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 "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY

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MessageSujet: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptyVen 9 Nov 2012 - 7:29



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"Une interview ?"
ft. Lizzy

S oulagé. Les blessures mettraient encore des mois à cicatriser, mais il se sentait soulagé. Et apaisé. En partant chercher la rédemption et faire le deuil de camarades morts depuis des années, il avait aussi enclenché un autre processus, encore plus complexe... Exactement, il en avait déclenché un, et un autre aussi, inconsciemment. Le premier, c'était qu'il pansait les plaies de son coeur qui restait couturé à jamais. La première personne à l'avoir fait se sentir vivant était partie. Depuis bientôt deux mois. Le temps finissait par passer. Les rancœurs s'apaisaient et s'apaiseraient encore. Il devait faire le deuil du premier homme qu'il avait aimé, de cet amour qui s'était évanoui dans la nature en pensant lui éviter un peu plus de souffrance. Le second processus déclenché, Downy ne le savait pas encore. C'était quelque chose de trop subjectif, une lourde machine qui, une fois lancée, serait quasiment impossible à arrêter. Tout cela le dépasserait bien avant qu'il n'en saisisse toute l'ampleur... Mais là n'était pas la question. Downy leva le nez de ses notes de cours en entendant qu'on sonnait à sa porte. Il déposa son ordinateur sur la table basse. Il y avait quelques jours, elle était jonchée de dizaines et dizaines de photographies, relatant une vie désastreuse que pourtant Clarkson n'arrivait plus à regretter. Il s'était mis à relire tout les cours qu'il avait rédigé et préparé, bien enregistrés sur le disque dur de son ordinateur. Il avait pris de la distance avec son travail. Il soutenait toujours qu'il pourrait peut-être reprendre son poste au début de l'année suivante, mais cela ne faisait plus partie de ses priorités. Et pour cause, l'accident avait tout remis en doute. Son travail n'avait été qu'un moyen d'échapper à ses fantômes en venant relater les récits des spectres de la grand Histoire à des adolescents plus ou moins intéressés. Il se décala tranquillement, bloqué dans son fauteuil roulant, et partit rouler vers la porte de son appartement. Rouler. Il vivait ainsi maintenant. Ses deux jambes n'étaient que fioriture. On lui avait certifié qu'il pourrait peut-être un jour remarcher avec des béquilles. Il commencerait le combat d'ici un petit mois tout au plus. Les deux premières années après l'accident étaient décisives. C'était le moment où l'on pouvait récupérer, le seul. Passé ce cap, il n'était plus possible que d'espérer être touché par un miracle totalement invraisemblable.. Vu le manque flagrant de foi de Downy, que ce soit en un quelconque Dieu ou en sa mère patrie, il allait se battre plutôt que d'attendre en légume lâche. Il ruminait déjà nettement moins la douleur de ne plus pouvoir rien faire comme avant que pendant son hospitalisation. Aigri et bourru, il avait été détestable durant ces semaines-là. Sa main se posa sur la clenche de sa porte, et il ouvrit, tranquille. Il n'attendait pas de visite. Il verrait bien ce qu'on lui verrait. Habile, il arrivait encore à coordonner les mouvements tout simples dans la vie des bipèdes. De toute façon, il se débrouillait toujours. Même si les plans de travail de sa cuisine et le lavabo dans la salle de bains étaient arrivés au niveau de son nez désormais. Il n'avait pas l'envie et les moyens de se payer une aide médicale. Il ne se rabaisserait jamais à ça. Enfin bref. Downy, esquissant un sourire face à la rouquine qui faisait siège sur le pas de sa porte, demanda : ".. Bonjour. Vous cherchez quelque chose ?"
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Lizzy A. Asleïon

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MessageSujet: Re: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptyVen 16 Nov 2012 - 17:46

