Jaymes & Lauryn

Une odeur de violette, qui embaumait toute la chambre. C’était son parfum, son favori, elle en était folle. Mais aujourd’hui, elle se sentait mal, et elle n’était plus qu’une malheureuse violette fanée. Lauryn était assise sur son lit et se regardait dans le miroir, les larmes aux yeux. Ses boucles aux reflets blonds retombaient négligemment sur ses épaules, et elle avait passé plus d’une heure à se faire jolie, ayant revêtue sa robe bleue foncé que Jaymes adorait. Alors pourquoi était-elle dans cet état me diriez-vous ? Parce qu’elle s’était sentie pathétique, et stupide. Oui, elle s’était sentie idiote d’avoir fait tout cela, pour attirer l’attention de son petit ami, qui d’ailleurs était beaucoup plus que cela maintenant. Elle s’était dit que normalement, elle n’aurait pas du avoir à faire tout cela alors elle s’était assise et avait un peu pleuré, pour en venir à la conclusion qui l’effrayait tant. Il fallait qu’elle lui parle, coûte que coûte, et la situation était d’autant plus tragique puisqu’elle avait d’abord eut en tête de lui faire une agréable surprise. D’un mouvement, elle se redressa et se dirigea vers la salle de bain. En quelques minutes, elle avait séché ses larmes et avait tenté du mieux qu’elle avait pu de se donner une mine convenable. Mission réussie, même si son regard restait toujours tristement expressif. Un bruit de porte en bas de l’escalier, c’était surement lui. Mais la jeune Edenson ne bougea pas d’un pouce, comme totalement figée en face de ce miroir qui lui renvoyait une apparence pourtant si jolie. Un cas parfait pour dire que les apparences étaient parfois trompeuses.

Réajustant sa robe, elle se dirigea à nouveau vers la chambre, et s’appuya contre le mur attendant que Jaymes monte enfin. Un large sourire s’afficha malgré elle sur son visage lorsqu’elle le vit dans l’encadrement de la porte. En dépit de toute chose, elle accourut vers lui et passa ses bras autour de son cou avant de l’embrasser doucement. Un baiser un peu plus long que prévu, mais Lauryn se raccrochait à Weeler. Elle l’avait l’impression qu’en mettant fin à leur étreinte, elle ne pourrait plus jamais le serrer dans ses bras, et c’est avec difficulté qu’elle se sépara de lui. Avait-il remarqué à quel point elle était troublée ? Elle espérait que non. Ainsi, elle colla son front contre le sien et s’éloigna finalement pour s’assoir sur la banquette de la fenêtre. « Tu vas bien ? », lui demanda-t-elle en affichant un demi sourire. Son cœur battait trop fort, et elle savait très bien que Jaymes allait le remarquer. Surtout que la situation était assez contradictoire pour le coup. Elle ne voulait pas se séparer de lui, et elle ne voulait pas le perdre. Mais la situation était critique, et elle était sure qu’elle était la seule à le voir. Elle connaissait les obligations de Jaymes, et elle ne voulait pas le blâmer. Seulement voilà, c’était pas ce genre de vie qu’elle voulait. Elle ne voulait pas passer sa vie à l’attendre, comme une potiche, tous les soirs. Ou pire, elle ne voulait pas qu’on l’accuse de rester avec lui uniquement pour son argent, non elle refusait qu‘on la qualifie d‘opportuniste. « Il y a un certain nombre de choses dont il faudrait qu’on parle Jaymes. », sa voix était hésitante et tremblante. Lauryn Edenson avait trouvé son prince charmant, gentil, agréable, travailleur et gentleman mais elle, elle était très loin d’être une princesse.

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“Shouldn't be good in goodbye.”

Le casino, toujours le casino. Jour et nuit, Jaymes ne pensait qu'à cela, c'était le rush en ce moment. Les périodes de fête approchant, il fallait être au top en ce qui concerne la sécurité. Il avait passé ses journées au bureau récemment, ayant à peine le temps de dormir. Il fallait savoir faire des sacrifices, voilà ce que son père lui rappelait tous les jours lorsqu'il entendait des complaintes parce que le jeune Weeler avait dû annuler un énième rendez vous avec sa fiancée. Arthur ne voulait rien entendre, il n'entendait jamais rien. Peut être qu'après tout, Jaymes rêvait d'autre chose. Peut être qu'il n'avait jamais eu l'intention de reprendre le casino mais il n'avait pas le choix, c'était tout le discours de son père. Tais toi et marche, c'était tout. Ce soir là, Jaymes était particulièrement exténué. Il y avait eu plusieurs alertes au vol pendant la journée qu'il avait dû gérer seul puisque la plupart de l'équipe avait une réunion du conseil. La seule chose qu'il souhaitait, c'était bien de passer une soirée tranquille avec Lauryn et que personne ne vienne le déranger d'une quelconque manière.
Le chemin du retour passa bien vite et lorsqu'il entra dans la villa, il se sentit tout de suite mieux. Il monta les escalier quatre à quatre et découvrit Lauryn qui l'attendait. Ils s'embrassèrent tendrement mais Jaymes comprit instinctivement que quelque chose n'allait pas. Pourquoi les choses ne pouvaient-elles pas être simples? Pourquoi perdre son temps en tergiversation inutile? Weeler la regarda s'installer sur la banquette près de la fenêtre après qu'elle lui ait demandé si tout allait bien. Jaymes tenta un sourire pour détendre l'atmosphère qui semblait déjà pesante.

