«Teach me how to kill.»
Joan & Seven

Une heure du matin. Odeur de cigarette et de café froid. Seven écoutait attentivement le cliquetis incessant de l’horloge de la salle de tirs. Beaucoup de personnes sombraient dans un profond sommeil à cette heure ci, mais pour la jeune fille c’était pareil au début de la journée. Chris était déjà partit régler une « commande express » si on pouvait dire ça comme cela et elle n’avait envie de voir personne surtout pas son frère. A tout les coups il allait encore lui reprocher d’avoir pris de l’argent dans la caisse, alors qu’elle savait très bien qu’il s’en mettait plein les poches. Seven passa légèrement sa main sur le holster de sa cuisse droite où elle pouvait sentir le contact métallique et froid de son pistolet. Un Armalite AR-24, efficace, précis, rapide. Qui pouvait imaginer combien de personnes elle avait tué avec ce genre d’arme ? Et qui pourrait ne serait-ce qu’une seule seconde penser qu’elle avait ôté sa premirèe vie à 17 ans ? 17 ans. C’est l’âge où les filles sortent avec leur copines, où elles fréquentent des garçons, où elles mettent du maquillage et du vernis. Mais voilà à cette âge là, derrière sa tignasse de cheveux noirs, Seven s’était entrainée, décharger, recharger, ne pas penser, ne rien ressentir, ni compassion, ni pitié, tirer. C’était comme ça depuis un moment maintenant, elle n’avait que 18 ans et n’était pas normale. Du moins pas normale aux yeux des autres, aux yeux de ceux qui n’acceptaient pas les différences, ceux qui se croient supérieurs alors qu’ils ne sont rien. Elle les haïssait, elle les haïssait tous autant qu’ils étaient. Les moqueries, les insultes, elle connaissait et elle leur avait bien fait payer. Chris était son seul et unique ami depuis toujours un des seuls avec qui elle était en permanence, il était son amour, son tout, même si elle n’hésitait pas à lui mettre son flingue sur sa tempe quand leur caractère impulsif respectifs prenait le dessus. Mais elle le perdait, petit à petit.

Seven avait un air sombre de nature, comme un fait exprès elle s’habillait presque exclusiment de noir, et de cuir. Ca lui correspondait et elle était très bien ainsi. La seule chose qui pouvait détonner était ses yeux, beaucoup trop bleus, ça « faisait peur » disaient ses camarades de classe, « c’est fascinant », disait Chris. Du bruit un peu plus loin vers la salle où était entreposé les appareils de sport, du moins si on pouvait appeler cela « appareils », vu leur piteux état , en deux secondes Seven était là son Armalite en main. On ne pouvait pas savoir client mécontent, rebel, ou pire la police, d’habitude les « employés » passaient toujours prévenir leur arrivée. C’est en s’avançant que Seven reconnut la nouvelle, Joan. Elle était arrivée il y avait 2 semaines, et elle était très déterminée. Forte, volontaire et elle serait certainement un bon élément elle l’avait déjà prouvé, même si la précision laissait un peu à désirer, elle serait une tireuse hors- pair. Même si on ne maniait pas que les armes à feu ici. Rangeant son arme, Jandrik s’approcha d’elle, « J’aimerais bien qu’on me prévienne quand on vient ici. », dit-elle sur un ton assez froid. Puis elle reprit l’air un peu plus détendu, « Ca fait depuis combien de temps que tu t’entraines ? ». Peu sociable, oui, mais pas reine des glaces non plus. De plus, les deux jeune filles avaient le même âge, et même si Seven avait plus d’expérience en matière de crime, elle ne voulait pas jouer la boss non plus, son frère les martyrisait déjà assez.

Joan était enfin entrée dans la magnifique mafia de son agresseur. La jeune femme était déjà bien proche de son objectif: lui faire payer. Cet homme l'adorait déjà, il est vrai que les renseignements qu'elle avait récoltés lui avait permis d'avoir un joli portrait robot de ce qu'il aimait chez ses compatriotes. Elle était froide, insensible, loin d'être collante, souriante lorsqu'on lui demandait et surtout elle faisait son boulot correctement, peu importe les circonstances. Quand on était aussi jeune qu'elle, ce n'était pas forcément évident de procéder à des interrogatoires musclés, de se servir d'une arme à feu ou de donner son corps pour une vulgaire mission. Mais Joan le faisait, tout simplement parce qu'elle n'avait plus aucune conscience. Plus aucun sentiment ne se mettait en barrage entre elle et son objectif. Elle n'avait plus de famille, plus d'amis, elle avait mis de côté tous ceux qu'elle avait chéris dans son ancienne vie. Imperturbable, consciencieuse, déterminée, c'était la nouvelle Joan Kellers. Une vraie machine à tuer même si elle était encore loin d'avoir terminé son maigre apprentissage.
Ce soir là, son cher maitre l'avait quitté pour une affaire. Joan était bien contente lorsqu'il disparaissait de son lit ou de son champ de vision. Faire semblant n'était jamais simple quand on venait tout juste de quitter l'adolescence. Pourtant, elle excellait. Sa couverture passait très bien et tout le monde au centre suivait ses progrès avec intérêt. Elle était la nouvelle recrue, une excellente recrue d'après le patron. Il était tard mais Joan n'avait plus sommeil, trop entourée par la vague de haine qui la traversait après ce début de soirée. Alors, elle se leva, s'habilla rapidement et clairement n'importe comment. Elle partit pour la salle d'entrainement: elle voulait se défouler et elle n'avait pas d'autre solutions, n'ayant aucune cible humaine à portée de mains. Joan arriva devant le punching ball et passa ses nerfs dessus à vrai dire jusqu'à ce que de spas retentissants interrompent son entrainement tardif.
C'était Seven, la célèbre soeur, une vraie star ici. Elles avaient toutes les deux le même âge mais avaient eu une vie sensiblement différente malgré qu'elle aussi avait à supporter les horreurs de son frère ainé. Joan ne savait pas trop comment se comporter en sa présence alors elle continuait de jouer la mystérieuse et insensible jeune recrue prête à tout pour la cause. Peu de paroles, beaucoup d''action.La jeune femme commença avec un ton assez agressif, mais Joan n'en avait pas grand chose à faire. Elle lui répondit sur un ton neutre.