"Une interview ?"
Lizzy & Downy

    La jeune fille réajusta le col de sa veste. Le vent fouettait son visage et lui faisait plisser les yeux. Elle rumina intérieurement. Ravie ? Non, ce n'était clairement pas l'adjectif approprié pour la définir à ce moment.
    On lui avait refourgué LE sujet dont tout le monde se fiche. Le sujet qui finit en bas de page pour finir le quota des thèmes abordés et que JAMAIS personne ne prendra la peine de lire, à part quelques vieillards gâteux incapables de se relever de leur fauteuil. Et evidemment, on s'était arrangé pour que se soit elle, la benjamine un peu trop ambitieuse au goût des patrons qui en hérite. Enfin, c'était prévisible. C'est un peu comme si les anciens se sentaient obligés de mettre des bâtons dans les roues des jeunes qui réussissent un peu trop bien un peu trop vite...
    La rouquine soupira. C'était assez normal en un sens, les vieux devenus paresseux ont peur de se faire piquer leur place par leurs cadets plus actifs et compétents. Ce qui d'ailleurs, finira fatalement par arriver...
    Tout en zigzaguant dans différentes rues, la journaliste sortit ses notes de sa poche. Elle devait aller interviewer un vétéran en fauteuil roulant depuis un accident de voiture (ça commence bien) qui était aller faire un petit voyage pour rencontrer des familles de soldats.
    Bref, ça s'annonçait aussi palpitant qu'une soirée valse dans une maison de retraite...
    La française s'arrêta devant un grand immeuble de Woodward Avenue. Elle vérifia la liste de l'interphone. Parmi les premiers, Downy Clarkson. C'était le bon endroit.
    Un habitant poussa la porte transparente du building, la jeune femme en profita pour entrer elle aussi. Elle inspecta le onzième étage à la recherche de l'appartement du dénommé Clarkson. Appartement 1233, 1233... Enfin ses yeux croisèrent le numéro convoité sur une des portes à sa gauche. Son doigt s'attarda sur la sonnette. Elle attendit un certain temps avant que des bruits se fassent entendre sur le seuil. La porte s'ouvrit, la jeune femme dû baisser les yeux pour apercevoir le visage de l'homme, cloitré dans son fauteuil.
    Elle esquissa une grimace, se rappelant son expérience peu agréable avec des béquilles.
    Tentant de cacher l'ennui qu'elle avait d'être ici, la rousse adressa un sourire avenant. à son interlocuteur. Elle ne devait pas paraitre saoulée d'avance, ce n'était clairement pas la faute de ce pauvre gars si elle s'était récupéré ce sujet lourdingue.

    - ... Bonjour. Vous cherchez quelque chose, demanda t-il ?

    - En effet, répondit elle du tac au tac.Je suis Lizzy Asleïon, la journaliste du Detroit News. Je suis là à propos de l'interview à votre sujet

    Devant l'expression incrédule de l'homme, pas besoin d'avoir fait BAC +15 pour comprendre qu'il ne comprenait pas de quoi elle parlait justement. La journaliste fronça les sourcils, prise au dépourvu.
    Il n'y avait quand même pas trente mille hommes en fauteuil roulant dans cet immeuble bon sang !

    - Quoi ? Mais Downy Clarkson c'est pourtant bien vous... Alors ils n'ont pas pensé à vous appelé pour l'interview ? Mais quelle bande d'abrutis, ils m'ont dit qu'ils l'avaient fait
    , pesta t-elle !

    Chassez le naturel, il revient au galop...
    Mais vite, il fallait trouver une solution. C'était trop bête comme situation, elle n'avait pas condamné sa matinée pour rien tout de même ! Bornée, elle continua :

    - En fait, mon journal voulait faire un article sur vous. Vous êtes un ancien soldat n'est-ce pas ? Et vous avez été voir des familles de soldats récemment.
    Je devais vous interroger à ce propos... Mais à la limite, si vous avez un peu de temps libres, cela vous dérangerait que je vous pose... deux trois question ?





    [HRP : je suis pas très sûre pour ma dernière réplique, dit moi si c'est pas ça.]






