You want to abuse a little substance ?
Ft. Eulalie Debussy & Payton Oak

Un léger filet d'air entrait par la fenêtre grande ouverte de son bureau. Un léger frisson lui parcouru l'échine, tandis que le souffle chaud de cette belle journée lui caressait le cou. Assis à son bureau, songeur, perdu dans les méandres scabreux de ses souvenirs - des tonnes de copies d'étudiants à corriger étalées par ci par là devant lui – Payton observait la fumée paresseuse de son joint. Consommer des saloperies à longueur de temps, et n'en avoir strictement rien à foutre des répercussions que cela pourrait avoir sur son propre corps. Il était déjà mort de toute façon, un peu plus ou un peu moins, qu'est-ce que cela changerait ? Il ne verrait pas sa fille grandir, c'est ça ? C'était déjà le cas, alors à quoi bon ? Enfin lorsqu'il disait qu'il était mort, il exagérait quelque peu. Il avait bien essayé d'y arriver, mais même la grande faucheuse n'avait pas voulu de lui. Aujourd'hui, que lui restait-t-il hormis ce job minable avec ces demeurés d'étudiants ? Plus rien. La solitude, voilà tout. Le moins que l'on puisse dire, c'est qu'il avait fini par payer le prix fort pour son geste désespéré. Eulalie n'avait pas compris et ne comprenait toujours pas cette détresse qui s'était emparée de lui, alors qu'il touchait lentement mais sûrement le fond, à la suite de cette éprouvante affaire que celle de la disparition du jeune Reiter. Avoir tellement donné de sa personne sur cette enquête, avoir fait la promesse à la mère d'un pauvre gamin que ce dernier rentrerait en un seul morceau, et au final s'être menti à soi-même, mais surtout ne pas pouvoir tenir cette promesse. Insondable horreur. Jamais il ne pourrait oublier le masque mortuaire de ce pauvre adolescent. La découverte du corps de ce gamin restait un des pires jours de sa stupide existence. Tout comme retrouver sa mère pendue ou bien sauter gaiement sur une bombe lancée par un enfoiré.

Seul, il était seul. Durant les moments les plus difficiles de sa vie, il avait toujours été seul. Se battre contre soi-même pour ne pas couler. Faire face, mais en bout de course, ne plus avoir assez de force pour atteindre le rivage et se laisser dériver. Se retrouver dans une impasse, n'avoir d'autre solution que le pire. Parfois, même penser à ses enfants ou bien à sa famille n'est pas suffisant pour lutter contre la mort. Tout en corrigeant ses copies, en fumant et en avalant cachets de Lexomil sur cachets de Lexomil, Payton pouvait s'estimer heureux que personne ne vienne jamais le déranger dans son bureau, son antre. Presque un miracle d'ailleurs qu'il ne se soit jamais fait attraper à fumer de la sorte. A croire que le doyen de la faculté était vraiment indulgent à son égard, un emploi du temps aménagé et au final une tranquillité somme toute bienvenue. Peu apprécié des autres professeurs, il devait pourtant faire pitié à la direction qui était au courant de son histoire. La pitié, quelle saloperie de sentiment. L'ancien profiler ne méritait pas cela. Uniquement le mépris. Dégoût de soi-même alors qu'il pensait au désastre de sa propre vie.

Las de corriger ces torchons d'étudiants plus débiles que la moyenne. Ceux-ci n'étant visiblement pas motivés par la matière qu'il pouvait enseigner, Payton alla s'installer sur le rebord de la fenêtre, tournant ainsi le dos à la porte du bureau. Assis ainsi, un pied posé par terre et l'autre ne touchant pas le sol, son regard se perdît dans le vague lointain. Tirant toujours sur son joint, l'esprit totalement ailleurs, il n'entendit pas les coups portés à la porte. Absences handicapantes. Il se serait empressé de jeter ce qu'il tenait à la main par la fenêtre, s'il avait entendu la porte s'ouvrir doucement. Mais il n'en fit rien.