La prochaine fois, je t’appellerais au milieu de la nuit pour te dire que je viens m'entrainer, aucun souci là dessus.

Elle continua de taper deux-trois fois sur son punchingball avant de faire une nouvelle pause, le souffle haletant. Seven semblait plus détendue maintenant. Ce n'était pas simple quand on avait un frère aussi sévère de survivre. Elles devaient se serrer les coudes si elles voulaient tenter de continuer à vivre convenablement. La jeune femme lui demanda plus de renseignements sur son entrainement, avec un air intéressé. Joan releva les yeux vers elle, avant de jeter ses gants au loin.

Quelques mois. Je me prépare activement pour la prochaine étape. Ton frère m'a dit que cela arriverait bientôt, je suis prête d'après lui.

Elle était vraiment ralliée à la cause. Tant qu'elle ne sentirait pas que c'était le fameux jour, elle ferait ce qu'il faut pour qu'il ait confiance, pour qu'ils aient tous confiance. Elle savait qu'elle était douée pour cela. Elle sourit à sa collègue qui semblait de bien meilleure humeur désormais...

«Teach me how to kill.»
Joan & Seven

Seven se mit assise sur un banc de musculature près de Joan et écouta en silence la jeune fille parler. Son frère… depuis que la nouvelle recrue était arrivée, il lui portait un intérêt tout à fait particulier, allez savoir pourquoi. Elle avait des doutes, et elle se demandait comment il était possible de supporter son horrible frère. Il était exécrable, méchant, violent, elle savait de quoi elle parlait, elle en avait assez souffert pendant toute son enfance et elle en souffrait encore aujourd’hui. Elle se souvenait d’à quel point elle avait peur quand il rentrait à la maison et que ses parents n’étaient pas là. Combien de fois, elle s’était prise de coups, combien de fois elle l’avait hait et combien de fois elle avait vu Chris se rendre malade de ne rien pouvoir faire. Sa mère se mettait des œillères, son père frappait Kyle, mais qu’est-ce que tout ça apportait ? Rien du tout, rien qu’une petite Seven seule avec son œil au beurre noir. Kyle avait toujours été un peu dérangé elle le savait, mais elle aussi, ils étaient fous, personne ne pouvait changer cela. Les mèches noires de ses cheveux retombant devant ses yeux, la jeune fille baissa la tête et fronça les sourcils. Comment pouvait-elle le supporter, ne serait-ce que plus de dix minutes, ce tortionnaire ?

Toujours tête baissée, Seven reprit, «  Mon frère pense beaucoup de choses… ce que j’aimerais bien savoir c’est est-ce que toi tu te sens prête ? » , après un court instant elle rajouta,«On ne voudrait pas que le réseau soit démantelé à cause d'une tueuse qui craque au dernier moment. », c'était tout elle, rajouter LA phrase qui montrerait qu'elle ne se souciait pas de la personne qu'était Joan en dessous de la futur tueuse. Elle s’était levée, avait fait le tour de Joan comme pour l’inspecter. Forte, déterminée, qui pouvait bien avoir comme vocation de tuer ? Etrange sensation de compassion pour la jeune fille. Après tout, Seven n’avait jamais pensé à ce qu’elle pouvait bien faire plus tard, elle ne voyait rien que le néant, ou la mort dans le meilleur des cas. Du bout des doigts, elle débarrassa un petit ama de poussière qui trônait sur quelques altères, elle s’épousseta les mains et continua, «  Pourquoi est-ce que tu t'investis tellement là dedans ? Je veux dire.. c'est tout sauf une vocation. », avait-elle demandé d’un ton neutre, tentative de dissimulé la curiosité dont elle faisait preuve à cet instant. Personne ne devenait, à moins d’être carrément cinglé comme la plupart des gens ici, tueur à gage sans raison, elle devait avoir un passé, quelque chose qui l’avait poussé à vouloir s’enterrer dans un lieu malfamé de Las Vegas. Seven attendait la réponse de la jeune fille, les doigts crispés sur ses gants de cuir.

Joan n'avait pas peur de la mort, elle la défiait depuis déjà quelques semaines, se rapprochant de cet homme qui pouvait lui tordre le cou en moins de trois secondes s'il savait pourquoi elle était à ses côtés. Alors, la conscience professionnelle l'emportait sur tout cette gammes d'émotions bien humaines, elle ferait ce qu'il faudrait peu importe le prix à payer. Sa mission était sa vie et rien ni personne ne pourrait la dissuader d'aller au bout. Joan frappa une autre fois sur le punchingball alors que Seven s'asseyait non loin de là. Kellers était distante, il n'y avait pas de place pour l'affection, pas dans leur mode de vie et certainement pas pour ce qu'elle s'apprêtait à réaliser.
Ce que Kyle pensait, Joan s'en fichait éperdument, mais cela, sa soeur ne pouvait pas le savoir. Elle était prête, bien plus que prête de commencer son chemin vers la rédemption. Personne ne pourra l'empêcher de tuer, non, tout commençait maintenant. Elle arrêta de frapper pour reprendre son souffle, se détournant brièvement vers Seven.

