YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again
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Sujet: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mar 20 Nov 2012 - 13:35
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
La morsure des souvenirs.
Downy se réveilla, hoquetant. La respiration haletante et hésitante, il déglutit et battit des paupières, tentant de calmer son coeur qui s'était emballé. La réalité était peut-être plus déchirante, les songes qui rythmaient ses nuits étaient plus perfides et douloureux. Se retrouver au sol à se traîner derrière la silhouette enflammée et changeante qu'il n'arrivait pas à rattraper, s'écorcher les bras et faire du sur place avec toute la rage du monde, c'était douloureux. Et ça l'était en rêve, et ça le serait en réalité. Clarkson prit une large bouffée d'oxygène et reposa sa tête sur son oreiller, ses yeux noisettes rivés sur son plafond. Le peu de lumière qui transperçait la pénombre se réfractait sur ses prunelles. Et elles brillaient, brillaient de l'humidité que les limbes de son esprit avait fait remonter. Son esprit était vil et perfide, ce n'était plus négligeable. Encore et toujours, être rabaissé, essayer de percer les messages cachés de son esprit torturé. Jouer avec lui-même et se débattre sans cesse. Downy força sur ses avant-bras pour se redresser, et se hissa non sans mal dans son seul lien avec le reste du monde. Sans son fauteuil, maintenant, il n'était plus rien. Un infirme, inutile. Au moins, sur ses deux roues donnaient-ils l'illusion de faire encore un petit peu partie de la société.
Il se saisit de son téléphone. L'écran, toutes lumières allumées, lui apprit qu'il était quatre heures du matin. Que cela ne faisait donc qu'une heure qu'il s'était assoupi... Car oui, l'ex-militaire avait récupéré son sale rythme. Vivre avec seulement quelques heures de sommeil en réserve, c'était son quotidien depuis des années. Et dans tous les cas, les fantômes du monde réel étaient nettement plus conciliants et faciles à affronter que ceux qui hantaient les périodes où il sombrait dans les bras de Morphée. En sortant de sa chambre, il s'arrêta, rien qu'un court instant, et il regarda ce reflet sombre d'un handicapé en t-shirt et caleçons. Triste image. Il eut un faible pincement au coeur. Il avait toujours été de composition très mince. Les os, la peau, les muscles. C'était tout ce qui réussissait à persister sur son corps. Mais depuis que l'accident était arrivé, il y a deux mois déjà, ses jambes n'étaient plus que des éléments décoratifs dans le paysage de son corps. La rééducation commencerait dans trois semaines environ. D'ici là, ce qu'il restait de masse musculaire sur ses maigres jambes avait encore le temps de s'enfuir. Tout s'enfuyait, de toute façon. Il perdait le contrôle sur tout. Il n'était plus qu'un spectateur incapable d'agir à temps.
Se retrouver devant la porte d'un de ses voisins, au beau milieu de la nuit, en caleçon et t-shirt, deviendrait bientôt un rituel, alors. Il fut un temps où il toquait à la porte en face de la sienne. Aujourd'hui, cet appartement lui était redevenu étranger, non sans peine. Mais il ne valait mieux plus remuer le passé. Downy hésita, mais son poing s'abattit finalement contre la porte de Gomez. Oui, cette nuit-là, il venait le voir. Parce que l'abattement s'était fait sentir, que l'espoir lui avait échappé un instant. Qu'il avait besoin de se rassurer. Parce qu'il en était ainsi, alors.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mer 21 Nov 2012 - 10:19
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Un verre. Puis deux. Puis trop. Oublier, encore, tel était le seul but qu'avait Ysmael ce soir. Oublier, oui, et faire taire ces réminiscences involontaires qui l'assaillaient de toute part. Morceaux de vies qu'il avait menées, hommes qu'il avait été et qu'il aurait pu être, tout semblait se mélanger dans un esprit trop peu clair pour lui à présent. Oublier pour boire, boire pour oublier. Le but initial avait été perdu entre deux gorgées d'une boisson ingurgitées probablement trop rapidement. Peu importait, le résultat restait le même ; une remise en question perpétuelle que s'infligeait le jeune espagnol depuis son retour du Mexique. Partage inéquitable qui s'était effectué à ce moment, entre la personne qu'il avait été en Amérique du Sud et celle qu'il devint. Rien de plus qu'un fils de la haute population de Détroit, égocentrique, superficiel. Modelé d'après les critères d'une société bien trop matérialiste qui semblait l'avoir changé en très peu de temps. Trop peu de temps. Et il le savait bien qu'il n'était pas que cet homme. Pas juste un enfoiré sarcastique et cynique qui se contentait d'assouvir ses moindres désirs en un claquement de doigts. Se construire un monde sur un amas de mensonges, une accumulation de vérités cachées ; telle en avait été sa vie jusque là dans cette petite ville du Michigan. Naïvement en retournant après des siens il avait cru pouvoir mené la vie qui lui était due depuis son enfance. Profiter d'une fratrie qui jusque là n'avait jamais été considérée comme tel pour lui, et surtout revivre. Une nouvelle fois. Faire impasse sur une Espagne remplie de souvenirs tous plus douloureux les uns que les autres, et se contenter de devenir la personne qu'il aurait souhaité être. Celle qu'il avait cependant perdu par la même occasion. Bien des fois il avait pensé à retourner dans le Sud. Retrouver ces personnes qui lui avaient été si chères, et reprendre le cours d'une vie qui lui avait toujours en quelque sorte convenu. Cependant ses projets étaient tombés de multiples fois à l'eau. Trop d'attache. Sa famille, oui, en premier lieu. Downy, ensuite. Mais le reste aussi. Environnement familier qu'il avait fini par apprécier malgré le peu de réticence qu'il éprouvait encore, bien que ce dernier soit probablement la cause d'une haine retrouvée. Violence qu'il tentait d'anesthésier aussi dans un verre. Puis deux. Puis le néant.
Un bruit familier. Qui pourtant tortura littéralement Ysmael lorsqu'il se réveilla dans son canapé, pris d'une violente migraine. Glissant son visage dans ses mains en massant ses tempes, il mit quelques secondes avant de comprendre que quelqu'un attendait derrière la porte. D'un geste maladroit il se releva et vint ouvrir la porte d'un pas peu assuré. Légèrement déséquilibré, il dut s'appuyer contre le mur de son appartement et tenta tant bien que mal de faire bonne figure en reconnaissant Downy. « T'as pas l'air bien Downy... Entre. » Il se décala alors afin de laisser passer son ami et ferma la porte derrière lui. Il était totalement désorienté, n'avait aucune idée de l'heure qu'il était ni de la raison de cette visite improvisée. Peu fier de la soirée de la veille, il revint alors dans le salon en tentant de ne pas montrer son déséquilibre et rangea la bouteille d'alcool sous sa table basse avant de se tourner de nouveau vers Clarkson. Il le savait bien, il pouvait le lire sur son visage quelque peu décontenancé, quelque chose n'allait pas. Tout en se laissant tomber dans son canapé, le regard toujours posé sur Downy, Gomez articula tant bien que mal. « Qu'est-ce qu'il y a ? »
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mer 21 Nov 2012 - 11:17
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Une affirmation plus que vérifiée. Downy n'avait pas l'air bien, c'était indéniable. Il n'allait plus bien depuis des semaines même si il avait repris pied et se reconstruisait lentement. C'était ce malaise-là qui l'avait mené à la porte de son voisin. Downy rentra, silencieux, dans l'appartement d'Ysmael. Ysmael, qui justement, ne semblait pas tenir sur ses jambes sans appui. Downy prit une inspiration. Alcool. Les effets, l'odeur, l'instinct. Clarkson n'avait pas eu besoin d'un dessin. Gomez avait bu. Pour quoi, dans quel but, Downy n'en savait rien. Sonder les méandres de l'esprit d'Ysmael n'était pas non plus aussi simple que de déterminer si oui ou non il avait passé la soirée avec une bouteille... Cette amie alcoolisée qu'Ysmael rangea, en revenant dans le salon. Il vint se reposer sur son canapé, et, difficilement, lui demanda qu'est-ce qu'il y avait. Sensationnelle question, en y pensant. Ce qu'il y avait ? Beaucoup trop de choses et en même temps... tout manquait. C'était encore le bazar, pour changer. Ce qu'il y avait, la raison, en premier lieu, c'était que Downy s'était réveillé, en pleine nuit, et avait perdu confiance. « ...Je crois que j'en peux plus, Ys. J'ai même pas commencé la rééducation mais j'ai déjà les nerfs en pelotes. » Et c'était peu dire. Certes, tout s'accumulait. Mais pas que. Il pensait se retrouver pour se perdre de nouveau, ne savait plus qui réellement il était. Au fond, c'est vrai, il changeait sans cesse, instable comme il était. Mais désormais, la peur d'un énième changement s'était prise en lui. Tout était confus. Tout l'avait toujours été, tout le serait toujours. Et oui, il redoutait que le changement bouleverse encore son petit monde en équilibre précaire... En se réveillant après ce cauchemar, une fraction de seconde, il avait eu la sensation. Une sensation. Sentir le drap contre sa peau, un dixième, un centième, un millième de seconde. Il se persuadait qu'il avait rêvé. Les miracles n'existaient pas. Encore à moitié dans les limbes, ses perceptions s'étaient faussées, il avait rêvé la sensation. Mais rajoutait cela à ses doutes, à ses peurs, à ses angoisses, à ses cauchemars, et il perdait pied, littéralement. Downy posa, enfin pour la réelle première fois, son regard noisettes dans les yeux glacés d'Ysmael. Et il y croisa le regard nostalgique d'un homme. Downy se mordilla par réflexe la lèvre inférieure. Il n'aimait pas quand Ysmael buvait. Boire rendait parfois dangereux. Boire n'aidait en rien. Il connaissait lui aussi la chose. L'alcool n'avait jamais aidé Clarkson. Il avait le verre de vodka triste. Et quand il buvait, il perdait le contrôle. « ... T'as bu. » Trois pauvres mots à mi-voix. Une constatation. Downy déglutit et baissa les yeux. Se triturer le bout des doigts. Etait-ce lui, ou tous deux ne pouvaient donc décemment pas vivre dans le monde réel, comme tout le monde ? Ils n'étaient pas calibrés pour tenir en société moderne, peut-être. Et bien sûr, entre parias, entre marginaux, ils avaient fini par se comprendre. C'était ainsi que ça fonctionnait.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Jeu 22 Nov 2012 - 18:45
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Un monde fragile, qui semblait ne plus tenir en équilibre. Sens propre comme figuré. Tout semblait se déformer au fur et à mesure, rendant un quelconque point d'ancrage possible. Si ce n'était Downy. Downy auquel le jeune espagnol s'accrochait depuis plusieurs mois déjà, tout en tentant de ne pas l'entraîner avec lui dans sa chute. Downy qu'il ne cessait de décevoir. Tout du moins c'est ce qu'il pensait, ce qu'il avait cru apercevoir dans ses yeux chocolats qu'il avait croisé durant un millième de seconde. Assez pour le déstabiliser d'autant plus, mêlant à son alcoolisation trop importante divers sentiments. Culpabilité, honte, inquiétude, s'entrechoquant de manière fracassante dans un esprit déjà trop peu clair. Tentant de remettre ses idées en ordre tant bien que mal, Ysmael après s'être assis lourdement dans le canapé posa son regard quelque peu troublé sur Clarkson, qui lui semblait perdu. Peut-être même encore plus que ne pouvait l'être Gomez à ce moment même. Inquiet, il laissa donc son regard vagabonder sur son voisin. En caleçon, qui plus est. Chose qu'il n'avait pas remarqué jusque là et qui lui donnait à peu près une idée de l'heure. En pleine nuit. Downy avait débarqué chez lui en pleine nuit, ce qui ne fit qu'amplifier ses craintes jusque là minimes. Et ses mots vinrent confirmer ce qu'il redoutait jusque là. Seul, il ne tiendrait pas le choc. Toutes ces contraintes, cette vie à laquelle il n'avait jamais pensé, ces souvenirs, cette peur. Celle de craquer. Juste un peu. Comme l'espagnol venait de le faire, et comme grand nombre d'hommes blessés l'avaient fait avant eux. Pas par lâcheté, non. Par épuisement surtout. Fatigue due à un combat trop intense mené durant des semaines, des mois, et même pour certains des années entières. Lutte acharnée contre une vie trop peu généreuse, et qui semblait vouloir les quitter le plus rapidement possible. Car non, ils n'étaient pas les causes de ce cercle infernal. Juste les victimes. Victimes du système, d'un trop plein de responsabilités, victimes de leurs dépendances presque autant que de leurs démons. Ceux qu'ils parvenaient à faire disparaître en se réfugiant dans les bras accueillants de l'alcool. L'un dépendant de l'autre, et vice versa. Bien souvent au plus grand malheur des âmes fragiles. Les yeux toujours posés sur Downy. Un discours maladroit, des mots qui semblaient s'emmêler mais qu'il tenta d'assembler tant bien que mal afin de se faire comprendre, et qui s'échappèrent de ses lèvres après quelques secondes de réflexion seulement. « ... C'est... C'est normal Downy. Quoi que... Non... Non c'est pas normal ! » Choc. Mêlée. Impulsivité. Assez pour qu'Ysmael pousse un soupir, tentant tant bien que mal de réprimer cette vague de colère qui soudainement s'était emparée de lui. Sensation intense qu'était celle de sentir la plupart de ses muscles se tendre, et surtout cette adrénaline singulière qui elle semblait s'être glissé dans chaque parcelle de son corps tout entier. Il n'acceptait pas, non. Il n'acceptait toujours pas tout ça. Et cette injustice qu'il avait ressenti en apprenant la nouvelle s'était peu à peu transformée en une haine qu'il avait fini par contrôler, et accepter. Jusqu'à ce soir. Jusqu'à ce qu'il craque de nouveau, seul. Et c'est un geste. Un seul qui lui échappa. Un revers de la main qui vint rencontrer violemment le verre posé sur la table basse qui ne tarda pas à rejoindre le mur le plus proche, avant de se briser violemment en de nombreux petits morceaux. Une nouvelle inspiration. Plus profonde que la précédente. Et Gomez plongea son visage dans ses mains, honteux, énervé. Mais surtout triste, et inquiet. Car il avait la trouille, oui. Que Clarkson craque comme lui le faisait. Qu'il lâche prise, juste une fois. Et qu'il sombre de nouveau. Redressant le regard une nouvelle fois mais en évitant cependant le regard de Downy, Ysmael toujours quelque peu énervé ajouta sur un ton légèrement agressif. « Putain pourquoi ce genre de truc doit t'arriver à toi, hein ?! Y'a pas un autre con qui pourrait supporter ça à ta place sérieusement ?! Là, il glissa son regard dans celui de Clarkson comme pour appuyer ses propos, avant de reprendre. C'est pas censé arriver aux gens biens ce genre de truc ! J'voulais pas que ça t'arrive, merde ! J'aurais du être là, je sais pas, j'serai passé sous cette voiture à ta place moi, j'm'en moque. J'ai sûrement bien plus à payer que toi. Mais je pourrais pas supporter de te voir comme ça, parce que je tiens trop à toi Downy ! » Tout lâcher. Juste une fois. Par impulsivité, sûrement. À cause de l'alcool, surtout. Adressant un regard désolé à Downy il parvint cependant à articuler quelques mots, la voix tremblotantes. « J'suis désolé... Excuse moi, j'devrais être là mais... mais j'suis pas assez fort pour ça. » Perdu. Totalement perdu. Ysmael venait de se livrer bien plus qu'il ne l'aurait souhaité, et le regretta presque aussitôt amèrement. Il venait d'enfoncer Downy encore plus qu'il ne l'était déjà, au lieu de le soutenir, et de l'aider. Il l'entraînait dans son mutisme causé par une fatalité qu'il avait pourtant toujours du mal à accepter. Se relevant difficilement, Gomez se dirigea vers la cuisine sans adresser un regard à son ami et se pencha sur l'évier, les yeux fermés. Se calmer. Juste un peu. Et cesser d'énoncer tout ce qu'il pouvait avoir sur le coeur à voix haute, au risque de faire bien plus de dégâts qu'il n'en avait déjà causé. Après s'être aspergé le visage d'eau gelée et avoir pris le temps de se calmer, Ysmael revint dans le salon s'asseoir sur le canapé, le regard perdu dans le vide. Il lui avait fallu du temps pour admettre ces choses. Du temps, et de l'alcool. Deux choses qui semblaient, assemblées, avoir fait tomber la fierté légendaire de Gomez, le rendant plus vulnérable que jamais. Le temps d'une soirée. Le temps de quelques mots. Redressant le regard losque Downy l'interpella à nouveau, Ysmael soupira d'un air las et glissa une main sur son visage avant de répondre sur un ton dépité. « Un petit peu. » Euphémisme que Clarkson remarquerait sûrement. Minimiser. Et cesser, oh oui, cesser de s'emporter. Tout du moins pour ce soir. Car s'il y avait bien une chose qu'il ne se pardonnerait jamais, c'était de blesser Downy. De n'importe quelle manière.
