**Toutes les têtes de l’accueil de Murphy & Thorthon se tournèrent lorsque la riche héritière Treesh Robyn Hurringhton franchit les portes vitrées du grand cabinet d’avocat qui se situait à l’intérieur d’un gratte-ciel dans le centre-ville de Detroit, lui-même. À la base, on aurait pu l’observer parce qu’elle était belle, parce qu’elle était habillé avec classe et parce qu’elle savait plus que quiconque user d’une parfaite démarche, mais ce jour-là, le dernier point n’était pas de mise. Treesh avait tout de même opté pour une magnifique paire de talon aiguille d’une haute marque qu’elle s’était achetée avant de débarquer au cabinet d’avocat. La belle blonde marchait avec quelque peu de difficulté, mais elle savait laisser de côté ce handicap pour montrer ce qu’elle valait aux employés et clients de Murphy & Thorthon. En réalité, la belle héritière, fille de William Hurringhton, le président direct général de la chaîne de centre commercial réputée à travers le pays « Hurringhton’s Mall » avait passé une journée pénible. Il y avait deux jours maintenant, lorsque Treesh s’était levée tout semblait parfait, mais elle rêvait en couleur. Robyn avait toutefois prit un bon petit déjeuner dans sa grande salle à dîner et s’était parfaitement habillée pour aller à une petite rencontre avec un ami de longue date qui était en arrêt à Detroit. La jeune femme n’était pas en ville depuis bien longtemps, mais elle s’était très rapidement approprié les lieux. En sortant à l’extérieur, ce jour-là, Treesh avait prévu d’aller directement au garage et rouler jusqu’au petit restaurant où elle avait un rendez-vous avec son ami, mais quelque chose contraria sa vue. L’assemblement de rose rouge qu’elle avait fait installé la veille n’était pas tout à fait comme ses attentes, la belle avait demandé dix-sept roses rouges accompagné de 24 roses blanches, mais devant ses yeux, il n’y avait que 15 roses rouges pour 22 roses blanches. La bouche de la propriétaire tomba littéralement sur le sol. Elle tourna talon et s’approcha de Julio, le jardinier. Elle toucha l’épaule de l’homme et lui dit. **

« Puis-je savoir ce que vous avez fait avec mes roses ! N’est-ce pas possible d’avoir un travail bien réalisé ou suis-je obligée de vivre avec des incompétents, vous êtes renvoyés ! Comment osez-vous encore être sur mon terrain, je vous demanderais immédiatement de quitter les lieux. De plus, ne pensez tout de même pas que vous vous en tirerez comme ça ! Vous ne recevrez pas votre chèque de paie cette semaine, vous ne méritez rien et peu importe si votre petite fille de trois ans n’a plus rien à se mettre sous la dent, vous lui donnerez de la purée pour chat, ce n’est pas mon problème, maintenant dégagez de ma vue ! »

**La suite qui suivit fut assez tordue, l’homme ne se laissa pas abattre, sachant très bien que sans ce chèque, il ne pourrait pas faire vivre sa famille. Il devait ramener un panier d’épicerie bien garnie après cette journée de travail. Il se mit à hurler après sa patronne, ce qui monta la colère chez la blonde qui en rajouta, mais sous l’effet de l’impulsion, l’homme fit un geste vers l’avant, comme si il avait prévu de la frapper. Treesh sursauta, brisa le bout de sa chaussure aiguille haute gamme et tomba aussitôt sur le sol pavée. Elle avait la cheville foulée, ce qui ne l’a ravie guère. Ce n’était pas terminé avec ce Julio Sanchez. Deux jours après, Treesh était dans la hall du cabinet d’avocat, près à emmener cet homme en justice. Elle arriva au comptoir de la réception et dit.**

« Bonjour très chère, je suis Treesh Hurringhton, j’ai rendez-vous avec Mademoiselle Hesther McFadden, je n’ai pas une minute à perdre, je vous demanderais de l’a conviée immédiatement. Et ne me regardez pas ainsi, vous me faites perdre mon temps. »

Treesh Ҩ Hesther

« La justice, cette forme endimanchée de la vengeance. »

C'est étrange de constater avec quelle rapidité le temps s'écoule parfois inexorablement. Parfois, le temps s’abîme à trop marquer nos heures, semblant s'accélérer à toute vitesse jusqu'à vous conférer cette sensation de tournis ; que tout va trop vite, cette sensation que vous ne contrôlez plus rien. Parfois, c'est l'inverse qui se produit. Et c'est bien là tout le fond du problème. Admirant le fond de sa tasse de café, Hesther attendait sagement que son seul rendez-vous de l'après-midi arrive. Le nom de la cliente en question ne lui était pas totalement inconnu, elle savait pertinemment de qui il s'agissait et s'attendait donc à tout et n'importe quoi venant de la part de cette personne. Le dossier qu'elle aurait à traiter promettait d'être d'un ennui monstrueux, pour ne pas gâcher son plaisir, cela risquait fortement de la mettre dans une situation impossible. Au secours. Que n'aurait-elle pas donner pour pouvoir s'éclipser en douce et confier ce rendez-vous à l'un ou l'une de ses collègues. Jacob par exemple. Niveau empathie on ne pouvait trouver mieux que lui. Il aurait pu prendre en pitié une pauvre chaise, qui se serait cassée en milles morceaux, sous le poids bien trop élevé d'une personne.
Le regard toujours noyé au fond de se tasse de café vide, elle observait les quelques gouttes de liquide encore présentes dans le gobelet. Distraction au combien intéressante en attendant que le temps défile. Mais le temps en avait décidé autrement. Jetant un coup d’œil à sa montre, elle pu se rendre compte que seulement cinq misérables minutes venaient de s'écouler, depuis la dernière fois qu'elle avait consulté le bijoux hors de prix accroché à son fin poignet. La seule chose appréciable en cette journée, était que la climatisation venait d'être réparée ce matin même, après pas loin de trois semaines de panne. Mieux vaut tard que jamais non ?

