The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan
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Sujet: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Mer 19 Sep 2012 - 15:43
Joan & Ethan
B
lâmer les circonstances, le destin, la malchance ou les mauvais choix, ou bien se battre. Les choses ne sont pas toujours justes dans la vie, c'est comme ça. Est-ce pour autant une fatalité ? Certainement pas. Comment se fait-il alors que certaines personnes soient plus fortes que d'autres, bien plus fortes ? Naissons-nous tous avec les mêmes armes pour nous battre dans la vie, contre la vie ? En jetant un regard en direction du lit d'hôpital lui faisant face, quelque chose lui disait que non. Pourquoi ne possédons-nous pas tous les mêmes moyens de défense, les mêmes chances de survie ? Pourquoi le sort semble s'acharner sur certains et pas sur d'autres ? Cela n'a pas de sens. Encore des questions, toujours des questions, mais bien trop peu de réponses. Une main posée sur celle de Joan – endormie – les pensées du blond vagabondèrent vers des contrées lointaines, une période aussi vieille que révolue. L'enfance. Douce insouciance que cette période où tout apparaissait comme magique, la laideur du monde n'ayant pas encore sauté au visage du bambin qu'il était. Pas encore coincé dans son corps d'adulte, alors qu'il pose sur l'extérieur un regard naïf et enfantin. Le monde est toujours plus beau observé au travers de pupilles innocentes, a-t-on jamais entendu un enfant se plaindre de l'injustice ? Non. Pas par manque d'intelligence ou bien encore de culture, mais simplement parce qu'il est plus intéressant de s'amuser et de jouer que de se plaindre. « Savoir quand se battre et quand trouver la paix. Aussi longtemps que la lune scintillera, aussi longtemps que la rivière coulera, aussi longtemps que le soleil brillera, nous connaîtrons tous la paix ! ». Lorsqu'il était petit, tous les soirs en le bordant, son grand-père lui répétait ces quelques phrases, incompréhensibles à l'époque. Rituel du soir, dont les paroles lui revenaient à présent en mémoire. Il venait de comprendre le sens caché de ces quelques mots. Bon dieu, que ne donnerait-t-il pas pour retrouver cette innocence et cette incompréhension passée. Se battre. N'y a-t-il donc pas un moment de répit dans cette satanée vie ? N'y a-t-il donc jamais de cesse, pas de trêve hivernale pour les soldats fatigués dans son genre ? Arriveraient-ils un jour à retrouver la paix ? Serait-il encore seulement capable de s'émerveiller de quelque chose, sans pour autant revoir ces images de flammes, de fumée, de corps en train de se consumer ? Rien n'était moins sûr.
Un regard, un simple regard en direction des blessures que la jeune femme - dont il tenait toujours la main – s'était infligée elle-même au visage, le ramena à l'instant présent. La paix, il n'était pas prêt de la retrouver, le soleil brillait d'une façon étrange à présent. Clarté obscure qui annihilait ses sens, ses envies, ses pensées. Lui en voulait-il pour ce geste qui restait mystérieux ? Sans doute, oui sans doute qu'il lui en voulait secrètement d'avoir attenté à ses jours, sans même appeler au secours. Avait-elle appelé à l'aide ? Ne l'avait-il pas entendue ? Il ne savait pas, il n'était plus sûr de rien à présent, sauf de cette peur. Cette peur qui lui rongeait le s entrailles depuis plus d'une semaine, qui l'empêchait de dormir et lui coupait l'appétit. L'angoisse de la disparition, de l'absence éternelle. Quitter ce monde en un clin d’œil, Joan avait presque réussi son coup, l'issue de secours qu'elle avait empruntée s'était quasi refermée sur elle. Trop dur d'y penser, d'y repenser. Etait-il censé faire comme si de rien n'était, continuer sa vie c'est ça ? D'après la lettre que leur avait laissé son amour de jeunesse, oui c'était ça... dans le genre « il faut vivre avec ». Être triste tant que les fleurs sont belles et puis passer à autre chose, tourner la page, refermer le livre. Comment aurait-il seulement pu agir de la sorte ? Cette seule pensée lui donna la nausée. Toujours dans la poche de son pantalon, ce bout de papier dont il connaissait à présent chaque mot, continuait de lui lacérer le cœur. Torrent d'hémoglobine qui ne tarderait pas à emporter le peu de raison et de dignité qu'il lui restait encore. Certains passages restaient bien trop obscurs pour lui, mais le restant lui laissait un goût acre dans la bouche, comme s'il n'arrivait plus à se défaire de cette fumée qui les avait entourés Stiles et lui dans la maison de Andy. Cette lettre, ce bout de papier, un allé simple au bout de la nuit, qui rendait l'acte de son amour de jeunesse encore plus énigmatique. Qui aurait pu croire qu'on puisse tirer une réelle satisfaction à creuser sa propre tombe ?
Tiraillé entre la colère et la peur, drôle de mélange dans lequel il s'enlisait un peu plus chaque jour. Il est vrai, la haïr de tout son être, aurait été bien plus simple, bien plus facile pour avancer ; lui en vouloir et puis c'est tout. Ne plus vouloir lui adresser la parole, lui claquer la porte au nez... mais le pardon était tellement plus compliqué et tellement moins salvateur. Peut-être qu'il aurait-dû suivre les consignes de Joan, trouver une femme aimante, honnête et généreuse ; peut-être qu'il n'aurait pas dû se trouver en ce moment même, dans cette chambre d'hôpital totalement lugubre où seul un halo de lumière filtrait par la persienne à demi-close. Peut-être... mais il ne pouvait pas aller à l'encontre de ses sentiments, il ne pouvait plus. Pas après être passé à deux doigts de perdre son grand amour. De sa main libre, d'un geste tendre, il lui caressait les cheveux, tout en se demandant ce qu'il pourrait bien lui dire dès qu'elle ouvrirait les yeux. Un peu plus d'une semaine était passée depuis la découverte macabre, où la demeure de Joan s'était transformée en théâtre de l'abomination et de l'enfer. Le temps semblait un peu trop marquer les heures d'Ethan depuis cet événement. Comme un air de déjà vu. Les blessures, l'hôpital, l'attente entre deux réveils, les longs couloirs, cette odeur de désinfectant qui prend à la gorge. Un tas de souvenirs, de mauvais souvenirs qui se rappelaient à lui. La boucle était-elle enfin bouclée ? Il l'espérait, car il n'était pas sûr de pouvoir survivre à un autre épisode de ce genre. Jamais, jamais plus. Pourvu que la bataille soit enfin terminée. Pourvu qu'ils puissent enfin être heureux. Ce n'était pas trop demander, peut-être que si...
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Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Mer 19 Sep 2012 - 18:50
Ethan & Joan
The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night
Lorsque la réalité vous prenait d'assaut, lorsque tout ce qui vous composait se transforme en tout ce qu'il y a de plus illusoire, c'est à cet instant précis où votre âme se laisse dissoudre quasi instantanément. Ne plus penser, agir pour la libération, pour ce moment où vous sentirez l'air quitter vos poumons dans un dernier sifflement sourd. Attendre ce moment, le goûter, le vivre pleinement puisque vous êtes certain de ne jamais regretter. La vie détruit autant qu'elle ne crée, on l'apprend tous à nos dépens et souvent de la manière la plus forte qui soit. Il avait fallu dix bonnes années pour que Joan termine plus bas que Terre. Pendant longtemps, on avait cru que le pire était passé, que la jeune femme ne pourrait plus jamais vivre une si cruelle douleur que celle de son viol. Pourtant, quelques paroles lui avaient fait bien plus mal que ce souvenir. On pouvait tout lui retirer jusqu'à sa dignité mais l'amour, elle n'avait pas supporté. Moins qu'un être humain, plus que des cendres, Joan avait laissé son identité se désagréger sous ses yeux impuissants avant de prendre la décision la plus égoïste de sa vie d'adulte. Périr, abandonner, se laisser porter au gré des flammes ne supportant plus ce reflet impur dans le miroir. Le regretter amèrement quelques jours plus tard. Un état catastrophique, une douleur perpétuelle et lancinante qui la frappait de part en part, ses côtes étaient fragile, sa respiration plus difficile, son estomac ne pouvait plus rien avaler. Joan Kellers avait seulement obtenu un sursis. Mais pourquoi faire? La jeune femme avait eu le temps de penser à son retour parmi les vivants durant cette longue semaine perturbée par le sommeil intempestif et les crises de douleur qui ne se calmaient qu'après une bonne dose de morphine. Il lui avait fallu quelques heures avant de comprendre que le véritable amour avait eu raison de son désespoir. La peur dans sa voix, la douleur déchirant ses cordes vocales,son amour inconditionnel pour Ethan l'avait ramené à ses esprits. Tant pis pour son identité, tant pis pour le déshonneur, tant pis pour l'absence d'un amour familial, Andy ne pouvait se résoudre à rompre sa promesse. Le mal était fait pourtant. Joan le savait, elle aurait voulu avoir la force de se frapper pour avoir osé même penser à disparaître sans partager avec Ethan ses pensées. Comment lui dire qu'elle avait commis l'irréparable? Quelle n'était pas celle qu'elle prétendait être? Comment ferait-elle en croisant son regard empli de déception? A ce moment là, elle en finirait avec la vie, le reste de sa personne n'étant qu'une illusion d'une vie qu'elle n'avait jamais vécu. Se haïr, continuer à souffrir et savoir que l'heure de la vérité était proche. Tout cela n'arrangeait pas sa guérison rapide mais Joan s'accrochait, elle devait la vérité, elle la devait parce qu'elle aimait cet homme plus qu'elle ne pourrait l'imaginer.
En attendant, la jeune tueuse ne se posait aucune question, perdue dans le monde du rêve ou plus certainement du cauchemar. Cette nuit ne s'effacerait jamais de sa mémoire tout comme celle d'il y a dix ans. La revivre, avec des scènes coupées, tenter de refaire le cheminement dans sa tête, tenter de comprendre quand s'était effectué le point de rupture. Pourquoi? Pourquoi ce visage mutilé? Pourquoi l'immolation? Pourquoi vouloir détruire toute trace de sa vie? Joan avait senti un désespoir profond la traverser, le point de non retour lui avait souri et elle avait répondu à son appel. Le repos n'était plus salvateur, cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vécu les phases basiques d'un sommeil réparateur. Survivre, même dans ses rêves, Joan faisait face aux pires situations et finissait par abandonner face à la difficulté et à la fragilité de son intellect. Finalement, elle avait également fait ce choix dans la vie courante, acceptant la mort plus facilement qu'elle ne l'aurait pensé après dix ans de lutte pour l'éloigner de sa personne. Et voilà qu'aujourd'hui, elle gisait dans ce miteux lit d'hôpital et que même endormie, la cadette Kellers tentait de trouver la paix sans jamais y parvenir, la mort la guettant. Une douleur insurmontable, une mort approchante et Joan se sentit tirée du réveil avec la désagréable sensation de ne pas être passée loin du jugement dernier. La jeune femme ne sentait rien, sans doute que le personnel médical avait préféré lui administrer de quoi tenir une nouvelle épreuve. Bien vite, elle sentit le contact rassurant de la main de son bien aimé sur la sienne. Elle ouvrit les yeux lentement et le vit pour la première fois depuis cette fameuse nuit. Joan se rappela bien vite en voyant son visage inquiet et torturé qu'elle avait eu le malheur de consigner ses dernières volontés dans une lettre. Le voir heureux avec une autre, fonder une famille, vivre à nouveau, tout cela n'était que foutaises quand on constatait son état de fatigue et d'angoisse à la vue de Joan. Peu de lumière arrivait jusqu'à Joan et pourtant à travers cette pénombre, elle distinguait les yeux perçants de son amour de jeunesse. Une boule au ventre se forma instantanément et la jeune anglaise ne sut pas si cela avit à voir avec sa tentative de suicide ou bien la vue de la personne qu'elle chérissait le plus au monde en souffrance par sa faute. Andy ferma les yeux quelques secondes pour empêcher la peine la submerger à nouveau, elle ne pouvait pas revenir en arrière, elle pouvait seulement justifier son présent maintenant qu'elle retrouvait la parole. Avec une faiblesse déconcertante, elle serra la main d'Ethan, geste simple mais qui lui donna une force surprenante pour rester fixer sur son regard troublé.
Se réveiller d'un cauchemar épouvantable et s'apercevoir que tu es là alors que je pensais ne plus jamais te revoir, la vie n'aurait pas pu être plus belle aujourd'hui...
Un sourire timide vint éveiller les traits du visage décharné de Joan alors que l'angoisse montait considérablement. Le moment était arrivé et rien ne se mettrait en barrage de l'abominable vérité.
Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Ven 21 Sep 2012 - 16:37
Joan & Ethan
L
a main de Joan toujours dans la sienne, Ethan contemplait les blessures du visage de cette dernière, à demies-cachées par les nombreux pansements. Est-ce que cette auto-mutilation avait bien été nécessaire ? Avaler des cachets, mettre le feu à son domicile, n'était-ce encore pas assez comme mise en scène macabre ? Pourquoi toute cette symbolique autour de cet acte ? Pourquoi vouloir disparaître de cette manière ? Redevenir poussière - comme si elle n'avait jamais foulé la surface de cette terre, ne laisser aucune trace, sauf celle indélébile, marqué au fer rouge, sur leur cœur, sur leur âme- être balayée, emportée, éparpillée dans le vent mais surtout dans les larmes. Se forcer à regarder ailleurs, détacher son regard des morceaux de gaze, pour ne plus penser à l'instant T, celui où Stiles et lui étaient entrés dans la maison de Andy. Dès qu'il fermait les yeux, des flashs de cette fameuse après-midi lui revenait en mémoire, par bribes, toujours plus inquisitrices et lancinantes. La vision des flammes, Joan inconsciente au milieu de cet enfer. Il avait beau faire, mais il n'arrivait pas à penser à autre chose. Qu'en était-il de Stiles ? Arrivait-il à gérer le traumatisme engendré par cette découverte ? Le Londonien n'avait pas eu le courage d'affronter le regard de l'aide-soignant. D'ailleurs il s'était contenté de lui adresser lâchement une copie de la lettre de Joan, n'arrivant pas à se rendre une nouvelle fois au domicile de ce dernier. Inconsciemment, il avait peur que le schéma se reproduise à nouveau. C'est par là que tout avait commencé. Aussi, cela remontait à quelques mois, lorsqu'il avait reçu ce fameux appel téléphonique. S'ils ne s'étaient pas mis martel en tête de la retrouver, sans doute ne serait-elle pas là à l'heure actuelle, sur ce lit d'hôpital. Il est vrai, elle ne serait pas là, elle serait sans doute six pieds sous terre, à manger les pissenlits par la racine. Joan devait une fière chandelle à son frère. La catastrophe n'était pas passée loin. A cette pensée, sa gorge se noua un peu plus. Ses yeux le brûlèrent soudainement, sans pour autant générer une montée de larmes. Il semblait avoir épuisé son stock d'eau salée pour les quelques prochaines décennies à venir.
Plus il cherchait un sens profond à toute cette histoire et moins il comprenait. Un seul et même mot revenait en boucle dans sa tête. Pourquoi ? Il avait besoin de comprendre, il espérait de tout son cœur que Joan puisse lui fournir cette explication, la pièce maîtresse et manquante du puzzle. Il devait résoudre cette équation, sans quoi il n'arriverait pas à aller de l'avant. Malgré tous les chagrins du monde, malgré tous les obstacles placés sur la longue route de la vie, lorsque l'on aime quelqu'un, il subsiste toujours un espoir, une promesse de jours meilleurs, il y a encore une main à laquelle se raccrocher avant de tomber de haut, et de terminer au fond du gouffre. Joan les aimaient Stiles et lui, du moins c'est ce qu'elle avait écrit sûrement quelques instants avant de commettre le pire. Comment avait-elle pu avoir dans l'idée de quitter ce monde, en sachant pertinemment qu'elle les abandonnait tous deux ? Ethan ne comprenait vraiment pas, il n'arrivait pas à le concevoir. Le fait de ne pas comprendre et de douter sincèrement des sentiments que pouvaient éprouver la jeune femme à leur encontre, ne faisait que rajouter un peu plus à son chagrin. Lâche, courageuse, il n'arrivait pas encore à déterminer lequel de ces deux termes était le plus approprié pour décrire ce passage à l'acte. Aucun des deux sans doute. Partagé, écartelé entre deux sentiments, Ethan reporta son regard - rougi par le manque de sommeil et les nombreuses heures passées à angoisser dans son coin – sur Joan. Cette dépendance malsaine, le chemin le plus court vers la dépression, il la ressentait jusqu'aux tréfonds de son être. L'Amour, cette forme de déprime de l'âme, sauf que les médicaments qu'on ingère ne sont pas des pilules, mais des minutes passées avec l'être chéri. Il lui en voulait, mais il ne pouvait pas l'abandonner à son tour. Il n'arrivait pas à s'y résoudre. Il se détestait. N'avait-il pas eu assez d'ennuis comme ça ? La vie ne lui avait-elle pas assez prouvé qu'il resterait éternellement seul ? Chaque personne à laquelle il s'accrochait finissait pas crever ou par l'abandonner. Ethan voulait se libérer, de cette emprise, de cette attirance, afin de ne plus prendre le risque d'être à nouveau blessé, par la seule et unique femme qu'il n'avait jamais aimé. Se libérer songeait-il avec douceur, mais il était trop tard pour ça. Il aurait fallu y songer avant, bien plus tôt, car à présent il fallait accepter les chaînes qui l'entravait. Et au lieu de s'arracher la peau contre elles en essayant de fuir, attendre que le temps le fasse maigrir, l'affaiblisse. Et qu'un jour les chaînes ne lui aille plus et que, tout naturellement, elles glissent et le libère...