Je suis plus que prête, tu peux en être certaine. Si tu crois que je vais me planter, je peux t'assurer que ce ne sera pas le cas.

Seven se leva pour faire le tour de la salle, inspectant un peu Joan. La jeune femme ne cilla pas devant ce geste, elle savait qu'ils étaient tous méfiants, c'était leur métier de se protéger de toutes les menaces, surtout intérieures. Seven lui posa même la question importante: pourquoi tuer? Pourquoi faire cela? Si elle savait... Sa vie changerait certainement mais Kellers ne lui donnerait pas ce plaisir. Elle s'assit à son tour sur le banc pour reposer un peu ses muscles engourdis tout en levant le regard vers la jeune criminelle.

Et pourquoi pas? Je veux dire, le destin nous mène et on finit toujours par retourner vers notre propre nature.. Dans notre cas, le crime nous guide.. Je pense que tu ne peux pas dire le contraire..

«Teach me how to kill.»
Joan & Seven

Quand Seven tuait, elle n’éprouvait rien, ni horreur, ni peur, ni satisfaction ou excitation particulière. Le crime n’était pas une chose qui avait permit à la jeune fille de s’affirmer ou de trouver qui elle était, elle n’avait rien à prouver, rien à espérer d’autre que de pouvoir tuer toutes ces personnes sans jamais avoir d’ennuis et empocher son argent. Quelquefois, c’était même son propre frère qui chargeait Seven de tuer quelqu’un avec qui il avait une affaire frauduleuse, retard de paiement, mauvais dill , tout un tas de magouilles plus sordides les unes que les autres. « Le crime nous guide… », répéta la tueuse perdue dans ses pensées. Cette Joan avait une vision tellement terre à terre de la chose, tout était vraiment réfléchis, calculé d’avance, comme si elle n’avait pas d’autre choix que de s’engager ici. Oui ici, dans le sous sol miteux de cette usine désaffectée. Les étrangers à la ville se faisait beaucoup d’idée sur Los Angeles, deuxième plus grande ville des Etats-Unis. Hollywood Boulevard, la cité des anges, oui mais environs mille trois cent cinquante gangs. Réalité loin du paysage idéal que l’on voulait bien servir aux touristes et aux gens de passage.

Un regard furtif vers Joan et son air déterminé. Que pouvait-elle bien chercher à déceler ? Une once de regret, de tristesse, ou même de peur dans le regard de la nouvelle « apprenti-tueuse ». Pas la moindre, ses yeux semblaient tellement vides, comme les siens. « Alors pour toi c’est qu’une question de fatalité ? Et puis si le crime nous guide je pense, que c'est parce que nous le voulons bien. », demanda-t-elle la toisant à nouveau puis s’asseyant à son tour sur le banc de musculation en face d’elle. Seven ne savait même pas si un chemin vers la rédemption était possible, elle ne savait pas ce que c’était, elle n’avait que rarement éprouvé ce sentiment de paix, dans les bras de Chris, mais même celui-ci désormais l’évitait. Le cœur de la jeune Jandrik n’était pas froid, il était juste fissuré, pour ne pas dire brisé. Lorsqu’elle avait tué sa première victime à 17 ans, elle avait pleuré, pour la deuxième et la troisième aussi mais au fur et à mesure, son pincement au cœur s’amoindrissait, et elle arriva à un stade où plus rien ne la touchait. Triste sort, triste vie. Elle ne savait même pas s’il y avait une place pour elle en enfer, elle s’étais prise à penser qu’elle pourrait s’en aller mais pour qui, pour quoi ? Elle perdait tout ce qu’elle avait, la seule personne qu’elle aimait lui filait entre les doigts, comme sa vie.

« Je ne sais pas si c’est vraiment une question de destin. J’ai choisis cette vie comme une évidence. », ajouta-t-elle en regardant la vaste pièce, puis elle retira ses gants en cuir, comme pour cacher le léger tremblement de ses doigts. « Je tue depuis que j’ai 17 ans, je n’ai jamais songé à faire autre chose. » Non, elle ne pouvait pas se le permettre, ses propres parents fermaient les yeux sur la vérité plus qu’évidente. Pourquoi disait-elle cela à Joan qu’elle connaissait à peine ? Elle ne voyait pas pourquoi ne pas le faire, parce que Seven d’un naturel peu expansif, étrangement se reconnaissait dans la jeune fille. Il y avait cette expression dans son visage qu’elle ne pouvait pas expliquer, c’était comme cela un aura indescriptible.