Poussant un profond soupir, elle abandonna sa tasse sur le bord de son bureau avant de se lever et de se diriger d'un geste presque mécanique, en direction de la porte du vaste open-space. Objectif aller à la cafétéria située au rez de chaussée du gratte-ciel, histoire de bouger un peu et de faire passer le temps plus vite en attendant cette maudite cliente. Alors que l'ascenseur l'amenait au ras du sol, elle se demanda quel pouvait être le motif de ce rendez-vous pris à la dernière seconde, sans même laisser la moindre explication... Les gens riches franchement, quelle plaie. Se croire tout permis de cette façon, ce n'est clairement pas respectueux. Dire qu'elle avait fait partie durant un temps de ce milieu tout à fait pourri et véreux, elle n'en revenait tout simplement pas. Enfin, laissons lui au moins le bénéfice du doute. Peut-être vient-elle chez Murphy & Thorthon suite à une agression ou bien peut-être avait-elle une affaire de harcèlement de n'importe quel type à lui soumettre. Tout, absolument tout étant envisageable. Tout... c'est bien ça, ce simple mot de quatre lettres, qui lui fit peur, alors qu'elle remontait au 36 ème étage, un café long crème dans la main.
Durant une petite heure encore elle travailla sur un gros dossier en cours, une affaire sur laquelle elle prêtait toute son attention depuis plusieurs semaines maintenant. Et puis il y avait aussi cette affaire sur laquelle elle devait encore réfléchir, avant son rendez-vous avec le client. Client qui se trouvait être en ce moment même en prison. Drôle d'histoire ça aussi, pour ne rien gâcher, elle était obligé de travailler en étroite collaboration avec l'un de ses collègues. Horreur, malheur.
En parlant de malheur, le téléphone sonna. Sans grande conviction Hesther décrocha.

Hesther ▬ Mlle Mcfadden, que puis-je faire pour vous ? 
Standardiste ▬ Bonjour Mlle, c'est l'accueil du cabinet, Madame Hurringhton avec qui vous aviez rendez-vous vient d'arriver.
Hesther ▬ Faites là patienter juste quelques secondes, j'arrive, je viens l'accueillir.

Raccrochant le combiné, Hesther se leva tel un robot bien huilé, puis se dirigea une énième fois vers la porte de l'open-space. Ici, les avocats ne possédaient pas leur propre bureaux, comme le département de la finance, juste des cases délimitées par des cloisons en verre et de jolies plantes vertes, le tout dans un décor très épuré et somme toute très design, certainement imaginé par un grand architecte. Tout en posant la main sur la poignée de l'imposante porte, donnant accès sur le hall d'accueil, elle inspira profondément. Sourire de circonstance, et c'est parti, elle se dirigea vers celle qu'elle pensait être la cliente en question. De toute façon hormis elle, il n'y avait personne d'autre. Difficile de se tromper dans ces circonstances.

« Bonjour Mme Hurringhton. Elle tendit ensuite la main à cette femme qui semblait sortir tout droit d'un magasine de mode. Mlle Mcfadden. Venez, suivez-moi, allons nous installer à mon bureau. »

D'un pas décidé elle pénétra à nouveau à l'intérieur de l'open-space, sa seconde maison. En veillant à ne pas perdre sa cliente dans le dédale que pouvait représenter les différents bureaux, disposés ça et là, elle se dirigea vers son lieu de travail. D'un geste elle indiqua alors à la blondinette, que celle-ci pouvait s’asseoir. Prenant place à son tour derrière son bureau de bois clair, elle entra directement dans le vif du sujet, d'un air qui se voulait à la fois courtois et jovial.

« Pouvez-vous m'expliquer ce qui vous amène ici ? » Tout en parlant elle sortit un dossier, dans lequel elle confinerait tout ce qui aurait rapport avec l'affaire que cette femme pourrait lui confier.

