7h30 : Réveil difficile pour Shawn, lui qui avait tellement l'habitude de faire la grasse matinée puis de passer ses journées sur sa guitare ou avec sa manette. Il s'empressait d'éteindre l'engin qui le dérangeait tant : le réveil. Sa première pensée fut de savoir quand est-ce qu'aura lieu les prochaines répétitions avec son groupe puis il s'aperçut que c'était le soir même. 
Il se leva, prit un bol et pensa à la raison pour laquelle il s'était réveillé si tôt : son premier jour de travail au Music'Off, un Music store. Il avait été embauché par Braeden, un homme que Shawn n'a pas encadré du début jusqu'à la fin de l'entretien. Son patron avec sa démarche hautaine et son égo surdimensionnés... Dieu seul sait comment Shawn n'aime pas ce genre de personnes et comment il est prêt à leur en faire baver pour le faire redescendre sur terre parce que selon lui, les gens n'ont pas à éteindre la lumière des autres pour mieux briller. Il prenait son petit déjeuner, faisait sa petite commission et tout ce qui allait avec et en route vers le Music Store sur sa belle moto Suzuki noire. La ville était resplendissante ce jour là, il y avait énormément de monde. Un peu trop en fait, il y avait des bouchons interminables. 
Shawn a donc attendu 45 minutes, complètement énervé et impatient puis il arriva à son travail avec 30 minutes de retard. Ça commence très bien. Il prit les clés et ouvrit la porte du magasin. Il était assez grand et il y avait énormément de rayons différents. Il attendait l'arrivée de nouveaux clients puis vit arriver une jeune femme sublimissime. Shawn tomba directement sous son charme. Il lui sourit, malgré qu'il sache qu'il ne sait pas parler avec les filles.
Bonjour mademoiselle, je peux vous aider ?!
Avec un regard ravageur, il s'approcha à petits pas d'elle en souriant. 

Shawn & Hesther

«  Placez votre main sur un poêle une minute et ça vous semble durer une heure. Asseyez vous auprès d'une jolie fille une heure et ça vous semble durer une minute. C'est ça la relativité » - Einstein

Un bras pendant mollement dans le vide, l'autre enfoui sous l'oreiller, Morphée pour seule compagnie ; caresse de la lumière du jour filtrant par la fenêtre ouverte sur sa peau veloutée ; éclats de rire et chants des oiseaux mêlés, parvenant inconsciemment jusqu'à elle, Hesther dormait à poings fermés, après une nuit agitée peuplée de cauchemars en tout genre. Cauchemars ayant toujours le même visage : celui de son mari - ou « ex-mari » - abandonné à la Nouvelle-Orléans. Se cachant sous une fausse identité depuis plus de six ans, comme elle se cachait sous sa couette, elle se sentait traquée, épiée depuis ce fameux jour où elle avait mis sa propre mort en scène, afin d'échapper aux griffes de ce taré. Les apparences sont parfois trompeuses, voilà qui devrait lui servir de leçon à présent.
Le buzzer inquisiteur du réveil retentit dès lors, bruit tonitruant s'élevant dans les airs, avec cet effet de douche glacée en bout de course. Énervant à souhait. Un œil qui s'ouvre difficilement, se referme, puis s'ouvre à nouveau. Brume enveloppant les méandres de son esprit. Instant étrange où l'on se demande d'où provient ce bruit, pourquoi personne ne fait cesser ce boucan du diable ; puis subitement on prend conscience que le tintamarre désagréable se trouve être produit par un objet se situant juste à côté de soi. D'un geste mou on tâtonne, on cherche à faire taire par tous les moyens cette horreur, tapant dans le vide à moult reprises avant de parvenir à ses fins. Silence apaisant. Pas pour longtemps. Silence rompu par ses propres interrogations. Il persiste toujours un moment où l'on se demande quel jour nous sommes, et surtout où sommes-nous ? Le brouillard se dissipe petit à petit, le mystère se lève. Mercredi, le seul jour non travaillé de la semaine. Le seul jour où l'avocate peut en temps normal dormir et se lever quand bon lui semble. Le seul jour où... bruit de disque qui dérape sur la platine. Nouvel effet kiss-cool. La date lui revint en mémoire. Pas de repos possible ce matin, car elle avait promis à Braeden Wilde de l'aider à tenir sa comptabilité et à faire l'inventaire de la boutique de musique. La poisse. Difficilement, elle s'arracha à l'appel du lit et de la couette. Un bâillement, un pas traînant en direction de la cuisine, une main qui se coince dans des cheveux un peu trop emmêlés, puis une dosette de café jeteé négligemment dans la machine ; une pression sur un bouton, et hop un café ! Liquide brun et corsé, passeport pour une bonne journée ! Passage oblige par la case salle de bains où elle retrouva visage humain après avoir choisi des habits de circonstance. Un jean délavé et troué en plusieurs endroits – dire que ce genre d'article se vend une fortune en boutique, alors qu'on peut très bien obtenir le même résultat soi-même – et un top noir tout ce qu'il y a de plus banal. Un look totalement décalé, le parfait contraire de sa tenue de travail habituel, exit le chignon strict et le tailleur.
D'un pas léger elle quitta son appartement pour se diriger vers le cœur de la ville. Cela ne lui prît au bas mot pas plus de vingt minutes pour rallier le Mus'off depuis son domicile. Alors qu'elle poussait la porte d'entrée de l'établissement, s'attendant à voir Braeden derrière son comptoir – et qui ne lui adresserait pas plus la parole qu'à son habitude – c'est avec stupéfaction qu'elle découvrit un visage inconnu dans la boutique. Alors qu'elle avançait à l'intérieur du magasin, celui-ci vint à sa rencontre. Se fendant d'un large sourire, elle s'adressa à lui sur un ton enjoué et jovial.

