Chapitre 1 : Nous avons tous un passé.
Il y a des histoires qui commencent bien et se finissent mal, d’autres qui commencent mal et se finissent bien ou d’autres qui comme la mienne, commencent bien, se passent mal mais finissent bien. Le bien triomphe souvent dirons-nous. Celle-là commence un 08 octobre 1982 à Phoenix, nous sommes alors bien loin de Détroit, nous sommes en Arizona et ce n’est pas la première mais la deuxième naissance au sein de la famille Sterling qui se fête aujourd’hui. Il faudrait certes commencer bien avant cette date-là, mais en tant qu’auteur j’ai droit de mettre le début là où j’ai envie qu’il soit, non ? De toute façon le début est des plus banales, un homme et une femme qui se rencontre, s’aiment, se marient et font des enfants, le tout avec la magie de Disney. Pour en revenir à cette naissance, elle se passe un beau jour d’octobre, les feuilles se raréfient et changent de couleurs pour le rouge, le jaune et le marron d’automne. Dans une chambre d’hôpital, c’est un petit Luke que nous retrouvons penché au-dessus d’un berceau, tenu dans les bras par son père Thomas, leurs yeux rivés sur la petite merveille endormi juste sous eux : Romann Arizona Ellen Sterling. La maman, Ellen, couvant d’un regard doux la scène : son deuxième enfant, trois ans après son adorable petit garçon, voilà qu’elle est la maman d’une magnifique petite fille, blonde aux yeux bleus comme le reste de la famille. Une famille heureuse, un beau tableau familial, laissons les en paix profiter de ce joli moment et avançons d’un bond dans l’histoire.
Nous sommes à présent dans le Michigan, le travail de Sterling Senior étant géographe, la famille bouge beaucoup, les voici à quelques kilomètres du Canada, dans une immense plaine de jeux naturels, idéal pour élever deux enfants pleins d’énergie. Notre petite bout-en-train a maintenant 4 ans, de grands yeux avides de découvrir le monde et une énergie débordante pour suivre son frère dans ses aventures. Tout sourire, Romy, papa et maman n’utilisant son prénom entier que quand on parle sérieusement ou que la petite va se faire gronder, a son caractère et donne bien du fil à retordre à ses parents, grimper aux arbres comme Luke ce n’est pas encore de son âge, mais impossible de trouver le bouton veille sur son petit corps d’enfant. Bien intelligente pour son âge, elle s’entraine déjà à lire pour pouvoir épater ses futurs camarades d’école l’année prochaine : une boule d’énergie et de joie de vivre. Mains intéressons-nous plus particulièrement à ce 03 février 1987, c’est un soir d’hiver, les routes sont enneigées, le vent siffle dans les branches, l’orage va éclater d’un instant à l’autre. Les Sterling sont en voiture, les deux petits à l’arrière dorment paisiblement tête contre tête, épuisés d’avoir passé la soirée à courir et chahuter dans le restaurant, la radio est basse pour ne pas les réveiller. Thomas et Ellen discute calmement, les yeux fixés sur la route qui devient difficile à suivre, le vent et la neige empêche une bonne visibilité et au loin l’orage se met à retentir, un gros orage, une tempête se prépare il n’y a pas de doute.
«
- Tu entends l’orage au loin ? Si on ne se dépêche pas de rentrer on va être pris dedans, on devrait peut-être s’arrêter et attendre que ça se passe non ? On ne voit rien avec la neige. Fit remarquer Ellen.
- On n’est plus très loin de la maison, ne t’inquiètes pas chérie, nous serons bientôt à l’abri. Répondit doucement Mr Sterling. »
Il posa affectueusement sa main sur la cuisse de sa femme pour la rassurer, les yeux pleins d’amour pour cette femme et ses enfants qui le rendent pleinement heureux. Et c’est sans doute la dernière chose qu’il fit. Romy ouvrit difficilement les yeux, elle sentait la neige poser ses flocons un à un sur son corps, elle avait froid, très froid, comme si son corps la brûlait, et un bruit assourdissant l’entourait, l’orage, s’immisçant dans son être et tambourinant contre ses tympans avec une force incontrôlable. Elle ne pouvait pas bouger, tétanisé par le bruit et la vue devant elle : daddy, mummy et Luke étendu eux aussi dans la neige, la neige autour d’eux se mêlant au pourpre.
« Maaaaaaaaaaamaaaaaaaaaaaaaaan !!! » s’époumona la petite fille du mieux qu’elle pouvait, mélangé à ses sanglots de plus en plus persistants, un autre éclair fendit le ciel, étourdissant et redoublant la peur de l’enfant avant que le noir ne reviennent, le peu de force lui restant ayant clos ses paupières.
Chapitre 2 : Soit ma lumière.
Dire que cette période de la vie de Romy est floue serait un euphémisme, c’est un vrai brouillard. C’est une vie en orphelinat qui commença, n’ayant pas de famille proche c’est là qu’elle fût placé, enfin la coquille vide qu’était devenue Romy y fut placée. La petite fille avait le regard vide, ne s’alimentait pas, on fut obligé de lui poser une sonde, des cernes se formaient sous ses yeux signe de ses cauchemars à répétition qui la tenait éveillé la nuit. Elle était traumatisé, la scène et les images qu’elle avait vécu étaient trop violentes pour ne pas laisser des traces dans son esprit. Et ses crises de panique les nuits d’orages, où elle hurlait à la mort, forcèrent les infirmières à lui administrer des médicaments, toujours plus, Romy ressemblait plus à un zombie qu’à une enfant, elle passait ses journées et ses nuits à l’infirmerie. Elle ne quittait pas son lit, depuis plusieurs semaines elle n’avait pas posé un pied par terre, trop faible, les infirmières la porter, essayant de lui apporter un peu de chaleur humaine. D’habitude les enfants aussi jeunes trouvent une famille rapidement, mais vu l’état de Romy elle n’était pas apte à l’adoption et son état ne s’améliorant pas, l’orphelinat ne pourra pas la garder longtemps, elle a besoin d’une structure spécialisée, où quelqu’un saura gérer ce genre d’enfant, brisé. Romy n’a pas de souvenir de cette époque, elle se l’imagine, par ce qu’on lui a raconté mais de elle-même rien ne lui revient en mémoire, les médicaments qu’on lui donner la rendait groggy pour toute la journée. A cet instant, il n’y avait pas vraiment d’espoir pour la petite fille, elle finirait sa vie dans un hôpital psychiatrique, enfermé dans son mutisme.