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**Treesh Robyn Hurringhton resta plantée devant la réceptionniste en attendant qu’elle fasse son appel. Elle croisa les bras et fixa du regard la grande et mince femme. Elle voyait bien que de la fixer ainsi la rendait complètement mal à l’aise, mais elle s’en fichait. Elle était cliente ici et on ne disait pas toujours que le client était roi au sein d’une compagnie ou d’un magasin. Treesh utilisait ainsi son droit, comme n’importe qui pouvait l’user. Elle fit ainsi claquer ses doigts sur son bras, lançant quelques soupirs. Lorsque le combiné fut repoussé, elle arqua les sourcils, attendant avec impatience la réponse de la femme qui lui demanda avec faiblesse si elle pouvait attendre un peu, que Hesther McFadden allait descendre dans quelques minutes, mais aussitôt, le visage de la riche héritière changea. Sa bouche s’ouvrit et forma un grand cercle de surprise, on pouvait presque voir la luette qu’elle avait au fond de la gorge. La blonde n’appréciait guère qu’on lui fasse perdre son temps. La réceptionniste semblait terrifiée et craignait surtout la réponse de la femme distinguée. Après tout, les traits qu’aborda le visage de Treesh étaient une assez bonne raison d’avoir peur. Elle décroisa les bras aussitôt, les laissant tomber le long de sa magnifique robe haute couture et dit sur un ton sévère.**

« Vous voulez rire de moi, je n’ai aucunement à subir les inconvénients de votre système, j’ai une vie très chargée contrairement à vous, gens de la basse société, je ne vous laisserais pas gruger mon temps si précieux de cette manière, sachez que si elle ne se pointe pas d’ici une minute, j’irais voir dans un autre cabinet… et je compte ne pas en rester là avec Murphy & Thorthon, j’ai le pouvoir de vous faire couler… ne doutez surtout pas de mes paroles mademoiselle et si je peux me le permettre, cette coupe de cheveux, c’est hideux, vous savez à quoi cela me fait penser… à la coupe de Rufus, le chien de mes parents… si vous aurez été un peu plus sympathique à mon égard, j’aurais bien pu vous payer une coupe chez ma coiffeuse, mais ne pensez certainement pas que je vous donnerais cette chance ! »

**Elle entendit ensuite quelqu’un parler. Elle tourna la tête, les sourcils froncés, ne comprennant pas pourquoi on l’a dérangeait subitement, mais lorsque la femme se présenta, elle comprit qu’il s’agissait de Hesther McFadden, l’avocate avec qui elle avait un rendez-vous. Un bref sourire gagna ses lèvres et dit alors.**

« Il était temps… enfin, je vous suis… Vous savez, vos employés ne sont pas très compétents ! »

**Elle roula les yeux et avança, usant de la plus parfaite des démarches possibles, enfin, la plus parfaite avec une cheville blessée. La jeune femme monta jusqu’au bureau de la brunette et prit place sur un banc, elle arqua un sourcil, voyant le manque de confort qu’on lui donnait, passa une main sur le tissus et dit en s’exclamant.**

« Je rêve… ce n’est pas même du vrai cuir… je suis choquée… je téléphonerais à mon fournisseur dans la journée et je vous fais livrer un vrai canapé en cuir véritable importée d’Afrique dans la matinée demain matin… enfin, de quoi parlions nous ? Ah oui, l’incident avec Julio… mon jardinier. Vous souhaitez l’histoire détaillée je suppose ? »

**Dit-elle, assise sur le divan, croisant la jambe et regardant la mauvaise qualité du fauteuil avec un profond dégoût.**

Mais quel culot ! Observant la surface du visage de cette odieuse femme, Hesther ne pu s'empêcher de se demander ce qui pouvait bien se cacher sous les trois tonnes de fond de teint sûrement appliqué à l'aide d'une truelle, vu le résultat il n'y avait que peu de doutes là dessus. Bref, ce n'est pas bien de juger quelqu'un sur son physique, pourtant elle devrait le savoir. Sur le physique non, mais sur sa façon de se comporter, oui ! Et assurément, l'avocate ne portait guère dans son cœur le genre de personne trop pressée, persuadée que tout lui est dû, se pensant réellement supérieur à vous. Qu'est-ce que ce rendez-vous allait pouvoir donner ? Rien de très bon sans aucun doute. Vos employés ? Un sourire naquit au creux des lèvres de la blondinette. Alors comme cela cette riche cliente était persuadée que la standardiste était son employée à elle. Mais de quelle planète débarquait-elle ? Et de quel droit jugeait-elle le travail de cette pauvre fille de la réception, qui avait sûrement dû l'accueillir avec toute l'amabilité et tout le professionnalisme qu'on lui connaissait habituellement. Elle se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas rétorquer de manière cinglante, chose qui risquait fortement de ne pas plaire à cette maudite cliente. Faire comme si de rien n'était, comme si aucun son agressif n'était parvenu jusqu'à ses oreilles. Empathie, empathie, gentil sentiment s'il te plais vient m'aider. Assurément elle allait en avoir besoin de cette foutue empathie, une dose élevée même. Pourquoi Jacob ne s'était-il pas chargé de ce foutu dossier ? Peut-être bien parce que c'était après elle, Hesther Mcfadden - en personne - que cette cliente avait réclamé.
Une fois correctement installée, la jeune avocate sortît ses affaires, se saisissant de son stylo Mont-Blanc, au moment où Mme Hurringhton pris la parole d'une façon tout à fait outrée et choquée. Et bien non les fauteuils ne sont pas en cuir, et puis quoi alors ? Ça n'allait pas la tuer. De peu elle manqua de lâcher son stylo qui lui avait coûté les yeux de la tête. D'un ton qui se voulait le plus cordial possible, mais qui devait puer l'hypocrisie à trois kilomètres à la ronde, la native de la Nouvelle Orléans repris la parole.