Dernière édition par Lizzy A. Asleïon le Ven 23 Nov 2012 - 16:04, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptySam 17 Nov 2012 - 6:14



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"Une interview ?"
ft. Lizzy

U une journaliste ? Downy battit des paupières, un peu déconcerté. Qu'est-ce qu'une journaliste venait lui chercher ?! La jeune femme pesta un instant, fronçant les sourcils devant la réaction de Clarkson qui arborait une mine interloquée. L'ex-militaire, face à ces remarques et réflexions dont il ne suivait pas réellement le but, resta silencieux. Mais la dernière tirade de la Asleïon déstabilisa clairement le jeune homme. ".. De.. je.. oui. Mais bon sang comment vous avez appris ça ?" Sa question, bien sûr, il y trouva la réponse lui-même juste après l'avoir posée. Des journalistes. C'était ainsi, ça avait ses moyens pour toujours tout savoir. Downy regarda un instant ailleurs avant de reposer ses yeux chocolatés sur la rouquine. Quelques jours à peine qu'il était rentré... Et très peu de personnes étaient au courant de son escapade, de ce qu'il avait fait pendant son temps de disparition. Il serra un peu les dents, et se dégagea de l'encadrement de sa porte. "Entrez, alors." Au moins mettrait-il les choses au clair. Une journaliste à sa porte... on aurait tout vu. De toute façon, qui pouvait s'intéresser.. à "ça" ? Il y a sept ans, on avait bien caché le retour du petit sergent tireur d'élite prodige. Le père de Steve lui avait bien certifié que c'était lui, de tous, qui avait le plus l'étoffe d'un héros. Mais bien au contraire, il ne voulait pas être un héros. Être leur héros. Parce que ce si grand et si beau pays l'avait abandonné sur le bord de la route. Et qu'il n'avait pas la force pour assumer un rôle si important. Toutes ses convictions étaient avec une certaine tendance loin de vanter l'armée américaine. Qu'y avait-il à raconter sur le sujet ? Qu'on lui avait donné son argent, qu'il avait été réformé, qu'il avait perdu les pédales, qu'il avait sombré ? Bon sang, que Dieu bénisse les Etats-Unis, alors. Il ne croyait plus en rien même si il continuait d'espérer. Mais comme il l'avait raconté à Johansen père, il n'était pas un héros. Il n'avait fait que survivre, après ça. Il ne voulait pas devenir un jouet des médias, un jouet des politiques.

"Pourquoi on s'intéresse à moi tout-à-coup ? C'est plus sympathique, alors, un vétéran, si il a des roulettes ? C'est mieux quand c'est tragique, vos histoires, n'est-ce pas ?" Downy s'était retourné vers Lizzy. Des mots durs. Mais il se protégeait. Il avait assez souffert de toutes ces conneries. Il connaissait l'histoire, il savait tout ce que ça ça voulait dire. Clarkson baissa un peu le regard, se mordillant la lèvre. Il y allait fort. De toute façon, dès qu'il était un peu trop direct et sec quand il répondait, il s'en voulait toujours très rapidement. Il prit une large bouffée d'oxygène, et reposa ses yeux noisettes sur la journaliste. "Excusez-moi. Je perds un peu le contrôle en ce moment." Esquisse de sourire. Sourire qui se ferait bien sûr peiné, ou attristé. Il jonglait mal avec les émotions, depuis l'accident. Il pinça les lèvres, triturant le bout de ses doigts. Tout cela... Qu'est-ce qu'on lui voulait ? On lui avait tant foutu la paix en sept années, il n'était pas préparé à être jeté sous les feux de la rampe. C'était pas dans ses projets. Lui il voulait juste toujours reprendre vie, reconstruire ce qu'il pouvait et espérer encore un peu naïvement qu'un jour tout irait mieux.

