Candice & Isaac

« I thought I would never see you again. I thought you were only my past. A memory I couldn't forget. »

Ecrire, écrire, écrire. C’était à peu près tout ce à quoi se résumait sa vie depuis qu’il était rentré. Il vivait à l’hôtel, n’ayant pas encore totalement décidé de s’installer ici et n’ayant pas le courage de sortir et de visiter de appartements. Quand à en acheter… Il lui aurait fallu rencontrer agent immobilier, propriétaires, habitants de Détroit, prendre le bus ou marcher la tête haute dans les rues de la ville. Non, il n’était pas vraiment prêt. Il regarda la cigarette qu’il tenait. Finie. Il l’écrasa et en alluma une autre, un pincement au cœur lorsqu’il utilisa son briquet –comme toujours. Il continua à taper, taper, taper sur sa machine à écrire lorsqu’il sursauta et fit tomber le verre de whisky qui se trouvait juste à côté de son bras et alla se briser sur le sol. Quelqu’un frappait à la porte de sa chambre. Il n’attendait personne, car il n’y avait personne à qui avait dit se trouver là et il s’inquiéta. Comment ça paranoïaque? Il avait juste vécu trop d’horreurs. Ça pouvait être quelqu’un d’inoffensif, quelqu’un de l’hôtel, mais ça pouvait aussi être quelqu’un du gouvernement qui aurait retrouvé sa trace, un ancien soldat qui l’aurait recherché, tout comme un terroriste souhaitant venger la mort d’une personne. Il n’en savait rien. Il attrapa un coupe-papier. Piètre arme quand on y pense, mais aucun doute que Isaac Keenan Hamilton pouvait faire de grave dégâts avec, voir même ôter une vie. Pourtant, l’idée même d’être responsable de la mort d’une autre vie humain le répugnait. Il ouvrit la porte, sur ses gardes, mais soupira en voyant le room-service. « Je peux faire quelque chose pour vous… Byron? » « La direction de l’hôtel se demandait juste si tout allait bien pour monsieur Hamilton et si celui-ci désirait continuer à prendre tous ses repas dans sa chambre. Nous avons un très bon restaurant au rez-de-chaussée, avec une ambiance calme et agréable. » « Vous complimenterez la direction. Je ne doute pas de la qualité de votre restaurant mais je suis très bien ici. » « Très bien monsieur. Vous restez encore longtemps? » « Je ne sais pas encore. Au revoir. » Après que l’homme l’ait salué, Isaac referma la porte. Pourquoi avait-il choisi cet hôtel? Pour la qualité bien sûr, mais même le garçon d’étage se prenait pour un roi. Enfin, il retourna à l’intérieur et soupira une nouvelle fois en regarda les débris de verre au sol. Sans vraiment réfléchir, il se baissa pour nettoyer. Il commença à les ramasser en faisant plutôt attention quand soudain il se blessa. Un morceau de verre vint se planter assez profondément dans sa chair. « Et m*rde! » Il en avait vu des blessures, et il savait que si ça n’était pas bien soigner, ça pouvait s’aggraver alors il se fit une sorte de bandage improvisé, mit sa veste et sorti. Il eut la chance d’avoir un taxi tout de suite et demanda d’être déposé aux urgences. Heureusement qu’il avait eu un taxi d’ailleurs, il ne savait toujours pas où se trouvait l’hôpital de Détroit. Il attendit assez longtemps, assis & ne parlant à personne, juste patientant le temps que quelqu’un s’occupe de lui. Une interne arriva et s’occupa de son bras blessé. Il resta taciturne, répondant le plus brièvement possible à chaque fois, ce qui découragea la jeune femme de continuer la conversation en dehors des stricts besoins médicaux. Quel abruti n’empêche, il avait vraiment été maladroit sur ce coup là, ce qu’il n’était pas d’habitude. Lorsque l’interne lui signala qu’elle avait fini, il la remercia et se dirigea vers la sortie avec soulagement, il était resté si longtemps sans occupation qu’il avait eu que trop de temps pour repenser à son passé. D’ailleurs, il avait essayé de détourner l’attention de son esprit sur des choses simples et futiles. Pourtant, dans le couloir de cet hôpital, il aperçu quelqu’un qu’il ne pensait jamais revoir. Mais peut être n’était-ce pas elle? Oui, non? Il n’en avait aucune idée, tout ce qu’il savait c’était que la femme qui marchait dans sa direction était magnifique et ressemblait à Candy. Une Candy qui avait grandi et était devenue une vraie et belle femme. Mais était-ce vraiment elle? Il ne savait pas s’il devait l’aborder quand la personne qui marchait aux côtés de la femme partit tout en disant ces quelques mots « J’y vais tout de suite, docteur McKinley. » Elle avait le même nom de famille, ça ne pouvait pas être une coïncidence, n’est-ce pas? Il s’approcha de McKinley, qui ne l’avait pas encore vu et l’apostropha. « Excusez-moi. Docteur? » Elle le regarda et il put apercevoir ses yeux. Ils le transpercèrent et il fut sans voix, pleins de souvenirs ramenés à son esprit.

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I thought I'd never see you again ❦
"True love stories never have endings."