« Non, vous avez raison ce n'est pas du vrai cuir. Ne vous donnez pas ce mal, bien que ce geste soit très sympathique et appréciable de votre part. La société a de toute façon prévu de faire quelques changements ici-même dans quelques mois. Joignant ses deux mains l'une à l 'autre, elle reporta son regard sur la cliente, se retenant de rire mais aussi de lui hurler de dégager d'ici. Oui, s'il vous plaît, il me faudrait le plus de détails possibles, même ce qui peut vous paraître sans importance, afin que je puisse détenir le plus d'éléments, et ce dans un réel souci de pouvoir assurer la meilleure défense possible. Que s'est-il passé avec ce jardinier ? »

**Treesh Robyn Hurringhton n’avait guère appréciée de devoir s’assoir sur un divan en sachant très bien que ce n'était pas du cuir véritable. La grande blonde avait toujours conscience de chaque petit détail ; qu’il s’agisse de la décoration, son style vestimentaire, les meubles, les aliments, les moindres petits détails avait son importance pour la grande femme qu’elle était. Elle avait renvoyé des employés pour un moins que rien, par exemple trois grains de sel de trop dans son assiette et oui, elle avait les papilles gustatives assez développées pour cela. Le plus malheureux, c’était surtout lorsqu’elle se présentait au restaurant, demandant le moindre petit détail pour son assiette jusqu’à la personne qui le préparait et le choix des couverts. L’exigence était ce qui la décrivait le plus et Treesh était maniaque dans cet art. Elle avait proposé d’offrir tout à fait gratuitement un nouveau fauteuil pour le bureau de Hesther, mais la blonde sembla refuser son offre, ce qui l’a contraria. Elle plissa les lèvres une petite seconde et reprit.**

« Si je peux me le permettre, je maintiens mon offre. En vous engageant comme avocate, cela signifie que je devrais me déplacer dans vos bureaux plusieurs fois dans les temps à venir et je ne désire pas attendre quelques mois pour m’assoir sur un matériau de qualité ! »

**Elle se pencha, fouilla dans son sac à main et y sortit un carnet de chèque ainsi que son téléphone portable. Elle le remplit au nom de Murphy & Thorthon et fit un appel, elle fit un signe d’attendre avec son doigt et prit parole.**

« Oui. Je suis Treesh Robyn Hurringhton et j’exige un fauteuil d’un brun #43598 en cuir véritable exporté tout droit d’Afrique pour demain, à la première heure au cabinet d’avocat Murphy & Thorthon de Detroit. »

**Dit-elle en raccrochant sans donner plus ample détail ou même le remercier. Elle leva la tête et se pencha pour ranger son portable. Treesh afficha un petit sourire et reprit.**

« Voilà, une bonne chose de fait, maintenant, revenons à notre affaire… bon, hier matin, j’allais à mon rendez-vous, mais en quittant mon manoir, j’ai remarqué que l’assemblage de roses que j’ai demandé à mon jardinier d’installer la veille n’était pas conforme à mes exigences, vous n’en croirez jamais vos oreilles… Julio avait installé 15 roses rouges et 22 roses blanches tandis que je lui avais exigé 17 rouges et 24 blanches ! Incroyable n’est-ce pas.. enfin, je l’ai remis vers le droit chemin et j’ai exigé son renvoi immédiat, mais il s’est mis à m’hurler dessus, il m’a attaqué toute suite après, j’ai pris course et par peur, je me suis foulé la cheville, mais attendez, je n’ai pas terminé. Le talon de ma nouvelle chaussure Lionel Mercier, édition unique tout droit importé de l’Allemagne s’est brisé … une horreur ! »

N'est-ce pas étrange de constater la différence qu'il peut bien exister entre vos pensées et vos actes ? Parfois vous auriez envie de cracher tout un tas d'insanités à votre interlocuteur, le sommant d'aller gentiment se faire foutre, mais au lieu de cela, vous vous contentez d'un simple sourire et d'une phrase complètement en inadéquation avec vos propres sentiments du moment. Hypocrisie profonde ou réelle intention de ne pas provoquer un esclandre totalement inutile, qui vous ferait perdre une bonne partie de votre après-midi ou de votre matinée ? C'est ce que la jeune avocate se demandait à cet instant précis, alors que sa riche cliente venait de s'emparer de son téléphone afin de passer commande pour des fauteuils en cuir, importés d'une contrée lointaine. Fait suer, qu'elle laisse ces pauvres animaux en paix et qu'elle lui explique la raison de sa venue plutôt que de tourner ainsi autour du pot. Pendant que Mme passait commande auprès du pauvre fournisseur qu'elle n'hésita pas à malmener au bout du fil, Hesther pianota sur le clavier de son ordinateur, profitant par la même occasion pour répondre à ses mails personnels mais aussi professionnels.

