Cela faisait maintenant quelques semaines que le jeune Aaron Middleton avait fait la rencontre de Jared Lee, son demi-frère. Le mécanicien avait été adopté à la naissance. C’était le premier enfant de la famille et à ses époques, ses parents ne pouvaient pas s’en occuper. Le rouquin s’était senti un peu étrange lorsqu’il l’avait surpris entre une tournée de biscuit et un ménage complet de sa maison, mais finalement Jared n’était pas si pire. Il lui plaisait bien, malgré la grande divergence de personnalité. Middleton avait quelqu’un de plus dans son cercle familial et il trouvait ça satisfaisant en réalité. Enfin, le jeune homme avait passé la fin de semaine à la maison. Il avait fait plusieurs recettes autant des repas, des entrées que des déserts. Il avait tout rempli son réfrigérateur sans oublier quelques cadeaux pour son frère et sa copine – Alysia & Jared – ainsi que sa meilleure amie Ella et sa famille. Entre tout ça, il avait réussis à avancer Amour & Trahison et terminé un roman qui l’avait empêché de dormir une partie de la nuit tellement il avait pleuré. À croire qu’il était trop sentimental.

Ce matin-là, le jeune homme savait qu’il était de service à l’hôpital, après une longue fin de semaine de congé. Il avait bien hâte d’aller travailler comme à ses habitudes. Le médecin appréciait ce qu’il faisait, on pouvait même dire de ce qu’il faisait dans la vie comme une passion. Certes, Thomas en avait beaucoup, mais son métier en faisait partie. L’homme prit le temps d’emballer une tournée de muffin à la myrtille et roula jusqu’à l’hôpital, le sourire aux lèvres. En arrivant, il déposa le panier dans la salle des médecins et salua quelques collègues. Le roux apprit par l’un de ses collègues, Romy, que le patient de la chambre 31 avait fait son grand réveil. Depuis son accident, il y a quelques mois, Aaron passait souvent à son chevet. Il ne le connaissait pas personnellement, mais il trouvait sa situation si terrible qu’il ne pouvait pas s’en intéresser. Il avait été présent lorsqu’il débarqua à l’hôpital et n’avait jamais laissé son cas de côté. Dès qu’il eut terminé ses consultations de la matinée, Aaron ferma son bureau à clé et marcha jusqu’à la chambre de Symon Rowland. Il entra dans la pièce et afficha un grand sourire en le voyant, éveillé. Il ne connaissait pas trop son état après le réveil, mais il tenait à lui parler. Middleton s’empressa d’avancer vers lui. « Bonjour Symon ! Je vois que vous êtes réveillé, c’est une excellente nouvelle. Je suis le docteur Middleton, mais appelez-moi Aaron ! Je suis venu te voir presque à tous les jours depuis que tu es ici ! Comment te sens-tu ? » Demanda-t-il comme s’il le connaissait depuis toujours.

Le regard fixé au plafond, le jeune Symon venait de se réveiller il y a peu de temps. Après avoir passé une petite partie de la matinée à passer une scan, il s'était rendormi pour quelques heures afin de récupérer. Apparemment, la journée allait passer plus lentement qu'il ne l'aurait espéré puisque c'était encore le matin. L'odeur des rôties errait encore dans l'air, ce qui lui donnait envie d'en manger une ou deux ...ou mille. Toujours incapable de bouger le petit doigt, ni rien d'autre d'ailleurs, Simon se contenta alors de regarder partout en bougeant de gauche à droite ses yeux rougit par la fatigue et les larmes.

Son esprit tenta alors de se remémorer des détails. Quelque chose de son passé ...mais en vint. C'était une impression étrange ...Un grand vide intérieur. Symon aurait voulu se rappeler instantanément de qui il était, mais malheureusement, il était même incapable de se souvenir de son propre nom. Symon Baltimore Rowland qu'il se nommait, apparemment. Étrange. Venait-il d'un endroit quelconque? Qu'elles étaient ses véritables origines? Quelque avait-il été amoureux ou amoureuse de lui, par le passé? et ce jeune homme qui se trouvait toujours à son chevet ...Quel relation avait-il eu avec lui? Tant de questions sans véritables réponses ni souvenirs ...