Qu'il était beau de rêver. Comme s'il lui était seulement possible de se défaire de ces chaînes, de cet amour. Essayer pendant près de dix années, et se rendre compte que tous ses efforts pour oublier étaient vains. S'en était presque rageant. La main de Joan qui essaya de serrer la sienne, le ramena soudainement à la triste et dure réalité. Il ne trouva rien à dire et attendit donc qu'elle prenne la parole. Le silence fut rompu au bout de quelques instants. Se réveiller d'un cauchemar. Avait-il bien entendu ? Ce cauchemar, elle l'avait peint toute seule. Pourquoi ? Encore ce même mot qui dansait devant ses pupilles. Il se garda de tout commentaires, ne voulant pas se montrer blessant, ce n'était pas le moment, Joan n'avait certainement pas besoin de ça. Malgré tout, il n'arriva pas à rendre son sourire à son grand amour. Il semblait avoir oublié la manière dont pouvait fonctionner les muscles censés étirer le coin de ses lèvres. D'un ton tout aussi éteint que son regard, Ethan souffla un : « Je t'ai promis d'être là, quoiqu'il puisse arriver... ». Ses yeux se posèrent durant quelques secondes sur la fenêtre lui faisant face. La pénombre et l'ambiance de la pièce reflétait bien ce qu'il ressentait. A l'intérieur, tout était sombre, silencieux, seul l'écho de son propre chagrin lui répondait. Gardant la main de la jeune femme dans la sienne, il fouina dans la poche de son pantalon, pour en extirper la fameuse lettre, qu'il posa sur le lit d'hôpital. « Pourquoi Andy ? Pourquoi tout ça, toute cette mise en scène ? Qu'est-ce que cette lettre signifie, qu'est-ce que tout ça veut dire ? Qu'est-ce qui s'est passé pour que tu ne tiennes pas ta promesse ? Je croyais que je ne devais pas avoir peur que tu partes à nouveau... pourtant j'ai eu la trouille de ma vie en te voyant... là-bas, comme ça. J'ai cru crever lorsque ton cœur a lâché. Je... pfff... c'était tellement... affreux, j'en dors plus la nuit. Pourquoi tu n'as pas appelé au secours avant d'en arriver là ? ». Sa voix se brisa contre ses lèvres, impossible de prononcer un mot de plus. Malgré l'obscurité de la pièce, il plongea son regard dans celui de la blessée, y cherchant avec désespoir une réponse, LA réponse, celle qui le délivrerait enfin.
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Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Ven 21 Sep 2012 - 21:07
Ethan & Joan
The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night
Sourire forcé. Hypocrisie du moment. Lâcheté du regard. Comment affronter la personne que vous aimiez le plus au monde après avoir commis l’acte le plus égoïste qui soit ? Joan avait clairement voulu abandonner Ethan à son sort seulement quelques nanosecondes après leurs retrouvailles, il était certain qu’il aurait quelques appréhensions à son réveil. Revers de la médaille, rêves brisées, cette douce époque de bonheur intense disparue dans un écran de fumées aussi fugace que destructeur. La réalité était toute autre. Joan était toujours enfermée dans son cercle vicieux de douleurs, d’obscurité et de solitude. Elle savait pourtant que son indépendance à l’excès lui ferait commettre l’irréparable. Le regard d’Ethan en était la conséquence directe. Un poignard fictif enfoncé dans le cœur, Joan tenta de conserver son attitude optimiste, simple feinte qui lui permettait de le rassurer. Mais de quoi au juste ? Joan tenta de se mettre dans le crâne qu’elle avait eu la ferme intention de mettre fin à sa vie, cette simple envie de se voir disparaître n’avait certainement pas disparu en quelques jours. Que pouvait-elle lui dire à ce propos ? Comment lui expliquer ce qu’elle ne pouvait pas elle-même comprendre ? Comment expliquer la haine et le dégoût que l’on éprouve lorsqu’on croise son propre reflet ? Toutes ces choses étaient inexplicables, une simple pulsion vengeresse avait suffi pour qu’Andy perde le contrôle, pour qu’elle agisse enfin, plus de dix ans après cette promesse de toujours se battre, continuer quoiqu’il en coûte car la vie pouvait toujours être meilleure. Un discours plein d’espoir qui avait totalement quitté les pensées de Joan durant ce laps de temps, avant qu’Ethan ne revienne brouiller les cartes. Ce retour aussi inespéré qu’inattendu avait provoqué un tourbillon d’émotions en Joan qu’elle savait unique. Pourquoi n’avait-elle pas saisi l’occasion pour se confier à cette personne si chère à son cœur ? Ces multiples questions n’avaient pas de réelles réponses. Les valeurs, l’honneur, la fierté ? Des notions abstraites qui ne permettaient pas d’établir de véritables connexions entre ce qui s’était passé dans la tête de Joan et ce qu’elle ressentait aujourd’hui, dans ce lit d’hôpital face à cet homme qu’elle aimait. Parler, elle ne savait faire que cela et pourtant, elle avait l’impression que la confiance s’était envolée bien plus vite qu’elle n’était arrivée. Joan se doutait que cette rupture de promesse ne serait pas sans conséquence. Ne pas partir, ne plus jamais partir, simple phrase qu’elle avait promis de respecter à la lettre. Kellers était même allée jusqu’à compter entièrement sur Ethan pour se reconstruire. Dans le regard du jeune homme, la désillusion faisait l’effet d’un coup de massue sur l’esprit encore torturé de Joan. Elle ne mentait pas : la jeune tueuse avait vécu de multiples cauchemars de la nuit de sa tentative de suicide jusqu’à ses siestes agitées et la présence d’Ethan lui faisait l’effet d’un des plus puissants calmants, jusqu’à ce que le malaise s’installe. Ce rappel à l’ordre, la première phrase qu’il prononçait depuis qu’ils s’étaient quittés après cette fameuse nuit était un crève-cœur pour Joan. Son faux sourire s’effaça instantanément et contrairement à Ethan, elle conserva son regard sur lui, laissant couler un silence lourd de sous-entendus. Encore une fois, Joan était à la source de toutes les douleurs de cet homme et elle ne pouvait pas le supporter ; Etait-ce cela aimer ? Constamment décevoir l’être qui transformait vos rêves et vos fantasmes en une réalité aussi belle qu’instable ? Joan n’était pas préparée à ce partage, elle n’était pas prête à subir le revers de cette situation. Pourtant, elle tint le coup, elle ne prit pas la mouche comme elle l’avait tant de fois fait au cours de sa vie et de sa quête, Joan s’était aujourd’hui promis d’arrêter ces petits jeux insignifiants pour laisser place à sa vraie personnalité, sa véritable histoire sans peur du jugement. Le regard fuyant de son amour de jeunesse, la pénombre de cette maudite chambre, l’état exécrable dans lequel elle était, toutes les conditions étaient réunies pour que Joan Kellers prenne son destin en main et accepte de se dévoiler plus qu’à l’accoutumée.
Promesse que je n’ai pas tenue, contrairement à toi… Tu as raison de m’en vouloir et de fuir mon regard, je t’ai encore une fois déçu. Je comprendrais que tu veuilles te détourner de moi, je l’approuverais même certainement.
Un véritable déchirement intérieur s’opéra alors que Joan prononçait les mots les plus difficiles à dire de son existence. Elle observa la réaction d’Ethan mais celui-ci ne semblait pas sur le point de partir, conservant cette main réconfortante sans la sienne. Un autre silence. Une autre douleur transperça le corps meurtri de Joan mais elle se contenta de froncer les sourcils furtivement, elle méritait son sort et ne devait surtout pas jouer de son statut de victime, elle n’en était pas une. Un bourreau, voilà le rôle qu’elle avait joué tout le long de sa vie et elle avait même joué le jeu avec sa propre vie. Des conditions de mort extravagantes comme les autres cadavres qu’elle avait sur la conscience. Quelques visages vinrent se rappeler à elle mais elle les chassa pour se concentrer sur Ethan qui sortit la fameuse lettre de sa poche. Elle regarda la fautive avec un dédain évidemment, Joan se rappelait de chaque mot, chaque expression utilisée. Elle avait pensé tout ce qui était énoncé sur ce bout de papier, elle le pensait encore. Le bonheur ne tenait qu’à un fil pour les deux personnes dans sa vie mais Andy se doutait qu’elle n’était qu’un fardeau pour eux. Déception, toujours la déception qui lui bloquait la respiration, empêchait son cœur de battre sans frein, comment pourrait-elle se pardonner cet écart de conduite d’une importance capitale ? La mutilation, le feu, le cocktail mortel : elle était allée jusqu’au bout de la punition pour en revenir changée dans sa vision du monde et de la vie. Joan se rappelait encore distinctement de son retour parmi les vivants : ces cris perçants, cette douleur indéchiffrable dans l’air, tous ces détails ne la quitteraient jamais et elle en était entièrement responsable comme le prouvait la réaction de l’être aimé. Une fois que la vue de son écrit la rendit malade, Joan reprit la direction du regard perçant d’Ethan. Des questions, des interrogations dont les réponses lui feraient bien plus mal que toutes ses incertitudes. Encore une fois, Joan allait le blesser, chose qu’elle s’était refusé de faire lorsqu’elle avait quitté Londres dix ans auparavant. Un schéma qui se répétait perpétuellement, un cycle destructeur autant que passionnel dont elle ne pouvait échapper cette fois-ci. Joan tenta de se relever un tant soit peu pour rassembler tout ce qu’elle avait du courage. Une fois chose faite, la jeune tueuse tenta de reprendre sa respiration, situation difficile pour elle après seulement quelques jours de convalescence. Ce discours avait une importance capitale, Joan le savait, ces quelques mots définiraient la suite de sa vie, de leur vie, laissant une trace indélébile dans leur mémoire mais Ethan en avait besoin pour avancer, pour oublier…
Je suis tellement désolée de t’avoir fait subir cela une deuxième fois. Tu n’as pas besoin de supporter le prix de mes échecs, tu mérites bien mieux que cela mais je pense que tu as déjà tout lu ce qui concerne ce sujet dans cette fameuse lettre… Je ne m’attends pas à ce que tu comprennes, tu pourras même me haïr, ce sera légitime. J’ai encore une fois failli à ma parole, je suis incapable de respecter un quelconque engagement pour la simple et bonne raison que je suis déjà morte Ethan. Des milliards de fois. Je meurs un peu plus chaque jour, la seule once de vie que l’on m’injecte vient de toi, uniquement de toi mais cela ne suffit pas à effacer mes remords et ma culpabilité, au contraire. Pourquoi aurai-je le droit à obtenir ce bonheur alors que je crée le chaos ? Tu sais ce que cela fait de ne pas supporter sa vue dans un miroir ? De vouloir se lacérer jusqu’à ne ressembler qu’à des cendres ? Ce jour-là, je l’ai ressenti avec une puissance jamais connue jusqu’ici et pour la première fois de ma vie, j’ai agi en conséquence, j’ai répondu à cet appel. Je devais payer chaque goutte de sang versé par ma faute et ce par la manière forte, c’est ce que je me suis fait subir…
Joan fit une pause pour reprendre son souffle, un peu faible après ces quelques répliques. Elle avait les yeux embués, les souvenirs la harcelant. Sa vie défilait derrière son regard vitreux, elle n’avait plus d’autre choix désormais même si tout cela impliquait la perte de son seul amour, même si elle devait vivre seule tout le reste de sa vie pour expier ses fautes. D’un geste maladroit de la main, elle essuya la petite larme qui coula en imaginant sa vie sans Ethan. Elle reprit une contenance avant de replonger son regard azur dans celui de l’homme qu’elle aimait. Prononcer la suite lui demandait un effort surhumain : cette confession lui coûterait son intégrité et surtout apporterait le déshonneur sur elle mais elle méritait ce fléau…
Je ne t’ai pas contacté car encore une fois, je savais que je ne pourrai pas continuer en te voyant… Je méritais mon sort je t’assure. Je suis responsable de la douleur de Stiles, je suis l’entière fautive de la mort de mon frère aîné. Comment aurais-je pu vivre avec ce poids ?
Joan s’arrêta, la suite ne voulut pas traverser ses lèvres pour le moment. Joan souffrait comme jamais mais ces douleurs avait le goût de l’expiation, même si ce n’était qu’une sensation passagère, la jeune femme accepta avec plaisir ce constat. Avec un geste surhumain, elle voulut aller chercher à nouveau le contact tant attendu de l’amour de sa vie, elle ne tiendrait pas le coup pour le restant de cette conversation sans l’avoir touché avant son départ probable et définitif, sa main venant instinctivement se caler dans la sienne, geste aussi naturel qu’inattendu alors qu’Andy laissait les larmes continuer leur manège…
Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Sam 22 Sep 2012 - 13:46
Joan & Ethan
C
e goût amer, qui lui restait en bouche, celui de la déception, parce qu'il avait osé espérer quelque chose en le demandant à autrui, ce goût qui ne voulait plus partir et lui indiquait clairement qu'un stade n'avait pas été franchi, ce goût là-même qu'il ressentait plus vivement encore en regardant Joan. La déception s'était tapie dans l'ombre, guettant le moindre de ses faits et gestes, pour lui bondir dessus au moment où il avait de nouveau été dans l'attente d'autrui. La déception n'en était que plus forte, plus violente, car il avait vraiment cru aux paroles de la jeune femme. Il avait voulu y croire tellement fort qu'il avait sans doute été aveuglé, incapable de voir ce qui se tramait véritablement sous son nez. Tout comme une décennie plus tôt, il se sentait déçu. Déçu qu'elle n'ait pas eu assez confiance en lui pour lui confier ses problèmes, ses états d'âmes, pourtant il était prêt à l'aider, sans émettre le moindre jugement, il aurait pu tout entendre, absolument tout, sans ciller – en dix ans il en avait vu et entendu des horreurs au travers de ses périples au bout du monde - sans bouger, mais ça, ce qu'elle avait fait, non, il ne pouvait pas l'admettre, c'était bien trop difficile. Éradiquer jusqu'à la moindre parcelle de vie, vouloir disparaître à jamais en emportant avec elle ses souvenirs, les plus beaux comme les plus laids et ce soit-disant amour, son parfum... comment avait-elle pu agir de la sorte ? Son égoïsme sans nom était en train de le tuer petit à petit, mais il restait encore à ses côtés, ne pouvant se résoudre à partir et à la laisser à son triste sort. Ce malheur programmé dont il semblait presque s'accoutumer, dont il redemandait en boucle, sans pouvoir se résoudre à changer la donne. Ethan était bien trop attaché à son amour de jeunesse, son grand amour, pour pouvoir se dire que tout était terminé, que ce monde, celui de Joan n'était pas le sien, n'était pas pour lui. Il aurait tellement aimé que tout se passe différemment, lui dire que tout irait bien, que le monde était beau, qu'elle n'avait plus à avoir peur, qu'elle n'avait plus à s'en vouloir de quoi que ce soit. Il aurait aimer pouvoir sécher ses sanglots, pour un futur plus beau, l'aider à aller de l'avant. Il aurait aimé qu'elle lui fasse confiance et qu'elle puisse croire en ses paroles, en lui, en eux. Il aurait aimé, mais il n'en était rien, elle ne lui en avait pas laissé le temps. Regrets éternels, qui ne se résumeraient sans doute à présent plus qu'à la douceur de quelques souvenirs, de quelques instants éphémères, qui se mueraient en éternité pour Ethan. Les deux jeunes gens en étaient au même point que quelques années plus tôt, à cela près, ils n'avaient plus quinze ans et il apercevait les propres limites de Joan, elle n'était pas aussi forte qu'il avait bien voulu le croire. Déception prévisible, les gens ne changent jamais réellement si l'on réfléchi bien. La culpabilité semblait se dresser entre eux, avec sa meilleure amie la déception et sa grande sœur l'amertume. Drôle de réunion au chevet de la blessée. Peut-être que l'une de ces entités finirait par disparaître lorsqu'il se serait pardonné, la joie, celle de vivre, reviendrait alors lorsqu'il aurait pardonné à Andy. Pardonner, mais ne pas oublier pour autant, il n'en serait pas capable, les visions des événements ne le quitteraient probablement jamais. Il devrait vivre avec, en traînant les chaines de ses fantômes derrière lui. Si eux ne pesaient rien, les chaines elles pesaient des tonnes. Rien ne servait de courir, il n'en avait plus la force de toute façon. Peut-être qu'un jour, un beau jour tout cela serait un peu moins ardent, souvenirs racornis par la lumière du soleil et l’œuvre du temps. Le temps rendrait peut-être ces visions un peu moins douloureuses, après en avoir poli, limé les angles, jusqu'à l'érosion.
Face à face, pour la dernière fois ? Il ne savait pas. Impossible semblait être leur amour, possible chagrin dans lequel ils semblaient se conforter. Rien n'avait changé, rien ne changerait jamais. S'aimer en silence, se regarder de loin, tout ça était moins dangereux que ce jeu macabre. Ils n'étaient plus des enfants, rien ne servait de rêver. Vivre l'instant présent, en sachant qu'il allait disparaître, le Londonien aurait dû profiter d'autant plus de leur soirée, lorsque le moment s'était présenté. S'il avait su à cet instant qu'il allait la perdre avant même de l'avoir retrouvée, peut-être aurait-il agit autrement. La fin d'un rêve, la fin d'une vie, difficile que ce violent constat. Avec une franchise déconcertante, Ethan se livra à son tour au jeu de la vérité. Ils ne jouaient plus, il n'était pas question de se cacher derrière de nouveaux faux-semblants, comme ils savaient si bien le faire, l'heure était à la confession, à l'important, juste l'essentiel. « Je ne vais pas te cacher que oui, je suis déçu, je pensais que tout serait différent après... après ce qu'il s'est passé entre nous. En fait, dire que je suis déçu c'est encore trop faible, mais passons. Je t'avoues que j'ai beaucoup réfléchi, je n'ai fais que ça durant la semaine qui vient de s'écouler au ralenti. Comme tu l'as dit toi-même, il m'aurait sûrement été plus facile de te détester, de te haïr, j'ai essayé, mais je n'arrive pas à m'y résoudre. Je ne peux pas te laisser comme ça, t'abandonner, j'en suis incapable ! ». Ethan laissa ensuite la jeune femme se relever, sans tenter de lui venir en aide. Il l'a regarda faire, sans bouger, de toute manière elle était bien trop fière pour accepter quoi que ce soit de sa part. La voir ainsi, lutter contre elle-même et la douleur, contre ce lit, le souffle court, tout ça rajouta un peu plus au malaise éprouvé. Vision qui déchira un peu plus son cœur, ses entrailles déjà en charpies et éparpillées, au milieu de cette route qu'était ce grand gouffre que pouvait représenter sa vie.
