« Ou comment passer du chic à l’inélégance... »

Travail, travail, travail. Il n'y avait rien d'autres dans la vie de Lucy depuis une bonne grosse semaine. La fatigue, la nervosité et tout ce qui s'en suit prenait toute la force de la jeune fille qui n'avait besoin que d'une seule chose en ce jour : une bonne virée pour reprendre de l’aplomb aussi bien pour son besoin personnel et pour pouvoir continuer à travailler sans faire de dépression avant l'âge !
Cela tombait bien car elle avait prévu une petite surprise à sa chère amie Hester qui devait la rejoindre pour souper en sa compagnie au casino. Lieu chic et souvent peuplé de la gente masculine la plus belle et plus riche de la ville. Ce que son amie ne devait pas se douter par contre c'est qu'aujourd'hui il s'agissait d'une occasion spéciale pour l'établissement, c'était leur anniversaire qui se fêterait par une grande soirée des plus chics.

Avant de prendre la route vers le Casino pour vingt heures précises, Lucy se devait de rentrer chez elle pour terminer de remplir quelques papiers administratif pour la boîte afin d'avoir l'exclusivité sur la nouvelle thérapie trouvée pour soignée une de ces nombreuses maladies qui font de nombreuses victimes et qui tant bien que mal tente de trouver une solution alors que nous savons presque tous qu'ils n'y arriveront jamais... Cela faisait maintenant une heure et demi qu'elle se documentait pour pouvoir prouver que la connaissance sur le thème était leur et qu'il se devait d'avoir le contrat même si c'était loin de lui plaire...

Il lui restait maintenant une toute petite heure pour se préparer mais cela lui serait suffisant car elle avait été faire les boutiques dans la matinée pour trouver LA tenue idéale pour l'occasion : du glamour sexy pour s'amuser tout en restant chic. Ce soir c'était hors de question de déborder, il ne fallait pas traumatiser son amie qui ne l'avait jamais vue dans un état second.

Une fois apprêtée elle prit la route vers son amie en espérant qu'elle y arriverait avant Hester pour qu'elle évite au maximum les grandes affiches extravagante qui pourrait faire reculer la jeune fille. La soirée devait être signée chic et amusement mais lorsque Lucy se laisse entraîner on sait quand on démarre mais jamais quand on s'arrête ni où on se destine à aller...

Lucy Ҩ Hesther

« Ou comment passer du chic à l'inélégance »

Un fin halo de condensation s'était formé autour de sa main. Songeuse, elle observait les fines gouttelettes de vapeur soulignant avec délicatesse la forme de ses doigts. Ses pensées voguait ça et là, alors que son regard se posait sans jamais se fixer, sur la lumière qui entrait par la fenêtre de son bureau. Une lueur orange et bleutée indiquait que le soleil se couchait petit à petit, nimbant Detroit de ses derniers rayons, offrant ainsi un peu moins de chaleur, un peu moins de souffrance à ses habitants.
L'avocate devait être la dernière des employés à se trouver dans le cabinet Murphy & Thorton, même son collègue, Jacob, qui passait pourtant sa vie à errer dans les lieux, venait de déserter l'endroit il y a plus d'une heure. Que faisait-elle encore ici ? Ne ferait-elle pas mieux de prendre ses clics et ses claques et d'aller se préparer pour sa sortie de ce soir ? Assurément, oui. Mais elle tenait par dessus tout à boucler le dossier qu'elle avait entre les mains. Dossier un peu complexe et récalcitrant, elle ne voulait oublier aucun détail, son client comptait sur elle, elle devait assurer la meilleure défense possible. En grande acharnée qu'elle était, elle pouvait passer des heures et des heures à tout vérifier, tout analyser, afin de ne passer à côté de rien. Sa réputation grandissait d'ailleurs de jours en jours, il n'était pas bon de se trouver face à elle lors d'un procès.

Un rapide coup d’œil à sa montre, lui indiqua pourtant qu'elle n'avait plus le temps de potasser le sujet, et qu'il était grand temps de partir. Hesther ne voulait en rien faire attendre son amie, cela n'aurait pas été correct de sa part. Du pied, elle donna une impulsion vive au sol, afin de faire reculer son fauteuil de bureau, elle fit pivoter ce dernier, puis se leva avant de regrouper ses affaires éparpillées un peu partout.
Alors que l'ascenseur la menait tout droit dans les entrailles du gratte ciel, elle songea à la tenue qu'elle allait bien pouvoir porter. Ce n'était qu'un dîner entre amies, pas besoin d'en faire des tonnes. La soiréé avait tout de même lieu au Casino, elle ne pouvait donc pas y aller en jean/baskets. Dilemme quand tu nous tiens. Elle verrait bien ce qui serait le plus adéquat, lorsqu'elle se trouverait devant son dressing. Pour l'heure, il fallait encore retrouver sa voiture, une chance que le parking soit presque désert, cela lui éviterait bien des déboires.

L'imposant 4*4 d'un certain constructeur Suédois, vrombit alors qu'elle tournait la clef pour mettre en route le moteur. A cette heure-ci, la circulation était quasi inexistante, voilà sans doute une des raisons pour laquelle elle se plaisait à quitter le bureau à une heure plus qu'avancée de la fin d'après-midi. La lumière jaunâtre des réverbères, balayait le véhicule, faisant apparaître des ombres dansantes qui mourraient presque aussitôt à l'intérieur de l'habitacle. Sur fond sonore de Stevie Wonder, elle arriva rapidement sur Railway Place. Le quartier qui lui avait tapé dans l’œil dès son arrivée. Elle s'était promis à elle-même, qu'un jour, elle habiterait ici, non loin de la plage. Chose promise, chose due, elle était maintenant propriétaire d'un coquet petit appartement, dont elle était très fière. Un peu comme une mère pourrait être fière de son enfant. Le moment tant redouté était arrivé. En pleine contemplation devant ses vêtements, la jeune femme se triturait les méninges. Cette robe ? Non, trop courte. Celle-ci ? Non, trop habillée. Celle-là ? Mhh, pourrait faire l'affaire si elle devait rendre visite à sa grande tante qui n'a plus de dents. Désespoir. Puis elle tomba sur la tenue qui lui semblait être la plus appropriée, une robe vert émeraude, à la fois chic et classique, qui n'appelait pas au viol. Parfait !
Après un rapide passage par la case salle de bain, elle en ressortie vêtue, coiffée, maquillée, fin prête pour profiter au maximum de cette soirée et de la présence de son amie qu'elle n'avait pas revu depuis un petit bout de temps.