Nouvelle vie, nouvel hôpital. Cela faisait seulement quelques jours que Candice Mckinley avait pris sa position de médecin chirurgienne titulaire à Detroit. Elle s'adaptait très bien à cet environnement macabre: bon nombre d'accidents en tous genres venaient peupler ses journées et la jeune femme ne pouvait rêver mieux avec son ambition sans limite. Ce jour-là n'échappait pas à la règle, bon nombre des internes venaient la trouver avec de nouveaux patients à traiter. Cheyenne était d'excellente humeur et arrivait presque à en oublier la raison de sa présence dans cette ville. Hunter. La mort. Le destin qui lui refusait le bonheur: passager, fugace, Candy n'y avait goûté qu'à des moments très ponctuels de sa vie qui avaient été suivis par un désespoir profond. Si l'on voulait résumer la vie de la jeune médecin, on pouvait dire qu'elle restait enfermée dans une spirale destructrice, âme perdue dans un monde qui gravitait trop vite. Elle avait perdu son frère bien trop jeune, ses parents n'avaient jamais regardé leur fille dans les yeux et pour ce qui est des autres connaissances qu'elle avait eus, ils avaient vite fait de la laisser seule sur le bord de la route. Assis devant les scans de sa dernière patiente en date, Candy pensait à Sil. Elle pensait à Ike. Et elle souffrait toujours autant parce qu'on n'oubliait jamais l'amour à l'état le plus pur. Malgré des tentatives inespérées en bonne épicurienne qu'elle était, Cheyenne ne pouvait se débarrasser de ses souvenirs, elle était coincée dans le passé sans espoir de voir l'avenir différemment qu'un amas de malheurs.
Lorsqu'elle réalisa qu'un collègue commentait ce qu'il voyait à l'écran, Candy se releva d'un bond et commenta distraitement les résultats de cette pauvre femme, qui allait certainement devoir passer par des épreuves extrêmement difficiles. Elle irait lui annoncer dès qu'elle passerait le cap de la nostalgie. Mckinley attrapa de nouveaux dossiers dans le couloir, tendus par un interne angoissé et vif. Avec sa répartie légendaire, Candy l'invita à aller s'occuper d'autres affaires, n'étant pas d'humeur à la pédagogie. Puis, la jeune américaine intercepta une infirmière pour d'autres recommandations médicales envers un patient. Toujours d'un pas rapide, Candy se dirigea vers les vestiaires afin de prendre un peu de temps pour elle, pour se remettre d'aplomb après s'être replongée dans de douloureux souvenirs alors qu'elle prenait congé de l'infirmière. Perturbée, légèrement embarrassée, la jeune femme ne fit pas un tour d'horizon, concentré sur ses propres pas. Elle aurait certainement dû pourtant pour éviter le choc d'un Isaac qui l'interceptait à des centaines de kilomètres de leur dernière rencontre. Cheyenne releva son regard azur vers celui du militaire et le choc fut terrible. Ike. La personne qu'elle aimait le plus au monde lorsqu'elle était à Las Vegas, en cachette évidemment. Prise d'un moment de folie, Candy ne prit pas compte de la remarque polie du jeune Hamilton, non, elle préféra se jeter dans ses bras, après des années sans l'avoir vu. Elle le croyait mort depuis longtemps et les émotions étaient si fortes qu'il lui fallait faire preuve d'un contrôle d'elle même inégalé pour ne pas laisser les larmes monter.

Ike, mon dieu! Je n'arrive pas à croire que c'est toi, ici. C'est un signe du destin, il voulait que je te retrouve finalement, après toutes ces années à me demander ce que tu devenais...

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Candice & Isaac

« I thought I would never see you again. I thought you were only my past. A memory I couldn't forget. »