Moi, oui, tout va bien. Je suis juste un peu fatigué mais rien de bien méchant... Je sais que tu as pleuré Lauryn. Je crois que je commence à te connaitre. Cela ne va pas c'est ça?

Un silence s'attarda dans la pièce et Jaymes se rapprocha de la jeune femme, comme s'il était perdu sans elle. Ce qui était certainement le cas d'ailleurs. C'est avec un air pour le moins surpris et apeuré que Jaymes entendit la suite des paroles de la jeun femme. Il fallait qu'on parle. Ce genre de phrases n'était jamais bon à entendre dans une conversation avec votre fiancée. Weeler vint s'asseoir aux côtés de Lauryn, prêt à subir un cataclysme qui réduirait à néant tout ce qu'il était en l'espace d'une micro seconde.

Qu'on parle... Je ne sais pas pourquoi mais cela me semble pas de bon augure, je me trompe? Enfin, je t'écoute Lauryn...

Jaymes ferma les yeux quelques instants, la peur au ventre de ce qui allait arriver. Il était certain de ne jamais pouvoir vivre sans elle, il l'aimait bien trop pour cela. Sans Lauryn, Jaymes n'était qu'un ramassis d'idées sans consistance. Comment pourrait-il continuer sans l'équilibre qu'elle lui apportait? Il ne pourrait certainement pas...

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Jaymes & Lauryn

Le simple fait de se retrouver face à lui alors qu’elle avait passé la journée entière à ruminer et envisager toutes les options possibles d’éviter cette fatalité, la bouleversait complètement. Lauryn commençait réellement à se dire qu’elle allait revenir sur sa décision et prétendre qu’elle avait l’air si troublée parce qu’elle avait apprit une mauvaise nouvelle concernant l’un de ses amis ou quelqu’un de sa famille. Son cœur se serra encore plus douloureusement lorsqu’il vint s’asseoir auprès d’elle en lui disant qu’il savait qu’elle avait pleuré, et qu’elle allait mal. « J‘avais espéré que tu ne verrais rien. » La jeune fille soupira et arrangea quelques mèches blondes, Seulement, elle sentait que dans la voix de son fiancé, il y avait de l’inquiétude et de la crainte. Et c’était pour dire que ce n’était pas pour lui faciliter pas la tâche. La jeune canadienne se sentait monstrueuse, de lui infliger une scène pareille alors qu’il rentrait du casino extenué comme tous les soirs. Il avait tellement de choses à faire, comment pouvait-elle trouver la force de le blâmer ? Mais Lauryn voulait des réponses à ses questions, bien que Jaymes était irrévocablement l’amour de sa vie et le demeurerait toujours, elle savait bien que ce n’était pas suffisant. Elle poussa un énième soupir avant de planter son regard triste dans le sien. Il était si parfait, et elle trouvait encore quelque chose à lui reprocher malgré tout. Elle grimaça, elle voulait rester forte, et ne pas craquer devant lui, mais c’était un souhait perdu d’avance.

D’un geste, elle posa ses mains délicates sur celles de Weeler, rien que le contact de sa peau lui donnait des frissons. « Avant que je te dise quoique ce soit, il faut que tu saches que je t’aime et… que je veux tout sauf te rendre malheureux. » Naturellement, Lauryn disait la vérité, mais quoiqu’elle allait dire elle allait lui faire du mal, bien que ce soit contre sa volonté. Mais que suivre ? Son cœur ou sa raison, étouffée par la fatalité. «  Je sais que tu veux faire plaisir à tout le monde, que ton père exige beaucoup de toi et que ce n’est pas ta faute. Je ne veux pas passer pour une fille capricieuse et exigeante, seulement j’aimerais qu’on ait une discussion, concernant… l’ordre de tes priorités. » Sentant que sa main commençait à trembler légèrement, elle serra celle de Jaymes un peu plus fort. Lauryn savait qu’elle faisait probablement une erreur. Elle n’avait jamais réfléchie à toute les raisons qui la rendait si amoureuse de lui. Aujourd’hui elle en prenait conscience réellement. Elle aimait son esprit fort, sa façon de la protéger, non pas comme une petite fleur fragile mais plutôt comme elle était, authentique. Elle aimait le fait qu’il ait toujours été là pour elle, il ne l’avait jamais laissé tombé. Elle aimait le fait qu’il avait toujours été assez fort pour cacher ses tracas et s’occuper d’elle en premier. Sans lui elle n’était plus rien, c’était un fait, son cœur lui appartenait tout entier, tout ce qu’elle était demeurait sien. Et la voilà qui s’apprêtait à réduire tout ce qu’ils avaient construit en quelques années. Cependant, elle ne pouvait pas aimer une ombre. « Est-ce que tu te souviens de quand remonte notre dernier vrai rendez-vous ? », demanda-t-elle avec hésitation.