La lettre posée sur le lit, devant lui, la main de celle qui avait autrefois fait battre son cœur, avant de l'écraser du bout de sa chaussure, Ethan écouta attentivement ce qu'elle avait à dire. Il attendait des réponses, il ne partirait pas avant de les avoir eues. Quel-qu’en soit le prix à payer, même si cela devait lui faire bien plus mal, même si cela devait l'achever sur place, il ne partirait pas tant qu'elle n'aurait pas craché le morceau. « Je suis encore plus désolé de n'avoir été qu'un pion qu'on a bien voulu déplacer au hasard sur le plateau de jeu... J'ai bien lu ta lettre, en long, en large et en travers, je crois que je serais capable de te la réciter comme ça, juste de mémoire. Je ne comprend pas, c'est le moins qu'on puisse dire. Je ne comprend pas comment on peut envisager de mettre fin à ses jours, lorsqu'on aime véritablement quelqu'un. L'idée de l'abandonner et d'imaginer ne serait-ce qu'une seule seconde ce qu'il ou elle pourrait penser, de qu'elle manière il ou elle va pouvoir vivre après ça, c'est juste trop... trop impensable ! L'absence c'est bien pire que la mort en elle-même, tu voulais vraiment que je continue à vivre normalement après ta disparition, si jamais tu avais réussi ton coup ? Tu pensais vraiment à tout ce que tu as dis dans ce bout de papier ? Comment j'aurais pu seulement continuer à respirer sans ta présence à mes côtés ? Tu n'es pas morte Andy, ce que tu as tué c'est juste l'espoir, l'espoir de croire en des jours meilleurs, ce n'est pas toi qui est morte, juste cet espoir. Tu penses que tu ne pourras jamais te départir de cette culpabilité, de ce vieil ami qui semble te suivre à la trace, mais c'est faux ! Ce n'est pas toi qui a engendré ce chaos, ce n'est pas toi qui est à l'origine de tout ça, c'est lui, cet espèce de... de... j'ai même pas de mot pour le décrire. Le jour où tu prendras enfin conscience que tout ça n'est pas de ta faute, peut-être que tu pourras enfin avancer et te regarder dans ce maudit miroir. Non... non je ne sais pas ce que ça fait de ressentir ce genre de choses Andy, par contre je sais un peu trop ce que c'est que de découvrir quelqu'un qui a pu ressentir cela ! Tu n'avais pas à payer pour tout ce que tu as fait ou tout ce que tu as pu faire, je pense que le poids de la culpabilité était déjà bien trop cher payé ! »
A nouveau, dans la lumière obscure de la pièce froide et impersonnelle, Ethan écouta avec la plus grande des attentions les mots, les paroles de son amour de jeunesse. Même dans la pénombre, il pu distinguer les larmes qui bordaient à présent les yeux de la jeune femme. Son cœur se serra un peu plus, tout comme sa gorge se noua. Idée insupportable que de la voir pleurer ou bien de la savoir au fond du gouffre, au trente-sixième dessous, sans pouvoir faire quoi que ce soit. Il était sans doute trop tard pour faire quelque chose à présent de toute façon. C'était faux bien entendu, il était toujours possible de réparer les dégâts et de remettre une âme égratignée sur les rails, de la rafistoler, du moins en partie, peut-être celle uniquement visible, mais cela serait mieux que rien du tout ; préférable à la mort. Ce qui ne l'était pas en revanche, était bien la mort de ceux qu'on aime. Inconsciemment, Ethan resserra légèrement sa main autour de celle de Joan, tout en remettant de l'ordre dans ses pensées, après avoir ingéré les paroles de cette dernière. « Si tu étais persuadée que tu ne pourrais pas continuer en me voyant, pourquoi as-tu quand même continué ? Je ne comprend pas, me voir ou non n'aurait rien dû changer à la donne, je n'étais pas loin et tu le savais. Malgré tout ce que tu as pu écrire, j'ai l'impression de n'être rien à tes yeux, de ne rien représenter. Je ne sais pas de quoi tu parles exactement concernant tes frères et je ne vais pas te demander de m'expliquer, mais le passé c'est le passé Joan, il va falloir que tu apprennes à le laisser derrière toi et à ne plus te retourner, tu ne pourras jamais avancer autrement. Peut-être que c'est que tu souhaites au fond de toi, ne pas avancer et t'enterrer au fond de ton trou, je ne sais pas... mais sache que je ne compte pas te laisser agir à ta guise ! Je ne te laisserais pas te détruire à petit feu, tu n'en as pas le droit. Survivre dans ce monde n'est pas une mince affaire je le conçois parfaitement, mais il va falloir que tu te battes... si tu ne le fais pas pour toi, fais le au moins pour Stiles et moi ! ». Délicatement - et malgré la déception, l'amertume qui continuait à se déverser copieusement dans sa bouche – il porta la main de Joan – qu'elle venait de caler dans la sienne – à ses lèvres. Contact électrisant, qui activa la pompe de ce satané boxeur qu'il n'avait plus sentît battre contre ses côtes, depuis plus d'une semaine. « Je ne vais pas partir, je ne vais pas te laisser, comme promis je serais là pour t'aider à avancer... Je t'aime Andy, mais il va falloir me laisser le temps d'ingurgiter tout ça, de te pardonner surtout ! ». Tentative plutôt ratée pour la rassurer, il n'avait pas vraiment voulu dire cela dans ce sens là, mais trop tard pour rattraper ses mots, pour les ravaler. Quoiqu'il advienne, il serait toujours là, il avait juste besoin de temps pour panser ses propres blessures, sans ça, il n'arriverait pas à aider Joan à en faire de même de son côté. Pour y parvenir, il n'était pas encore tout à fait sûr de la démarche à suivre. S'isoler et se couper du monde durant un temps ? Ou bien au contraire, sortir, penser à autre chose ? Rester ici dans cette chambre froide, à contempler cette beauté dévastée par la vie qui ne fait aucun cadeau ? Il ne savait pas, on ne lui avait jamais dit que la vie serait aussi dure, on ne lui avait jamais expliqué tout ça, même pas son modèle. Personne n'avait été la pour qu'il puisse se prémunir contre le pire, contre cet ennemi féroce, soi-même.
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Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Dim 23 Sep 2012 - 18:35
Ethan & Joan
The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night
Vivre ou mourir. Parler ou se taire. Tuer ou se laisser abattre. Tant de choix avaient laissé Joan au bord de la route, ces parcelles de vie l’avaient obligé à continuer sa propre destruction. Et tout cela pour quoi ? Pour absolument rien du tout. Accentuer la douleur, s’enfoncer encore plus profondément la dague de ses remords dans le cœur en espérant qu’il arrête de battre. Pourtant, ce n’était pas le cas. Il battait de plus en plus fort, à tout rompre dès que la jeune femme croisait le regard d’Ethan Sanders et ce depuis dix longues années. Le plus grand paradoxe auquel Joan eut à faire : chaque jour lutter pour s’éteindre complètement alors que l’amour lui donnait une force spectaculaire. Comment continuer à s’enfoncer en sachant pertinemment que l’on décevait et détruisait la personne que l’on aimait le plus au monde ? Si seulement Joan le savait, cela l’empêcherait certainement de se haïr encore et toujours de faire les mauvais choix. A aucun moment de sa vie, elle ne s’était sentie capable de laisser entrer Ethan dans sa vie réellement. Elle y avait cru pourtant quelques jours plus tôt, elle s’était sentie prête comme jamais mais tout cela n’avait été qu’un mauvais tour joué par son esprit. Envers et contre tout, Joan restait seule au monde. C’était mieux ainsi, la douleur l’empêchant de faire le bien autour d’elle et surtout de concrétiser son amour dans des gestes nobles. Pourtant, la jeune femme savait qu’elle était capable de tout pour Ethan, elle sacrifierait ses organes vitaux pour son bien-être. Le penser n’était pas suffisant et elle le savait. Elle voyait son regard, elle entrevoyait le poids de sa déception et Joan réalisait qu’elle ne serait plus jamais capable de se regarder dans une glace, de se confronter parce qu’elle avait ruiné le plus important pour elle. Si elle n’était pas restée dix ans auparavant, c’était pour lui, si elle n’avait jamais essayé de le recontacter, c’était pour lui alors pourquoi se détruire si cela allait à l’encontre du bonheur d’Ethan ? Encore des questions sans réponse qui la faisaient sombrer toujours plus loin dans la dépression post-traumatique. Peut-être n’était-elle toujours pas prête à avouer la pure vérité à Ethan ? Pourtant, elle se laissa aller, les larmes accompagnant la mélodie sarcastique de ses erreurs passées. Bien sûr, il ne comprenait pas. Déception, encore et toujours ce concept qui déchirait l’âme de Joan. Elle ne pouvait pas rattraper son erreur, elle ne le pourrait jamais, à l’heure d’aujourd’hui, la tueuse était persuadée d’avoir anéanti la seule chose qui comptait : ce qu’elle avait mis tant de temps à accepter, cette lueur d’espoir et de joie qu’elle avait lorsqu’elle côtoyait Ethan. Joan l’écouta attentivement prêcher qu’elle l’avait sensiblement rendu fou, comment en aurait-il pu être autrement ? La dernière fois qu’ils s’étaient rencontrés, leur relation avait passé un stade qui avait considérablement changé la donne. Une semaine après, Joan tentait de mettre fin à ses jours sans avoir parlé à Ethan au préalable. Constat implacable qui rendait Joanny complètement folle, la haine envers elle-même se démultipliant à la vitesse du soleil. Elle attendit quelques secondes avant de répondre aux quelques mots de l’homme qu’elle aimait, quelques larmes ayant déjà fait leur apparition. La suite serait bien plus douloureuse…
Si tu crois que je t’ai menti ce jour-là, absolument pas. J’ai pensé chaque mot, chaque geste envers toi. J’ai cru que je pourrais me relever, j’ai cru que je pourrais revivre grâce à ta présence. Si seulement Stiles n’était pas venu… J’y étais presque tu sais et maintenant, je ne pourrais plus jamais me regarder en face pour ce que j’ai osé détruire en toi. Alors, je t’en supplie haïs moi, ce sera plus simple pour toi, je suis certaine que tu vas y arriver puisque je vais t’en donner la raison…
Joan ferma les yeux quelques instants tout en opérant un effort surhumain pour être à une hauteur respectable. Les yeux clos, elle tentait de faire le vide alors que les larmes s’échappaient encore contre son gré. La mort la torturait, ses victimes l’acclamaient, elle irait en Enfer et ils l’attendaient tous. Elle paierait en bonne et due forme le prix de sa lâcheté. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, Ethan était encore là et continuait de vider son sac. Joan était au paroxysme de son mal-être, elle se demandait encore comment son corps pouvait supporter ces quelques mots. A aucun moment, elle n’avait pensé aux conséquences de son geste, égoïste jusque dans la mort. Un nouveau silence, un nouveau mal de cœur et sa respiration devint saccadée, pourvu qu’elle tienne le coup avant qu’elle ne lui donne sa raison pour la quitter, tout simplement, sans se retourner…
Tu aurais continué Ethan, crois-moi. Tu aurais survécu, tu aurais enfin eu la vie que tu mérites. Si seulement tu n’avais pas croisé mon chemin il y a quelques semaines… Si seulement je n’avais pas été aussi faible. Si seulement je n’étais pas tombée éperdument amoureuse de toi il y a dix ans, la situation ne serait pas celle-là aujourd’hui. Si seulement je ne t’aimais pas autant… Je ne te ferai plus jamais de promesse.
C’est tout ce que Joan trouva à répondre à la douleur évidente d’Ethan, elle n’avait pas la force de partir dans des discours grandiloquents à propos de la vie d’Ethan après qu’elle ait disparu ou encore de commenter son envie de la voir continuer. La jeune femme savait pertinemment qu’il était le seul à avoir la réponse finale à ce propos. Le calme avant la tempête alors que Joan s’attachait désespérément à l’amour de sa vie. Celui-ci répondait à sa détresse par un geste infiniment tendre, embrassant sa main avec tout l’amour dont il était capable. Les sanglots de Joan redoublèrent. La dernière fois, l’ultime fois qu’elle sentirait le contact d’Ethan sur sa peau. Elle ne s’était jamais sentie aussi mal, chaque parcelle de sa peau s’abandonnant à son désespoir. Il était temps de le laisser partir. Un deuxième effort surhumain et Joan ramena sa main vers elle avant de tenter entre les larmes de lui faire comprendre qu’il ne devait plus l’aimer, pour son bien…
Je ne suis pas celle que tu crois, cette femme a disparu il y a bien longtemps pour laisser place à un monstre de la pire espèce. Je suis une machine à tuer tu comprends ? Cet homme, je l’ai tué de mes mains, je l’ai fait souffrir autant qu’il m’a fait souffrir, peut-être même plus mais il n’y a pas eu que lui… J’ai travaillé pour lui pendant des années pour l’atteindre et puisqu’il me demandait d’annihiler ses ennemis, je le faisais sans me poser de questions, la quête de ma vengeance étant bien plus importante que mes valeurs. Tu comprends maintenant ? Tu comprends pourquoi tu vas me haïr ? Je suis pire que lui, bien pire… Mon frère a péri à cause de moi, j’ai tué Irving, en laissant une de mes victimes en vie, en plus de toutes ces personnes qui ne m’avaient rien fait. Je suis un monstre Ethan, comment oses-tu affirmer aimer un monstre hein ?
Joan fronçait les sourcils alors que son cœur menaçait d’arrêter ses battements, pris de tachycardie incontrôlable. Cette fois, c’était la fin. Son choix de la décennie passée prenait tout son sens désormais : aimer Ethan était bien trop douloureux, se sentant clairement inférieure à l’homme qu’il était. Elle entendit ses paroles alors qu’elle sombrait dans la folie. Il ne pouvait pas lui pardonner, il se détachait d’elle finalement. Elle avait maintes fois rêvé qu’il finirait par agir sainement, la laissant sur le bord de la route mais ce simple cauchemar n’était rien comparé à ce qu’elle ressentit sur le moment. Elle n’était plus rien, plus qu’une coquille vide qui attendrait la mort avec délectation. Joan avait enfin envie d’embrasser son destin, c’était aujourd’hui la fin de sa vie, aujourd’hui que son cœur s’arrêterait à la suite de la perte de son grand amour. En attendant, la cadette de la famille Kellers ne pouvait se résoudre à détacher son regard d’Ethan, l’amour la transperçant au plus profond de son être. Plus aucune larme ne coulait, c’était fini pour elle, la solitude viendrait l’emporter vers l’autre monde où tout le poids de la vengeance prendrait tout son sens.
N’essaye pas de me pardonner. Pars sans te retourner, c’est ce que tu veux au plus profond de toi, je le sens dans le son de ta voix. Je te libère, ne t’inquiètes pas même si je vais certainement en crever. Au moins, avant de disparaître, j’aurais aimé quelqu’un d’une telle force qu’il m’aura ramené à la vie alors que j’allais emprunter ce tunnel sans me retourner. Si je ne t’avais pas entendu… Je regretterais toute ma vie, tout ce que j’ai accompli ces dix dernières années sauf ce que l’on a vécu toi et moi. Aie une belle vie Thany, à la hauteur de ce que je ressens pour toi…
Puis, Joan ferma les yeux, consciente que ses adieux venaient de briser la dernière partie d’elle-même, sa meilleure partie. Attendre son départ avant d’exploser, c’est tout ce qu’elle pouvait faire désormais. Attendre jusqu’à en crever…
Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Mar 25 Sep 2012 - 18:57
Joan & Ethan
N
'y a-t-il plus belle vérité qu'un mensonge bien ficelé, joliment empaqueté dans sa boîte déposée au pied du sapin ? Un mensonge que l'on souhaite ardemment entendre ? Plutôt plaisant non, que ces quelques syllabes, quelques mots s'échappant de la bouche du locuteur ? Nous sommes tous pareils, personne n'échappe à cette règle, personne n'échappe à ce rempart dressé par son propre cerveau, leurre, imposture pour ne pas sombrer face au pire. Drôle de mécanique que celle des circonvolutions en putréfaction de l'esprit humain, de son esprit. Cette illusion se transforme-t-elle alors en vérité, comme l'affreuse chenille devient un magnifique papillon ? Illusion factice, illusion de vie, peut-être bien que oui ! Joan disait-elle réellement la vérité, lorsqu'elle avançait le fait d'avoir pensé tout ce qu'elle avait pu lui dire, lors de leur dernière rencontre ? Ou bien était-ce uniquement ce que lui voulait entendre ? Elle paraissait être plutôt sincère dans ses propos, Ethan n'eut pas le courage de les remettre en question et se contenta de les prendre pour argent comptant, c'était peut-être mieux ainsi. Assez d'interrogations et de remises en question pour le moment, son cerveau ne résisterait certainement pas à un nouvel assaut de front ; à lui de faire en sorte d'éloigner cette armée assoiffée qui redemande inlassablement des réponses pour pouvoir étancher sa soif. Si seulement il était possible de couper la tête d'un des soldats, la brandir bien haut, afin que cela serve d'exemple et dissuade les autres. Mais non, ce serait bien trop simple, couper une tête, en voir des centaines d'autres repousser. Il avait beau faire, les questions revenaient à la charge, à la manière d'une hydre dont on aurait tranché par malheur la première tête. Le Londonien observa un instant de silence ; silence durant lequel il eût tout à loisir de sentir le poids de sa propre culpabilité l'assaillir et l’entraîner vers le fond de la rivière, lesté de sac remplis de briques, sacs qu'il ne pouvait se résoudre à lâcher. Oui, pourquoi ne pas les lâcher après tout ? Il se sentirait certainement bien mieux par la suite. Le venin de cet aiguillon, celui de la culpabilité se résorberait sûrement de lui même. Combat entre la partie gauche et la partie droite de son cerveau. Le bien contre le mal. Se débarrasser de ce poids ou bien le garder ? Avouer à son amour de jeunesse qu'il n'était pas aussi blanc qu'il n'y paraissait dans cette histoire, ou bien garder cela jalousement pour lui ? Tiraillé entre l'envie de jouer franc jeu avec elle, et celle de ne rien dire, de peur de la perdre définitivement en lui causant un choc bien trop grand - engendré par ce genre de révélations – qui n'aurait sans nul doute d'autre effet que de la mettre dans une colère noire – qui serait justifiée. Ethan préféra garder cela pour lui, au moins pour le moment. Passer sous silence, n'est pas mensonge après tout, non ? Ou bien cherchait-il seulement à se donner bonne conscience, jusqu'à ce qu'il réussisse à puiser en lui la force et le courage d'affronter le regard de Joan ? Pour le moment, il encaissa tant bien que mal et plutôt mal que bien les mots qui sortaient de la bouche de son grand amour. Stiles, ce nom résonna d'une étrange façon à ses oreilles, et le renvoya presque aussitôt quelques mois en arrière, alors qu'ils entamaient à peine leurs recherches. Cette épée de Damoclès dont il sentait la pointe s'enfoncer dans sa chaire, ne tarderait pas à le transpercer de toute part. « Au final c'est peut-être pire de savoir que tu as pensé tout ça, ce qui ne t'as pourtant pas empêché de vouloir quitter ce monde. Je suis bien conscient que la catastrophe n'est pas passée loin Andy, j'étais là quand... quand... enfin peu importe... ». Lui donner une raison, la raison de la haïr ? Etait-il seulement capable de tels sentiments à son égard, quoiqu'elle puisse lui révéler ? Peut-on ne serait-ce qu'une seule seconde envisager haïr de ton son être la personne que l'on a le plus aimé de sa vie ? Dans le cas de l'éducateur, la seule, l'unique personne qu'il avait jamais aimé et n'aimerait certainement jamais de toute sa vie ? De tels sentiments ne peuvent pas s'effacer comme cela, sur commande ou bien d'un revers de la main. Si seulement c'était aussi simple que que ça, il l'aurait sans aucun doute oubliée depuis de nombreuses années, mais non, il n'arrivait pas à ôter cette morsure, cette marque laissée par ce fer chauffé à blanc, aucune méthode n'ayant fonctionné. Rien, absolument rien ne pourrait changer ses sentiments – hormis une lobotomie – même pas ce qu'elle s'apprêtait à lui révéler, même si quelque chose – peut-être cette petite voix énervante qui susurrait à son oreille – semblait lui indiquer que ce qui allait s'abattre sur lui dépassait tout entendement.