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MessageSujet: Re: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptyVen 23 Nov 2012 - 15:58

"Une interview ?"
Lizzy & Downy

    A la question pas vraiment interrogative de l'homme, la jeune femme esquissa un fin sourire.
    Les journalistes se doivent d'être au courant de tout, c'est l'une des premières bases du métier. Du chat coincé dans un arbre sauvé par un jeune homme "héroïque" à une prise d'otage sanguinaire dans une école primaire en passant par l'histoire de ce gars en fauteuil roulant. Bien sûr les gens s'en doutent, mais ils ne savent pas à quel point les journaliste sont proches des hyènes. Juste des charognards, qui se jettent sur la moindre carcasse tellement ils sont morts de faim...
    Le brun la convia la rouquine à entrer, restant sur la défensive. L'appartement était plutôt spacieux, quoiqu'en désordre. Mais bon, chez elle c'était souvent pire et ce mot n'est qu'un tout petit euphémisme....
    La jeune recrue enleva sa veste, ses cheveux retombèrent sur son haut blanc.
    Sans crier gare, l'ex militaire s'emballa :

    - Pourquoi on s'intéresse à moi tout-à-coup ? C'est plus sympathique, alors, un vétéran, si il a des roulettes ? C'est mieux quand c'est tragique, vos histoires, n'est-ce pas ?

    Elle avait presque envie de lui dire que ouais, que de toute façon tout le monde se foutait de cet article qu'elle allait malgré tout se faire chier à écrire et que les jeunes étaient près à cracher sur la tombe de leur ancêtres morts au combat pour un dollar. L'espèce humaine en est arrivé à un point où la guerre c'est marrant sur console et où on s'en fou de faire crever des ours polaires juste parce que c'est trop cher de passer à l'énergie renouvelable. Mais ouais, on a le choix entre se shooter à la vodka matin midi et soir ou alors se voiler la face en se disant que ça pourrait être pire.
    Quant à ceux qui agissent, on en parle pas... on a trop peur du changement, alors on les bâillonne. Elle est belle l'humanité, nan ?
    L'autre s'excusa de sa crise de nerfs. Le pauvre, il avait dû en voir de toutes les couleurs celui là. La rousse préféra faire comme si de rien était quand défilèrent dans sa tête des images sanglantes à en vomir de diverses guerres qu'elle avait étudié à l'école. Ce n'était que des images, c'était bien loin de la réalité...
    La jeune femme lâcha un indescriptible soupir et haussa les épaules :

    - Nan, pas d'excuses. Bien sûr que vous avez raison, entièrement. Mais avec un peu de chance, si votre histoire peut pousser quelques personnes à réagir et penser à autre chose que leur propre personne c'est plutôt pas mal, nan ? Ou alors on peut effectivement se dire que ça les fera tous bien triper, dans l'hypothèse ou quelqu'un lise cet article. Mais alors autant se tirer une balle tout de suite qu'en dites vous ?

    Pas de grand sourire hypocrite, pas de faux discours enflammé. Juste un visage de marbre, un ton neutre, la vérité nue. Un silence de plomb était tombé dans l'appartement. On entendait les klaxons des automobilistes dans la rue, le bruit des avions qui passaient par dessus l'immeuble. La rousse passa la main dans ses cheveux , derrière son oreille droite.

    - Alors, est-ce qu'on la fait cette interview, insista t-elle ?

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MessageSujet: Re: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptyMar 27 Nov 2012 - 13:30



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"Une interview ?"
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E t toujours, les hommes se nourriraient de la chair des autres hommes. Absorber le malheur des uns pour s'en ravir, s'en délecter, s'en contenter et savourer le calme mortel d'une vie passée à attendre le jour où tout aurait un peu plus de sens. La rouquine poussait doucement mais sûrement Clarkson dans ses retranchements. Clarkson qui n'articulait plus un mot depuis qu'il s'était excusé de s'être ainsi emporté, et rongeait son frein, mâchoires serrées. Se tirer une balle dans la tête. Pourquoi donc cette dernière phrase, sonnant le début d'un silence pesant, lui égratignait-elle le coeur et touchait son âme, enfouie bien trop au fond ? Les raisons resteraient toujours si simples. Il avait parfois eu des idées de ce genre, quand la drogue jouait beaucoup trop avec ses connexions inter-neuronales. Mais les suicides par explosion flambante de la cervelle, il les connaissait depuis encore un peu plus longtemps que ça. Le cadavre de son père sous ses yeux, la tâche poisseuse sous sa tête, l'ombre et le vide sur les bords de son crâne; la mort comme un masque fatal venant décolorer les pores et tendre les traits dans un dernier et sinistre rictus propre à chaque être et à chaque décès. Il s'en souvenait bien trop. Il n'était qu'un gamin, adolescent mal dans sa peau. C'était pour cet homme qui s'était fait exploser la cervelle à force de la voir se réduire en bouillie sous le coup de la mémoire sanglante des jours de combats et des horreurs du Vietnam, c'était pour lui et pour tous les autres bien avant, lignée de tireurs d'élites aux destins tout tracés et aux fins bien trop souvent teintées de tragédie.