Joan était devenue étrangement froide en l'espace de quelques mois. Plus rien d'autre ne comptait, sa mission et rien d'autre la guidait. Ses pensées n'étaient tournées que vers cet ultime objectif, elle ne savait pas ce qu'elle ferait après cela. Elle savait également que cela lui prendrait quelques années et qu'elle avait beaucoup de chances d'échouer. L'avenir n'était pas pour elle, restant cloîtrée dans son passé, cloîtrée dans le corps de la jeune femme meurtrie et violée dans son intimité. Le crime était son échappatoire, étrange manière de voir les choses mais elle n'avait pas d'autres envies. Se marier? Pourquoi faire? Avoir un travail normal? La vie, pour elle, devait être trépidante et non passé derrière un bureau à ruminer contre un patron qu'on détestait. Au moins dans la branche qu'elle avait choisi, elle pouvait le haïr et elle pourrait en finir avec lui sans risquer d'être une véritable hors la loi. Ils l'étaient tous ici de toute manière et Joan se doutait qu'elle n'en réchapperait pas, une partie d'elle même serait toujours dans cette usine désaffectée avec lui et toutes ces personnes pour qui elle ne vouait même pas une once de compassion.
Seven semblait avoir des doutes sur sa manière de penser. Tous les tueurs n'étaient pas aussi extrémistes que Joan et heureusement. Seven ne voyait pas le meurtre comme un guide ou même une affaire de destin. C'était un choix, un choix qu'on pouvait abandonner, si on le voulait vraiment. Aucune des deux femmes ne semblait le vouloir pour le moment. Trop de variables entraient en ligne de compte et malgré la franchise dont faisait preuve sa coéquipière, Kellers ne comprenait pas véritablement ce qui la poussait à dire tout cela. Joan la regarda s'asseoir face à elle, l'air neutre. Elle n'avait pas réellement d'idées sur ce qui l'attendait ensuite mais elle se doutait qu'elle suivrait le chemin de Seven. Elle n'éprouverait aucune honte à exercer son métier, la fatalité était ainsi.

Je pense, oui. Il y a des évènements qui nous mènent jusque là. On ne tue pas par plaisir ou parce qu'on aime cela. On tue parce que le monde nous a amenés à le faire pour X raisons... A force, on accepte notre destin et ce qu'on est devenus. On ne peut plus revenir en arrière.

La nouvelle façon de penser de Joan Kellers. Si jeune et si perturbée par la vie, il y avait peu d'espoirs qu'elle obtienne une quelconque rédemption. Elle était seule face à son sombre destin: elle ne connaitrait pas les joies de la famille, de l'accomplissement et surtout de l'amour. Elle serait une tueuse sanguinaire, un point c'est tout. Elle tuerait Kyle et ne le regretterait jamais, elle aurait cette libération et tant pis pour les dommages collatéraux et pour sa santé mentale. Des sacrifices qu'il fallait effectuer, tout simplement.
Seven lui confia son ressenti par rapport à la situation. Elle avait voulu tuer et très jeune. Une évidence, ce mot frappa Joan, pour elle, c'était tout autre chose. Une vengeance aveugle. Kellers s'adossa au mur derrière elle et releva les yeux vers la jeune tueuse. Des parcours similaires, une motivation différente et voilà que Joan allait commenter ses propos, comme si elles se connaissaient depuis des décennies.

Dis plutôt que tu fais cela parce que ton frère le fait... Parce que tu es liée à lui et que tu n'as aucun moyen d'échapper à son emprise.

«Teach me how to kill.»
Joan & Seven

Seven écoutait son interlocutrice parler en silence, donc il y avait une raison cachée sous ce volontarisme plus qu‘intrigant. Seulement c’est la dernière phrase qu’elle prononça lui glaça le sang. Lier. C’était le verbe exact, le terme qui définissait et expliquait parfaitement le pourquoi et le comment de ses agissements. Un lien invisible qu’elle ne pouvait briser par aucun moyen. Non ce n’était pas un lien d’amour. Elle n’aimait franchement pas son frère, elle le supportait et au mieux on pouvait dire qu’elle l’appréciait modérément dans ses bons jours… quand il ne la frappait pas. Il ne la frappait plus depuis qu’ils avaient commencés leur petite entreprise, parce qu’il savait que maintenant Chris était assez fort pour lui casser la figure, qu’il ne s’en prendrait pas lui aussi plein la figure. Le pire dans tout ca, c’est que ses démonstrations de force étaient complètement inutiles, complètement stupides. Seven avait peur de lui, il n’avait aucunement besoin d’en rajouter en l’étranglant à moitié. Surtout que ce qui lui faisait le plus mal ce n’était pas les coups de Kyle, mais plutôt de voir Chris se rendre malade de ne rien pouvoir faire. Une emprise, voilà ce qu’il avait, Joan avait résumé en quelques mots leur relation. Une emprise. Elle ne pouvait échapper à son courroux.

Seven fut tirée brusquement de ses pensées, elle répondit calmement posant ses yeux bleus sur la jeune fille, « Oui, j’aimerais bien rajouter malheureusement. » La jeune tueuse regarda sa montre, il était 1h37 exactement. Elle jetta un coup d’œil à Joan, « Ca te dit de m’accompagner ? Puisque mon frère te dit prête, une expérience sur le terrain pour voir. » Sans attendre la réponse de l’apprenti tueuse, Seven se dirigea machinalement hors de la salle, pour en entrer dans une autre une porte métallique dont elle avait la clé. Des armes partout, accrochées au mur, posées de ca et là. Il y avait de tout, des cartouches, des holsters, il y avait aussi des armes blanches, mas beaucoup moins. Des grenades, des autres explosifs faits pour dégager de la fumée dense. Il n’y avait qu’elle et Kyle qui avaient la clé, parce que cette pièce assez grande servait aussi de dépôt pour la revente d’armes. Seven changea les cartouches de son Armalite et en pris deux autres qu’elle glissa dans les deux holsters de sa ceinture. « Je t’ai vu, tu es assez discrète pour ne pas nous faire repérer, j’ai confiance, mais tâche de ne pas merder, tu verras c’est un coup simple normalement aujourd’hui. » Seven testa ses réflexes en lui lançant une arme à la main, « Qu’est-ce que tu maitrise le mieux ? Pas que j’attende de toi que tu intervienne mais on ne sait jamais j’aimerais te donner de quoi te défendre si jamais ca foire. » Cette nuit c’était un petite mission rien de vraiment important un petit meurtre d‘une seule personne, ni risqué tout devrait bien se passer elle voulait montrer à Joan ce qui l’attendait. « Même si ca m’étonnerait… »