Pourtant, même dans le noir le plus complet, si on s’y accroche assez fort, de l’espoir peut naître une lumière. Les mois passés dans un lit d’hôpital puis dans celui de l’infirmerie s’y ressemblaient, comme une boucle infinie, les seules têtes qu’elle voyait, et encore cela tenait plus du mirage qu’autre chose étaient celles des infirmières, d’adultes, qu’elle entendait murmurer à son sujet et puis plus rien, un vide. Comme un fantôme, on lui prêtait attention sans vraiment lui en prêter, un cobaye scientifique aurait ce même sentiment. Mais ce jour-ci fut différent, c’est le premier dont elle se souvient réellement, la nouvelle infirmière s’inquiétait réellement de son état et avait diminué ses sédatifs, pour essayer de sortir la petite fille de son mutisme et la faire manger. Elle avait posé un plateau avec de la soupe et une gourmandise à côté de son lit d’enfant, mais Romy n’avait pas détourné les yeux du point qu’elle fixait au loin, depuis des mois. Un toqua à la porte et l’infirmière s’occupa de l’enfant qui avait besoin de soins. Des petits pas.
«
- Dis, tu vas le manger ton quatre quart ? Parce que sinon je le prends, ça se gâche pas le gâteau tu sais … - Connor ! Reviens ici, ne la dérange pas avec tes bêtises et je n’ai pas fini de te soigner, je ne t’ai pas mis ton pansement. Coupa April l’infirmière.»
Deux yeux étaient penchés au-dessus de la petite fille, d’un marron bien curieux plongés dans un bleu vitreux. Et il y avait toute une différence entre les yeux de ce petit garçon et ceux des adultes, dans les siens il y avait quelque chose de réconfortant, de sincère et de l’espoir, l’espoir d’une réponse positive à sa question. On ne la regardait plus comme un fantôme, avec un regard empli de pitié, mais comme un être vivant. Connor. C’est la première pensée qu’eut Romy, le prénom du jeune garçon, il devait avoir 7-8 ans, à peu près l’âge de son frère Luke. Et elle ressentit depuis longtemps quelque chose, sous le regard du jeune garçon, elle se sentait en sécurité. Les paroles de l’infirmière ne l’avait pas fait bouger, il continuait de questionner la petite fille du regard en lui montrant la part de gâteau dans sa main. Lentement, les yeux de Romy se posèrent sur le gâteau.
«
- Si tu réponds pas alors ça veut dire que je peux, parce que c’est comme si tu disais oui ! Et Connor joignit le geste à la parole en mordant dans la part de gâteau.
-
… moi … Murmura la faible voix de Romy. »
Un son à peine audible, mais qui arrêta l’enfant, il regarda le gâteau puis la petite fille qui fixait le gâteau avec envie.
« - D’accord, mais alors on partage, parce que j’ai déjà mangé dedans. »Il tendit la part de quatre-quarts à Romy, la petite fille l’attrapa de sa poigne encore faible et le fourra dans sa bouche, appuyant de sa main pour faire tout rentrer. April regardait de loin la scène, comme si ce qu’elle voyait sous ses yeux était un rêve, elle avait essayé plusieurs fois de faire manger la petite fille mais rien et là, un simple enfant bagarreur arrive là où tous on échouait. Le cri de Connor la ramena à la réalité :
«
- Eeeeh ! J’avais dit qu’ont partagé ! Moi aussi j’en voulais ! Fit Connor d’une moue dépité.
- Va en rechercher pour vous deux au réfectoire, dit leur que c’est moi qui le demande. Solutionna April en se levant. »
Le garçon acquiesça et courut hors de la pièce. April s’approcha du lit d’enfant et fit s’asseoir Romy, la petite ayant encore la gâteau dans la bouche, difficile d’avaler aussi vite quand on n’a rien mangé de solide depuis des semaines. Elle démêla les fils reliés à l’enfant pour ne pas qu’ils la gênent et lui massa l’estomac de façon à l’aider à digérer tout en lui souriant. Connor revint avec de part de gâteaux et monta sur le lit à côté de Romy, lui tendant son gâteau. Elle le prit, gardant son regard sur Connor qui enfourna sa part dans sa bouche et lui sourit, des miettes tombant sur le lit. Alors à son tour elle mangea son gâteau. Seul le mouvement de mâchoires des deux jeunes enfants se faisait entendre, Connor lançant de temps à autre des regards amusés à la petite fille. Lui qui n’a que des frères, et pas des gentils, il trouvait fascinante cette petite poupée blonde, et la voir si peu sûre d’elle et fragile lui donnait envie d’être son ami, et son grand frère. Il lui lançait des regards amusés, chacun savourant son gâteau, et ce jour-là, malgré l’esprit embrouillé de Romy, resta à jamais marqué en eux.