"Alors, est-ce qu'on la fait cette interview ?" Le paraplégique releva le nez, regard brillant d'un homme qui remontait à la surface de sa mémoire. Elle insistait ? Quand bien même elle ne l'aurait pas fait aussi bien, Downy aurait sûrement cédé comme maintenant, aurait tout de même hoché la tête comme maintenant, enfant conscient du travail qu'on lui demandait et de la portée que la tâche pourrait avoir autour de lui. La machine, bientôt, mécanique huilée parfaitement aux rouages qui vous écrasaient dès que vous entriez dedans, n'était pas encore face à lui. Il était trop tôt pour qu'il en prenne ainsi conscience. Le père de Steve et ses paroles lui revinrent à l'esprit. Quelques jours à peine qu'il était revenu du Texas, mais déjà des années lumières le séparaient de ces instants-là. La rage folle et l'amer regret l'avaient un peu laissé en paix. Restaient toujours ses convictions bien ancrées en lui. Il n'était pas un héros, ne serait jamais un héros, ne voulait pas être un héros. Il était un enfant au coeur d'or et aux mains ensanglantées, aux yeux usés par le temps et les souvenirs et au sourire resplendissant d'espoir enfantin et inexpliqué. Les mots, avant même qu'elle ne commence à lui poser de questions, sortir d'entre ses lèvres. Il ne les dictait pas avec le cerveau, mais avec le coeur. Il criait d'une voix sourde toutes ses vérités. Sans se rendre compte de ce qu'il commençait à lâcher. Simplement guidé par un instinct qui l'avait pourtant bien souvent emmené au fond du trou. "Dans ma famille, on s'engage de père en fils. Foutue tradition. J'aurais pu ne pas la respecter, mais comme un con, je me suis jeté dans la gueule du loup. J'étais qu'un gamin, j'étais trop con. Regardez ce que je suis aujourd'hui. Je veux pas dire que je regrette. J'arrive plus à regretter, c'est partie intégrante de moi. C'est toutes mes erreurs qui font que je suis ce que je suis. Et en sept ans, depuis qu'ils m'ont ramené aux USA et m'ont accroché des médailles sur l'uniforme avant de me dire basta, j'ai eu le temps d'en faire, des conneries."

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MessageSujet: Re: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptyLun 17 Déc 2012 - 16:49