Dernière édition par Ysmael J. Gomez le Ven 30 Nov 2012 - 18:32, édité 1 fois
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Ven 23 Nov 2012 - 13:34
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Le verre se brise et tinte encore un peu, son aigu ciselant les tympans de Downy. Il s'était figé dans l'instant. Et maintenant, comme tant de fois il l'avait déjà fait, il plantait doucement ses ongles dans le caoutchouc dur de ses roues. Serrer les dents alors qu'une vague frissonnante ondulait sous sa peau. C'était ce genre de choses qui le ramenaient bien trop facilement à ce temps où sa vie ne dépendait que de sa vigilance. Des réflexes gravés en lui. Tant et tant qu'il lui arrivait parfois de se demander si toutes ces choses n'avaient pas simplement sommeillé en lui. Si tout cela n'avait pas été simplement inné. Downy déglutit. Honteux Ysmael releva son regard glacé vers lui. Et lentement ses mots s'insinuèrent en Downy, Downy qui serrait les dents, encore tendu de cet incident. Ysmael appuyait doucement là où cela faisait mal. Rooney fut tenté d'intervenir par impulsion lui aussi. Mais ce fut son fauteuil qui reçut ces commentaires et ces réponses, gravées en morse dans le caoutchouc. Downy serra les dents, baissant le regard. Regard qu'il ne releva qu'après tout cela, regard peiné et penaud, et trois petits mots. « Un petit peu. » Sourire sarcastique incontrôlable. « Un gros peu. » Corriger les paroles de Gomez. Un petit peu d'alcool n'aurait pas fait tant de dégâts. « Un gros peu, Ysmael. Tu as bu, et tout ce que je voudrais, c'est que ce soit pas à cause de moi. - Downy planta ses yeux noisettes dans ceux d'Ysmael. Le ton revenait dur, peut-être un peu trop rude. Mais même pour lui, il était impossible de dire qui il s'apprêtait à blâmer de lui ou de son voisin - Je suis pas quelqu'un de bien, putain, Ys ! J'ai les mains sales, sûrement autant voire plus que toi ! Me fait pas croire que t'es pas assez fort, putain ! Tu continueras à dire ça quand je bosserais chaque jour à en crever ?! C'est l'alcool qui te fait dire ça. Tu sais, si t'avais pas été là je serais p'tet plus ici du tout ! Cette voiture elle était pour moi, et puis c'est comme ça. C'est fait maintenant. Faut juste croire que je comprends rien tant qu'on me l'a pas dit de façon plus... douloureuse. Si tu tiens à moi, alors putain Ys, fais pas le con comme ça ! » Sensation effrayante et douloureuse d'un sabre à avaler. Son sabre c'était ses propres mots. Qu'est-ce qui lui faisait dire ça ? Ce n'était qu'une énième preuve de sa connerie. Parce que y'avait que ça de vrai, oui. Il était un connard égoïste. Il faisait souffrir tout le monde. Baisser le regard, enfant effrayé par son propre affront. Triturer le bout de ses doigts alors qu'il reprend une belle bouffée d'air nouveau. Il perdait le contrôle, mais lui sans même avoir bu quoi que ce soit. « Excuse-moi. » Pardon demandé à mi-voix, voix hésitante d'un homme ayant peur de faire du mal, encore une fois. Downy se mordit l'intérieur de la lèvre et déglutit. Ne pas oser relever le nez. C'était lui qui devait le plus d'excuse d'eux deux. Lui qui foutait toujours tout en l'air, lui qui menait les autres au gré de ses drames personnels. Tellement égoïste dans le fond, voilà comment il menait sa vie. Il ne l'avait pas demandé ainsi, mais puisqu'il en était l'acteur principal, c'est bien qu'il avait à y jouer un rôle. Un silence s'étira. Pesant et lourd de sens. Un moment que Downy revint briser. Briser avec un sourire un peu triste et pas forcément très contrôlé. « Le truc con c'est que si je suis venu c'était à cause de mes jambes, au début. J'ai cru les sentir, mais c'est trop con, les miracles ça existe pas. »
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Ven 23 Nov 2012 - 21:05
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Des mots. Un flot de mots incontrôlables, syllabes alignées maladroitement les unes à la suite des autres, passant difficilement la barrière des lèvres d'un Ysmael peut être un peu trop impulsif. Peut-être dans un état second. Hypothèse qu'il émit lui même ayant achevé un discours qu'il regretta immédiatement, cependant représentant le fond de tristes pensées. Les siennes. Réalité qu'il avait pourtant eu du mal à accepter et à énoncer à haute voix : il était en réalité bien plus touché qu'il ne l'avait laissé paraître jusque là. Par la situation de Downy. Par celle de sa famille. Par toutes les choses supposées avoir un sens pour lui, une signification quelconque. Celle de liens, d'attachements propres et singuliers qui parfois s'entremêlaient sans raison apparente. Et c'était ce qui se produisait dans le corps incontrôlable qu'était celui de Gomez. Tout se mélangeait. La colère à la peine. L'attachement à l'indifférence. L'alcool au sang, s'immisçant vicieusement dans chaque veine, chaque artère, sans que rien ne puisse stopper l'engrenage qui venait de se mettre en place. Esprit embrumé qui semblait fonctionner d'une manière totalement inédite, plongé sous des vapeurs étranges qu'étaient celles de l'alcool, empêchant une quelconque réflexion. Et donc privilégiant l'instinct. Tel un animal. Une bête. Violence, colère causée par un besoin de survie, de sauvegarde d'un semblable, d'une personne lui étant proche. Bien qu'en réalité en agissant ainsi Ysmael ne faisait qu'éloigner Clarkson de lui. Encore. Comme d'habitude. Fatalité qu'il n'avait pas eu de mal à accepter. Il ne lui apportait que du mauvais, le tirait vers le bas, l'entraînait dans sa chute. Involontairement. Lui avait tenté de l'aider, lui faire sortir la tête de l'eau. Et avait réussi d'ailleurs durant un certain temps, à le faire respirer. Juste un peu. Assez pour qu'il survive jusque là. Seulement la réalité l'avait bien vite rattrapée ; elle était devant leurs yeux : il en reviendrait toujours au point initial. Aussi longue la boucle qu'il formerait pourrait être, aussi tortueux et différents pourraient être les chemins empruntés, le point de départ semblait être sa seule destination. Des souvenirs, un tas de souvenirs. C'était tout ce qu'il était. Incapable d'avancer, incapable de penser à un avenir qui semblait le rejeter. Comme s'il n'était pas destiné à en avoir un.
Après s'être essuyé le visage et être revenu dans le canapé, Ysmael répondit à la question de Downy par un joli euphémisme que ce dernier s'empressa de remarquer. Répondant à ses mots par un haussement d'épaule provocateur, il écouta cependant attentivement chaque mot que Clarkson prononça à la suite de sa remarque. Chaque son qu'il énonça intensifiait ce que Gomez avait ressenti jusque là. De la frustration. Et de la culpabilité. Sentiments auxquels il n'était pas habitué et qu'il repoussait hostilement. Petit à petit, cette colère qu'il avait pourtant réussi à canaliser reprenait le dessus, sans qu'il ne puisse rien arrêter. Une respiration saccadée, des muscles tendus, de nouveau. Il semblait ne pas comprendre. Le lien qui les avait toujours unis paraissait rompu en cette nuit et ces circonstances. Ils le perdaient. Ils se perdaient. Hypothèse qu'Ysmael chassa rapidement dans son esprit, adressant un nouveau regard noir à Clarkson. « T'es pas quelqu'un de bien ?! Tu te fous de moi ?! Ces mains salies comme tu le dis si bien, elles m'ont sorties du trou paumé dans lequel j'étais, du moins pendant un temps. T'as réussi à me faire revivre Downy putain, tu te rends compte de ça ?! Tu te rends compte de l'effet que tu peux produire sur les gens, de ce que tu peux leur apporter ?! Et non j'suis pas assez fort, non merde ! T'es une faiblesse, t'es une putain de faiblesse qui me calme mais qui me rend aussi totalement incontrôlable. Et excuse moi oui, j'suis désolé, vraiment désolé de pas être la personne que tu voudrais avoir en face de toi ! Respiration haletante, rythme cardiaque bien trop élevé, Gomez du faire une pause de quelques secondes en fermant les yeux, tentant tant bien que mal de se calmer. En vain. Il avait besoin de parler, dire, expliquer ce qu'il pouvait bien avoir sur le coeur. Juste une fois. Pour se libérer d'un certain poids qui s'était accumulé au fur et à mesure. Tu le savais Downy ! Tu savais très bien qui j'étais avant qu'on ne se parle vraiment. Et j'suis désolé, tu te porterais sûrement mieux si je n'étais pas là, vu qu'apparemment tout ce que je fais t'atteint aussi ! Et ouais c'est vrai, j'suis un con. J'suis qu'un con. C'est bien connu. » Paroles insensées, discours interprétés, Ysmael perdait le contrôle de lui-même. Quand bien même ces affirmations furent le reflet de la réalité, jamais Gomez n'aurait voulu que Clarkson apprenne ainsi ses pensées les plus secrètes. Laissant cette fois ci son regard posé dans le vide, Ysmael s'enfonça un peu plus dans le canapé en cuir et glissa ses mains sur son visage avant de se masser les tempes. Une pause. Juste une. Avant la rupture définitive de nerfs déjà bien usés. Que pouvaient-ils ajouter d'autre après tout ? Les mots ne venaient pas, les mots ne venaient plus. Il en avait déjà trop dit, avait atteint son quota de syllabes à prononcer une une soirée. Vide. C'était une des seules choses pouvait sentir dans sa poitrine à présent. Un trou béant qui venait de se rouvrir. On lui avait tout pris cette fois-ci. Rien ne demeurait intact. C'était donc à cela qu'était censé ressembler une révélation ? Une flamme ardente, allumée dans un regard et quelques mots ? Il pouvait la sentir sur son coeur, juste au dessus de cette boule d'anxiété qui semblait s'être formée au creux de son estomac. Quelle serait la suite ? Comment Downy réagirait-il ? Tant de questions auxquelles Gomez tentait de répondre silencieusement, imaginant les pires scénarios. Hypothèses que Clarkson vint briser en alignant deux ridicules petits mots à peine audibles, qui valurent à l'espagnol comme seule réaction un léger sourire. Des enfants. Voilà ce qu'ils étaient. Des gamins incapables de s'en vouloir pour quoi que ce soit. Tout du moins, Ysmael lui n'était pas capable de lui en vouloir durant très longtemps.
Un nouveau silence s'abattit sur la pièce. Pesant, et lourd de sens. Gomez, les yeux toujours fermés, ne put adresser un seul mot de plus à son voisin. Tout finirait toujours par se compliquer. La vie d'Ysmael était vouée à devenir complexe puisque lui même l'était. Personnage qu'il s'était imposé afin de se préserver, garder cette partie inatteignable que semblaient être ses sentiments aux yeux du monde. Masque qu'il n'ôtait que rarement comme il venait de le faire. À nouveau, Clarkson reprit la parole. Suite à ses mots cependant, l'espagnol redressa enfin la tête et posa son regard sur l'ancien militaire, les yeux un peu brillants. Brillants d'espoir, bien que le mot paraisse dérisoire. Et il articula, difficilement, ayant encore les idées peu claires. « J'pense que les miracles arrivent seulement aux gens qui les méritent. Et... C'est pas con, Downy. C'est... loin d'être con. » Un sourire, discret mais sincère. Faisant office de drapeau blanc, de paix. Tout du moins c'est ce qu'il espérait.
Spoiler:
tu m'excuseras pour le pavé... je voulais pas du tout faire autant au départ mais... voilà et je te tape pas, ça m'a permis de mettre des fuckin dialogues cools (enfin je trouve)
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Dim 25 Nov 2012 - 11:23
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Les choses s’envenimaient dans un sens qui semblait propre aux deux hommes. Le regret, la déception, le passé ; Ils étaient amers, perdus dans l'océan de la vie, ballottés par les courants et les vents contraires. Naufragés depuis que leur bateau avait coulé, ils étaient des survivants. Et ils erraient, seuls détenteurs du cap de leur vie. Les traits taillés au couteau par la force des embruns, le coeur flottant sur une marée d'alcool parfois, la tête remplie de milles et unes histoires qui ne passeraient que rarement la barrière qui s'était lentement dressée en eux et sur leurs lèvres. Il fallait éviter les mots car c'était eux qui guettaient et touchaient droit au but. Un seul mot détruisait bien plus un homme que si il avait été fusillé. Les mots engendraient une douleur silencieuse, douloureuse mère de toutes ces rancoeurs. Downy avait pris les balles, Downy avait pris les mots. Downy avait usé des armes, Downy avait usé des phrases. Le seul résultat, aujourd'hui, c'était que pour lui plus rien ne se valait. À trop vivre dans ce monde insupportable où l'on se dressait toujours tous les uns contre les autres, il préférait s'effacer. Il avait déjà mené sa guerre, il avait déjà fait trop de batailles. Restaient les embuscades, les traquenards ; Le destin était trop joueur pour abandonner si facilement, la vie trop perfide pour arrêter ainsi son plaisir.
Si seulement les mots en réponse d'Ysmael avaient pu rebondir sur lui comme les galets lancés avec force ricochaient sur l'eau. Mais Downy se noyait toujours dans ces instants là. Il avait beau tenter de se débattre, tenter de garder la tête hors de l'eau, il coulait à tous les coups. Il était celui qui se noyait et celui qu'il croyait être le fautif. Il était sa victime et son propre meurtrier. Cycle infini dans lequel s'était inscrit Rooney, spirale qui l'emportait vers les abysses, vers des abysses dont il ne remontait qu'avec peine. C'était lui le plus con des deux. C'était lui qui n'avait pas su tenir la barre, c'était lui qui avait mené son propre navire à s'échouer sur ces côtes traîtresses. Il resta silencieux, injustement touché par ces mots qu'il n'aimait pas entendre. Un silence tout en sous-entendus. Non, Ysmael n'était pas un con. Non, sans lui il ne se porterait pas mieux. Non, il ne voulait pas le changer. Les bribes qui avaient le plus touché l'ex-militaire le tourmentaient lentement, voletant dans son crâne et s'entrechoquant en silence elles aussi. Une faiblesse, sa faiblesse ? Toucher au point de rupture, et la coque se déchirait, et le navire sombrait, emporté par les tumultueuses eaux sans réponse. Pour briser la couche de glace qui s'étendait doucement, Downy s'arma d'un piolet nommé innocence. Oui, c'était avec une innocence déconcertante, un manque de considération singulier et un sourire brandi en drapeau des espoirs volés, des rêves déchus et des avenirs incertains, qu'il présentait ses mots. Des mots qui ramenèrent le regard de Gomez sur le paraplégique. Ses yeux brillaient et Downy tremblait doucement, face au fait de ce qu'il venait de lâcher. C'était une bombe insoupçonnée. Bombe d'espoir dilué dans un réalisme exacerbé. Ysmael venait de demander la trêve en compagnie de son minuscule sourire. Un cesser le feu salvateur auquel Downy ne pouvait que dire oui lui aussi. Les miracles n'arrivaient pas, même aux bonnes gens, mais arrêter les massacres était toujours une possibilité. « ... Je peux pas imaginer que je les ai senties. C'est pas possible. Tu me planterais une fourchette maintenant dans la cuisse que je serais pas capable de le remarquer ! » Et ainsi revenait-il, vrai symbole d'une vie passée à espérer et dédramatiser. Sortir une connerie par-ci par-là, détendre l'atmosphère ou du moins en faire la tentative. Avec, toujours en fond d'écran, gravée en arrière-plan, une gêne anxieuse qui lui collait à la peau ; Anxiété, stress ou manque de tact, qu'importe. Toujours baissait-il les yeux après un petit sourire aux éclats enfantins et se triturait-il les doigts, incertain.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Dim 2 Déc 2012 - 8:54
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Un bruit incessant, perpétuel recommencement de mots qui semblaient prendre plus de proportions en cet instant que jamais. Et le flou, oui. Flou auquel Ysmael ne parvint que tardivement à s'adapter. Brume terne, grisâtre. Celle d'une vie toute entière. Ici ou ailleurs, aujourd'hui ou hier, tout avait toujours été confus. De nombreuses fois les chemins avaient été sinueux, tortueux, semés d'embûches et de surprises. Goût de l'inconnu qu'il avait fini par accepter, Gomez avançait aveuglément sur un terrain glissant, laissant alors le peu de confiance qu'il avait encore en ce monde guider ses pas l'un après l'autre, surveillant simultanément ses arrières afin de se protéger. Ne pas se faire bouffer par cette ombre, masse mouvante et sombre qui semblait le poursuivre, se cacher derrière chacun de ses mots et se faufiler entre chaque geste. Une menace permanente qu'il était pour lui-même, destruction à laquelle il avait participé indirectement. Cette ombre était la sienne. Partie de lui-même forgée au fil du temps, basée sur un modèle non très glorieux. Attirance inévitable à laquelle il tentait d'échapper chaque jour, lutte acharnée qu'il ne cesserait probablement jamais de mener. Lui filer entre les doigts, prendre la fuite, et la voir s'enfuir dans un regard. Un seul. Deux prunelles brunes d'une profondeur effrayante, abîmes dans lesquelles il semblait s'être perdu mais aussi trouvé. La personne qu'il aurait voulu être se trouvait là, dans le regard de Downy. Un homme droit et respectable qui semblait vivre et non survivre. Bonheur probablement illusoire qu'il tentait de propager autour de lui, oubliant son passé, ses peurs. Fantôme d'une personne qu'il pensait avoir été un temps, et qui finirait par disparaître. Comme tout le reste.
