Saoirse parcourait les rues de Détroit. Elle était d'humeur excellente. La nuit précédente, elle avait conclu un marché avec de gros clients et avait ainsi écoulé une bonne partie de son stock. L'argent emplissait ses poches. Les lendemains d'affaires la rendaient toujours de très bonne humeur. Comme à son habitude, elle avait envie de se faire plaisir, de laisser libre cours à ses envies même les plus folles. Les écouteurs branchés sur les oreilles, elle dansait presque en marchant, souriait aux passants éberlués et continuait sa route sans destination particulière. Elle était aussi euphorique qu'une droguée, si ce n'est qu'elle se les interdisait. Elle préférait être enceinte que shootée et avait donc fait un choix. Elle avait beau refuser d’élever ses enfants, elle tenait à ce qu'ils soient en bonne santé. Bien sur, elle s'autorisait parfois un verre d'alcool ou une cigarette mais dans l'ensemble, se montrait plutôt raisonnable.
L'autre bonne nouvelle de la journée était qu'elle n'avait pas cours ce jour-là. Ses dernières mésaventures avec le corps enseignant et l'administration de la faculté avaient réduit son emploi du temps ce dont elle ne se plaignait pas vraiment. Elle étudiait pour le plaisir, n'ayant aucun diplôme et donc techniquement aucune raison de se rendre à l'université mais elle avait démarré une nouvelle thèse et avait très envie de la terminer. Le sujet n'était pas encore très clair mais cela lui importait. Elle affinait en fonction de ses envies, elle n'avait pas de limites de sujets, entre une thèse sur l’œuvre d'Oscar Wilde et une autre sur la physique quantique, elle avait déjà touché à pas mal de domaines. La musique l'attirait pas mal en ce moment mais elle l'envisageai plutôt pour la prochaine.
Son attention fut d'ailleurs attiré par une boutique appelée Mus'Off. Elle se mordit la lèvre puis laissa filer son instinct. Elle avait toujours eu envie de s'acheter un instrument, c'était peut être l'occasion maintenant qu'elle en avait plein les poches. Elle avait seulement quelques notions en piano, mais ça n'allait pas l'arrêter. Peut être une guitare, allez savoir ! Elle entra donc dans la boutique et jeta un regard amusé aux expositions. Tout lui faisait envie. Elle sourit au vendeur. Plutôt pas mal le jeune homme ! Elle retira ses écouteurs puis s'approcha un peu plus des instruments. Elle en fit le tour. Elle finit par se rapprocher du comptoir en reculant pour avoir une vue d'ensemble. Lequel choisir ? Elle se tourna vers le vendeur :

- Vous vendriez des pianos ?

Elle ne saurait surement pas où le mettre mais qu'importe. Elle avait envie de demander. Elle posa son sac sur le comptoir puis commença à fouiller dedans. Elle avait une petite brochure sur les instruments au fond. Son sac était plein de tout et n'importe quoi. Elle ne le vidait pour ainsi dire jamais. Enfin seulement quand elle ne trouvait rien mais en généralement, une fois sa trouvaille effectuée, elle remettait tout à l'intérieur sans faire attention. Elle l'ouvrir en grand, ne trouvant bien sur pas ce qu'elle cherchait. Elle fit tomber plusieurs objets au sol au passage. Elle finit par trouver et donna la brochure toute froissée au vendeur. Elle se pencha en avant pour ramasser ce qu'elle avait tombé, le ventre en avant.

- Vous voyez ce que je veux dire.

Au moins de ramasser ce qu'elle avait tombé, autre chose tomba. Mais cette fois du devant de sa robe. Elle était de conception assez étrange et possédait notamment une espèce de poche sur l'avant. Ce qui en tomba fut un 44. Saoirse se mordit la lèvre. Et zut ! Elle ne s'était bien sur pas changée depuis la tractation et avait donc ses vêtements de la veille avec les armes qui allaient avec. Elle se figea un moment. Comment allait bien pouvoir réagir le vendeur ?

- Oups !

Parfois il suffit d'un peu de maladresse...