C'est tout juste si elle se retint de rire, lorsqu'elle appris que demain dès l'aube le bureau empesterait le fauve. Les riches franchement, prêts à tout mais surtout n'importe quoi pour satisfaire leur petit confort. Tant que ce n'était pas à elle de débourser le moindre centime pour ce fauteuil, soit, tout allait bien. Une fois la crise passée, la blondinette écouta avec toute l'attention dont elle était encore capable après tant de simagrées, sa cliente. Elle manqua d'ailleurs de s'étrangler avec sa propre salive, lorsqu'elle pu enfin prendre connaissance du dossier qui l'attendait. Avait-elle bien entendu ? Était-ce une blague d'un goût plus que douteux ? Ou se fichait-on carrément d'elle ? L'avocate se demanda qu'elle pouvait bien être la ligne de conduite à suivre, rire, se mettre à pleurer, jeter cette foutue bonne femme à la porte ou tout simplement prendre des notes ? Hesther opta pour la dernière solution qui n'engageait à rien après tout. Quelques instants plus tard, elle releva la tête de ces gribouillis, arborant un sourire mi figue-mi raisin avant de prendre la parole, en essayant de garder son sérieux.

« Incroyable en effet. Cet employé travaille depuis longtemps pour vous ? Il vous a attaqué, c'est à dire ? S'est-il montré violent ? A-t-il essayé de vous frapper ? Une horreur, je comprend tout à fait votre désarroi, mais comprenez bien que s'il n'a pas tenté de vous brutaliser, je ne pourrais pas faire grand chose. Votre cheville est-elle vraiment foulée ? Avez-vous des preuves, comme une radio ? Cela pourrait sûrement être utile pour prouver du mieux, que vous avez tenté de prendre la fuite, mais cela risque d'être bien maigre face à un tribunal. »

Bien maigre, voilà tout ce qu'elle avait trouvé pour tenter de dissuader la cliente de porter plainte. Elle n'osa pas ajouter qu'il en allait de sa propre réputation et de sa crédibilité que d'intervenir dans une histoire pareille. Peut-être aurait-elle dû lui dire, tant pis si cela ne plaisait pas après tout. Pourquoi se montrer toujours aussi gentille et sympathique après tout ? Fossé entre ses pensées et ses actes. S'en était presque honteux.

**Treesh Robyn Hurringhton ne gardait jamais sa langue dans sa poche, dès qu’une pensée venait se hisser jusqu’à son esprit, elle le balançait, se fichant complètement des conséquences. La belle héritière était tellement riche que de toute manière, elle n’avait pas besoin de plaire aux gens, elle était pour elle-même déjà très demandée. On l’admirait beaucoup, ce qu’elle appréciait en silence, jugent tout de même les gens pour la stupidité qu’ils utilisaient en voulant être elle. Elle ne laisserait jamais quelqu’un de la base société devenir son amie, elle avait beaucoup trop de classe pour cela. Pour la jeune blonde, la faible classe était pire qu’un troupeau de singe porteur d’une maladie mortelle. Elle ne souhaitait surtout pas être en contact avec ces gens, craignant le pire ; sans doute la mort. Cette pensée suivait Treesh dans chacune de ses actions, ce qui ne l’a laissait jamais indifférente face à une situation ou un événement. Aujourd’hui, c’était le confort avant tout, la matérialiste avait besoin que chaque petit détail soit selon ses envies et ses attentes, sinon, elle n’accepterait jamais de continuer l’entretien et ne se générait surtout pas pour détruire la vie de la personne qui n’ait pas respecté ses demandes. Elle avait beaucoup d’argent, ce qui signifiait pour Robyn, beaucoup de pouvoir. Son père connaissait tellement de gens qu’elle pouvait faire écraser un avion ayant comme passager la famille entière d’une employée pauvre, pour la simple façon qu’elle aille deux minutes de retard ou bien qu’elle n’aille pas choisis le bon verre à cocktail. Treesh était une vrai petite garce, mais cela, elle ne semblait pas le savoir. Elle se sentait parfaitement à l’aise dans sa situation et c’était l’important. Jamais, elle ne changerait de vie avec quiconque. La belle était la perfection. Enfin bref, pour revenir à la raison de sa vue chez Murphy & Thorthon. Treesh écouta les questions de l’avocate, voyant bien que ses efforts ne seraient pas déployés comme elle le souhaitait, mais bon, elle allait tout de même continuer l’entretien. Hesther était une brillante avocate et elle connaissait les règles du barreau beaucoup plus qu’elle.**

« Oui, il s’est montré très violent, lorsque j’ai voulu le renvoyer, il s’est mis à m’hurler des injures et pour me faire peur, il m’a pourchassé à travers l’entrée. J’ai pris peur, j’ai hurlé et j’ai couru... Ensuite, c’est là que je suis tombé. Je lui ai répondu sèchement que je lui imposerais une poursuite judiciaire et qu’il se retrouverait rapidement dans la rue à manger des cafards et ensuite... Julio a quitté ma propriété.. Me laissant seul avec ma cheville foulée et ma chaussure hors de prix complètement fichu. Et pour répondre à votre question, non, je ne suis pas aller voir un médecin... Est-ce important ? Je pourrais téléphoner justement à mon médecin privé et le faire débarquer tout droit de Los Angeles d’ici deux heures si vous le souhaitez ? »

