Serena & Altaïr

Altaïr n'avait pas entendu son réveil ce matin, la nuit dernière fut beaucoup trop courte pour qu'il ai le courage de se lever à neuf heures. Lorsqu'il ouvrit les yeux, il était midi. Après un grognement et quelques étirements, le blond se décida enfin et sortit de son lit. Pour un minimum de pudeur, il enfila un boxer et alla dans le salon. Comme il aurait pu se douter, son père n'était pas là, déjà à l'étage en-dessous dans son salon de tatouages. Il trouva un petit mot sur la table basse. ''Si tu veux sortir cet après-midi, vas y, je peux me débrouiller seul aujourd'hui. Je t'ai laissé un peu d'argent, je sais que tu es à sec en ce moment. A ce soir.'' Un petit sourire se dessina sur les lèvres de l'étudiant lorsqu'il découvrit les cinquante dollars dans une enveloppe, sous le petit bout de papier. Il alla ensuite dans la salle de bain, prit une bonne douche revigorante. Il se sécha, et enfila une tenue légère : un marcel blanc, un bermuda et une paire de baskets. Il n'avait rien de prévu aujourd'hui, et l'envie d'aller se détendre dans l'herbe, bronzer un peu, se reposer même, le tentait énormément. Il attrapa un sac dans lequel il fourra une serviette, son téléphone, son portefeuille avec l'argent de son père, une bouteille d'eau et de la crème solaire. Le Mile Road Park était la première idée de destination qui lui vint à l'esprit, sachant qu'en été, un espace aquatique était disponible. Une fois prêt, il enfila une casquette et des lunettes de soleil et attrapa son skateboard. Après avoir verrouillé la porte d'entrée, Altaïr quitta enfin l'appartement, et passa devant le salon de tatouages de son père. Il n'était pas là, probablement en train de s'occuper d'un client à l'arrière. Après avoir jeté un bref coup d'oeil, le blond monta sur sa planche à roulettes, et se dirigea tranquillement vers la destination qu'il avait choisit. La chaleur était importante, surtout à cette heure-ci, mais l'idée de pouvoir se rafraîchir au parc le poussait à accélérer la cadence.

Une fois à destination, Altaïr cala son skateboard sous son bras et commença à marcher vers un coin d'herbe libre, où il pourrait se poser sans avoir à subir les tumultes des enfants qui jouaient non loin de là. Sur le chemin, il entendit des rires sur sa droite. Pas parano pour un sous, l'étudiant continua de marcher jusqu'à ce qu'il ne se sente réellement concerné. « Eh ! La tapette ! » Il s'arrêta immédiatement, et un petit sourire se dessina à la commissure de ses lèvres tandis qu'il se tournait pour identifier ses interlocuteurs. Il ne les connaissait que trop bien, trois garçons qu'il voyait souvent à l'université. Ils éprouvaient une haine profonde envers Altaïr, allez savoir pourquoi, mais l'intéressé préférait prendre ça à la rigolade. Alors qu'ils arrivaient à sa hauteur, ils le regardèrent de haut en bas, avant que l'un d'entre eux ne se décide à attaquer. « Alors, tu viens tâter le terrain, te trouver une nouvelle proie ? » Sa question fit rire l'assemblée, alors qu'Altaïr restait stoïque, quitte même à leur adresser un chaleureux sourire, bourré d'hypocrisie. Il haussa les épaules avant de soupirer. « Tu devrais rentrer chez toi, arrête de te montrer en public, personne ne te voir ici sale tafiole. » clama un autre. Le blond le regarda avec insistance par-dessus ses lunettes de soleil, puis ne pu s'empêcher de répondre. « Ce n'est pas ce que tu disais lorsque je t'ai taillé une pipe la semaine dernière. » Le silence s'installa, et l'intéressé devint pâle comme un linge. Fier de lui, Altaïr sourit de plus belle. « Allez, salut ! » Il tourna les talons et s'éloigna. Il prenait sa répartie comme une arme, et ne cherchait pas à se vexer pour quelques insultes, ce n'était pas la première fois et ça pouvait arriver à n'importe qui. Une fois qu'il eu trouvé un coin tranquille, pas loin de l'espace aquatique, l'étudiant posa son sac au sol, ainsi que son skateboard et s'étala dans l'herbe en fermant les yeux, ravi d'enfin pouvoir se détendre.

Altaïr & Serena

Pas de violence c'est les vacances.

