« I'm fighting over this ! »

Une semaine environ qu'il s'était réveillé, complètement. Une semaine qu'on lui avait dit. Ses jambes. Ses jambes, il n'allait peut-être plus jamais pouvoir s'en servir. Il aurait pu en perdre une au combat, mais non. L'accident le plus con du monde, au moment où il pensait enfin que la mer se calmait et que la tempête s'éloignait. Chienne de vie. Clarkson, rapidement, avait commencé à se sentir comme une bête en cage, coincé dans son lit, dans sa chambre, dans l'hôpital... Une prison dorée. Même pas une prison dorée d'ailleurs. Une prison qui sentait le désinfectant. Il avait vite pris le pli, avec le fauteuil roulant. Même quand Braeden ne pouvait pas venir, il se débrouillait avec cet engin. Le truc un peu con, c'est que peu de temps après son réveil, il y a quelques jours, il avait réussi à trouver un moyen pour se tondre les cheveux. Il en avait ressenti le besoin, quasi-impulsivement. Il avait arrêté de les couper avec la précision militaire qu'il avait gardé depuis qu'il était avec Braeden, en fait. Mais ce coup dur, ce coup là lui avait fait trop de mal. Couper ses cheveux. Recommencer à les couper courts, comme avant. Assis dans son fauteuil, à regarder au dehors à travers une baie vitrée, le regard un peu perdu, Downy avait presque des airs de ressemblance avec cet autre Downy qui s'était pris une balle et avait été un mois en hôpital militaire, surtout parce qu'il n'avait pas la force nerveuse de rentrer comme ça dans le monde normal. D'ailleurs, il ne l'avait pas eu même après un mois d'acclimatation. Les conneries et la drogue l'avaient mené au fond du gouffre suite à ça.

Clarkson ferma les yeux et poussa un léger soupir avant de passer une main sur son visage puis sur son crâne aux cheveux courts. T-shirt un peu grand pour lui. En même temps, il était une brindille, déjà. Ces conneries-là n'allaient sûrement pas l'arranger, d'ailleurs. T-shirt un peu grand, jogging et chaussettes de sport. La tenue type de l'homme qui venait dans un hôpital militaire. La tenue type d'un homme qui venait dans un hôpital tout court. Depuis l'accident, depuis son réveil, ses angoisses et ses cauchemars étaient revenus en force. En traître. Tout une époque qu'il commençait enfin à dédramatiser, à oublier peut-être un peu aussi, venait à nouveau le ronger de l'intérieur.

Downy se détourna de la baie vitrée et fit rouler son fauteuil, sans but. Sauf celui d'errer. Errer comme une âme en peine ? Peut-être un peu... Beaucoup. Il aurait aimé pouvoir se lever, récupérer ses affaires, téléphoner à Wilde et lui dire "Je rentre." Il aurait aimé. Downy se rendit vite compte qu'il avait réussi à faire le tour de l'aile de l'hôpital dans laquelle il était et de revenir à la baie vitrée sans s'en rendre réellement compte. Il se mordit la lèvre inférieure en regardant ce pâle reflet dans le verre de la vitre. Amoché. Son visage tuméfié en disait long. Il crut alors entendre son nom. Quelqu'un qui l'appelait. Il battit des paupières, un peu pommé, et fit un demi-tour avec son fauteuil. Daphnée. Une amie rencontrée lors d'un concert dans un bar. Il avait renversé son verre sur elle sans le faire exprès. Il s'était répandu en excuse, elle aussi. C'était de là que tout était parti. Il n'osa pas parler. Il n'en avait pas envie. Pas besoin de rajouter des mots, la douleur était sûrement déjà là, rien qu'en le regardant, bloqué dans son fauteuil roulant.

I'm fighting over this !