Un regard qui ramène des années en arrière, un visage qu'on ne croyait plus jamais revoir... Avant que Candy n'esquisse un mouvement ou ne parle, Ike se demanda si elle était bien réelle ou si c'était un rêve. S'était-il endormi sur une chaise aux urgences contre sa volonté? Mais dans ce cas, ce rêve semblait bien trop doux. Peut être qu'une explosion allait se produire, que des soldats débarqueraient, que la belle femme en face de lui allait mourir sous ses yeux. Mais l'illusion était trop belle et il désirait juste la toucher pour voir si elle s'évanouirait. Mais peut être que ce n'était pas elle ou qu'il hallucinait. C'est alors qu'elle se jeta dans ses bras et que l'ancien militaire se rendit compte qu'elle était vraiment là, très loin de Las Vegas, et qu'elle l'avait reconnu. Elle ne l'avait pas complètement oublié. S'il avait légèrement sursauté quand elle s'était jetée dans ses bras, il se reprit rapidement et la serra contre lui en souriant. Elle était réelle, elle était vivante, elle était là. Il partageait son avis, lui non plus n'arrivait pas à y croire. Le destin? Si elle voulait. Mais les dernières paroles de la rousse lui firent ressentir de la culpabilité. Il aurait pu lui donner des nouvelles, il aurait DÛ. Mais il ne pouvait pas, une fois là-bas, il n'avait parlé à personne de "l'extérieur" et il avait été lâche en partant, il n'avait pas osé aller la voir pour lui dire qu'il s'en allait. Égoïstement, il n'avait pas voulu voir sa réaction, que ça soit des cris ou des pleurs alors il lui avait laissé un message disant qu'il partait et qu'elle devait avoir une belle vie, qu'elle le méritait. Et elle semblait avoir réussi, au moins niveau carrière, elle avait réussi à s'échapper de l'ambiance et des conditions pourries dans lesquelles elle vivait et était devenue docteur, peut être même chirurgien? Mais jamais il n'aurait pensé qu'ils se recroiseraient 11 ans plus tard dans cet hôpital de Détroit. Ike chuchota à l'oreille de Candy. "C'est bien toi! Je n'arrive pas à y croire non plus." Puis il se recula un peu et la regarda dans les yeux. Ses magnifiques yeux azurs qui semblaient chargés d'émotion. Il lui souri et garda ses mains sur ses épaules, peut être pour être sûr qu'elle était là et l'empêcher de s'échapper? "Je... Tu es magnifique." C'était sincère, sortit de sa bouche sans qu'il n'y réfléchisse plus. Mais il n'arrivait pas à trouver ses mots, à dire tout ce qu'il voulait et surtout, il ne savait pas par où commencer. Il se décida enfin. "Je suis désolé. Pour tout." Il n'en disait pas plus, pas tout de suite, la jeune femme avait surement plein de choses à lui reprocher. Sur une impulsion, il l'attira vers lui afin de la serrer une nouvelle fois. "Candy, tu m'as tellement manqué..." Candy, le surnom d'avant. Celui qu'il avait prit l'habitude de prononcer très souvent lorsqu'il n'était qu'un ado. Il l'avait dit avec tellement de naturel, comme s'il avait prononcé ce diminutif tous les jours.

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"True love stories never have endings."

Un brutal retour an arrière. Dix ans, dix longues années qui séparaient Candy de sa dernière rencontre avec Isaac Hamilton. Bon nombre d'émotions prenaient possession de son misérable être, comme si le temps n'était jamais passé. Comment aurait-il pu en être autrement alors qu'Ike était sous ses yeux, alors que pendant tout ce temps, elle l'avait cru mort et enterré? Candice devait lutter contre les larmes, elle, qui était devenue si forte et mystérieuse. Elle tomba pourtant dans les bras du frère de son ancienne meilleure amie. La jeune médecin resta ainsi en silence alors qu'Isaac en profita pour lui glisser quelques mots. Il semblait ravi de la retrouver, même si la surprise se lisait nettement dans le ton de sa voix. Isaac finit par s'écarter pour regarder Cheyenne plus avant. Celle-ci lui souriait franchement, comme si les années n'avaient rien changé du lien qui les unissait après la disparition affreuse de Mary.

Toi aussi tu es magnifique. Tu n'as pas tellement changé que cela malgré la décennie qui s'est écoulée.

Puis, avant que Candy ne puisse ajouter autre chose, Isaac s'excusa. Il fallait avouer qu'il n'avait pas quitté Las Vegas de la meilleure des façons. Mckinley avait encore chez elle cette fameuse note qu'il lui avait laissé. Celle-ci n'avait pas changé sa vie, elle n'avait pas eu une vie rêvée comme il l'aurait certainement préféré mais elle se contentait de ce qu'elle avait. Médecin, seule mais toujours aussi déterminée et indépendante. La jeune femme ne laissa pas son sourire s'évanouir, bien trop heureuse de retrouver cet homme qu'elle avait chéri pendant plusieurs années.

Pourquoi t'excuser? Tu avais certainement une vie ailleurs et surtout meilleure qui t'attendait, Isaac. J'espère au moins que tu en as profité.

C'était une façon détournée pour Candy d'en savoir plus sur ce qui s'était déroulé dans la vie d'Isaac. Le militaire ajouta que Cheyenne lui avait manqué ce qui eut don d'élargir un peu plus le sourire qui s'étalait sur le doux visage de la jeune femme.

Tu sais que toi aussi... Que fais tu à Detroit? Le hasard fait bien les choses, il faut le croire...

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Candice & Isaac

« I thought I would never see you again. I thought you were only my past. A memory I couldn't forget. »