Symon se trouvait en pleins questionnement quand quelqu'un entra dans sa chambre sans vraiment prévenir. Cela le fit sursauter quelque peu sans toutefois le faire bouger, puis il retourna son regard vers l'intrus qui venait de s'imposer dans sa chambre. Une autre blouse blanche! Décidément, il n'avait pas fini les tests, pour aujourd'hui! Il le tutoyait? Eh bah ...Ça c'était du nouveau! Rafraîchissant, même! À sa question, Symon su seulement cligner une fois des paupières avant d'ouvrir à demi sa bouche autant qu'il pouvait et souffler un «ien ...» au moins, il tentait de retrouver un peu de positivisme, au fil des heures! C'était un bon signe! Cependant, quelque chose le fit rager, et il ferma ses lèvres en se plaignant d'un air agacé. Il voulait tellement bouger, mais il en était incapable ...C'était carrément frustrant et désorientant! Symon referma ensuite ses yeux en soufflant par le nez, l'air énervé puis les rouvrit en regardant le médecin et en tentant de dire «J ...j ...J...» et, vaincu, il regarda de nouveau le plafond en soupirant. Parler! C'était si simple, avant! Maintenant, il était à peine capable de dire un seul mot!

Aaron Thomas Middleton venait d’entrer dans la chambre du patient qu’il suivait depuis quelques mois déjà. Le rouquin avait appris qu’au début de la journée son réveil et ses préoccupations avaient été grandes depuis son arrivé à l’hôpital qu’il n’avait guère eu la chance de demander davantage d’informations à sa collègue, sachant qu’il ne l’avait croisé qu’à peine cinq minutes et que l’information fut lancé qu’à la toute fin. L’homme était ravi de pouvoir envie rencontrer cet individu. Vivre ainsi ne semblait pas être simple et passer par un coma, ça devait être insensé. Le médecin avait abordé l’inconnu de manière très sympathique comme à ses habitudes, mais malgré toute attente, il ne lui répondit pas, il semblait avoir de la difficulté, il avait même l’air paralysé. C’était horrible, Aaron sera les dents pour ne pas effrayer le patient. Après tout, il ne souhaitait pas le mettre en panique non plus, s’il était dans un grave état, Middleton savait que ce ne devait pas être simple, il ne fallait pas en mettre une couche. « Oh, mon pauvre, ne te brusque pas… » Aaron s’approcha d’un pas pour récupérer le dossier de Symon au pied de son lit. Il l’ouvrit et se mit à lire les quelques lignes sur son réveil. Il se gratta l’arrière de l’oreille en signe de malaise. Il n’était pas du tout au courant de tout ce qu’il endurait. Peut-être que le brunet était réveillé, mais ce ne devait pas être une réelle partie de plaisir pour lui. Être dans cet état, c’était assez complexe, surtout de vivre avec. Selon les experts et le dossier qu’il lisait. Personne ne pourrait lui dire s’il sortirait de son état un jour ou l’autre. « Tu es aphasique, je comprends, ne parle pas ! Est-ce que tu veux de la compagnie ? » Dit-il amicalement en prenant place sur le banc à ses côtés. Aaron était en pause pour l’heure à venir de toute manière. Il croisa les jambes tel un enfant et ajouta un petit sourire. « Tu as été très chanceux de t’en sortir ! Moi, je n’aurais sans doute pas été capable de surmonter tout ça ! Si tu veux, tu peux me répondre en clignant les yeux par oui ou non… ça pourrait être plus simple pour communiquer. L’œil droit pour oui, le gauche pour non, d’accord ! » L’homme espérait pouvoir lui porter compagnie, en espérant qu’il ne soit pas trop imposant.

C'était tellement difficile, de ne pas être en mesure de s'exprimer convenablement! Symon n'avait qu'une envie, et c'était de crier sa rage. Il aurait bien aimé pouvoir discuter avec ce médecin à l'allure sympathique. Il aurait voulu lui dire qu'il le trouvait drôle mais n'en était tout simplement pas capable, et cela était véritablement frustrant. Les lèvres scellés, il poussa de l'air par le nez lorsque celui-ci lui dit de ne pas se brusquer. Se brusquer! C'était facile à dire ...mais à faire, c'était une toute autre pair de manche! Néanmoins, Symon tenta de laisser couler en se calmant un peu, résigné à vivre ainsi pour le moment.