Le silence se faisait bien trop bruyant. Et ses mots, ceux qu'Ysmael avait lâchés spontanément résonnaient encore, se fracassaient contre chaque mur de la pièce avant de revenir tourbillonner dans son esprit. Assemblement de syllabes bien trop vraies à son goût qu'il avait laissé s'échapper d'entre ses lèvres avant de mourir auprès des oreilles de Clarkson qui lui semblait presque aussi confus que Gomez. Ôter le masque, découvrir la vérité et mettre des noms sur les choses. Pièce de théâtre qu'il avait lui-même montée de toute pièce qui semblait s'effondrer sous le poids d'un attachement bien trop important. Downy terrassait tout. Absolument tout. Un coup de vent, une tempête ayant littéralement changé ses certitudes, ses envies, anéantissant tout sur son passage afin de reconstruire quelque chose de nouveau, gardant simplement comme base les quelques débris d'une vie qui paraissait leur avoir appartenu un jour.
Un drapeau blanc agité, un nouveau sourire, timide qui emplit cependant la pièce d'un nouvel air beaucoup moins lourd. Une pause, juste une. Le temps d'un instant, remettre ses idées en place et faire taire ce feu ardent propre à sa colère qui s'était une fois de plus emparé de lui quelques minutes auparavant. Ses regard posé sur Downy, ses yeux clairs plongés dans les siens, Ysmael cru défaillir un instant. Il ne faisait pas le poids contre cette profondeur, face à toutes ces choses qu'il pensa lire durant une seule seconde dans ses prunelles chocolatées. Alors, troublé, il baissa le regard restant cependant attentif aux mots qui suivirent. Ils parvinrent à lui décrocher un nouveau sourire, un seul. Et c'est en redressant légèrement la tête qu'il lui répondit cette fois-ci calmement. « J'pense que je n'ai pas besoin de la fourchette pour te croire... Tu peux dormir ici si tu veux, Downy. » Il se mordit la lèvre. Un gamin. Un gamin maladroit qui tentait de se faire pardonner, encore. De ses mots. De ses actes. Ainsi que de cette déception qu'il pensait injustement avoir causée. Mais il ne s'agissait pas que de ça, non. Gomez ce soir là semblait avoir besoin de lui à ses côtés. Vulnérabilité qu'avait engendrée sa consommation, inconsciemment Clarkson semblait lui apporter une sensation de sécurité, chose qu'il lui rendait bien. Alors, sur un ton qui se voulut plus léger, il ajouta maladroitement. « Je vais rester dans le canapé. De toute façon je suis pas certain d'être en capacité d'atteindre ma chambre... » Un nouveau sourire dissimulant une réalité elle bien existante. Mais c'est ainsi qu'il vivait. Il cachait, dissimulait, et survivait. Tout du moins jusqu'à aujourd'hui.
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Dim 2 Déc 2012 - 11:37
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Sur ce terrain glissant, perdu dans cette tempête de neige, Downy avait toujours avancé à vu. Tenter sa chance encore et toujours et risquer chaque jour tout ce qu'il avait en avançant ainsi sur cette si mince couche de glace. Plus d'une fois, sous son poids, alors qu'il manquait d'attention, la glace s'était brisée sous ses pieds, et lui avait glissé dans les eaux gelées. Les entrailles de la Terre l'avaient attirées, inéluctables ennemies lui ouvrant si souvent les bras en vieux compagnons. Il manquait de se noyer, perdait toute force dans un combat déjà couru d'avance. Le noir se faisait au fur et à mesure qu'il coulait et se fondait dans les abysses immuables d'un monde sous-marin gelé dans une vie où le temps n'avait plus de place. Et alors qu'il chutait, arrêtait de se débattre, vaincu par KO, les forces s'inversaient, et il y avait encore moins le contrôle. On l'arrachait à la mort comme la vie l'avait précipité dans ce gouffre; sans raison, sans justification. Seuls les faits prenaient de l'importance. Il remontait à la surface, traîné par un autre, et l'on devait encore vider ses poumons des eaux froides qui l'avaient fait prisonnier, mais qu'importe, puisqu'on l'avait déjà arraché à ce monde meurtrier où se prenaient les dernières inspirations d'un homme. Revenir à la vie, être arraché des griffes de la Mort pour une énième fois. Et encore, et toujours, grâce à des hommes. L'évidence s'était faite lentement, mais Clarkson avait eu tant de temps pour réfléchir récemment. Il n'était pas fait pour vivre une longue vie avec une femme. Trop instable, trop fragile pour cela. Trop maladivement accro' à l'amour, et à cette chose qui en découlait et bien souvent lui avait manqué. Se sentir protégé, à l'abri de tout dans les bras d'un autre, et surtout de lui-même. Quand son accident avait eu lieu, plus que les autres fois, il avait plongé dans le lac glacé, s'était enfoncé dans un monde à chaque seconde un peu plus sombre. Il avait failli y passer encore une fois, son coeur, petit coeur affaibli, le lâchant en route. Mais au final, on avait décidé pour lui qu'il était trop tôt pour s'effacer. Et ainsi était-il revenu dans la course, non sans être spolié au passage.
Un cessez-le-feu général, des airs de gamins désolés. S'énerver trop longtemps l'un contre l'autre leur était impossible. Ils s'étaient chacun plus d'une fois sauvés des eaux glacées et meurtrières. La proposition de Gomez mit Downy en position arrêt. Il battit des paupières, manqua de bégayer. Le naturel revenait au galop. Et lui appuyait son offre, mince sourire aux lèvres. Clarkson déglutit. « De.. Je... Non mais c'est bon ça va aller Ys, je vais pas te déranger en plus. » Tentative maladroite de sourire. Il se mordit doucement la lèvre inférieure, regardant ailleurs. Par politesse, par pudeur, parce qu'il ne s'était jamais imposé et que ce n'était pas dans son genre, il déclinait. Non, déjà qu'il venait encore causer le trouble et semer la zizanie, il ne voulait pas par-dessus le tout s'imposer ainsi. Il ne le voulait pas mais ne savait plus. Parce que si premièrement il était venu voir Ysmael à cause des doutes que ses jambes avaient semées en lui, il y avait beaucoup plus de doutes derrière ceux-là aussi. Des doutes et des peurs. Relever le nez, hésiter un instant, avant que les paroles ne sortent, flot fébrile. « Une journaliste est venue me voir, elle était au courant pour ma virée, et je comprends pas comment parce que j'en ai parlé à personne quasiment et c'est pas logique, on peut pas s'intéresser à moi comme ça, je veux pas d'ailleurs ! Merde j'me rends compte maintenant, j'aurais pas du lui répondre, imagine ce qu'il peut arriver ? Tu sais j'avais dit au père de Steve que j'étais pas assez fort pour être un héros, que j'avais rien d'un héros, que je voulais pas être un héros et que j'en serais jamais un parce que j'étais tout le contraire ! Il marqua un temps de pause, se mordant la lèvre inférieure, regard baissé. Il s'emportait pour un rien tout-à-coup. Il ne tournait vraiment plus rond. Il reprit une belle inspiration, ferma les yeux un instant, déglutit et les rouvrit. Il reprit, un peu plus calme, se triturant pourtant nerveusement le bout des doigts : Je m'inquiète pour un rien. J'abuse. C'est pas un pauvre article de bas de page fait par une apprentie journaliste qui devrait me mettre dans cet état-là.. Mais putain, j'crois qu'il va se passer un truc, je sais pas trop, mais il va arriver quelque chose. J'arrive pas à dire quoi, ça m'échappe totalement. » Il releva le nez, et croisa le regard bleu glacé d'Ysmael. Minuscule frisson. De toutes les manières, il perdait pied, perdait le contrôle. Il aurait eu besoin de la chaleur d'un autre corps contre le sien, qu'on le serre dans des bras, qu'on calme ses peurs. Qu'on lui dise clairement que tout irait bien. Juste pour profiter, se leurrer un peu naïvement, attiser l'espoir qui brûlait dans ses yeux d'enfant perdu. Tout irait bien. Tout irait bien.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mar 4 Déc 2012 - 14:20
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Une explosion de sentiments chaque seconde un peu plus exposés. La vérité, et quelque chose de simple mais à la fois tellement compliqué. Tel était le script lorsqu'ils se voyaient. Mots qu'ils semblaient l'un comme l'autre suivre à la lettre, tomber dans les pièges que l'autre semblait tendre et cesser de se débattre le temps d'un instant, stopper cet acharnement insensé que pouvait être celui de leurs vies. Une pause, un court répit, s'abandonner à la confiance d'un homme qui tant de fois lui avait évité la chute. Filet incassable que semblaient être les mots de Downy, douce consolation que pouvait être sa voix qu'il écoutait toujours sans l'ombre d'un doute. Comme s'il avait été la seule personne à croire, le seul Homme capable de savoir ce dont il avait besoin et ce qu'il attendait des gens qui l'entouraient. Secrets respectifs partagés dans un silence, noyés dans plusieurs regards lourds de sens, compréhension muette que pouvait être leur complicité. Cependant ils s'efforçaient toujours tous deux de mettre des sons sur ces aveux. Leur donner matière, les faire vivre aux yeux d'un interlocuteur disposé à entendre, mais surtout à écouter. Et les voir danser ces mots, virevolter et leur échapper. Rien du tout. Ils ne contrôlaient rien. L'un comme l'autre. Le masque tombait, les espoirs renaissaient, et le mensonge fuyait bien trop effrayé par cette abondance de réalité. De vrais mots, avec un sens bien précis, un but défini, une réaction ciblée et une volonté de se faire comprendre. Parler, discourir. Entrouvrir ses lèvres et laisser une vérité trop crue s'échapper d'entre elles. Chose ô combien impressionnante pour des Hommes ayant passé leur vie dans l'ombre, le silence, et l'indifférence. Ils existaient pourtant, et tentaient de le faire savoir à travers un assemblement de syllabes enchevêtrées les unes sur les autres. Bazar indescriptible qu'ils semblaient être les seuls à comprendre. Passer du noir au blanc sans arrêt par le gris. Eux comprenaient, se comprenaient. Ou tout du moins tentaient, bien que parfois les réactions de l'autre furent bien trop implicites. Relation étrange qu'était celle de Clarkson et Gomez, qu'ils semblaient avoir tissé sur cette façon singulière qu'ils avaient tous deux de pousser l'autre vers le haut. Lui attribuer ce qu'il semblait mériter. Un peu de réconfort, beaucoup de confiance, et un attachement qui paraissait ne connaître aucune limite si ce n'était celles qui n'avaient pas encore été fixées. Pour la première fois de sa vie Ysmael semblait être lui-même avec quelqu'un. Et pour la première fois de sa vie il pensait s'être réellement attaché. Il pouvait le deviner à ces sentiments qu'il semblait partager avec Downy, cette compassion et ce besoin irrépressible de le protéger. Peur bien réelle qui semblait l'avoir envahi depuis longtemps déjà. Et surtout, il le constatait en sentant cette douleur innommable qui elle s'était installée en lui lorsque l'ancien militaire avait toqué devant chez lui. Peine qu'il avait pu lire dans ses prunelles chocolatées, et qu'il avait presque instantanément ressenti lui aussi. Échange incessant, partage de vies, mais aussi de sensations parfois bien difficile à cerner.
Le calme après la tempête. Le ton était redescendu, et ils se regardaient l'un comme l'autre, un sourire infantile et insouciant dessiné sur des lèvres timides. Quelques mots qui vinrent se faufiler dans la conversation, involontaires, reflétant cependant un réel souhait. Et d'un nouveau sourire toujours très peu convaincu il tenta d'appuyer sur ses mots, vainement. Le visage d'Ysmael se teinta alors d'une légère déception, cependant il ne put réprimer ce semblant d'amusement qui apparut sur son visage en voyant Clarkson quelque peu dérouté par sa proposition. Réaction qui troubla quelque peu Gomez mais qu'il trouva aussi étrangement agréable à observer. Et ainsi, ses yeux toujours posés sur un Downy, il ajouta plus doucement après s'être mordu la lèvre. « Tu me déranges pas, sinon je ne t'aurais pas proposé. De toute façon vu l'heure on va pas dormir beaucoup. Et j'ai envie que tu restes ici. » Et se fut à son tour alors, de paraître gêné. Il esquissa un léger sourire maladroit et baissa la tête comme un gamin. Innocence qu'il retrouvait aux côtés de son ami, sensations qu'il pensait avoir depuis bien longtemps oublié naïvement. Downy le rendait meilleur, oui, mais lui permettait aussi de retrouver une insouciance qu'il n'avait jamais vraiment connu, et qu'il regrettait. Mais oui, il lui rendait cela oui. Justice qui semblait enfin être faite, enfant qu'il n'avait jamais vraiment été et qu'il redevenait contre son gré. Réactions incontrôlées que provoquait son ami sur lui, et qu'il appréciait particulièrement silencieusement.
Redresser la tête de nouveau, faire face à cet homme qui changeait bien plus Ysmael qu'il n'aurait pu le croire, et l'écouter. Laisser filer ce flot de mots tout comme lui l'avait fait quelques minutes auparavant, enregistrer, et tenter de ne pas craquer. Un appel à l'aide. Un nouveau. Leurs derniers échanges avaient été rythmés aux sons de différentes alarmes, toutes plus retentissantes les unes que les autres. Et encore maintenant Clarkson l'interpellait, et lui faisait savoir. Tout. Rien. Amas de détail qui en apparence ne représentait rien mais qui signifiait pourtant tant de choses. Alors, incertain, l'espagnol s'approcha de lui et vint poser une main sur son épaule, le regard planté dans le sien. Il aurait aimé avoir son courage, et le prendre dans ses bras comme lui l'avait fait la dernière fois. Mais Gomez le savait bien, il était un lâche. Incapable d'assumer ses actes, ses mots. Incapable d'assouvir ce dont il avait réellement envie. Et c'est dans un frisson, un long frisson, de ceux qui vous transperçaient le cœur et le corps, qu'il vint glisser quelques mots maladroits. « Tout va bien se passer Downy. Je t'assure. Tout ira bien maintenant. » Les yeux perdus dans ceux de Clarkson, une inspiration qui se voulut bien plus profonde qu'il ne l'aurait souhaité. Ysmael sourit une dernière fois, pressant ses lèvres l'une contre l'autre. Une fois de plus la seule chose qui lui permettait de ne pas défaillir était Downy. Une fois de plus, celle qui était la cause de son déséquilibre était Downy. Aussi.
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mer 5 Déc 2012 - 8:48
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Et après la tempête, le calme revenait, mince réconciliation des éléments de ce monde. Ce fut par pure pudeur que Downy déclina l'offre d'Ysmael. Parce que rester seul chez lui encore, tous deux solitaires dans leurs mondes similaires, n'était pas non plus la pensée qui le ravissait le plus. Savoir que quelqu'un n'était pas loin. Quand Ysmael répondit encore, ils eurent probablement l'air aussi gêné l'un que l'autre. Des gamins. Maladroits. Rarement à l'aise pour exprimer les choses qu'ils voulaient vraiment, dans ce genre de cas. Downy se mordit la lèvre inférieure. Ysmael. Un homme qui, dans le fond, était comme lui. Et, souvent, bien aussi seul, si ce n'est plus. Leur rencontre n'aurait en général pas été propice à la fondation d'une amitié. Une droite perdue dans une bagarre et le nez de Downy était sévèrement abîmé. Tous jetés du bar, sur le trottoir, après que beaucoup des belligérants ayant participé à la bagarre dans laquelle Clarkson s'était retrouvé victime sans le vouloir, il n'était resté qu'eux. Eux deux. Et Gomez s'en était probablement voulu, et avait emmené Downy aux Urgences. Rien n'aurait voulu qu'ensuite ils ne retombent l'un sur l'autre dans ce même service où Ysmael avait mené le professeur. Rien n'aurait voulu qu'ils parlent cette fois, se découvrent. Rien n'aurait voulu qu'ils soient voisins, que Downy arrive à apaiser son ami. Rien n'aurait non plus voulu que Downy ait ce court instant d'inattention, que cette voiture n'arrive pas à freiner, que ce macadam proprement étalé au sol lui serve de lit. Que son coeur ne le lâche doucement, au propre comme au figuré, que ses jambes ne lui fassent défaut, que son monde ne s'écroule encore une fois.