**Demanda t-elle en souriant. Elle tourna la tête, chercha son portable à nouveau dans son sac à main tandis que Hesther répondit.**

Il est de ces rares moments où vous vous demandez ce que vous fichez ici même. Des moments où, vous souhaiteriez être à des milliers de kilomètres de l'endroit où vous vous trouvez être. Devenir invisible pour pouvoir s'évader par la porte de service, ou bien juste avoir le don d'ubiquité. Si seulement tout cela était possible. Malheureusement la réalité est beaucoup moins amusante, surtout lorsqu'on est avocate et que l'on s'appelle Hesther Mcfadden et que l'on se trouve en face d'une riche cliente un peu dérangée du bocal. La blondinette écoutait toujours attentivement les dires de son interlocutrice, faisant de son mieux pour ne pas exploser de rire ou bien pour ne pas s'arracher les cheveux tout en s'écroulant par terre. Une fois de plus, elle se demanda pourquoi elle avait eu le malheur d'accepter de recevoir cette personne, à la place de l'un de ses collègues. Pourquoi avait-on demandé à la voir en personne ? D'autres avocats étaient tout aussi compétents qu'elle, peut-être un peu plus d'ailleurs. Incompréhension totale, d'autant plus lorsqu'elle portait son regard bleu sur cette femme, qui était visiblement née avec une cuillère en argent dans la bouche, et a qui il n'était pas coutume de refuser quoi que ce soit.

« Hurler sur quelqu'un n'est pas se montrer violent à proprement parler Mme Hurringhton. Vous dites qu'il vous a pourchassée, y a-t-il des témoins de cette scène ? Comprenez bien que sans véritables preuves, cela risque d'être très difficile de monter un dossier. Tant bien que mal, elle essayait de raisonner sa cliente. L'avocate opina du chef en signe d'acquiescement. Oui, cela à son importance et pas des moindres. Si nous avançons le fait que vous avez eu des séquelles physiques, sans porter la moindre preuve devant la cour, on risque fortement de nous rire au nez. On risque aussi de nous demander pourquoi les examens n'ont pas été réalisés immédiatement après l'incident. Enfin, ce n'est qu'un détail de plus après tout. Vous pouvez très bien faire venir votre médecin, dans l'intervalle, voulez-vous que l'on appelle l'hôpital le plus proche pour prendre un rendez-vous auprès du service de radiologie ? Votre cheville n'est peut-être pas si mal en point que ça, mais mieux vaut vérifier afin d'en avoir le cœur net. »

Ce dossier risquait fortement de nuire à sa réputation, aussi voulait-elle mettre toutes les chances de son côté afin de ne pas passer pour une idiote présentant un dossier totalement dénué de toute preuve devant la cour. Les éléments en sa possession ne permettait pas une défense correcte de la cliente. Cette histoire étant totalement tirées par les cheveux, il était plus que certain que la partie adverse n'aurait pas de mal à remporter le procès, si toutefois la cliente souhaitait aller jusque là. Le seul préjudice de l'histoire, était la chaussure hors de prix avec le talon cassé, vraiment ridicule. Cette femme avait très certainement assez d'argent pour se dégoter une nouvelle paire unique. Hesther ne pouvait décemment pas aller plus en avant de cette « affaire », il fallait qu'elle trouve un moyen d'enrayer la machine – qui visiblement ne tournait pas vraiment rond. Après avoir noté quelques informations dans le dossier qu'elle tenait à la main, la jeune femme reporta son attention sur la cliente.

« Voyez-vous autre chose à ajouter ? Je vais être franche avec vous, aux vues des éléments que je détiens pour le moment, je suis persuadée que nous avons vraiment très peu de chances de remporter le procès, si jamais vous décidiez d'aller jusqu'au bout de votre plainte... J'ai assez d'expérience en la matière pour le savoir. Pourquoi ne pas vous contenter de poser une main courante contre cet employé au commissariat le plus proche ? Ainsi n'aurait-il plus le droit de vous approcher à moins de 50 mètres, ce qui serait peut-être largement suffisant... Le préjudice moral et physique est assez limité dans cette histoire tout de même... enfin je ne juge en rien la situation, je vous apporte seulement un regard extérieur avisé. »

La franchise n'a pas toujours du bon, Hesther sentait qu'elle allait l'apprendre à ses dépends. Intuition féminine une fois de plus sans nul doute.