© Belzébuth

Payton & Eulalie

La journée avait été longue et marquée de petits incidents qui avaient mis Eulalie d'humeur excécrable... Entre sa voiture qui faisait des siennes, des gens fort peu agréables qui se permettaient de faire des remarques désobligeantes sur l'unité dans lequel travaillait la trentenaire... Rien n'était allé dans le bon sens aujourd'hui. Et à tout cela s'ajoutait l'inquiétude d'une mère pour sa fille. En effet, depuis sa rencontre avec l'institutrice d'Enaelle, Eulalie avait vu tout plus clairement que jamais. Sa fille n'allait pas bien. Entre ses camarades qui avaient peur d'elle et la trouvait bizarre, la rejetant pour ses raisons, ses dessins plus que morbides et enfin l'inquiétude que la professeur avait manifesté vis à vis de son cas... Les mains de la policière se mirent à trembler sous ses pensées, visiblement très inquiète et stressée.
Une fois arrivée à la destination souhaitée, elle sortit rapidement de sa voiture et sa première réaction fut de sortir de son paquet une cigarette et de l'allumer, afin de se réconforter quelque peu. Surtout que cette rencontre avec Payton ne s'annonçait pas plus positive que le reste de cette journée. Mais au moins, elle aurait une horrible journée qui laisserait place à quelque chose de mieux peut-être. Portant le fin cylindre de tabac enroulé dans du papier à ses lèvres, elle se sentit étrangement mieux et tira nerveusement et à plusieurs reprises dessus, afin que ce sentiment de réconfort se répande rapidement en elle. Une fois la cigarette complètement consumée, elle alla éteindre sur le couvercle d'une poubelle avant de l'y jeter, prenant route du bureau qu'on lui avait indiqué. Eulalie s'était toujours demandée comment étaient les cours de son ex mari et si elle avait eu le temps, elle s'y serait rendue, de façon discrète bien sûr afin de pouvoir voir quel sorte de cours il dispensait.
Une succesion d'escaliers, de couloirs, de bureaux et la divorcée parvint à l'endroit souhaité, une plaque "Mr Oak" sur la porte confirmant qu'elle était au bon endroit. Elle tappa alors une première fois et attendit que quelqu'un ait la décence de venir lui ouvrir. Personne ne venait. Alors elle tappa une seconde fois. Quelques fractions de secondes passèrent et puis rien. Une boule au ventre se forma tandis qu'elle imaginait les pires scénarios, il venait de se suicider dans son bureau... Avant de penser aux différents moyens qu'il avait utilisé pour parvenir à ses fins, elle poussa la poignée, qui laissa Eulalie pénétrer dans la pièce. Elle fut rassurée en distinguant la carrure de son ancien mari près de la fenêtre et décida de s'en approcher. L'inquiétude qu'elle venait de ressentir envers Payton lui aurait presque permis de se montrer douce avec lui, mais seulement, en remarquant le roulé qu'il tenait entre ses lèvres, le visage de Miss Debussy s'assombrit. L'odeur trahissait le contenu du roulé, qu'elle ne connaissait que trop bien, de par son emploi de policière, elle reconnaitrait cette odeur entre mille. Une montée de colère embruma son esprit tandis qu'elle avancait à grands pas en direction de son ancien compagnon « Payton Kane Oak, qu'est-ce qui tu fabriques ? » Demanda-t-elle en fronçant les sourcils, l'air menaçant.

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Ft. Eulalie Debussy & Payton Oak