ft. Saoirse

Le soleil filtrait à travers les rainures des volets. Comme chaque matin Braeden se levait. Il n'avait quasiment pas dormit. Comme toujours. Une habitude désormais. Foutu bus. Foutu guerre. Foutu hétéro. Son esprit était bien trop plein de toute ces bêtises. L'amour, la peur, la culpabilité. La haine aussi. Contre lui, contre les autres. Contre tout, et rien. Contre la vie, la mort, l'entre deux. Contre l'état léthargique dans lequel il était plongé depuis longtemps. Un liquide froid s'étant infiltré dans chaque parcelles de son corps. Et la haine ne guérissait pas. Plus les jours passaient, plus elle empirait. Plus les jours passaient et plus il était dans cet état de semi conscience, semi vie. Être la, sans vraiment être la. Voir mais ne plus vraiment regarder. Ne plus faire attention au monde autour. À part ses amies proches, traumatisées et en détresses. Et Downy. Il ne vivait plus que pour lui de toute façon. Parce que Downy avait besoin de lui, encore et toujours. Il ne pouvait s'empêcher de penser ça. Ça lui faisait du bien. Et du mal. il savait qu'un jour il devrait laisser son ami vivre sa vie. Mais il l'aimait tant. Il tentait de trouver une petite copine à son amie, tout en tentant d'évincer les filles un peu trop proche de l'ancien militaire. Ce qui était bien, c'est que Downy semblait préféré passer du temps avec son amie plutôt qu'avec de jolies femmes.

Braeden se leva, et passa à la salle de bain. Une bonne douche pour le motiver. Il devait retourner travailler, c'est comme ça qu'il tenait. Et ces abrutis qui avaient empêcher Hesther de se remettre au boulot.. La femme depuis restait enfermé dans sa maison seule. Elle avait besoin de se changer les idées, ils en avaient tous besoin. C'était ce qui avait permit à Braeden de tenir après sa sortie du coma. De travailler pour penser à autre chose. Et ça marchait plutôt bien. Il avait des clients chiants, il s'en occupait, il engueulait Charlie qu'il avait engagé depuis peu pour l'aider. D'ailleurs Braeden se rappela que la jeune femme ne travaillait pas aujourd'hui alors qu'il se préparait à aller bosser. Il avait acheté le vieux hangar en revenant, avec l'argent de la vente de la maison de ses parents. Il en avait fait la seule boutique en rapport avec la musique à Detroit, et celle ci marchait plutôt pas mal. Il avait survécu pendant dix ans grâce à la musique. alors travailler dans ce monde c'était une obligation dans son esprit.

La journée était longue, très longue. Deux clients. Un saxophone, et un abruti qui avait tourné un peu partout pendant presque une heure avant de repartir bredouille. Quand Braeden lui avait proposé son aide le vieux lui avait répondu froidement, comme quoi il savait s'y prendre avec les instruments. Boaf. Tant pis. Puis une femme enceinte entra. Elle fit le tour puis vint le voir. "Vous vendriez des pianos ?" "Hum oui bien sur, il y en a quelques un au fond et j'ai le catalogue pour ceux qui ne sont pas en boutiques." La jeune femme sembla réfléchir puis se mit à fouiller dans son sac, lançant des "voyez ce que je veux dire" à tout vas. Elle fouilla longuement, faisant tomber pas mal de chose sur le comptoir. Braeden la regarda, amusé et intrigué. Qui était donc cette drôle de femme. Il commença à ramasser quelques truc lorsqu'elle se pencha au dessus du comptoir, comprimant son gros ventre. Et laissa tomber un autre objet. Braeden eu un raté, et regarda le flingue tomber. Puis la femme lâcha un oups. Ce qui permit à Braeden de se remettre de son air hébété. Il regarda la femme droit dans les yeux et avant qu'elle n'ai pu bouger il attrapa le flingue, paniqué. "Non mais.. vous êtes pas bien?! Vous promener avec sa mais vous êtes fo... Qui êtes vous?" Garder son sang froid.. plus facile à dire qu'à faire. Avait-elle décidé de le braquer? De le tuer tout simplement. Braeden regarda un peu partout, paniqué à l'idée de voir des complices entrer. Il connaissait bien l'objet et le désarma en quelques mouvements fluides, faisant tomber les munitions au sol. Puis il regarda la femme, assez choqué. "Qui êtes vous? pour qui travaillez vous? Où sont vos complices, combien vous êtes?" Le sang froid acquit grâce à ses années dans l'armée lui servirent. Mais il ne pu garder l'objet en main plus longtemps. Trop de mauvais souvenir en sentant l'arme dans ses mains. Il la posa sur le comptoir, dans un tiroir, avant d'attraper le poignet de la femme. Qu'elle ne s'échappe pas.

Spoiler:

Saoirse resta figée devant ce qui venait de se produire. Comment avait-elle pu être aussi bête ? Pourquoi avait-elle conservé une arme sur elle, hors affaires ? Son esprit était en alerte, comme si elle était revenue des années en arrière dans cette situation critique et alarmiste qu'elle avait vécu au sein de la secte.
L'homme avait un air hébété, il la regardait droit dans les yeux. La jeune femme n'était pas vraiment rassurée par ce qu'elle y voyait. Elle avait l'impression d'être dans un état d'urgence où le moindre geste, le moindre faux pas pourrait tout changer. Avant qu'elle n'ait pu prendre une décision, saisir son arme, ce dernier le fit. Il était paniqué. A quoi pouvait-il bien penser ? Qu'elle était là pour le braquer, pour autre chose ? Cette simple maladresse allait avoir des conséquences bien plus importantes que l'on aurait pu le prévoir. Cette réaction était sans appel.

