Un bon jardinier sait s'occuper de la luminosité, la terre et l’humidité de ses plantes. Un bon père aussi.

Onze heure. Nathanael ouvrit un oeil. Il était onze heure. Et la chaleur en ce mois d'août était insupportable. Il avait dormit en simple boxer avec un drap, aillant délaissé sa grosse couette depuis longtemps. Toujours de quoi le couvrir. Il ne pouvait dormir sans. Depuis tout petit. Et lors des canicules la situation devenait vite insoutenable. Ce matin la était plutôt bien, chaud mais raisonnablement. Un temps parfait pour sortir. Lui qui ne sortait jamais la journée en été avait bien changé. Ça mère l'avait remarqué mais n'avait rien dit, trop heureuse que le jeune homme aille enfin lâcher son train de vie qui se résumait à boulot, fête et jeux vidéos. Boulot, qu'est ce que ça lui manquait. Les cours lui manquaient. Ses élèves aussi. enfin sauf certaines. Serena par exemple. Depuis le naufrage il ne l'avait plus vu, mais il savait bien que Chuck en était heureux. Chuck, quel abruti celui la. Qui se croyait tout permit, qui l'insupportait, qui se tapait une fille bien plus jeune que lui! Bon lui aussi ce l'était faite... Mais ce n'était absolument pas pareil. Non non non. Et puis lui, c'état il y a longtemps. La dernière fois qu'il avait couché avec une femme remontait à mars. Plus rien depuis, lui qui avait été si longtemps coureur de jupon. Une raison à cette abstinence. Et même plusieurs. Déjà, il avait peur de mettre une autre femme enceinte. Un bébé ça lui suffisait pour le moment. Deuxième raison: Il allait être papa, qui plus est avec la femme qui lui plaisait et à qui il pensait de plus en plus. Dans son esprit il était totalement impossible de la tromper. De les tromper. Elle et le bébé. Troisième raison, et pas des moindres: il avait beau eu essayer, pour Hesther il était totalement hors de question de repasser dans son lit. Triste sort. Pas une seule personne en cinq mois et demi. Une éternité, qui risquait de durer encore. Dans son esprit il était impossible d'aller voir ailleurs. Peu être un jour se blocage cesserait, mais pas maintenant. Il n'avait même pas réussi à draguer sur le bateau. Bateau, mauvais souvenir. Un mois c'était écoulé. Il avait gardé les cicatrices à son bras, elles ne le quitteraient plus. Signe éternel de cette discussion, avec Payton. Sur la paternité. Paternité qui lui foutait une trouille bleu. Il était terrifié. Parce qu'il ne savait pas quoi faire. Aucune idée. Et ce n'était pas Keelan qui l'aidait. Encore moins sa mère qui ne savait rien. Il vivait chez elle, elle le foutrait à la porte en apprenant. Il n'avait pas de logement à lui, ne savait même pas s'occuper de lui, alors un bébé. Il avait son salaire, salaire qui longtemps été passé dans ses conneries. Mais maintenant il avait apprit une nouvelle chose. À économiser. Il avait encore du mal mais il y arrivait. Économiser... Pour l'enfant. Son fils, ou sa fille. Pour qui il serait la. Il ne savait pas encore comment, mais il le serait. Parce qu'il ne savait que trop bien ce que c'était que de grandir sans père.