Downy & Daphnée

En début d'après-midi, Daphnée commençait réellement à s'ennuyer. Elle avait pris sa journée pour pouvoir explorer un peu Détroit, mais finalement, le cœur n'y était pas. Elle pensait toujours et encore à Arthur, son frangin. Il fallait absolument qu'il revienne vers elle, sans quoi, elle se laisserait tomber au fond du gouffre. Elle se rappela alors que quelqu'un d'autre était beaucoup plus attristé qu'elle : Downy.

Pourquoi ne pas lui rendre visite ? Mais sûrement pas les mains vides; elle prit un bus qui l'amena au centre commercial. Aussitôt rentrée à l'intérieur, elle courut presque jusqu'au rayon de musique, de peur que l'heure des visites n'ait changé. Elle prit pourtant pas mal de temps pour choisir le cadeau qu'elle offrirait : le Best Of de Radiohead. La musique aidait lorsqu'on était mal, et de plus, Downy lui avait dit qu'il était plus vieux rock. Elle paya alors ce qu'elle allait lui donner et le mit dans un petit sac noir. Puis, elle reprit un autre bus en direction de l'hôpital. Durant le trajet, elle retira l'étiquette indiquant le prix minutieusement, pour ne pas abîmer la pochette et regarda ensuite par la fenêtre. Elle était presque arrivée.

Puis, elle descendit et se dirigea lentement vers l'entrée. Elle ne supportait pas les hôpitaux, cette ambiance froide, cette odeur de médicaments, ces gens qui pleurent... Elle qui avait juste l'habitude d'être heureuse à courir après son frère dans la maison. Ce devait être la deuxième fois seulement qu'elle allait dans un hôpital. Puis, elle demanda Downy à la personne à l'accueil et ralentit encore. Elle commençait à avoir peur, peur de voir comment Downy irait. Pourtant, ça ne faisait pas très longtemps qu'elle le connaissait, mais elle s'était déjà un peu attaché au jeune homme.

Elle parcourait paniquée les longs couloirs blancs de l'hôpital jusqu'à le voir près de la baie vitrée... Dans son fauteuil. « Downy ? » Rien qu'en regardant son visage, on voyait qu'il ne supportait pas d'être enfermé ici. Elle aurait aimé dire "ça va?" mais au dernier moment y renonça. Quelle question stupide, évidemment que ça n'allait pas. Elle se rapprocha alors et lui tendit le petit sac noir. « C'est pour toi. »

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« I'm fighting over this ! »

« C'est pour toi. » Downy ne posa qu'un instant son regard sur le sac noir que lui tendait Whinyson. Il avait détourné le regard, comme l'idiot qu'il était. Il préférait regarder ailleurs, partout, mais surtout pas vers Daphnée, cette jeune fille avec qui il s'était liée d'amitié, simplement, et qui était là, devant lui. Rien n'aurait pu la pousser à venir le voir. Après tout, ils n'étaient que de simples "copains". « Merci. » La remercier, dans un souffle, alors qu'il avait à peine tendu la main pour attraper le sac qu'elle lui tendait. Non, c'était rien que le fait qu'on pense à lui, déjà, qu'il voulait remercier. Il releva les yeux vers elle. Fauteuil. Roulant. Fauteuil roulant. Il allait en déranger et en ébranler plus d'un dans ce machin là. Il baissa les yeux et sortit doucement.. L'intégrale de Radiohead du petit sac. Sa gorge se serra. L'intégrale de Radiohead. Son cerveu venait de lui ramener les paroles de Creep dans la tête. Et le refrain, bon sang!, le refrain lui semblait beaucoup trop proche de lui. But I'm a creep, I'm a weirdo. What the hell am I doing here ? I don't belong here. Il se mordit la lèvre inférieure et releva les yeux vers Daphnée. « Je.. Merci. J'aurais bien été tenté de me lever pour te faire la bise, mais je crois que je vais avoir du mal.. » Un sourire, ironique. Il était cloué dans une chaise roulante. Il ne pouvait plus l'oublier. Clarkson roula un peu sur le côté pour se dégager et être plus libre de ses mouvements.