Toujours installé dans la même position, Payton fumait tranquillement, la tête posée contre le mur, son regard se perdait dans le lointain sans qu'il ne put vraiment définir ce qui s'étalait sous ses yeux. L'air frais s'engouffrait toujours par la fenêtre, mais ne dissipait pas pour autant l'odeur caractéristique de ce qu'était en train de fumer l'ancien profiler. Il ne faisait de mal à personne après tout, à part à lui-même, mais ça ce n'était pas très important à ses yeux. Se détruire à petit feu, il n'en avait que faire, de toute façon il était déjà mort. Par tous les moyens possibles et imaginables, il essayait de faire palpiter son cœur, prenant des risques considérables pour se sentir ne serait-ce que durant quelques secondes à peine vivant. S'il lui était encore possible de conduire, à coup sûr il aurait sauté avec le véhicule d'une falaise, juste pour savoir ce que cela fait, juste pour sentir l'adrénaline courir dans ses veines. La chute durerait quelques secondes à peine, laps de temps très court durant lequel il verrait cette maudite vie défilée devant ses yeux ; moment au bout du quel il n'y aurait plus rien. Mort, il serait définitivement mort. Cette pensée ne lui fît ni chaud ni froid, il se sentait tellement seul et déprimé que cette perspective de néant le plus total ne fit naître aucune émotion chez lui. Bien sûr il eût une pensée pour Enaëlle, sa petite fille, mais il ne représentait déjà plus rien à ses yeux, alors un peu plus ou un peu moins, qu'est-ce que cela pourrait encore changer ? Probablement rien. Son ex-femme pourrait alors lui rabâcher sans cesse quel égoïste, et lâche de surcroît, il était. Payton détenait malgré tout des facteurs atténuants. Dépressif comme l'était sa mère, il n'avait pas choisi ce fardeau, bien au contraire, il avait lutté durant de longues années pour ne pas se laisser absorber par ce manque d'entrain, cette mélancolie. Mélancolie qui avait finie par le rattraper, se riant de lui. Sa sensibilité exacerbée tout comme sa grande intelligence ne l'avait aidé en rien. Du génie à la folie il n'y a qu'un pas, il était plutôt bien placé pour le savoir. En plein questionnement sur la vie, la mort, Payton ne se rendit absolument pas compte qu'il n'était plus seul dans la pièce.

Les yeux toujours dans le vague, l'analyste remonta une jambe pour la placer sur le rebord de la fenêtre. Assis de la sorte, il était coincé entre les deux murs jouxtant l'unique fenêtre du bureau. Mauvais calcul que de se retrouver dans cette position. Il tourna la tête en direction de la porte au moment où Eulalie, son ex-femme entrait dans son champ de vision. L'image fût presque aussitôt accompagnée du son fort désagréable. Jamais encore elle n'était venue lui rendre visite ici et il fallait que cette première fois tombe exactement à ce moment-là. Poisse éternelle, alors qu'il tentait tant bien que mal de faire se dissiper le nuage de fumée l'entourant dans un halo. Trop tard et pour la discrétion il repasserait. L'air furax de la blonde lui arracha un sourire, alors qu'il tenait toujours à la main sa roulé. « Bonjour Lalie ! La politesse n'ait plus ton fort à ce que je vois. ». Lentement, il descendit de son perchoir avant de tirer une dernière bouffée sur le tube de papier. Les yeux légèrement rougis par la fumée, il s'adressa de nouveau à Eulalie. « Qu'est-ce que je fabrique ? Et bien je soigne mon anxiété, rien de plus. Je ne fais de mal à personne que je sache. Il marqua une pause avant de jeter le mégot par la fenêtre. D'un ton abrupt, tout en tourna la tête dans la direction de la jeune femme il lui demanda : Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Enaëlle n'est pas avec moi que je sache. ». La présence de son ancienne compagne avait tendance à le rendre nerveux et sur la défensive. Paradoxe, car il l'aimait toujours, bien qu'il ne lui avouerait certainement jamais. Après tout, il n'avait pas le droit de lui avouer ce genre de chose après lui avoir fait subir son propre enfer. Bien qu'il n'arriva toujours pas à encaisser leur séparation, il en comprenait parfaitement les motifs. Se protéger du monstre qu'il était devenu, il ne pouvait que soutenir Eulalie dans son action. La vision de la blonde raviva quelques vieilles blessures, alors qu'il prenait un peu plus conscience des conséquences de son geste désespéré.