Retour sur le moelleux des sièges en cuir du 4*4, direction la périphérie du centre ville, soit Landmarks Boulevard. Un léger filet d'air vint lui caresser le visage, alors qu'elle ouvrait la portière du véhicule après avoir atteint sa destination à la vitesse de l'éclair. Un homme, en uniforme, aux couleurs de l'établissement vint chercher sa voiture. Une chance qu'elle n'ait pas à se garer aux alentours, exercice de haut vol que de stationner dans ce secteur. D'un pas assuré signé Louboutin, elle gagna l'entrée du lieu du rendez-vous. Pas de Lucy en vue pour le moment. Elle patienta donc en pianotant sur son téléphone portable. Elle n'avait guère prêté attention à ce qu'il se passait autour d'elle, elle ne remarqua donc pas les affiches placardées un peu partout, annonçant les couleurs de la soirée. Peut-être aurait-elle pris ses jambes à son cou si elle avait aperçu ce qui se tramait en vérité.

fiche par century sex.

« Ou comment passer du chic à l’inélégance... »

La ponctualité de son amie était un don remarquable qui avait même le don d'exaspérer Lucy pour qui il en fallait beaucoup pour arriver à temps à un rendez-vous. Était-il si impoli d'avoir des empêchement et de faire patienter quelques minutes les personnes qui sont de toute façon venues pour vous voir et qui quoiqu'il arrive ne vous en voudrons jamais. Si Lucy avait le don de stresser pour beaucoup de choses, elle n'aurait pas été contre que son amie arrive quelques minutes en retard histoire de pouvoir planifier le reste de la soirée...

Le voiturier allait une fois de plus prendre du plaisir en allant garer le monstre dans lequel Hester semblait à la fois minuscule et majestueuse. Il était difficile d'imaginer qu'une fille conduise un tel engin agressif et imposant, ce n'était en tout cas pas dans les cordes d'une mannequin fragile et plutôt branchée du côté sportif délicat. Une fois que son amie fut près d'elle, Lucy la salua et la gratifia de sa présence, elle était époustouflante et élégante. Elle emmena la jeune fille dans la grande salle et demanda à ce qu'on les conduise à une table pour deux personnes avec vue sur la ville.

Darling comment vas tu ? Tu travailles toujours pour la petite boutique de musique au garçon remarquablement craquant ? Il ne s'est toujours rien passé entre vous ? Et le boulot comment cela se passe ? Perso j'ai un cas relativement prenant qui me prend beaucoup de temps. Mais bon allez allez j'arrête de parler du travail parlons plutôt de toi. Cela faisait longtemps qu'on ne s'était plus vue j'espère que le cadre de notre rencontre ne te dérange pas ? Je sais que j'ai ce petit tempérament pile électrique qui agace les gens parfois, je ne vois pas pourquoi d'ailleurs... Lucy fit une pause avant de reprendre toujours sur ce ton spontané et à une vitesse incroyable : Oh au faite je ne t'ai pas prévenue mais c'est l'anniversaire du casino il y aura certainement un petit spectacle mais rien de bien extravaguant si cela peut te rassurer. Du champagne ça te dit ? Ou tu préfères la vodka ? Oh je m'excuse je ne te laisse pas en placer une, vas-y je t'écoute. Tu vas comment ?

Lucy appela le serveur afin de réserver et de ne pas être dérangée une fois qu'elle serait lancées dans leurs discutions. Le plat du jour avec leur homard grillé accompagné d'une purée de différents légumes fit de l’œil, elle fit donc ce choix et prit une bouteille de leur meilleur vin blanc. La jeune fille connaissait bien leur produit et rassura son amie : un verre de vin ne les tuerait pas elle pouvait se faire ce petit plaisir pour une fois ! Hester semblait un peu réticente à l'idée de boire de l'alcool mais ne commanda rien d'autre à boire ce qui faciliterait le but de Lucy pour cette soirée : prouver qu'on peut avoir un boulot prenant, une vie privée des plus compliquées tout en s'amusant le weekend comme si nous avions une seconde vie. Cela ne serait sans doute pas une mince affaire mais tout le monde sait que ce n'est pas poli de quitter la table le verre remplit... Au bout de quelques bouteilles les deux jeunes filles devraient avoir le temps de voir leur soirée arriver ainsi que ces charmants jeunes hommes qui ne quittaient déjà plus leur table des yeux.

Être célibataire a beaucoup d'avantages dans la vie mais est-ce que les deux jeunes filles sont sincères l'une envers l'autre ? Sont-elles célibataire jusqu'au fond du coeur ou est-ce que l'alcool délierait les langues en plus de délier le caractère de la jeune Hester ?

Le regard toujours rivé à l'écran lumineux de son petit bijou de technologie, Hesther avança tranquillement jusqu'à l'entrée du Casino, sans réellement prendre garde à ce qui pouvait bien l'entourer ou bien même aux regards qu'on pouvait lui jeter. Son attitude totalement désinvolte et nonchalante, qui la caractérisait tant et visait à la faire passer totalement inaperçue - son but étant de se noyer dans le décor – produisait l'effet inverse, bien qu'elle n'en eût absolument pas conscience. Relevant légèrement la tête, elle aperçue son amie - qui comme toujours était très en beauté - lui faisant de grands signes insistants. Ne tardant pas à la rejoindre, elle la suivit ensuite bien sagement à l'intérieur de l'établissement, qui s'était paré de ses plus beaux atours pour l'occasion... Mais quelle occasion au juste ? Cela mis la puce à l'oreille de l'avocate. Quelque chose devait se tramer, mais quoi exactement ? Sans doute rien de bien méchant. Après tout la renommée du Casino n'était plus à faire et c'était un endroit tout à fait respectable, tout du moins en apparence. Après tout, peut-être que comme dans cette fameuse série, les dessous du Casino n'étaient pas si beaux que ça à voir. Perdue dans ses pensées un brin ubuesques, elle se laissa conduire jusqu'à une table, où elle s'installa sans demander son reste.
Les deux amies ne s'étaient pas vues depuis, quelque chose semblant ressembler à s'y méprendre à l'éternité. Telle une mitraillette, Lucy posa ses questions les unes à la suite des autres, sans lui laisser ne serait-ce que le temps de pouvoir en placer une. Chose qui ne semblait déranger en rien l'avocate, habituée à ce genre de « coutume » avec elle. Un sourire naissant sur son visage au fur et à mesure des questions de la jeune femme. Le moins que l'on puisse dire c'est que Lucy était telle une bouffée d'air frais dans cette chaleur environnante, elle avait ce don tout particulier de faire s'envoler le moindre de vos petits soucis, le moindre de vos petits tracas en un battement de cils. Organisant mentalement les réponses qu'elle allait bien pouvoir fournir à son amie, elle commença par la première, certainement la plus simple et qui ne demandait pas une grande réflexion de sa part ; pour ce qui était du reste, ce serait sans doute une toute autre paire de manches.