Candice Mckinley. Candy était sous ses yeux. A des milliers de kilomètres de Las Vegas et une dizaine d’années après leur dernier échange. Celle qui fut la meilleure amie de sa sœur et qui apporta du courage et de l’apaisement à Ike pour l’aider à s’en sortir lors de la disparition de celle-ci, bien qu’il n’y arriva jamais totalement. La jolie jeune adolescente qu’elle était à l’époque s’était transformée en jeune femme magnifique. Lorsqu’elle s’était abandonnée dans ses bras, Isaac avait été tout d’abord surpris. Puis cette surprise s’était transformée en joie et en sensation de bonheur et de paix. C’était étrange de constater l’effet qu’avait toujours Candy sur lui, après plus de dix longues années de séparation. Il s’était ensuite détaché de la jeune femme, bien qu’il eut un peu de mal à le faire, et avait pris le temps de la contempler. Il l’avait alors complimenté, c’était naturel et sincère, il avait l’impression qu’il pourrait l’admirer pendant des heures. Et puis elle lui souriait. Et ce sourire rehaussait sa beauté. Lorsqu’elle lui répondit, les lèvres d’Hamilton s’étirèrent cyniquement. Il n’avait pas changé en dix ans ? Pourtant, il avait l’impression d’être un homme totalement différent. Mais peut être qu’extérieurement ça ne se voyait pas tant que ça. Les quelques cicatrices, souvenirs de la décennie écoulée, qui marquaient son corps étaient invisibles sous ses vêtement. Après ça, il s’était excusé. Il se sentait coupable de tellement de choses, que ce n’était pas si mal qu’il présente ses excuses tout de suite, plutôt qu’ils se retrouvent dans une situation pleine de non-dits. Mais Candy répondit qu’il n’avait pas à s’excuser et les phrases qu’elle prononça ensuite entamèrent un peu la joie de Keenan. Quand il y pensait, il ne savait pas s’il avait bien fait de partir. Puis il se disait qu’il n’aurait pas pu continuer à vivre comme il le faisait à l’époque. Il sentait la curiosité de Candice à travers ses paroles et ça eut pour conséquence de faire s’étendre son sourire. Ils étaient tous deux curieux de la vie de l’autre. « Pourquoi ? J’aurais dû me comporter avec courage et te dire en face que je partais. Te laisser juste une note était lâche… Je ne voulais pas voir ta réaction à l’annonce de mon départ. Et je suis désolé, surtout qu’après coup, je me suis dit que je t’abandonnais et que tu risquais de ressentir une peine proche de celle que tu as ressentie lorsque Hunter, puis Mary sont partis… Enfin, je sais bien que je ne suis ni ton frère, ni ta meilleure amie mais ça faisait toujours une personne de plus qui partait. Et après ça, j’aurais dû t’écrire et ne pas te laisser sans nouvelles. » Ike savait les sentiments que Candy nourrissait à son égard à l’époque, ou tout du moins il les avait devinés, mais il avait toujours évité d’en parler et qu’elle le sache. Il ne la voyait pas de cette manière à l’époque et ne voulait pas gâcher leur relation. Il avait évoqué le frère McKinley et sa propre sœur et espérait que ça ne la rendrait pas trop triste, il se traita intérieurement d’idiot d’avoir prononcé ces prénoms même pas quinze minutes après l’avoir retrouvée. Mais en même temps, ça faisait parti de leur histoire commune. Avant qu’elle n’ait eu le temps de parler, il reprit. « Et malheureusement, je n’ai peut être pas choisi la meilleure option pour m’échapper, bien que je sois fier d’avoir servi mon pays. Disons juste que ma vie n’a pas été très facile pour l’instant… Et puis tu sais, j’ai passé 10 ans dans l’armée, je suis rentré au pays il y a peu. » Ike en avait dit plus que ce qu’il pensait mais il s’arrêta là pour le moment. Pas besoin de lui dire directement qu’il vivait dans un hôtel depuis des mois, sans trop sortir, sans réussir à fermer les yeux sans voir de cadavres ou d’explosions, en fumant énormément et pour seule compagnie celle de sa machine à écrire. Il lui avoua ensuite qu’elle lui avait beaucoup manqué et le sourire de Candy s’élargit. Elle lui répondit qu’il en était de même pour lui et il sentit ses entrailles se réchauffer. Son propre sourire s’agrandit, sans qu’il n’y pense, naturellement. Puis elle lui posa une question à laquelle il aurait bien du mal à répondre. « En totale honnêteté, je n’en ai aucune idée. En quittant l’armée, j’ai un peu bougé mais je me suis rapidement arrêté ici. La ville me semblait agréable je pense… Et toi ? Tu vis ici maintenant ? » En réalité, il s’était surtout arrêté pour avoir un endroit où il pourrait écrire & fumer tranquillement, où le personnel de l’hôtel semblait pouvoir ne pas le déranger, et puis un éditeur à Détroit avait voulu publier son livre alors il était resté. Peut être que si Candy vivait ici, il aurait définitivement envie de rester à Détroit? De s'installer? Il n'en savait rien... Pour l'instant, il avait envie de poser un demi-million de questions à Cheyenne, de lui demander de lui raconter tout ce qu’il s’était passé dans sa vie depuis la dernière fois mais il ne pouvait pas l’assommer de requêtes. Surtout pas debout, dans ce couloir d’hôpital, alors que des internes les regardaient avec surprise et les yeux pleins de questions. « Dis-moi Candice, tu as du temps devant toi ? Tu aurais envie de prendre un café avec moi ? Même si c’est à la cafétéria de l’hôpital, juste histoire de s’asseoir et d’éviter aux internes d’avoir de nouveaux sujets de conversation… » Ike sourit en faisant un signe de tête vers les trois internes qui se trouvaient un peu plus loin et regardaient dans leur direction.

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I thought I'd never see you again ❦
"True love stories never have endings."