"Une interview ?"
Lizzy & Downy

    La jeune femme écouta Clarkson, silencieuse. Seul le bruit de la mine de son crayon sur le calepin se faisait entendre de sa part. Et les mots se déversaient de la bouche du soldat, telle une coulée de lave en fusion dégoulinant du volcan mère. Elle rayait, fléchait, réécrivait à volonté. Quand le paraplégique eut enfin dit ce qu'il avait sur le cœur, elle releva la tête, et le fixa de ses pupilles vertes.
    Mah, elle ne savait pas trop quoi lui dire... Elle l'avait inciter à parler, et maintenant ? Elle n'avait plus qu'à continuer alors pourquoi cela lui semblait il si difficile tout d'un coup ? Était-ce à cause de ce qu'il avait dit ? Pourquoi avait elle l'impression de lui parler à travers un mur ? Peut être était-ce parce qu'un monde les séparait l'un de l'autre. C'est vrai, elle, jeune française à l'enfance défavorisée, devenue journaliste et lui, américain ancien soldat, paraplégique et professeur d'Histoire...
    Quand on se rend compte de toutes les horreurs auxquelles ce gars en fauteuil roulant a dû faire face, et pour quelle raison d'ailleurs ? Pour des vulgaires divergences d'opinions entre pays ? Est-ce que cela en valait la peine ?
    Quel gâchis...
    Bien sûr il n'était pas le seul, ni le plus à plaindre. Des gens dans l'Histoire avaient subis des traumatismes plus grands encore et lui qui d'ailleurs, malgré sa paraplégie avait eu la chance d'en réchapper. Ce n'est pas le cas de tout le monde. Oui mais pourtant...
    La journaliste cacha son visage derrière une mèche de cheveux roux; les contradictions bouillaient dans son cerveau comme dans une cocotte minute.
    "Bon sang pauvre idiote, arrêtes de t’apitoyer sur son sort et fait cette putain d'interview !"
    La rousse écarta ses cheveux, remonta son t-shirt sur son épaule et reprit d'une voix assurée :

    - D'accord, mis à part la paraplégie, mentalement, pensez vous que la guerre vous est changée en mal ? Ou bien, peut-être.... est-ce que cela aurait aussi pu vous apporter quelque chose de bon ?

    Elle prit le temps de respirer, et ajouta illico :

    - Je me doute de la réponse.... mais ce que je voudrais, si cela vous est possible, se serai vraiment que vous puissiez expliquer au maximum. Vous le pouvez ?

    Attendant une réponse, - qu'elle espérait bien évidement positive - la jeune femme reprit son calepin en main.
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MessageSujet: Re: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptyMer 26 Déc 2012 - 7:23



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"Une interview ?"
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"D' accord, mis à part la paraplégie, mentalement, pensez vous que la guerre vous est changée en mal ? Ou bien, peut-être.... est-ce que cela aurait aussi pu vous apporter quelque chose de bon ? " Downy avait laissé un silence suite à ses paroles. Un silence durant lequel, du coin de l'oeil, il avait vu le trouble de la jeune journaliste. Mais pourquoi donc, qu'avait-il dit ? Rien de grandiose, rien d'intéressant. À l'entente de ses paroles, par contre, il eut une réaction rapide. Il y avait erreur. Il l'avait vu griffonner, noter en force. Il y avait pourtant erreur. Il répondrait à ces questions en temps et en heure, mais.. "La paraplégie n'est pas due à l'armée.. Enfin, par effet papillon un peu oui, mais c'est une autre histoire. Beaucoup plus récente.. il y a sûrement eu quelques lignes dans les faits divers sur ça, dans votre journal, après tout ! 'Une voiture renverse un professeur du lycée de Detroit et s'enfuit à l'heure de sortie des classes'.." Le sourire qui vint à Downy fut plus pour lui-même, car il avait déjà posé son regard ailleurs. Sourire ironique. Terriblement ironique. De quoi ne devait-il pas avoir l'air devant cette journaliste. Un instant passa. Clarkson reposa son regard sur la rouquine. Si il avait à parler, il ne pouvait rester en statique. Machinalement, avec déjà la force d'une habitude pourtant fraîche ancrée en lui, il posa mains sur ses roues et les poussa, tranquille, se dégageant du léger bazar de son appartement. Il l'avait réaménagé, avait réaménagé sa vie. Mais avec les mêmes meubles, toujours les mêmes vieux meubles. On ne changeait pas les choses aussi facilement. "Mentalement.. il y aurait beaucoup de choses à dire. Et préparez-vous aux explications et au discours le plus confus, quand je ne parle pas d'histoire devant ma salle de classe, je m'emmêle rapidement les pinceaux.. enfin, cela ne vous intéresse sûrement pas. - Il esquissa un sourire, lui jetant un regard - On pense trouver une place, une utilité, quand on rentre dans les rangs. On se forme, on s'entraîne, on devient membre d'une très grande famille. On devient tous frères et soeurs, un peu. Et puis.. certains outrepassent très bien, d'autres non. Faut de la force de conviction, pour être sur le terrain." S'arrêter, un instant. Il avait trouvé sa place. Il n'était alors plus le loser du lycée. Mais le fils Clarkson. Sa fierté et son honneur, son blason, avaient été redorés. Les Clarkson, tireurs d'élite depuis des générations. Une balle, une cible, le mille, le résultat. Les dégâts finalement, avaient été cause de sa force de conviction à lui, de ses faiblesses... de sa honte, de son orgueil.. de ses relations, de son amitié, du coeur qu'il mettait dans ses gens. Des dégâts monstrueux. "L'armée m'a appris à devenir un homme, mais je n'étais qu'un gamin.. Il y a eu des choses que je ne cautionnais pas, le long de mes quelques années de service, mais c'est ma dernière mission et la suite qui m'ont définitivement changé." Changements radicaux, clairement. Mais c'était à cause de lui, en majeure partie, au fond. Lui qui était trop fragile mentalement. Lui et ses complexes d'infériorité. Lui et sa manie de s'accuser. Lui et son parcours atypique. Lui. Lui contre une nation toute entière, la rage au ventre, et pourtant amorphe à jouer avec les lames de rasoirs qui lui servaient à faire ses rails. Triste époque. Encore. "La.. guerre.. m'a tué une première fois. A tué le gosse que j'étais. J'ai dû me reconstruire, remplir le vide comme j'ai pu.. une fois qu'on a vu la guerre, on y reste toujours un peu, au fond. C'est vrai, ça vous laisse toujours des souvenirs. Et puis, par devoir de mémoire, on ne veut rien oublier, mais en même temps... j'ai souvent voulu tout effacer de ma mémoire."