Bon...Un autre mot compliqué qu'il ne connaissait pas! Aphasique ...sans doute cela voulait-il dire incapable de parler. Bien sur. Ces médecins avaient toujours un mot pour tout ...Peut-être que c'était trop long pour eux de dire trois mots pour désigner un état? Bref. Oui, il désirait avoir de la compagnie ...Surtout sa compagnie, alors il cligna donc des yeux ...mais fut incapable d'en refermer un à la fois. Pourquoi tout devait-il être si compliqué, maintenant? Pourtant, il savait cligner des yeux ...Pourquoi ne pouvait-il pas en fermer simplement un à la fois? Une autre plainte sortie d'entre ses lèvres, et par un effort des plus intense, il parvint à dire «...Oui ...» cet exploit ...Celui d'avoir pu dire au moins un seul mot au complet le rendit toute chose, l'espace d'un moment. Une lueur d'espoir traversa même son regard quand il réalisa enfin ce qu'il venait de faire, puis une larme glissa sur sa joue immobile depuis trop longtemps. Si il n'était pas capable de cligner des yeux un à la fois ...Au moins il pouvait se dire qu'il avait réussi à dire un mot pour se faire comprendre!

Son regard se retourna ensuite vers le médecin, et même si son visage n'exprimait rien, ses yeux lui souriaient. Il était ravi ...Profondément ému, même. Ses yeux descendirent ensuite vers sa main, dans l'espoir que celui-ci comprenne qu'il voulait qu'il lui prenne. Sa présence le rassurait ...Un peu comme celle de Winter, lorsqu'il était là. C'était assez agréable, disons. Pour répondre à sa question, il tenta d'ajouter un mot qui sorti comme «Anheux ...» Bon. Ce n'était pas tout à fait ça, mais il n'était pas loin. Aphasique, vous dites? Maintenant, Symon avait reprit un peu de son courage. Il allait passé haut la main au travers de cette passe car oui ...Ce n'était qu'une passe après tout, semblait-il.

Aaron T. Middleton semblait passer un bon moment avec ce patient. Il ne le connaissait pas vraiment, mais il semblait très gentil. Les regards qu’il lui lançait étaient toutefois très positifs. Le rouquin ne s’attendait pas à voir des yeux remplis de haine, mais on ne savait jamais. Le docteur pouvait profiter de son temps libre pour aider un jeune homme et cela lui faisait réellement plaisir. Sans doute qu’il se sentait terriblement seul dans son aphasie sans parler de tout problème qu’il avait ailleurs pour bouger chacun de ses membres. Middleton posa une main sur le bord du lit pour lui faire comprendre qu’il serait très compatissant. Lorsqu’il comprit que Symon était prêt à tenter une manœuvre de réponse, Aaron se redressa sur sa chaise et avança tout son corps vers l’avant pour l’inciter à prendre des forces et de l’espoir. Il lui souriait de pleine dent et lorsqu’il entendit le petit mot de trois lettres « oui » Il bondit sur sa chaise de joie. Le rouquin était sérieusement fier de son patient – bien qu’il n’était pas totalement son docteur – le roux n’en croyait pas ses yeux. « Oh, mais c’est merveilleux Symon ! Tu y es arrivé, je suis certain que ça va te revenir tranquillement, si tu as été capable de prononcer un mot, c’est que tout n’est pas perdu, je suis sincèrement fier de toi ! » Dit le roux pleine de vie. Il n’arrivait pas à croire qu’il avait déjà fait cet effort. Il se sentait bien heureux de son effort, mais le second ne donna rien, ce qui était un peu normal dans son cas. « Ne tente pas trop d’efforts inutiles de toute manière, ça va finir par revenir ! Je suis très content pour toi ! » Dit-il en tapant des mains tel un enfant. C’était un peu idiot, mais Aaron ne réfléchissait pas. « Si tu le veux bien, je voudrais bien continuer à te rendre visite et suivre ton cas ! » Avoua-t-elle, en attendant une réponse affirmative ou non de la part de l’inconnu, qui ne le connaissait pas. C’était un docteur qui ne travaillait même pas sur son cas après tout.