Un silence de plomb s'abattit sur eux, creusant un peu plus son sillon, laissant une salve d'égratignures toujours plus profondes sur son passage. Creuser, racler, extirper jusqu'à la plus infime part de leur raison. Ils avaient beau faire, impossible d'arrêter ce processus de douleur. Le silence, leur pire ennemi. Plus jamais de promesses, rimait avec autre chose dans la bouche de la jeune femme, dont les larmes s'écoulaient par vagues, sur la peau diaphane de ses joues. Tableau qu'il ne voulait plus contempler, pourtant il n'arrivait pas à s'arracher à la contemplation de ces yeux, ces pupilles où se reflétait les espoirs envolés, comme les rêves, laissant uniquement place à la douleur, cette douleur sourde qu'il arrivait à percevoir. La percevoir, c'est tout ce qu'il pouvait faire, à défaut de pouvoir la lui ôter. A cette seconde, il aurait tellement voulu être à sa place, ou au moins pouvoir agir comme un buvard afin d'absorber tout ou partie de ce mal qui lui coupait le souffle, et noyait un peu plus ses yeux au fur et à mesure que les secondes s'égrenaient. « Je n'en serais pas si sûr à ta place. J'aurais peut-être survécu, mais à quoi ça sert de survivre uniquement ? Ce n'est pas vivre ça, loin de là. Je serais certainement devenu quelqu'un d'aigri... Je ne crois pas que j'aurais pu m'en remettre un jour. Qu'... qu'est-ce que tu veux dire par là Andy ? Je ne suis pas sûr de comprendre, ou plutôt j'ai trop peur de comprendre ! ». Comme on s'accroche à son radeau, ou après une bouée de sauvetage au beau milieu de la tempête – on paraît alors ridiculement petit – Ethan s'accrocha de toute ses forces à la main de Joan, la gardant contre sa joue, avant que les éléments ne les happent ; avant qu'elle ne lui retire ce contact presque rassurant, dont il avait besoin pour se dire qu'il n'était pas en train d'évoluer au beau milieu d'un mauvais rêve. Machine à tuer, travailler, annihiler, ennemis, frère, péri, monstre, c'est tout ce qu'il réussit à retenir du discours de Joan. Son cerveau semblait avoir délibérément coupé les connexions neuroniques. Hébété, n'ayant pas réussi à suivre le fil complet de la conversation, il ne trouva rien à dire, jusqu'à la chute finale, comment pouvait-il l'aimer ? Il n'en savait rien, il cherchait désespérément une réponse à cette question depuis dix longues années. Comment, pourquoi ? Toujours les mêmes interrogations. En silence, sans un mot, retenant sa respiration, Ethan attendit sagement la suite. Suite qui le laisserait certainement avec la cage thoracique explosée, son cœur amoché à la vue de tous.
Ne pas lui pardonner, s'en aller sans se retourner, il y avait bien pensé, là encore il avait essayé, mais pas plus que la première fois, cette seconde tentative n'avait été fructueuse. Le discours de Joan, d'une beauté tragique, à s'ouvrir les veines avec deux lames de rasoir dans le but de ne pas se rater, lui fit monter presque aussitôt les larmes aux yeux. Se résoudre à la laisser dans cet état, tout bonnement impossible, tout comme le fait de la laisser tout court. Comment se faisait-il que la personne qu'il aime le plus au monde, soit aussi celle qui arrivait à lui faire le plus de mal, en usant de simples paroles, de simples mots. Simples, mais qui s'inscrivaient pourtant dans chaque recoins de son esprit, laissant à tout jamais une nouvelle marque qu'il ne pourrait oublier. Pour ne pas sombrer à nouveau, il s'accrocha avec force à la barre bordant le lit de la blessée. Sans elle, son cœur saignait, son âme saignait, trop accro à cette drogue, ce poison qui l'aidait à avancer, sans elle il n'était rien, en manque. Comment le lui expliquer sans lui faire peur, sans la faire fuir pour de bon ? La citation d'un auteur lui revint alors en mémoire : « Quand tu aimes quelqu'un, tu le prends en entier, avec toutes ses attaches, toutes ses obligations. Tu prends son histoire, son passé et son présent. Tu prends tout ou rien du tout. ». En ce qui la concernait, ce serait tout, même si elle n'était pas celle qu'il pensait, même si elle avait vendu son âme au diable, même si elle s'était rendue auw frontières de ce qu'il y avait de pire en elle. La force de ses sentiments étaient tels qu'il pourrait faire abstraction de tout ça, de tirer un trait. « Même si je le voulais, je ne pourrais pas Andy... je ne peux pas partir comme ça, te laisser sans me retourner, j'en suis incapable pour la simple et bonne raison que tu es tout pour moi, tu es tout ce que je veux, tout ce dont j'ai besoin, peu importe ton passé, peu importe les chemins que tu as pu emprunter et qui t'ont menés jusqu'à cet instant. Je peux tout supporter mais pas de te perdre Andy, te perdre au sens propre comme au figuré reviendrait à m'amputer d'une partie de moi-même ! C'est sûrement stupide ce que je dis mais je t'assures que je ne pensais pas qu'il était possible d'aimer quelqu'un à ce point ! ». Avec toutes les précautions du monde, et pour ne pas lui faire mal, il vint s'installer à ses côtés, aussi doucement qu'il le pût, ne supportant plus d'être aussi éloigné d'elle. Il avait besoin de son contact, de la sentir contre lui. Doucement, délicatement, du bout des doigts, il essuya les larmes qui roulaient toujours sur les joues de son amour de jeunesse. « Je sais que je suis capable de te pardonner... Je suis tellement heureux que tu sois encore là... ce que je voulais dire c'était plutôt qu'il va falloir que je reprenne pied, pouvoir t'aider à remonter à la surface. Et puis je... j'ai quelque chose à t'avouer moi aussi... ». Il s'interrompit, tout en cherchant à capter son regard. Cherchant à imprimer cet instant pour toujours, avant que la sentence finale ne tombe. Il en était presque sûr à présent, les quelques paroles qu'ils s'apprêtait à dire allaient changer à jamais leur relation. Comment réagirait-elle ? Mal, il n'entrevoyait que cette hypothèse. Comment aurait-il réagit à sa place, si elle lui avait annoncé qu'elle avait déjoué le destin, à l 'aide d'un membre de sa famille, pour le retrouver à son insu ? Mal... Il déglutit difficilement durant cette seconde d'éternité et attendit.
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Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Mer 26 Sep 2012 - 16:05
Ethan & Joan
The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night
Cruauté de l’esprit, bourdonnement incessant où tous les souvenirs, le désespoir, la haine et la colère se mêlaient à une danse macabre menaçant de rompre les derniers liens de la jeune femme au monde qui l’entourait. Cette ronde infernale poussait Joan dans ses derniers retranchements, l’abime l’encerclant et réduisant ses possibilités de survie. La survie, était-ce seulement ce qu’elle désirait ? L’avenir était-il encore plus sombre que les méandres de son passé ? Tout semblait l’indiquer : Joan ne pouvait se résigner à accepter le regard nouveau qu’Ethan portait sur elle. Cruelle réalité qui lui faisait regretter de ne pas avoir franchi cette porte la semaine passée. Elle n’avait pas forcé le passage vers l’autre monde, elle l’avait accepté, la mort semblant bien plus clémente que la vie. Pourtant, ce n’était pas la mort qui lui avait souri finalement. Ethan. Chaque pensée, chaque action avait été dirigée vers cet objectif. Joan n’avait aucunement réfléchi aux répercussions de son geste sur sa personne. Ce qu’elle voyait provoquait un cataclysme vertigineux au fond d’elle. Ouragan de circonstances qui allait certainement détruire toute l’architecture de sa raison. Peut-être vivrait-elle mieux ainsi ? Sourire à la folie, vivre dans le passé d’un unique moment, la magie s’incorporant dans chaque entité qui la composait. Pourrait-elle un jour reconstruire cette bâtisse, devenue bien bancale à cause de son impulsivité ? Joan en doutait, pas si l’amour de sa vie conservait ses reproches masquées derrière un regard compatissant, cultivant ce dégoût de la vie et le manque de confiance que ce constat engendrait. L’amour était-il réellement plus fort que tout ? Pouvait-on lutter contre la force de ses sentiments ? Etait-il possible de continuer à vivre sans cette personne qui illuminait vos yeux et faisait battre votre cœur dans un rythme effréné ? En cet instant, Joan était prête à tout pour voir cette force centrifuge qui la liait à Ethan disparaître. Pas pour elle, non mais pour lui. Désormais que la tueuse avait partagé avec lui ce qui ne l’avait jamais été auparavant, elle ressentait sa vulnérabilité. Elle l’avait touché en plein cœur, brisant en lui toute sa capacité à se relever de leur inextricable situation. Joan était brutale, guidée par cet instinct destructeur qui ne la quitterait certainement jamais après avoir goûté à l’adrénaline précieux du sang coulant de ses mains expertes. Joan se haïssait, toujours autant partagée entre sa nature profonde et celle qu’elle s’était créée au fur et à mesure du temps. Laquelle de ses parties était-elle capable de capter l’amour voué à Ethan ? Se relèverait-elle de sa perte ? Peut être pas mais la douleur faisait partie intégrante de son tout désormais. L’absence, cette immondice ferait son travail et Joan finirait par oublier ce qui faisait battre son cœur par le passé. Pour le moment, la tension de ses artères la faisait tenir. Andy réussissait à regarder son amour avec sincérité même si lui n’en semblait pas convaincu. Joan ne voulait pas lui prouver ses propos, pas alors qu’elle se doutait que la fin était proche pour eux : à quoi bon s’évertuer à se faire du mal lâchement ? La catastrophe n’était pas passée loin, expression particulièrement mal choisie pour Joan qui avait toujours cette impression malsaine d’être devenue le plus grand fardeau d’Ethan Sanders. Une nouvelle douleur incommensurable s’empara de la jeune femme. Elle ravala ses plaintes pour se concentrer sur les pupilles bleutées de l’homme qu’elle chérissait.
Crois-le ou non, chaque action que j’ai effectuée depuis nos retrouvailles était dirigée vers toi, vers ton bien-être. Ce qui constitue une catastrophe pour toi n’était rien d’autre que ta libération à mes yeux. Je t’ai enchainé à moi comme une vulgaire égoïste ce jour-là alors que je savais pertinemment que le mal que je te ferais dépasserait tout entendement. J’aurai tellement aimé que tu ne sois pas l’un de ceux qui m’ait découvert, je ne peux pas continuer à affronter ce nouveau regard que tu poses sur moi…
Avoir la force. Cette force tentatrice de ne pas en dire plus, de laisser la vérité s’échapper de ses mains écrasantes pour ne plus jamais la sentir au fond de son cerveau. Arme de destruction massive qui terminerait certainement le travail, laissant deux âmes désemparées et de loin de faire leur deuil l’une de l’autre. Dire adieu, passer à une nouvelle étape de sa vie ou plutôt de sa mort. Ethan s’accrochait désespérément : il souhaitait lui montrer que son futur n’existait pas sans la présence de Joan à ses côtés. Son discours provoqua une nouvelle montée de larmes chez la cadette de la famille Kellers. La fatalité s’entrevoyait dans les yeux de l’amour de sa vie : elle ou rien, une demie vie, un cœur battant mécaniquement sans but et sans artifice. Joan partagea son regard énamouré, ultime preuve qu’elle était encore en vie. Le silence, machiavélique instant qui laissait s’évader l’intensité de leur amour aussi bien passionnel que destructeur. Joan insista sur le caractère final de leur relation. Dire au revoir aux promesses, ne plus lui mentir, ne plus se mentir à soi-même, la jeune femme était bien incapable de continuer à se voiler la face. Si elle restait enfermée dans sa bulle, elle savait qu’elle perdrait la plus belle partie d’elle. Une éclosion inopinée qui s’était opérée quelques temps auparavant après la visite fortuite d’Ethan : Joan s’était donné corps et âme à cet homme en sachant pertinemment que ce serait la première et dernière fois qu’elle agirait ainsi. Se laisser emporter dans le brasier des sentiments, la puissance dévorante de ses désirs vainquant toutes ses appréhensions envers cette tragédie permanente qu’était l’amour. Aujourd’hui, qu’en était-il ? Les yeux dans les yeux, la jeune femme n’arrivait pas à se projeter dans une vie où la présence d’Ethan soit inexistante. Vivre dans la mort ou bien survivre dans la vie ? Choix cornélien qui impliquait pour Joan un nouveau mode de vie, des incertitudes lourdes à porter accompagné d’un sacrifice personnel. Comment Joan pouvait-elle rassurer le sujet de son amour ? Comment se faire pardonner son erreur ? Comment continuer sans envisager un avenir ensemble ? Des promesses, toujours des promesses, un concept qui n’avait plus aucun sens pour Joan alors qu’elle avait écrasé fermement de sa main l’unique engagement qu’elle avait fait à quelqu’un. D’un geste lent, Andy chassa une larme envahissante de sa joue avant de répondre à la détresse de son premier amour.
On se remet de tout Ethan. Je ne peux pas t’imaginer autrement qu’avec ton regard pétillant et ton sourire ravageur. En m’en allant… J’ai vu cette image et rien que pour cette raison, je me hais de t’avoir retrouvé dans cet état. J’ai l’impression d’être ton bourreau, mon cœur ne peut le supporter. Regarde-moi Thany, j’ai échoué dans toutes mes opérations… Même vivre à tes côtés, je l’ai transformé en Enfer. Je ne peux plus te faire du mal, c’est au-dessus de mes faibles forces.
Vérité blessante que ce constat pour l’amour propre de Joan. Une succession d’échecs, une vie parsemée d’embûches puis un rayon lumineux qu’elle avait martyrisé, transformant le rêve en cauchemar. Pourtant, Joan lui révéla la vérité, persuadée de devoir assister ay départ d’Ethan. Au lieu de cela, il resta interdit, comme s’il n’avait pas écouté un traître mot de ce qu’avait dit Joan. Le cœur serré, l’ex tueuse souffrait encore plus de son absence de réaction. Elle aurait certainement préféré le voir réagir violemment, une séparation nette et définitive justifiant les actes cruels de la jeune Kellers. Ce ne fut pas le cas, la douleur était donc destinée à durer encore un peu jusqu’à ce qu’Ethan comprenne la finalité de ses propos.
Je suis désolée de t’annoncer cela dans ces circonstances : une vulgaire meurtrière, voilà ce que je suis finalement. Le pire dans tout cela, c’est d’avoir collaboré avec mon agresseur, dans tous les sens du terme… Comment ai-je pu tomber si bas ? Je ne peux pas vivre en ayant conscience de cela, comment le pourrais-tu ? Je me dégoûte.