- Je ... laissez-moi vous expliquer !

Elle n'avait pas le moyen de le calmer. Son était était bien plus préoccupant que la normale. Elle avait fait quelque chose de particulier, quelque chose de dangereux. Il désarma l'objet avec des gestes habiles, ce qui poursuivit d'intriguer la jeune femme. Quel pouvait bien être son lien avec les armes ? L'air choqué, il continua de la bombarder de questions. Saoirse n'avait pas tout saisi mais elle avait au moins compris une chose. Elle ne devait surtout pas l'énerver. Elle était particulièrement génée par la situation. Comment lui dire ? Elle ne pouvait clairement pas aborder la vérité. Elle était bien dangereuse pour elle comme pour lui. Elle allait devoir mentir, trouver un beau mensonge. Avec un geste de rédemption, elle présenta ses mains vides au jeune homme et s'enquit de lui répondre, de la manière la plus calme possible.

- Je m'appelle Saoirse. Et je ne travaille pour personne. Je n'ai pas de complices. Je ... je ne suis pas là pour vous braquer ou vous faire du mal. C'est une simple maladresse.

Elle vit poser son arme dans un tiroir du comptoir et se mordit la lèvre. Vu le prix de son 44, elle allait devoir trouver un moyen de le récupérer mais il était trop tôt pour penser à ça. Comme s'il avait peur qu'elle ne lui échappe, il lui saisir le poignet. Surprise, elle tenta de se dégager.

- Hej ! Qu'est ce que vous faites ? Vous croyez vraiment que je vais vous attaquer ou m'enfuir ? Je ne suis pas une criminelle !

C'était entièrement faux bien sur. Saoirse était une criminelle au sens propre du terme. Elle vendait des armes au plus offrant, alliés comme ennemis. Sa seule exception était les terroristes mais c'était bien la seule.
Elle connaissait le geste à faire pour se désarmer, elle l'avait fait bon nombre de fois au cours de son entrainement. Devait-elle pourtant le faire ? Elle sentait que le sang froid de l'homme qui la tenait n'était qu'une façade. Une fois de résister, de faire face à la situation. Le regard qu'elle lui adressa était inquiet et interrogateur.

Parfois il suffit d'un peu de maladresse...

ft. Saoirse

Il avait été amusé par la jeune femme. Touchante et attendrissante. Mais cette impression n'avait pas été bien longue. Un flingue. Cette dingue avait un flingue. Un flingue qui venait de tomber devant lui. Ce n'était pas la première fois qu'il voyait un flingue à Detroit Jane lui en avait balancé un dans la figure à son arrivé. Et il regarda l'objet. Il était la. Et alors qu'il voyait l'arme sur le comptoir, son esprit partit ailleurs.

Bagdad. Une ville magnifique avant les bombes. Un endroit paradisiaque, où chaque coins de rue laisse à croire que Shéhérazade nous attend derrière. Mais sous les bombes et les coups de feux, la ville n'avait plus rien de charmante. L'unité 22A se faisait canarder depuis au moins 5 minutes. Les américains c'étaient retranchés derrière les épais mur d'un bâtiment qui avait du être magnifique avant que son toit ne soit arraché et l'aile droite de la demeure brûlée. Les tirs s’arrêtèrent. Braeden vit un des plus jeunes se lever, il n'eu pas le temps de l'en empêcher. Le blond se retrouva criblé de balles en moins de temps qu'il ne faut pour dire ouf. Braeden était habitué. Alors il ne fut pas choqué plus que ça. Le seul problème était qu'il se savait en sous nombre par rapport aux ennemis, qui d'ailleurs le comprirent vite. Braeden et trois autres gars se retrouvèrent rapidement les bras en l'air, les armes aux sols, à laisser les ennemis les attraper. Vivant, c'est mieux Ça permet de faire des échanges, Braeden le savait. Aussi, lui et les autres hommes se laissèrent emmener dans le quartier général de leurs assaillant. On les fit s'asseoir, et un des chefs ennemis demanda à Braeden des informations. Celui ci ne répondit rien, et reçu un coup de cross sur le haut du crane. Il se réveillé deux jours plus tard, dans un hôpital milliaire. Il ne posa jamais de question, il ne fallait jamais poser de questions.