« Et bien... je crois que je vais très bien, malgré cette chaleur écrasante qui ne nous laisse guère de répit. Rougissant légèrement elle fixa son regard sur la nappe d'un blanc immaculé qui ornait la table. Je travaille toujours là-bas, vu le montant de la guitare que j'ai littéralement explosée c'est un miracle que je sois encore en vie... Ça change de mes clients pédants on va dire. J'aime bien lui donner un coup de main, même s'il ne parle pas beaucoup. Fronçant légèrement les sourcils, tout en se triturant nerveusement les mains, elle apposa son regard à celui de son amie. Non, il ne s'est rien passé et il ne se passera rien. Pas mon genre... Pas franchement persuadée par ce qu'elle avançait là, elle passa rapidement à la question suivante. Tout se passe bien au boulot, même si je croule sous les dossiers, je suis sur certaines affaires passionnantes, d'autres beaucoup moins. D'ailleurs il y a une de mes clientes à qui je referais bien le portrait juste par plaisir. Je n'ai pas trop le temps de penser à autre chose, enfin c'est surtout parce que je le veux bien... Sur quel cas tu travailles si ce n'est pas indiscret Sweetie ? Un nouveau sourire vint illuminer le visage de l'avocate. Non, ça ne me dérange en rien, ça change des lieux dans lesquels j'ai l'habitude de sortir on va dire. C'est vrai qu'on ne s'est plus vues depuis un petit bout de temps, bien trop longtemps en fait. La remarque de Lucy lui arracha un léger rire. D'un ton ironique elle dit alors : Oh non, je ne vois pas de quoi tu parles, tu es quelqu'un de très calme et totalement posé. Un clin d’œil accompagna la fin de sa phrase. Ce côté pile électrique ne me dérange en rien, au contraire, avec toi on ne s'ennuie jamais et ça c'est appréciable. Hesther jeta un regard alentours avant de reprendre la parole. J'ai cru comprendre qu'il se passait quelque chose de spécial ce soir en voyant la déco. Un petit spectacle ? Des chippendales j'espère. Cette remarque la fit rire quelques instants avant qu'elle ne retrouva son sérieux. Du champagne, ce sera parfait... enfin pas plus de deux coupes, je conduis. »

L'alcool et elle faisant deux, elle prenait toujours garde à ne pas boire plus que de raison. Lucy interpella d'un geste on ne peut plus gracieux un serveur. La jeune avocate commanda la même chose que son amie et opta pour le plat du jour qui semblait fort alléchant. La blondinette ne pût s'empêcher de commander une bouteille de très bon vin blanc, visant à accompagner le repas et qui irait sans nul doute somptueusement avec le homard. L'avocate se promis à elle-même de ne pas abuser et de n'en prendre qu'un verre, un tout petit verre.
Une fois le serveur emportant leurs deux commandes, Hesther se tourna vers son amie.

« Et toi alors, comment vas-tu ? Quelles sont les dernières nouvelles ? Raconte moi tout, je veux tout savoir, surtout si tu as une anecdote croustillante à partager. »

« Ou comment passer du chic à l’inélégance... »

Quand vous êtes journaliste, une des choses les plus importantes lors de vos interviews, c'est de pouvoir discerner le vrai du faux que ce soit dans le ton de la voix, dans les yeux ou dans la gestuel. Histoire de ne pas écrire n'importe quoi dans ces articles. C'est pourquoi, elle remarqua bien qu'Hester n'était pas à l'aise au sujet du mystérieux jeune homme auprès de qui elle travaillait mais ce ne sera sans doute que pour un temps car ces histoires là sont des pures passions flamboyantes. Et puis à force d'être questionnée elle finira bien par, au moins, avouer son attirance pour lui non ?

Comment est-ce que deux jeunes filles aussi talentueuses pouvait se laisser surmonter par le travail à leur jeune âge. C'ést à la fois désespérant et impressionnant car c'est si rare. Les jeunes et moins jeunes d'aujourd'hui ont un léger penchant pour l'alcool, la drogue, le sexe et rien d'autres. Heureusement que papa et maman sont derrière eux pour payer tout ce qu'ils veulent... Hester voulait savoir sur quoi elle travaillait, Lucy devait elle tout expliqué en détail et faire de cette soirée sulfureuse un moment d'ennui à mourir ou être brève sur le sujet ? Non mais la question ne se pose même pas elle parla en bref de l'homme dont tout le monde parle à la télé mais dont tout le monde ignore encore la réelle cause de son décès même elle...

Oh darling you're so cute. Je savais que tu aimais mon vrai côté contrairement à mes collègues au journal qui me trouve "impertinente". Les pauvres, ils ne seront jamais heureux dans leur vie...


Lucy faisait tout pour éviter le sujet du thème de la soirée et pris la coupe de façon distinguée et porta un toast à leur honneur. Une amitié sincère qui avait connu des hauts et des bas mais surtout une amitié qui connaissait une constante évolution toujours dans une ambiance bonne enfant comme ce soir. Un repas, un décor distingué entre l’or et le rouge et une scène qui n’attendait que ces danseurs et danseuses, ces fontaines de champagne, de vodka et surtout le clou du spectacle qui n’attendrait qu’elle et qui ferait bien parler un peu plus la jeune blonde sur sa relation avec son « patron ». Mais d’ici là, l’alcool devait couler. C’est pourquoi le verre d’Hester ne fut jamais vide, Lucy décida même de payer un serveur pour la soirée leur apportant toute sorte de cocktail à base de champagne accompagné d’un repas raffiné et de quelques fraises pour agrémenter le champagne.

La soirée battait son plein, cela faisait maintenant trois heures que les jeunes filles étaient au sein de l’établissement et l’ambiance cosy et calme avait laissé place à la musique imposante, aux serveurs dénudés, aux danseuses de charme, à l’alcool. Le vrai monde obscur de Lucy venait de pointer son nez et Hester semblait mitigée entre l’envie de partir ou de rester.

Lucy, avancée dans son stade d’ivresse avait déjà été repérée par deux jolis jeunes hommes et entraîna Hester sur la piste de danse afin de mieux se faire repérer et que celles-ci se fassent invitées pour le reste de la soirée. Les stripteaseuses faisaient leur spectacle et Hester semblait avoir du mal à vider ses verres. Il fallait que la roue tourne pour que la soirée ne vire pas au cauchemar ou à la rupture de l’amitié pour avoir menti et en quelque sorte trahi Hester…

Un verre, deux verres, trois verres... six verres. Trop de verres, difficile de tous les compter, à croire que tous les serveurs s'étaient passés le mot pour remplir ce foutu contenant qu'elle tenait, tentant tant bien que mal de poser sa main dessus lorsqu'un des employés débarquait avec l'idée de la servir à nouveau. L'alcool et elle, mauvais ménage. Déjà, elle sentait qu'elle n'était plus vraiment tout à fait maître de ses paroles et encore moins de ses gestes. Évoluant dans un brouillard cotonneux, son cerveau lui envoyait des messages d'alerte. Un pas, puis deux, elle fût entraînée sans pouvoir faire quoi que ce soit par Lucy sur la piste de danse. Impression fort désagréable que tout autour d'elle tournait, nappe de brume dansant devant son regard, évoluant en rythme avec la musique. S’asseoir vite, alors qu'elle amorçait un pas en direction de la table où elles étaient assises bien tranquillement quelques heures plus tôt, quelqu'un ou quelque chose vint la déranger dans son action, en lui rentrant dedans. La blondinette grommela dans son coin des injures à l'encontre de cette chose non identifiée. Lucy sortît totalement de son champ de vision plus que réduit.

