tonight, we are young,
so let's set the world on fire,
we can burn brighter
than the sun

EZRA & EILEEN

- Allez, Eileen, ça sera cool ! Tu passes ton temps à bosser, tu mérites bien de faire une pause de temps en temps, non ? De toutes façons, tu discutes pas, je passe te chercher à 22h, sois prête ! Allez bisous ! et la jeune fille raccrocha, laissant Eileen sans possibilité d'argumenter. Non, elle n'avait pas envie de sortir... Mais ce soir, c'était l'anniversaire de sa meilleure amie, justement, alors elle ne pouvait pas vraiment lui refuser ça. Elle jeta un regard vers son réveil, qui indiquait 20:15. Bon, il lui restait quasiment deux heures pour se préparer, c'était largement faisable. Jetant son iPhone au bout du lit sur lequelle elle était assise, elle se leva et s'étira du mieux qu'elle pouvait. Travailler la fatiguait, elle était toujours sur les nerfs en ce moment, et comme son amie le disait, une pause était de rigueur. La rentrée pointait son nez et dans moins d'une semaine, Eileen se voyait déjà sur les bans de l'Université Detroit Mercy. Elle n'avait pas vraiment eu de vacances, cet été. A part une petite semaine à New-York en compagnie de sa petite soeur, elle était restée à Détroit et avait travaillé sans relâche ses cours de sociologie.

Se dévisageant dans les portes vitrées de son armoire, Eileen soupira. Elle avait toujours été grande, dans les mètre 75, et mince, et on lui avait souvent dit qu'elle aurait pu être mannequin. Mais dans cette tenue, vêtue d'un jogging horrible et les cheveux relevés en un pseudo chignon sur le haut de son crâne, elle ressemblait plus à une clocharde bien foutue qu'autre chose. Râlant, elle se dirigea vers la salle de bain, et claqua la porte derrière elle.

Et elle était là, trois heures plus tard, dans cette boîte d'Alley District. Elle avait perdu de vue son amie au moment même où elles étaient rentrées, et cela faisait quelques minutes qu'elle avait abandonné espoir de la revoir avant la fin de la soirée. En même temps, ça pouvait être aussi une occasion pour rencontrer des gens nouveaux... Ah ouais, mais en boîte, c'était chaud quand même. Fatiguée de devoir se dandiner sur la piste de danse alors qu'elle n'avait pas l'humeur à faire la fête plus que ça, Eileen se rendit aux toilettes histoire de se rafraîchir un peu... Elle avait tellement chaud ! Mais elle n'avait pas prévu d'aller au bar, les boissons y étaient horriblement chères et souvent, une seule ne suffisait pas. Cependant, elle changea vite d'avis en voyant l'immense queue qui s’engouffrait dans une pièce à la propreté douteuse. "Eh, checkez le beau mec là-bas !" une voix derrière elle venait de crier ça à une inconnue, mais instinctivement, Eileen se retourna et checka le beau mec en question. Un blond d'une vingtaine d'années, accoudé au bar, devant une dizaine de shots. Si c'était ça la clientèle du bar, elle allait sans doute passer chemin... Oh et puis, allez ! Il n'était peut-être pas bourré, si ça se trouve il s'était seulement assis là.

Prenant le peu de courage qu'elle avait à deux mains, Eileen s'approcha du bar à petits pas. Mais plus elle s'en rapprochait, plus il devenait clair et net que le mec était bourré. Levant les yeux au ciel, Eileen ne pouvait néanmoins plus reculer lorsqu'il se tourna vers elle. Son regard vide en disait long sur son état, mais apparemment celui de la jeune fille avait l'air charmant car il commença une approche plus ou moins triviale : "Eeeeh, tu baises si j'te file 50$ ? Allez, j'suis fauché mais j'me suis fait larguer... Non ? T'es sûre ? Mais allez, 50$ c'est pas mal ! Tu t'payes une bouteille de vodka après !" Eileen n'avait pas l'habitude de ce genre d'approche, aussi fut-elle un peu surprise. Désarçonnée, elle ne savait pas quoi répondre, bredouillait, mais le garçon s'impatientait, et s'entêtait : "Bon, alors ? Allez, 50$ tu me fais une pipe ?" Eileen était terrorisée :"Mais... Non...", ce qui avait l'air de plutôt amuser le blond :"Et pour 25$, tu me laisses te tripoter ?" ajouta-t-il, en avançant ses grandes mains maigres vers la poitrine de la jeune fille.

Eileen n'avait jamais été dans une telle situation. Il fallait un miracle pour la sortir de là. Un miracle comme un barman par exemple ?