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“Shouldn't be good in goodbye.”

Ce pressentiment, cette fameuse intuition qui avait invité Jaymes à fuir avant d'arriver devant la villa. Au fond de lui, Weeler savait. Il savait qu'il n'était plus rien parce qu'on n'effaçait pas les trois années les plus heureuses de sa vie en un clin d'oeil, parce qu'on ne peut pas faire disparaître tous ces sentiments d'une puissance inouïe, parce qu'il n'y aurait pas deux Lauryn. Parce qu'il avait peur, désespérément peur de la voir souffrir autant alors que lui devait se tuer à la tâche au bureau. Etait-il si égoïste qu'il n'avait pas vu la détresse de sa fiancée aussi évidente soit elle? Alors qu'il s'asseyait aux côtés de la jeune femme, celle ci lui confia qu'elle aurait préféré qu'il ne remarque rien. Un léger sourire vint étirer les lèvres de Jaymes. Après plusieurs années qu'ils se connaissaient, Weeler était quand même bien placé pour reconnaître quand quelque chose n'allait pas et en l'occurrence, ce quelque chose semblait très préoccupant.

Comment veux tu que je ne remarque rien? Je te connais maintenant Lauryn, je sais lire en toi.

Un regard tendre et Jaymes repartit dans son mutisme alors que sa fiancée lui attrapait la main avec un regard apeuré et pas très sûr de son geste. Weeler releva le regard vers elle, sentant pertinemment ce qui allait se dérouler ensuite. Il allait avoir mal, tellement mal que son âme crierait d'effroi et qu'il ne pourrait plus bouger, encore moins parler. Jaymes tenta de ne pas prendre de conclusions hâtives et se contenta de plonger son regard amoureux vers Lauryn, comme il le faisait toujours. La jeune femme lança alors le sujet de la discorde du jour: "ses priorités". Vaste appellation mais pourtant, Jaymes savait exactement de quoi elle parlait. Le casino. Son père. Ses obligations. Il n'avait pas le choix, il fallait un Weeler pour prendre la suite et Arthur avait décrété que ce serait lui. Fin de la discussion. Le léger sourire de Jaymes s'effaça mais il serra la main d'Edenson en contrepartie, comme pour se rassurer lui aussi.

Lauryn.. Je sais ce que tu vas me dire et tu sais certainement ce que je vais te répondre. Tu te doutes que mon père compte sur moi. Si je ne suis pas là, pour apprendre aujourd'hui, qui prendra la suite demain? Il compte sur moi tu sais... Mais j'ai bon espoir que le rythme de travail s'affaiblisse. Tu me manques et tu le sais.

Simple vérité. Sans fioriture, Jaymes disait la vérité. Il avait conscience que ses actions n'étaient pas de bon augure pour le couple qu'il formait avec la jeune femme mais il ne pouvait pas laisser tomber son père, peu importe sa propre situation personnelle. Il sentit le léger tremblement de Lauryn et caressa sa main tendrement tout en plongeant son regard dans le sien. De son autre main, vissé dans sa poche, il serrait tellement fort ce fameux jeton, synonyme de leur amour, qu'il en avait des fourmis. Alors que Weeler tentait de contenir sa peur, Lauryn lui posa l'ultime question: la date de leur dernier rendez vous. Jaymes baissa les yeux, penaud. Il y a longtemps, trop longtemps. Décidément, il était un petit ami indigne. Qui irait se cloîtrer dans un bureau alors qu'il a à ses côtés la plus belle femme du monde? Jaymes était bien le seul à opérer un choix douteux sur la question. Il finit par lâcher la main de la jeune femme et vint caresser son doux visage à la place. Il ne pouvait pas vivre sans sa douceur à ses cotés. Sans elle, Jaymes perdait le meilleur côté de lui même et il ne le souhaitait à aucun prix, surtout pas avec les responsabilités qu'on allait lui incomber.

Je suis désolé.. Je sais que j'ai été distant ces temps ci, que je n'ai pas fait les choses dans les règles mais je peux me rattraper tu sais.. Je le veux. Et pour répondre à ta question plus franchement, non, je ne le sais pas. Je suis un pauvre type, je m'en rends bien compte...

Penaud, Jaymes serrait encore plus fort ce fameux symbole. Sans cela, Jaymes Weeler n'existait plus. Sans tout cela, il était condamné à errer dans sa solitude, pour toujours...