Pourquoi toute cette agitation, cette clameur ambiante et cette musique tonitruante ? Hesther ne savait plus vraiment ce qu'il se passait autour d'elle, ne comprenant plus grand chose. L'alcool sûrement. Ce qui devait être une soirée calme entre amies, se transformait en véritable débauche et dépravation dans toute sa splendeur. Une pensée plus ou moins cohérente traversa l'esprit de la jeune avocate durant un dixième de seconde. Pourquoi tous ces gens étaient-ils aussi peu vêtus ? Qu'était-ce donc que cette soirée des plus étranges ?

Le tourbillon éthylique balaya bien vite ce questionnement, laissant place à... à quoi ? Pas grand chose sans doute. Alors qu'elle cherchait son amie du regard, un homme vint se coller à elle, n'ayant plus vraiment la volonté nécessaire pour le repousser, elle le laissa faire. Tant bien que mal, elle essaya de distinguer à quoi pouvait bien ressembler cet étranger en question. Formes dansantes devant son regard, incompréhension s'accentuant. Peu importe, elle voulait savoir où avait bien pu passer son amie ? Difficile à dire, sa vision brumeuse et quelque peu déformée ne l'aidèrent pas franchement. Elle ne se sentait pas vraiment dans son assiette, elle voulut faire volte face pour partir en sens inverse et manqua de se casser la figure ; retenue in extremis par celui qui tentait une approche depuis quelques minutes déjà, elle s'excusa d'un sourire. Maudit soit l'alcool et maudit soit cette soirée. Reportant son attention sur l'homme en question, la jeune femme se dit alors que danser avec un inconnu n'engageait à rien, autant s'amuser un peu en attendant de retrouver Lucy. Au bout d'un certain temps – peut-être quelques secondes, voire quelques minutes, sa perception du temps étant légèrement altérée – son regard se fixa au milieu de la piste, elle fini par repérer son amie, abandonnant là son cavalier sans tête – façon de parler – elle se dirigea un peu en titubant vers elle. Arrivée à sa hauteur, elle lui tapota sur l'épaule. D'une voix dont seuls les gens fortement alcoolisés ont le secret, elle lui dit.

« Lucy, je vais m’asseoir... à notre table, je ne me sens pas... pas très bien. »

Sans attendre de réponse de sa part, elle tourna comme elle pût les talons et partit à la quête du Graal, la fameuse table. Quête qui se révéla bien plus ardue qu'elle n'y pensait, ses pieds voulant aller dans une direction et son esprit dans une autre. Avait-elle déjà été dans un état aussi peu enviable ? D'aussi loin qu'elle se souvienne... sans doute, mais c'était il y a tellement d'années, qu'elle ne savait plus trop bien s'il s'agissait là d'un souvenir où si c'était purement et simplement une farce de son cerveau, qui avait inventé ce passage de toute part. La démarche un peu bancale, elle fini enfin par retrouver ce qu'elle cherchait. Combien de temps avait duré cette quête ? Elle avait l'impression d'avoir marché des kilomètres durant. Ses chaussures la faisait souffrir le martyr, enfin ce ne serait certainement rien en comparaison de la magnifique gueule de bois, qui l'attendrait le lendemain. Se massant comme elle pu au travers de son escarpin, on vint à nouveau la déranger. Elle releva la tête alors qu'un individu l'invitait à danser. D'un geste de la tête elle déclina cette offre. Devoir se relever encore une fois, non merci. Pourtant l'homme en question ne devait pas l'entendre de cette oreille, il s'installa en face d'elle. Si elle n'avait pas ingéré tout cet alcool, peut-être aurait-elle été ravie de faire la conversation à ce grand brun, mais là elle ne se sentait plus capable d'aligner deux mots cohérents. Apparemment cela ne le dérangeait guère qu'elle ne réponde que par hochements de tête. Il parla, parla et parla encore. Comment était-il possible de parler autant à quelqu'un ne répondant pas ? La voix au rythme rapide, ne fit qu'accentuer son impression de tournis. Lucy... au secours.

[Réponse un peu étrange, bouh l'alcool c'est moche... j'espère que tu arriveras à enchaîner.]

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Dans les soirées, il y a deux types de personnes. Il y a celles qui font taches, qui ne sont pas du tout dans leur élément et qui reste dans le coin sans toucher à une goutte d’alcool et à regarder, scruter et surtout critiquer ces personnes pour qui l’alcool, la musique et le show leur colle à la peau comme un cœur à besoin d’oxygène pour vivre. Lucy faisait indéniablement partie de ces personnes totalement à l’aise avec leur corps peu importe le taux d’alcoolémie qu’il peut contenir. Si ce n’est pas donné à tout le monde, ce n’est surtout pas donné à toutes les filles et Hester en faisait preuve.

Alors que Lucy faisait du corps à corps avec un business man assez charmant au devant de la scène en le faisant languir de temps à autre en montant sur les podiums, Hester était quant à elle, un perdue et la jeune blonde l’avait bien remarqué. Elle s’en voulait un peu de l’avoir emmené ici mais après tout elle ne pouvait laisser son amie vivre dans un idéalisme parfait. Il était important de connaître la folie au moins une fois dans sa vie ! C’est pourquoi elle ne prit part au mal aise, qui ne serait sans doute qu’une passe, de son amie. Toutefois après l’avoir vu tituber jusqu’à une table qui n’était sans doute pas la leur elle décida de la remettre en forme tout doucement avant de lui envoyer quelqu’un. Lucy appela un serveur, lui fit apporter un jus de fruit pouvant la revitaliser et une mini corbeille de fruit de saison pour qu’elle se mette quelque chose dans le ventre avant d’avoir le droit à la crème chantilly et l’huile sur le corps.
Une bonne heure était maintenant passée et Hester était toujours assise à sa table avec pourtant des vas et viens de gentlemans qui n’étaient sans doute pas à son goût ou alors elle avait l’alcool triste pour rejeter tout ce gratin américain. C’était le bon moment pour aller la retrouver et lui annoncer que sa soirée ne faisait que commencer.

Ma chérie, que se passe-t-il ? Tu ne t’amuses pas ? Tu devrais relativiser un peu, je sais que tu m’en veux mais regarde les choses en face, tu plais. Alors ne reste pas là ! Oh en plus Darling le charmant jeune homme qui se trouve sur le podium actuellement t’a appelé. Tu as du lui frapper dans l’œil… Qu’attends-tu pour aller le rejoindre ? On peut s’amuser sans boire alors continuons la soirée aux cocktails plus ou moins non alcoolisés et profitons de cette soirée relaxante entre filles. C’était tellement rare mais agréable de te voir danser tout à l’heure !