Rouler. Il allait falloir réellement s'habituer à ça. Il ne marchait pas, il roulait. Downy regarda un peu à l'autre bout du couloir, avant de reposer son regard sur Whinyson. Les questions ne tarderaient pas. Il ne supportait pas qu'on le questionne. Prendre son courage à deux mains. « J'ai la colonne vertébrale de touchée. J'suis paralysé mais y'a de l'espoir, je pourrais peut-être remarcher un jour. » Le plus dur dans ces mots qui avaient écorché la gorge de Downy quand il les prononçait... C'était de ne pas nier cette condition pour qu'il marche. Ce "peut-être". Cette incertitude. « Je dois être l'homme le plus accidenté de Detroit ou un truc du genre. » Il esquissa un sourire. Qui laissait passer un peu d'amertume. Il en avait eu, des accidents peu graves avec son scooter. Et bien sûr, c'était à pied qu'il se faisait totalement défoncer. Il fallait croire qu'il n'y avait pas de logique... Puisqu'il n'y en avait aucune, vraiment. Il baissa les yeux, et regarda le cadeau de Daphnée. Il releva ses yeux chocolatés. « T'aurais pas dû. Vraiment. Si on m'offrait un intégral à chaque fois que j'ai un accident, j'aurais une réserve de CDs monstre.. »

I'm fighting over this !

Downy & Daphnée

« J'ai la colonne vertébrale de touchée. J'suis paralysé mais y'a de l'espoir, je pourrais peut-être remarcher un jour. » L'espoir, c'était le même que Daphnée avait pour son frère, et ce foutu espoir menait chaque être humains en bateau. Au fur et à mesure du temps, Whinyson avait finit par comprendre qu'elle existait pour réaliser les espoirs des gens. Ca la rendait heureuse et lui donnait une raison d'exister, alors aujourd'hui, elle devait voir Downy sourire pour de vrai. « T'aurais pas dû. Vraiment. Si on m'offrait un intégral à chaque fois que j'ai un accident, j'aurais une réserve de CDs monstre.. » « C'est bien, au moins tu gardes le sens de l'humour. sourire attendri Je suis sûre que tu pourras remarcher. Si tu perds pas espoir, et si tu ne t'obstines pas à penser à la fois où tu pouvais marcher. Je pense que tu le sais déjà, c'est pas la peine que je te le répète. » La blondinette sourit à nouveau avant de tirer une chaise face à Downy, et puis s'asseoir. « Et puis, la médecine progresse vite de nos jours. » Cette phrase, c'était le remède miracle. Celle qu'on sortait à chaque cas "extrême", comme si ça changeait une vie. En réalité, Whinyson avait beaucoup de mal à voir Clarkson en fauteuil roulant. C'était comme s'il vieillissait d'un seul coup, qu'il avait pris 30 ans. Ce devait être compliqué la vie en fauteuil. « Tu sors quand ? » Daphnée voulait simplement savoir si la durée n'était pas trop insupportable. Elle venait de se promettre de rendre quotidiennement visite à Downy avant d'aller travailler. Pour elle ne savait quelle raison, sauf ce fauteuil, peut-être. C'était important de soutenir les personnes qui en avait besoin. Elle sourit alors et regarda aux alentours, et remarqua que la baie vitrée devait être le meilleur endroit de l'hôpital, mais pensa aussi que cette baie vitrée torturer Downy. L'envie de sortir devait le démanger. Elle se demanda alors si elle ne pourrait pas aller dehors avec lui, juste histoire de prendre l'air, mais attendit un peu avant de lui poser la question.