Mais il avait été là. Et cette nuit-là, Downy retrouvait ses vieilles amies les angoisses. Certes cette journaliste, à sa façon, avait rappelé à Downy qu'il n'avait pas perpétré que des horreurs et vu des gens mourir. Lui avait cru libérer un peuple en partant là-bas. Rétablir la paix, nettoyer la vermine et la pourriture qui empêchait le peuple de se former en démocratie, de grandir, de s'ouvrir. Laisser un pays stabilisé et uni derrière lui, avec le sentiment d'avoir sauvé et aidé des gens. Certes il y avait ces histoires de guerre contre le terrorisme. Mais le plus dur, ainsi sur le terrain, avait été de réaliser que cette guerre n'était pas la sienne, la leur. Qu'il se battait sous la bannière étoilée pour des choses qui lui échappaient encore. Des histoires de politique, d'économie. Il était compréhensible maintenant de voir les attachements de Clarkson. Lui aussi avait eu cette fièvre en croyant que malgré tout, l'Amérique changerait. Comme tout le monde ou presque. Mais à ce jour, la politique ne l'intéressait même pas, même plus. Il tentait de vivre sa vie, au minimum de survivre.
Une main posée sur son épaule alors qu'il tentait avec un peu de mal de calmer ses ardeurs. Toujours dans l'excès, lunatique et impulsif. Encore plus depuis son réveil, il perdait le fil de ses sentiments, perdait leur contrôle. N'était plus capable de retenir et d'encaisser comme il l'avait fait avant. Relever le nez en entendant ces mots. Être retenu par les iris glaciaux d'Ysmael et par la chaleur qui pourtant se lisait dans ses pupilles. Ces mots-là, c'étaient eux que Downy souhaitait toujours en silence. Il voulait continuer de se faire des promesses, quitte à en être déçu. Si il se blasait, un jour, de la vie et du futur, il n'aurait plus aucun but, plus aucune envie de voir le lendemain. Alors, la chute serait proche, plus proche qu'il ne le voudrait jamais. Ce geste venant de Gomez, Downy le savait, était déjà beaucoup. La dernière fois, il avait débordé, à bout, ne sachant plus que faire pour soulager ses nerfs chauffés au fer blanc. Aujourd'hui, il hésitait presque, en conflit intérieur. Il n'y a pas d'ambiguïté ? Tous les amis venaient toquer à la porte de l'autre en pleine nuit et se lâcher ces mots porteurs de vérité, le tout parce que, tout simplement, l'un avait pris peur ? Il ne rentrerait jamais dans la norme. Ils ne rentreraient jamais dans la norme.
« Ys.. » Pas grand-chose. Une voix sourde. Downy baissa les yeux, se mordillant l'intérieur de la lèvre inférieure. « Je reste alors. » Reprendre un peu d'aplomb. La doucereuse sensation de s'apitoyer sur son sort commencer à lui apparaître, et de toutes les choses possibles, c'était bien ce qui haïssait et voulait éviter. Autant qu'il ne voulait pas qu'on parle de lui, autant qu'il voulait parfois qu'on le protège, autant qu'il gardait cette flamme d'espoir brûlant en lui et dans ses prunelles en général, il ne supportait pas qu'on s'apitoie à son égard. Il s'était quelque peu adoucit à ce sujet, certes, en comprenant après quelques semaines qu'il ne se tirerait pas de tout ça sans l'aide des autres, mais il ne voulait pas qu'on le voit comme un énième pauvre handicapé. Il était un être humain, il avait son honneur, tout comme il avait ses doutes et ses peurs. Sur ce point, tout le monde était semblable. Il pinça les lèvres, jeta un regard incertain vers Gomez. « Tu devrais en profiter pour décuver, toi. Tu vas avoir une bonne gueule de bois demain matin. » Et ainsi les airs de drame constant pouvaient s'envoler quand Downy disait les choses, avec un sourire encore mal assuré aux lèvres. Ainsi soit-il. Il déglutit, prit une jolie bouffée d'air. Et reposa son regard sur son ami. Un instant passa, avant qu'il ne rajoute : « Et que tu dormes sur ton canapé ne t'aidera pas, aussi. »
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Dim 9 Déc 2012 - 13:05
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Tout se mêlait, tout s'emmêlait. Les mots, les sensations, les sentiments ressentis. Tout semblait en cet instant ne former qu'un nœud, un énorme nœud, symbole de souvenirs enchevêtrés les uns sur les autres. De souhaits qui avaient été un jour les siens, brisés par une réalité qui elle le poursuivait jour et nuit, sans jamais lui offrir un seul répit. Hanté par son passé, ses peurs, ses démons, Ysmael bien des fois avait cru perdre pieds, se noyer dans des souvenirs bien trop douloureux pour lui. Mais Downy avait été là. Derrière chacun de ses faux pas, lui l'avait ramené dans le droit chemin. Parfois même sans mots, juste grâce à un regard auquel Gomez s'accrochait, et dans lequel il restait plongé des minutes durant. Pour se sauver. Mais aussi parce qu'il se sentait incapable de tenir debout sans lui. Point d'ancrage aussi étonnant soit-il d'une vie passée à se laisser porter par les courants sans jamais vraiment effectuer de choix important. Si ce n'était celui qu'il avait fait de partir. Partir, partir loin, et fuir. Comme toujours. S'éloigner des restes d'une vie qui lui avait appartenu, de parents dont il ne savait plus rien aujourd'hui ; vivants ou morts. Et aujourd'hui il semblait seulement commencer à se battre. Un peu. Se battre contre ce que la vie semblait attendre de lui ; se battre contre ce qu'il était censé devenir. Un homme rentrant dans les rangs, dépendant de sa famille, orgueilleux, manipulateur à souhait. Traits de caractère qui semblaient disparaître auprès des personnes qu'il aimait. Traits de caractère qui semblaient disparaître auprès de Clarkson. Côté tant haït qui s'évanouissait instantanément, laissant place à un homme qu'il aurait aimé être. Protecteur. Aimant - peut-être même un peu trop. Et c'est ainsi qu'il resta les yeux plantés dans ceux de Downy, durant quelques secondes qui lui parurent une éternité - tout du moins assez pour qu'il détourne le regard et ne retire sa main de son épaule, se mordant la lèvre sûrement un peu trop fort.
Gêné. Cette chaleur indescriptible qui prit place en Ysmael en un millième de seconde le troubla quelque peu. Et, tentant de ne pas laisser paraître ce malaise, il évita le regard de Downy en baissant la tête, celui-ci étant à présent sûrement trop proche de lui. Inspirant profondément, Gomez resta ainsi, pressant nerveusement ses lèvres l'une contre l'autre, écoutant attentivement les mots de son ami. Parce que c'est ce qu'il était. Un ami. Un très bon ami, en qui l'espagnol croyait aveuglément, et aimait inconditionnellement, même s'il n'osait se l'avouer. Pudeur, fierté, tant de causes qui semblaient l'empêcher de montrer un attachement quelconque qui pourtant lui était bien réel. Mais surtout par peur. Il semblait effrayé de le voir un jour partir, comme tous les autres. Une nouvelle perte, un nouvel abandon qu'il ne supporterait peut-être pas. Clarkson avait pansé tant de choses en l'espagnol ; ces brèches immenses qu'avaient pu être celles de son passé ; cette haine intense qu'il pouvait éprouver à son égard, tout avait cessé. Unique remède que semblait être l'ancien militaire pour lui. Et d'une certaine façon, il semblait en être devenu dépendant. Sans s'y être vraiment attendu, sans l'avoir voulu. De cela aussi il était effrayé. Les proportions qu'avaient pris une rencontre qui pourtant n'aurait rien présagé de bon si ce n'était une victime de plus de ses coups. L'intensité des choses qu'ils partageaient silencieusement ; spectateurs d'un lien qui leur échappait totalement, leur filait entre les doigts, les soumettant alors à ce qu'ils pouvaient tous deux ressentir. Et jusque là jamais ils n'en avaient réellement parlé. De tout. De ça, surtout. Cette façon si particulière qu'ils avaient tous deux de se soucier de l'autre, ce partage hors du commun qu'Ysmael n'avait jamais connu. Jusqu'au retour de Clarkson, tout n'avait été qu'insouciance, longues discussions non sans sous-entendus, mais pourtant sans qu'ils ne se disent respectivement ce qu'ils pouvaient avoir sur le cœur. Et cet éloignement avait en quelque sorte permis à Gomez d'expliquer. Mettre des mots sur ce qu'il avait ressenti, et ce qu'il sentait encore grandir en lui en cet instant même si parfois ces choses lui échappaient.
Il ne prêta pas vraiment attention aux mots de Downy. Bien trop troublé. Bien trop perdu. La respiration bien qu'un peu plus intense, il parvint à modérer cet excès de sensations trop importantes pour l'homme qu'il était. Canaliser. Et ne rien montrer. D'une certaine façon, Ysmael pensait qu'une fois de plus son corps lui échappait. Différemment cependant. La voix de Clarkson résonnait dans son esprit sans qu'il ne parvienne pourtant à comprendre la signification de ces sons. Le regard toujours baissé, il tenta de répondre maladroitement. « Ouais... T'as sûrement raison. » Suite à ses mots, il redressa les yeux, venant alors les planter de nouveaux dans ses prunelles chocolatées, tentant probablement de retrouver l'équilibre qui lui manquait cruellement ces dernières minutes. En vain. Au contraire, Gomez crut une nouvelle fois perdre pieds et ferma les yeux quelques secondes en fronçant un peu les sourcils, glissant ses mains sur son visage. L'ancien militaire se tenait encore à ses côtés, incertain. Et lui semblait l'être encore plus. Ses sentiments se troublaient, tout comme ses envies, mais une pourtant paraissait prédominer : avoir Downy contre lui. Souhait qui semblait refaire surface en cette nuit, qu'il s'était pourtant appliqué à faire taire depuis plusieurs jours. Depuis que son ami était revenu d'entre les morts. Besoin irrépressible de le protéger, le prendre dans ses bras et ne plus jamais le lâcher. Mais aussi bien plus. Bien plus qu'une simple étreinte. Il voulait plus, toujours plus. Expansif qu'il était. Éternel insatisfait qu'il était. Rouvrant les yeux, rouvrant ses yeux, il laissa ce flot de sentiments couler, humidifiant alors ses joues de liquide lacrymal. Gomez baissait les armes. Ce combat, il l'avait perdu. Cette bataille qu'il avait pourtant mené contre lui-même durant de longs jours, il l'abandonnait, fatigué, exténué. Son cœur avait gagné, et son corps répondit à cette victoire. Il s'approcha alors timidement de Downy après avoir inspiré profondément, et vint glisser ses lèvres sur les siennes, incertain. Cette proximité soudaine, celle qu'il avait pourtant tant voulu inconsciemment ne fit qu'accroître son déséquilibre. Alors, sans qu'il ne puisse réprimer aucun de ses gestes, il vint poser sa main sur la nuque de Clarkson, pressant fermement ses doigts contre celle-ci tant ce baiser le bouleversa. Pour une fois dans sa vie, Ysmael Gomez se laissait aller dans les bras de la personne qu'il pensait aimer, peut être un peu trop. Pour une fois dans sa vie, il prenait des risques. Et en cet instant, jamais il ne s'était senti aussi vulnérable. Telle était la personne qu'il devenait aux côtés du professeur ; un enfant. Maladroit et timide. Terriblement sincère. Terriblement dépendant.
Dernière édition par Ysmael J. Gomez le Mar 1 Jan 2013 - 7:14, édité 1 fois
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Dim 9 Déc 2012 - 15:51
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
L'incertitude était leur seul langage. Mais une seule, désormais, une seule incertitude n'était plus. Une seule incertitude qui volait en éclat et venait s'écraser à leurs pieds. Ce monde n'était pas taillé pour eux. Et voir pour la toute première fois ces perles salées couler le long des traits d'Ysmael remua Downy de l'intérieur. Encore un peu plus, l'incertitude vint se loger au creux de son ventre. Il déglutit. Ysmael pleurant. Downy hésitant. Hésitant, certes, mais n'en ayant désormais plus le temps. Il vit Gomez s'approcher timidement de lui, il vit la scène au ralenti. Incapable d'agir, d'oser ne serait-ce que bouger. Il regardait cet homme, il le regardait, il regardait ses larmes, il regardait.. Ses lèvres se joignirent aux siennes. Un instant de surprise. Comme si il ne s'y était pas attendu. Il papillonna des paupières l'espace d'une seconde. Mais déjà la main chaude de son voisin se glissait derrière sa nuque, déjà, il lui rendait ce baiser, les yeux mi-clos. Ses doigts vinrent se glisser de part et d'autre du cou du Gomez. Le tenir contre lui, prolonger cette étreinte. C'était impromptu et pourtant si prévisible. On ne pouvait s'attacher ainsi à quelqu'un en toute innocence. On ne pouvait laisser une amitié si dévorante à un stade si haut gradé. Suite logique des choses. L'appartement d'Ysmael était mal éclairé, et la lumière tamisée laissait des ombres tremblantes se tracer et s'effacer, renaître et s'enfuir. Ce qui galvanisait Downy, ce qui lentement redonnait constance et force aux battements de son coeur alors qu'encore, il embrassait cet homme, cet ami, celui qui peut-être serait à nouveau plus que tout pour lui, oui, c'était l'Amour. Avec un grand A. Il était peut-être tôt pour parler avec ces termes-là. Car dès que leur baiser s'effilocherait dans les limbes du temps, dès qu'ils se sépareraient, les explications seraient demandées et à fournir, sans doute. Mais Downy avait cru perdre tout espoir de ressentir cela à nouveau. Et cette fois encore, peut-être encore plus pleinement. La première fois, cette première fois avec un autre homme gravé dans sa mémoire, mémoire ineffaçable, il avait cru se sentir enfin complet. À une exception près. Un vide immuable qu'il avait finalement comblé, une fois la fatalité passée. Un seul Amour. Certains disaient qu'on n'avait qu'un seul grand amour, durant notre vie. Une seule personne, une personne parmi des milliers, un élu. Clarkson ne croyait rien. Il croyait ce qu'il voyait, ressentait, subissait. Et de plein fouet, la fougue et le souffle de vie l'avait cueilli, ici, au beau milieu de la nuit. Braeden lui avait ouvert les yeux. Et aujourd'hui, il pouvait voir Ysmael. Le voir, lui, ses failles, ses forces, son souffle de vie. Et, comme bien trop souvent, déjà se faire un film, imaginer l'histoire derrière tout cela. Il devait arrêter. Les désillusions étaient trop courantes et tout retombait si souvent à ses pieds.