Oui Lucy tendait une fois de plus un piège à son amie mais cette espièglerie devrait lui plaire autant par l’action que par le jeune homme. Un quart d’heure sur scène à manger des fraises sur un torse nu, à étaler de l’huile sur de merveilleuses tablettes et bien d’autre encore… L’appareil photo à la main, Lucy était prête à immortaliser ce moment unique. Les prochaines soirées se feront sans aucun doute dans un petit café plus luxueux et discret ou la musique, la danse et l’alcool font un meilleur mélange que dans cet endroit ou orgie et argent coulait à flot. En attendant, il fallait redonner goût à Hes' des soirées mondaines...

(HS: très pourri comme relancée... Désolée...)

Voilà bien longtemps qu'elle n'avait plus pris part à ce genre de soirée. Pour tout avouer et pour être totalement franche avec elle-même, force était de reconnaître que cela n'était plus franchement à son goût. Boire jusqu'à plus soif, danser à s'en brûler les pieds, finir dans le lit d'un parfait inconnu... Non, tout ça n'était plus pour elle. A croire qu'en tirant un trait sur son passé, elle avait envoyer valser avec lui son envie de s'amuser. Tout ceci est totalement faux, comment est-il possible d'oublier une telle chose ? Petit à petit, sa conscience semblait lui indiquer qu'elle n'appartenait plus à ce monde, celui de la nuit, mais bel et bien à un monde totalement différent. Etait-ce triste ? Pas vraiment. Durant un temps elle s'était amusée comme une folle, profitant de sa condition de mannequin de grande renommée, aujourd'hui elle était passée à autre chose. Et dans cet autre chose, cette soirée n'avait visiblement plus sa place. Un peu trop alcoolisée, elle ne quitta pourtant pas cette petite sauterie.
Les serveurs continuaient à lui apporter tout un tas de trucs. Du jus de fruit, puis des fruits, sur lesquels elle se jeta sans demander son reste. Quoi de mieux qu'un peu de nourriture pour éponger le trop plein d'alcool qu'elle devait avoir dans le sang ? Un bon cachet d'aspirine pour combattre dès à présent la migraine qui l'attendrait sûrement le lendemain matin à son réveil. Le fait de rester assise durant plus d'une dizaine de minutes sembla faire s'envoler cette impression que le monde autour d'elle tanguait, tel un vieux rafiot mal ancré, à la merci du vent.
Alors que son insatiable interlocuteur quittait la table - apparemment enfin ennuyé qu'elle ne lui réponde pas plus que cela - Lucy vint le remplacer. Hesther hésita entre rire ou bien lui hurler dessus. Elle opta pour un ton qui se voulait sérieux. L'alcool n'aidant pas à garder sa langue dans sa poche, la sienne s'en trouva plus ou moins déliée.

« Tout se passe... bien, ne t'en fais pas. C'est juste que... je n'ai plus l'habitude de boire autant, et de voir autant de monde. Si, si je m'amuse, surtout depuis ma chaise. Être spectatrice me convient parfaitement. Je plais ? Pff, à des types comme cet espèce de moulin à paroles, abordant des sujets chiants comme la pluie. Ça me fait une belle jambe, en plus il ressemblait un peu trop à Mark, mon ex ma... Consciente de son erreur, elle interrompit sa phrase. Mon ex. Elle tourna rapidement la tête en direction du podium afin de faire diversion. Il m'a appelé ? T'es sûre ? Pourquoi faire ? Demanda-t-elle légèrement suspicieuse. Il y a tout un tas de filles bien plus jolies que moi, présentes ici ce soir. Pourquoi je devrais aller me ridiculiser devant tout le monde ? Pourquoi tu n'irais pas à ma place ? »

Un pâle sourire apparu sur son visage. Lucy tentait de faire au mieux, pour les sortir toutes deux de cette routine dans laquelle elles semblaient chacune s'être installée. Quelque part, l'avocate lui en fût reconnaissante, mais pour l'instant elle avait encore du mal à s'en rendre compte.

[Ta réponse était très bien !]

« Ou comment passer du chic à l’inélégance... »

Lucy pouvait elle remettre sur le compte de l'amitié légèrement distante avec Hester vu leur emploi du temps pour n'avoir vu à quel point son amie avait changé contrairement à elle ou était-ce plutôt l'égoïsme dont elle était emprunte depuis son plus jeune âge qui ne lui faisait remarquer les aspects qui ont un lien directe avec elle ? La pauvre jeune fille se trouvait dans une situation entre rires et larmes de voir à quel point elle portait peu attention à son amie et comment cela faisait il qu'elle abordait le sujet de Mark et puis d'abord, c'était qui ce fameux Mark ? D'où venait il ? Lucy ne comprenait plus rien de ce que son amie lui disait mais après tout la question n'était pas là pour le moment car Lucy n'avait même pas eu le temps de répondre qu'Hes était en route vers la scène.

La salle fut plongée dans une pénombre profonde d'un seul coup. Loin d'être à l'aise de savoir son amie seule avec un inconnu (et de se savoir seule également) elle prit à tâtons le chemin vers la scène en bousculant et renversant toutes sortes de choses sur le passage. Elle espérait de tout coeur que cela n'avait pas tâché sa tenue sinon sa soirée était finie. Ce qui l'attendait était pire. Comment avait elle pu savoir qu'une simulation de coupure de courant était prévue pour que le gentil monsieur puisse se préparer et surtout que son amie qui était censée être assise sur une chaise avait tout bonnement disparu de l'horizon ? Une main vint se poser sur son épaule et la força à s'asseoir. Que ce passait-il ? Devait-elle crier après son amie ou ne pas faire de bruit de peur de se prendre un coup ? PROJECTEUR. Il était face à elle dans un petit string rouge le corps tout saillant d'avoir eu trop d'huile sur le corps. Lucy n'osait imaginer la tête qu'elle devait avoir, ni tourner la tête pour voir ces centaines d'yeux fixés sur elle attendant qu'elle ne réagisse. Hester n'était pas si loin d'elle tout compte fait car derrière les rideaux elle pu apercevoir la petite tête angélique de son amie. Comment n'y avait elle pas pensé plus tôt qu'elle avait accepté juste pour lui faire plaisir ? Et elle était là coincée avec un type repoussant face à elle. Ça n'allait pas se passer ainsi...