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« I'm fighting over this ! »

Non, ce n'était pas la peine de lui répéter. Il avait vraiment l'impression d'être retourné 7 ans en arrière. Il savait ce que les gens disaient, ce que tout le monde disait, en essayant de sourire alors que la volonté y était rarement. Il avait vieilli, au moins, en sept années. Il n'était plus le gamin, totalement choqué, marqué, brûlé au vif, perdu et tentant en vain de ne pas couler quand personne ne savait s'il se noyait ou non, que personne n'y faisait attention. « Et puis, la médecine progresse vite de nos jours. » Downy reposa son regard sur Daphnée qui s'était trouvé une chaise. Le sourire qu'il arborait était horriblement ironique et narquois. « La médecine progresse vite ? Je suis content de le savoir. » Ton un peu trop cassant, se rendit-il compte quand il fût trop tard pour la fermer. Whinyson ne pouvait pas savoir toutes ces.. choses. Après tout, ses plus proches amis le savaient, et c'était bien les seuls... « Tu sors quand ? » Downy déglutit et baissa le visage, appuyant son front contre sa main, son coude calé sur l'accoudoir de son fauteuil. Son autre main, il s'en servait pour broyer l'autre accoudoir ou presque, tellement ses phalanges blanchissaient face à la force qu'il mettait à le serrer, pauvre moyen d'évacuer ce qui bouillonnait en lui. « Me parle pas de sortir. J'en sais pas grand-chose, et tout ce que j'aimerais c'est ne pas être là. Être en fauteuil, je pourrais toujours faire avec. Mais en plus je suis.. là. Apparemment faut que je me retape avant qu'ils me rendent ma liberté. » Et puis peut-être qu'ils ont peur que je fasse une connerie, après tout. Qu'il fasse quoi ? Qu'il replonge aussi rapidement dans la coke ? Qu'il se tire une balle et arrête de se battre ? Il s'était déjà tellement battu. Un combat de plus. Un combat de moins. Qu'est-ce que ça faisait, au fond ?

Downy releva le visage. Sur ce visage de presque trentenaire abîmé, on voyait deux yeux. Deux yeux vieux de milliers d'années. Des yeux qui en avaient vu, beaucoup. Trop. Les mauvaises choses avaient saisi l'occasion pour revenir le ronger. Alors, bientôt, que resterait-il de Downy ? Une grande carcasse, ouais. Comme presque toujours... Comme toujours. Une grande carcasse qu'il avait rempli de poudre, de larmes contenues parfois aussi.. Une grande carcasse, des os et de la peau, il en finirait peut-être ainsi... « Je crois qu'ils veulent me garder un petit mois, environ. Mais après je devrais revenir souvent si je veux essayer... de marcher à nouveau. » Un ton posé qui se trahissait au fur et à mesure que les syllabes s'égrenaient. Downy se mordit la lèvre inférieure.

Spoiler:

I'm fighting over this !

Downy & Daphnée

« La médecine progresse vite ? Je suis content de le savoir. » Downy était à bout, ça se voyait. Bien qu'il était capable d'y croire un peu plus, Whinyson ne pensait pas même un instant qu'il s'accrochait suffisamment. Un silence un peu gêné s'installa juste après ça, et Daphnée lui demanda enfin sa date de sortie. A première vue, il n'en savait pas grand chose, mais il ne le supportait pas. Puis, il parla d'une durée d'un mois. Un mois, qu'est-ce que ça peut bien représenter ? Whinyson réfléchit un instant, un peu trop longtemps et finit par trouver : ne pas le compter en jours. « Tu sais, un mois ça passe vite. Faut juste positiver, même si c'est pas très facile j'imagine. Faut pas se dire qu'un mois c'est des centaines d'heures, des millions de secondes, pas même 30 jours. Faut se dire qu'un mois c'est 4 semaines, et si on réfléchit bien, 4 semaines c'est pas beaucoup. Il n'y a personne d'autre qui puisse venir te voir pendant ces 4 semaines ? C'est plus facile si on est pas seul. » Puis Whinyson eut un regret. Pourquoi avait-elle dit ça ? Pourquoi avait-elle parlé d'être seul ? Elle aussi elle était seule, et donc très mal placée pour dire des choses pareilles.

Elle ne connaissait pratiquement personne ici, et ne pouvait pas vraiment être à l'aise avec les autres, sans être tranquille dans sa tête. Sans savoir qu'Arthur était en vie. Mais pourquoi pensait-elle à lui ? Ca n'était pas le moment, vraiment pas, Downy avait besoin qu'on l'écoute.