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Jaymes & Lauryn

Un cœur qui battait beaucoup plus fort que d’habitude, pourquoi ? Parce que Lauryn pouvait voir le sourire triste et sincère de Jaymes. Parce qu’elle l’écoutait s’excuser et lui expliquer qu’il n’avait pas le choix. Parce qu’il avait touché sa joue de sa main. Parce que selon la tournure qu’allait prendre les choses, elle savait déjà ce qui allait se passer. Si elle allait au bout de sa décision, ils commenceraient à se disputer, puis s’en suivrait un mélodrame déchirant. Si elle revenait sur sa décision, elle continuerait alors de vivre de la même façon, dans l’amour certes, mais aussi dans l’attente et la frustration. Tout était écrit, et c’était elle qui avait les cartes en mains. Choisir de se raviser maintenant, serait faire preuve d’hypocrisie pure et dure envers son fiancé. Mais elle se sentait si cruelle, et si immorale, Jaymes ne faisait rien pour arranger les choses, avec son auto-critique et ses attentions plus touchantes les unes que les autres. Il était l’homme de sa vie, elle l’avait su dès qu’elle avait croisé les yeux bleus de Weeler. Ce jour-là, elle avait décidé d’étudier dehors, et avait insulté mentalement les idiots qui s’était amuser à asperger les autres d’eau. Concentrée, elle avait levé brusquement la tête lorsqu’elle avait entendu quelqu’un lui parler. D’abord elle avait froncé les sourcils, s’apprêtant à envoyer bouler, un de ces idiots arroseur sans cervelle. A la place, elle avait découvert un jeune homme blond avec un charmant sourire. Lauryn avait tout de suite su qu’il n’était pas comme tous les autres, au premier coup d’œil.

Tirée de ses pensées par les excuses de son fiancé, ses yeux recommencèrent à s’embuer. Elle était restée silencieuse, le souffle coupé, la gorge nouée. « Tu n’es pas un pauvre type Jaymes. Tu es…l’homme parfait en quelques sortes. », commença-t-elle douloureusement, grimaçant quelques peu. Des mots qui lui déchiraient littéralement la gorge, il n’imaginait pas à quel point. « Tu sais qu’on s’est toujours tout dit, tout raconté… Je ne peut pas continuer à te mentir et te dire que tout va bien… » Sa voix se brisa, et une légère larme coula le long de sa joue tandis qu’elle y délogeait la main de Jaymes. La jeune blonde déglutit, et plongea ses grands yeux verts dans ceux de son fiancé. «Chéri, il faut que tu m’écoutes et que tu ne m’interrompe pas avant que j’ai finit de te dire tout ce que j’ai à dire. » Elle déglutit, elle pouvait comme ressentir la peur de Jaymes et c’était insupportable. Une douleur affreuse s’était logée au creux de son ventre. « Toi et moi nous savons, que ca ne va pas changer de si tôt. Je sais aussi que tu penses réellement tout ce que tu dis. Je ne suis pas ce genre de fille, qui se contente d’attendre bien sagement que leur mari rentre du travail tout les soirs. Et pourtant j’aimerais tellement l’être Jaymes. Je suis tellement désolée de t’infliger ça et j’ai l’impression de me fouttre de la gueule du monde, parce que tu es tout ce qu’une fille peut rêver d’avoir. » D’un bond, elle se leva faisant dos à Jaymes, essuyant ses larmes tant bien que mal, laissant ses mains un instant sur ses joues. « Je voulais te faire une surprise, tout à l'heure. », dit-elle en se retournant et en souriant tristement. « Mais je me suis rendue compte que j’avais pas besoin de faire tout ça pour attirer ton attention avant. », continua-t-elle, des trémolos dans la voix. Sur le coup, elle aurait voulut être prise d’un malaise, histoire d’effacer toute cette mascarade et de mettre cela sur le compte de la fatigue, ou quelconque autre excuse médicale. Mais non, elle s’était lancé malgré elle, et le regrettait déjà amèrement.

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“Shouldn't be good in goodbye.”

Jaymes arrivait à un moment crucial de sa vie. Le glas sonnait au dessus de son crâne et il se doutait que ce jour arriverait un jour. Il était certain qu'on ne pouvait rendre heureux la personne aimée en agissant comme il le faisait. Weeler n'avait pas fait le bon choix ou en tout cas, il n'avait pas su concilier ces modes de vie, aujourd'hui, il devait en payer le prix. Comment ferait-il demain en se levant alors que l'image de Lauryn était encore bien présente dans la villa? Comment ferait-il pour survivre à ces longues journées avec tous ces souvenirs qui viendraient le hanter? Jaymes était en train de perdre sa véritable raison de vivre: cela n'avait jamais été son père ou le casino, la pure vérité était bien qu'il aimait Lauryn bien plus que tout le reste et pourtant, ce n'était pas suffisant aujourd'hui. Jaymes avait pris un engagement envers sa famille, son destin était tracé et la route qu'il partageait avec la jeune femme semblait prendre un autre carrefour. Des routes séparées, désormais distantes que Jaymes espérait voir lier à nouveau un jour. Pourrait-elle l'attendre? Pourrait-elle l'aimer encore après qu'il était réglé tout cela? Et lui même était il capable de continuer sa vie sans elle? Weeler n'avait pas de réponse à ces questions, la seule chose qu'il sentait en cet instant était bien la boule au ventre, ce noeud dans la gorge alors que Lauryn exigeait un silence avant de s'expliquer.
Cela n'allait pas. Leur couple ne marchait plus et Jaymes en acceptait la responsabilité même si ce constat lui faisait atrocement mal. Lorsque Lauryn rejeta sa main, Weeler savait qu'il ne pouvait plus rien réparer, il avait tout fait rater, il en perdrait son âme et tout ce en quoi il avait cru. Pour autant, il décida de regarder Lauryn avec ces yeux déterminés, lui faisant un signe de la tête pour lui implorer de continuer. Il savait, il avait compris et il ne s'en relèverait pas aussi facilement que le monde entier pouvait le penser. Lauryn était son point faible, ce minuscule trou d'air qui pouvait faire chavirer un bateau tout entier et on ne pouvait rien faire pour colmater. Weeler était pourtant prêt à tout pour empêcher la fin de leur histoire, cette merveilleuse histoire qui avait commencé trois années plus tôt et il comptait bien montrer à Lauryn qu'il pouvait aller jusqu'au bout de lui même pour réaliser ses rêves. Il tremblait légèrement mais s'en cacha, Jaymes ne tenta pas de se rapprocher de nouveau d'elle, la peur de voir ses efforts réduits à néant une nouvelle fois. Non, il devait juste s'expliquer, faire en sorte de dévoiler ce qu'il avait sur le coeur à cette affreuse idée que la jeune femme suggérait...