Joan savait qu'elle avait visé juste, elle commençait à bien connaître Kyle, son agresseur. A vrai dire, il était beaucoup moins complexe qu'elle ne l'aurait imaginé. Il n'y avait aucune raison particulière à sa violence, c'était naturel chez lui: faire mal était une passion, son destin. Elle n'était certainement pas la seule à en payer le prix à en juger le regard que lui lança Seven lorsqu'elle prononça son discours. Joan souffrait, elle souffrait parce qu'elle était obligée de s'approcher le plus possible de lui, de le toucher et de continuer à rentrer dans son petit jeu, chaque jour durant. Elle devait être cette amie "et plus sans affinités" et cela lui déchirait le coeur purement et simplement. Elle n'imaginait pas ce que Seven, sa soeur, subissait de la part du tyran. Il valait mieux ne pas y penser d'ailleurs, Joan n'était pas là pour régler les affaires des autres mais plutôt arranger la sienne.
Un léger instant de silence suivit la simple phrase de Seven puis la jeune femme se leva d'un bond, prétextant qu'une mission était en cours et que Joan devait y participer. Un sourire s'élargit sur les lèvres de Kellers, enfin, elle entrait dans le vif du sujet.

Bien sûr, je suis là pour cela. Il est temps de commencer un apprentissage sur le terrain...

Puis, Seven sortit des clés et entra dans l'antre où des tonnes d'armes, littéralement, les attendaient. Joan était émerveillée devant les ressources de cette petite bande de malfrats, elle, qui n'avait vu tout cela que dans les films d'action sans saveur particulière. Elle posa ses yeux sur chaque type de revolver, chaque type de grenade qui croisait son regard. Elle écouta les propos de Seven d'une manière distraite, son regard se baladant partout autour de la pièce. La jeune femme devait choisir une arme et participer à la mission si jamais tout cela dégénérait, un bon début après des heures passées en salle d'entrainement. Avec un léger sourire, Joan répondit à Seven.

Ce flingue fera l'affaire, les armes à feu, je pense maîtriser maintenant. Alors, qui est la cible et c'est quoi le plan?

L'impatience se lisait sur son visage alors que Seven refermait la salle derrière elles. L'heure était bien avancée cette nuit mais une vie serait assurément éteinte à l'aube...

«Teach me how to kill.»
Joan & Seven

Seven glissa un couteau dans la doublure de sa manche, elle regarda Joan d’un œil avisé, « Les armes à feu c’est bien beau, mais il ne fait pas négliger les armes blanches, c’est beaucoup plus efficace la plupart du temps. Dissimule le on ne sais jamais.», Jandrik s’empara d’un autre couteau et le tendit à Joan, puis sortit de la pièce et referma les portes métalliques à clé. Seven savait ce qu’elle avait à faire par cœur, elle avait étudié le lieu et la personne la veille histoire de savoir où elle mettait les pieds, mais étant donné qu’il ne s’agissait qu’un petit règlement de compte sans importance la suite n’allait pas être compliquée le moins du monde. «  Alors, c’est un malfrat qui a des énormes dettes impayées, comme le client ne veut pas se salir les mains il a fait appel à nous, on a la moitié du fric maintenant la suite après… Il faut toujours marchander. Ne va jamais tuer quelqu’un sans avoir eut un petit capital d’abord. Quitte a devenir violente et à menacer, vu que nos collaborateurs sont souvent, et la plupart du temps, des escrocs eux aussi. ». La jeune tueuse avait remarqué que Joan était impatiente, tant mieux, cela allait de soi en même temps, le contraire l’aurait étonné. Seven avait fouillé dans les poches de la veste de Kyle pour prendre ses clés de voiture puis s’était avancée rapidement pour déboucher à l’extérieur. L’air était froid, et Seven fit signe à Joan de la suivre. Cet enfoiré de première, il ne se privait de rien, vu la magnifique Lamborghini Gallardo noire qu’il s’était payé, vitres teintées en prime. La jeune fille s’installa au volant, attendant que sa coéquipière s’installe puis démarra au quart de tour, faisant crisser les pneus sur le gravier.

Seven baissa au minimum le son de la musique et tournait sa tête régulièrement sa tête vers Joan, ses deux mains sur le volant. « C’est à quelques kilomètre d’ici, dans le Mid-Wilshire. Le gars est propriétaire d’un espèce de réseau de combats clandestins, normalement à cette heure-ci il n’y devrait pas y avoir de problèmes. Il doit être dans son bureau tout seul, alors soit on se positionne en face, et je le tue avec le viseur, mais si on fait ça c’est possible qu’il nous choppe parce que la petite lumière rouge n’est pas super discrète. Et puis il faudrait qu’on trouve une ouverture. Soit on s’infiltre par derrière et je le tue à bout portant. » Seven sourit légèrement, « Je préfère la deuxième option.  Mais on va quand même se repérer avant. » Elle savait qu’en emmenant Joan, elle prenait plus de risques, oui plus de risques de se faire remarquer. D’un côté elle voulait la former, et d’un autre elle voulait lui montrer ce qu’il se passait vraiment quand on tuait quelqu’un. C’était sur le terrain qu’on pouvait réellement juger des capacités d’un élément.