Let's set the world on fire

Eileen & Ezra

Des rires, de la musique, le bruit du verres qui s’entrechoquent, c’était devenu un brouaha familier pour le jeune Ezra Evans depuis quelques temps. « The Red Box », lieu de de fête où l’alcool coulait à flot, et c’était lui qui le servait. Derrière son bar, personne ne le dérangeait, il y avait quelques jolies filles qui restaient collées au comptoir rien que pour ses beau yeux et puis il avait un salaire en conséquence. Travailler la nuit ne le dérangeait pas plus que ça, il avait passé la quasi-totalité de sa vie dans l’obscurité, c’était comme se fondre dans la masse et observer le monde qui entoure sans pour autant que les autres nous voie. Paris lança le shaker et le rattrapa avec l’autre main pour effectuer son mélange. Travailler son jeu de main et son spectacle, un cocktail détonnant pour attirer la clientèle et les pourboires. Cependant, contrairement aux apparences, Ezra ne travaillait ici que depuis deux semaines exactement, il n’avait pas eut le temps de se poser qu’il bossait déjà toute les nuits et qu’il récupérait de son sommeil le jour. Un emploi du temps vampirique. Il voulait gagner un maximum d’argent pour pouvoir se louer un appartement correct qui ne se trouve pas dans West Street, à croire qu’ici plus on mettait le prix, plus on était en sécurité. Ezra resservit l’homme en face de lui qui avait déjà entamé pas mal de shooter apparemment. Ezra avait bien retenu la leçon, la semaine dernière il avait refusé de servir un client qui avait déjà trop bu, et il s’était fait passé un savon par le patron. On ne l’y reprendrait plus.

L’américain n’avait toujours pas retrouvé la trace de sa sœur, et il se demandait si elle avait beaucoup changé. Autant physiquement, que moralement d’ailleurs. Si il avait fait tout ce voyage c’était pour elle et elle seule. S’il s’était battu dans les sous sols de boites de nuits à deux balles afin d’avoir de l’argent c’était pour pouvoir la retrouver. Et s’il avait tué son père, c’était pour elle aussi. Et ce regard l’avait glacé à jamais, elle n’avait rien dit, aucun son n’était sortit de sa bouche, pas de sanglot, ni de larme, elle était resté là à le regarder de ses grands yeux bleus, de la rancœur dans les yeux. Oui, c’était cela qu’il avait ressentit, de la colère, elle lui en voulait. Peut-être qu’il s’agissait de son imagination et du fait que depuis qu’ils étaient enfants, Eden et Ezra étaient persuadés de pouvoir communiquer sans se parler puisqu’ils étaient jumeaux. Mais non, il ne s’était jamais trompé sur elle, et il avait voulut lui faire comprendre que c’était par amour qu’il avait sacrifié sa conscience.

Le jeune homme fut tiré de ses pensées par une conversation entre le dit présumé alcoolique et une fille brune, près de là où il se trouvait. Il entendit des bribes de phrases et tout ce qu’il pouvait dire c’est que l’homme en question était loin de se conduire en parfait gentleman avec la demoiselle. Trop s’en était trop, surtout que la fille n’avait pas l’air d’avoir le sang chaud pour se défendre. Que les hommes étaient stupides, pensant à leur besoins bestiaux avant leur valeurs morales. Ca l’avait toujours dégouté, c’était d’ailleurs cette chose qui était à l’origine du drame de sa vie. Ezra posa sa serviette sur son épaule et saisit fortement le bras de l’alcoolique, « Je pense que ca suffit là. », avait-il dit d’un ton calme. Il se maitrisait pour rester poli, s’il n’avait pas été en service il lui aurait allongé une droite bien soignée. Devant les protestations du blond, il lui serra le bras beaucoup plus fort jusqu’à lui faire mal, « J’ai dis que ça suffisait, maintenant dégage avant que je te casse le bras. ». Il en était capable, les combats clandestins avaient pour avantage de vous apprendre des techniques qu’on ne trouvait pas dans les manuels. Il restèrent un moment à se fixer, puis résigné l’homme s’en alla. Tant mieux, ça l’aurait ennuyé de se faire renvoyer à cause d’un mec trop bourré. Le brun regarda la brune en lui adressant un sourire en coin, « Ca va toi ? ». Oui, parce qu’Ezra avait toujours été protecteur, et que puisqu’il en pouvait pas l’être avec sa sœur et l’était avec des inconnues autour de lui. A croire qu’il jouait au bon samaritain, on aurait tout vu. « Tu voulais quelque chose ? », demanda-t-il en servant un cocktail à la jeune fille à côté, après tout ça il en avait presque oublié de servir les autres.

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