Nath se leva rapidement, passa à la salle de bain avant de s'habiller et de descendre saluer sa mère. Il la prévint rapidement: il ne mangerait pas la. Il allait "avec des amis se balader". Quel excuse. Il parla un peu avec elle puis monta dans sa chambre, prit son sac à dos et y enfouit le cadeau qu'il avait prévu d'emmener chez Hesther. En partant de chez elle la veille il était passé devant une boutique de jouet. Il était entré, un peu émerveillé. Des peluches, par milliers. Mario, Pikachu, Thor, Dinosaure. Des tas et des tas de modèles. Et ses yeux brillaient. Jusqu'à trouver LE cadeau. Parmi tout ces symboles, ces modèles qui l'accompagnaient partout, il se décida sur un ourson, simple, crème et brun. Une sorte de tissus à tête d'ours. Pas du tout pop culture. Juste mignon, enfantin. Juste ce qu'il fallait. Ils n'avaient encore absolument rien prévu pour l'enfant, rien acheté. Il ne leur restait que trois mois. Trois mois qui passeraient vite. Il sourit en regardant l'objet puis le rangea, prit quelques autres choses et ferma la sac, le posant sur ses épaules. Puis il descendit et sortit, direction Railway Place. Un détour chez le chinois pour prendre le repas. Il avait fini par connaitre les goûts de la jeune femme et prit ce qu'il fallait pour lui plaire. Il marcha encore un peu et frappa à la porte du condo. Et ce fut une Hesther déjà bien enceinte qui ouvrit. Resplendissante. Il ne pu que sourire, comme toujours. "Salut ma baleine adoré! Je te ramène le repas je me suis dit que ça te ferait plaisir de ne pas avoir à cuisiner ce midi." Sa baleine. Il avait prit l'habitude de l'appeler ainsi. Parce qu'il en avait eu marre, tout simplement. Marre que la jeune femme passe son temps à se dire grosse. Il avait beau lui dire qu'elle était superbe et rayonnante, elle avait continué. Alors un jour, exaspéré, il lui dit. "Oui d'accord d'accord, tu es énorme Hesther, une vrai baleine. Je peux regarder mon film maintenant?" Il se demandait encore comment il avait fait pour ne pas avoir de baffe ce jour la. Et depuis c'était resté. Il donna le paquet de nourriture à la femme et entra sans vraiment d'invitation, fermant après lui, retirant sa veste et se posant dans un coin du salon. "Tu vas bien? Pas trop fatigué? Et la tension? Tu as vu le médecin récemment?" Il la regarda, sincèrement inquiet. Il voulait son bien. Il se releva et alla chercher de quoi boire dans la cuisine, attendant la réponse de son amie. Il était quasiment chez lui. Depuis qu'il savait qu'il allait devenir père, il passait quasi quotidiennement.

Porkii

La difficulté de la paternité contemporaine tient notamment au fait qu'il faut improviser.

Nathanael & Hesther

Un rayon de soleil éclatant venait réchauffer sa peau. Contact agréable. L'espace d'un instant, elle ferma les yeux, se laissant porter par le bruit de ressac. L'eau se retirant lentement sur le sable ; doux parfum iodé qui parvenait jusqu'à ses narines. Doucement, elle ouvrit les yeux. Une forte envie d'aller piquer une tête s'empara de la jeune avocate. Envie qui serait toutefois reléguée au placard. Hesther ne tenait pas à ce que l'on parle dans son dos et avait encore moins envie de s'afficher. S'afficher avec un ventre énorme – ou presque – très peu pour elle. Enceinte, de près de 5 mois, elle avait du mal à assumer tout ce que cela pouvait comporter. Changements radicaux dans son corps alors qu'elle se sentait totalement dévastée aussi bien mentalement que physiquement. Les conditions de la création de cet enfant – combiné au fait qu'il n'était pas voulu – n'arrangeaient en rien les choses. Si certaines femmes pouvait voir la grossesse comme quelque chose d'absolument fantastique, Hesther elle, voyait ça comme un véritable fiasco. Depuis l'annonce vécue comme un drame, elle faisait tout pour ne pas s'accrocher à ce futur enfant. De toute manière, elle n'avait pas dans l'idée de le garder, c'était impossible. Quel modèle pourrait-elle offrir à un bambin, quelle vie pourrait-elle lui donner ? Cet enfant serait mieux auprès de parents aimants, formant un vrai foyer et parfaitement équilibrés, plutôt qu'ici, au milieu de son boulot qui lui prenait trop de temps, d'un « père » complètement à la ramasse. Non, c'était clairement impossible. Et puis pour finir, elle était bien trop égoïste pour pouvoir élever qui que ce soit. Voir sa tranquillité et son quotidien totalement chamboulé par un être minuscule et brailleur, non !