"Je ... laissez-moi vous expliquer !" Braeden revint à la réalité. Il n'était pas à Bagdad. Il était à Detroit. Bien vivant. Bien en état. Avec une cinglé qui voulait s'expliquer. Braeden la regarda. Il avait réussi à se calmer. Il y était obligé. Elle le regarda étrangement quand il désarma l'arme. Il était militaire il en avait désarmer des milliers d'armes. Elle semblait mal à l'aise, cherchant ses mots. Cherchant une excuse. tout ce qu'il voyait, c'était qu'elle était armée, la seule chose qui comptait. "Je m'appelle Saoirse. Et je ne travaille pour personne. Je n'ai pas de complices. Je ... je ne suis pas là pour vous braquer ou vous faire du mal. C'est une simple maladresse. " "Une simple maladresse? vous vous foutez de ma gueule? vous.. vous débarquez avec une arme et vous me la foutez sous le nez et vous me parlez de maladresse? Mais vous foutez quoi avec une arme d'abord? Ça va pas dans votre tête vous êtes malade! Vous baladez avec ça sous le manteau mais vous avez perdu les pédales la!" Non rester calme. Rester calme rester calme rester calme.

"Hej ! Qu'est ce que vous faites ? Vous croyez vraiment que je vais vous attaquer ou m'enfuir ? Je ne suis pas une criminelle !" Un léger accent. Une assurance et un air effronté. Braeden la lâcha, mais garda l'arme. Il n'était pas fou non plus. "qu'est ce qu'une bonne femme comme vous fait avec une arme? Vous êtes vraiment barge merde. J'devrais appeler les flics vous avez de la chance. Non mais ça va pas bien merde, une arme en pleine ville, avec votre bide! si j'entend qu'votre mioche est crevé j'serais pas surpris! Non mais sérieusement quoi!" La peur faisait place à la colère. Non mais vraiment que venait elle foutre la dedans avec ça. que faisait une femme enceinte avec une arme. J'vous l demande.

Saoirse ne savait pas comment se tirer de cette situation. La chute de son arme avait crée un conflit aux proportions dangereuses. En temps normal, elle aurait sans doute agi en conséquence mais l'homme en face d'elle n'était pas un de ses ennemis. Il n'était pas non plus un de ses clients récalcitrants qu'il fallait recadrer avec des menaces. C'était autre chose mais elle n'arrivait pas à déceler quoi. Il était inquiet c'était certain. Elle aussi mais de la tournure que les choses prendraient. Elle ne pouvait pas lui dire la vérité. C'était impossible. Cela lui vaudrait la prison direct voire pire. Elle refusait d'accoucher en prison avant de passer sur une chaise électrique. La seule chose vraie c'était que c'était bien une maladresse. Cette arme était là pour la protéger rien d'autre. Jamais elle n'aurait envisagé de le pointer sur qui ce soit , sauf peut être Treesh Hurringhton, ce qu'elle avait déjà fait.
Pour l'heure, elle pouvait seulement répondre aux question le plus calmement possible, le plus précisément possible. Ne pas prendre en compte les remarques, ni les insultes. Elles n'étaient pas sincères, pas comme celles de Treesh. Les mains en signe de rémission, elle parla d'une voix calme, posée.

- Je n'ai jamais eu l'intention de sortir cette arme. Elle est tombée. Ca n'était pas mon souhait. Vous n'auriez jamais du la voir, je suis navrée. C'était véritablement une maladresse, je vous l'assure. - elle prit une inspiration puis poursuivit - Je viens d'une région pas particulièrement sure. Du genre même vraiment craignos. Du genre où il vaut mieux être armé si l'on veut rester en vie. Comme en territoire de guerre. C'est une habitude que j'ai gardé. Je n'ai jamais eu l'intention de m'en servir mais elle me rassure. Je sais, ça peut paraître dingue. Mais c'est la vérité. Je suis habituée comme ça et c'est une habitude dont j'ai du mal à me défaire. Une névrose, on pourrait dire. Je suis sure que vous comprenez. S'il vous plaît, n'appelez pas les flics pour ça. J'ai un permis, si c'est ce qui vous inquiète. S'il vous plait.

Elle avait tenté de rester calme et convaincante tout le long. Dans l'ensemble, elle avait même été franche. Pour elle, il n'y avait aucune névrose, juste une précaution quand on était dans le métier. Les ennemis elle en avait et elle ne voulait pas prendre le risque que son bébé en paye les conséquences. Mais il ne pouvait pas le savoir. Il ne devait pas le savoir. Elle attendit maintenant la suite. Elle était restée à la même place. Ne tentant aucun mouvement mais après qu'il l'eut lâché. Elle avait menti sur un point. Son permis n'était pas pour cette arme et si les flics le découvraient, elle risquait les ennuis. Elle ne pouvait pas se le permettre.

Abandonné & verrouillé

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