« Et puis après, tu viens seulement de temps en temps, pour pouvoir remarcher, alors ça devrait aller ! ... Tu ne veux pas prendre un peu l'air ? Je pense que ça te ferai du bien. »

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« I'm fighting over this ! »

« Tu sais, un mois ça passe vite. Faut juste positiver, même si c'est pas très facile j'imagine. Faut pas se dire qu'un mois c'est des centaines d'heures, des millions de secondes, pas même 30 jours. Faut se dire qu'un mois c'est 4 semaines, et si on réfléchit bien, 4 semaines c'est pas beaucoup. Il n'y a personne d'autre qui puisse venir te voir pendant ces 4 semaines ? C'est plus facile si on est pas seul. » La fraîcheur d'une enfant, ou presque. Positiver. Quel foutage de gueule, ce truc, positiver. Downy était réaliste. Il réalisait. Et réalisait surtout qu'il merderait sa vie jusqu'au bout. Quatre semaines. Oh, Daphnée, il y aurait toujours Braeden. Braeden qui viendrait encore, encore, encore et encore. Hesther, peut-être aussi, même si Clarkson aurait préféré que non, un choc trop important et le bébé prendrait cher, non ? Et puis il y avait tout le monde. Jaymes, son meilleur ami d'enfance, qui avait tenté contre monts-et-vaux de le faire sortir de son mutisme et de la drogue, sept ans plus tôt. Peut-être même que Seven aussi viendrait ? Pour le charrier un peu, lui donner des nouvelles du lycée. « Je suis pas seul. J'ai.. J'ai Braeden.. Et puis je crois que je connais la moitié du staff de l'hôpital. » lâcha-t-il avec un mince sourire. Braeden était là quand il s'était réveillé. Comme lui-même l'avait été quand, pendant deux mois, il l'avait veillé, perdant puis reprenant espoir pour revoir un jour son beau regard sombre et son sourire à tomber. « Et puis après, tu viens seulement de temps en temps, pour pouvoir remarcher, alors ça devrait aller ! ... Tu ne veux pas prendre un peu l'air ? Je pense que ça te ferai du bien. » Il planta son regard chocolaté sur la petite blonde. Il aurait aimé, déjà, mettre les pieds dehors.. Oh oui... Mais le mot n'était pas le bon. Mettre les roulettes, disons. « ... 'Kay. » Pauvre petit mot prononcé dans un souffle alors qu'il manœuvrait avec son fauteuil pour se mettre dans la voie du couloir. Downy, incapable pour beaucoup de choses, mais capable de déplier son canapé-lit d'une main et de passer son permis fauteuil-roulant en une semaine de pratique. Besoin d'indépendance, peut-être. Le fait est que, si Whinyson voulait le pousser, ce ne serait pas aujourd'hui. Il faisait rouler à la force de ses bras. C'était le peu d'honneur, ce petit tas de miettes qui restait au fond de lui, qui ressortait.

Passer devant l’accueil du service pour leur dire qu'il sortait un peu, prendre l'ascenseur. Il n'avait pas osé, avant cet instant, retourner au dehors, même si l'envie l'avait tiraillé. Peut-être la peur panique d'être attaqué, encore. Alors qu'il prenait la rampe de sortie pour handicapés, suivit de Daphnée, un choc. Quelque chose tombait avec fracas. Downy pila ou presque, et serra les dents. Les détonations des grenades étaient son quotidien, quand il partait en mission. Les coups de feu, le silence de mort, les explosions, le silence de mort, le crépitement d'un brasier.. Il s'obligea à respirer calmement. Tout ça, c'était censé être enfoui au fond de lui, ça commençait même à ressortir de moins en moins souvent, la nuit. L'accident avait tout ramené en flèche. Et la lame rouillée des souvenirs à l'autre bout du monde s'enfonçait douloureusement à nouveau en lui.

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