Lucy fit mine d'aller chercher quelqu'un "en plus" dans le public tout en asseyant le jeune homme après lui avoir mis une claque sur ses fesses toutes collantes pour mettre un peu d'animation. Elle prit la première jeune fille en extase devant la pseudo virilité du garçon sur la scène et l'y poussa avant de disparaître en moins de temps qu'il ne faut pour le dire derrière la scène et attrapa Hester au vol en se dirigeant vers les VIP rooms où elles seraient bien plus tranquille pour discuter et boire... Un fou rire général éclata. Et la tension qui se sentait quelques minutes auparavant s'était quelque peu dissipée. Alors comme ça tu n'es pas attirée par l'huile corporelle ?Et elles éclatèrent à nouveau de rire. Entre deux cocktails de bloody mary, les jeunes filles semblaient avoir pris du recul sur le début de la soirée l'alcool allait, espérait Lucy, déliée les langues... Alors juste comme ça, tu pourrais m'éclairer sur l'existence d'un Mark dont tu as parlé tout à l'heure ?

La fête battait toujours son plein ; le monde de la nuit venait d’apparaître dans son plus simple appareil. Vision qui ne plaisait pas forcément à l'avocate, qui pensait pouvoir passer une soirée tranquille en compagnie de son amie Lucy, qu'elle n'avait pas vu depuis un certain temps. La native de la Nouvelle-Orléans en vint à se demander quel étrange lien pouvait bien l'unir à celle qu'elle considère comme une amie plutôt proche. Proche, sans doute, mais pas au point de pouvoir lui révéler son secret le plus inavouable, son seul secret à bien y réfléchir. Ce n'est pas parce que l'on se cache derrière une carapace, dans une tour imprenable et sous une toute autre identité en se gardant bien de révéler le tout à son amie - sans doute – la plus intime qu'elle n'est elle-même pas une véritable amie, non ? Si ? Peu importe. Hesther la considère grandement, assez pour accepter de ne pas s'enfuir aussitôt de cette soirée un peu atypique.
Marchant vers la scène – sur laquelle elle avait déjà prévu de ne pas monter – elle profita de cette superbe diversion que pu lui offrir cette fausse panne de courant pour accélérer le pas dans la direction opposée, longeant tout de même la scène afin de garder un repère et de ne pas se retrouver n'importe où. Ne sachant trop où elle mettait les pieds, elle butta contre quelque chose ou quelqu'un, elle n'aurait trop su dire ce qu'était cet objet non identifié et se retrouva à genoux, emmêlée dans sa robe. Se battant avec elle-même – pas facile de se mouvoir dans le noir et lorsqu'on est un peu imbibé d'alcool – elle éprouva toutes les difficultés du monde à se remettre debout. La lumière fût de nouveau dans la salle. Surprise ! Hesther se trouvait en réalité de l'autre côté de la scène, côté rideau, ce qu'elle avait pris pour sa robe n'était autre que ce long bout de tissu tombant du plafond. Quelle idiote. L'air de rien, l'avocate osa sortir la tête de sa cachette. Vision comique s'offrant alors à elle. Son amie, assise sur cette stupide chaise à quelques mètres d'elle ; ce type un peu trop bodybuildé et luisant d'huile à son goût. Avec un sourire on ne peut plus amusé, l'avocate assista aux premières loges à ce qui suivi. Rire dans le Casino, alors que le jeune homme se faisait frapper les fesses par... Lucy. Le moins que l'on puisse dire c'est que la jeune femme avait un sens accru du spectacle et de l'humour. La blondinette ne tarda pas à rejoindre son amie ; toutes deux éclatèrent de rire de façon assez bruyante.
Les VIP Rooms, endroit calme convenant davantage à Hesther que la salle bondée et bruyante où se donnait en spectacle toute sorte de gens plus étranges les uns que les autres. Confortablement installée dans ce fauteuil matelassé, elle accepta volontiers les nouveaux cocktails commandés par la journaliste. Observant la surface de son verre et par la même occasion les glaçons flottants dans le liquide rouge, Hesther prît son temps avant de répondre à la question venant de lui être posée. Alors ça y est, le moment fatidique venait d'arriver ? Celui-où, elle passerait sans doute pour une fugitive sans cœur, ayant abandonnée son mari à son triste sort de tyran. Que dire ? Que Mark était juste un ex, ou bien un coup d'un soir parmi tant d'autres ? Avait-elle assez confiance en Lucy pour lui révéler de quoi il pouvait retourner ? Peut-être. Pour l'instant elle se contenta d'en dire le moins possible, lassée cette dernière passerait alors à un autre sujet, Hesther pourrait souffler un bon coup.

« L'huile corporelle oui, mais ce type dégouttant, non ! Un rire vint de nouveau les cueillir. L'avocate fît un léger mouvement de la main, montrant par là que le sujet n'était en rien intéressant. Ohh... lui... c'est un de mes ex, rien de plus. Un mec pas franchement intéressant, qui ne vaut pas la peine que l'on s'attarde sur le sujet. Bien vite elle dévia sur une question, désireuse de changer de sujet. Tu ne m'as pas répondu tout à l'heure au sujet des amours, où est-ce que tu en es ? Une histoire sérieuse à recenser Honey ? »

Spoiler:

« Ou comment passer du chic à l’inélégance... »

En sexologie, on apprend que nous sommes tous emprunt de fusion quelques soient nos relations. Ces dernières sont basées sur la confiance mutuelle. C’est bien beau tout ça mais on ne peut jamais être sur que cette confiance est tout d’abord honnête et totale. Nous avons tous un jardin secret, on fait comme en amour et on tait certaines choses pour se sauvegarder. Rien ni personne ne peut aller contre ça. Pourtant quand on apprend qu’une personne proche nous a caché quelque chose de plus ou moins important pendant une durée plus ou moins longue, nous nous sentons mal, trahi mais nous n’en voulons pas aux autres pour autant.

Ce pincement au cœur, Lucy le ressenti ce soir mais avec un impacte plus fort cette fois-ci car elle comprit que son amie se servait de son état pour faire glisser l’histoire en une simple relation alors que le ton de sa voix la trahissait. Devait-elle jouer la carte de l’indifférence et reparler de tout ça plus tard ? Un jour où elles seraient plus sobres si d’ici là elle s’en souvient encore ? Elle n’avait pas non plus oublié qu’elle voulait en savoir plus ce disquaire. Ou plutôt vendeur dans un magasin de musique. Elle ne savait où commencer et sa tête elle, commençait à tourner. Fallait-il en arrêter là alors qu’elles commençaient seulement à s’amuser ou tout simplement passer au soft ? Était-ce une question difficile ? Certainement pas, tout était encore claire dans sa tête et elle n’était pas prête à retrouver la solitude de son loft cette nuit-ci c’était donc reparti pour un tour mais cette fois c’était jus de fruit party pour la jeune Lucy.
Alors très chère, tu en as encore beaucoup en stock de petit ami caché ? Dit la jeune fille en rigolant. Allez dis moi pourquoi tu ne m’en as jamais parlé, il est du genre alcoolique ou trop beau gosse du coup il attire toutes les filles ? Non je sais, il dort avec ses chaussettes de tennis ! Je déteste ces hautes chaussettes qui grattent… Allez, dévoile toi, je ne t’ai jamais vu aussi taiseuse sur ton passé. Tu sais qu’il y a une partie de ton passé sur lequel je ne sais rien du tout et c’est assez frustrant. Tu ne me fais pas assez confiance ? Si c’est le cas je peux le comprendre. Avouons que ce soir, une fois de plus je t’ai entrainée dans mes plans foireux mais tu sais que ce n’est pas méchamment, je voulais juste te voir sourire et te sortir de ton quotidien d’avocate overbookée…