En parlant de quotidien chamboulé, un bruit sourd venant de la porte se fît entendre. Abandonnant sa place fétiche – elle se releva difficilement du transat – et marcha jusqu'à la porte d'entrée. Pas besoin de se demander qui pouvait bien lui rendre visite en cette fin de matinée. Nathanael, comme presque tous les jours. Routine qu'il se plaisait à installer alors qu'elle ne lui avait rien demandé. Le visage enfantin du jeune homme apparu dans l'encadrement de la porte, alors qu'elle ouvrait cette dernière. L'avocate eût du mal à contenir sa grimace et feinta l'énervement. « Baleine... je t'en foutrais ! » Elle s’effaça pour le laisser entrer. Rectification, il entra sans demander la permission. Un brin sans gêne. Hesther avait eût le malheur de dire une fois, une seule fois seulement, fait comme chez toi et depuis il avait pris cette phrase au pied de la lettre. « Merci pour le repas, c'est gentil à toi, mais tu n'étais vraiment pas obligé. ». Elle s'empara du sac qu'il lui tendait et le posa sur l’îlot central de la cuisine, qui donnait sur le salon. La jeune femme n'eut pas le temps d'ouvrir la bouche, que déjà un flot de questions se déversa en cascade sur elle. Un sourire mi-figue mi-raison s'afficha sur son visage alors qu'elle levait les yeux au ciel. « Tout va bien, rassures-toi. Je ne suis pas fatiguée, je ne fais que dormir je te rappelles, d'ailleurs je commence à m'ennuyer ferme, le no man's land c'est drôle cinq minutes mais on s'en lasse vite. Nath', soupira-t-elle, arrêtes de t'inquiéter pour rien. Je suis très bien suivie par le médecin, tout va bien. »

Peut-être était-il temps d'aborder le sujet, celui qu'elle redoutait par dessus tout. Parler du fait qu'elle ne voulait pas de cet enfant, qu'elle ne tenait pas à l'élever... Comment s'y prendre ? Elle n'en savait rien, elle avait eu beau retourner la question en tout sens, aucune solution préférable à une autre n'était ressortie. Debout, à mi chemin entre la cuisine et le salon, un air coupable affiché sur ses traits, elle posa une main sur son ventre rebondi. « Et toi ça va ? », demanda-t-elle pour noyer le poisson. Sans prendre de pincettes, n'y tenant plus, elle se jeta à l'eau, sans bouée. « Écoute Nath', j'ai quelque chose à te dire, je pense que ça ne va pas te faire plaisir, je pense même que tu ne vas pas être d'accord du tout, mais tant pis, ça me bouffe trop. Elle se mordit la lèvre inférieur avant d’enchaîner. Je pense que c'est mieux si... si on le fait adopter. C'est sûrement la meilleure décision à prendre et la plus responsable. Quelle vie veux-tu qu'on lui offre ? Vivre au milieu de ce modèle familial inexistant c'est carrément malsain... on... on ne peut pas lui faire ça. L'adoption ce serait le meilleur service qu'on puisse lui rendre. ». Sans reprendre son souffle, elle avait lancé ça comme ça, à la tête de celui qui apparaissait comme l'un de ses amis il y a peu encore. Aucune tristesse dans le ton employé, juste la criante vérité.

Un bon jardinier sait s'occuper de la luminosité, la terre et l’humidité de ses plantes. Un bon père aussi.