Et chaque jour Connor revint voir Romy, il s’asseyait à ses côtés et lui racontait ce qui se passait dans l’orphelinat, le menu du réfectoire, comment les autres enfants étaient bêtes et méchants, lesquels avaient trouvés une nouvelle famille. Au début, Romy se contentait d’écouter attentivement ce que le garçon racontait, puis peu à peu son visage se fit plus expressif, ce qui encouragea Connor à continuer le récit de ses aventures rocambolesques. Un lien se créait entre les deux enfants. La petite princesse devenait plus forte de jour en jour, elle se tenait plus longtemps assise et semblait plus alerte, pourtant elle refusait encore de manger à moins que Connor ne soit à côté d’elle, elle ne faisait confiance qu’à lui. Petit à petit, elle se remit à parler, ce n’était que quelques mots « eau », « pipi », « oui » ou « non » mais son favori était « Connor », à chaque arrivé du petit homme elle disait son prénom avec des yeux brillants. Puis on finit par lui enlever sa sonde, moins fragile qu’auparavant, la petite fille posa ses pieds par terre. Evidemment Connor était là, l’encourageant d’un grand sourire, il allait enfin pouvoir aller jouer avec Romy dans la cour. Mais passer plusieurs mois sans marcher rend difficile les premiers pas, pour ne pas tomber Romy s’accrocha à la manche de son ami ; et ce geste pourtant anodin, scella à jamais les deux enfants. Ils n’allaient nulle part l’un sans l’autre, la petite fille avait besoin de ce geste pour se rassurer, ce qui ne déplaisait en rien à Connor, qui se sentait enfin utile et spécial, il était le seul à pouvoir faire naître un petit sourire sur ses lèvres, à la faire manger. Elle ne lâchait jamais son ami, et quiconque oserait dire quelque chose de mal sur Romy prenait une raclée de la part de Connor, il se sentait le devoir de la protéger contre tout, elle était si petite et fragile. Comme un frère. Ils étaient tout l’un pour l’autre, quand Romy put quitter l’infirmerie c’est dans le lit du petit garçon qu’elle passa ses nuits, car il était le seul à pouvoir la rendormir quand elle faisait ses cauchemars et quand un orage éclatait, il la serrait très fort contre lui et la berçait jusqu’à que ses pleurs et cris cessent. Lui seul arrivait à l’approcher dans ces moments-là.
Chapitre 3 : Glisse un sourire sur tes lèvres.
Dans un orphelinat, les enfants ne sont que de passages, Romy n’est pas une enfant adoptable du fait de son état, mais Connor l’est. Et à un moment, ils seront séparés. Ce jour tant redouté arriva. Quatre mois après leur rencontre, on trouva une famille d’accueil pour Connor, dans un orphelinat tous les enfants ne sont pas orphelins, certains ont été retirés à leur parents et finissent ici car il n’y a pas de place ailleurs. Il ira vivre chez eux jusqu’à ce que ses parents soient en état de le reprendre. La nouvelle réduit à néant les deux enfants, ils ne voulaient pas se séparer, ils ne pouvaient pas. Connor promis à Romy qu’il reviendrait la chercher très vite, qu’il allait demander à la famille de la prendre aussi. Arraché à son frère, la petite fille ne tint pas deux jours avant de sombrer dans une terrible crise de nerfs, une nouvelle fois on lui enlevé sa famille. De nouveau l’infirmerie fut sa chambre, mais c’était de pire en pire, April essaya tant que mal de s’occuper d’elle mais c’était Connor ou rien, personne d’autre n’y arrivait avec elle. Et ce fut encore une fois un brouillard, pour la calmer on était obligé de la droguait. L’hypothèse d’une clinique spécialisée revint sur la table, un orphelinat n’est pas formé pour ce genre de cas extrême, personne ne voudrait d’elle, la vie en institut est sa seule chance, bien que ce ne soit pas ce qu’on peut appeler une vie. Le mutisme profond dans lequel Romy s’était à nouveau plongé laissait peu d’espérance. April s’était attaché à la petite fille et avait placé tellement d’espoir dans sa relation avec Connor, elle avait vu apparaître des sourires sur son visage au fil du temps, toujours adressé à son ami. Elle avait été le témoin de ce lien si spécial unissant les deux enfants, Romy avait réappris à vivre, Connor était sa bouée de sauvetage, il lui était vital comme la petite fille l’était pour lui, elle lui avait donné un raison d’être, pour cet enfant perdu c’était le plus beau des cadeaux. Mais le petit garçon était parti, on lui avait trouvé une famille d’accueil, les chances qu’il revienne étaient bien minces. Et de jour en jour, l’état de Romy ne faisait que s’aggraver.
Mais je vous l’ai déjà dit, c’est une histoire qui se termine bien, le destin l’a écrit ainsi. Et tant qu’on ne perd pas espoir, alors tout est possible. Ce n’est pas parce qu’un terrible événement arrive dans une vie qu’elle est condamné, le bonheur est comme le beau temps, il arrive toujours après la pluie. Mais c’est surtout deux yeux noisette qui arrivèrent, se penchant à nouveau sur la petite fille dans son lit d’hôpital cette fois. Des yeux perçants et soulagés d’avoir retrouvés sa petite sœur. On souleva Romy et l’installa dans une voiture, lové contre Connor qui ne la quittait pas des yeux, instinctivement sa main attrapa avec toute la vigueur qu’elle possédait la manche du garçon, et ne la lâcha pas pendant 3 jours. April avait veillé sur eux, elle avait fait tout son possible pour sauver ces deux enfants et les avait réunis. Elle avait contacté une femme, une femme dont le cœur était assez énorme pour accueillir ce duo très spécial : Luisa Ruiz, une femme d’une quarantaine d’années, une assistante sociale au cœur d’or. Occupé mais compréhensive, elle prit en charge le dossier de Connor et retrouva l’enfant qui avait fugué, leur histoire et l’amour de Connor pour sa petite sœur émurent Luisa. Depuis des années elle voyait des enfants défilés, la plupart ne trouveraient jamais leurs places et finiront à la rue, tourneront mal, des petites vies brisés qui n’avaient rien demandés. Et son métier ne permettait pas de remédier à ça, elle les plaçait, les accompagnait puis les laisser seuls dans une famille inconnu, livrés à eux-mêmes. Aujourd’hui elle pouvait faire une différence, faire une différence pour deux petits êtres spéciaux, leur donner un avenir et un lieu pour se construire. Alors elle prit un congé, demanda un agrément de famille d’accueil, acheta un petit cottage à Luna Pier pour pouvoir y accueillir les enfants. Elle prit la garde de Connor, ce fut facile vu le nombre de fugues de l’enfant personne d’autres auraient voulu le prendre chez soi, et se mit à la recherche de Romy. Ce fut un peu plus difficile car Connor ne connaissait pas son nom de famille et ne se souvenait plus de son vrai prénom, l’ayant toujours appelé Romy, de plus elle n’était plus à l’orphelinat, c’est dans un hôpital qui la retrouvèrent. La garde de la petite fille lui fut également confié, personne d’autres ne l’auraient prise de toute façon, elle n’était pas jugée « adoptable ».