Lucy ne savait trop que faire du coup elle prit son cocktail 100% jus de fruit et dodelina sur sa chaise sur le rythme légèrement endiablé qui passait pour le moment dans un brouhaha modéré juste comme il faut pour pouvoir s’entendre et profiter de l’ambiance en même temps…

L'amitié est une affaire de confiance et de partage, mais lorsqu'on a un lourd secret à cacher peut on réellement dire que l'on possède de véritables ami(e)s ? Des gens à qui, en temps normal l'on se serait confié, chose pourtant impossible pour Hesther à cause de son changement d'identité. Révéler cette information capitale à qui que ce soit pourrait avoir de graves conséquences sur son avenir. Persuadée que son ex mari n'était en rien dupe sur son sort, elle devait faire profil bas et ne surtout pas révéler au monde entier qu'elle n'était en rien Hesther McFadden la gentille avocate, mais Dalenne Gillingham-Jeorgia ancien top-model de renom. En un sens, elle se sentait coupable vis à vis de Lucy et de certaines personnes. Ne pas pouvoir jouer le jeu de la sincérité, envers les connaissances qu'elle apprécie plus que tout en ce bas monde avait de quoi la faire culpabiliser au plus haut point. Si elle venait à parler de son passé à son amie, comment cette dernière recevrait l'information ? La jugerait-elle pour ses agissements ou au contraire la soutiendrait-elle dans son action ? Beaucoup de questions tournoyaient en ce moment même dans l'esprit de la jeune femme, alors que la blondinette ramenait le sujet sur le tapis. Malheureusement, ce n'était pas tombé dans l'oreille d'une sourde.

Mal à l'aise la native de la Nouvelle-Orléans tapota son verre à l'aide de ses doigts d'une grande finesse. Que répondre, que faire ? Elle n'était guère en état de feindre et de cacher la vérité à son amie. Pourquoi avait-elle bu autant ? L'alcool venait à coup sûr de la trahir sur toute la ligne. Malgré les mauvais souvenirs liés à Mark et sa tyrannie perpétuelle, les paroles de la journaliste la firent rire. Quoi de mieux qu'un bon fou rire pour dédramatiser la situation la plus moche ?

« Je ne suis pas une croqueuse d'hommes, il n'y a aucun autre petit ami caché à recenser. Oui c'est ça, des chaussettes qui gratte, dit-elle en baissant quelque peu les yeux, les rivant alors sur la surface froide de son verre. Il était du genre spécial, ni alcoolique, ni trop beau gosse, juste lunatique, le genre Dr Jekyll et Mister Hyde. Elle releva alors les yeux et les riva à ceux de son amie. Un voile de tristesse passa alors dans le regard de l'avocate. Ce n'est en rien une question de confiance ou non Lucy... si seulement ce n'était que ça. C'est juste que... j'ai trop honte pour en parler et puis ce n'est pas franchement intéressant, je préfère laisser les fantômes bien à leur place dans leur placard, là où ils ne risquent plus de faire de mal à quiconque. » Là c'est sûr soit elle en avait trop dit, soit pas assez. Parler par métaphore n'était certainement pas une bonne idée, il était certain que la curiosité déjà bien développée de son amie serait piquée au vif. « Je suis désolée que tu le prennes de la sorte. Tu es une véritable amie et cette soirée foireuse ne changera en rien la vision que je peux avoir de toi, je ne peux d'ailleurs que saluer ton geste et ta gentillesse... qui d'autre mieux que toi pourrait remplir ce rôle de distraction légère, un brin comique dans le fond, vu l'endroit où tu as réussi à me traîner ce soir ? Avec un pâle sourire elle posa sa main sur l'avant bras de la blondinette. Je me sens mal de ne pas parler de ce que j'ai pu vivre par le passé, mais c'est vraiment douloureux d'y repenser, car cela fait remonter tout un tas de souvenirs pas forcément très joyeux... Elle posa alors son verre sur la table et retira sa main du bras de son amie. S'avançant quelque peu vers elle, c'est à mi-voix qu'elle reprit la parole, soucieuse de ne pas laisser son amie dans le flou gaussien le plus complet. Avant d'arriver à Detroit j'étais mannequin... c'est à la mort de mes parents que j'ai décidé de tout laisser tomber et de changer de vie. »

Voilà un début plutôt prometteur, peut-être que ces informations suffiraient à Lucy.

« Ou comment passer du chic à l’inélégance... »

Lucy était perplexe. A la fois de se rendre compte seulement maintenant quel bagage son amie transportait et devait éviter de faire resurgir pendant qu’elle passait son temps à se plaindre de kilos en trop, de tenues introuvables ou de problèmes de chaussures payées bien trop cher et au confort à revoir. Le superficiel avait toujours fait partie du quotidien de la jeune blonde et ne semblait pas décider à la quitter de si tôt… Pourquoi se sentait-elle toujours obligée de trouver quelque chose à redire même si elle n’avait en aucun cas raison de se plaindre étant donné que rien ni personne ne lui avait jamais tourné le dos. C’était peut être une des raisons pour lesquelles elle avait du mal à ne pas voir que tout le monde ne vivait pas sa vie de princesse, que tout le monde ne pouvait se venter d’avoir été bordée depuis l’enfance et d’avoir en plus de ça papa et maman qui assure ses arrières au cas où elle virerait sur une piste dangereuse…
Le silence était parfois le meilleur soutien qu’une personne peut apporter, le problème est que Lucy a du mal. Du mal à en rester là surtout qu’elle savait maintenant que la même passion les avait reliées un jour. Comment pouvait-elle s’en être sortie indemne sans aucunes envie de refaire des photos. Est-ce que ce garçon faisait partie de ce monde ? Était-ce de sa faute et ce pourquoi l’envie de recommencer ne lui viendrait même pas à l’esprit ? Ou était-elle sincère en disant que ses défunts parents en étaient à l’origine ? Elle était bien forcée de la croire de toute façon étant donné qu’elle se rendait compte que l’amie qu’elle pensait pourtant bien connaître était encore plus mystérieuse qu’à leur début. Mais Lucy n’avait pas dit son dernier mot et était persuadée, après avoir eu plus d’une centaine d’heures de psychologie et lu une tonne de bouquin, que déchargée sa colère, sa tristesse et sa haine était un bon moyen de soulagée la charge pesant sur le cœur (l’écriture est un bon remède aussi mais vachement moins efficace dans la situation actuelle). Peut être que des inconnus verraient ça comme du profit mais si elle lui faisait encore boire un verre au deux peut être que ça technique fonctionnerait, que son amie ne se souviendrait de rien le lendemain matin et que le sujet serait clos. Après tout, Lucy avait l’habitude de faire des choses non élégante pour obtenir des informations. Quand on est journaliste cela fait partie du quotidien. C’est ainsi qu’en rappelant le serveur, Lucy entreprit son enquête tout doucement espérant pouvoir profiter de l’occasion pour en apprendre plus sur celle qu’elle appréciait fortement et pour qui elle se battrait sans doute si le besoin était là.