Nathanael était rentré comme ça, sans attendre. Une habitude désormais. Depuis que le médecin avait annoncé la grossesse il passait le plus souvent possible chez elle. Réparer ses bêtises? Non pour sa il était bien trop tard. Simplement... Soutenir cette femme qui portait son enfant, la rassurer, lui prouver qu'il pouvait être responsable. Lui prouver qu'il était la. Pour elle, rien que pour elle. Il ne bossait pas, il avait tout son temps pour elle. Et puis plus il venait, plus il la trouvait rayonnante. Belle comme un coeur, souriante, chaleureuse. Sans même qu'elle ne s'en rende compte le bébé l’embellissait. Elle avait beau faire la tête, son visage respirait le bien être et la joie. Elle ne voulait peu être pas de ce bébé, mais au fond d'elle elle l'acceptait très bien. Sinon, elle aurait à peine grossit. C'était ça que de ne pas le vouloir. On le perdait. Et puis Nath était sur qu'elle tomberait éperdument amoureuse de l'enfant. Et peu être qui sait, dans un futur lointain, de lui. Il espérait sans espérer. Un simple rêve, auquel il refusait de s'attacher. De toute façon, que foutrait une belle avocate comme elle avec un garçon comme lui. Elle perdrait son temps. Qu'il soit le père de l'enfant ou non. De toute façon le père, ce n'était pas le géniteur, mais celui qui était la pour l'élever. Et Nathanael n'avait qu'une peur. Qu'Hesther parte élever son enfant avec un autre homme. Un homme d'affaire qui la mériterait bien plus qu'elle. Et lui se retrouverait tout seul, comme un con, sans une partie de son coeur. Hesther et l'enfant. Ils avaient choisit des prénoms, la semaine d'avant. Elle lui avait dit d'office que tout ce qui sortait de films, BD ou jeux vidéos était à oublier. Elle lui avait sorti des nom très chicos, trop stricte. Tout ce qu'il n'était pas. Il avait eu l'idée de lui proposer des noms Irlandais. Avec son accent à couper au couteau Personne n'aurait pu douter de ses origines. Il y avait vécu toute sa vie, il en connaissait des prénoms. Plusieurs étaient ressorti. Aislinn, pour une petite fille. Ce nom signifiait rêve. Beau nom pour une petite princesse. Pour les garçons le choix avait été plus dur. Niallán, le champion en gaélique. Ou Aidhàn. Le préféré d'Hesther. Tout un tas de prénoms tous aussi mignon. "Merci pour le repas, c'est gentil à toi, mais tu n'étais vraiment pas obligé." "Ça me fait plaisir, et puis je n'ai pas envie de te laisser seule, se serait affreux de ma part. Qui plus est, bébé a besoin de se nourrir." Il lui sourit et s'approcha. La partie d'Hesther qu'il préférait avait longtemps été ses yeux. Désormais toute son attention tournait autour de son ventre. Il se mordit la lèvre en voyant le ventre rond. Son enfant. Son bébé. Tout cela semblait si irréaliste. La plus belle fille de la ville, et lui. Tout les deux. Et un enfant. Leur bébé. Joyeux programme. Il retourna à son canapé alors qu'elle parlait, tentant de le rassurer. "Tout va bien, rassures-toi. Je ne suis pas fatiguée, je ne fais que dormir je te rappelles, d'ailleurs je commence à m'ennuyer ferme, le no man's land c'est drôle cinq minutes mais on s'en lasse vite. Arrêtes de t'inquiéter pour rien. Je suis très bien suivie par le médecin, tout va bien." "Je m'inquiète si je veux. Tu es toute seule dans cette grande baraque et j'aime pas ça.. Pourquoi tu ne sors pas? Vois des amies, amuses toi un peu. Tu sais tu as le droit d'être heureuse. Tu es sensé être épanouie et non renfermé sur toi même. Tu veux que je t’emmène faire un tour? Voir du monde? On pourrait aller à la plage ou en foret, ou au cinéma, tout ce qu'il te plaira" Il agrémenta sa phrase d'un sourire. Promesse de cette affection qu'il éprouvait pour elle, celle qui lui disait qu'il pourrait même déplacer des montagnes si elle le demandait. Qu'il pourrait tout faire pour elle, et leur enfant.