Ils durent pourtant se séparer, leur baiser prendre fin. Downy, si sûr de lui durant cette étreinte, retrouva sa vieille amie l'incertitude dès cet instant. Peut-être qu'il s'emballait, espérait encore trop. Mais pourtant, ce baiser, il n'en était pas à la racine. Mais Ysmael, lui, si. Rooney n'arrivait plus à lâcher le regard bleuté d'Ysmael. Il aurait aimé ne pas le lâcher tout court. Se confronter à la réalité alors qu'il ne savait même plus si il en était encore de son ressors. « Je... Ys'.. » Voix rauque et yeux brillants. Il cherchait une réponse dans ceux bleus glaciaux du Gomez. Une réponse, de l'espoir, un signal. Lui certifier qu'il n'avait pas rêvé, que c'était bien vrai. Que c'était possible. Qu'il lui dise que ce n'était pas une erreur, que c'était conscient. Downy s'emballait trop rapidement. Il ne voulait plus voir filer ses amours, sa vie, son destin. Le prendre à bras le corps, l'empêcher de fuir. Peut-être devait-il faire de même avec Ysmael. La tension qui faisait vibrer Downy, cette sensation que le temps s'était arrêté et que pourtant, le monde filait autour de lui, ces éléments contradictoires, tout cela fut peut-être déclencheur. Déclencheur de cette main, qui vint d'abord se poser sur le tissu du t-shirt d'Ysmael, puis de ces doigts qui le prirent pleinement et l'agrippèrent, et ce bras qui le ramena vers lui, alors qu'il tendait le cou. Et que leurs lèvres, encore, se rencontraient. Downy serrait le t-shirt noir de Gomez avec hargne. Ne pas le laisser partir, s'évaporer, disparaître. Goûter encore ses lèvres, ces lèvres-là qui venaient de réveiller quelque chose en lui. Sentir son souffle, leurs souffles, se mêler et s'emmêler. Le grain de sa peau, la saveur de sa bouche, l'odeur de son corps. L'embrasser à en crever, presque. C'était la chaleur humaine, la flamme de l'espoir, la boule de feu dévastatrice qui renaissait des cendres de cet amour qu'il avait perdu. Ne rien entendre d'autre que son coeur, leurs coeurs qui tambourinent, et leurs respirations qui se perdent. Ne rien voir d'autre que lui, et tout son être, et toute son âme. La petite chose maladroite qu'il était n'agissait pas ainsi en général. Mais la généralité allait mal à ces deux hommes-là.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Lun 10 Déc 2012 - 13:55
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Les mots n'avaient pas leur place ici, les mots n'avaient plus leur place. L'implicite cependant utilisé à plusieurs reprises n'avait pas suffit. Quelques gestes, quelques regards qui s'étaient noyés dans les conversations sans qu'aucun d'eux deux ne remarquent leur réelle signification. Les mots n'avaient pas d'impact. Aucun. Les gestes si, bien plus. Tout dire dans un silence. Ainsi était-il suspendu aux lèvres de Downy, ultime façon de lui montrer. Montrer tant, tant de choses qui lui avaient échappé et lui échappaient encore. Désir nouveau, désir brûlant. Celui de savoir. Comprendre ce qui pouvait se passer, tenter vainement d'expliquer cette réaction impromptue. Et apprendre. Dans un baiser, un seul. Apprendre tant de choses sur lui qu'il n'aurait lui-même pas soupçonné le temps d'un instant. Clarkson le révélait. Peut-être trop. Ôter son masque, montrer ses cartes. Une fois de plus. Mais cette fois-ci bien plus explicitement qu'auparavant. Donner, encore, toujours, tout donner à cet homme en qui Ysmael faisait confiance comme il ne l'avait jamais fait jusqu'ici. Lui confier ses doutes, ses peurs. Sceller la question qui juste ici était demeurée sans réponse ; et s'il s'agissait de plus ? Plus que simple, plus que deux, plus que lui. Compliqué, un, nous. Sans vraiment savoir pourquoi, ni expliquer comment. C'était lui. Bien des fois Gomez s'était retrouvé dans cette situation, avait goûté à des lèvres, mais aucune d'elles n'avaient été un jour désirée à ce point, ni n'avaient provoqué ce flot de sentiments qui se mélangeait, s'emmêlait, et qu'il avait tant de mal à contrôler. Tristesse. Fatigue. Colère, aussi. Mais un prédominait. L'envie, envie irrépressible qui l'avait poussé agir ainsi, et qui à présent le faisait maintenir son ami contre lui, même si la peur de devoir en venir aux mots le paralysait, aussi. Craindre les explications, celles qu'il devrait fournir, alignant quelques syllabes maladroites qui une fois de plus causeraient un désaccord. Lâche qu'il était, il savait qu'il prendrait la fuite, une fois de plus. Incapable d'expliquer. Incapable ne serait-ce que de comprendre ce qui était en train de se produire. Le souffle chaud de Downy glissant sur son visage, ses lèvres brûlantes tout contre les siennes, ces cœurs qui semblaient le temps d'un instant battre à l'unisson, rythme effréné que ces derniers semblaient avoir pris tous deux depuis quelques secondes, et qu'ils partageaient. Encore. Toujours. Il lui avait toujours tout donné, et aujourd'hui lui offrait encore plus. Plus que des mots, plus qu'une confiance, plus que n'importe quoi. Ysmael lui offrait la possibilité de le réduire à néant, celle de le voir souffrir plus que jamais auparavant.
Tout finit par s'interrompre. Clarkson se dégagea de son étreinte, les yeux plantés dans les siens. Regard qu'il ne put décrocher, une nouvelle fois. La main toujours posée sur sa nuque, dernier contact physique qui les réunissait encore à présent, Gomez ne bougea pas d'un centimètre. Terrifié. Silencieux, il resta ainsi plongé dans les deux prunelles sombres se trouvant face aux siennes, ne tentant ne serait-ce qu'un instant d'en sortir. Dans une longue inspiration cependant, il tenta de reprendre ses esprits, reprendre à son souffle qui lui avait été pris, volé dans l'intensité. Seule sa proximité comptait. Besoin à présent vital de toucher, regarder, aimer. Aimer par les sens, aimer par les mots, aimer de toutes les manières possibles, aimer silencieusement. Dans un baiser, nichés dans un regard, bercés par ces ombres qui en cette nuit ne faisaient que les rapprocher. Deux mots. Deux petits mots qui parvinrent à franchir les lèvres de Downy. Suppliants. Implorant une explication, une réaction, une seule. Son qu'il ne parvint cependant à émettre, la gorge encore nouée, comme il l'avait prédit. Et il se contenta de le regarder, de ses yeux qui s'humidifièrent une nouvelle fois. S'excuser, peut-être. Tenter de se faire pardonner pour cette incertitude, ce terrain glissant dans lequel il les avait tous deux emmenés. Chemin qu'ils avaient pourtant toujours partagé depuis leur rencontre, et qui aujourd'hui semblait cependant prendre un tout autre sens. Celui des doutes, de peurs, encore. Plus intenses, plus importantes, mais aussi nouvelles. Il s'excusait, pour cela. Semer le doute. Alors que jusque là il avait tenté de l'effacer. Et c'est l'ancien militaire, qui, cette fois-ci vint le sauver. En rattrapant ses lèvres, en le rattrapant lui. Ysmael esquissa un sourire, un infime sourire avant de répondre à ce baiser avec plus de conviction, mêlant passion et tendresse. Tendresse qu'il se découvrit dans les bras de Clarkson, rassuré, confiant. Instinctivement, il s'approcha encore un peu plus de lui, rompant alors les quelques derniers centimètres qui les séparaient encore. La respiration haletante, son cœur qui lui semblait s'emballer à nouveau, reprendre ce rythme effréné, course sans fin qu'il semblait avoir décidé d'entamer, et à laquelle son corps semblait répondre machinalement. Et c'est ainsi qu'il pressa de nouveau ses doigts contre la nuque du brun, glissant cette fois-ci doucement son autre main sur son torse alors que chaque nouveau contact lui valait un frisson, électrisait son corps d'une nouvelle décharge ô combien délicieuse. Force et délicatesse. L'un ne pouvait vivre sans l'autre, paradoxalement. Équilibre précaire, l'un paraissait compléter l'autre parfaitement, accentuant alors d'autant plus le plaisir qu'ils pouvaient tous deux respectivement procurer. Combler les failles par ses qualités, effacer les défauts par amour. Et se sentir complet. Sensation qui depuis bien longtemps l'avait quitté et qu'il venait de retrouver auprès de Downy. Si différents mais pourtant si semblables. Dépendants, tous deux. Dépendants de leurs rêves qu'ils abandonnaient, de leurs envies qu'ils laissaient habituellement filer. En ce jour, les choses paraissaient changer. Ysmael attrapait son désir, le serrait dans ses bras, et l'embrassait sans aucune retenue. Parce qu'il lui faisait confiance. Et parce qu'il l'aimait, il l'aimait intensément, et cet amour inconditionnel renaissait parmi les débris d'une vie qui avait été sienne. Un jour, il s'était fait confiance. Aujourd'hui, il se faisait confiance. Et c'est en sentant les lèvres de son voisin venir chercher les siennes qu'il semblait croire à nouveau en cet homme qu'il avait été. Être aimé. Voilà ce qui lui avait manqué. Et voilà ce qu'on lui apportait aujourd'hui dans la nuit.
Dernière édition par Ysmael J. Gomez le Dim 16 Déc 2012 - 5:20, édité 1 fois
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mer 12 Déc 2012 - 7:26
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Baiser volé dans la tempête qui les avaient soufflés sur cette île déserte. Aride paysage ou chaque repaire n'était plus, et où encore, les mêmes questions se formulaient, insatiablement. Et il ne leur restait que la poussière à mordre, poussière résultant de l'incinération de leurs rêves. Brûlés vifs, poussés dans leur tombe. Les illusions qui planaient au-dessus de leur tête avaient toutes finies par s'écraser au sol. Et encore, et toujours, mordre la poussière. Île déserte. Aride de simplicité, aride de bonheur hebdomadaire, aride de rêves et de futurs. Attendre, alors, que le jour suivant arrive, obstinément. Et garder l'espoir un peu fou du naufragé naïf. L'espoir qui faisait vivre, l'espoir qui alimentait la flamme tremblotante de vie en eux. Le sable s'était incrusté dans chaque plaie, l'eau de mer avait à chaque fois léchait les écorchures, encore. Et cicatriser, là aussi, était devenu un rêve d'utopiste. Au mieux, la plaie resterait à vif. Au pire, le tout s'infecterait. La plaie s'infecterait, souillée, et la douleur se décuplerait. Le risque grandirait, l'incertitude avec. Et viendrait le jour, où, sans autre issue, l'amputation serait obligatoire. Se spolier d'une chance, d'une vie, d'un espoir, d'un rêve, pour essayer de grappiller un peu de rabe.
Canot de sauvetage, bouée, voilier pointant ses ailes blanches à l'horizon. Les lèvres d'Ysmael avaient remonté Downy des abysses dans lesquelles il était reparti se noyer. Contact physique, si physique qu'il en devenait surréaliste. Sentir rien qu'un peu de chaleur. La chaleur d'un autre corps. Enfin une autre que celle du soleil qui aveuglait Downy jour après jour, brûlant sa peau, son corps et son âme. Soleil implacable au rayonnement infini. Soleil noir. Soleil de mort, de désespoir, d'incertitude. Etoile brûlante brillant par son manque de clarté. Downy n'aurait jamais imaginé. Imaginé que son voisin puisse lui faire cet effet. Qu'Ysmael puisse l'aimer. Que tous ces sentiments enfouis ne soient pas encore définitivement enterrés. Tout était éclipsé. Ne restaient qu'eux, corps et âmes fébriles cherchant à se libérer de ces carcans qui les emprisonnaient. Downy brûlait. Brûlait de chaque parcelle de son corps. Vivre. C'était à cela que ça ressemblait, définitivement. Se sentir vivant, entièrement. Complet. Entier. Un Homme. Ne plus être cette ombre, ce fantôme, ce simulacre d'être humain, d'être vivant. La poigne de Clarkson tenait et résistait. S'accrocher à son t-shirt et à tellement plus. S'accrocher à ce rêve, à ce nouvel espoir, à la vie. Doucement, leur étreinte se prolongeant, Rooney laissa une de ses mains glisser sous le t-shirt du Gomez. Sentir sa peau, frissonner. Les muscles taillés et tendus, la chaleur qui émanait de son corps. Sentiment et ressenti surprenants. Ysmael était une bête tout de muscle et de sang. Mais finalement, Downy n'en était pas si éloigné. Ysmael avait la force que Downy n'arrivait plus à garder. Et cette capacité, oui, de dire ces mots magiques. Tout irait bien. Formule magique. Oui. Le besoin frappant de toujours être rassuré.
Dans tout cela, où était passé le romantisme et le romantique ? Downy bégayant et rougissant comme un adolescent ? Un adolescent. Justement. Il avait réussi à grandir, déjà rien qu'un peu. Peu de chose, mais déjà beaucoup pour lui. Et puis, on y trouverait facilement du romantisme en masse, dans cette situation. Deux voisins, deux amis, se trouvant et se réunissant sous le coups et le poids des doutes et de la vie. Et les ombres rendraient la scène plus mythique à raconter. Downy aurait pu brûler les étapes. Peut-être l'aurait-il voulu. Il voulait aimer. L'aimer. Aimer Ysmael maintenant qu'il avait compris que c'était ce qu'il voulait. Compréhensible alors de voir parfois comment Clarkson voguait de désillusions en désillusions. Il rêvait trop, espérait trop, voulait trop, s'emballait et ne voyait pas la catastrophe se rapprocher. Mais son coeur lui disait pourtant qu'il n'y aurait pas de catastrophe prévue. Pour une fois, Rooney ne quémandait même plus d'explications et de raisons valables. Grandir, c'était aussi accepter. Que parfois les mots n'arriveraient pas à tout expliciter. Que parfois se taire et arrêter de questionner était meilleur. Se décrocher des lèvres du Gomez, un instant. Il le tenait toujours, fébrile peaux contre peaux. « C'est con, hein. Tu m'as foutu en pain comme rencontre, et on a passé notre temps à construire cette amitié avec des conneries.. et des putains de drames. Mais.. Ys.. » Mais quoi ? Un blanc dans sa tête. Ses prunelles noisettes reflétaient parfois au coin de ses yeux les lumières légères. Downy, toujours coincé dans son monde d'incertitude, ramena un peu plus le Gomez vers lui. Il le lâcha, lâcha ce t-shirt qu'il avait tant serré d'une poigne dure. Regarder et détailler ce visage. Il était beau. Ysmael était beau. Et c'était bien la première fois que Clarkson se l'avouait. Oser passer une main et ses doigts dans les cheveux sombres de l'espagnol. Les yeux brillants discrètement. « Je.. Ys.. J'veux rester avec toi. » Demande d'un enfant. Demande d'un adulte. Demande d'un Homme.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Dim 16 Déc 2012 - 14:12
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
La respiration haletante. Se raccrocher, encore, toujours à Clarkson et le garder contre lui le plus longtemps possible contre lui. Garder l'espoir. Ce qu'il représentait. L'espoir qu'il pouvait devenir l'homme qu'il était à ses côtés, pensées ô combien égoïstes. Downy le sauvait. Dans tous les cas. Il lui avait sorti la tête de l'eau, et, à présent, tout contre lui, il le faisait revivre. À travers ces baisers, ces caresses, Ysmael se sentait vivant. Plus qu'il ne l'avait jamais été. Nouveau souffle de vie qui se créait lorsque leurs respirations s'emmêlaient, Gomez se délectait du plaisir que pouvait être celui de sentir l'homme qu'il voulait lui appartenir le temps d'une étreinte. Peut-être finirait il par partir. Peut-être finirait il par le laisser seul. Incertitudes qui ne faisaient qu'accroître le désir déjà grandissant de l'homme qu'il était, et ainsi, à plusieurs reprises, il vint rattraper les lèvres de Clarkson entre les siennes, glissant ses mains tour à tour sur sa nuque et sur son torse. Ne pas le lâcher. Jamais. Et laisser ce corps qui semblait ne plus être sien parler à sa place. Tout dire en agissant. Perdre la raison au simple contact physique, avoir le souffle coupé suite à chaque baiser échangé, et brûler. Il brûlait, se consumait intensément, et laissait ces braises si agréables s'emparer de son corps comme Downy le faisait en cet instant. Terrasser les doutes et les incertitudes, combler ces brèches qu'ils avaient tant de fois mentionnées sans vraiment jamais parvenir à les refermer entièrement. Devenir quelque chose. Pas qu'un simple amas de souvenirs, pas qu'une pensée. Devenir quelqu'un. Tout du moins aux yeux d'une seule personne. Mais donner, aussi, tellement en retour. Sa confiance. Tout son être. Mais surtout, oui surtout, un amour qu'il n'avait jamais offert. Qu'il avait gardé précieusement enfouis au fond de son être, derrière les masques et les faux semblants, et qu'il avait vainement tenté de garder secret lorsque Clarkson était revenu. Vulnérabilité qu'il n'avait accepté que difficilement, lui lui avait tout pris. Sa force. Celle qu'il pensait avoir en étant indifférent au monde qui l'entourait. Ses certitudes, ses peurs. Lui avait tout dévasté sur son passage, mais avait cependant reconstruit tellement en échange. Un monde entier. Un nouveau monde. Le leur. Bulle imperméable à la souffrance dans laquelle ils s'étaient tous deux mutuellement enfermés volontairement, se protégeant l'un et l'autre. Et s'aimant, oui. De toutes les manières dont ils auraient pu le faire. Même si ce n'était que difficilement qu'ils avaient fini par se l'avouer.
Un long, doux frisson parcourut le corps entier d'Ysmael lorsque Downy vint glisser sa main sous son t-shirt. Un de ceux qui déchiraient les muscles, glissaient sur une peau déjà brûlante et amplifiaient un sentiment de plénitude déjà bien ancré dans un coeur prêt à succomber au choc. Décharge électrique qu'il semblait recevoir à chaque nouveau contact, s'intensifiant chaque seconde un peu plus. Réaction purement physiques. Réactions qui lui échappaient. Son esprit lui semblait ne plus répondre, déconnecté de la réalité. Et c'est cruellement que Clarkson vint rompre cette étreinte, baisers qu'il interrompit et se reculant quelque peu du visage de Gomez. Juste assez pour que ce dernier n'ouvre les yeux et plonge son regard dans les deux prunelles noisettes qui se tenaient face à lui, tout en se mordant la lèvre intérieurement. Durant quelques secondes, il se contenta de rester ainsi, contemplant le visage de Downy, détaillant chacun de ses traits qu'il connaissait pourtant déjà très bien. Cependant se fut l'ancien militaire qui brisa le silence, et l'espagnol ne se concentra que difficilement sur les mots qui franchirent ses lèvres. Un sourire, discret bien que significatif se dessina sur son visage lorsqu'il fit allusion à leur rencontre, et il baissa la tête, peu fier, toujours attentif aux paroles de Clarkson. Il redressa cependant le regard lorsqu'il s'interrompit, le questionnant silencieusement de ses yeux clairs. Gamin désorienté qu'il redevenait dans le silence, sous les prunelles chocolatées qui s'étaient posées sur lui quelques secondes auparavant. Et c'est en balayant ce léger malaise qu'il acheva sa phrase maladroitement, les yeux brillants. Ysmael esquissa un nouveau sourire, plus franc cette fois-ci. Et il répondit, doucement, le regard perdu dans celui de Downy. « Et je veux que tu restes avec moi. » Venir l'embrasser à nouveau, timidement. Puis approcher lentement ses lèvres de son oreille, et glisser ces mots dans un souffle. « J'veux pas que tu partes, Downy. » Paroles qu'il prononça sans vraiment réfléchir, lourdes de sens. Telle était sa seule crainte. Le perdre. Et il ne se l'avouait qu'à présent. Ysmael n'avait pas peur de grand chose, non. Mais Clarkson et les sentiments qu'il pouvait ressentir à son égard l'effrayaient. Bien plus qu'il n'avait jamais pu l'être. Il vint alors glisser ses bras autour du cou de Downy, et se serra contre lui, tel un enfant. Ne pas le lâcher, non. Ne pas le laisser lui échapper.