© Belzébuth

Payton & Eulalie

Du tabac mais pas que. Coupé avec une substance normalement interdite dans la plupart des états américains. Payton le savait mais pourtant il était là, sous ses yeux, à sourire. A croire qu'il était heureux qu'elle le voit ainsi, tel un adolescent écervelé. Vision plus qu'agaçante et énervante pour la policière qui ne parvenait pas à comprendre l'attitude de son ancien mari. « Bonjour Lalie ! La politesse n'ait plus ton fort à ce que je vois. » Et en plus il se permettait de lui faire une refléxion. Quel culot. Elle se serait volontiers arracher les cheveux à cet instant précis... Mais non, il valait mieux commencer par ceux sur le crâne de Payton. « Depuis quand... tu... Non laisse tomber je veux même pas savoir. » Résignée, elle lui lança un regard noir, mauvais, électrique, de tueuse. Les adjectifs ne suffisaient plus. Eulalie regrettait déjà d'avoir mis les pieds sur son territoire, d'avoir tenté une prise de contact on ne peut plus amicale. Décidément, il était écrit que les choses étaient sensées mal se passer entre eux dés qu'ils se voyaient, du moins c'était l'impression que la trentenaire avait en continuant de jauger avec un air mauvais celui qui partageait sa vie auparavant. « Qu'est-ce que je fabrique ? Et bien je soigne mon anxiété, rien de plus. Je ne fais de mal à personne que je sache.» Une seule partie de la phrase la choqua vraiment. Non pas la partie sur l'anxiété mais celle sur "je ne blesse personne, tout va bien". Alors selon lui, il pouvait se tuer à petit feu, de toutes les façons que ce soit et ce n'était pas grave, il ne blesserait personne ? Une fois de plus il avait tord sur toute la ligne mais elle n'était pas sûre qu'il puisse un jour comprendre cela. Egoïste ? Peut-être, ou inconscient, elle hésitait encore. Elle détestait se l'avouer, mais ses parents avaient eu raison lorsqu'ils lui avaient déconseillé d'épouser un "ricain". Elle et Enaëlle en payait les conséquences aujourd'hui. Enfin il fallait nuancer ce discours, car sans Payton, elle n'aurait jamais pas eu celle qu'elle considérait comme son petite trésor, sa perle. « La prochaine fois, prend quelque chose de plus fort. » Déclara-t-elle tout en inspectant son bureau, parsemé de papiers en tout genre, de cadavres de livres, de thèses. Le mégot vola et s'échoua quelque part. Heureusement pour lui, Eulalie ne remarqua pas cet incident, ce qui lui évita un serment sur l'écologie et la protection de l'environnement. « Qu'est-ce que tu viens faire ici ? Enaëlle n'est pas avec moi que je sache. » Très bonne déduction, était-il capable d'oublier sa propre fille ou faisait-il du zèle ? Surement l'esprit énervé de la policière qui continuait de lui jouer des tours, comme si elle prenait tout mal en la présence d'Oak. Que répondre à part qu'elle regrettait déjà sa venue ? Elle avait déjà sa petite idée en tête en fait et attendait que ce flot de paroles daignent bien franchir sa gorge encore serrée.
« En fait je venais vérifier que tu es toujours un adulte irresponsable non digne de confiance. Et j'ai eu ma réponse. » Lâcha Debussy sur un ton sec tout en lui adressant un sourire surfait.

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Ft. Eulalie Debussy & Payton Oak

Depuis quand est-ce qu'il fumait ? C'est bien ça que son ex-épouse voulait savoir ? Et bien depuis que la vie lui apparaissait comme vide de sens. Une finalité bien trop pesante, surtout maintenant qu'il était livré à lui-même. La tentation était forte, tentation d'essayer à nouveau le grand plongeon. D'accord ce n'était peut-être pas sain, mais il faisait ce qu'il pouvait pour panser ses blessures, recoller les morceaux, seule aspirine de son âme. En une nuit, une seule nuit, il avait tout perdu, sa vie mais surtout sa famille. Même s'il était aujourd'hui en chair et en os en face d'Eulalie, il se sentait comme mort, correction il ne ressentait plus rien. Ce satané boxeur ne cognait même plus dans sa cage thoracique. Il n'arrivait même plus à déterminer s'il pouvait encore éprouver quelque chose à l'égard de la blondinette. C'était peut-être mieux ainsi dans un sens, cela lui évitait de souffrir inutilement, tout en s'interrogeant sur la fin désastreuse de leur mariage. Prendre quelque chose de plus fort, excellente idée, quelque chose qui soit susceptible de vraiment l'anéantir cette fois-ci. Enaëlle pourrait très bien se passer de lui de toute manière, c'est déjà ce qu'elle faisait et elle n'avait pas l'air de s'en porter plus mal que ça. « Comment a-t-il pu faire une chose pareille alors qu'il avait tout pour être heureux ? » entendait-il encore dans sa tête. Ragot de voisinage, théories fumantes alors que personne hormis lui ne pouvait comprendre son geste. Le point de non retour avait été atteint, asphyxié par sa propre existence devenue trop insupportable, une seule et unique solution lui était alors apparue. Débarrasser la surface de la terre de cet individu pas vraiment indispensable à la société. Au bout de la nuit, sa tentative de suicide n'avait peut-être été qu'un appel au secours entendu trop tard. Depuis l'attentat, depuis l'affaire harassante Reiter, il n'était plus, il était juste cette ombre au bord du précipice prêt à sauter, encore et encore.