Les débuts furent difficiles, les deux enfants étant réservés et méfiants, Connor parlait toujours pour deux, la petite fille n’adressait que le peu de mots qui franchissait ses lèvres qu’à lui. Mais Luisa sut peu à peu abaisser leurs barrières, elle arrêta son métier d’assistante sociale pour se consacrer entièrement à eux, Romy finit par se laisser approcher, adressant des phrases et même de faibles sourire à leur sauveuse. Elle reprenait des forces et goût à la vie, toujours accroché à son frère, mais elle n’était plus contre les bras chauds et tendres de Luisa, elle la laissait peu à peu prendre une place dans sa vie. Il faut dire que l’espagnole faisait tout son possible pour qu’ils se sentent au mieux, très attentive, elle était là pour les rassurer de leurs peurs et angoisses, les divertir et les pousser à avancer. Luisa était au courant des cauchemars et crises de Romy, elle se sentit impuissante au début, la petite fille se débattait comme une folle, seul Connor arrivait à l’atteindre et la serrer contre lui pour qu’elle se calme. Et un petit garçon ne peut pas porter tout ce poids sur ses épaules. Mais avec le temps elle réussit à attraper la petite fille, la berçant avec des mots rassurants, les cauchemars s’espacèrent mais les soirs d’orages restaient toujours les pires moments, elle était si vulnérable à ces moments-là et avait besoin qu’on soit là pour elle. Que Romy la laisse la prendre dans les bras, la laisse prendre cette place que seul son frère uniquement avait, ce jour-là, Luisa sût qu’elle avait la confiance de la petite poupée blonde, et que, avec Connor, elle était devenu son ange gardien.
En regardant par la fenêtre cet après-midi d’été, une larme coula sur la joue de Luisa. Une larme de bonheur. Romy et Connor était dans le jardin, autour de la balançoire, jouant dans l’herbe, les éclats de rire arrivaient jusqu’à la maison, les deux enfants avaient bien grandi. Deux ans après leur arrivé, c’est un long chemin qu’ils avaient parcouru tous ensemble. Romy était sorti de sa pénombre, et avait laissé place à une petite fille énergique, curieuse, intelligente et souriante, les magnifiques fossettes ornant son visage en étaient la preuve, elle jouait et courait partout, et adorait parler pendant des heures de princesses, de fées et de magie. Dans quelques jours, ils feraient leur rentrée à l’école publique de Luna Pier, elle s’était occupé elle-même pendant l’année de leur faire l’école à la maison, pour ne pas qu’ils soient en retard par rapport aux autres, elle leur avait appris à lire. La porte d’entrée s’ouvrit et deux petites tornades entrèrent dans la cuisine, Luisa regarda l’horloge, 16h pile, les estomacs crient famine.
«
Luuiisa ! C’est l’heure du goûter, on peut avoir du gâteau s’il te plait ? Demanda Romy de son sourire édenté, hier elle avait perdu sa première dent.
- Avec du lait et du sirop ! Intervint Connor.
- D’accord, d’accord, allez lavez vos mains et mettez-vous à table, je vais préparer tout ça. Leur répondit malicieusement Luisa. »
Les deux enfants repartirent en courant, direction la salle de bain, elle leur avait dit un bon nombre de fois de ne pas courir comme ça dans la maison, mais ils ont tant d’énergie à dépenser. Voir leur magnifique chaque jour sur leur visage était sa raison de se lever tous les matins, jamais elle ne regretterait le jour où elle les a accueillis, c’est la plus belle des décisions qu’elle ait prise. Aujourd’hui ils forment une famille, sa famille.
Chapitre 4 : Le sang ne signifie pas famille.
La vie à Luna Pier continuait son cours, Romy et Connor étaient toujours aussi proche, le lien qui les unissait grandissant de jour en jour, souvent Luisa avait l’impression qu’ils avaient la même connexion que celle des jumeaux, juste un regard pour se comprendre, et si quelque chose n’allait pas, l’autre le remarquer aussitôt, ils se connaissaient par cœur, lisant comme un livre ouvert l’un dans l’autre. Ils grandissaient à vue d’œil, s’épanouissant et s’ouvrant aux autres. Mais élever deux enfants, et seul, ce n’est pas facile et l’envie de Luisa d’aider d’autres gens étaient fortes. L’argent qu’on lui versait pour les deux ne couvrait pas toutes leurs dépenses et l’entretien de leur grande maison, alors elle eut l’idée d’une pension, où elle accueillerait toujours des enfants qui ont besoin d’un toit temporairement mais aussi d’adultes, qui ont besoin de se reconstruire, de passer à travers une horrible épreuve pour pouvoir continuer leur vie plus sereinement. Car à tout âge on peut se retrouvait seul et démuni face à la tournure que prend notre vie. Les personnes pouvaient rester une semaine, un mois, plusieurs mois, le temps qu’il leur faut pour repartir du bon pied. Elle ne le faisait pas que pour elle et son grand cœur, recevoir des gens brisés, les traiter comme une personne à part entière de leur famille, car tel était le fonctionnement, on vivait en communauté, elle le faisait aussi pour le bien-être de Romy et Connor. Il n’y a que des personnes qui ont vécu un événement tragique dans leurs vies qui peuvent comprendre la souffrance qu’on ressent, et dans une école de village où tous les enfants ont leurs parents exclue inconsciemment le duo, alors recevoir ces personnes qui souffrent comme eux ont souffert et les voir reprendre vie, c’est la meilleure des thérapies, pour qu’ils continuent de croire à leur devise de toujours avancer et ne jamais perdre espoir. Car même s’ils sont tous sourires et joyeux, Luisa sait que la part de noirceur qui sait installée dans leur cœur à cause de ce que la vie leur a fait subir ne partira jamais, mais elle peut grandir et les submerger, ce sont des enfants fragiles et surtout Romy, la petite fille est traumatisé à jamais.