Je sais bien que ce n'est pas ce genre de vie que tu souhaites. Je n'ai pas envie de cette routine non plus mais notre situation est temporaire tu sais. Une fois que mon père aura passé le flambeau, tout sera réglé et en attendant, je peux nous créer plus de temps si tu le souhaites. Je ne peux pas m'imaginer sans toi à mes côtés Lauryn..

Regard implorant, voix tremblotante, Jaymes n ressemblait plus beaucoup à ce riche héritier qu'il était censé être. Loin d'être un directeur d'entreprise, il n'était qu'un homme et un homme amoureux à en mourir. La jeune femme essuya ses larmes et se leva, s'éloignant de nouveau de Jaymes. La distance était insupportable, ses pleurs étaient encore plus douloureux pour Weeler mais il se contenta de se lever, restant à un mètre convenable pour la laisser respirer. Elle choisit cet instant pour lui avouer qu'elle avait voulu lui faire une surprise ce soir là, réalisant qu'elle n'avait jamais eu besoin d'agir de la sorte pour faire réagir Jaymes. Penaud, Weeler marcha un peu à travers la pièce, sentant ses entrailles se déchirer à chaque pas supplémentaire, avant de revenir devant la jeune femme, luttant contre l'émotion.

Je suis désolé, je ne savais pas.. Je... Lauryn, dis moi juste quoi faire et je ferais en sorte de le réaliser.

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Jaymes & Lauryn

C’était toute sa vie qui s’écroulait, en quelques sorte, elle se retrouvait condamnée à souffrir, sans amour et elle était son propre bourreau. Masochiste, pour oser mettre un terme à une idylle aussi parfaite. Du moins, parfaite pour tout le monde sauf eux-mêmes. Elle l’aimait, tellement, plus que de raison. Elle voulait rester avec lui, chaque jour, chaque heure, chaque minute, chaque seconde de sa vie. Lauryn avait toujours voulut se marier et avoir des enfants Weeler, aussi gentil et intègre que Jaymes. Seulement, ils n’auraient jamais cette vie, pas s’ils continuaient comme cela. La vie que son fiancé menait ne le permettait pas. Oui, bien sur, financièrement, ils auraient pu avoir tout ce dont ils pourraient bien avoir besoin. Mais qu’en était-il de la présence ? Cette présence nécessaire, vitale, que Jaymes ne pourrait donner, ni à elle, ni à leur éventuels enfants. Lauryn ne pouvait pas supporter de le voir dans cet état, c’était son cœur qui se meurtrissait à chaque fois qu’elle le regardait, et qu’elle voyait son air dépité, et terriblement triste. L’idéal, elle allait laisser partir son âme sœur, ou plutôt laisser tomber. Elle se sacrifierait, elles les sacrifieraient, au nom de leur bien –être à tout les deux. Ce serait douloureux, au début, et difficile, horriblement difficile. Mais cela passerait, du moins pour lui, elle n’était pas vraiment sûre de s’en remettre un jour. Ou alors elle aurait moins mal, et elle s’habituerait, à ressentir ce vide, ce creux au milieu de sa poitrine. Nerveusement, elle jouait avec son pendentif. Il était unique comme eux, la jeune femme ne savait pas à combien il était estimé, mais elle s’en fichait. Ce qui était important c’était la valeur qu’il avait pour elle, deux pendentifs qui n’existaient nulle part d’autre au monde. Ce jeton, et ce voyage à Paris, tous les autres. Ils avaient eut plus de bons que de mauvais souvenirs, à l’époque où Jaymes avait encore du temps pour lui, et que son père ne lui mettait pas autant de pression qu’en cet instant. Bien sur, son fiancé avait toujours été sous le joug de son paternel, mais aujourd’hui c’était pire qu’auparavant. La canadienne pouvait sentir ses larmes couler, encore. Elle se sentait tellement vulnérable en sa présence, s’en était démesuré, chaque mot, chaque phrase qu’elle prononçait lui arrachait la gorge. « Moi non plus, je ne m’imagine pas sans toi, tu le sais très bien. Mais tu sais aussi que tu ne peux pas, Jaymes. »
Un frisson parcourut son échine tandis qu’elle entendait son fiancé marcher dans la pièce et se rapprocher. D’un mouvement elle se retourna, pour se rapprocher de Jaymes, ne retenant plus ses larmes qui avaient déjà coulé abondamment. « C’est pas quelque chose que tu peux me donner, ce n’est pas la question. Je refuse de te metrte des bâtons dans les roues, et de te détourner de tes objectifs. Il faut que ton père soit fier de toi, bien qu’il le soit sûrement déjà, vu tout ce que tu fais pour lui. » Elle se rapprocha, encore, glissant ses mains sur ses épaules, « Je t’aime. » L’émotion était trop forte, tellement qu’à cet instant précis elle ne put se contenir de le répéter, parce que c’était exactement ce qu’elle ressentait, en plongeant tristement ses yeux dans les siens. Elle voulait qu'il sache à quel point elle l'aimait, il était loin d'imaginer cette intensité. « Je t’aime. Pour toujours. Mais c’est perdu d’avance, ca ne sert à rien de s’obstiner… Je préfère te quitter moi-même, avant de nous voir sombrer. Ca nous donnera l’impression d’avoir le contrôle… » Elle baissa la tête, elle ne pouvait pas le regarder en face tant cela faisait mal, mais elle restait là les mains sur ses épaules, comme si elle avait besoin de cette proximité, pour qu’il la rassure une dernière fois. Contradictions et confusions, il fallait qu’elle s’en aille, avant de craquer, et de réduire à néant toute cette conversation. Disparaitre, voilà ce qu’elle voulait faire et laisser son amour vivre en paix.