Des paroles prononcées avec violence, la haine s’immisçant dans chaque espace de ses cellules vitales. Joan n’avait plus goût à vivre en cohabitation avec cette image, ce reflet qui ne la quitterait jamais. Une tueuse, des armes à feu, la mort, des images de torture, des gestes opérés avec minutie, tout la ramenait à ces six années de déni. Le corps de Joan était à la limite d’imploser, prise de tremblements, des larmes de crocodile s’étalant à nouveau à l’infini sur son visage qui fut autrefois si gracieux. Des restes d’une vie qu’elle n’avait vécu qu’un instant éphémère, marquant son visage d’un bonheur fugace et tangible. Fermer les yeux, attendre, espérer que les choses se passeront en douceur, enfin accepter son destin. Joan était à la merci de ce maudit destin, c’était lui qui était en train de choisir pour elle ce que son avenir serait. Elle ne pouvait plus affronter le décor, la scène prenant des proportions bien trop immenses pour son corps encore en rédemption. Pourtant, son attente, les images qui défilaient devant ses yeux n’étaient pas la réalité. Le discours de son amoureux résonnait dans son esprit : il était incapable de la quitter quel que soit la raison, peu importe ce qu’elle était. La plus belle chose qu’elle ait entendu de sa vie, prononcée avec une tendresse infinie. Un amour éternel, d’une puissance inégalable, l‘amour de toute une vie, voilà ce que Joan était en train d’expérimenter dans ce lit d’hôpital, circonstances dramatiques pour réaliser que le choix effectué avait été stupide et inconsidéré. Elle n’ouvrit pas les yeux pour autant. Joan avait peur de cette feinte, elle attendait ce mais qui viendrait détruire le tréfonds de son âme mais encore une fois, rien ne vint. Au contraire, Ethan vint se glisser à ses côtés, sa chaleur l’enveloppant dans un halo régénérant. Lorsqu’elle sentit sa présence, Joan rouvrit les yeux, l’émotion encore présente dans tout son être, montagne russe qui tentait de déstabiliser son cœur déjà si fragile. Les doigts d’Ethan vinrent essuyer délicatement le reste de ses pleurs sur ses joues encore bien pâles, Joan tentait de conserver une respiration normale malgré la difficulté croissante de l’entreprise. Elle se cala tant bien que mal dans les bras de son amoureux, retrouvant la paix intérieure. Elle aurait donné n’importe quoi pour revivre cet instant la semaine passée, pour l’empêcher de casser ce lien magique entre eux. Ses yeux dans les siens, Joan tenta même un sourire, le premier réel sourire, celui qui était destiné à cette unique personne qui vous faisait perdre la tête. Au lieu de contredire sa réplique, au lieu de tenter de le persuader qu’il était dans le faux, Joan laissa son cœur parler, réelle nouveauté qu’elle s’était laissé appréhender dans ce contexte tortueux…
Je t’aime Ethan Sanders, de tout mon être…
Enfin, une vérité qui faisait du bien. Dix années pour qu’enfin, elle atteigne son destinataire. Joan respira un bon coup, un sourire léger aux lèvres, les larmes s’asséchant progressivement. Un léger silence, un silence apaisant s’établit entre eux alors qu’il profitait de cette proximité salvatrice. Malheureusement, ce genre de moments de paix ne peut pas durer éternellement et bien vite, Ethan vint le briser avec l’envie de se confesser lui aussi. Quel genre de secrets pouvait-il bien porter ? Joan laissa couler quelques secondes, fronçant les sourcils à son interlocuteur furtivement. La peur s’insinua dans tout son être : et si son aveu changeait tout ? Et si leur lien était définitivement en train de se rompre ? Ethan avait la clé dans leur destin entre ses mains et Kellers tentait de conserver sa sérénité malgré des entrailles entortillées. Dans un geste d’encouragement, la patiente posa sa main délicate sur la joue de l’amour de sa vie, elle ne savait pas à quoi s’attendre mais si tout devait s’arrêter brutalement, la dernière image qu’elle aura en tête sera celle-ci : ce regard, le souvenir de sa peau, le battement de son cœur à quelques centimètres d’elle et le frisson ressenti à son toucher.
Qu’est-ce que tu veux me dire ? Tu m’effraies tout d’un coup avec ton air sérieux… Quoiqu’il se passe, je te promets de ne pas faire un arrêt cardiaque. Moi qui avais décidé d’arrêter les promesses, c’est raté !
Elle eut un petit rire angoissé mais ne lâcha pas le regard d’Ethan. Tenter de détendre l’atmosphère malgré tout, malgré la pression dans ses artères, malgré ses organes, ses côtes et son visage à la limite de la suffocation. Un nouveau souffle de vie insufflé, Joan était prête à tout entendre, en espérant qu’elle puisse l’accepter aussi bien que lui avait entendu la vérité sans rechigner, l’amour supérieur à toute sorte d’errance…
Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Sam 29 Sep 2012 - 19:48
Joan & Ethan
N
e pas être l'un de ceux, ne pas avoir été là au moment où la porte de la demeure de Joan s'était ouverte sur cette vision cauchemardesque, ne pas avoir pu intervenir, apprendre la nouvelle d'une tierce personne, certainement par Stiles. Quelque part, cela aurait été pire, le choc n'en aurait été que plus grand. Décrocher le téléphone, se prendre la mauvaise nouvelle aussi durement qu'un crochet du droit en plein dans le nez. Douleur insoutenable qui vous fait tomber à genoux alors que votre monde s'écroule soudainement, comme un château de cartes branlant, aussi fragile que la vie. D'une certaine façon, il avait eût tout à loisir d'intégrer ce qui était en train de se passer lors des faits. L'ingérer sans pour autant pouvoir le digérer. Avoir sans cesse des relents de cette soupe insipide qui avait du mal à passer et ne passerait certainement jamais. Images qui lui rappelait que la vie ne tient qu'à un fil, qu'elle peut être détruite en l'espace d'une fraction de seconde. Joan évoquait une certaine libération quant à son acte. C'était comme ça qu'elle justifiait sa tentative infructueuse ? La libération, rien de plus ? Comment avait-elle pu croire une telle chose ? Son bien-être comme elle se plaisait à le dire serait devenu totalement obsolète et secondaire, sans la jeune femme à ses côtés. Il ne comprenait pas quel cheminement son esprit avait emprunté pour en arriver à de telles conclusions. Disparaître pour libérer des êtres chers, comment notre vision du monde peut-être elle être tronquée à ce point ? Il faut détester sa vie plus que tout au monde pour en arriver à cette conclusion. La vie de la jeune femme ne ressemblait à rien au conte de fée que les petites filles se plaisent à lire le soir avant de s'endormir, mais il y avait tout de même des petits instants de bonheur qui aurait dû lui faire comprendre que malgré tout elle vaut le coup d'être vécue. La vie est belle, Ethan en était persuadé. Peut-être fallait-il seulement l'espérer pour l'entrevoir de cette façon là et non pas d'une manière totalement obscure et sans aucune issue, ni possibilités d'améliorations. Avait-elle pu se dire à un moment donné que la mort serait plus belle que la vie en elle-même ? Cela lui déchirait d'autant plus le coeur. Égoïste ce mot qui s'échappait des lèvres de la jeune femme et qui revenait sans cesse sur le tapis. Ethan n'était plus vraiment sûr que ce terme soit bien approprié à la situation. N'ayant pu décider de sa vie, à un instant T, Joan avait pris son destin en main, de la manière la plus funeste qu'il soit d'accord, mais elle avait eût envie de décider au moins de quelque chose, de l'heure et de la manière de sa mort. Ne plus vouloir être cette marionnette aux prises d'une entité malsaine. Peut-être ne s'était-elle jamais sentie aussi vivante et heureuse que quelques instants avant d'ingérer ce mélange toxique qui l'avait fait plonger vers une abîme d'où elle était censée ne jamais ressortir. Tomber à jamais, ne pas se relever, quelques secondes de plus et elle aurait basculé de l'autre côté du miroir. Une inquiétude moins grande, un manque d'initiative de sa part... il s'en était fallu de peu pour que Ethan ne franchisse jamais la porte de la demeure de Stiles. Destin guidé par des indices. S'il n'y avait pas eu cette facture à régler au plus vite, s'il n'y avait pas eu... il en avait presque le tournis, qu'il s'agisse de pur hasard ou bien de coïncidences, les évènements s'étaient plutôt bien enchaînés.
En silence, il contempla le visage de Joan, sans trouver quoi répondre. Qu'il le veuille ou non, dans la vie rien n'était gratuit, bien qu'il ne s'agisse pas ici de monnaie à proprement parler, mais il y avait tout de même eu un prix à payer. Voir son sommeil totalement déréglé, sa vie perturbée, chamboulée, ne plus être en paix avec soi-même. Le prix à payer, pour pouvoir rester dans la vie de Joan Kellers. Peu importe ce que cela pouvait engendrer, il ne pouvait plus délier son âme de la sienne. Un véritable poison qui s'était mêlé à ses veines, à présent indissociable, pour autant nul besoin d'antidote. Le Londonien ne voulait pas guérir, jamais. « Pour le bien-être, je crois qu'on repassera Andy, je crois que je ne me suis jamais sentît aussi mal depuis... depuis quelques années. Enfin je ne veux pas enfoncer le couteau dans la plaie. Je vois ce que tu veux dire, même si je ne suis pas d'accord avec ce que tu avances. Je ne crois pas que ce soit vraiment de l'égoïsme de ta part en fait... je ne sais pas comment trouver les mots adéquats, mais tu as eût envie de décider de quelque chose au moins une fois dans ta vie, c'est ça ou je me trompe complètement ? Une sorte de pied de nez à cette vie que tu sembles détester par dessus tout. Ne pas avoir été présent au moment des faits n'aurait sûrement rien changé. Je pense que ça aurait même été pire si j'avais dû l'apprendre par quelqu'un d'autre. Je regrette de n'avoir été là à ton réveil... ». Ethan ne se souvenait plus clairement des évènements après qu'il ait totalement perdu pied, il se rappelait juste avoir sombré alors que son grand amour était en train de se battre contre la mort tandis que Stiles s'affairait à faire repartir son coeur comme un damné. Tout ça n'était pas vraiment clair, il conservait seulement quelques images de cet épisode. Son cerveau ayant délibérément décidé de court-circuiter certains souvenirs, afin de lui éviter la dépression nerveuse ou bien la crise d'hystérie. « Quel nouveau regard est-ce que je porte sur toi ? Je te vois toujours de la même manière pourtant... comme celle qui m'a volé mon coeur depuis presque une décennie. » Pas vraiment habitué à parler de cette manière, il eût presque honte et baissa les yeux durant quelques secondes à peine, avant de les reposer à nouveau sur ce visage dont il n'arrivait manifestement plus à se passer. Une vision pour alimenter son âme, ne pas détacher son regard de Joan, de peur que celle-ci ne s'envole.
Avoir attendu depuis si longtemps cet amour presque indécent, s'être écorché, brûlé les ailes à force d'espérance, avoir pu entrevoir la lueur, avoir pu toucher du doigt cette flamme ardente, qui semble vaciller dans la pénombre, dessinant des ombres sur les murs, pour au final s'éteindre. Consumée d'elle-même, avant l'heure, par manque cruel d'oxygène. On se remet de tout, sauf de l'absence d'oxygène ou de cette force qui nous guide au travers des ténèbres, lorsque celles-ci nous entourent. Une histoire ne peut pas être parfaite du début à la fin, quoique l'on s'évertue à faire. Cette fois-ci, il ne pouvait pas la contredire, cela aurait été mentir sur toute la ligne que d'affirmer qu'elle ne lui avait pas fait de mal. Mais il n'était pas la seule vicitime dans tout ça, la première étant Joan. Peut-être que c'est ça l'amour, une succession de douleurs, plus l'amour porté à l'être chéri est grand et plus la douleur s'en trouve démesurée. Jusqu'où cette douleur peut aller ? Le Londonien ne détenait pas de réponse et il ne voulait pas en avoir, cela signifierait aller au bout de soi pour le découvrir. Pour le moment, il jugeait qu'il avait assez donné de ce côté, pas la peine d'aller plus loin, son exploration au voyage du tourment prendrai fin ici. « Je ne pense pas que l'on puisse se remettre de tout... tu en es la preuve vivante Andy. Si tel était le cas, tu ne crois pas que tu te trouverais ailleurs que dans cette chambre d'hôpital en ce moment même ? On peut vivre avec, mais on n'oublie jamais réellement. Ce que je vais dire va sans doute te paraître purement égoïste, mais je suis heureux que tu ais échoué dans cette entreprise. Si... si tu avais réussi, crois-moi on n'aurait pas revu ce sourire que tu décris comme ravageur de si tôt. Faire comme si de rien n'était, raconter des blagues, vivre comme avant, cela aurait été au dessus de mes forces, et c'est encore peu dire. Et tu ne vas plus me faire de mal puisqu'à partir de maintenant on va tout faire pour que tu ailles mieux, véritablement mieux. Je compte sur toi pour ne plus toucher à des médicaments... » Continuer sa phrase était au dessus de ses forces. Il n'y avait toutefois rien de plus à ajouter, pas de traits d'humour à faire, juste une demande qui n'en était pas véritablement une. Espérer, sans faire promettre quoi que ce soit à son interlocutrice. Espérer que plus jamais elle n'attentera à ses jours. A lui de lui donner une raison, une bonne, de ne plus vouloir le faire. Mission périlleuse, mais il était prêt à relever le défi. Dès qu'il aurait trouvé le moyen d'éradiquer ces images qui s'amusaient un peu trop à surgir à n'importe quel moment, à l'agresser toujours plus. Aller jusqu'au bout de cette entreprise et réussir, voilà qui aurait de quoi le rendre fier. Redonner le goût de la vie à un être humain, n'y a-t-il plus magnifique ?
Ethan n'était pas sûr de tout saisir à propos de l'agresseur de Joan. Elle parlait de collaboration, qu'entendait-elle exactement par là ? Quelque chose lui disait qu'il ferait mieux de ne pas poser la question. Il n'était pas sûr de pouvoir encaisser la réponse de la brunette. Inconsciemment il savait, mais il se refusait à admettre que la personne qu'il aimait plus que tout au monde ait pu ternir et souiller son image à ce point. Un nouveau pas vers la frontière, la mince barrière qui délimite le bien du mal, qui coexiste en chaque personne. Le jeune homme ne pouvait faire qu'écouter, il n'avait pas de réponse à lui apporter, pas de phrase rassurante à prononcer, rien de tout ça. Il n'était pas tant choqué par les meurtres perpétrés de la main même de celle qui semblait si vulnérable à cette seconde, non. Mais, le ton froid qu'elle employait et témoignait de son manque complet de culpabilité, faisait peur à entendre. Qu'as-tu fais pour mériter ça Andy ? Pensa-t-il. Rien, probablement rien. « Je n'arrive pas vraiment à réaliser tout ce que cela peut signifier, cela me parait tellement... trop... irréel. Je ne sais pas comment tu as pu en arriver là et je n'ai pas de réponses à te fournir, seule toi les détient ces réponses. Ce que je sais en revanche c'est que j'accepte les règles du jeu... je t'ai toujours accepté telle que tu étais, je ne vois pas pourquoi cela changerait aujourd’hui. Ton passé et toi-même vous faites parti d'un tout, on prend ce tout dans son entièreté ou rien du tout. Tu as dis à l'instant qu'on se remettait de tout Andy, tu y arriveras toi aussi, même si cela doit prendre des décennies, mais tu y parviendras. Un beau jour, tu ne seras plus dégoutté de toi-même, et ce jour-là tu verras enfin que malgré toutes les horreurs que l'on peut trouver en ce bas monde, la vie vaut le coup... ouais, elle vaut le coup d'être vécue cette satanée vie. » Après ces révélations d'une autre dimension, le Londonien avait juste besoin de sentir Joan contre lui, sentir le poids de son corps, la chaleur qu'elle pouvait dégager, son odeur. Se blottir contre elle et rester ainsi, jusqu'à la fin de l'heure autorisée des visites, à défaut de pouvoir rester comme cela jusqu'à la fin des temps. Moment parfait, splendeur de l'instant indescriptible. La jeune femme vint ajouter sa touche personnelle et fit dépasser ces quelques minutes au rang d'inoubliable. Je t'aime Ethan Sanders, les mots ricochèrent contre sa boîte crânienne et finirent par vibrer et résonner dans tout son être. Le coin de ses lèvres s'étira presque aussitôt, dessinant un sourire qu'il eût du mal à contenir. Un je t'aime, de quoi balayer toutes les peines, même les plus violentes. « Si tu savais comme je t'aime Andy... les mots ne sont pas encore suffisant pour exprimer ce que je ressens pour toi ! ». Pour souligner ce fait, il approcha son visage du sien et lui caressa la joue avec une tendresse infinie, n'osant l'embrasser il se contenta de poser ses yeux sur elle. La dévorer des yeux, dévorer aussi l'instant présent, profiter de cette communion de leurs deux âmes, où ils ne semblaient former qu'un.