Candy la solitaire, Candy l'intransigeante et surtout Candy la mystérieuse. Elle avait certainement bien changé depuis l'adolescence. A l'époque, elle n'était qu'une jeune fille qui avait parfois bien du mal à se cacher derrière ce masque de froideur qu'elle arborait fièrement depuis qu'elle avait perdu tout contact avec sa version adolescente. Retrouver Ike, ici, ainsi, dans ce couloir d'hôpital relativement lugubre lui rendait sa jeunesse; Candice redevenait une adolescente éprise du frère de sa meilleure amie. Au fond, elle jouait avec elle même depuis plusieurs années: toujours se cacher derrière son cynisme, sa manière d'être si sensuelle et féminine parce qu'elle ne désirait plus souffrir. Malgré tout ce qu'elle souhaitait transmettre aux gens qui la côtoyaient, ce ne serait jamais aussi puissant que ce qu'elle montrait à Isaac. Il était beau, si beau qu'elle était prête à en tomber à la renverse parce qu'en vérité, elle n'avait jamais pu l'oublier. Son seul appui, son seul ami, son premier amour, le plus fort même s'il n'avait jamais été partagé. Cheyenne l'avait toujours su et pourtant, elle n'avait jamais été amère, Ike était quelqu'un de spécial, quelqu'un qu'elle ne pourrait jamais atteindre, son idéal en somme et tant pis si elle devait passer le restant de ses jours uniquement à le contempler, le jeu en valait la chandelle. Le sourire de Mckinley ne s’évaporait pas, la médecin avait l'impression qu'aucun jour n'avait séparé leur dernière entrevue et c'est avec un naturel déconcertant qu'elle implora le jeune homme de ne pas s'excuser: elle lui en avait voulu certes puisqu'elle s'était retrouvée seule avec des gens qu'elle haïssait, elle avait pleuré son départ maintes fois mais en cet instant, ce simple fait ne comptait pas. Tant de fois, Cheyenne s'était imaginée Hamilton mort au coin d'une ruelle que de le voir devant elle, souriant et en bonne santé, lui suffisait. Ce qui comptait aujourd'hui n'était pas ce passé qui l'avait détruit et transformé en une femme qu'elle n'était pas, non, le plus important était bien d'avoir retrouvé cette personne capitale à ses yeux, qui lui, continuait de s'excuser de ne pas avoir été présent pour elle. Candy lui fit une moue joyeuse alors qu'Isaac prononça les deux noms qu'elle n'avait pas osé dire en plus de huit ans. Douloureux, l'entendre était clairement plus douloureux que de laisser les sonorités franchir ses lèvres. Candice ravala ses larmes tant bien que mal pour faire bonne figure devant son ami.
En vérité, depuis l'annonce du décès de son frère, Candy sombrait lentement dans ses regrets et plongeait tête la première dans tout ce que la vie pouvait lui offrir comme compensation. Entre la vie et la mort, Cheyenne tentait de subsister parce que son frère l'aurait souhaité. En cet instant, Mckinley vagabondait dans ses souvenirs: le sourire de son frère, le soutien d'Ike, son dernier moment avec Mary, tout était si simple à l'époque et pourtant, déjà, la vie reprenait ses droits de la manière la plus brutale possible. Elle finit par revenir à elle lorsqu'Hamilton lui raconta brièvement ses dix années. Il avait servi son pays et avait été malheureux, c'est tout ce que Candy retint de son discours. Cette fuite n'avait servi à rien, l'un comme l'autre avaient continué dans la même rengaine, comptant les jours depuis le fameux où ils avaient souri la dernière fois. Cheyenne afficha un sourire compatissant et teinté de nostalgie en laissant son regard pénétrer celui d'Ike, comme avant.

Ne t'en veux pas pour tout cela. Regarde, on est tous les deux encore là, c'est ce qui compte et puis, je suis partie quelques temps après toi de toute manière. C'était notre destin j'imagine. Oh tu as combattu alors? Ce n'était vraiment pas ce que je souhaitais pour toi tu sais.. Tu méritais mieux que tous ces malheurs, Ike.

Discours pour le moins honnête et teinté de déception pour Candy. En effet, les fantasmes qu'elle avait vus pour son ami étaient bien loin de la réalité. Triste réalité que partageait la jeune femme, bien seule dans ce monde. Après ce passage difficile, la médecin lui demanda la raison de sa présence à Detroit et à en juger par sa réponse, le destin y était pour beaucoup. Un nouveau sourire naquit sur les lèvres de Candy en entendant ces quelques paroles. Le destin faisait peut être bien les choses finalement et Mckinley ne pouvait s'empêcher de penser aux perspectives qu'offrait cette rafraîchissante rencontre. Elle sortit de ses rêveries néanmoins pour lui raconter ce qui l'avait poussé à venir ici, dans des circonstances bien dramatiques.

A vrai dire, je suis venue ici pour de bien sombres raisons au départ. On m'a appris qu'Hunter vivait ici avant... avant son décès. Puis, j'ai trouvé ce poste alors j'ai décidé de rester, pour un petit moment en tout cas mais qui sait ce que la vie réserve pour la suite?

Qui sait effectivement... Peut être aurait-elle l'occasion de revoir Ike une nouvelle fois, peut être aurait-elle la sensation de revenir dix ans en arrière, peut être retomberait-elle définitivement dans les filets de ce regard électrisant. Dans tous les cas, Candy en était bien heureuse même si ces retrouvailles éveillaient la curiosité de la moitié du service et Hamilton l'avait plus remarqué qu'elle. Cheyenne se détourna pour lancer un regard noir à ses subordonnées avant de se retourner tout sourire vers Isaac.