Dernière édition par Ysmael J. Gomez le Jeu 3 Jan 2013 - 7:59, édité 1 fois
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Lun 17 Déc 2012 - 7:29
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Corps à corps. Un combat où tous deux étaient gagnants. Downy frissonnait de sentir ainsi Ysmael. Tout contre lui. Et ces mots, ses mots, enivrantes promesses qui, cette fois-ci, ne seraient pas les plus dures à tenir. Sentir son souffle caresser le creux de son oreille, sa respiration glisser le long de son cou. Par légères et discrètes vagues, sa peau s'hérissait en chair de poule, tremblement de désir. Rester dans ses bras. Une minute, une heure, une nuit. Passer une main à l'arrière de son crâne, ses doigts s'entremêlant dans sa chevelure. Une étreinte, et leurs lèvres qui se retrouvaient avec aisance. Instinctivement. Downy se consumait sur place. Première histoire avait été celle d'une chaleur incandescente qui n'avait fait que grandir. Ici, et maintenant, Downy avait pris feu telle une torche. Explosion de toutes ces choses en un seul instant, trop plein de sentiments, carburants de leur combustion l'un pour l'autre. Dans ses veines, dans son coeur, adrénaline et endorphine l’anesthésiaient du reste du monde. Ne restait que lui, Ysmael. Eux. Gomez n'eut pas de mal à soulever Downy de fauteuil. Seulement vêtu d'un sweat et d'un caleçon, l'ex-sniper se raccrocha à la nuque de l'autre homme, et à ses lèvres. Encore un baiser. Il n'était pas très lourd. Ne l'avait jamais été. La peau, les os, les muscles; Et le coeur. Coeur de Downy qui jouait dans sa cage thoracique alors qu'il mordillait avec douceur et envie la lèvre inférieure d'Ysmael. Sa bouche, ses lèvres, ses yeux. Ses bras le tenant. Il le lâchait, il tombait. Mais il ne le lâcherait pas. Il ne le lâcherait plus. Ne l'avait jamais lâché. Downy brûlait. Chaque contact de ces peaux laissait la brûlure se faire. Brûler. Si sa peau brûlait à chaque effleurement, qu'importe alors. Il brûlerait vif, le coeur en cendres, les veines en flammes. Sa peau, tatouée par le feu à son nom. Encore un baiser. Sa peau, sa respiration, son âme, son être. Ysmael.
Downy ouvrit lentement les paupières. Le rythme tout proche de son oreille le calmait, rassurante mélodie humaine. Rester dans cette brume du réveil. Rester dans cette brume.. Il battit des paupières, éclaircissant sa vue. Son coeur venait de faire une ratée. À la force des bras et des coudes, comme il avait appris à le faire, il se redressa. Attendez.. Ce n'était pas chez lui. Déglutir, laisser son regard errer sur la pièce plongée dans la pénombre, rideaux tirés. Un bordel incomparable, il n'y avait pas d'autres mots. Ses yeux noisettes dérivèrent. Jusqu'à se poser sur celui encore endormi à ses côtés. Nouveau raté de la part du coeur de Downy. Ysmael. Et puis, magie du réveil et de l'éclaircissement de ses pensées, le souvenir de la nuit remonta à la surface de son esprit. Downy déglutit, et tenta de calmer sa respiration qui elle aussi s'était accélérée sans qu'il ne le veuille consciemment. Ysmael. Downy se laissa lentement retomber, fermant les yeux. Ysmael. Une nuit avec lui. Un réveil blotti à ses côtés. Clarkson revint se loger doucement contre le Gomez. Retrouver le rythme de son coeur et de son corps assoupi. Il ne lui restait qu'à le regarder. Regarder cet ange déchu encore perdu dans les limbes. Quelle heure était-il ? Il n'en savait rien. De toute façon, il se retrouvait condamné à rester ici. Son fauteuil roulant n'était pas dans le coin, alors il en était ainsi. Si Downy avait passé le premier choc, une once de surprise tremblotait encore en lui. Ils en étaient arrivés ici, alors, oui. Choc et satisfaction mêlés. Downy pinça les lèvres, déglutit. Oh, il savait qu'Ysmael avait bu avant qu'il ne lui rende visite. Il mettrait du temps à se réveiller. Downy, pourtant, se redressant sur un coude, lâcha un petit « Ys'.. ? » . Était-ce vrai, était-ce arrivé ? Probablement. Mais qui sait.. Downy se reprit à se mordre la lèvre inférieure. Cette nuit, quelque chose avait dérapé, et tout avait changé. Lui, Ys, eux. Leur amitié. Ce qu'il en résultait. Ce qu'ils deviendraient. Clarkson se laissa de nouveau retomber la tête sur l'oreiller, et passa ses deux mains sur son visage. Terminer nu comme un ver dans le lit du voisin de palier deviendrait-il quelque chose de courant ? Se souvenir se rappelant à lui laissa un maigre sourire nostalgique et pourtant amer aux lèvres. C'était la première fois, la première personne, qui l'avait fait se sentir quasiment entièrement vivant. Cette nuit, encore plus était arrivé. Il avait vécu. Pour de vrai.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mar 18 Déc 2012 - 17:11
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Frissonner à chaque nouveau contact mais pourtant avoir l'impression de brûler, brûler comme jamais il ne l'avait fait auparavant. Sensations contradictoires se mêlant et s'emmêlant, corps contre corps, peau contre peau. La respiration haletante, les lèvres perdues contre celles de Clarkson, mais qui pourtant retrouvaient toujours leur chemin après chaque répit qu'ils s'offraient - bien que ces derniers furent courts. Gestes instinctifs qu'il enchaîna machinalement, effleurant du bout des doigts ce corps entier qu'il désirait tant en cet instant. Ses lèvres, son cou, sa nuque... Son coeur parlait, leurs coeurs parlaient. Et ces deux là, étant à présent si proches semblaient retentir à l'unisson dans leurs poitrines respectives, ne formant qu'un. Downy. La personne qu'il voulait, encore, toujours. Sentir son souffle chaud glisser sur son visage, graver tant bien que mal ces images floues dans son esprit. Sous ses baisers, Ysmael revivait. Leurs blessures respectives, celles qu'ils avaient tous deux partagées s'évanouissaient dans la nuit, mourraient entre leurs lèvres et s'enfuyaient avec leurs peurs. Seules leurs propres ombres dansaient à présent dans la pièce, s'emmêlant, tendrement, sensuellement. À leur image. Délicatesse inédite mêlée à une passion naissante, c'est de cette manière que Gomez rapprocha encore un peu plus Clarkson de lui, le maintenant fermement contre lui. Ne pas le laisser s'enfuir. Et se raccrocher à lui, encore. Comme le sauveur qu'il était. Nouvel espoir qu'il lui offrait ; celui d'être heureux. De vivre, oui. Vivre dans ses yeux, à travers ses baisers, se glisser dans ses mots et se nicher dans son coeur. Downy.
Un souffle chaud glissa sur son torse, caressa son visage doucement, silencieusement. Un long frisson, tendre, lui parcouru le corps entier. Cependant il resta immobile, l'esprit encore partagé entre le rêve et la réalité. Le bruit des froissements de ses draps, et une voix, qu'il reconnut instantanément, le sortant soudainement des limbes partielles dans lesquelles il semblait encore plongé. Ouvrir un oeil. Puis l'autre, non difficilement. Ysmael se redressa maladroitement, s'appuya contre la tête de lit et posa son regard sur la place supposée être libre à ses côtés. Les yeux légèrement plissés, il mit du temps à s'habituer à la pénombre, et glissa ses prunelles claires sur le corps présent à ses côtés. Downy. Gomez battit des paupières, plusieurs fois, palpa d'un air paniqué la main de Clarkson présente à ses côtés afin de vérifier son existence. Un long, profond soupir s'échappa d'entre ses lèvres tandis qu'il ferma les yeux, sa mémoire lui rappelant soudainement sa soirée de la veille par flash-backs explicites. L'espagnol se mordit la lèvre, la tête toujours posée contre le mur, avant de murmurer à mi-voix. « Merde... » Ainsi était-ce vraiment arrivé ? Lui, et Clarkson ? Mal à l'aise, il posa cependant son regard sur le corps de Downy, esquissant involontairement un léger sourire qu'il ne put réprimer sans vraiment savoir pourquoi. Puis, il planta ses deux yeux dans les siens après les avoir cherché durant plusieurs secondes, ces derniers se perdant dans l'obscurité. Un ton incertain. Maladroit. Déconcerté. À l'image de tous ces sentiments qui s'étaient emparés de lui à son réveil. « J'suis désolé Downy je... » Il déglutît, incapable d'achever sa phrase. Qu'est-ce que tout cela signifiait donc ? Pour lui. Pour eux. Eux deux. Association nouvelle que son esprit eut bien du mal à faire, tandis que lui s'asseyait sur le rebord du lit en enfilant un caleçon et un jogging. L'incertitude, la peur, et les doutes l'assaillaient de toute part, et c'est en tentant de leur échapper qu'Ysmael se leva difficilement et adressa un nouveau regard troublé à Clarkson qui, étrangement, fit naître en lui une pointe de désir qu'il chassa machinalement de son esprit et de son coeur. Se reprendre. Il devait se reprendre. Pour la survie de leur amitié, bien qu'inconsciemment, une partie de lui ne souhaitait plus qualifier cette relation de simple amitié. Un léger sourire, discret, qu'il ajouta au ton quelque peu rassurant qu'il employa. « Je te ramène ton fauteuil. Et je suppose que tu veux tes fringues, aussi... Je... J'arrive. » Minimiser, encore, toujours. Et c'est en sortant de la chambre que Gomez lâcha prise. Se laisser tomber dans le canapé, prendre son visage entre ses mains. Et revoir, encore, toujours, ces images si agréables qui revenaient en boucle dans son esprit sans qu'il ne puisse rien contrôler. Il ne comprenait pas. Ne se comprenait pas. Et ne voulait peut-être pas tout simplement comprendre. Une nouvelle inspiration profonde. Ysmael se releva, tenta de cacher le trouble qui s'était emparé de lui et ramassa non sans pensées annexes les vêtements de Downy avant de revenir dans la chambre, un sourire quelque peu gêné aux lèvres, poussant le fauteuil de Clarkson devant lui. Il posa les affaires de ce dernier sur le lit, approcha le fauteuil de son voisin et se mordit la lèvre instinctivement en posant de nouveau son regard sur lui. « J'crois que... J'vais aller dans le salon, le temps que tu t'habilles. C'est du café que tu prends, c'est ça ? Détourner le regard, tel un gamin, timide et fuyant. Jusque là Gomez s'était appliqué à ne faire aucune allusion, cependant les mots qui suivirent franchirent la barrière de ses lèvres sans qu'il ne puisse les retenir. Sauf si tu veux partir, maintenant. Je comprendrais, enfin, tu fais ce que tu veux après tout... » Maladresse ne lui étant habituelle, il croisa de nouveau le regard de Clarkson mais ne détourna pas le sien, cette fois-ci. Questions silencieuses qu'il lui posa, interrogations sans réponses, il resta ainsi, quelques secondes, perdu dans ses prunelles chocolatées sans cette fois-ci éprouver la moindre gêne, et même au contraire se sentit rassuré, paradoxalement. Comme si aujourd'hui son regard possédait une nouvelle signification, d'une force inédite, d'une flamme nouvelle qui semblait ne briller que pour eux. D'une flamme inconnue qu'Ysmael pensait avoir oublié.
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mer 19 Déc 2012 - 7:32
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Les souvenirs de la nuit en accéléré. Et la pointe de malaise qui commençait à percer en Downy qui saisissait l'ampleur, enfin, de ce qu'il s'était passé. Ysmael sembla tout aussi interloqué et perdu que lui, allant jusqu'à vérifier que oui, il était bien réel; du moins cela sembla-t-il ainsi à Clarkson. Des excuses. C'était ce que venait lui formuler Ysmael, grandement éloigné ce matin-là de son assurance habituelle. Downy ne savait plus sur quel pied danser, enfin, façon de parler. Hum.. Oui, alors. C'était bien arrivé. Lui, Ysmael. Eux. Downy se mordit la lèvre inférieure, regardant à la dérobée le Gomez. Ils avaient probablement tout simplement merdé. Mais le souvenir de ce qui s'était passé entre eux deux, même si il laissait Downy un poil perplexe et surtout relativement gêné, ne lui était pas désagréable. Loin de là. La chaleur du corps de l'espagnol contre le sien, leur souffle se mêlant, l'odeur de sa peau, le goût de ses lèvres, la douceur de ses caresses et pourtant la fougue emplie de désir avec laquelle ils s'étaient raccrochés aux lèvres de l'autre. Oh non, ne pas penser à cela. Non, non, et non.. Dans quel pétrin ils s'étaient foutus, bon sang ? Ysmael s'excusait, mais c'était bien lui qui l'avait embrassé en premier. Ne pas répondre au coup de l'impulsivité qui avait failli faire sortir d'entre les lèvres de Downy un magnifique et grandiose "C'était pour rire, pour jouer, alors ?". Non. Et plutôt, comme il lui arrivait si souvent, manquer de piquer un fard et savoir pertinemment que si il voulait prononcer un mot, il serait proche de bégayer et s'emmêlerait les pinceaux avec grandeur. Déjà, Ysmael revenait, poussant son fauteuil et le peu de vêtement dans lesquels Downy était venu toquer à sa porte, la nuit passée. Un sweat, un caleçon, un fauteuil. Downy se mordilla la lèvre inférieure, évitant sans le vouloir les yeux bleutés d'Ysmael, même si leurs regards se croisèrent pourtant. « De.. Je.. Hum. Oui oui, café serré le matin... C'est c'que j'prends, oui. » Partir maintenant ? Clarkson était définitivement trop troublé pour cela. Alors qu'Ysmael quittait la chambre, il batailla pour se rhabiller et se hisser dans son fauteuil. Qu'est-ce qu'ils n'avaient pas foutu, cette nuit...