Les hasards de la vie font que l'on rencontre toujours la bonne personne au bon moment. Toutes ces rencontres lui ont apporté quelque chose de bénéfique. S'il ne devait en retenir qu'une, ce serait elle. Croiser son chemin a été une bénédiction et non une malédiction. Avec elle, tout devient possible, il les sent capable de tout réussir. Elle est son nord, son sud, son est, son ouest. Une boussole, un point de repère, son alter-ego. Plus le temps passe et plus il se sent dépendant d'elle, plus le temps passe et plus il l'a comprends, plus le temps passe et plus ils semblent liés. Ce lien pouvait-il se défaire par le biais de l'information capitale qu'il s'apprêtait à lâcher comme un bombardier largue un obus au beau milieu d'une mission ? Trop tard pour se poser la question, il aurait fallu se la poser quelques minutes plus tôt, alors que rien n'était encore joué. Les dés n'étaient plus dans sa main, il n'était plus maître du jeu. Advienne que pourra. L'air penaud, une légère grimace vint déformer ses traits. Il se rapprocha un peu plus de Joan, comme pour s'assurer qu'elle ne pourrait pas partir en courant – ce qui techniquement semblait impossible. Envolée sa belle assurance qui ne fit que décroître au fur et à mesure qu'il déblatérait son histoire à dormir debout. Repentir servant uniquement de médicament à son âme. « Tu ferais mieux de ne rien promettre... cette fois-ci au moins. Je... erm... par où commencer ? Tu te rappelles lorsqu'on s'est retrouvés devant le centre d'appel "par hasard" ? Et bien en fait le hasard n'avait rien à voir là-dedans... Stiles et moi... on... on a engagé un privé pour te retrouver. Je ne sais pas quel était son but véritable, mais le mien était uniquement de te revoir, au moins une fois... de... de m'assurer que tu allais bien et que... et dépasser le st... le stade du simple fantasme. Dix ans que je n'arrive pas à te sortir de ma tête Andy, pourquoi je ne sais toujours pas, mais quand Stiles m'a contacté je n'ai pas réfléchi à deux fois et j'ai accepté presque aussitôt d'entreprendre ces recherches. T... tu vas sûrement te dire que je suis un vrai détraqué, mais je ne pouvais vraiment pas rater une fois de plus cette occasion. C'est à mon tour d'être désolé. Je... je ferais peut-être mieux d'y aller maintenant ! »
code by Mandy
Dernière édition par Ethan Sanders le Dim 21 Oct 2012 - 13:52, édité 1 fois
WELCOME TO DETROIT
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Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Lun 1 Oct 2012 - 17:58
Ethan & Joan
The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night
Opération à cœur ouvert, chirurgie de l’âme qui permettait à Joan de ne pas sombrer. Douleur physique qui dépassait tout entendement et pourtant, ce n’était rien en comparaison de la souffrance profondément ancrée dans son cœur. Elle n’avait plus aucune dignité, blessée dans son amour propre, sa fierté plus bas que terre, la cadette des Kellers n’aurait pas pu jouer autant avec les limites du supportable. En l’espace d’une unique conversation néanmoins, elle réalisait que toutes ses actions n’avaient été vides que sens. Elle était passée à côté de sa vie et tout cela au nom de quel principe ? Vengeance, haine, violence et une colère incomparable qui ne s’évaporerait peut être jamais. Retrouver la paix, mission qui semblait irréelle et pourtant, il s’en était fallu de peu pour qu’elle y parvienne. Pa s grâce à sa mort probable, vision charmante qui avait bien failli l’emporter bien plus lion de cette Terre infernale, mais plutôt grâce à une unique personne, un amour immuable et resté invisible pendant des années, qui lui avait apporté la force nécessaire pour se battre contre ses derniers démons. Malheureusement, son esprit avait dépassé une frontière, une de celles à ne jamais franchir si l’on veut conserver la tête sur les épaules. Folie passagère et surtout envahissante qui avait emporté momentanément ses émotions les plus fortes dont son amour pour Ethan. De cette épreuve en ressortait un sentiment beaucoup plus puissant, le londonien devenant son oxygène, sans sa présence, il n’y avait plus aucune vie, plus aucun espoir possible. En prendre conscience n’avait pas été chose facile, des années d’indépendance la freinant à un partage de son être avec un autre individu. Et si cette prise de conscience n’était pas suffisante et surtout tardive ? Et si elle avait gâché ce lien qui avait semblé étrangement indestructible quelques jours plus tôt ? La jeune femme ne pouvait s’y résoudre après être passée si proche de la fin… Une envie irrésistible de se retrouver dans la tête d’Ethan Sanders, de constater à quel point elle l’avait blessé. La mort était certainement plus clémente que de sentir une nouvelle barrière s’immiscer entre eux. Il n’y avait plus de retour en arrière possible. Aujourd’hui, il était du ressort de Joan de réparer ce qui pouvait encore l’être. Il fallait à tout prix qu’elle empêche la malédiction au-dessus de son crâne d’atteindre l’intégrité d’Ethan. Combat sans merci qu’elle mènerait à son terme peu importe le prix qu’elle devrait payer. Sacrifice de soi, Joan perdrait la raison, s’arracherait ce qui lui servait de cœur pour que cet homme puisse vivre en paix et heureux. La pitié ou la compassion n’avait plus sa place entre eux. Une lutte acharnée contre ses émotions se mettait en place pour ne voir rester que la pureté de leur amour, rincé de toute trace du fléau qui les avait frappés. Honnête, pour une fois ouverte à quelqu’un d’autre, Joan n’aurait pas cru que c’était en cette simple attitude que tenait la libération. Pas les déguisements, pas les artifices, pas les flammes et encore moins des pilules dévastatrices, il suffisait d’une confession, de laisser parler sa sincérité au grand jour. Dix années gaspillées dans une quête sans fin pour réaliser que l’on n’avait pas saisi la bonne perche, que l’on s’était trompé d’objectif mais que malgré cela, la route avait fini par nous mener ici, à cette simple conversation à cœur ouvert qui pouvait vous apporter le bien-être tant attendu. Joan était une vraie sotte, une de celles qui se laissent submerger par son impulsivité pour ne plus voir ce qu’il y avait autour d’elle. Pourtant, cet autour était bien plus ravissant que de sentir ce qui se cachait au fond d’elle-même : mélange putride de sentiments quasi inhumains. Non, autour de cela, il y avait de la beauté, de l’amour bien plus profond que l’abysse dans laquelle elle avait plongé sans y regarder à deux fois. Regarder en face cet amour pour ne plus avoir à supporter les autres visions méprisantes d’elle-même. Y voir de la douceur et une chance d’en guérir. Peut-être avait-il raison, peut être Joan n’avait-elle pas voulu réellement quitter ce monde, seulement le défier et ce de la seule manière qu’elle pensait connaître. Comme une évidence, elle n’avait pas regardé ailleurs alors que la solution avait été devant ses yeux quasi tout ce temps. Ouvrir les yeux enfin pour constater que le malheur n’était pas la seule issue, le visage d’Ethan semblait pourtant le refléter dans toute sa splendeur, bouleversé par les propos pessimistes de la jeune femme. Le regret d’avoir sombré avant son réveil, la peur de la perdre ancrée au cœur de son système, Joan sentait une détresse à la hauteur de la haine de conscience qui se jouait dans son cerveau. Dans un souffle, Joan continua son discours, se retrouvant face à un irrépressible besoin de parler après toutes ces années de solitude.
Il y a certainement une part de vérité dans ce que tu avances. Passer à l’acte était sûrement le reflet de mon impuissance face à un monde que je ne comprends pas, un monde où j’ai toujours eu l’impression de ne pas avoir ma place. Mais je veux exister moi aussi au même titre que les autres individus. C’est pour cela que je ne veux plus laisser aucune émotion négative e tenter. Je ne veux vivre que pour sourire ou ma vie n’aura plus d’utilité… Tu ne dois plus rien regretter Ethan, c’est ma stupidité qui t’a fait aller jusqu’au bout de toi-même, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même si tu te trouves dans cet état. Il est hors de question que tu continues à te sentir mal par ma faute, je vais faire ce qu’il faut pour effacer cela…
Encore un discours qui ne voulait rien dire sans une véritable action de la part de Joan. Elle n’était même pas sûre d’avoir la force suffisante pour se relever et néanmoins, elle faisait clairement comprendre à Ethan que cela l’importait peu tant qu’il restait debout à ses côtés. Une telle indifférence envers elle-même, envers son sort lui renvoyait une image bien négative en plein visage : non seulement elle se haïssait mais elle s’était persuadée que c’était également le cas d’Ethan. Un certain masochisme se dégageait, comme si elle tentait par tous les moyens de justifier que son choix avait été réfléchi et que sa présence dans ce monde n’était plus souhaitable. Joan cherchait son salut dans le regard de l’être aimé, espoir infime que sa vie n’était plus vaine, qu’elle avait au moins une personne à chérir, justifiant ainsi sa survie. Il lui donna bien vite raison : la jeune femme ne le dégoûtait pas malgré les gestes immoraux effectués en un temps record. Non, Ethan aimait Joan tout bonnement. Eternel recommencement, retourner encore une fois dans ces souvenirs, lorsqu’ils avaient posé leur regard l’un sur l’autre, sachant que ce simple accrochage déterminerait le parcours d’une vie. Peut-être étaient-ils fous à lier, obnubilés par leur relation malsaine et destructrice mais ils n’avaient que cela qui faisaient battre leur cœur dans un tintamarre aveuglant. Joan dessina un sourire sur son visage : par quelle chance avait-elle obtenu le droit d’avoir quelqu’un comme Ethan dans sa vie ? Tant pis pour ce qu’elle pensait d’elle-même, un bien-être quasi instantané vint s’infiltrer alors qu’Ethan avançait une nouvelle fois son amour incommensurable pour elle. Des yeux qui se baissèrent quelques secondes avant de partager un nouveau moment de plénitude alors que Joan reprenait son souffle.
J’avais pourtant l’impression que la déception dépassait tout le reste. Même si tu penses le contraire aujourd’hui, pour moi, c’est comme si tu étais incapable de me pardonner… Mais tu as peut être raison, si dix ans ne peut rien effacer entre nous, il est sûrement possible de surmonter ce qui me semble insurmontable… Réussir à s’aimer au-delà de tout, sans jamais oublier ce sentiment. Toujours le faire passer avant tout le reste…
Un nouveau silence alors que leur regard se mêlait dans une tendresse infinie. Joan ne pourrait jamais se passer de ces simples moments qui se passaient de mots, indescriptible sensation qu’elle ne pouvait connaître avec personne d’autre. Il suffisait d’un rien pour effacer toute la sauvagerie dont elle avait fait preuve, un simple regard pour qu’elle redevienne d’une innocence incomparable, l’ancienne Joan Kellers révélée au grand jour portée par des ailes invisibles à l’œil nu. Bien évidemment, ce genre de moments où Joan oubliait momentanément ce qu’elle était ne durait que l’espace d’un clignement d’œil mais c’était déjà une avancée considérable après être passée dans des chemins sinueux, l’issue lui échappant sans cesse au profit d’une lourde porte de verre, simple spectatrice coincée de l’extérieur dans une prison qu’elle s’était créée. Pourtant, le pessimisme pencha de l’autre côté de la balance cette fois, Ethan croyant dur comme fer qu’on ne pouvait jamais oublier les pires épreuves de la vie. Pour Joan, il s’agissait de force de volonté, elle ne l’avait jamais appréhendé jusqu’ici puisqu’elle n’avait jamais eu de raison pour le faire mais c’était certainement l’occasion de changer la donne. Vaincre, une notion qui lui avait toujours plu, se dépasser pour réussir à se prouver qu’on était capable de tout (même du pire dans son cas) pour atteindre un objectif ou un idéal de vie. Vision qui s’était vue biaisée pendant des années mais Joan retrouvait peu à peu le droit chemin avec désormais, un autre contrat à remplir. Celui-ci n’invoquait ni meurtre ni torture, simplement un partage sans limite du meilleur d’elle-même, faire disparaître le pire ou tout du moins le contenir pour devenir une personne respectable. Tourner en rond, toujours revenir à ce fameux moment, cette nanoseconde où Joan avait attenté à ses jours. Aujourd’hui, ce n’était que pourparlers pour que jamais cette situation se reproduise. Des tentatives désespérées d’Ethan pour lui faire comprendre qu’elle était ce qui le faisait vivre, Joan n’essayait même plus de le contredire, elle le voyait dans ses yeux. Pourtant, leur discussion continuait de tourner autour de sa mort et sur ce qui adviendrait par la suite. Referait-elle l’ultime saut ? Joan ne s’y risquerait plus en voyant les conséquences désastreuses et pourtant, Ethan n’en était pas certain. Ne plus toucher à des médicaments… La mine défaite, Joan sentait le poids de la confiance qui s’était évaporé dans la nature en un temps très modeste mais si c’était le prix à payer, elle l’accepterait. Elle reconstruirait pas à pas cette maudite confiance pour que plus jamais rien ne les sépare.
Non Ethan, je ne toucherai plus à aucun médicament à moins que ce ne soit nécessaire. J’ai survécu une fois à l’horreur, je n’ai pas peur de le refaire même si je dois souffrir comme un diable pour que ce soit le cas. Je veux que tu sois fière de moi et par-dessus tout, je veux te mériter.
Ce sentiment d’infériorité qui revenait perpétuellement, celui-ci datait certainement de l’adolescence mais ne l’avait jamais quitté bien au contraire. Joan avait intégré l’idée qu’elle prenait toujours le mauvais chemin, fonçant droit dans le mur dès qu’elle en avait l’occasion. Cette sensation ne partirait peut être jamais, dans tous les cas, elle trouvait toujours le moyen de venir la hanter au moment inopportun. Laisser s’écouler la honte pour se concentrer sur l’essentiel, maintenant que la vérité avait été déployée, Joan était libérée d’un poids. Malgré cette douleur en songeant à ce qu’elle avait osé faire pour accomplir un but futile, Ethan restait à ses côtés et c’était cela l’important. Elle pouvait souffrir un millénaire entier, la démembrant à intervalles réguliers, elle savait résister contrairement aux assauts de son cœur dans sa poitrine. Ecouter les paroles d’Ethan lui faisait perdre l’esprit, son cœur cognant contre sa cage thoracique. Jusqu’où ce sentiment pouvait-il s’arrêter ? A en juger par le yoyo incessant qui se tramait dans ce membre vital, Joan se doutait qu’il n’y avait aucune limite à tout cela, absolument aucune. Oui, la vie méritait d’être vécue, rien que pour vivre cette émotion unique et inclassable. Aucune contradiction possible sur ce point, rage de vaincre sur le visage, Joan ne put que confirmer les propos de l’homme qu’elle aimait.
Je préférerais que ma guérison ne dure pas des décennies tu sais… Tu mérites un tout aujourd’hui et maintenant et pas la moitié d’une femme à vie. Oui, la vie vaut le coup d’être vécue, certainement, sinon, je ne serais jamais revenue d’entre les morts. La vie vaut le coup d’être vécue si tu es avec moi.
Se blottir contre Ethan, sentir son flux vital circuler à une vitesse vertigineuse et enfin se sentir bien, enfin se sentir libre. C’était pour retrouver cette sensation auquel elle n’avait goûté qu’une seule nuit qu’elle était revenue. Les mots traversèrent ses lèvres avec une émotion à en couper le souffle. Joan aimait enfin. Elle était enfin capable de partager ces simples mots qu’elle n’avait prononcés à personne avant aujourd’hui. Le sourire d’Ethan qui suivit sa simple phrase balaya toute incertitude au loin. Elle était là sa destination, son évidence. Son visage à quelques centimètres du sien, le bonheur accroché à ses lèvres, Joan ne voulait plus fuir, bien trop accrochée à cette image en face d’elle. Moment magique qui trouva son paroxysme dans une simple caresse, un léger frisson qui se propagea dans tout son corps. Instant qu’il a bien fallu rompre, le poids du secret brisant une nouvelle fois cette connexion spéciale entre les deux jeunes gens. Joan tenta un brin d’humour pour ne pas céder à la panique face au regard angoissé d’Ethan. Finalement, les pièces du puzzle s’assemblèrent d’elles-mêmes. Evidemment, rien de tout ce qui n’était arrivé n’avait été que coïncidences. Le coup du sort était loin d’avoir été responsable des retrouvailles aussi bien de la famille Kellers que celle qu’elle avait vécue avec Ethan. Un détective, voilà ce qui avait réuni les deux parties de son tout. Plus aucune trace de frisson ni de sourire sur le visage encore meurtri de Joan, tout cela laissait place la réflexion. Cela faisait longtemps qu’elle avait tous les éléments, ce n’était pas une surprise qu’on l’avait suivi et Stiles avait plutôt confirmé ses soupçons. Étrange hasard qui avait amené Ethan vers elle dans un temps assez rapproché, non, décidément, Joan le savait. Comment pouvait-elle lui en vouloir pour cela ? Après tout, elle avait fait bien pire. Elle l’avait trahi purement et simplement, de la pire manière qui ce soit juste après avoir partagé son lit. La jeune femme n’était pas même pas certaine qu’ils étaient à égalité, elle était allée trop loin alors qu’Ethan avait simplement voulu la revoir. Geste d’amour profond, encore une fois, il lui prouvait ce dont il était capable pour elle alors qu’Andy n’avait même pas réalisé la moitié de cet exploit. La honte se lisait sur son visage, le regard d’Ethan évitant à tout prix le sien alors qu’il avait une soudaine envie de l’abandonner à son triste sort, ce qui s’apprêtait vraisemblablement à faire d’ailleurs. Enfin, il aurait pu partir si Andy ne l’avait pas retenu quasi instantanément, prenant sa main dans la sienne et relevant son beau visage de sa main libre pour que leur regard se croise une nouvelle fois.
Si tu as fait tout ce chemin pour me retrouver, ce serait bête de partir maintenant, tu ne trouves pas ? Un détraqué peut être... Mais un détraqué fou de moi et ça, ça vaut tout l’or du monde… Surtout quand on sait que c’est réciproque !
Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Ven 5 Oct 2012 - 19:17
Joan & Ethan
E
couter, prêter une oreille attentive sans jugement aucun, recevoir à cœur ouvert les propos de son grand amour, sentir l'esprit de cette dernière s'ouvrir peu à peu - lâchant les armes. Quelque chose d'infime venait de changer dans son comportement, sans qu'il puisse définir quoi exactement. Toutes pensées négatives semblaient à présent proscrites. Un immense pas en avant pour la jeune femme, les prémices d'une nouvelle vie pour elle, pour eux l'espérait-il. Voir, sourire à ce monde, entrevoir enfin une nouvelle optique, une nouvelle philosophie, ce jour où la bataille est enfin gagnée ne plus regarder au travers de ses lunettes obscurcissant sa vision de la vie. Toucher l'espoir du bout des doigts, le saisir d'un geste vif avant que celui-ci ne s'éclipse dans une nappe brumeuse. Penser à ce jour où tout ne fait que commencer, et ce jour n'était autre que maintenant. Des yeux pour voir la beauté de ce monde ; croquer la vie à pleines dents. Ne jamais perdre la foi. Essayer encore, jusqu'à réussir, ne jamais renoncer, car ce serait alors le véritable échec. Sortir du cauchemar, suivre la lumière jusqu'au dehors du tunnel, puis se retourner, apercevoir les quelques années qui viennent de défiler à une vitesse vertigineuse, années où une lutte acharnée a été menée. Se rendre compte de la difficulté de la tâche que l'on a pu entreprendre, sentir son cœur se gonfler de fierté à cette pensée. Ne jamais oublier cette fierté, s'en rappeler dans les moments les plus difficiles et puiser ainsi la force de continuer à avancer. Il y aurait certainement encore de nombreux obstacles, un certain nombre de désillusions avant que Joan ne parvienne à changer la façon dont elle voyait le monde qui l'entoure. Selon un proverbe hindou, le sourire que l'on envoie revient vers nous. Joan devrait sourire à la vie, pour que celle-ci lui rende son sourire. Rien de bien compliqué si l'on réfléchit bien. En apparence non, mais qu'en était-il réellement ? « Je suis content de te l'entendre dire. Voir un sourire se dessiner à nouveau sur ton visage, j'avoue que c'est le plus beau cadeau que tu puisses me faire. Sourire à la vie et que celle-ci puisse enfin te sourire, c'est tout ce que tu mérites Andy ! » Un regard en biais, indiqua à Joan qu'il regretterait durant quelques temps de n'avoir eût la force d'aller au bout, de l'attendre malgré les épreuves et de rester debout. Une fois de plus il avait l'impression d'avoir manqué à son « devoir », de l'avoir abandonnée au moment où elle avait eu besoin de lui. Éternel recommencement, pour ce schéma qui n'en terminerait probablement jamais. Abandon, culpabilité, remord, une sphère maudite de laquelle il ne semblait pas pouvoir sortir. Pourtant, tout ce qu'il désirait était juste être là pour elle, à chacun de ses pas. Pourquoi en était-il toujours autrement ? Était-il écrit quelque part, que dans les moments les plus difficiles de sa vie, Joan serait condamnée à être seule, désespérément abandonnée ? Peut-être bien. Ce n'était certainement pas le moment de se poser ce genre de question existentielle, qui ne risquerait pas de servir à la guérison de son grand amour. Car oui, à présent il n'était plus question que de ça, cette guérison, sa guérison. Raccrocher ses wagons aux rails de la vie, se laisser guider jusqu'à bon port, sans heurts et sans secousses. Linéarité bienveillante, rassurante. A lui de s'assurer que plus jamais le wagon ne déraille où se retrouve sur une mauvaise voie. « Faire ce qu'il faut pour ça ? C'est à dire ? Je dois t'avouer que tu me fais peur là... Enfin il n'y a peut-être pas de raisons. Concentres-toi uniquement sur toi, pas sur moi, c'est le plus important. Fais en sorte de pouvoir sortir au plus vite de... d'ici ! »
Un sourire, un simple sourire, trois fois rien - ce témoin d'une émotion intérieure, traduit par l'actionnement de quelques muscles, induit par une impulsion nerveuse - mais sans nul doute la plus belle monnaie du monde, une belle récompense, un rayon de soleil pour celui ou celle qui le reçoit. Unique, il venait de réchauffer le cœur du Londonien en l'espace d'un millième de secondes à peine. Il ne put s'empêcher de lui rendre son sourire, presque instantanément. Malgré tous les sentiments contradictoires qui se mêlaient, s'emmêlaient dans sa tête, un seul persistait bien plus clairement que tous les autres, son amour pour Joan. Peu importe les déceptions, peu importe le mal-être ressentit et occasionné par cette tentative de suicide, quelque chose restait aussi immuable que le temps qui s'écoule. Son amour pour Joan. Ce sentiment inexplicable qui lui donnait des ailes et lui aurait fait déplacer des montagnes pour elle. Comme la jeune femme venait de le souligner, dix années s'étaient écoulées et pourtant rien n'avait changé entre eux. Cet atome crée, toujours cette alchimie, capable de combattre la mort. L'amour plus fort que tout, l'amour plus fort que les pires tourments, les pires sévices, envers et contre tout. Sentiment magnifié, contre vents et marées, s'appuyer sur lui et y trouver là une main secourable. Captant le regard de son interlocutrice, Ethan s'adressa à elle avec une sincérité déconcertante une fois de plus. « La déception ne l'emporte pas sur ce que je peux ressentir pour toi. Cela ne change rien à mes sentiments, bien au contraire. Je ne serai pas là, en train de te parler dans le cas contraire. Je t'aime tellement que je ne peux pas me résoudre à te laisser, ce serait comme se tirer une balle à bout portant dans le genou, pourtant j'en ai eu envie, mais je ne peux pas... Pour ce qui est du pardon, ça ne devrait même pas être nécessaire, c'est égoïste et stupide de ma part... On ne l'oubliera pas ce sentiment, c'est promis, on va l'enfermer dans une belle boîte et la ressortir dans les coups durs ! » Tentative d'un nouveau trait d'humour, pas plus réussie que la fois précédente, il n'était pas vraiment doué pour dédramatiser certaines situations. En d'autres circonstances, avec d'autres personnes il y serait sans doute parvenu, mais pas là, Ethan ne voulait pas que les mots employés puissent être mal interprétés. Ne garder que l'essence pur de la vérité, du nécessaire et laisser le reste de côté, au moins pour cette fois-ci. « Ensemble, on sera plus forts que tout, que la maladie, que la routine que... la mort ! »
Mériter quelqu'un, mériter son pardon, mériter son sort cela ne voulait pas dire grand chose pour le Londonien. Notion abstraite et non quantifiable. Quelle peut-être la définition exact du mérite lorsqu'il s'agit d'un ami ou bien d'un amour ? Est-ce que celui ou celle qui attente à ses jours ne mérite pas de vivre ? Est-ce que le mérite n'est autre qu'un mouchoir pour pleurer ou bien un animal réputé dangereux sans dents ? Il en vint à se dire que Joan était une personne méritante, car jusqu'à maintenant, elle avait toujours fait face à la vie, menant une lutte acharnée contre ses démons intérieurs. Lutte qui l'avait amenée à franchir une frontière, celle de ses propres limites, point de chute qui avait bien failli être létal. Ne devoir son salut qu'à une volonté hors du commun, une rage de vivre, une fureur sans nom. Ce besoin d'urgence alors que la fin n'était plus si loin. Véritable paradoxe. Ethan était persuadé qu'il n'était pas la seule raison qui avait poussé Andy à revenir « d'entre les morts ». D'un geste entendu, il acquiesça les propos de la jeune femme, sans toutefois trouver quoique ce fut à ajouter à propos des médicaments. La sincérité qui transpirait des paroles et de l'attitude de Joan avait un côté rassurant. Ne lui restait plus qu'à espérer que tout ça ne soit pas que du vent, un joli leurre pour qu'il puisse dormir sur ses deux oreilles. Cela serait pire que tout, peut-être bien plus que la tentative de suicide en elle-même. Le mensonge ne trouverait pas sa place ici, il ne le devait pas, du moins c'est ce qu'il souhaitait plus que tout. « Je le suis Andy, je suis fier de toi, tu ne peux pas imaginer à quel point. Il faut que tu ne gardes à l'esprit que cette lutte que tu as gagnée, celle contre toi-même. Tu vas sûrement dire qu'il ne faut pas, que tu ne peux pas à cause de tout ce qui entoure cette victoire, mais il ne faut retirer que le positif de cette épreuve. Une preuve que tu peux tout surmonter, tu n'est plus obligée de traîner tout ça derrière toi comme un fardeau. Tu es probablement la personne la plus forte que je connaisse et ce n'est pas un manque d'objectivité de ma part, bien au contraire. Sois fière de toi, de la personne que tu vas devenir, ne pense plus à celle que tu as été, et je serais d'autant plus fier de toi. Tu me mérites Andy... ça ne veut rien dire ça d'ailleurs, et puis je ne suis pas Dieu ou je ne sais quelle autre entité divine pour oser affirmer que tu ne me mérites pas... Pour quoi est-ce que je passerais si je tenais de tels propos ? »
A nouveau cette notion de mérite qui revenait sur le tapis, sur le devant de la scène. Tant bien que mal Ethan avait essayé, et à sa manière d'expliquer à Joan que la vie n'était pas cette bête atroce qu'elle semblait redouter plus que tout. Rien à voir avec le monstre de leur enfance, caché dans le placard ou sous le lit , il ne faut pas voir cela comme quelque chose d'abominable ou bien de terrifiant, au contraire. Un cadeau d'une valeur inestimable, dont il faut savourer avec appétit chaque nouveau jour qui se lève, en apprécier chaque minute, chaque seconde écoulée et ne surtout pas la voir comme une longue souffrance sans fin. Vivre vite, mourir jeune, pourquoi pas, après tout mieux vaut s'élever et se brûler franchement que de se consumer lentement. Préférer la qualité à la quantité. Les nouvelles paroles de Joan laissèrent à nouveau leur empreinte sur sa chaire, dans son sang, mais aussi sur son âme. La vie vaut le coup, à condition qu'il soit avec elle. Elle n'avait sûrement pas idée de ce que cela pouvait représenter pour lui. Un immense sourire, reflet de la joie intense qu'il pouvait ressentir en cet instant,vint se graver sur ses traits. « Peu importe le temps que cela prendra, il faut se montrer patient, du moins en ce qui concerne ta reconstruction. Arrête avec cette histoire de mérite. Ce sera toi ou personne, je ne suis pas à quelques mois d'attente près. Peu importe le temps qu'il te faudra... je serais là, tu en as ma parole. A deux, on ira loin... très loin, peut-être vite, trop vite, mais peu importe, je préfère vivre intensément avec toi plutôt que longuement seul ! »
Après un moment passé, un instant parfait où la magie semblait avoir opérée, réunissant leurs deux âmes dans une communion, le souvenir, le fantôme de leur étreinte parfaite rôdant dans les parages, Ethan avait voulu se délester du poids – trop lourd – qui lui écrasait la cage thoracique, l'empêchant de profiter pleinement de ce moment. Un pavé lâché dans la mare sans douceur. Le visage, les vêtements éclaboussés de cette eau glacée, sensation désagréable que plus jamais il n'arrivera à se réchauffer. Une seule solution possible pour arranger cela, rentrer chez soi. Rentrer, ou bien affronter ce qui apparaissait comme une montagne. Joan ne lui laissa pas le temps de s'éclipser. Forcé de la regarder à nouveau dans les yeux, il l'écouta, sans moufeter, retenant son souffle. Comme si le fait de bloquer sa respiration aurait pu changer quoique ce soit, inverser le court du temps pourquoi pas. Il n'était pas sûr de pouvoir faire face à ce qui allait suivre. L'éducateur s'attendait à une avalanche d'insultes, déferlante de colère et de coups portés envers sa personne. Après tout, cela aurait été plus que mérité. Mensonge à cela s'ajoutait un brin de voyeurisme, la combinaison gagnante pour faire fuir son grand amour. Mais contre toute attente, sa réaction fût toute autre. Bouche bée, Ethan n'en revenait pas. Elle ne le rejetait pas, ne se mettait pas à hurler des horreurs et n'avait même pas envie de le frapper. Elle parvint même à lui arracher un nouveau sourire. Le stress ressentît quelques minutes plus tôt sembla se dissiper peu à peu, distillé au beau milieu des paroles de la brune. « Je vais peut-être rester encore un peu alors, au moins jusqu'à ce qu'on me demande gentiment de sortir d'ici, enfin si tu arrives à me supporter jusque là ! Une belle affaire de folie... je suis vraiment désolé de ne pas avoir eût le courage de te l'avouer plus tôt... j'avais peur de... te faire peur justement ! C'est réciproque vraiment ? Tu n'est peut-être pas plus saine d'esprit que moi en définitive. » S'installant de nouveau aux côtés de la jeune femme, il se blottit encore contre elle, en veillant toujours à ne pas lui faire mal. Moment d'une rare simplicité, mais aussi d'une charge émotionnelle très forte. Être contre la personne aimée, sentir son cœur battre à quelques centimètres du notre, se passer de mots car ceux-ci deviennent presque obsolètes. Le véritable bonheur, prier en secret pour que ce bonheur ne prenne jamais fin.
code by Mandy
WELCOME TO DETROIT
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Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Dim 7 Oct 2012 - 22:12
Ethan & Joan
The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night
Démarrer une seconde vie, en espérant qu’elle soit la dernière. Tout recommencer pour une ultime fois, entrevoir la porte. Pas celle qu’elle avait failli prendre la semaine passée, non. Plutôt celle qui l’emmènerait vers des cieux enfin heureux, la douleur serait enfin minimisée. Elle pourrait enfin respirer, ouvrir les yeux et voir autre chose que son médiocre reflet dans le miroir. Joan avait certainement tous les droits de se haïr mais en aucun cas, cela ne lui permettrait de réparer ses multiples erreurs. La jeune femme devait arrêter de penser à elle, pour une fois, sa vie ne tournait plus uniquement autour d’une vengeance ou de la colère, elle avait une épaule sur laquelle se reposer. Elle aimait. Une lueur aperçue au fond de ce maudit tunnel, un rayon lumineux qui lui apportait un lot de nouvelles émotions relativement indésirables. Pour la première fois depuis des années, elle ressentait la peur. Elle était décuplée, Joan ne pouvait pas contrôler ce flot continu de frayeurs qui s’insinuaient en elle : et si elle perdait Ethan ? Et s’il lui arrivait quelque chose ? Comment continuerait-elle à vivre ? Joan savait qu’elle ne le pourrait pas. A partir d’aujourd’hui, elle donnait clairement sa vie pour lui. Peu importe ce que cela devait lui apporter comme douleur, elle n’avait plus que lui pour tenir debout, pour compléter ce vide en elle. Une autre émotion d’une nouveauté extraordinaire venait la perturber depuis quelques minutes : un bien être aussi magique qu’effrayant. Et si on lui retirait cet oxygène ? Et si tout cela n’était qu’artifice ? Un jeu machiavélique qui l’entrainerait au fond de l’abime plus vite qu’elle n’en était sorti quelques jours plus tôt ? Joan n’avait pas imaginé que ces paradoxes pouvaient venir la hanter. Après tout, il y a encore quelques jours, elle ne voyait que le bout du tunnel, la libération comme elle l’avait appelé. Changer d’avis, changer de vie, tout cela était du pareil au même désormais. Joan Kellers aimait Ethan Sanders plus que sa propre vie, c’était tout ce qu’elle arrivait à retenir de sa descente aux Enfers. Elle surmonterait n’importe quel obstacle, n’importe quel torture que ce soit physique ou psychologique pour qu’il puisse respirer comme il se doit. Si devenir quelqu’un passait par ce sacrifice, Joan se jetterait corps et âme dans le gouffre, point final. Afficher un sourire. Comme si c’était sa dernière mission à accomplir sur Terre. Le sourire, l’unique arme qui se mettait en travers du malheur. Unique arme qui permettait la survie. Cette fois seulement, ce sourire n’avait pas été factice. Avec cette seule personne, Joan ne se cachait pas, elle ne se cachait plus. Plus rien n’avait d’importance, sauf ce moment, cet individu qui l’avait profondément transformé tout au long de sa vie. Bon nombre de ses choix avaient été opéré selon lui, pour ne pas qu’il pâtisse de ce qu’elle était. Il était certainement temps d’en faire des nouveaux, ceux-ci conduit par une autre impulsion… L’amour, le vrai, le pur et l’inoubliable. Guidé par ce ressenti d’une force incomparable, Joan avait pu tenter ce sourire, elle avait pu le vivre comme jamais auparavant. Les occasions n’avaient pas manqué dans sa jeune vie pourtant mais rien ni personne n’avait pu lui faire élargir ses lèvres d’une façon si spontanée. Joan pouvait vivre ou revivre des milliards de fois ses souffrances, elle pouvait les embrasser de mille manières mais cet amour, en un clin d’œil, les relayait à un arrière-plan. Elle était une autre personne, elle n’avait jamais souffert, elle ne se rappelait pas de ce qu’avait été sa quinzième année et celles qui avaient suivi. Non, tout cela n’avait pas d’importance, Ethan, maintenant et pour toujours, voilà ce qui se trouvait dans son cœur et occupait tout son esprit. Joan ne serait certainement jamais certaine d’être à la hauteur de ce sourire, de cet espoir qu’elle distillait dans le crâne de son amoureux mais elle avait envie d’y croire, de toutes ses forces cette fois. Se donner entièrement, sans entrave, jouer avec le feu d’une nouvelle façon, cette fois, laisser son cœur vulnérable, le laisser divaguer vers de nouvelles contrées où les boucliers n’ont plus lieu d’entrer. C’était cela le bonheur à l’état pur, la confiance même qu’on pouvait avoir en autrui, en cette personne qui vous donnait tout sans rien attendre en retour, seulement de vous voir heureux et libre. Joan écouta Ethan lui parler de ce qu’il espérait, la voir agir de cette manière plus souvent, voir ce sourire illuminer des jours bien mornes. La tueuse n’avait pas d’autres alternatives désormais, si elle devait côtoyer Ethan, elle se devait de vivre pleinement et de laisser de côté chaque parcelle de son appréhension. Son visage resta aussi avenant, bien heureuse d’avoir Ethan dans les parages finalement.
A partir de maintenant, je tâcherais de te faire des cadeaux plus souvent, tu n’es pas dur à satisfaire. Mais si je dois continuer à sourire, je compte sur toi pour le faire vivre ce satané sourire...
Il n’était plus question de malheur, de haine, de colère, de vie ratée ou d’occasions d’en finir. Il était question de vivre, de voir la vie sous un jour nouveau mais pour cela, Joan ne devait plus être seule. Elle avait passé dix années de sa vie à ruminer des actions qu’elle ne pouvait pas changer. La jeune femme avait pris son destin en main de la manière la plus horrible que le monde ait pu créer, il était évident que sans boussole, Joan n’était qu’une âme perdue et destinée au vice. Elle avait besoin d’une âme pure et honnête, quelqu’un qui serait capable de tout entendre, de laisser le passé où il était sans chercher à changer la personne que Joan avait été. Sans le savoir, Joan avait trouvé cette personne il y a fort longtemps, la peur l’avait obligé à la laisser sur le bord de la route. Il avait fallu se blesser, se mutiler encore et encore pour en arriver à cette simple conclusion : tout ce qui avait été accompli était absolument nécessaire pour que Joan puisse être digne d’aimer quelqu’un comme Ethan. Désormais qu’elle avait réalisé ses erreurs, les avaient bien prises en compte, Joan était prête à tout pour apporter un véritable sourire sur le visage de l’amour de sa vie. Bien évidemment, tout cela se révélait difficile à lui faire comprendre par de simples mots mais Joan était bien trop faible pour apporter une preuve gestuelle à son discours. Un sourire toujours agrafé précieusement à ses lèvres, la londonienne comptait bien ne pas écouter Ethan, ne pas se concentrer sur elle, ce n’était plus ce qui importait, pas après dix ans de narcissisme maladif, pas lorsqu’on aimait une personne autant qu’elle aimait ce visage à ses côtés.
Je t’assure que ma sortie viendra vite, je ne reste jamais en place comme tu le sais. Mais tu n’as pas à t’inquiéter, je ne compte pas continuer à faire des bêtises mais comme à mon habitude, je n’ai pas l’intention de t’écouter non plus Thany. J’ai clairement envie de profiter de toi au lieu de me regarder dans la glace, je suis désolée de te décevoir bien évidemment !