Bien évidemment que j'ai le temps! J'ai toujours le temps pour retrouver un vieil ami perdu de vue depuis bien trop longtemps. Alors, dis moi, tu comptes faire quoi maintenant? Tu ne vas repartir au front n'est ce pas?

Candy lui fit un regard effrayé alors qu'elle entraînait le militaire dans le dédale des couloirs de l’hôpital. Arrivés à destination, elle prit la direction d'une table vide avant de s'asseoir en face du jeune homme. Là, tout était parfait, tout était comme avant et la médecin sentait au fond de son âme tous les vieux sentiments resurgir, désormais comme une évidence...

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Candice & Isaac

« I thought I would never see you again. I thought you were only my past. A memory I couldn't forget. »

Ike était détruit depuis un bout de temps. Depuis qu’il était rentré de la guerre. Depuis qu’il avait fini sa dixième année, terminé son contrat, reçu une médaille et était rentré au pays. Ses lèvres avaient accueillis peu de sourires sincères –presque pas du tout. C’était d’ailleurs comme ça depuis plus longtemps, surement depuis qu’il avait perdu l’homme de sa vie et avait passé deux mois dans le coma. Pourtant à cet instant, venant de retrouver une amie qui lui était si chère, et devant cette Candice devenue une vraie et magnifique femme et pourtant qui n’avait pas tellement changé, il souriait sincèrement. Il ressentait une sensation qui lui était devenue comme étrangère : du bonheur. Il avait essayé de s’excuser tout de suite, parce qu’il avait l’impression qu’il le devait, que c’était de sa faute. Il n’avait pas fait ce qu’il aurait dû faire en partant. Il avait manqué à son « devoir ». Et c’était Candy qui avait trinqué. A cause de sa lâcheté. Elle lui avait fait comprendre qu’il n’avait pas besoin de s’excuser. Il avait insisté, il ne pouvait pas la retrouver et que toute cette culpabilité reste coincée au fond de lui. Mais elle avait répété son geste, l’implorant de ne pas s’excuser. Alors il allait rendre les armes. En l’espace d’une dizaine de minutes, il avait prononcé 3 noms qui renvoyaient directement à son passé : Candy, qui se trouvait juste en face de lui et qu’il venait de retrouver, de la joie, Hunter, le frère de Candice, son ami d’enfance qui s’était barré, de la tristesse, et Mary, sa sœur. Sa princesse. Une fleur détruite avant même qu’elle n’éclose, qui avait disparu bien trop tôt, une tristesse infinie. S’il ne laissait rien paraître, prononcer les deux derniers noms avaient été la cause de tristes pensées, de pincements au cœur. Et il avait la très forte impression que Candy n’avait pas été aussi stoïque intérieurement que ce qu’elle paraissait. Il faisait un bel idiot. Rappeler de tels souvenirs à Cheyenne, alors qu’elle n’avait rien demandé et qu’elle semblait aller bien, il n’était vraiment que le pire des imbéciles de seconde zone. Il avait envie de se frapper, de retirer ce qu’il venait de dire. Pourtant, Hunter et Mary étaient leur passé, ce qui les avait rapproché à la base. Sans eux, ils ne se seraient surement jamais parlé. Et même s’il ne les évoquait presque jamais à voix haute, il ne voulait pas les oublier et pensait souvent à eux, surtout à Mary évidemment. Il la revoyait lors de ses rêves, de ses cauchemars, elle était présente assez souvent. Elle avait toujours la même apparence que le dernier jour où il l’avait vue, que la dernière fois qu’il lui avait parlé. La magnifique femme qui avait toute son attention lui répondit. Comme ça elle était partie peu après ? C’était pour le mieux, enfin, pour ce qu’il pensait… Destin, encore. C’était leur destin de se retrouver ici plus de dix ans plus tard ? Alors ça avait été son destin d’aller à la guerre, au devant de la mort, et d’y perdre une moitié de lui-même ? Et de revenir totalement différent ? De se morfondre depuis ? Qu’avait-il fait au Destin dans ce cas ? Sa naissance devait être une abominable erreur de la nature. Ce n’était pas ce qu’elle souhaitait pour lui… Qu’avait-elle bien pu souhaiter pour lui ? Pourtant, malgré « tous ces malheurs », il avait eu des périodes de bonheur. Enfin, un bonheur relatif dans son monde en constante guerre et tristesse. Méritait-il mieux ? Après tout, il n’avait jamais rien fait de vraiment bien pour mériter mieux, et il s’était engagé de plein gré, pour pouvoir échapper à sa vie. D’ailleurs, il était