Pour la première fois depuis de nombreux mois, Payton posa un regard, celui d'autre fois sur Eulalie. Elle aussi devait souffrir de ce qui était arrivé, mais pas une fois, pas une seule fois, ils n'avaient réussi à en parler en tant qu'adultes. La fuite encore et toujours en guise de rempart. L'ancien analyste reçu les dernières paroles de celle qui lui faisait face comme une grosse gifle, aussi vive que douloureuse. Il n'avait plus envie de se montrer cassant ou bien cynique. Elle comme lui étaient les victimes de cette histoire et non les coupables. D'un ton peu assuré, ce qui ne lui ressemblait guère dans le fond, il osa affronter son ex-femme. « Écoute je suis vraiment navré que tu ais dû voir ça, mais aujourd'hui je n'ai plus rien... plus rien du tout, plus rien à quoi me raccrocher. C'est juste un moyen comme un autre, de ne pas péter les plombs. Tu dois sûrement trouver ça égoïste une fois de plus ou bien irresponsable comme tu viens si bien de le dire, mais c'est le seul « plaisir » qu'il me reste à présent. La plupart du temps je me sens tel un mort vivant, je suis juste un spectateur de ma propre vie, tout m'échappe... je... je ne sais plus quoi faire ! », ses épaules s'affaissèrent légèrement, attitude qui indiquait clairement qu'il avait renoncé depuis bien longtemps à continuer se battre. « Qui mieux que toi aurait pu comprendre qu'une enquête harassante, les aléas de la vie, ce qu'il m'est arrivé ait pu me conduire jusqu'au pire ? Je ne cherche pas ton pardon, parce que je sais que je ne l'obtiendrais jamais, mais je veux juste que tu comprennes ce qui m'a poussé à commettre l'irréparable. J'étais déjà fragile psychologiquement après l'attentat, ce jour-là plus qu'un coéquipier, j'ai perdu un ami, le meilleur sans doute, a suivi l'affaire Reiter où j'avais promis aux parents de cet ado de retrouver coûte que coûte leur fils, je n'y suis pas arrivé, du moins pas à temps, j'ai manqué à ma promesse... tu sais ce que c'est dans ces cas-là, voir le regard éteint des parents, savoir que plus jamais leur vie ne sera pareille, j'ai eu l'impression de mourir ce jour-là. Tu me trouves sûrement lâche, mais j'étais tellement mal, au fond du gouffre et accablé par le poids du chagrin que je n'ai même plus réfléchi ce soir-là... J'étais dans une impasse, même penser à Enaëlle ou bien à toi n'était pas suffisant pour m'aider à lutter contre la mort, contre moi-même. Je ne me trouvais pas indispensable, je pensais que vous pourriez vous en sortir sans moi... Je suis désolé Lalie ! », conclua-t-il, le regard rougi plus par la tristesse qui s'était muée en lui que par la fumée de sa cigarette illicite. « Si tu veux me dénoncer pour ça » ajouta-t-il dans un mouvement de tête en direction de la fenêtre « et me retirer la garde d'Ena, je comprendrais, je ne t'en voudrais pas... je ne t'en veux d'ailleurs, pour rien... je comprend ! »

© Belzébuth

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