédait déjà ces informations, mais la symbolique de ces quelques mots prononcés au creux de son oreille, était bien plus forte que ce texto froid et impersonnel envoyé par le détective privé.
Puis il y eût un arrêt sur image, comme si le cerveau de l'éducateur venait de planter en beauté. Il n'eut pas vraiment le temps de comprendre ce qui lui arrivait, que déjà Joan s'éloignait au coin de la rue. Avait-il seulement rêvé ou bien l'avait-elle vraiment embrassé ? Drôle de pouvoir. Il resta là quelques instants avant d'être à nouveau en mesure de bouger. Les quelques centimètres carrés de sa boîte crânienne sans dessus dessous, il reprit la direction de son appartement. Le cœur léger, l'empreinte brûlante laissée par les lèvres de Joan sur les siennes, il préféra se dire qu'il n'avait pas imaginé cet instant. Alors les questions revinrent de plus belle. Pourquoi ce geste ? Éprouvait-elle la même chose que lui ? Une soudaine envie de faire demi-tour et de courir après son amour de jeunesse s'empara d'Ethan. Se forcer à agir en adulte, ne pas passer pour un idiot en se comportant de la sorte. Il continua sa route, un sourire niais affiché sur le visage. Sourire qui ne le quitta plus jusqu'à ce qu'il parvienne dans le hall de son immeuble, tout comme le sifflement qui s'échappait de ses lèvres. Légèreté, envie de courir partout et de crier en même temps. La porte claqua derrière lui, à cet instant, il n'avait plus 27 ans, mais 15 et il était amoureux fou.
THE END
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan Mer 1 Aoû 2012 - 11:34
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Sujet: Re: On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan
On ne se rencontre qu’en se heurtant et chacun portant dans ses mains ses entrailles déchirées accuse l’autre qui ramasse les siennes. ϟ Joan