CRÉDIT - CSS

Des échos. Les échos des voix de ses frères et sœur à l’étage en dessous. Le ton grave et arrogant d’Ezequiel, les rires moqueur de Luisa, les plaintes exaspérés de Juan, et le timbre de voix doux d’Esteban. Pauvre amour, le seul qui n’avait aucun vice au milieu de cette famille de fous. Serena restait allongée sur son lit incapable de bouger, elle avait trop à penser. Un comble puisqu’elle se sentait vide, Chuck avait laissé un trou béant dans sa poitrine. Une larme roula sur sa joue. Qui était l’idiot qui avait un jour décidé de créer cette chose ignoble qu’était l’amour ? Non, pas l’amour qu’on porte à sa famille ou ses amis. L’amour, le vrai, le passionné celui qui vous donne des palpitations et la chair de poule. Le jeune Espagnole n’avait jamais été une grande romantique, depuis toute petite elle avait été indépendante, et elle s’était toujours moquée des fleur bleues, et des histoires à l‘eau de rose. Et puis voilà qu’elle avait rencontré quelqu’un qui était tout ce qu’il y avait de plus romantique et qu’elle en été tombée amoureuse, le comble. Une association assez étrange, mais qui en fait à très bien marché, puisqu’ils se complétaient, toujours, tout le temps. Il fallait qu’elle bouge qu’elle sorte de cette chambre dans laquelle elle étouffait, parce que depuis qu‘elle avait pris sa douche elle était allongée ainsi en sous vêtement sous son peignoir. D’un bond elle se releva, et tira les rideaux, il faisait beau, et l’air frais lui ferait le plus grand bien. En deux temps trois mouvements, Serena enfila un short en jean , un débardeur trop large, ses converses rouges et descendit à l’étage. Il ne restait plus que Luisa qui contemplait ses derniers clichés, et Esteban qui écoutait sa musique beaucoup trop forte. Elle lui envoya un baiser volant et sortit après avoir prit ses affaires.

Elle voulait être tranquille, elle n’allait donc surement pas rester dans Alley district. Elle se rendrait donc sur Miles Road, à pieds. C’était à environs un quart d’heure, mais ca ne la dérangeait pas plus que ça, elle aimait bien marcher . Après quelques minutes elle arriva enfin au Mile Road Park, il faisait bon, elle resterait surement toute l’après midi. C’est à ce moment là qu’elle vit une tignasse très familière qui visiblement était confrontés à d’autres jeunes. Cependant, ceux-ci partèrent bien avant que Serena n’arrive. Ils avaient du chercher des ennuis à son meilleur ami, ces espèces d’idiots, mais elle ne se faisait pas de soucis Altaïr s’était toujours bien défendu lui-même. Elle le trouva allongé par terre les yeux clos, alors elle lui déposa un baiser rapide sur le front, avant de s’allonger par terre à côté de lui. « Salut toi ! », elle regarda la bande de jeunes s’éloigner, « Encore des abrutis je suppose ? ». Alty se faisait souvent charrier sur le fait qu’il soit homosexuel. Du moins il en avait l’air, enfin c’était compliqué, depuis qu’ils avaient couché ensemble il y a cinq mois, celui-ci avait visiblement oublié et elle préférait cela, puisqu’elle s’en était voulu d’avoir perdu la tête à ce point là et voulait oublier, elle ne lui dirait rien, jamais, c’était son meilleur ami. Elle voulait aussi lui parler de Chuck qui était revenu depuis peu, elle avait tellement de choses à lui dire.

Serena & Altaïr

Ça avait ses avantages d'avoir un père homosexuel, mine de rien. Ils pouvaient se parler ouvertement de tout ce qui les tracassait, de ce qui n'allait pas et de leurs craintes. Enfin, c'était surtout Altaïr qui en avait, et heureusement que son paternel était là pour le conseiller et le rassurer. De ce fait, petit à petit, le blond faisait preuve d'une certaine assurance et évitait de se laisser marcher sur les pieds. Tant que la violence ne pointait pas le bout de son nez, l'étudiant s'estimait comme en sécurité. Certes, il avait déjà eu le droit à des passages à tabac, mais il passait outre ces mauvaises passes et préférait se focaliser sur les personnes qui l'acceptaient comme il était. C'était déjà, et au Diable les autres. Alors, en se rendant au parc cet après-midi, Altaïr n'était pas étonné de la réaction de ces garçons qu'il ne connaissait que trop bien à force de les voir à l'université. Sauf que l'un d'entre eux, pas courageux pour un sou, préférait jouer le jeu et ne pas admettre qu'il avait passé une folle nuit d'amour avec le blond. Ce fut d'ailleurs une chose dont il se souviendrait longtemps, étant donné la fureur et la passion de son partenaire. Altaïr trouvait ça comique la façon dont il dénigrait les homosexuels et jouait au jeu de l'homophobe, macho et viril. Comme si de rien n'était, l'étudiant avait préféré l'humilier publiquement devant ses amis et reprendre sa route, laissant ainsi le plaisir à ses compères de lui demander des explications. Fier de son coup, souriant, le garçon alla s'installer sur un coin d'herbe non loin de là en chantonnant une mélodie qui lui trottait dans la tête depuis le réveil. Il posa ses affaires au sol, et s'allongea tranquillement, les yeux fermés. Le soleil tapait fort, un petit tour dans l'eau ne lui ferait pas de mal, mais ce serait pour plus tard. Un soupir de bien-être lui échappa, alors qu'il laissait échapper un bâillement. Seul, ce n'était pas toujours très agréable, mais un peu de calme ne pouvait pas lui faire de mal.