**Treesh Robyn Hurringhton ne savait pas si cette avocate était aussi compétente qu’on lui avait suggéré après tout. Elle ne semblait pas vouloir faire tout ce qu’elle pouvait pour permettre à Treesh d’envoyer ce Julio dans la rue, c’était sans doute sa principale motivation, lui faire payer son manque de tact et de politesse envers la grande dame qu’elle était. Pour le moment, les paroles de McFadden ne semblaient pas du tout porter en sa faveur et Treesh n’appréciait guère. Elle leva les sourcils d’un air supérieur, mais en même temps dégoutée. Après avoir passé son appel, la dame lui demanda si elle préférait prendre rendez-vous directement à l’hôpital de Detroit, ce qui était tout simplement hors de question. Hurringhton n’allait certainement pas partager la salle avec des patients de la faible classe et encore plus, patienter pour qu’on lui fasse passer des radiographies avec du matériel qui n’aurait pas été désinfecté quatorze fois avec 10 produits différents. Elle éclata de rire et dit.**

« Vous rigolez Mademoiselle McFadden, jamais je n’irais attendre et utiliser un hôpital public. Je suis de la haute classe, je ne voudrais certainement pas contracter une maladie… je tiens à ma santé et c’est si malpropre dans ses endroits là, je suis certaine qu’ils n’ont même pas de femme de ménage pour cirer les planchers à tous les jours ! Je suis horrifié à l’idée d’entrer en contact avec l’air impur de cet établissement, alors je vais me contenter de mon médecin privé et tout sera parfait ! Sinon, pour répondre à votre question, j’ai sans aucun doute des preuves ! »

**Elle sortit ensuite une clé usb de son porte-monnaie et la tendit à l’avocate.**

« J’ai des caméras de surveillance dans chacune des pièces de ma maison et le responsable de la sécurité a bien réalisé la détresse dans laquelle j’étais à ce moment lorsqu’il a regardé la vidéo… mais bon, je l’ai tout de même renvoyer lui également, sachant qu’il n’a envoyé aucun agent de sécurité tandis que Julio était présent sur ma propriété…»

**Ca y est, Hesther semblait vouloir laisser tomber le dossier. Une vague d’énervement s’empara de la riche blondinette. Elle plissa les yeux et serra les lèvres de manière plutôt insistante.**

« Je rêve, vous n’êtes pas réellement en train de refuser de m’aider. J’ai demandé la meilleure avocate du cabinet et vous ne pensez même pas pouvoir expédier cet homme au Mexique.. ou en Afrique, enfin, peu importe le trou du monde où il est né, je m’en contre fiche, j’ai besoin de le voir hors de ma vue et cela, beaucoup plus loin que 50 mètres ! »

Foutue affaire complètement désintéressante, tout droit tirée des pires comédies du cinéma hollywoodien. Hesther avait l'impression d'être en plein délire ou bien peut-être s'agissait-il d'une caméra cachée. Oui, peut-être bien que c'était ça après tout. Son patron avait certainement voulu se foutre de sa poire, ou bien la mettre à l'épreuve ou peut-être même les deux, qui sait ! Complètement fou. Elle devenait un brin hystérique, jamais les grands pontes de la société n'auraient organisés quelque chose d'aussi saugrenu. Comment était-il possible d'être à la fois dédaigneux et aussi odieux ? La jeune avocate aurait bien fait manger à cette femme la plante verte se trouvant sur le bord de son bureau. Je suis de la haute classe... et moi je t'emmerde, pensa-t-elle.

« Je suis on ne peut plus sérieuse Madame Hurringhton. Si je vous propose cette solution c'est uniquement parce que nous pouvons faire bloquer l'aile complète d'un des nombreux hôpitaux de la ville. Vous serez alors seule, parfaitement tranquille pour pouvoir faire vos examens. Je suis certaine que la même attention est portée dans ce genre d'endroit, que dans les hôpitaux que vous pouvez fréquenter, ceci afin d'éviter les maladies nosocomiales et par la même occasion les procès en tout genre. Votre médecin privé, que pourra-t-il faire au juste ? Il ne va pas pouvoir transporter avec lui du matériel de radio, qui pèse une tonne...  Et il ne serait pas très judicieux de monter de fausses preuves. »

Avec toutes les peines du monde, Hesther ravalait ses injures, gardant pour elle sa fierté sans doute mal placée. C'est d'un ton parfaitement calme et qui se voulait le plus jovial possible qu'elle s'était adressée à sa cliente, mais en dedans elle bouillonnait littéralement de rage. Des preuves ? Et bien voilà qui se révélait être intéressant soudainement. La blondinette se saisit alors de la clef USB que lui tendait la riche héritière. Sans la moindre hésitation, elle enfonça la clef dans le port prévu à cet effet de son ordinateur.

« Bien, nous allons certainement pouvoir tirer profit de ces enregistrements. Voilà au moins quelque chose de concret. Pendant que vous vous entretiendrez avec votre médecin, je visualiserais les vidéos, afin de voir ce que je peux en obtenir. »

Comme il fallait presque s'y attendre, Miss Riche Héritière se vexa aux paroles de l'avocate. Elle en avait de bien bonnes. Si elle pensait qu'expédier une personne en dehors de son pays d'origine était aussi simple qu'un claquement de doigt et bien elle se fourvoyait totalement. L'argent ne résout pas tout et encore moins lorsqu'il s'agit de faire tomber un pauvre type n'ayant rien demander à personne, ayant juste fait une petite erreur de jardinage. Il n'y avait pas eu mort d'homme, pourquoi en faire tout un fromage ? Parce qu'elle avait été blessée dans son orgueil et son amour propre ? Parce qu'elle venait de briser le talon de sa chaussure, dont elle n'avait certainement rien à faire ? Décidément, les personnes de son espèce ont le don de l'énerver au plus haut point.