La criminelle se gara assez loin de l’endroit où elles devaient se rendre. « On va marcher jusque là-haut. » Un sous-sol de café, comme c’était original. Seven marchait discrètement, les deux jeunes filles se confondaient presque dans l’obscurité de la nuit sombre.

Joan n'avait pas peur de ce qui l'attendait. Elle avait attendu cette apprentissage pendant deux longues années, son impatience l'avait presque fait sauté des étapes mais elle y était arrivée. Finalement, c'était un jeu d'enfant, enfin c'est ce qu'elle pensait. Sur le moment, Kellers n'avait pas peur d'ôter la vie à quelqu'un, tout cela lui paraissait normal, comme si le meurtre n'était qu'une marche de plus vers son objectif final. Tant pis pour ceux qu'on piétine au passage. Néanmoins, elle était jeune, bien trop jeune pour que ce fantasme prenne le pas sur la réalité et Joan se doutait que la sensation serait bien différente et qu'elle changerait après un évènement de ce style.
Pour le moment, Seven lui invoqua les bienfaits des armes blanches. Joan accepta le poignard avec excitation. Elle sentait que cette arme pouvait lui apportait bien plus qu'un simple revolver, quelque chose changea en elle lorsqu'elle mit la main pour la première fois sur une de ses armes fétiches. Prête à accomplir de grandes choses, prête à devenir l'instigatrice principale des pires tortures, prête à devenir la nouvelle Joan, une des tueuses les plus ferventes et sans peur. Elle rangea le couteau puis regarda Seven avec un sourire, alors que celle-ci se dirigeait vers la sortir du hall.

Tu as certainement raison. Ne jamais sous estimer la puissance du corps à corps...

Et Joan en savait quelque chose. La proximité, la confiance était la meilleure arme pour mettre un individu à terre. Elle savait déjà que tout cela serait sa meilleure tactique, la jeune femme connaissait déjà son destin.
La suite la rendit bien plus impatiente. Les deux femmes prirent la route vers la Lamborghini de ce cher Kyle et Seven lui confia les aboutissants de la mission. Simple en apparence, un malfrat sans grande importance, a priori seul, une bonne entrée en matière pour Joan. Une fois en route, Seven continua son discours. Un léger dessin de ce qu'elles allaient devoir faire et Joan enregistrait tous les détails, elle n'avait pas le droit à l'erreur si elle voulait définitivement prendre part à la vie de la bande et rentrer dans le cercle de Kyle plus avant.

Je préfère aussi la deuxième solution. Enfin dans tous les cas, je suis tes directives, comme cela, on évite les catastrophes de débutant.

Arrivées sur place, elles laissèrent la voiture en marge du bâtiment et se mirent en marche avec conviction. Le regard droit devant ne déteignant aucune émotion, Joan se dirigeait vers son objectif. Elles finirent par arriver aux abords du lieu et se mirent de suite à marcher silencieusement et avec une certaine lenteur. La porte de derrière était bien évidemment verrouillée, Joan regarda autour d'elle et repéra une caméra qui surveillait les environs. En un rien de temps, elle visa et appuya sur la gâchette, les femmes avaient désormais quelques minutes pour accomplir leur mission.

Je pense qu'on peut y aller en toute tranquillité.

Un sourire aux lèvres, Joan avança à l'intérieur de la bâtisse. Les femmes se dirigèrent dans les sinueux couloirs avec une précaution extrême, la nuit les enfermant dans un halo meurtrier...

«Teach me how to kill.»
Joan & Seven

Respirer lentement. Ne faire aucun bruit, histoire de ne pas tout faire rater et d’éviter les hurlements. C’était toujours mieux quand le travail était fait de manière rapide et silencieuse. Cela rendait toujours la scène beaucoup plus horrible et dramatique quand la victime se mettait à vouloir se défendre ou à hurler. Elle avait vécu ce genre de situation seulement deux fois, étant donné qu’elle n’était tueuse à gage que depuis deux ans, même si cette mascarade durait déjà depuis beaucoup trop longtemps à son gout. Des expériences assez éprouvantes, lorsqu’elle en venait aux mains, c’était comme si soudain elle devenait une autre personne, une personne sanguinaire sans pitié, sanguinaire capable des pires choses. Schizophrénie ? Possible, mais au point où elle en était, plus rien ne l’étonnerait, elle commençait à se demander si elle ne finirait pas internée en hôpital psychiatrique. De la lumière, au fond du couloir, c’était là qu’il fallait se diriger. Ne pas oublier qu’il s’agissait d’un dirigeant de combats clandestins, même si il était supposé être seul à ce moment là . Le jeune tueuse tourna la tête vers Joan, en silence, les bras tendus et l’arme pointé vers la source de lumière vers laquelle elles se dirigeaient. Un signe de tête pour lui indiquer qu’elles pouvaient continuer à avancer. Seven déglutit, c’était la même chose à chaque fois, elle éprouvait un sentiment spécial, une adrénaline indescriptible, non pas qu’elle aimait tuer les gens, mais au fur et à mesure cela n’était, au risque de passer pour un monstre dorénavant, plus vraiment une corvée.