Mais alors qu'il pensait rester seul tout l'après-midi, quelqu'un vint se manifester près de lui, en lui déposant un baiser sur le front. Il ne fallut qu'une seconde à Altaïr, sans ouvrir les yeux, pour reconnaître cette personne. Un sourire se dessina immédiatement sur ses lèvres. « Salut toi ! » Il remonta ses lunettes de soleil sur sa tête, et s'appuya sur son avant bras pour regarder Serena, qui venait de s'installer à côté de lui. Elle était sa meilleure amie, une personne qu'il connaissait depuis bien longtemps maintenant et dont il ne pouvait se passer, c'était indéniable. « Encore des abrutis je suppose ? » demanda-t-elle en faisant référence à la bande qui commençait à passer son chemin. Altaïr leur jeta un regard bref avant d'hausser les épaules, une petite moue aux lèvres. « En quelque sorte oui. Ils m'ont diverti. » répondit-il en souriant avant de se pencher pour déposer un baiser sur le front de la brune, lui rendre ainsi son geste affectueux. « Alors, quoi de neuf ? » demanda-t-il en attrapant sa bouteille d'eau, rangée dans son sac.

Serena avait sourit puis avait mit les mains derrière sa tête en fermant les yeux, « Hmmm.. Ma mère est en train de me rendre folle à cause du défilé de ce week-end. Tu viendra pitié ? Je te donnerais un costume gratuit s’il le faut ! », s’exclama-t-elle. Alty aurait facilement pu faire mannequin, il était beau et bien bâtit, elle voulait compter sur son soutien moral lorsqu’elle serait là à s’exhiber contre son gré pour le bon plaisir de ses parents. D’habitude, seul les deux frère et sa sœur ainés défilaient, vu que c’était leur métier, mais là Mama Gomez avait tenu à ce que tout le monde participe, oui c’était le 25 ème anniversaire de la marque. Bien sur, tout ça exaspérait Serena au plus haut point. S’appuyant maintenant sur son coude, elle reprit, «  Mais sinon pas grand-chose… et toi, blondinet ? » , avait-elle demandé en souriant. Elle avait une de chose en particulier à lui raconter en réalité: Chuck le retour. Même s’ils se voyaient le plus souvent possible, cette dernière semaine n’avait pas été idéale pour les deux amis, qui n’avaient pas eu l’occasion de se retrouver. Et c’était d’ailleurs pendant cette semaine que tout s’était déroulé, sa rencontre hasardeuse avec son ex petit-ami dans la rue, son refus, et puis comble de la situation, son invitation à la fête du quatre juillet qu‘elle avait reçue ce matin . D’ailleurs, la jeune fille se demandait si elle allait accepter ou non, après tout, mieux valait-il le faire poirauter un peu, lui qui l’avait laisser tomber il y avait un an de cela.

Serena n’y tenant plus, se leva brusquement et mit ses jambes en tailleurs, « Tu devineras jamais qui est revenu en ville ! », avec un sourira taquin elle continua, « Chuck ! Mon Chuck ! Je te jure j’ai faillit faire une crise cardiaque en le voyant arriver ! », s’exclama-t-elle. Soudain derrière sa mine réjouie une pensée vint lui tarauder l’esprit parce qu’en regardant Altaïr, la jeune brune se sentit tout à coup très coupable. Comment pouvait-elle faire comme si ne rien n’était ? Et comment pouvait-elle encore lui mentir comme cela ? Seulement elle avait peur, elle ne voulait rien dire parce qu’elle savait que son meilleur ami était encore douteux sur son orientation sexuelle, et que la connaissance d’un tel événement risquerait de fragiliser leur amitié si parfaite. Pour Serena, ce n’était rien, elle ne ressentait rien d’amoureux pour Alty, elle ne voulait seulement pas le perdre. « Mais bon, je n’oublie pas qu’il m’a laissé tomber, donc je ne compte pas lui pardonner de si tôt. », Serena s’allongea à nouveau, remit ses mains derrière sa tête et regarda le ciel bleu.

Abandonné & verrouillé