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“Shouldn't be good in goodbye.”

La fin du monde n'était pas aussi catastrophique que ce que Jaymes devait endurer dès à présent. Souffrir, sentir son coeur s'arracher de sa poitrine alors que le regard décidé de Lauryn le toisait, son regard avait le goût d'un adieu, l'odeur d'une fin de voyage, la fin de ce que Weeler était en somme. Il n'était plus rien désormais, plus rien si la femme décidait réellement de le quitter. Son seul réconfort résidait dans ses souvenirs, dans ce jeton qu'il serrait si fort dans sa poche que la circulation de son sang en était presque coupée. Il avait si mal. Il se sentait si mal désormais. Pendant des années, il s'était sacrifié pour satisfaire un homme mort: à quoi bon? Pourquoi continuer dans cette direction? Et s'il arrêtait tout pour réaliser le rêve de Lauryn? Il la suivrait jusqu'au bout du monde, se mettrait entre elle et l'ouragan, il ferait tout pour que ses peines disparaissent. Il se tuerait pour qu'elle puisse vivre et pourtant, rien de tout cela n'était suffisant à ses yeux. Debout au milieu de la pièce, le patron du casino, les mains dans les poches, la regardait avec curiosité, déception et une insoutenable tristesse. Alors que Lauryn lui confiait qu'elle non plus ne saurait pas comment vivre avec lui, l'homme baissa son regard. En réalité, il luttait contre les larmes qui menaçaient de perler à ses yeux, sachant très bien ce que serait la suite de cette conversation.
Lauryn avait raison pourtant, il ne pouvait pas. Il ne pouvait pas être l'homme de la mort de son père et l'homme de la vie de Edenson. pour le moment, il devait faire un choix. Sacrifier son présent pour vivre un futur meilleur. Mourir aujourd'hui pour subsister demain. Comment continuer lorsque votre coeur était broyé, calciné sans espoir d'être reconstitué un jour prochain? Jaymes releva son regard azur vers la comptable, certain qu'il allait mourir de l'intérieur dans les minutes à venir.

Je peux tout faire pour toi. Ne décide pas à ma place s'il te plait. Tu crois réellement que je serais ici ce soir si ce n'était pour toi? Tu crois pas que je peux continuer à rester un type bien en te sachant loin de moi? Tu sais c'était quoi mon rêve pour l'année à venir? Qu'on se fiance enfin, qu'on vive vraiment l'un pour l'autre, parce que y a pas d'autre voies pour moi...

Sa voix s'était élevée, bien plus puissante que quelques secondes auparavant, Jaymes était confiant, assuré de ce qu'il disait. Oui, il avait déjà prévu. Tout prévu. Il savait ce qu'il voulait faire. Il l'avait toujours su et son plan était bien là, dans sa tête. La ramener en France et la demander en mariage dans ce café où il lui avait offert ce maudit jeton qui le tenait en laisse depuis des années. Devant les badauds, il lui chanterait leur hymne, il s'était préparé à cela depuis des mois, il commençait tout juste à maîtriser la grammaire française et voilà qu'aujourd'hui, tout cela ne semblait qu'être de l'ordre du fantasme, comme tout le reste.
Mauryn continua sur sa lancée, cherchant toutes les excuses du monde à son acte. pour elle, il était évident que Jaymes choisirait sa famille, la fierté de son père avant son amour trop profond pour elle. Jaymes regarda par la fenêtre pour conserver son sang froid encore un peu alors qu'elle prononça un je t'aime pour terminer son discours. Weeler s'approcha encore un peu d'elle, au bord de la rupture.

C'est de cette manière que tu m'aimes? Tu crois qu'un mort pourrait être fier de moi, réellement? Si je fais cela, c'est pas pour moi. Je le sais que son souvenir me hante trop... Mais je ne vais pas bâtir ma vie avec mon père, c'est pas ce qui était prévu.