Mais ce qui effrayé le plus Luisa était les questions. Celles que lui poserait Romy. Pour Connor, c’est différent et plus facile dans un sens. Mais la petite fille c’est une toute autre histoire. C’est pour cela qu’elle ne les avait pas tout de suite mis à l’école à leur arrivée, parce qu’elle ne pouvait pas lancer comme ça deux petits êtres dans la fosse aux lions, ils étaient trop fragiles et avaient besoin de toute l’attention possible pour devenir plus fort. Pour faire face à leur situation, pour faire face à ce que la plupart des enfants ont et eux non. Comment expliquer à Romy qu’elle est la seule orpheline de son école ? Quelque part dans son esprit, ses parents et Luke allaient venir la chercher. Car maintenant que les deux enfants étaient scolarisés, l’espagnole devait faire face à certaines questions qui ne sont pas évidentes et dont la réponse l’est encore moins. Mais Luisa eut la bonne attitude, avant de laisser le doute et les questions emplirent l’esprit de ces petits protégés, elle préféra tout leur expliquer.
«
- Connor ! Romann ! Descendez et venez-vous asseoir dans le canapé, il faut que je vous parle. Lança-t-elle à travers la maison. Les deux enfants apparurent en haut des escaliers et vinrent s’installer dans le canapé en silence, Luisa avait quelque chose d’important à leur dire, elle avait employé le prénom entier de Romy. Elle leur fit un sourire réconfortant.
- Maintenant que vous allez à l’école, vous êtes assez grand pour comprendre que la famille que nous formons n’est pas comme les autres. A l’école, vos camarades ont un papa, une maison, des frères et sœurs, ils se ressemblent et portent le même nom. Chez nous c’est différent, j’ai la peau mate alors que vous tous les deux roses, Romy est blonde alors que Connor est brun. Et chacun nous avons notre propre nom de famille. Mais cela ne veut pas dire que nous ne sommes pas une famille, une famille ce n’est pas obligatoirement un papa, une maman et des frères et sœurs, une famille ce sont des gens qui s’aiment et se protègent. Et chez nous, on accueille des gens qui ont besoin d’une famille par moment, parce que comme vous la vie a été dure pour eux, et ils ont besoin d’amour et de protection. Et ce n’est pas parce que notre famille est différente qu’elle est moins bien que les autres, vous ne devez pas avoir honte de cette différence, vous devez en faire une force. Et peu importe ce que les gens diront Romy, Connor, tous les deux vous êtes des frères et sœurs, ce lien-là personne ne pourra vous l’enlevez.- Et toi tu es la maman ? Demanda Romy, essayant d’assimiler tout ce que Luisa venait de dire.
- Oui, je suis la maman en quel… Commença Luisa.
- Mais j’ai déjà une maman, et un papa … Fit tristement Romy.
- Je le sais mon cœur, ce n’est pas ce que je voulais dire. Bien sûr que tu as une maman et un papa, je ne veux pas la remplacer, elle sera pour toujours ta maman, même si tu sais que maintenant elle est au paradis. Jamais je ne vous demanderai de m’appeler maman à toi et Conor, je serai toujours Luisa ou Nanny, comme vous avez envie de m’appeler. Vous avez chacun votre famille, mais en plus, vous en avez une deuxième, les gens qui vivent ici ! Alors si jamais on vous demande à l’école, dites-leur que vous avez une famille super top et extraordinaire, avec une Nanny qui fait le meilleur quatre-quarts du monde, n’est-ce pas ? Conclua Luisa. »
Un grand sourire éclaira le visage de Romy et Conor à la mention du quatre-quarts, ils n’avaient pas tout bien compris de ce que leur avait dit Luisa, mais le principal l’avait été : ils sont une famille, même si chacun à sa maman et son papa, ils s’aiment tous et se protègent alors ils sont une famille. Et elle est composée de gens extraordinaires. Mais ces sourires ne rassurèrent pas entièrement Luisa, il y avait des jours où leur situation était dure pour le duo, les sorties d’écoles, l’arbre généalogique, des petites choses qui par moment minés le moral des deux enfants. La seule chose à faire était de leur expliquer, leur faire comprendre qu’ils ne doivent pas se sentir exclue, que ce sont des enfants comme les autres. On lui avait demandé plusieurs fois pourquoi elle ne les adoptait pas, elle aurait tout à fait pu et aurait eu leur garde, mais elle se refuser à le faire, si ils avaient été des enfants n’ayant jamais connu leurs parents elle l’aurait fait. Mais Romy comme Connor ont connu les leurs, ont une histoire avec eux, elle ne peut pas les adopter et leur enlever le seul lien écrit qui leur restent avec leurs familles : leurs noms. Par contre, après en avoir discuté avec eux, Luisa demanda la tutelle des deux enfants, maintenant la loi ne pourra nier leur affiliation à celle qui leur a offert une nouvelle vie.
Chapitre 5 : Adolescence rime avec insouciance, et expérience.
Elever des enfants ce n’est pas facile, élever des adolescents c’est mission impossible. Romy ne le niera pas, elle a pu être assez odieuse pendant cet âge difficile. Il faut dire qu’elle a fort caractère, et beaucoup d’énergie. Pour avoir un peu de calme à la pension, Luisa les inscrivit à un sport, le baseball, comme ça ils pourraient y jouer même à la maison. Une bonne et mauvaise idée à la fois. Elle dût remplacer plusieurs fenêtres, et vases. Mais loin d’en faire des enfants gâtés, Romy et Connor prirent bien vite des responsabilités au sein de la pension, pour les canaliser mais aussi pour qu’ils se sentent utiles, choses importantes pour deux enfants dans leurs cas. Elle espérait ainsi passer calmement au travers de la tempête.