Le hic, avec l'appartement de son voisin, restait aussi qu'il était en bazar complet. Downy se fraya du mieux qu'il le put un chemin. En plus de la pénombre dans laquelle la pièce était plongée, cela n'arrangeait pas ses affaires. Ne pas penser à ça. Enfin si. Non. Oh, vieille amie incertitude, tu n'avais plus toqué à la porte de l'esprit de Downy habillée de cette robe-là depuis des mois.. C'était le bordel, aussi, dans la tête de l'ex-militaire. Ce regard, bon sang, ce regard.. Il semblait indéniable qu'ils avaient passé une nuit qui devait mettre un terme au mot exact "amitié" pour définir leur relation. Deux amis ne se désiraient pas à ce point, en général, ou alors quelque chose clochait franchement. En attendant, Downy ne savait plus vraiment comment agir et réagir. Le calme qui devait encore résulter d'un endormissement partiel, ou d'un réveil, au choix, l'avait quitté. Et c'était instinctivement qu'il se triturait le bout des doigts, poussant les roues de son fauteuil pour rejoindre Gomez. "Je.. Heum.." Il avait retrouvé Ysmael, dans son jogging. Et son torse, son torse nu, et le toucher de sa peau, et les muscles tendus en-dessous et.. Houla. Se réfréner. Il s'emballait, comme toujours. Il s'emballait tout le temps. Qu'est-ce qu'il y avait à dire ? La dernière de ses histoires avait suivi un schéma plus que similaire. Un voisin, un ami, puis un amant, un homme à aimer, celui qu'il pensait être l'homme de sa vie même... Et tout s'était écrasé au sol d'un seul coup. Ne pas penser à ça non plus. Bon sang, il avait la tête retournée et pourtant ce n'était pas lui qui avait fait ami ami avec une bouteille de whisky la veille au soir. ".. Je.. Ys'.. Si.. Si toi tu veux que je partes, dis-le moi, hein. C'est pas que je veux pas, enfin non.. mais voilà, mais euh.." Relever le nez vers Gomez. Aussi maladroit qu'un adolescent. Lui qui croyait avoir grandi ces derniers mois retomberait encore et toujours au même stade, c'était certain. Il se mordit l'intérieur de la lèvre inférieure, déglutit, baissa son regard noisette, le releva pour se faire happer par les yeux bleus glacés d'Ysmael. "...C'était pas qu'un jeu hier soir... ? Enfin.. j'veux dire cette nuit. Hum.. Tu m'comprends... Hein ?" Et l'Oscar du plus grand maladroit de tous les temps était décerné à Downy Rooney Clarkson pour sa maladresse légendaire. Si certes, certaines et certaines disaient que cela faisait son charme, ça le foutait surtout dans des situations assez délicates. Peut-être et même sûrement qu'il avait sorti une connerie monstre à l'instant. Il déglutit, tritura le bout d'une des manches de son sweat gris chiné, s'appliquant à la détailler du regard, et releva encore une fois les yeux vers Gomez. Qu'est-ce qu'il n'avait pas foutu et n'était pas en train de faire, mais alors.. Il ne savait plus vraiment quoi faire, quoi penser, quoi dire. Génial. Et les images de la nuit passée ne l'aidaient pas. Oh non. Parce que les lèvres d'Ysmael avaient un goût comme nulles autres, et qu'il était, encore une fois, en train de se laisser distraire par ce flot de pensées.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Lun 24 Déc 2012 - 12:11
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Les souvenirs d'une soirée délicieuse revenaient à lui, chaque seconde un peu plus explicites. Frissons incongrus, le coeur serré, Ysmael resta quelques minutes le regard perdu dans le vide. Tout lui revenait en masse, soudainement. Chaque caresse, chaque son, baiser échangé lui valait un nouveau frisson, faisait renaître cette flamme intense qui l'avait fait se consumer la veille. Downy. Downy était celui qui avait provoqué cela. Ce flot de sentiments, sensations inédites que jamais il n'avait connu. Constat qu'il eu du mal à s'avouer à lui-même. Et lorsque ce dernier le rejoignit, le coeur de Gomez s'emballa de nouveau trop rapidement. Cependant il ne lui adressa aucun regard, aucun mot. Fuyard qu'il était. Lâche qu'il était. Incapable de le regarder, en réalité. Observer ce visage qui à présent signifiait autre chose. Autre chose qu'un simple ami, un voisin de pallier. Tellement plus. Et peut-être trop. Trop pour lui, trop pour cet homme qui n'avait jamais aimé. Trop pour ce corps qu'il n'avait jamais réellement donné. Jusqu'à hier. Jusqu'à ce que Clarkson soit à lui. Nouvelle pensée qui lui valut un long, très long frisson. Doux, et tendre. À son image. Celle qui restait gravée en cet instant dans l'esprit d'Ysmael. Image qu'il tenta de chasser rapidement en glissant la tasse de café qu'il avait préparée quelques minutes plus tôt vers Downy. Deux petits mots passèrent la barrière de ses lèvres. Lui n'y prêta pas attention, toujours silencieux. Qu'aurait-il pu dire ? Les mots ne suffiraient pas. Trop faibles pour traduire ces sensations si contradictoire qui menaient une bataille sans pitié dans son corps entier ; frissons glaciaux mêlés à une flamme ardente qui brûlait encore aujourd'hui.
Briser le silence. Clarkson fut le premier à le faire, maladroitement. Gamin qu'il était. Gamin terriblement adorable et attirant. Et c'est ainsi qu'Ysmael redressa son regard vers lui, une fois, se mordant la lèvre après avoir trempé celle-ci dans le café brûlant. Reposant sa tasse sur le plan de travail devant lui, il détourna le regard après avoir observé Downy durant quelques secondes puis lui répondit d'un ton involontairement détâché. « Tu restes si t'as envie de rester, Downy... Je vais pas te forcer à faire quoi que ce soit. Tu fais ce que tu veux. » Ne pas croiser ses yeux. Surtout pas. Au risque de défaillir, encore. Cependant Gomez ne parvint pas à atteindre cet objectif et se replongea très facilement dans les abysses du regard de Clarkson. Etrangement celui-ci lui permit une nouvelle fois de se détendre, un peu. Et il resta ainsi, quelques secondes durant, perdus dans ces yeux qui l'avaient tant fait chaviré quelques heures auparavant. Mais qui cette fois-ci lui permettaient de se calmer. Tout comme Downy l'avait toujours fait. Canaliser ses émotions, ses sentiments. Sauf un. Un seul, qu'il ne s'avouait toujours pas malgré qu'il y ait succombé la veille. Et ce regard, ces deux prunelles charbonneuses ne faisaient qu'amplifier, encore, ce qu'il tentait de faire taire vainement. Seuls les mots qui suivirent permirent à Ysmael de se décrocher de ce regard. Ses mots si cruels à entendre. Ainsi pensait-il qu'il ne s'agissait que d'un jeu ? Sa réputation le suivait, encore. Et l'homme qu'il s'était toujours évertué à faire paraître aussi. Narcissique, insouciant et égoïste. L'oppose exact de la personne qu'il voulait être, et qu'il était aux côtés de Clarkson. Cependant entre ses lèvres ces sons ne firent que plus cruels encore, quand bien même il en ait l'habitude. La personne à laquelle il avait donné toute sa confiance, pour laquelle il s'était appliqué à tenter de devenir quelqu'un de bien doutait encore elle-même de ses intentions. Et c'est sûrement involontairement qu Downy blessa Ysmael, profondément. Ainsi ne répondit-il pas de suite, sentant son coeur se serrer toujours un peu plus suite à ces mots. Reposant finalement son regard sur lui, l'espagnol lui répondit d'un ton involontairement quelque peu agressif. « C'est vrai que ce serait tellement drôle de foutre une relation pareille en l'air juste pour t'avoir dans mon lit. » Cynisme. Sarcasme. Blessé, lui n'avait pas vraiment réfléchi en répondant. Et, terminant sa tasse de café, Gomez contourna le plan de travail qui séparait la cuisine du salon et se dirigea vers le canapé afin d'enfiler un gilet qu'il enfila rapidement, énervé. Les restes de ses cigarettes de la veille sur la table basse, cachée sous le t-shirt qu'il portait à ce moment là. Une nouvelle image. Un nouveau frisson. Ysmael ne s'appartenait plus. Soumis à ses réactions qu'il ne comprenait pas, ne contrôlait pas. Chose que Downy avait jusque là réussi à contrôler à sa place. Downy qui aujourd'hui était la cause même de ces réactions. Et, la main tremblante, il vint attraper son paquet de cigarettes et en glissa une autre ses lèvres avant de s'asseoir dans le canapé. Glisser sa drogue entre ses lèvres, quand bien même jamais elle ne parvienne à combler cette brèche que Clarkson avait ouvert la veille. Celle du désir. Encore, toujours désirer cet homme qui un jour ne fit qu'un ami. Peut-être était-ce la cause même de cette maladresse, ces tremblements involontaires qu'il ne parvint à calmer. Entre peine et volonté, entre espoir et pessimisme. Ysmael semblait peu à peu s'éclaircir les idées. Et, doucement, il tourna la tête de nouveau vers le brun. « J'suis désolé Downy... Ca m'échappe totalement. Je m'échappe totalement. Je comprends rien. Je sais pas ce qu'il m'arrive. C'est pas supposé m'arriver ce genre de trucs... » Un soupir, long soupir duquel il laissa s'échapper la fumée de sa cigarette. Le regard toujours posé sur Clarkson. Qu'est-ce qui n'était pas censé lui arriver, au juste ? Cette chose sur laquelle encore aujourd'hui il ne voulait pas mettre de nom. Cette chaleur intense mêlée aux frissons successifs. Ce lien qui leur était propre, enchevêtré avec ce désir nouveau. Ysmael ne comprenait pas, non. Ou plutôt ne voulait pas comprendre. Comprendre que tout ce qu'il voulait, en réalité, c'était l'aimer.
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Mar 25 Déc 2012 - 8:12
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Pourquoi avait-il demandé cela ? Bon sang, pourquoi avait-il fait cela ? Trop maladroit. Trop impulsif. Trop nerveux. Trop incertain. Trop. Clarkson était l'homme des superlatifs, mais rarement dans un sens favorable. Il était surtout trop con. C'était bien la seule conclusion qu'il arrivait à dégager dans un coin de sa tête alors que la réponse d'Ysmael lui parvint, cinglant son coeur, après quelques instants d'attente. Il l'avait heurté, il l'avait blessé, l'avait touché sans même le vouloir. Cela aurait été un autre que Downy aurait probablement posé la même question, trop franc et anxieux qu'il était. Mais restait ce "probablement". Parce que Ysmael était, avec les autres, de ce genre d'homme qui jouait plus qu'autre chose. Alors peut-être que, même si il le connaissait clairement depuis des mois, connaissait le vrai Gomez, avait-il instinctivement pris une mesure de protection. Downy avala une gorgée de café. Brûlant. Sans broncher. Regarder sa tasse et le sol plus qu'Ysmael. Parce que, comme si souvent, il s'en voulait. Il avait encore gaffé, avait encore dit ce qu'il ne fallait pas dire, fait ce qu'il ne fallait pas faire, et la faute était bien la sienne. Exclusivement sienne. Il était vraiment trop con. Downy se mordit la lèvre inférieure, percevant du coin de l'oeil les mouvements fébriles de son voisin. Une clope. Pour calmer ses nerfs qui désormais le torturaient comme cela arrivait si souvent quand il sentait qu'il avait merdé, il aurait bien pris un peu de nicotine. Une bouffée de fumée, une bouffée d'oxygène. Réflexe qu'il avait gardé, ne tenant bien souvent ses journées qu'avec du café et des cigarettes, d'autant plus quand le stress le prenait. Cela en aurait presque été monstrueux de se le représenter, au fond, mais tel il était. Dormir trois heures, marcher à la caféine et à la nicotine, manger comme un oiseau pendant quelques jours avant de trouver appétit d'ogre la semaine suivante, devenant tout-à-coup et presque accro' de nouveau à la course à pied, créatrice parfait de dopamine et d'adrénaline.
Downy n'avait plus osé l'ouvrir. Il avait assez dit de conneries comme ça en quelques minutes pour continuer, c'était bon, il avait bien compris. Rooney s'était tu, et ce fut le Gomez qui reprit encore la parole. Calme soupir dans les fumées de ses mots alors que Clarkson relevait le nez et croisait le regard d'Ysmael... Sentiment contradictoire à son écoute. Parce que l'homme plus que romantique qui était en lui avait bien facilement trouvait une explication à ces impressions. Cela s'appelait Aimer, mais le mot était si fort que se le permettre, l'envisager alors qu'ils nageaient en plein doute, tout cela semblait surenchérir. Downy se mordit la lèvre inférieure. Que pouvait-il dire, lui, loser qui finalement n'y connaissait que peu en l'amour ? Downy reposa le nez sur sa tasse. Il n'avait bu qu'une gorgée, la gorge nouée inconsciemment par le remord qui l'avait pris. Alors qu'il portait la tasse vers ses lèvres, penaud de ne pouvoir trouver de mots pour résoudre leurs maux, il fallut bien sûr que chose à son image advienne. Incompréhensible et infime mouvement, inexplicable spasme microscopique. Quant à expliquer comme cela arriva, il ne faut peut-être pas chercher de mots. La maladresse légendaire de l'ex-sniper valait peut-être aussi. Qu'importe, la tasse était brisée au sol et le café, encore brûlant renversé sur ses jambes. Quiconque aurait bien exprimé douleur. Pas lui. Oh non, c'est vrai, il ne sentait rien. Downy pesta à demi-silencieux contre lui-même. Putain, il était donc con ET pas doué, c'était réellement prouvé, et encore à l'instant. Ysmael déjà se rapprochait de lui. Downy releva son regard noisette vers lui. Flashs incessants de leur corps à corps de la nuit passée. Il tendit un bras. Ne même pas faire attention à ses réactions. Oh non, c'était un désir qui voyait plus loin que cela. Glisser sa main derrière sa nuque, l'attirer vers lui. Que leurs lèvres se retrouvent, première fois depuis ce réveil détonnant. Nuit dernière. Sa peau contre la sienne, la chaleur de son corps. Leurs baisers, ses mains sur ses hanches. Comment, comme un naufragé, dans leurs étreintes amoureuses, il se raccrochait à sa nuque, spasmes musculaires parfois allant jusqu'à ce qu'il menace de planter ses ongles dans la peau d'Ysmael. Passer ses doigts dans ses mèches brunes, mordiller ses lèvres. L'embrasser, encore, et sentir cette douce sensation, brasier dont la chaleur montait avec lenteur et détermination de son ventre jusque dans son torse.
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Sam 29 Déc 2012 - 16:18
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
La fumée s'évaporait doucement, lentement, et emportait avec elle dans sa volupté les mots qu'Ysmael avait prononcé plus tôt. Désordonnés, maladroits, ils s'en étaient allés, disparus entre la fumée et le silence qui eux s'emparaient chaque seconde un peu plus de la pièce, dévoraient l'insouciance et faisaient renaître l'incertitude. Cruelle sensation qu'était de sentir, encore, ses muscles se tendre sous chaque son, chaque geste, chaque nouvelle image qui revenait à lui. Incapable de stopper ce flux incessant de sensations, sentiments tous plus contradictoires qui s'entrechoquaient violemment dans son torse entier, de son estomac à son cœur. Ils dévastaient tout, toute forme de réflexion poussée, toute lucidité, après les avoir détruit eux. Eux, eux deux. Lui et Downy. Clarkson et ses lèvres brulantes, sa maladresse, son silence. Silence que Gomez avait causé. Suite à ces mots, ses mots auxquels il n'osait mettre un sens. Prononcer, ne serait-ce que penser à ce sentiment que tout indiquait pourtant. Et laisser l'incertitude demeurer intacte dans un cœur à vif, exposé aux yeux de tous, mais surtout aux siens. Prunelles chocolatées que l'espagnol prit soin de ne pas croiser, le regard perdu dans le vide face à lui, tirant nerveusement de temps à autre sur sa cigarette. Les mains toujours tremblantes, un peu. Le coeur palpitant. Absorbé par ses souvenirs de la nuit précédente. Perdu entre ces images, ce désir, et le malaise qui en cet instant demeurait seul pilier de leurs échanges. Que restait donc il encore à présent ? Quelques visages meurtris, quelques esprits troublés. Rien de plus, ni de moins. Après avoir passé la parole à leurs corps respectifs le temps d'une soirée, tous deux tentaient en cet instant tant bien que mal de pousser leurs esprits à une réflexion. En vain. Tout, absolument tout détournait Ysmael de son but. Ne pas le regarder. Ne pas se laisser happer par les prunelles abyssales qu'étaient celles de Downy. Au risque de s'y perdre, encore. Comme il l'avait fait tant de fois. Avant de s'y retrouver, systématiquement. Comme un script déjà écrit. Une histoire dans laquelle ils étaient acteurs et non rédacteurs, laissant leurs esprits spectateurs de ce bordel sans nom. Ainsi Gomez redressa-t-il de nouveau le nez vers lui, discrètement. Tel un gamin, enfant qu'il était à ses côtés, observant avec envie l'objet de sa convoitise, même inconsciemment. Les yeux brillants. D'espoir, de désespoir, de rêves mélangés à une fatalité certaine. Contradiction nouvelle qu'il n'avait jamais connu. Partagé entre ses certitudes et ce que Clarkson lui avait apporté. Entre sa vie présente et celle qu'il pourrait avoir. Trop soucieux de briser une fois de plus le destin d'une personne qui lui était proche, saccager tout sur son passage, comme il l'avait toujours fait. Bête de chair et de sang, vivant impulsivement. Ce lion en cage devenait à présent un tendre, et doux agneau, indécis. Vulnérable aussi, bien trop à son goût. Plus qu'il ne l'avait probablement jamais été.
Rapidement, peut-être trop, Ysmael se leva spontanément et se retrouva face à Downy après avoir laissé quelques jurons s'échapper d'entre ses lèvres. Protéger, toujours. Instinctivement. Seule impulsivité qui lui était encore propre en cet instant ; celle qui se rapportait au bien être de Clarkson. Et, peut-être à son insu, Gomez se retrouva une nouvelle fois plongé dans son regard. Trop profond pour qu'il puisse s'en sortir, se débattant pourtant mentalement pour y parvenir. Une fois de plus, sans y arriver. Se perdre pour mieux se retrouver, encore. Retrouver ces sensations, le temps d'un instant si court, se retrouver lui-même. Lui et ses désirs, ses envies. Et ce qu'il désirait plus que tout, était Downy. Downy et ses lèvres qui bientôt rencontrèrent de nouveau les siennes, Downy et ses doigts qui, tendrement, se glissaient le long de sa nuque. Downy et sa mâchoire sur laquelle Gomez vint poser sa main tendrement, effleurant sa joue du bout des doigts. Downy. Downy et son corps entier, son coeur entier. Pour lui. À lui. Rien qu'à lui. Possessif qu'il était. Amoureux qu'il était. Ainsi son propre rythme cardiaque était-il destiné à s'emballer à chaque nouveau contact ? Probablement. Réaction purement physique qui accompagnait une respiration saccadée par ce trop plein de sentiments, ce trop plein d'amour. Le garder encore un peu plus longtemps contre lui, venir rechercher ses lèvres... C'est machinalement que l'espagnol effectua ces gestes irrépressibles, incroyablement délicieux. Son coeur parlait, son esprit aussi, cette fois-ci. Lui avait compris que c'était ce qu'il souhaitait, en sentant cette chaleur intense se propager dans chaque muscle, chaque parcelle de son corps, aussi infime soit-elle. Naissant au creux de son ventre, doucement mais sûrement. Sensation tellement agréable qu'était celle de renouveau, encore. Toujours plus agréable, toujours plus tendre. Ainsi leur baiser semblait être le premier pour Ysmael. Et le seul. Le seul qui aurait ce goût là, celui du pardon, et de la fin de l'incertitude. Celui du début, de leur début à eux deux.