Entre la colère et la tristesse, Jaymes luttait contre ses émotions, contre les tremblements qui menaçaient les muscles de ses bras et jambes. Concentré sur les paroles de Lauryn, il entendit les mots fatidiques. Ils pénétrèrent chaque neurone de son cerveau, chaque artère qui circulait dans son corps athlétique. La souffrance était à son paroxysme et c'est avec une force inimaginable qu'il empêcha les larmes de pointer le bout de leur nez. Perdu d'avance... Plusieurs années de relation pour en arriver à ce constat fatidique? Jaymes ne l'avait pas venir et tout son corps le refusait.

Tu peux pas dire des choses pareilles, Lau'. Tu t'imagines ce que ça veut dire moi sans toi? J'ai bâti ce que je suis pour toi. Je suis là grâce à toi. Je t'aime tellement que j'en deviens dingue. Tu peux pas me dire que c'est perdu d'avance alors que je me jetterais d'un pont pour toi. Et ça, j'en fais quoi? Je le casse en deux hein?

Sa main sortit le fameux jeton, symbole inaltérable de leur amour plus fort que tout. Il le serra comme si c'était son coeur entre ses doigts. Son regard transperçait celui de Lauryn et sa mort se faisait proche...

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Jaymes & Lauryn

Les yeux un peu cernés par la fatigue, Lauryn contemplait avec douleur la peine de celui qu’elle aimait de tout son cœur. Elle avait sentit son cœur se briser progressivement, la faisant d’avantage souffrir de jour en jour, elle le ressentait au creux de sa poitrine. Des palpitations, perpétuelles. La douleur qu’elle ressentait au-delà de l’aspect physique était celle de causer des soucis à son petit-ami. C’était pour cela qu’elle refusait catégoriquement de rester ici, elle ne serait pas un fardeau, non jamais elle ne l’empêcherait d’accomplir ce dont il avait envie, elle ne pouvait jamais s’y résoudre même si c’était au détriment de ses propres envies à elle. Jaymes était l’amour de sa vie, c’était clair, son amour pour lui la gardait en vie en quelques sorte, il était l’air dans ses poumons, il agissait sur elle comme un baume qui lui rendait la vie plus facile à affronter. Il ne devait pas être atteint de ses propres maux à elle. Au fond d’elle, en dépit de toute chose, elle se préparait à la pire des situations, parce que c’était ainsi, elle voulait montrer qu’elle était forte et ne pas jouer l’égoiste, pour réussir à faire prendre conscience à Jaymes, que ce n’était pas ce qu’il voulait, même si il affirmait le contraire à cet instant précis.. Ses larmes coulaient toujours autant, naturellement et abondamment, et c’est d’une vois tremblotante qu’elle tenta d’aligner quelques mots, « Moi aussi je voulais qu’on se fiance Jaymes ! Mais regardes nous ! Tu essayes de te convaincre toi-même que c’est ce que tu veux, et que tu pourras vivre pleinement comme ça mais c’est faux ! Il te manqueras toujours quelque chose ! » Elle resta silencieuse tandis qu’il prononçait ces quelques phrases, le souffle toujours trop court, « Oui, c’est exactement comme ça que je t’aime Jaymes ! Je t’aime assez pour te dire que je suis de trop dans la vie pleine de responsabilité que tu mène et qui t’attends encore. Et tu sais très bien qu’il serait fier de toi, regarde tout ce que tu sacrifies pour lui, regarde tout ce que tu as fait, c’est grandiose, tu es grandiose. »

Lauryn s’éloigna d’un pas lorsqu’il commença à s’énerver en lui montrant ce fameux jeton de France, qu’ils partageaient, symbole unique de leur amour qu’elle ne se résoudrait à abandonner un jour. Lauryn éleva la voix, avec une pointe d’hystérie dans le regard, elle commençait à perdre la tête, « Mais tu sais que je t’aime mais c’est pas ca le problème ! Je t’aime tellement que je n’arrive même pas à imaginer une seule seconde ma vie sans toi, et je me déteste tellement de t’infliger ça… mais c’est dans ton propre intérêt. Je ne peux pas rester alors que tu sais comme moi que tu ne pourras pas faire tout ce que tu dis. Je sais que tu te crois certain de le vouloir maintenant, mais c’est faux, je le vois, tu sauras plus tard et tu penseras à moi. Trouve toi une fille qui aime l’argent et qui se contente de tout les biens matériels que tu pourras lui offrir pour compenser, je ne veux pas être cette fille, bien que je sache que tu n’es pas comme ça mais que tu y seras obligé .» Lauryn se mit à sangloter de plus belle, en imaginant Jaymes avec quelqu’un d’autre qu’elle-même, mais c’était ainsi elle lui rendait sa liberté pour qu’il puisse enfin devenir aussi grand que son père. « Si tu veux le casser, fais-le. Moi je garderais le mien quand même, je n’oublie rien, rien du tout. » Lauryn regarda alors Jaymes et saisit sa veste ainsi que ses clés de voiture, « Je… suis odieuse mais tu me remercieras. Je t’aime comme ça. » Elle se dirigea alors rapidement vers lui pour le gratifier d’un baiser sur le front. Elle voulut ajouter quelque chose mais se retourna et se mit à parcourir le vaste couloir de la maison, préfèrant ne pas se retourner plutôt que de vois la peine de son amour.