Le verre qu'il tenait manqua de tomber. Il avait à peine eu le temps de répondre qu'elle lui lançait la bombe à la figure. "Écoute Nath', j'ai quelque chose à te dire, je pense que ça ne va pas te faire plaisir, je pense même que tu ne vas pas être d'accord du tout, mais tant pis, ça me bouffe trop.Je pense que c'est mieux si... si on le fait adopter. C'est sûrement la meilleure décision à prendre et la plus responsable. Quelle vie veux-tu qu'on lui offre ? Vivre au milieu de ce modèle familial inexistant c'est carrément malsain... on... on ne peut pas lui faire ça. L'adoption ce serait le meilleur service qu'on puisse lui rendre." Adopter. Abandonner cet enfant. L'enfant et sa seule chance d'être enfin avec elle. Laisser une partie de lui à un autre couple. Même pas en rêve. Hors de question. C'était son enfant merde. "Attend.. Tu plaisantes la non? dis moi que tu plaisantes. Parce que moi vivant, jamais personne ne prendra notre enfant. C'est notre bébé Hesther, le notre! Regardes j'ai pas eu de père e je m'en sort très bien! Notre bébé aura deux parents, qui s'entendent à merveille. Si tu veux tout savoir je suis en train de chercher un appartement, je fais tout pour préparer l'arrivé du bébé parce que c'est le notre et que je veux l'assumer. J'm'en fou d'être responsable. On saura s'y prendre j'en suis certain, on va l'avoir ensemble ce bébé, et personne ne nous le prendra, je refuse." Il la regardait, déterminé, trop bête pour comprendre à quel point il était égoïste. Mais c'était son fils, ou sa fille. Une partie de lui, qu'il n'abandonnerait jamais. Il se mordit la lèvre, troublé. Chercha son sac, l'attrapa et sortit la peluche. Il marcha jusqu'à Hesther et lui donna l'ourson, avant de mettre sa main sur celle fraîche d'Hesther, posant le jouet et leurs mains sur le ventre rebondis. La tête pleine de rêves et d'espoirs. La regardant droit dans les yeux, le regard presque suppliant. "J't'en prie Hesther ne fait pas ça, tu le regretterais toute ta vie.. C'est notre bébé Hesther, le notre."

Porkii

La difficulté de la paternité contemporaine tient notamment au fait qu'il faut improviser.

Nathanael & Hesther

Tourbillon ressemblant fortement à une tempête de sable dans sa tête. Depuis quelques jours, elle cherchait comment annoncer à Nathanael qu'elle ne souhaitait pas garder leur enfant. Le fait qu'ils soient tombés d'accord sur un prénom pour le bébé ne changeait absolument pas la donne. L'avocate avait tenté de participer avec Nath', de s'impliquer un peu plus, en se persuadant qu'elle pourrait aller au bout des choses et l'élever comme toute personne responsable, mais plus elle y pensait et plus elle angoissait à cette idée. Ce serait se montrer vraiment irresponsable que d'élever un bambin dans de pareilles conditions. Elle restait persuadée qu'il n'y avait qu'une seule et unique bonne solution, l'adoption. Trop de fois elle avait reculé, afin de repousser au maximum le moment ou elle aborderait le sujet avec Nath – qui semblait vraiment ravi de cette arrivée - jamais elle n'aurait imaginé qu'il puisse prendre la nouvelle de cette façon, et encore moins qu'il ait envie de s'investir à ce point. Un peu gênée, elle ne se comportait pas vraiment comme d'habitude, elle laissa le sac de nourriture sur le plan de travail de la cuisine. Hesther ne releva pas le fait qu'il fallait que bébé se nourrisse, elle tiqua un peu plus sur le reste de la conversation. Pourquoi sortait-elle très peu ? Très bonne question dont elle connaissait parfaitement la réponse. Elle n'assumait absolument pas cette grossesse et n'avait donc aucune envie de croiser des visages connus, ou bien même d'être aperçu dans cet état. La jeune femme en aurait presque pleuré que d'avouer une telle chose à son ami. Lentement, elle secoua la tête en signe de négation. « Non je n'ai pas envie de sortir, ou de voir du monde pour le moment. Je... j'ai toujours un peu de mal à sortir depuis la prise d'otage. Aller à la plage ? Elle baissa les yeux au moment où il lui adressa un immense sourire à faire fondre n'importe qui. Je n'y arriverais pas. Je ne me sens pas bien dans mon corps, tu as raison je ne suis pas épanouie du tout parce que je ne vis pas très bien cette grossesse, enfin pas au sens médical, là dessus tout va bien comme dit à l'instant. Elle releva les yeux. Je n'assume pas du tout pour ce qui est du reste, c'est le gros bazar dans ma tête et j'avoue que je ne me sens pas très bien moralement. »