Romy avait toujours ce lien si spécial avec Connor, même en grandissant ils ne se quittaient pas, ils dormaient maintenant chacun dans leurs chambres respectives mais leur relation était toujours aussi forte. Les autres élèves, à force de les voir toujours ensemble et se faire des câlins et des bisous, supposèrent qu’ils étaient amoureux. Ce que les deux intéressés n’acceptaient pas, entre eux c’est un amour fraternel et c’est tout. Mais ils laissèrent les gens parler, à moins d’avoir une relation telle que la leurs personne ne pourrait comprendre leur lien, mais attention à ne pas dire de mal sur Connor, Romy n’hésitant pas à protéger son frère comme il le faisait pour elle. Romy avait ses propres amis, mais ce n’était pas pareil avec qu’eux qu’avec son frère, avec lui, même s’ils se disputaient, ils étaient incapables de se faire la tête plus d’une journée, ils se sentaient trop coupable envers l’autre. Ils étaient toujours leur petit duo mais accueillaient avec plaisir les autres enfants qui venaient passer quelques temps à la pension, surtout Liam. Un peu plus âgé que Connor, il resta deux ans à la pension, et à eux trois ils en firent voir de toutes les couleurs à Luisa. On pourrait écrire une longue liste avec toutes les bêtises qu’ils inventèrent et mirent à exécution, Romy n’étant pas la dernière pour s’attirer des ennuis. Ensemble, ils découvrirent les effets de l’alcool, le goût âpre des joints, les longues nuits blanches, les heures de sèche au parc, les fêtes qui dégénèrent en n’importe quoi, les grands affres de l’adolescence, les premières expériences de la vie : la jeunesse. Les trois compères en ont bien profité, mais jamais sans que Luisa est un œil sur eux, ils ont eu bon lui cacher leurs bêtises, l’espagnole a des yeux et des oreilles partout en ville et rien ne lui échappe quand il s’agit de ses protégés. Mais elle avait beau chercher une excuse pour les garder à la maison, rien n’était assez bon prétexte, de bonnes notes, des lits faits chaque matin, le sens des responsabilités. A part leur fort caractère, particulièrement Romy qui se rebellait, Luisa n’avait rien à leur reprocher et faire des erreurs de jeunesse fait partie de l’apprentissage de la vie. Mais quand elle dû aller les chercher au poste de police, ils furent consigné à la maison pendant deux mois. Elle est clémente mais il y a des limites à ne pas dépasser.
L’adolescence c’est surtout la période de l’amour, et là ce fut un vrai drame. Oh pas pour Romy, la jeune fille n’avait pas de soucis mais pour les jolies demoiselles qui voulaient sortir avec Connor. Elle ne gardait pas non plus son frère que pour elle, bien que possessive, elle n’en est pas au stade de développer un amour toxique pour son frère. A la grande surprise de tout le monde, même adolescent, l’amour entre Romy et Connor fut exclusivement platonique, ils sont frère et sœur pas jeunes amants. Mais cela n’empêche pas que l’avis de Romy sur les copines de son frère soit telle la voix de Dieu, indiscutable. Pour sortir avec le brun, il faut avoir passé le test de la blonde, elle ne va pas laisser n’importe qui s’emparer du cœur de son frère si c’est pour lui briser ensuite. Et Connor a confiance en Romy, si elle lui dit que la fille n’est pas bien alors il ne sort pas avec. Un vrai drame pour la perfide, dévergondée, droguée, mal intentionnée gente féminine voulant accrocher Connor à son tableau de chasse. Mais qu’en est-il de la principale intéressée ? Jolie comme un cœur avec des fossettes à vous faire fondre, la belle Romy restait pourtant désespérément célibataire. Enfin c’est ce que tout le monde pensait.
Quand Romy rentra ce soir-là, c’est deux paires de chaussures qui passèrent la porte, elle avança dans le couloir sombre amenant au salon, la blonde tâta le mur à la recherche de l’interrupteur et alluma la lumière. La lumière de la télévision se répercutait sur les murs, Romy passa la tête dans l’encadrement cherchant à savoir si tout le monde était là. Elle souffla, pas un de ses souffles d’épuisement mais plutôt d’encouragement, et regarda derrière elle, un sourire et une main tendue lui vinrent en réponse. C’est maintenant ou jamais, enfin ils comprendront toutes les sorties répétées ces dernières semaines de la blonde. Romy attrapa la main de l’autre personne, prit une grande inspiration et appela les personnes dans le salon :
«
- Luisa, Connor ! Vous pouvez venir dans le couloir, s’il vous plait ? Fit Romy d’une voix forte et incertaine. Des soupçons de voix et des bruits de pas se firent entendre avant que les corps de Luisa et Connor apparaissent, un grand sourire s’affichant sur le visage du garçon quand il se stoppa devant sa sœur et l’inconnu. Il savait d’avance ce que Romy allait dire, il était au courant depuis le début, il connait la jeune fille comme sa poche, rien ne lui échappe mais il avait préféré attendre qu’elle lui dise plutôt que de la brusquer. Luisa restait perplexe, ne sachant aucunement ce que sa petite protégée allait lui annoncer. Romy essayait tant bien que mal de déchiffrer le regard de l’espagnole, elle avait repensé la scène dans sa tête des milliers de fois mais maintenant dans le feu de l’action, elle se sentait plus que nerveuse, mais maintenant qu’ils sont devant elle, elle ne peut plus reculer. La personne à côté d’elle lui serra la main, encourageant Romy à se lancer, un regard tendre posé sur la jeune Sterling.
- Je vous présente Alice, ma petite-amie … J’aime les filles … Est-ce qu’elle peut rester ici ce soir ? Demanda d’un trait Romy, elle avait retenu sa respiration tout du long. La réaction de Connor ne se fit pas attendre, un petit rire échappa ses lèvres étirant un sourire au passage. Romy sut à ce moment-là qu’il était au courant depuis un moment, elle s’en doutait mais pensait quand même qu’elle l’avait assez bien caché que même lui ne pourrait le découvrir avant l’heure. Il adressa un clin d’œil à Romy avant de se retirer à nouveau au salon, laissant Romy et sa copine Alice, face à une Luisa qui ne s’en doutait absolument pas par contre. Passé quelques minutes de perplexité qui parurent des heures à Romy, un sourire tendre vint apparaître sur le visage de Luisa. Romy put enfin se détendre et renvoya son sourire à sa tutrice, qui s’approcha pour prendre les mains des deux jeunes filles.