Et bien Hester, même si je dois avouer que ces aveux me restent un tantinet en travers de la gorge je dois tout de même bien avouer que je suis ravie de voir que nous avons une fois de plus un point en commun. Tu ne m’en voudras donc pas de te poser deux trois questions sur ce sujet et uniquement celui-là bien entendu.
Et après un petit raclement de la gorge tout en tendant son verre et la nouvelle corbeille de fruit, les résolutions du sans alcool n’auront pas durés longtemps. Rien ne te manque réellement de ta vie d’avant ? Pas même la gloire ? Était-ce tes parents qui t’ont inscrit dans le domaine de la mode que tu as subitement décidé d’arrêté ? Et si tout était à recommencer, tu recommencerais ? Non pas que je serais ravie de t’avoir en rivale pour les contrats mais je suis sur que tu devais te plaire sur les podiums. Et ton manager c’était qui ?
Canarder de questions. Voilà quel était le moyen le plus oppressant pour l’autre personne mais le plus porteur de fruit pour Lucy si elle voulait que son amie s’en mêle les pinceaux et en viennent à dire certaines choses qu’elle aurait peut être préféré taire. Bien entendu qu’elle s’en voudrait d’avoir insisté de la sorte et qu’elle s’en excuserait si cela revenait sur le plateau le lendemain mais la raison était valable. Elle devait trouver le moyen de rendre la sérénité due à son amie et en savoir plus sur elle par la même occasion.

Un nouveau verre à la main, pour ne pas changer, rempli d'alcool cette fois-ci, les choses sérieuses semblaient repartir de plus belle. L'avocate trouvait que tous les serveurs étaient un peu trop aux petits soins à son goût, pour que cela ne soit pas totalement louche. La maison devait avoir l'habitude de ce genre de réception en grande pompe et s'assurait que chaque convive ne manque jamais de rien. Rien d'alarmant dans le fond. Si elle savait, tout deviendrait bien vite limpide. Hesther n'aurait probablement pas adhérer à l'idée. Elle qui n'avait pas vraiment pour habitude de boire, se sentait presque obligée de vider les verres qu'on voulait bien lui amener. Par pure politesse sûrement. Politesse qu'elle allait certainement payer assez chère d'ici peu. La native de la Nouvelle-Orléans venait de se laisser aller au jeu dangereux des confidences. Connaissant Lucy et sa curiosité, elle était persuadée qu'elle ne pourrait pas se contenter des maigres informations qu'elle venait de lui délivrer. Tenace, la blondinette pourrait alors la cuisiner des heures durant pour obtenir ce qu'elle voulait. Pas méchante pour un sous, Lucy était comme ça, que cela plaise ou non. Sans qu'elle puisse vraiment souffler et encore moins rétorquer quelque chose, son amie embraya presque aussitôt, la noyant sous le flot des interrogations. L'avocate dû se faire violence pour suivre son amie. L'alcool qu'elle avait ingurgité depuis le début de la soirée ne l'aidait clairement pas à se concentrer. C'était un peu trop pour elle.

Avant de s'engager dans une réponse scabreuse, elle tenta de réunir les informations, cherchant ce qu'elle allait bien pouvoir dire. Est-ce que le mannequinat lui manquait ? Pas vraiment. Est-ce que sa vie d'antan lui manquait ? Hormis ses parents, non absolument pas, et pour rien au monde, absolument rien elle ne serait revenu en arrière. Ses parents n'étaient absolument pour rien dans le choix de carrière qu'elle avait fait à l'époque, ils l'avaient toujours soutenu, mais auraient sans doute voulu la voir faire autre chose. Les strass et les paillettes ils y étaient habitués, mais pas vraiment à la gloire. Ils l'a jugeait bien trop jeune pour affronter ce monde bien trop cruel. En un sens, ils n'avaient pas tord, si le danger n'était pas venu des podiums et de tout ce que cela pouvait impliquer, il était venu de tout autre part. M. Jeorgia, une rencontre dont elle se serait passé volontiers. L'investigateur de toutes ses souffrances et de tout ses malheurs. Elle se demandait aujourd'hui comment elle avait pu laisser les choses s'envenimer de la sorte. Comment avait-elle pu se laisser influencer de la sorte par un homme ? Elle préférait ne pas y repenser. Troublée, elle porta ses lèvres au liquide alcoolisé avant de tenter une réponse.

« Je peux t'assurer que rien ne me manque, cette période de ma vie est maintenant totalement révolue. Je ne suis pas triste, bien au contraire, j'ai eu mon heure de gloire, chacun son tour ! Ce ne sont pas mes parents qui m'ont forcé la main si c'est ce que tu veux savoir, c'est moi et moi seule qui ait mis le doigt dans cet engrenage. J'avais le physique pour et c'est un monde qui m'attirait beaucoup, du moins à l'époque. Si tout était à recommencer, je crois que je choisirais un autre chemin, il y a des erreurs que je voudrais éviter, des rencontres que j'aurais préféré ne pas faire. Malheureusement cela ne se produira pas. Je me plaisais sur les podiums, mais... », elle avala une longue gorgée de sa boisson, comme pour se donner du courage, avant de reprendre. « Mais un événement indépendant de ma volonté m'a forcé à tout arrêter. J'ai perdu mes parents assez jeune, et j'ai dû me consacrer à une toute autre carrière après cette disparition. J'aurais été ravie te rencontrer un peu plus tôt... Je suis sûre que tu aurais alors tout fait pour que je n'arrête pas le mannequinat. Enfin quoique... mon mari ne t'aurais sûrement pas laissé m'approcher. Mon manager était un vieux de la vieille, qui est sûrement à la retraite au jour d'aujourd'hui. Je t'avouerais que j'ai coupé les ponts avec toutes mes connaissances de l'époque, je ne sais pas du tout ce qu'elles sont devenues ! » Sans vraiment s'en rendre compte, Hesther venait de révéler une information capitale et pas des moindres. Elle venait de lâcher le morceau, en avouant qu'elle avait un jour été mariée. Techniquement, elle l'était toujours, du moins pas sous cette identité ci. Mais pour elle, Mark était mort, elle n'avait plus rien à voir avec lui, elle avait tout fait pour que ce soit le cas du moins. Si elle savait...

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