Un malaise latent, un instant de silence, où l'avocate cru tomber dans les vapes. Avant que Nathanael ne prenne la parole, elle s'imagina en un court laps de temps tous les scénarios possibles et imaginables. Nath' furieux et cassant tout, Nath très compréhensif et adulte... mais elle n'avait pas pensé à ça, à savoir la version égoïste de son ami, ne voulant absolument rien savoir et délibérément décidé à aller jusqu'au bout de leur erreur. Les arguments du jeune homme ne trouvait pas receveur auprès de Hesther. D'ailleurs, il semblait tout à fait abasourdi et ne semblait pas vraiment comprendre. C'était peut-être leur enfant, mais ils n'avaient absolument aucun droit sur lui et encore moins celui de ruiner de A à Z sa vie à cause de leur égoïsme et de leur irresponsabilité. Elle n'en revenait tout bonnement pas qu'il ramène tout à lui. Deux parents à mi-temps, quelle superbe vie pour un enfant, décidément, il ne comprenait rien à rien ! La partie ne s'annonçait pas si facile qu'elle l'avait tout d'abord pensé. Nath' n'avait pas vraiment de droit sur cet enfant, sauf s'il réclamait un test de paternité. L'avocate ne comptait pas compliquer les choses en se montrant procédurière. Cette discussion la rendait nerveuse, elle sentait que le ton n'allait pas tarder à monter d'un cran. « Je ne plaisante pas Nath', est-ce que j'ai l'air de rire ? Arrête de tout ramener à toi et pense durant un instant seulement à cet enfant et à la vie qu'on va pouvoir lui offrir. On est pas ensembles, comment veut-tu qu'il grandisse dans un cadre familial comme celui-ci ? Tu t'en fiches d'être responsable ? C'est la meilleure celle-là ! Grandis un peu Nath'... Elle baissa les yeux, et sentit qu'elle perdait pied. Mais on est pas ensembles... ce n'est pas vraiment l'image que je me faisais de la grossesse et encore moins d'une famille... Je... je ne peux pas, c'est plus fort que moi, ce n'est pas faute d'avoir essayé, mais je n'y arriverais pas. J'ai peur, je flippe comme jamais peut-être plus encore que lors de la prise d'otage. Je m'en sens incapable, c'est au dessus de mes forces, tu comprends ça ? Élever un enfant que je n'ai pas voulu c'est non ! »

Plus elle y pensait et plus elle se sentait mal. Ravagée de l'intérieur par cet enfant qui prenait de plus en plus de place, mais aussi dans sa tête. Le geste du professeur la toucha, et lui fit prendre conscience à quel point il semblait attacher à l'idée d'avoir cet enfant avec elle. Les larmes lui montèrent aux yeux. Trop pour elle, elle ne pouvait pas. Peut-être qu'un jour elle le regretterait, mais pour le moment c'était au dessus de ses forces. Trop pour ses épaules. Une goutte salée s'écrasa sur sa joue au moment où son ami posait sa main sur son ventre. Elle murmura : « Tu n'as pas le droit de me demander une chose pareille Nath', il faut penser à lui ou elle, et non à nous ! Je suis désolée. », dit-elle avant de se réfugier dans les bras du jeune homme et de chercher du réconfort en posant sa tête contre le torse de ce dernier.

Abandonné & verrouillé