content les premiers temps, ça avait marché. Puis l’enfer mais c’était autre chose. Et puis, une nouvelle lumière était apparue et avait éclairé sa vie. Lumière qui brillait tellement fort, juste pour lui être retiré peu après. « Je ne sais pas si je méritais mieux Candy, et tout n’a pas été si terrible. Et ça m’a permis de partir, de quitter mon père, et tu sais que je le désirais énormément…. Mais c’est vrai que c’était dur et que je repensais au temps de notre enfance, bien qu’elle n’ait jamais été géniale il y avait des moments où j’étais vraiment heureux… C’est bien pour ça que je pensais souvent à toi ! » Sourire. Puis il se rendit compte de ce qu’il venait de dire. Euh… Elle pouvait l’interpréter bizarrement ça, il espérait que non. Ce qu’il voulait dire c’est qu’après Mary, Cheyenne avait été une des seules personnes à pouvoir lui apporter des moments de joie quand sa petite sœur était perdue. La raison de sa venue, réponse brève et honnête puis renvoie de la question. Et là, Isaac fut empli d’un profond désespoir. Mort. Décédé. Hunter. C’était impossible, le jeune homme qui avait fugué des années plus tôt ne pouvait pas être mort. Candy n’aurait pas dû avoir à supporter ça en plus de tout ce qu’elle avait vécu. Ce n’était pas normal. S’il y avait vraiment un Destin, il n’était que très peu juste. Ou même pas du tout. Il avait envie de s’effondrer, là, maintenant, dans cet hôpital. Son ami d’enfance, le frère de Candy était mort. Comme s’ils n’avaient pas vécu assez de conneries ! Il avait envie de fracasser quelque chose, mais il se contint. Il ne laissa presque rien paraître. Il attrapa juste la main de Candice, et la regarda droit dans les yeux, pour lui faire comprendre qu’il était là et sincère. « Je suis désolé Candice. Je… Il… » Isaac se tut et baissa les yeux. Il ne savait pas quoi dire, la peine était trop présente. « Qui sait, oui… » Réponse à sa question qu’il savait purement rhétorique. Il espérait qu’elle reste. Enfin, il espérait surtout ne pas la reperdre. Lorsqu’il fit une remarque sur les internes, Candy se retourna et il n’osa pas imaginer le regard qu’elle leur lança, car ils s’en allèrent immédiatement. Efficace, la chef ! Il eut un sourire à ce constat. Elle accepta son invitation, et le sourire de l’ex-militaire s’agrandit. Il était réellement heureux. Elle l’entraîna à sa suite tout en lui parlant et lui posant des questions. Elle semblait effrayée lorsqu’elle partait de son possible départ pour le front alors qu’il avait un sourire amer. Il attendit qu’ils soient installés face à face pour lui répondre. « Ne t’inquiètes pas, mon contrat est fini. Et l’idée même d’y retourner, je… » Ses yeux se perdirent dans le vague un instant, tandis que son stupide cerveau lui envoyait des images gravées dans sa mémoire et qu’il frissonnait. Puis il réussit à revenir au moment présent et s’excusa. Quel crétin! Un imbécile traumatisé par son passé, rien de plus! Alors que Candy était là, face à lui, il repartait dans son passé! « Pour ce que je compte faire, c’est idiot mais tu te souviens du fait que j’aimais écrire ? Et bien, j’ai continué à écrire, même là-bas. Et puis, j’ai été repéré dirons-nous. Ce que j’avais écrit plaisait à un éditeur. Alors j’ai fait publier mon premier livre. C’est assez récent et pas très connu, mais si je pouvais continuer, ça serait génial… Et puis, je pense que je pourrais rester sur Détroit, peut être m’y installer. Tout dépend de… » Ike s’arrêta, réfléchit un instant puis reprit. « Tout dépend de plusieurs paramètres. » Phrase peut être idiote mais vraie, il y avait plusieurs choses qui pouvaient influencer sa décision. Il aurait pu expliquer plus avant mais quelque chose retint son attention, une mèche de cheveux de Candy. Une mèche rebelle qui s’était échappée de l’oreille derrière laquelle elle était retenue. Il approcha alors sa main, attrapa délicatement la mèche blonde qu’il glissa avec douceur et replaça derrière l’oreille de Cheyenne. Il avait fait cela naturellement, regardant parfois sa main, mais souvent, ses yeux étaient accrochés au regard de Candice. Il retira ensuite sa main, la posa sur la table et sourit. « Et toi alors ? Tu es donc devenue docteur… Chirurgien ? Et tu as une spécialité ? Je veux tout savoir ! » Il continuait de sourire, heureux et attendant avec impatience de connaître un peu plus de la vie de son amie.