Si ce médecin n'était pas venu dans sa chambre aujourd'hui, le jeune Symon aurait trouvé le temps extrêmement long. Cloué dans son propre corps, sans pouvoir bouger ne serait-ce que le petit doigt ...Disons qu'il ne vivait pas une partie de plaisir! C'était plutôt un réel cauchemar, disons. Cependant, le rouquin semblait tellement pleins de vie qu'il réussissait à calmer la peine de Symon, l'espace d'un moment. Même qu'il avait réussi autre chose ...Lui faire dire un mot! Un mot complet! Bien sur, il avait bien fit «homme», un peu plus tôt dans la journée, pour désigner le fait qu'il voulait voir Winter ...mais malgré tout, il était encore plus fier d'avoir su répondre à une question aussi facilement. Normalement, ses mots étaient mâchouillés. Comme si il avait une pomme de terre constamment en bouche. Pas très élégant ...mais au moins il faisait son effort!

La joie au coeur, il regarda alors Aaron et, même si il n'avait pas réussi à dire son second mot, il était tout de même heureux. Bien sur, comme il lui avait dit, inutile de trop se forcer. La parole lui reviendrait peu à peu ...mais Symon avait la tête dure. Son envie de pouvoir discuter à nouveau était plus forte que lui, donc il se tenta à lui répondre qu'il voulait que son état avance plus rapidement ...mais cela sorti comme du charabia. Conscient qu'il avait dit n'importe quoi, son regard se reporta vers le plafond et il referma ses yeux pour se calmer. Frustrant! mais les paroles du jeune médecin lui firent du bien ...Alors comme ça il désirait lui rendre plus souvent visite et suivre son cas?

Symon rouvrit ensuite ses yeux et tourna ses pupilles vers ce dernier. Des larmes de joies se mirent alors à monter et glisser le long de ses tempes. Comme il était heureux! De la visite! et de lui en plus! Difficilement, et avec énormément d'effort, il réussit à bouger sa bouche de façon à ce qu'un semblant de sourire prenne naissance sur son visage. Un sourire! Ça y était! Il avait réussi! Bon ...Il n'était pas parfait, mais n'empêche! C'était un bon début! Heureux de son exploit, son coeur se mit à battre rapidement de bonheur, faisant ainsi biper incessamment la machine sur laquelle il était branché depuis son arrivé. Ce n'était pas particulièrement bon dans son état, pour l'instant, que son coeur batte la chamade ainsi. Surtout qu'il avait fait une crise cardiaque le premier jour où il se pointa à l'hôpital, et un arrêt deux mois avant son réveil. Cependant, il n'y pouvait rien! Ce médecin faisait des miracles, même si au fond, il n'était là que pour une visite de routine. Lorsqu'il allait pouvoir parler de nouveau convenablement, il allait le remercier chaque jours, d'avoir passé par sa chambre avant de commencer sa journée.

Aaron T. Middleton n’en demandait pas beaucoup au jeune homme. Il savait très bien qu’être dans un état pareil ne devait pas être une partie de plaisir. Il devait souffrir le pauvre autant physiquement que psychologiquement. Il espérait surtout qu’on lui donne la chance de parler avec un psychiatre, bien qu’il soit muet pour le moment. Ce n’était pas le temps pour lui de plonger dans la solitude. Il se voyait difficilement écouter un homme parler toute une journée sans pouvoir ouvrir la bouche, alors il n’imaginait pas le calvaire que traversait Symon. Sans oublier qu’il ne pouvait à peine bouger également. Un accident de voiture aussi grave, c’était quelque chose, sans oublier qu’il avait été dans le coma un long moment. Il avait une chance innée d’avoir survécu, même encore pire.

C’était avec beaucoup de gratitude qu’il passait du temps avec ce jeune homme, il lui échangeait des sourires et discutait sans qu’il ne puisse lui répondre. Cela semblait plaire au brunet, après tout, il ne le connaissait pas et Thomas savait particulièrement comment les gens pouvaient le trouver gonflant par moment. « Je suis ravi du progret que tu fais, tu sais, si tu veux te reposer et me trompe ennuyant, tu peux me le dire Symon, je ne veux pas être un supplice supplémentaire à tes yeux ! » Dit-il. Il comprit évidemment que l’homme ne pourrait pas lui répondre. « Fait juste me répondre par une affirmation ou un contraire comme je t’ai expliqué tout à l’heure avec tes paupières ! » Ajouta Middleton avec quelque peu de malaise, craignant la réponse du patient. Pour le moment, il se plaisait à venir le voir et ne voulait certainement pas être contraint de ne plus passer par peur de le perturber un peu trop.

ABANDONNÉE