Un néon en passe de s’éteindre, clignotait de manière saccadée au dessus de leur tête à présent. Plus que quelques mètres. Seven s’avança, suivit de sa coéquipière. Coup de chance, l’homme était de dos, s’il elles s’étaient postées en face avec le viseur, il les aurait remarqué immédiatement, elles avaient prise la bonne décision heureusement. Vu sous cet angle, l’homme en question avait l’air assez musclé, avec des tatouages, a peu près l’idée que la jeune fille s’était faite de lui dans son imagination, l‘apparence d‘un malfaiteur en résumé. Restant, dos au mur des deux côté de la porte, elle leva les yeux vers Joan, et hocha la tête lentement. Elle comprendrait, Joan n’avait qu’a lui tirer une balle en pleine tête, ni vu ni connu, il ne la verrait même pas venir. Elle voulait la laisser faire, toute les conditions étaient réunie pour une première, Jandrik priait seulement intérieurement, à se demander qui pouvait-elle bien prier, pour que Joan ne rate pas son coup, ce qui aurait pour résultat d’alerter la victime et de tout faire partir en live complet. Elle ne respirait presque pas, au point qu’elle pouvait entendre son cœur cogner contre sa poitrine. Toujours la main droite serrée sur son arme, un doigt sur la gâchette, l’autre main reposant sur le holster de sa cuisse gauche prête à la sortir au cas où. C’était dans ces moment là, que la jeune fille de dix-huit an réalisait, plus qu’à tout autre moment, que la rédemption n’était plus possible.

Joan, une seule balle, une première victime, le scénario était déjà écrit, elles seraient rentrées dans le quart d'heure... ou pas.

La peur au ventre, la peur de la première fois, cette fois où elle appuierait sur la gâchette sans sourciller comme si c'était tout naturel. Enfin, dans ses rêves, elle réussissait aisément. Était-il si difficile de mettre fin à une vie? Après tout, devant un film, on demandait toujours à ce que ce maudit geste soit opéré et pourtant plus d'un abandonnait l'idée devant le visage suppliant de la victime. En serait-il ainsi? Le poids de la jeunesse effacerait-il sa volonté d'anéantir Kyle? Rien n'en était moins sûr maintenant que les deux femmes arpentaient le couloir de ce bâtiment. Les secondes s'égrenaient dans une ambiance glauque et effrayante, Joan savait que le verdict approchait inéluctablement. La mort était dans ses doigts, il lui suffirait qu'à actionner l'arme, tout était d'une simplicité déconcertante. Joan pensait trop, elle se perdait dans les méandres de son esprit: et si elle n'était pas prête, et si elle faisait capoter une opération aussi simple?
Les deux femmes avançaient avec une précaution magistrale. Seven glissait majestueusement, ne laissant entendre qu'à peine un cliquetis venant de ses chaussures. Kellers tentait de suivre se spas avec cette même légèreté qu'elle commençait à appréhender plus facilement grâce à son entraînement. Le couloir paraissait interminable et pourtant, un peu de lumière s'échappait quelques mètres plus loin suivie d'une ombre imposante, l'homme qu'elle allait devoir tuer ce soir. De dos, inoffensif en apparence, le travail était mâché. Joan positionna son arme puis avança avec douceur.

Bientôt, son innocence disparaîtrait, ne laissant place qu'à la tueuse qu'elle avait décidé de devenir. Ressentir pour une ultime fois les émotions humaines, ressentir cette haine absolue de ses obligations. Vouloir retourner en arrière, prier pour cette âme qu'elle allait devoir retirer de cette planète. Joan s'arrêta et lança un regard qui se voulait déterminé à sa coéquipière, celle-ci l'invoqua d'agir par un simple geste de tête. Il était l'heure que l'enfant en elle fasse ses adieux... Une nouvelle vie l'attendait, une vie où seule sa quête la mènerait là où elle devait aller, une quête où aucune émotion n'avait sa place.
Elle fit un pas de plus, un pas de trop, son arme toujours en position alors que sa chaussure touchait du bout des orteils un tesson de verre mal nettoyé. Repérées inéluctablement, l'homme se détourna à la vitesse de l'éclair alors que son coéquipier à l'autre coin de la pièce tombait sur Seven. Maintenant, il allait falloir se défendre tout en sachant que la personne en face n'était plus un simple punching-ball. Elle voulut regarder où en était Seven mais se retrouva à terre, désarmée, le nez en sang. C'était donc cela le monde où il avait choisi d'entrer? Avec une agilité effrayante, Joan reprit la possession de son poignard à sa ceinture et put prendre par surprise son adversaire, concentrée sur son pistolet au sol. Il s'effondra non sans avoir laissé une trace dans l'épaule de Joan, celle d'un misérable couteau suisse qui avait raté sa cible. Pas un cri de douleur alors qu'elle retirait l'arme, la douleur s'évacuant par tous ses pores. Seven. Où en était-elle?

«Teach me how to kill.»
Joan & Seven

Tout se déroulait comme au ralenti, les mouvements soigneusement calculés, la respiration faible, presque imperceptible. Puis en un instant, la scène s’accéléra, Joan malgré sa précision, avait touché du bout des pieds un malheureux tesson de verre. Merde. La brute épaisse fonça vers Joan, tandis qu’un autre homme qui était positionné de l’autre côté de la pièce sauta littéralement sur Jandrik et lui saisit les cheveux. Rapidement, la jeune femme lui administra un coup de genou magistral dans le ventre ainsi qu’un coup de pied dans la tête. Elle voulait voir comment Joan s’en sortait alors elle la chercha des yeux furtivement. Apparemment son ennemi cherchait son pistolet. Seven dégaina son arme pour lui tirer dessus mais son propre adversaire revint à la charge avec un coup de poing et un Armalite sur la tempe. Au quart de tour, la tueuse lui tordit le poignet et se servit de son arme pour lui tirer une balle dans la tête. Bravo Seven, des éclaboussures et un coup de feu , rien de tel pour alerter tout le quartier. Contemplant sa victime, elle se retourna vivement vers Joan la mine impassible, gardant son arme en main. Visiblement, sa coéquipière s’en était bien sortie, si on occultait le fait qu’elle les avaient faites repérées. « Allez dépêches-toi faut qu’on se barre d’ici ! » Seven se mit à courir, suivit par, elle l’entendait le bruit de la course de Joan. Soudain elle se revit, quelques années auparavant, Kyle la poursuivant dans le couloir de la maison des Jandrik. Sa mère s’était toujours plaint du fait que la demeure était trop grande, ce genre de bâtisses qu’on récupère de son arrière grand-mère et qui détonne complètement dans ce modernisme effrayant de Los Angeles. La jeune fille se retourna un instant croyant entendre Kyle crier après elle en lui disant qu’il lui ferait passer un sale quart d’heure. Mais elle courrait plus vite, toujours plus vite, comme portée par la peur, l’angoisse et par-dessus tout la rage.