« Je ne refuse pas de vous aider, seulement je ne veux pas que vous vous berciez d'illusions, les preuves à charges sont plutôt maigres. Il va falloir que je vois ce que je peux faire de tout ceci maintenant. »

**L’énervement semblait avoir monté d’un coup dans la tête de Treesh Hurringhton, mais suite aux paroles de la jeune avocate, cela semblait s’être dissipé quelque peu. Elle aborda un sourire presque visible, mais bon, cela ne dura à peine que quelques minutes. La dame écoutait avec attention Hesther. Elle croisa une jambe l’une sur l’autre et se pencha vers l’avant.**

« Je ne compte pas montrer de fausses preuves Mademoiselle McFadden, de toute manière, je compte prendre mon jet privé ce soir et aller directement à Los Angeles, je passerais les testes que j’ai besoin dans ma clinique hospitalière privée où mon médecin pratique et ensuite je demanderais à ma secrétaire de vous poster tout ce que vous aurez besoin, je ne pense pas que j’ai encore besoin d’être ici en ce moment, de toute manière, l’air est horrible dans cette immeuble, il va falloir que j’aille me faire un masque de concombre et de produits des îles à ma sortie d’ici, la prochaine fois, j’exigerais un rendez-vous directement dans mon manoir si cela vous convient ainsi, je pourrais demander un traitement des pieds en même temps que le rendez-vous, vous verrez, c’est un véritable plaisir de la vie très chère ! »

**Elle fit un grand sourire et se leva tranquillement. Treesh prit le temps de bien replacer sa robe et d’ajuster ses cheveux. Elle ouvrit même son petit mirroir portatif de son petit sac à main et ajusta son maquillage et les quelques bouclettes de sa chevelure. La dame tourna les yeux vers son avocate avec un petit sourire.**

« Parfait, je pense que nous allons pouvoir l’envoyer pourrir dans le fond de l’Afrique, sinon, je l’enverrais dans la rue, ce qui serait une situation bien plus agréable... Enfin, je vous remercie de votre aide et je demanderais de vous envoyer immédiatement les copies des vidéos de surveillance. J’apprécie votre coopération et je vous contacte dans la semaine, maintenant, je vais directement au spa, me refaire une petite beauté ! De plus, regardez mes ongles, ça fait quatre heures que je suis allée chez ma manucure et déjà, ils sont horribles ! »

**Montra Treesh, mais évidemment, il n’y avait rien, ces ongles étaient parfait comme à son habitude. Treesh tourna ensuite les talons et quitta le bureau de Hesther vers l’ascenseur.**

Mme Hurringhton était probablement la plus odieuse cliente qu'elle ait jamais eu à rencontrer. Sa carrière n'en était qu'à ses débuts, pourtant elle avait déjà été confrontée à des clients de toute sorte. Mais jamais jusqu'à présent quelqu'un qui soit aussi peu humain et imbu de sa personne. Cette horrible bonne femme semblait uniquement préoccupée par sa petite personne et son confort. Nombriliste et égocentrique à souhait. Une véritable horreur montée sur escarpins hors de prix. Tout simplement vomitif. Le genre de personnage que la jeune avocate avait en temps normal peine à supporter, cherchant par tous les moyens possibles et imaginables de les fuir comme la peste. Là, malheureusement semblait-il qu'elle n'aurait guère le choix que de faire avec. Hesther nota dans un coin de sa tête d'avaler un cachet de Lexomil lors de leur prochaine rencontre, afin d'être complètement stone pour pouvoir surmonter ce moment qui promettait d'être aussi éprouvant que le rendez-vous actuel.

Désireuse d'en finir au plus vite et de ne pas provoquer un esclandre, ou même de se faire virer parce qu'elle n'aura pas répondu ce que l’héritière souhaite entendre, l'avocate referma le dossier ouvert devant elle, opinant toujours du chef à la moindre parole de la blonde. Comme promis, elle ferait analyser la bande enregistrée par les caméras de surveillance de la demeure Hurringhton. Sur le même ton faussement sincère elle dit alors à sa cliente qu'elle attendait au plus vite les preuves émanant du médecin de cette dernière, avec examen de la cheville soit-disant foulée à l'appui. D'ici quelques heures, peut-être que Treesh ferait machine arrière, avec un peu de chance qui sait. Une fois les formalités remplies et le montant des honoraires de l'entretien fixés, Hesther raccompagna personnellement sa cliente jusqu'à l'ascenseur du building. Après l'avoir gratifié d'un immense sourire faussement sincère et d'un « Au revoir Mme Hurringhton » elle s'en retourna à son bureau, pestant intérieurement pour le temps perdu que ce rendez-vous venait de provoquer. Qu'on ne l'a reprenne plus à accepter de défendre les riches. Ce serait la première et dernière fois. C'est du moins la promesse qu'elle se fît à elle-même alors que le bruit de ses talons claquaient sur le sol du cabinet.

TERMINE & VERROUILLE