Espièglerie, un trait caractéristique de l’ancienne Joan Kellers, celle qui avait disparu il y a bien des années. C’était fou ce que le temps pouvait vous faire changer, vous transformer en une espèce de coquille sans importance et pourtant, l’essence même de votre être restait intact quoique vous en pensiez. Etrange paradoxe qui permettait à ce couple extraordinaire de partager une certaine nostalgie de leur ancienne vie. Tout cela pour mieux profiter de la nouvelle, celle où ils seraient enfin ensemble, pour le meilleur, le pire ayant déjà été vécu dans leur cas. La peur au ventre de devoir revivre une période où le monde n’apparait que sous son pire jouer, Joan tentait de mettre à plat ce qui pouvait encore l’être. Elle savait pertinemment qu’elle ne pourrait pas vivre si la seule personne qui comptait réellement la détestait intérieurement. C’est la raison pour laquelle Ethan tentait de la rassurer, sa sincérité était telle que la cadette Kellers ne pouvait que le croire. Etait-ce réellement possible d’aimer quelqu’un contre vents et marées ? Après tout, cela faisait des années que ce sentiment existait entre eux, le destin avait toujours été contre cet amour et ils étaient là, aujourd’hui, l’un en face de l’autre à s’avouer des sentiments incommensurables. Joan n’aurait pu espérer mieux à son réveil, elle n’aurait pas pu plus toucher le bonheur du bout du doigt, elle le sentait palpiter dans ses veines comme une transfusion sanguine libératrice. Sauvée par le gong, sauvée par la force de son amour, la jeune brune avait confiance en Ethan, elle était certaine que si lui disait ne pas pouvoir vivre sans elle, il en était hors de question de son côté également. Sa vie n’avait beau tenir qu’à un fil, celui-ci paraissait bien plus solide que tous les véhicules blindés du monde, une certitude qu’on ne pouvait lui retirer.
Je pense qu’on a eu notre quota de coups durs… Si on pouvait juste ne plus y penser quelques temps, je veux juste qu’on puisse rattraper tout ce temps perdu. Réapprendre à se connaître même si j’ai l’intime conviction qu’on se connait encore par cœur, tu es comme une évidence pour moi. Cette boite, je n’ai pas besoin de l’ouvrir à aucun moment, elle le fait d’elle-même, au pire comme au meilleur des moments... Tu es toujours là !
Une boite de Pandore, un mythe qui n’en était plus un dans leur cas. Joan Kellers n’était plus la même personne, elle n’était plus une jeune adolescente effrayée, encore moins un monstre sans cœur, elle était seulement ce qu’elle aurait toujours dû être, la personne aux côtés d’Ethan Sanders. Cette femme cruelle n’avait plus lieu d’exister, peut-être n’avait-elle jamais eu lieu d’être mais on n’effaçait jamais le passé, on pouvait simplement le modeler pour qu’il devienne moins douloureux. Ce que Joan s’évertuerait à faire jusqu’à ce que la mort vienne finalement la trouver. Pour le moment, elle cherchait une raison, la raison qui lui permettrait de justifier sa place au côté de l’homme de sa misérable vie. Ethan tait bien loin d’être un meurtrier, encore moins un homme guidé par la haine alors comment pouvait-elle se dire qu’elle lui apporterait quelque chose ? Cette question n’avait aucune véritable réponse, elle n’existait pas. L’amour était insoluble, irréelle, intangible et certainement pas le fruit de la raison. On ne comprend jamais pourquoi cette tierce personne pouvait faire battre notre cœur plus fort qu’un homme que vos proches indiquent comme votre âme sœur. Ce n’était pas une question de choix, encore moins une question de bon sens, c’était une évidence que seule vous pouvez comprendre. Cela, Ethan l’avait bien mieux compris que Joan qui continuait de se rabaisser, ultime manière de montrer à Ethan qu’il méritait mieux qu’une femme meurtrie par la vie dès son plus jeune âge. Aucun discours ne semblait le convaincre et le cœur de Joan était à deux doigts d’abandonner cette bataille. Le londonien se disait fier d’elle, lui intimait d’oublier cette honte qu’elle avait d’elle-même. Elle était une femme forte, elle avait survécu à la pire humiliation qu’on pouvait donner à une femme, elle en ressortait certainement indestructible même si elle pensait le contraire. Ses joues rosirent légèrement et son regard s’abaissa quelques secondes, que pouvait-elle répondre à un discours aussi franc et aimant ?
Comment fais-tu pour me rendre aussi heureuse et me sentir aussi bien en un clin d’œil ? Je ne sais pas si tu as raison… Je ne sais pas si je suis aussi forte que tu le prétends, ou encore moins si je suis quelqu’un qui mérite de vivre un amour aussi grand que le nôtre. Je sais juste que tu es devenu une personne tellement merveilleuse, je ne sais pas comment tu as vécu ces dix ans mais aujourd’hui, je pense être bien placée pour te dire que je suis insignifiante à côté de ta nouvelle façon de penser. J’espère simplement que l’amour que j’ai à t’apporter aujourd’hui et surtout demain saura pallier toute cette partie de ta vie que j’ai raté par pure égoïsme…. Je veux moi aussi qu’on aille loin quitte à me laisser brûler, à courir à ma perte, ça n’aura pas d’importance si c’est pour vivre avec toi. Je ne serai plus jamais moi sans toi, ça c’est une chose dont je suis certaine.
Joan conserverait certainement longtemps ce regret infiniment profond d’être passé à côté d’une partie bien trop importante de sa vie. Certains diront que c’est un mal pour un bien. Après tout, à cette époque, elle était loin d’être prête pour vivre une aventure de cette envergure. La magie opérait, se sentir aussi bien qu’en cet instant était clairement une mission impossible pour le commun des mortels. Non, Joan ne tiendrait pas rigueur à Ethan de son périple de l’autre bout de monde pour venir la conquérir : n’était-ce pas la plus belle preuve d’amour ? On ne pouvait pas faire la difficile alors que l’on obtenait finalement ce qu’on avait toujours voulu, l’être aimé contre vous, le rêve redevenant enfin possible. Cœurs battant la chamade, sourires en coin, mains entrelacées, Joan voulait rester ainsi jusqu’à ce que la Faucheuse daigne montrer le bout de son nez. Pour le moment, la jeune femme utilisait surtout le ton de la plaisanterie pour faire comprendre à l’homme qu’elle aimait qu’il n’était pas aussi fou qu’il voudrait lui faire croire…
Si nous sommes deux fous, cela me convient… Du moment que tu ne me quittes pas pour une saine d’esprit…
Joan, arborant toujours ce sourire victorieux, se laissa aller contre Ethan et ferma les yeux. Elle était exténuée : comment ne pouvait-elle pas l’être après avoir vécu un ascenseur émotionnel d’une telle intensité ? Elle eut le temps de s’imprégner de tout ce qu’était Ethan et surtout de l’étendue de ce qu’elle pouvait ressentir pour lui avant de laisser le trou noir l’envahir. S’endormir, cette fois, sans être happé par les souvenirs douloureux, la mort ou bien la tentation de laisser échapper sa haine. Non, dormir sur ses deux oreilles laissant son corps sans défense sous la responsabilité de celui qu’elle aimait, Joan n’aurait pas pu rêver meilleure manière de terminer cet affreux périple, le bonheur s’insinuant dans chaque cellule mortifié de son être pour finalement les reconstituer en un tout majestueux…
Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Mar 9 Oct 2012 - 14:49
Joan & Ethan
A
corps perdu, se lancer dans cette seconde chance, ne pas la laisser partir, surtout pas, lui courir après s'il le faut, jusqu'à en perdre haleine, mais la rattraper coûte que coûte, ne plus passer à côté de cette vie qui s'offre enfin à eux après toutes ces années de solitude, de douleur et de torture mentale. Il n'existe pas de chemin pré-fabriqué menant au bonheur, c'est ce qu'Ethan a appris en observant des écoliers du tiers monde sans la moindre ressource, pourtant ils semblaient si heureux, ils riaient, jouaient et riaient encore. Ne rien posséder mais respirer la joie de vivre. Le bonheur n'est en fait qu'une question de volonté. Décider d'être heureux maintenant et pas dans dix ans ou bien la semaine prochaine, quand la neige aura fondue ou bien n'importe quelle excuse invoquée pour ne pas à être heureux maintenant. S'ils devaient tirer tous deux un enseignement des dix dernières années écoulées ce serait bien celui-ci : la vie n'attend pas, la vie n'attend personne - surtout pas toutes ses âmes égarées qui ont manquées le départ du train et qui ne parviennent plus à le prendre en marche - car rien n'est éternel, rien ne dure toujours. On passe tellement de temps à espérer, désirer, mais surtout attendre, c'est fou le temps que l'on peut perdre à se triturer les méninges au lieu d'agir tout simplement. Tellement de gens passe leur temps à rêver d'un idéal de vie, à courir après la gloire, ou bien à attendre la reconnaissance, au final leur vie passe sans qu'il n'aient vraiment eu le temps d'en profiter pleinement. Le Londonien ne voulait pas de ce genre de vie. Ne plus chercher d'excuses, c'est ce qu'il tentait tant bien que mal de faire comprendre à Joan depuis le début de cet entretien, depuis leurs retrouvailles. Elle méritait beaucoup mieux que ce qu'elle avait connu jusqu'à présent, c'était indéniable. Elle aussi avait droit de goûter au bonheur, plus que quiconque encore dans cette ville ou bien sur cette terre. L'enfer dans lequel elle s'était retranché, durant tant d'années, n'avait à présent plus lieu d'être, elle n'était plus forcée de s'avilir, de tuer ou de faire dieu sait quelles autres horreurs pour survivre. Tout ça était terminé, un peu de répit ne lui ferait pas de mal, bien au contraire. Ethan était bien déterminé à alimenter ce sourire, s'assurer qu'il ne s'efface jamais de ce si beau visage ; s'assurer également que jamais plus le malheur ne vienne frapper à la porte de son grand amour. Jamais plus, pas tant qu'il serait de ce monde, il en faisait le serment intérieurement.
Une lueur de malice au coin des yeux, cette complicité qui les caractérisait tant de nouveau au rendez-vous, il se risqua à une nouvelle tentative d'humour, afin de faire retomber la pression. Ultime recours contre cette ambiance un peu trop pesante. « Je ne coûte pas cher c'est vrai, c'est l'avantage de ce genre de cadeau ! Tu peux compter sur moi pour que jamais plus ce satané sourire comme tu dis ne quitte tes lèvres. Que je sois foudroyé sur le champ si je venais à manquer à mon devoir. Trêve de plaisanterie, j'espère vraiment que tu ne retomberas pas dans cette spirale de douleur, c'est assez flippant cette responsabilité, celle de te faire aimer à nouveau la vie. Quoique tu puisses en dire, la vie est belle ! » Une charge de plus sur ses épaules, Ethan se sentait aujourd'hui responsable pour deux, un pas de travers et ils sombreraient tous deux, aucune fausse manipulation n'était permise. Devenir garant du bien-être de Joan, serait-il à la hauteur ? Tant d'années qu'il ne désirait que cela, mais maintenant que cet instant était arrivé, en était-il seulement capable ? Le doute, ce vieil ami - ce mal certainement nécessaire à toute connaissance de la fragilité d'une situation – prît le temps de s'installer lentement au creux de son ventre. Douter de soi-même, avoir peur de tout faire foirer ; l'éducateur avait conscience de tenir là au creux de sa main un fragile papillon, une pression de trop et ce serait l'anéantissement total.
« Je te fais confiance là dessus... Toi ne pas tenir en place ? Laisse-moi rire, c'est plutôt un euphémisme Andy ! J'aurais pu parier que tu répondrais quelque chose de la sorte... zut j'aurais pu gagner une grosse somme ! Tout ce que je pourrais dire ou faire ne te feras pas changer d'avis, autant frapper un troupeau de mulets morts avec des figues, n'est-ce pas Mlle Kellers ? Fais à ta guise... mais compte sur moi pour ne pas te lâcher tant que tu n'auras pas quitté les lieux. Tu en auras tellement marre que tu finiras par m'écouter ! Profiter de moi ? C'est intéressant ça ! », ajouta-t-il en plaisantant ouvertement à présent. La pression n'avait plus lieu d'être, elle semblait s'en être allée avec la douleur psychologique, pourvu qu'elles ne remettent plus jamais les pieds dans leur vie. Pas dans cette vie là du moins. Comme l'évoquait la jeune femme, ils avaient assez donné niveau coup durs, ils n'avaient pas été épargnés. Ces épreuves avaient sans doute été nécessaires pour leur accomplissement personnel, mais aussi pour se retrouver ici, en ce jour, entre ces murs avec cette intime conviction, celle de ne faire qu'un avec l'être aimé. Sans tous ces drames, que seraient-ils devenus ? Joan en toute forte tête qui se respecte aurait certainement fait de grandes et longues études, aurait embrassé une carrière qui lui aurait pris tout son temps, l'empêchant de pouvoir se consacrer à autre chose, quant à lui et bien il aurait obtenu une bourse d'études, serait parti à la faculté, puis serait passé hockeyeur pro et se serait marié à une blondasse sans cervelle. Magnifique tableau. « Tu as raison, n'y pensons plus et ne pensons qu'à l'avenir. Je ne sais pas de combien de temps exactement on dispose pour rattraper le temps qui s'est écoulé, mais tout ce que je sais c'est que ce qu'il reste je veux le passer avec toi, à tes côtés. Une évidence... c'est aussi ce que je ressens ! Je serais toujours là, quoiqu'il arrive... Brûlons la boîte juste au cas où... pour conjurer le mauvais sort ! »
L'espace d'un instant à peine, il pu entrevoir les ados qu'ils étaient, il y a de ça quelques années. Peut-être n'étaient-ils jamais vraiment partis, peut-être qu'ils les observaient toujours en silence et d'assez loin. Deux fantômes, pour leur rappeler qui ils étaient et d'où ils venaient. Plutôt drôle de constater à quel point le passé peut façonner un être. La personne que l'on est n'oublie jamais la personne que l'on a été. On n'oublie jamais rien, ni les blessures du passé, ni les déceptions, tout comme les victoires ou bien les joies, tout absolument tout a une emprise sur nous. Et tout ce joyeux bazar nous hante comme des fantômes ou vient nous rendre visite comme un ami de longue date. Ethan ne put rester de marbre face au discours que tenait son grand amour. Les mots employés terminèrent d'embraser son âme. Ne plus être soi-même en l'absence de l'être chéri, ne plus savoir qui l'on est, c'est tout à fait ce qu'il avait ressenti au fil des années passées. Savoir ce que l'on veut vraiment, ce que l'on désire faire de sa vie, ou bien devenir, un exercice bien difficile qui relève plus souvent de la figure acrobatique et de la prouesse technique que de la facilité, surtout dans ce monde fou ou tout va trop vite, ou il faut choisir tout de suite sans prendre le temps de la réflexion. Pourtant si l'on réfléchissait et prenait un peu plus le temps d'analyser les choses tout ne serait pas aussi compliqué. Les mauvais choix s'en trouveraient amoindris. Se chercher, de maintes façons, ne pas se trouver, s'égarer, ne pas savoir qui l'on est vraiment Peut-être plus difficile encore de se connaître soi-même que de connaître autrui. Chercher un but ou bien au moins s'en fixer un. Le trouver et puis enfin apprendre à se connaître, se découvrir pour pouvoir offrir ce qu'il y a de meilleur à ce monde, mais surtout aux personnes plus importantes que tout, des personnes comme Joan Kellers. Ce qu'il avait retenu en prenant conscience de son privilège face à la misère qui lui éclatait à la figure jour après jour durant ces voyages, c'est qu'il ne devait rien à personne, ni à sa famille, ni à ses amis, personne. Pendant cette quête de soi, mais aussi du bonheur il était devenu un homme « bien », à des années lumières de l'adolescent, pédant voulant tout écraser sur son passage, qu'il était. « Je ne fais rien de particulier, pas besoin de se forcer, ça vient naturellement avec toi. Ne me met pas sur un piédestal où tu risques d'être fortement déçue, et puis je ne veux plus t'entendre te dénigrer Andy... Tu n'as vraiment rien raté, toute ces années ont été nécessaires, sans elles je serais probablement devenu encore plus prétentieux et arrogant que je ne l'étais à l'époque où tu m'as connu. Malgré ton absence j'ai pu découvrir d'autres cultures, d'autres civilisations, l'humanitaire m'a vraiment forgé. C'était pour mieux se retrouver dirons-nous ! Cette certitude ça fait un moment qu'elle m'a sauté aux yeux et j'avoue que c'est assez angoissant. J'espère qu'on n'aura jamais à se faire amputer, devoir continuer une nouvelle fois sans toi je crois que je ne m'en remettrais pas ! »
De la folie à l'état brut sans doute, parcourir des milliers de kilomètres à la recherche d'un amour perdu, désirer plus que tout au monde de le retrouver. A bien y réfléchir et sans même le vouloir, Ethan venait de prouver l'étendue de ses sentiments à Joan, lui qui pensait la mettre en colère venait de provoquer l'effet inverse par le biais de cette révélation. Sans s'en rendre compte, la vie venait de lui donner exactement ce qu'il avait toujours souhaité, ou plus exactement la personne dont il avait besoin, peu importe la manière dont c'était arrivé, peu importe comment tout cela avait été planifié. Ce pied de nez au destin ou bien même au hasard il ne le regrettait absolument pas. C'était peut-être même la plus belle chose qu'il avait pu entreprendre jusqu'à présent. Un acte qui marquait le début d'une nouvelle vie. « Une saine d'esprit ? Ennuyeux à mourir et puis elle aurait sûrement peur. De toute manière aucun risque que cela arrive... je n'ai pas fais tous ces kilomètres et je ne me suis pas ruiné pour rien ! Je ne souhaite personne d'autre dans ma vie que toi Andy ! » Après la bataille, un repos bien mérité pour elle, comme pour lui. N'osant plus bouger de peur de la réveiller, Ethan observa Joan du coin de l’œil, elle semblait si apaisée à présent. Le cœur gonflé d'amour pour celle qui s'était blottie contre lui, il lui caressa la joue avec une tendresse infinie. Il aurait pu rester ainsi à la contempler durant des heures, si un membre du personnel soignant n'était pas venu interrompre ce moment d'éternité. L'heure des visites était apparemment terminée, Ethan n'avait pas vu le temps défiler. Doucement il se releva puis déposa un baiser sur le front de Joan , accompagné d'un « Je t'aime ! » glissé dans un murmure au creux de l'oreille. Sans envie, le Londonien quitta cette chambre qui lui apparaissait comme étant beaucoup moins froide et glauque à présent.
code by Mandy
THE END
WELCOME TO DETROIT
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Sujet: Re: The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan Mar 9 Oct 2012 - 20:19
Terminé & verrouillé
WELCOME TO DETROIT
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The thought of suicide is a great consolation: by means of it one gets through many a dark night Ϟ Joan
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