Jandrik ne prit même pas la peine de descendre les escaliers, elle sauta directement plusieurs marches, gardant toujours un oeil sur sa coéquipière. Si elle était bien sure d’une chose c’était que si elles croisaient quelqu’un, elles devraient obligatoirement tuer la personne en question. Pas de témoin, surtout pas. Elle entendit du grabuge en bas, il fallait éviter les victimes inutiles dans la mesure du possible. Elle repensa aux informations qu’elle avait pu lire sur l’homme qu’elles avaient assassiné quelques minutes auparavant, organisateur de combats clandestins… Pourvu qu’elles ne tombent sur personne qui pourraient leur barrer la route. Elle entendit un homme les appeler. Imagination ou réalité ? Vu la réaction de Joan : réalité. Elle passa à toute vitesse devant lui, et elles avaient déjà fait quelques mètres de plus quand elle revint sur ses pas. Il fallait qu’elle le tue, même si elle était certaine qu’il n’avait perçu aucun détail. « Attends moi là ! », cria-t-elle à Joan. Avant qu’il n’ait le temps de se défendre, elle le frappa plusieurs fois au visage, avant de le jetter par terre et de lui tirer plusieurs balles dans le corps. Elle avait les larmes aux yeux, mais elle maitrisait cela de plus en plus, au point qu’un jour elle n’aurait plus une once d’humidité dans son regard. Un léger regard sur sa victime et elle reprit sa route, afin d’aller retrouver sa coéquipière.

La mort n'était pas effrayante, elle aurait voulu le croire. Joan était en état de choc, elle n'avait que dix huit misérables années. Elle n'aurait pas dû se retrouver ici, dans ce misérable hangar à regarder l'homme qu'elle venait d'assassiner. La sensation était affreuse: froide, distante, absolument dégoûtée d'elle même, Joan était devenue une tueuse. Autrefois innocente et souriante, elle n'était que l'ombre d'une organisation, un mouton qui tuerait tout simplement parce qu'il fallait suivre les ordres. Joan Kellers n'était plus. Peut être même n'avait jamais t-elle existé. Enfin, cette hypothèse s'avéra vite fausse lorsqu'elle sentit la douleur transpercer son épaule. Tout cela était-il vraiment nécessaire? Avait-elle fait le bon choix? Elle aurait aimé pouvoir nier la voix qu'elle s'était choisie mais la détermination finit par gagner la bataille et envahir ses pupilles.
A partir de cet instant, elle regarda le cadavre de sa victime d'une manière différente. Adieu la pitié, la honte, le remords, on ne voyait plus que la haine, cette indéfinissable lueur dans ses yeux qui la feraient aller loin. Elle n'avait plus peur de rien pour la simple et bonne raison qu'elle n'était plus rien depuis qu'on avait détruit son équilibre d'adolescente. Revenir sur Terre, il fallut bien que cela arrive alors que Seven lui implorait de la suivre pour s'échapper de ce piège à rats. Ils avaient dû faire un boucan d'enfer pendant cette lutte rapide. Joan hocha donc la tête et chassa ses pensées, il n'était plus temps d'imaginer un retour en arrière. C'était aujourd'hui, maintenant et ici que les deux femmes avaient un problème à gérer, elles avaient clairement la mort aux trousses.

Course contre la montre. Faire face à la douleur, à la peur et affronter la mort qui attendait à chaque tournant de virage, chaque couloir apportait son lot de frayeur mais elles continuaient de survivre. Seven finit par repérer un autre garde et lui demanda de rester en arrière, elle avait fait des dégâts considérables ce soir, il fallait l'avouer. Joan regarda autour d'elle, toujours aussi effrayée par l'obscurité et ce que la fin de la soiré lui réservait. Elle n'eut pas beaucoup le temps de penser que sa partenaire revint vers elle, le regard embué. Est ce qu'un jour on devenait insensible à tout cela? Kellers l'espérait puisque ce serait certainement l'affaire de quelques mois peut être même années avant qu'elle n'atteigne son but premier. Joan reprit les devants et regarda Seven avec un air inquiet, elle arriva au bout du couloir, la porte n'était qu'à quelques centimètres. La libération, la fin d'une aventure ou bien la fin d'une vie... Tout restait à prouver désormais. Joan se mit à courir et se retrouva dehors en un rien de temps, elle avait fermé les yeux comme si elle s'attendait à se faire exploser par une grenade quelconque. Rien n'était arrivée, elles étaient en vie. Joan explosa de rire, soulagée avant de jeter un oeil vers la criminelle.

J'en reviens pas, on est en vie! Bon, il y a des efforts à faire avant que ce soit parfait mais je suis capable de tout, je le sais...

Terminé et verrouillé