- Bien sûr qu’elle peut rester, et elle pourra revenir quand elle veut. Allez-vous installez avec Connor au salon, je vais chercher des rafraîchissements. Répondu simplement Luisa. Elle passa derrière les jeunes filles et disparus dans la cuisine, Romy poussa un souffle de soulagement cette fois-ci. Elle leur avait enfin dit son secret et ne plus avoir à se cacher fait du bien. Elle serra la main d’Alice et déposa un baiser sur ses lèvres, savourant la sensation de plus avoir à regarder autour si quelqu’un les regarde pour faire ça. Côte à côte, les deux amoureuses entrèrent dans le salon et s’installèrent au côté de Connor, Luisa revint avec du jus de fruits et du vin et tous passèrent une excellente soirée, Connor ne put s’empêcher de taquiner sa sœur.
Et l’insouciance de l’adolescence s’en va avec la remise des diplômes. Romy a enfin fini le lycée, mais elle ne va pas rejoindre Connor dans la même université, elle part à l’école de médecine. Les deux sont habitués à ne pas se voir la journée, mais là ils ne se verront plus que le week-end, pour tenir la promesse qu’ils se sont fait plus jeunes, d’être toujours là l’un pour l’autre, cela risque d’être plus dur. Mais allongé sur son lit de campus, Romy pense encore à sa nuit d’hier, une nuit magique car c’était sa première fois, avec Heather, une fille rencontrée pendant l’été. Comme quoi en grandissant, la petite Romy toute fragile accroché à son frère a su déployer ses propres ailes, mais il ne se passe pas un jour sans qu’ils soient en contact. Mais dorénavant, l’objectif de Romy c’est la fac de médecine, pour devenir chirurgienne.
Chapitre 6 : Nous méritons tous un happy end.
La fac de médecine c’est une immense arène où on jette plusieurs centaines de lionceaux. Et pour réussir il faut devenir un lion, la compétition fait rage en médecine. Si tu n’as pas l’esprit de compétition en arrivant, alors il faut le gagner vite car sinon c’est la sortie qui vous sera montré. La première année est la plus dure, les partiels sont éliminatoires, des brassées d’étudiants obligés de se trouver une autre voie, si on ne travaille pas tous les jours, on coule. Romy en a bavé, et l’expression est peu, la jeune fille pensait avoir au moins des week-ends tranquilles mais c’est la tête dans les livres qu’elle les passa. Le plus dur était le peu de temps qu’elle passait avec Connor, son frère lui manquait terriblement mais elle ne pouvait pas se permettre de se relâcher et redoubler ou même rater son année. Sa vie sociale cette année-là fut donc quasiment inexistante, son temps libre était occupé par Connor mais à la faculté c’était différent, il faut bien se détresser, évacuer toute la frustration accumulé pendant les interminables heures de cours. Non, Romy n’est pas devenu alcoolique ou accro à la drogue, ce n’est pas du tout son truc et sa résistance à l’alcool est faible, mais elle a pu constater que certains étudiants se bourraient de médicaments pour tenir le coup. Pour diverses raisons, que ce soit la pression des parents, ou la pression qu’il se mette à soi-même, le plus horrible est que certains sont là obligés par leur famille alors qu’ils rêvent de faire ingénieur, pilote, avocat ou ministre. Et dehors, pleins rêvent de rentrer en fac de médecine mais n’y arrivent pas malgré toute leur bonne volonté. Mais pour en revenir à sa façon de gérer le stress, Romy n’a pas fait une grande innovation, la blonde s’est acheté un stock de sucreries, un tiroir de son bureau en est rempli, on pense alors qu’elle a dû prendre du poids. Et pourtant, sa balance n’a pas vu une grande différence, merci à son métabolisme mais également à l’activité qui occupe certaines de ses nuits. Le sexe. N’importe quel étudiant en médecine vous dira qu’un orgasme produit des endorphines qui amènent une sensation de bien-être au corps, la meilleure des façons pour se débarrasser du stress et s’assurer une bonne nuit d’après Romy. Avoir une petite-amie serait mieux, une relation stable et on pense qu’après avoir passé le plus dur, la première année c’est possible mais c’est faux, ça devient encore plus dur. Et la jeune femme avait la tête ailleurs, pas le temps pour une relation amoureuse, à moins qu’elle soit avec des livres, la seule qu’on peut vraiment avoir.
Mais arrivé en dernière année d’étude, après un long et dur travail, des stages, et après Margaux, Haley, Lola, Maria, Helen, Cassie, Diana, Tea et quelques-unes de plus, Romy va enfin entamer son internat et une relation stable avec Olivia. La jeune fille est devenue une femme, et malgré quelques changements, elle est restée la même. Bien qu’ils ne se voient plus aussi souvent qu’avant, avec Connor leur lien a grandi, ils veillent l’un sur l’autre maintenant, Romy n’est plus cette petite fille fragile et effrayé, mais une chose est resté et n’a jamais changé depuis toutes ces années : sa peur de l’orage. Elle est toujours tétanisé, effrayé et perdu dans son monde, comme si tout la renvoyait à cet événement tragique de son enfance, et seuls Connor et Luisa sont capables de la calmer, aucune de ses copines ou même Liam qui est resté longtemps avec eux n’ont réussi. Pour contrer son handicap, Romy regarde toujours la météo et rentre chez elle les soirs d’orage, mais personne n’est pas infaillible, durant sa scolarité elle a dû faire face à des soirs d’orages seule, et comme à chaque fois cela lui laisse un blanc, et le lendemain elle se retrouvait incapable d’aller en cours, ses muscles entièrement crispées et un mal de tête la clouant au lit. Pour cette raison, elle a pris l’hôpital le plus près de Luna Pier, par chance ses notes étaient assez élevées pour avoir le droit de choisir son affectation.