Difficilement, Gomez vint rompre leur étreinte, la main toujours posée sur sa joue. Un sourire, irrépressible, se dessina sur son visage alors que lui se mordait la lèvre en plantant ses yeux glacés dans ceux de Clarkson. Plus d'incertitude cette fois-ci. Chassée entre leurs mots et leurs caresses, elle avait fini par s'en aller. Terrassée par eux même, terrassée par l'amour. Doucement, Ysmael approcha ses lèvres au creux de l'oreille de Downy, et murmura. « Ce n'était pas qu'un jeu, je te le promets. C'est toi que je veux. Juste toi. Même si je dois avouer que c'est terriblement agaçant de voir que tu peux tout obtenir de moi... » Un léger rire amusé, après lequel l'espagnol vint embrasser une nouvelle fois son voisin, juste derrière l'oreille. Puis, il recula un peu, glissant ses yeux dans les siens. Gomez lui appartenait désormais, et voulait lui appartenir. Jusqu'au lendemain. Pour toujours.
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Dim 30 Déc 2012 - 9:57
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Il avait connu le loup blessé; Cette bête méfiante, sauvage, rejetée. Simple pariah injustifié. Enfin quasiment. Mais le loup, il l'avait approché. Avait vu ses blessures, les causes de sa violence que les autres n'avaient ne serait-ce qu'entraperçues. Et il avait pansé le loup, et ses écorchures. Ses plaies à vif, il les soignait dès qu'il les rouvrait. D'un regard, d'un mot, d'un geste. D'une confiance mutuelle. Confiance qui un instant avait cru s'envoler d'entre eux deux. Un instant seulement. La maladresse de Downy, le côté protecteur d'Ysmael. Et ces sentiments beaucoup trop forts pour être éludés. Enlacement amoureux et irrépréhensible. Il se sentait tout chose, frêle pantin, quand les mains du Gomez caressaient sa peau, et que ses lèvres brûlantes venaient apposer leur fer sur les siennes. Parfois, il s'emportait. Rêvait trop d'un coup, espérait beaucoup, pour voir par la suite chacun de ses voeux se déliter. Il avait cru, avec ce réveil, et ces incertitudes, que la fièvre et l'espoir réconfortant qui s'étaient distillés dans ses veines la veille n'avaient été qu'illusions. Illusoires. Il s'était trompé. Pour une fois, espérer n'avait pas été vain. Rêver non plus. Parce que les lèvres d'Ysmael étaient addictives, que sa force et sa douceur étaient l'alliage qui galvanisait Downy. Sentir ses doigts à son visage, mains dans lesquelles il aurait désormais pu poser son coeur à vif sans peur. Il s'en remettait à peu. Mais il était comme ça. Et un Ysmael si tendre, si doux, être rêvé, n'existait pas tous les jours, pas pour tout le monde. La main avec laquelle il l'avait attiré à lui, par la nuque, se glissa doucement dans ses cheveux, à l'arrière de son crâne. Si il en était ainsi, si c'était comme ça, alors oui. Il fallait bien croire qu'il l'aimait. Avec un grand A.
Briser leur étreinte. Pour mieux le voir sourire. Et les yeux du paraplégique brillaient doucement de cet éclat enfantin qui lui appartenait bien. Cette lueur d'espoir, oui, un peu naïve parfois, mais si fraîche, franche, sincère et attachante. Son souffle au creux de l'oreille. La chaleur de sa respiration et de son corps, chaleur humaine qui depuis des mois avait quittée Downy et à laquelle il se raccrochait presque désespérément. Une protection, et la certitude que tout, absolument tout, irait bien. Ses mots. Et son rire. Avoir le coeur au bord de l'explosion sous cette overdose de contentement. Et, au final, de bonheur. C'était un bien grand mot, mais, au fond, c'était ce qu'il ressentait. Son baiser, juste derrière l'oreille, sur son crâne aux cheveux abusivement courts, était peut-être l'un des gestes les plus anodins qu'un amant aurait pu offrir à celui qui partageait son coeur.. mais c'était de ce genre d'attentions qu'un homme se grandissait et se nourrissait, nourrissait son coeur et abreuvait son amour. Maintenant que les doutes étaient noyés, et non cet inverse insupportable où c'étaient eux qui leur enfonçaient la tête sous l'eau, maintenant alors, se perdre dans les lacs gelés que formaient ses iris, sombrer dans les abysses de ses pupilles, tout cela avait un goût encore un peu plus savoureux. "Je.. Ys... Je veux toi, aussi. Oh putain, alors ouais. Toi, et ton accent à couper au couteau. Tes yeux, ton visage, tes mains, ton corps.. j'me sens en sécurité quand je suis avec toi. J'ai l'impression que les emmerdes pourraient être finies, qu'il y aurait une issue." Il déglutit. Quelque chose, peut-être un peu moins avouable, quelque chose qu'il n'avait peut-être pas réalisé avant au final aussi. "..j'ai l'impression d'avoir encore une valeur. De pas être devenu un meuble en me retrouvant coincé dans ce fauteuil.. parce que tu me vois pas comme un putain de paraplégique. Tu me vois, et tu me regardes. - le sourire qui fendit son visage fût maladroit. - Et ouais, je vaux encore quelque chose dans ton regard. Merci, Ys'." Remercier. Tout autant qu'il était, il n'avait jamais assez dit merci. Le remercier, maintenant que son coeur n'était plus perdu en pleine mer dans la tempête et qu'il avait peut-être retrouvé un phare. Doucement, il attira de nouveau Gomez vers lui. L'embrasser, tendre, puis poser son front contre le sien. Leurs regards croisés, leurs amours scellés. "Je veux t'aimer, et si j'ai encore quelque chose à te donner, je veux que tu l'aies."
Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Jeu 3 Jan 2013 - 17:19
ft. downy rooney clarkson
« feel the earth move and then hear my heart burst again »
Se raccrocher, encore, toujours à Downy. Resserrant l'étreinte de ses doigts sur sa nuque chaque seconde un peu plus alors qu'Ysmael en cet instant le laissait décider à sa place, encore. Choisir la meilleure chose pour lui. Et il était la meilleure chose pour lui. Sans aucun doute. Ses lèvres brûlantes, ses mains fermes et douces étaient le remède à tous ces mots, tous ses maux. Et ses yeux ranimaient encore cette flamme intense. D'une certaine façon, elle, avait toujours brûlé en lui. Plus violemment. Plus férocement. Alimentée par cette haine qui jamais ne l'avait quitté, s'immisçant dans chacun de ses mots, le suivant derrière chacun de ses gestes. Aujourd'hui elle se faisait plus douce, plus calme. Mais pourtant tellement ardente, aussi. Paradoxalement. Moins douloureuse, mais plus intense encore. Parcourant chaque muscle, chaque organe ; même ses os semblaient ne pas résister à ce fléau effrayant qui peu à peu s'emparait du corps de l'espagnol sans qu'il ne puisse retenir cette vague soudaine. Et ainsi, les yeux plongés dans ceux de Clarkson, un sourire timide aux lèvres, lui se laissait aller à la délectation de ce nouveau monde qu'il n'avait jamais connu. Celui de l'amour. Mot qui entre ses lèvres paraissait toujours ridicule. Inapproprié, sali. Cependant comment aurait-il pu nommer autrement la chose ? Aimer. Aimer ses prunelles chocolatées et ses cheveux bruns, aimer sa maladresse et ses mots insouciants. Jamais Ysmael ne semblait avoir été à même d'aimer. Trop agressif. Trop violent. Ainsi le loup s'éprenait-il de l'agneau en en devenant un lui-même à ses côtés. Retrouvant en Downy l'homme qu'il aurait pu devenir en grandissant moins vite. Et cette insouciance, qui, toujours arracherait ces sourires parmi les plus sombres nuits. Eclairerait la réalité de ses yeux brillants au nom de l'espoir. Celui qu'il lui avait redonné. Celui qu'ils partageaient, à présent. Pourtant encore en proie à ces peurs et ces doutes qui parfois les avait éloigné, un peu. Et qui n'attendaient qu'une chose ; qu'Ysmael perde Clarkson. Pour qu'ils puissent à nouveau s'emparer de lui, proie facile à attraper qu'il était sans lui à ses côtés. Il le faisait grandir. Devenir un homme qu'il n'évait jamais vraiment été. Se raccrocher, alors, encore et toujours à cette personne qui ne cessait de lui sortir la tête de l'eau semblait être la seule solution pour sa survie. Et même s'il n'avait pas s'agit de cela, lui se serait cramponné à l'ex-militaire. Dans l'incapacité de le quitter, en réalité. Son corps entier lui criait en cet instant de le garder contre lui. Toujours. Son corps entier le réclamait ; son coeur encore plus. Avare de sensations, avare d'amour. Chose qu'il n'avait jamais vraiment eu et qu'il demandait en quantité outrancière.
Ce ne fut donc que difficilement qu'Ysmael parvint à réprimer ce désir ardent qu'il avait d'encore venir chercher les lèvres de Downy entre les siennes. Ecouter ses mots, l'écouter lui. Chaque nouvelle syllabe prononcée lui valait un long et doux frisson, tandis que lui baissait la tête, évitant finalement ses yeux. Les mots retentissaient, encore, toujours, sans pour autant cette fois-ci qu'il ne s'en lasse, et emplissaient chaque seconde un peu plus son coeur d'amour, amplifiant considérablement la sensation délicieuse qu'était celle de savoir Clarkson à ses côtés. Celle de savoir que lui aussi l'aimait. Tout semblait prendre un nouveau sens, devenir une autre chose, encore plus belle. Gomez voyait dans ses yeux chocolatés. Il se voyait dans ses yeux chocolatés. Un nouveau sourire. Gêné. Jamais il n'aurait pu imaginer une seule seconde que quelqu'un puisse penser tant de lui. Tant de choses que si peu de gens étaient parvenus à déceler. Downy le connaissait. Encore bien mieux que ce qu'il ne pensait jusque là. Et l'aimait pour la personne qu'il était. Passer tant de temps entre la dévalorisation et la haine, sans vraiment s'en rendre compte il le faisait revivre. Renaître parmi les débris d'un homme brisé par sa propre famille et par son image. Renaître des cendres. Ysmael redressa le regard, timidement, les yeux humides. Ils se voyaient. Se regardaient. Plus que jamais. Et sans que lui ne parvienne à ajouter quoi que ce soit, Clarkson vint rechercher ses lèvres, encore. Calmer ces émotions si fortes que quelques mots seulement avaient encore ravivées. L'espagnol lui rendit son baiser, tendrement. Glissant sa main sur la sienne, serrant doucement ses doigts. Tandis que son coeur lui hurlait à la vie, hurlait à l'amour. Trop plein soudain de sentiments et d'avoeux qu'il ne gérait que difficilement. Une étreinte rompue, le front posé contre le sien, les yeux plantés dans les siens. De nouveaux mots. Qui lui coupèrent encore le souffle, presque. Et le Gomez inspira profondément, apaisant ce brasier intense qui semblait avoir emprisonné son coeur depuis quelques secondes. « J'suis censé être l'abruti qui fait tout foirer... Je l'ai toujours été. Mais je veux que ça change, tu vois ? Avec toi. Juste avec toi. Juste toi. J'te laisserai jamais partir Downy. Je veux pas. Je suis quelqu'un, là, tout de suite, maintenant. En tout cas j'ai l'impression d'être quelqu'un. Et comment est-ce que je pourrais te regarder autrement, dis-moi ? T'es la personne qui m'a sauvé, et qui le fait encore. T'es tout. Absolument tout ici. » Désordonné, encore. Qu'importe. Lui le comprendrait. Il l'aurait compris même dans un silence. Et surtout il l'aurait cru. Chose qu'on ne lui avait toujours accordé que difficilement ; la confiance. Alors, Ysmael s'approcha encore un peu de lui. Le remercia dans un murmure. Et vint l'embrasser une nouvelle fois, tendrement, avant de finalement séparer leurs deux visages pour mieux le regarder. La main toujours sur la sienne. Ses doigts toujours entremêlés avec les siens. Son coeur toujours battant plus fort sous ses yeux. Un léger sourire, resserrant encore un peu plus son étreinte sur sa main. Il ne le lâcherait pas. Jamais.
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Sujet: Re: YSMAEL + feel the earth move and then hear my heart burst again Sam 5 Jan 2013 - 12:00
« Feel the earth move and then hear my heart burst again »
Downy R. Clarkson et Ysmael J. Gomez
Entrelacer leurs doigts, se gaver d'amour. Plus qu'au soir passé, ils se mettaient à nu. Mettaient à nu leurs sentiments trop intériorisés, ces terreurs et ces désirs qui les avaient tenus vivants côte à côte. Il tenait ce fil rouge de leurs vies, fil d'Ariane les ayant menés, aveuglément perdus dans le labyrinthe de leurs destins, à se retrouver. Rooney se serait perdu dans les abysses du regard d'Ysmael. À y chercher un avenir, un avenir qu'il entrapercevait enfin. Retrouver ce pouvoir et ce plaisir. Celui de se prendre à rêver. Encore, encore et jusqu'à la fin de ses jours, il se créerait des histoires de sa vie et ne les vivrait peut-être jamais. Qu'importe le rêve que l'on cherchait à réaliser, au fond. La plu belle et la plus glorifiante des parties de sa réalisation était bel et bien le chemin qu'il fallait parcourir pour y parvenir. Chuter, mais toujours se relever. Apprendre à tenir debout comme un homme, à voguer dans la tempête, à suivre les bons courants. Les mots du Gomez chamboulaient le for intérieur de Downy. Se voir attribuer ces actes-là. Voir un homme se sentir quelqu'un. Il y avait parfois des choses qui touchaient un coeur plus que d'autres. Dans tous les cas, Ysmael savait comment envoyer sa flèche et percer le coeur de Clarkson. Retrouver ses lèvres. Il ne pouvait que sourire. De ce sourire empli de l'espoir d'une vie meilleure. Ils pouvaient se reconstruire. Ils pouvaient tout, absolument tout reconstruire ensemble. Ils se complétaient. Downy calmait les ardeurs d'Ysmael quand ce dernier relevait l'ex-militaire et le remettait sur pied. Ils ne venaient peut-être pas du monde. N'avaient pas les mêmes histoires, les mêmes parcours. Mais il y avait bien eu une raison pour qu'ils se rencontrent, une raison pour qu'Ysmael embarque à l'hôpital cet homme qu'il avait blessé alors qu'il aurait pu, comme tout autre, l'abandonner sur le trottoir. Une raison. Raison que, au final, Downy n'avait plus cherché. Downy ne cherchait pas. Poser des questions, chercher les raisons, tout cela devenait vain. Ne pas chercher. Ne plus chercher. Ils étaient enfin tombés dans les bras l'un de l'autre. Et puis.. On ne demandait pas "Pourquoi ?" quand on parlait d'amour.
Downy avait de quoi ne plus se sentir entier. Avoir l'impression d'être spoliée. On lui en avait longuement parlé. Et il avait longuement mimé l'attention, fait semblant d'écouter, avait hoché la tête, ponctué les discours de médecins de marmonnement et avait encore et encore fait mine de comprendre tout ce qu'ils lui disaient. Parce qu'il n'en avait rien été. Il avait ruminé, d'une humeur de chien, et puis s'était radouci. Et à ce jour, il vivait du mieux qu'il le pouvait. Il avait vécu beaucoup de vies déjà. Ce n'en était qu'une autre à son palmarès. Mais il se sentait entier. Parce qu'il s'était pardonné, et avait pardonné. Parce qu'il était, désormais, aimé. Certains disaient que l'amour, ça donnait des ailes. Dans tous les cas, ça ne rendait peut-être pas les jambes, mais ça foutait des papillons dans le ventre.
Ne pas avoir les mots, ne plus les avoir pour répondre. Il en était souvent ainsi. Il en était toujours ainsi. Il parlait, encore, et encore, et puis l'instant d'après se faisait muet. Paradoxe Clarkson en personne. Downy déglutit. Se perdre dans les yeux du Gomez, les doigts entrelacés. C'était se promettre d'aller de l'avant, se jurer un avenir. Tenir bon face à la fatalité de ce monde dans lequel tous deux se débattaient. Alors, les mots, les mots vinrent sans qu'il ne puisse saisir leur portée, leur puissance. Qu'importe. Il connaissait leur sens. Downy se mordilla instinctivement la lèvre inférieure, pris une légère bouffée d'air. Mi-voix, avec le sourire maladroit, son "Je t'aime." fût spontané. Sincère. À son image. Il l'aimait. Il l'aimait, et c'était tout ce qui comptait.