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MessageSujet: Re: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptyVen 11 Jan 2013 - 19:30

    [ça te dérange si tu me sers de cobaye pour tester la première personne ? 8D]

    Quand Clarkson me révéla mon erreur, je relevai la tête de mon calepin, lentement, et le regardais bêtement style poisson rouge. Et bien entendu il avait raison, et ce qu'il me disait, je le savais déjà. Ce gros "détail" m'étais sorti de la tête. Moi qui avait pourtant relu mes feuilles jusqu'à la lassitude, en une minute je venais de me faire complètement discréditer devant ce gus... C'était assez humiliant comme situation. D'ailleurs il avait ce sourire ironique aux lèvres. Le genre de sourire goguenard et énervant qui veut clairement dire "Ah ah, tu t'es plantée pauvre tache !".
    Quand les yeux de l'handicapé revinrent sur moi je baissais les yeux, faisant mine de scruter mes notes. Je lâchais un bref :


    - Hum oui, je le savais, je me suis un peu emmêlée pardon...



    Si le ridicule ne tue pas, quand il me concernait, il ne m'enchantait pas particulièrement...
    Je restais tête baissée, à griffonner chacun de ses dires, le visage à moitié dissimulé derrière des mèches rousses. Dehors la neige avait cesser de tomber. Le discours de Clarkson était peut être un peu trop basé sur l'émotion. Ça n'était pas tellement gênant en soi, mais la surdose de phrases lacrymales risquaient de rapidement lassé les lecteurs, donner une image gnangnan au journal, faire baisser les ventes, nous mettre tous sur la paille !
    Non bien sûr, il en faudrait bien plus pour arriver à de telles extrémités. Mais je me promis quand même de faire le rendu plus cru, tout en respectant ce que l'ancien soldat cherchait à exprimer. Et puis il était touchant, avec son fauteuil roulant.
    Pas à cause de sa paraplégie mais plutôt... un je ne sais quoi en lui qui me chamboulait un peu. Moi qui jugeait la guerre comme quelque chose de mauvais au même titre que les chewing-gums à la menthe extra forte, me voilà servie !
    Ce pauvre gars avait été détruit pas elle, il n'avait été qu'un pantin meurtri parmi tant d'autres... Mais n'étais-ce pas là notre lot à tous, d'une manière ou d'une autre ?
    Je m'enfonçais un peu plus dans le fauteuil blanc. La luminosité avait baissé dans l'appartement. Chaque chose, même la plus anodine dans ce léger bazarre semblait menaçante tout d'un coup. Même le prof' d'histoire, dont les petits yeux luisaient dans l'étonnante semi-obscurité.
    Tranquillement je m'éclaircis la voix, hochant la tête, avant de lever le regard sur Clarkson et reprendre la parole.