Après avoir prêté le serment d’Hippocrate et validé sa thèse, c’est le Dr Sterling que nous retrouvons le premier jour d’internat. La jeune femme en visitant les lieux, observe aussi ses futures collègues, elle va les côtoyer tous les jours et pendant de longues années. Mais tous ne pourront pas atteindre leur but, pour pouvoir décrocher un poste haut la main il va falloir être compétitif. Et Romy ne tient pas à être une chirurgienne lambda, elle compte bien être parmi les meilleures. Mais être un interne, ça veut dire être un peu le larbin du médecin, les journées passent vite et à la fois si lentement, les heures de sommeil se comptent sur les doigts d’une seule main et les jours de repos sont comme une étoile filante, c’est magnifique mais ça arrive rarement. Mais le plus intéressant de mon point de vue n’est pas ce que Romy fait de ses journées à l’hôpital, on se doute sans grande surprise qu’elle va alterner entre prise de sang, sutures, opérations, suivis post-op, etc. Son internat et sa résidence furent un parcours exemplaire, la jeune femme ayant mis toutes les chances de son côté, selon ses titulaires elle a l’étoffe d’une grande chirurgienne. Les aventures et mésaventures de Romy sont l’essence même de cette histoire et sa vie personnelle en regorge, la blonde a une certaine réputation : elle est connue pour avoir renversé son café sur le titulaire le plus antipathique de l’hôpital, avoir retrouvé la souris d’un essai clinique en cours, et quelques autres banalités. Mais dans le genre qui blesse, la rumeur a longtemps couru sur le fait que la jeune femme serait cocue, Romy a préféré ne se prononcer, après tout la plupart des rumeurs sont souvent fausses. Mais celle-là était vraie, la blonde pensait qu’elle avait trouvé en Olivia la parfaite compagne mais la brune l’a trompé, comme il arrive tant de fois de nos jours. Romy l’a donc quitté et a trouvé du réconfort dans les bras de plusieurs infirmières, ce n’est pas la solution mais elle a pris cette mauvaise habitude, ça occupe son esprit et elle ne pense plus à tout ce qui fait mal. Pourtant ce n’est pas ce qui fit souffrir le plus Romy, cette douleur-là n’est rien comparé à celle qu’elle ressentit dans l’année de ses 28 ans, une douleur qui lui rappeler amèrement une autre, qu’elle avait déjà connu : la perte d’un être proche. Avec Connor, ils durent faire face à la mort de Luisa, la veille dame était décédé d’un AVC, laissant ses biens et la pension à ses deux petits protégés, qu’elle avait aimé comme ses enfants. Pour Romy la nouvelle avait été comme un coup en plein cœur, c’est une quatrième tombe qui s’ajoute dans sa vie à même pas 30 ans, la laissant elle et Connor, seuls au monde, ils n’ont plus que l’un et l’autre comme famille. Et s’il n’avait pas été là, Romy sait qu’elle aurait encore plus de mal à se lever, mais elle n’est plus une enfant et dans son métier des gens qui meurent c’est courant, mais surtout elle s’est endurci et elle sait que pleurer ou se tourmenter ne ramènera pas Luisa. Cette tragédie a pourtant laissé un trait de caractère de Romy surpasser un peu les autres, la jeune femme sourit, tout le temps, pour passer la mort de Luisa, elle a décidé de prendre les choses du côté positif et ne pas trop penser à l’autre côté, être optimiste mais parfois vouloir sourire alors que ça ne va pas bien n’est pas une solution. Mais c’est rare, Romy a cette faculté d’être une boule d’énergie et d’espoir, la jeune femme se relève à chaque fois qu’elle tombe, elle ne laisse pas tomber et se bat. Et se réconforter dans les bras de jeunes femmes aident aussi un peu. La perte de leur protectrice a engendré une grande question chez le frère et la sœur, que faire de la pension ? Ils ne peuvent pas se résoudre à la fermer ou la vendre, c’est leur maison, le lieu où ils se sont reconstruit, ils ne peuvent pas l’abandonner. Mais gérer une pension en plus d’un travail déjà très prenant n’est pas chose aisée, Romy doit laisser la plupart des tâches administratives à Connor et puis ayant perdu l’agrégation de famille d’accueil, il n’y a plus d’aide de l’état.
Mais les deux ont tenu bon, et deux ans plus tard, Romy est enfin une chirurgienne confirmée, elle a eu du mal à choisir sa voie entre traumatologie et pédiatrie mais c’est la première qui a gagnée, si elle a voulu devenir chirurgienne c’est pour pouvoir sauver des gens qui ont eu des accidents de voitures, et bien que la pédiatrie l’intéressait aussi beaucoup, le cas d’une petite fille qui venait de perdre ses parents dans un accident comme elle des années auparavant, l’a laissé tétanisé, les souvenirs remontant et faisant couler des larmes sur ses joues, la pédiatrie c’est dur, ça n’a rien de facile des enfants malades et Romy ne s’est pas senti les épaules pour ça. L’hôpital où elle a fait ses études lui a proposé un poste, heureux de pouvoir garder une si prometteuse chirurgienne, Romy était sur le point d’accepter quand Connor lui a dit qu’elle était bien trop grande pour un si petit hôpital, qu’elle a du potentiel et ne doit pas le gâcher en restant ici juste parce que c’est près de chez eux. Après la mort de Luisa, la promesse qu’elle avait faite avec Connor d’être toujours là l’un pour l’autre avait pris la direction de la vie de la jeune fille, vivre sans son frère, elle n’y pensait même pas. Mais Connor l’a convaincu de prendre le poste qu’on lui proposer à Détroit, qu’ils ne sont pas si loin que ça l’un de l’autre et qu’ici c’est chez elle, elle pourra donc y revenir dès que l’envie s’en fait sentir.
C’est ainsi que Romy a débarqué il y a deux mois à Détroit, la jeune femme est bien installé maintenant et son travail est génial, mais le manque de Connor se fait ressentir, et la peur qu’un orage éclate et qu’elle soit seule la terrifie. Elle lui parle tous les jours mais ça ne comble pas le manque physique, et la voix de Connor quand elle l’a au téléphone lui donne la même sensation, ils se manquent et ne sont pas encore prêt à vivre séparément. Mais depuis une semaine une joie débordante anime Romy, elle va enfin retrouver son frère, ils ont trouvé quelqu’un de confiance pour être présent à la pension et Connor vient la rejoindre à Détroit. Une nouvelle vie qui commence. Comme quoi, cela peut mal partir, mais un conte de fée a toujours un happy end, c’est comme ça qu’on les aime après tout …
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Choix d'avatar trop parfait ! Sincèrement, j'adore (a)
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Humm bon jeu (a) ton personnage est très intéressant, j'ai bien hâte de te voir aller sur le jeu ^^ 
Je viens de poster le deuxième chapitre.