« Bonjour. Si vous pouviez m'indiquer ce qu'il est advenu du propriétaire des lieux, vous seriez adorable... vous savez, pas très grand, la trentaine au bas mot, de beaux yeux bleus et un sens de l'humour à défriser un caniche... ah non je dois confondre avec quelqu'un d'autre, dit-elle en feintant une grimace. Braeden n'a pas le sens de l'humour. Plus sérieusement j'avais rendez-vous avec lui pour l'inventaire du magasin et puis accessoirement pour m'occuper de la compta. Est-ce qu'il s'est absenté ? Elle allait lui parler du pays si tel était le cas, dire qu'elle aurait pu être tranquillement en train de dormir à cette heure-ci, mais non, il fallait qu'elle paye sa dette. Satanée guitare mal accrochée. Maudit sac. Soudainement elle tendit la main au jeune homme qui lui faisait face. Je manque à tous mes devoirs. Hesther Mcfadden. Vous êtes employé ici ?»

Consciente qu'elle ne lui laissait pas le temps de souffler et encore moins de pouvoir en placer une, elle s'interrompit, tout en se mordant la lèvre inférieure. Quelle vilaine manie de vouloir parler aussi vite et de faire de longs monologues. Sans doute devait-elle arrêter de fréquenter son amie Lucy, celle-ci avait tendance à déteindre sur elle.

fiche par century sex.

...Avec un regard ravageur, il s'approcha à petits pas d'elle en souriant.
Shawn n'était pas le genre de gars qui savait approcher les femmes, à vrai dire, c'était surtout pour ça que ses amis se moquaient de lui, et pourtant, cette fois-ci, il savait qu'il devait essayer de la séduire. C'est alors qu'il s'approcha d'elle que la jeune femme commença à déballer toute une liste de mots complètement incompréhensibles tellement elle parlait vite. Mais Shawn avait réussi à pêcher quelques mots tels que "Propriétaire des lieux" , "yeux bleus" , "sens de l'humour d'un caniche" alors il avait deviné que la jeune femme cherchait Braeden, le patron du music-store. Décidément ce gars n'est même pas fichu de venir et en plus il embauche une jolie petite minette, c'est synonyme de bonne journée ça. Pendant qu'elle entamait son long monologue, elle s'approcha de lui et lui tendit la main en se présentant. Elle s'appelait Hesther, un très beau prénom en plus, pensa-t-il, puisque sa toute première petite copine de lycée s'appelait comme ça. Alors, il la contemplait et ajoutait :
Enchanté Hesther, moi c'est Shawn, vous pouvez m'appeler El Tigre, Grrrr !

Et en disant ces paroles, il savait au fond de lui qu'il avait complètement merdé. Décidément, il n'avait vraiment pas la tchatche avec les femmes. Et c'est sur ces mots, complètement honteux qu'il revint derrière le comptoir et expliqua à Hesther que le patron l'avait embauché et qu'il était là pour travailler.
Raflant les comptoirs avec ses mains, il s'aperçut qu'ils étaient complètement teints par la poussière, et commença à éternuer deux fois de suite. Il prit ensuite un chiffon de table bleu et essuya les amplificateurs qui lui semblaient sales puis ramassa la guitare qui pendait et le médiator qui traînait par terre.
Décidément, c'est vraiment pas son fort le ménage à lui ! C'est pas un vendeur qui lui faut, plutôt une femme de ménage ma parole !

Rencontre un brin inattendue. Personnage intrigant se trouvant face à l'avocate. D'une façon tout à fait étrange son interlocuteur la contemplait, comme si elle avait un trait de crayon noir sur la joue ou plutôt comme s'il ne comprenait pas la moindre de ses paroles. Oui, c'était peut-être ça. Elle venait de parler tellement vite, un flot d'information immense s'était échappé de ses lèvres, que cela n'était même pas étonnant que le jeune homme réagisse de cette façon. Aussi incongru que cela puisse paraître, Shawn ne l'envoya pas paître, bien au contraire, il se fendit même d'une petite blague, qui eût le don de lui arracher un rire. L'humour, une chose qu'elle apprécie tout particulièrement.

« Dans ce cas je vais me méfier Monsieur El Tigre. Curieuse elle demanda alors : Pourquoi ce surnom ? »

Son drôle d'interlocuteur lui expliqua tout en s'activant derrière le comptoir que Braeden l'avait employé. C'est à ce moment-là qu'elle pu se rendre compte que malgré tout le temps passé avec lui, il n'avait pas jugé utile de lui délivrer cette information. La communication, pas son fort décidément. Peu importe. La constatation de Shawn la fît rire une fois de plus. Une bécasse, voilà de quoi elle devait avoir l'air à rire de la sorte à chaque parole du jeune homme. Rapidement, elle se rattrapa avant de dire : « S'occuper d'une telle boutique seul n'est pas une chose facile, sans vouloir le défendre, je pense qu'il a d'autres priorités que le ménage. Elle lui adressa un grand sourire. Je vais m'installer derrière pour commencer l'inventaire. Peut-être que vous pouvez me prêter main forte, à deux nous aurons terminé en un temps record. Vous... se reprît-elle, après tout il avait l'air plus jeune qu'elle, enfin tu sais combien de temps ton patron s'est absenté ? »

Alors qu'elle amorçait un pas en direction de l'arrière boutique, elle se retourna avant de demander, toujours sur le même ton : « Tu travailles ici depuis longtemps ?  Ca te plais ou c'est juste histoire de mettre du beurre dans tes épinards ? »

En quoi cela pouvait-elle bien la regarder ? En rien. Pourquoi poser des questions bien trop personnelles ? Vilain défaut que la curiosité.

Abandonné, verrouillé & archivé.