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“Shouldn't be good in goodbye.”

Choisir une autre, c'était en empêcher une autre. Prendre des décisions, c'était dire adieu à quelque chose. Un moment. Des instants. La magie. Le bonheur. Le vide. La vie n'est faite que d'instants manqués, de regrets, de remords et tout cela dans la conscience même que la route que vous choisissez de prendre détruira peut être ce que vous êtes. Comme cela. En une fraction de seconde. Jaymes était en train d'expérimenter cette nouvelle douleur, celle d'avoir choisi inconsciemment. Il avait choisi son père, sa famille et il ne l'avait pas su. Aujourd'hui, dans cette pièce, dans cette posture d'homme abattu, Weeler se prenait tout dans la figure. Il n'y avait pas de pardon pour les pêcheurs. Pas de pardon pour l'amour qu'on portait à ses principes. Et ses valeurs avaient détruit Jaymes, son être tout entier n'était plus qu'un vide flagrant. Un regard éteint se leva vers le visage de Lauryn, cette Lauryn qu'il aimait plus que tout, cette Lauryn qui tentait de justifier son acte. Cette Lauryn qu'il savait désormais libre de son joug, il l'avait laissé tombé. Pour quoi? Pour un cercueil. Pour un souvenir. pour une vie qu'il n'avait d'ailleurs jamais souhaité pour lui. Jamais il n'avait voulu diriger le casino. jamais il n'avait voulu devenir un milliardaire sans saveur. Il était seul désormais. Seul avec sa haine. Seul avec ses remords. Seul avec cet amour légendaire qu'il portait à Edenson et qui ne s'effacerait jamais, peu importe ce que la vie lui réservait pour la suite. Jaymes le savait pertinemment et pourtant, il sentait qu'il devait la laisser partir, la laisser trouver son bonheur ailleurs, dans un autre monde que le sien.

Weeler conserva la tête baissé alors que Lauryn continuait son discours infiniment. Pour lui, tout cela n'était que des paroles en l'air, des choses qui ne comptaient pas, ou plus tout du moins. Elle l'aimait, et alors? Elle partait. Elle était fière de lui, et alors? Elle le quittait. Il ne réagit même pas en entendant ses paroles sur le choix de sa fiancée. Il ne voulait rien savoir, rien imaginer. Il était mort de l'intérieur, aussi froid que ce jeton qu'il serrait au fond de sa poche. Aussi lisse que cette foutue pièce ronde. Aussi vulnérable que ce foutu matériau qu'il tournait et retournait discrètement. Implosion. Volcan qui rentrerait bientôt en éruption alors que ses muscles tremblaient. Il releva les yeux vers la jeune comptable alors qu'elle marquait un silence après sa conclusion douteuse sur le futur qu'il mènerait.

Si c'est ce que tu crois de moi, de ce que je vais accomplir. Tu as certainement raison. On a rien à faire ensemble. Si tu crois m'aimer suffisamment pour justifier la destruction massive de mon coeur, qu'il en soit ainsi. Je ne t'en veux pas au fond. Au moins, je sais que je ne pourrais jamais être heureux. Jamais être entier. Je sais à quoi m'en tenir désormais. Parce que sois sûr d'une chose, que ce soit demain ou dans trente ans, je t'aimerais toujours autant alors tant pis. Ouais, tant pis.

Et Jaymes demanda à Lauryn ce qu'il en était concernant l'objet de leur union, ce jeton qui ne signifiait rien en apparence mais qui était un tout pour eux. Le casser. L'envie était là, la colère aussi et pourtant Weeler le conserva devant ces yeux, le regardant avec insistance pour échapper au regard de Lauryn. Encore des paroles mais cette fois, elles ne percutèrent pas son cerveau. Il restait ainsi, silencieux alors qu'il baissa le bras et que sa main serra de plus belle le jeton. Comme cela, alors que la jeune femme vint lui embrasser le front avant de se détourner sans plus de cérémonie. Avant qu'elle ne quitte la pièce, Weeler s'exclama.

Je pourrais jamais te remercier de ce que tu m'as fait. Adieu, Lauryn.

Voix d’outre tombe. Sans émotion. En apparence. Volcan intérieur. Geyser qui ne demandait qu'à exploser. Lauryn disparut. Comme cela. Sans plus. Et les larmes coulèrent instinctivement, libération ravageuse. Et ses poings frappèrent le mur avant que l'homme ne s'effondre au sol, le jeton glissant jusqu'au milieu de la pièce, se dressant victorieux dans la rainure du parquet, mettant bien en vue les quelques mots qui l'ornaient. La fin d'une histoire, la fin d'un homme. Et Jaymes, ses pleurs, le silence, le regard sur l'objet, vidé. Juste comme cela, pendant des heures, des jours entiers... Comme un adieu à son âme et au monde entier.

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TERMINE & VERROUILLE.