© Chieuze

I thought I'd never see you again ❦
"True love stories never have endings."

Visage qu'elle pensait perdue à jamais, image qu'elle avait enregistré dans son subconscient pour toujours. Ike. Son ami d'enfance. Son premier amour. L'homme qu'elle savait capable d'aimer pour toujours. Contre vents et marées, contre le temps qui les séparait et contre la mort et ses alliés. En vérité, elle avait rejeté ses pensées pour lui il y a quelques années. Candy ne voulait plus avoir mal, elle ne voulait plus supporter tous ces cauchemars concernant la destinée du jeune homme. Elle avait déjà trop perdu et bien trop vite. Et voilà qu'elle disait adieu à Hunter alors qu'Isaac revenait au pas de course vers elle, son regard bleuté désespérément attirant. A croire que certaines choses ne changeaient pas. Le travail des années, de la séparation, rien ne laissait entendre qu'elle avait oublié ses yeux, ce sourire. Rien du tout. Tout était comme hier. Chaque jour qui passait, elle l'avait passé avec son image à ses côtés, son ombre gracieuse virevoltant derrière ses pas. Et voilà qu'il retrouvait son véritable chemin. Ici. Avec elle. Comme si rien n'était jamais arrivé. Elle redevenait une enfant, elle voyait Marie, elle voyait Hunter, elle voyait Ike et son âme se ravivait à ce contact. Son sourire reprenait vie face à celui de Hamilton. Se sentir enfin entière, revivre, reprendre forme humaine et espérer que rien de tout cela ne soit qu'un mauvais tour joué par son esprit.
Rembobiner le film, reprendre là où sa vie s'était arrêtée et écouter les paroles de son amour de jeunesse avec envie et un grand intérêt. L'entendre dire qu'il regrettait en un sens le bon vieux temps, c'était bien trop douloureux. Candy ne regrettait rien de plus que tous ces vieux souvenirs. Elle les idolâtrait, depuis toujours. Tout cela lui manquait, tous ces moments passés ensemble à refaire le monde ou bien à s'inquiéter d'une amie qui ne redeviendrait jamais elle même. Tant pis pour le résultat du moment que la route était belle. Et dieu ce qu'elle était. Malgré sa situation familiale chaotique, la fuite de son frère, la disparition de Mary, Cheyenne avait toujours l'impression que c'était bien cette période qu'elle avait préféré, sans hésitation. Le reste n'était que du réchauffé, celui d'une jeune femme perdue dans sa vie. Elle était restée en mode veille si longtemps que ses quelques mots prononcés ravivaient en elle de si vieilles émotions qu'elle se voyait incapable de réfréner. C'était Ike et tout cela ne changerait jamais.

Tu pensais à moi? Je pensais que tu m'avais oublié il y a des années... Surtout que notre adolescence n'avait rien de très sympathique à vivre alors..

La jeune femme baissa le regard alors que la conversation dériva sur cette maudite révélation. Hunter avait disparu, de la même manière que Mary. Il ne restait que des traces de son passage et encore, tout ce qu'elle avait était un nom sur une pierre tombale et quelques souvenirs flous qui se refusaient à elle pour ne pas qu'elle sombre. Son regard toujours baissé, Candice reprit du poil de la bête. Ike se sentait bien mal désormais de constater que le jeune Mckinley avait lui aussi cédé sa place sur cette Terre. Ainsi va la vie comme le disait le proverbe et tant pis pour le reste. Il fallait continuer et surtout ne pas se voiler la face. Le passé était très bien à sa place et c'est en réalisant cela que la jeune médecin releva son regard bleuté vers Hamilton. Elle ne parla pas alors qu'il s'excusait d'apprendre la nouvelle. Elle ne fit rien. Elle se contenta de rejeter ses larmes et se perdre dans les yeux accrocheurs d'Ike. Comme avant. Comme toujours. Elle l'entendit alors dire que l'armée constituait son passé et son sourire revint vivre sur son visage. Enfin une bonne nouvelle. Et sans qu'elle ne commande ses gestes, elle vit sa main se poser tendrement sur celle du militaire.

C'est une bonne nouvelle si tu restes coincé ici... Ce monde là bas n'est pas fait pour toi. Vaut mieux que tu reste dans le coin, pas loin de moi... Au cas où.

Sourire charmeur aux lèvres, Candy rougit légèrement. Isaac était bien le seul homme qu'elle ne voulait pas charmer, le seul à qui elle se fichait de plaire. les choses n'avaient pas changé non, elle se contentait d'être la jeune fille timide en sa présence et il continuait de l'intimider. Voilà qu'aujourd'hui, il était un écrivain destiné à la renommée. Candy l'avait toujours su, Ike avait du talent, il en avait bien à revendre et savoir qu'il avait enfin une vie méritée, cela raviva les traits de son visage. Avant qu'elle n'ait pu répondre quoique ce soit, elle sentit sa main remettre ses cheveux en place ce qui eut le don de provoquer quelques émotions en elle tandis que la rougeur de ses joues ne semblait pas en voie de disparaître. Cheyenne maquilla le tout d'un sourire alors que le jeune homme concluait sur la possibilité de rester par ici pendant quelques temps selon l'avancée de plusieurs paramètres.

Oh, un livre? Rien que ça! Il faut que je me le procure absolument. Je ne veux rien rater, je savais que tu ferais de grandes choses à ton niveau! Rester? Cela me semble une bonne alternative, enfin tout dépend de tes paramètres... Comme tu dis!

Un léger silence s'interposa entre eux, pendant lequel Candy retraça le passage des doigts d'Ike dans ses cheveux. Recoiffée, la médecin se concentra de nouveau sur Hamilton alors que celui-ci lui posait quelques questions sur sa nouvelle vie. Rien de très intéressant à vrai dire, tout était encore bien frais pour elle et elle avait du mal à réaliser que son destin avait pris une toute autre tournure que ce qui lui était dû quelques années auparavant. Elle sourit une nouvelle fois à son ami avant de répondre à ses interrogations, en toute franchise.

Oh, tu sais c'est tout nouveau. Je viens de devenir chirurgien. Je suis loin de la célébrité comparé à toi. Mais pour le moment, tout va bien je pense. On verra par la suite vers quoi je me dirige.

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