    - - Je vois... Donc vous considériez ses soldats... un peu comme votre propre famille. Est-ce pour ça que c'était si important pour vous d'aller rendre visite à leurs proches ?

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MessageSujet: Re: "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY "Une interview ?" - DOWNY & LIZZY EmptyVen 18 Jan 2013 - 17:06



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"Une interview ?"
ft. Lizzy

I l était amer et sur ses défenses de façon constante. Il se constituait prisonnier autant qu'il relevait les défenses. Et, autant qu'il la prenait comme une intruse, agression dans son monde très privé et ses souvenirs emmêlés, Asleïon lui inspirait beaucoup d'empathie. Qu'est-ce que cela pouvait et devait être passionnant, pour une bien jeune journaliste, de se retrouver à devoir faire les interviews et les articles de bas de page et par ces mêmes raisons et explications, devoir tenter de nouer un lien de confiance et instaurer le dialogue auprès d'un gamin qui avait tout du vieillard sous certains aspects. Il disait tout, puis son contraire, et encore autre chose, incertain au final par lui-même sur ses propres opinions. Parce qu'il prenait ainsi du recul sur cette vieille situation. Et les rancoeurs de son être étaient alors autant exacerbées que démenties. Il en était ainsi, l'amour l'avait construit et l'avait détruit, mère nourricière étouffant sa progéniture. Il éluda la question de son handicap et des amalgames d'un mince sourire. Son histoire, ses histoires. Seuls et uniques choses et raisons qu'il gardait en cap de son esprit même si à certains moments il glissait sur d'autres courants ascendants. La nuit tombait vite, en hiver. Qu'importe encore. Et bizarrement, cette atmosphère nouvelle semblait aiguiser Clarkson. Pressentiment, ressenti, nul ne comptait le mot qui devait correspondre à ce qu'il flairait, palpait, sentait dans l'air entre lui et la journaliste. Elle reprit la parole, et il eut un sourire nerveux à son entente. Chez lui, il se dégagea un instant et se rapprocha de l'interrupteur qui ramènerait un peu de luminosité et le paraplégique et la jeune rouquine. Son appartement n'était pas taillé pour un être en fauteuil roulant, il était fait pour les bipèdes, mais il se débrouillait toujours. Lumière revenue, il reposa son regard sur la journaliste, croisa ses yeux verts, mais détourna les siens, revenant plus en avant. "Pour ça. Et puis parce que je n'avais pas fait mon devoir. J'arrivais pas à tourner la page, et puis c'était mon boulot. J'étais celui qui devait les protéger, les diriger, et j'ai échoué. Je n'ai pas assisté à leurs funérailles, je n'ai pas pu apaiser et parler aux familles assez tôt. En faisant ça, j'ai remué le couteau dans une vieille plaie, mais tout cela n'avait jamais encore réellement cicatrisé. J'ai fait ça de manière un peu égoïste, au fond, mais j'ai juste rattrapé le retard, surtout." Il releva le nez vers elle. À demi mots. Raconter qu'il avait déliré durant un mois ou presque en hôpital militaire ? Il ne le valait mieux pas. Comme raconter la drogue, servir le plateau de la mort de son père gravée dans sa mémoire d'adolescent à jamais, ou quoique ce soit d'autres. Il s'apposait sa propre censure, mais c'était pour le bien de tous. On ne savait jamais ce que ferait un journaliste de vos propos, si cela irait dans un bon ou mauvais sens. Il se livrait déjà trop, lui qui n'aspirait qu'à vivre en paix, loin des jugements et des regards. Heureusement, tout cela ne ferait pas de bruit, et, il l'espérait, serait vite oublié.

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