Une rencontre pour un cadeau

Arpentant les rues de West Street, un quartier de Detroit qu'Amy ne fréquentait pas beaucoup, elle cherchait le garage de monsieur Trent. Qu'est-ce qui pouvait amener une jolie jeune fille riche dans un quartier plutôt qualifier de .. dangereux ? Son père. En effet, plus tôt dans la journée la jeune femme parcourait le web pour trouver un cadeau à offrir pour une occasion spéciale, l'anniversaire de son père. Cette année, la jolie blonde n'avait aucune idée de ce qu'elle pourrait offrir à cet homme qu'elle aimait tant. Tout au long de sa vie, il lui avait tellement donné que n'importe quel cadeau ne pourrait combler tout ce qu'il a fait. Amy cherchait donc désespérément une idée pendant plusieurs heures. Puis elle tomba ce sur ce site à tout hasard. Du moins c'était une pub pour un garage qui revendait des voitures anciennes. L'idée semblait géniale, ça plaisait beaucoup à la jeune femme. Elle chercha le numéro puis appela pour prendre un rendez-vous.

« Allo, monsieur Trent ?

- ...

- Bonjour, c'est mademoiselle Hogan. Je vous appelle parce que j'ai vu une annonce sur internet, vous revendez bien des voitures anciennes ?

- ...

- Parfait. J'aimerais, si possible, venir à votre garage pour pouvoir avoir vos conseils. Je souhaite acheter l'une de vos voitures, mais comment dire.. je ne m'y connais pas du tout. En milieu d'après-midi, aujourd'hui. Est-ce que ça vous va ?

- ...

- Très bien, merci, au revoir. »

Après cette conversation téléphonique, Amy s'en alla se préparer. Elle opta pour une tenue plutôt simple, un jean ainsi qu'un débardeur, une petite veste et des ballerines beiges. Elle pris son sac avant de partir et les clés de son Audi.

Voilà les raisons pour qu'elle se trouve à West Street aujourd'hui. A ce moment-là, elle trouva le garage qu'elle cherchait depuis une trentaine de minutes. Avant de descendre de sa voiture, elle s'attachait les cheveux en une queue de cheval plutôt haute. Elle saisit la poignée de la porte et la tira pour pouvoir entrer. Elle apercevait au loin un homme qui s'occupait d'une des voitures, d'ailleurs il y en avait beaucoup autour d'elle. Amy était impressionné, elle les trouvait toutes magnifique. De toute manière, le prix n'avait aucune importance. En s'avançant vers le garagiste, la jolie blonde découvrait les lieux. Arrivée à sa hauteur, elle lui dit en souriant :

« Monsieur Trent ? Je suis Amy-Lee Hogan, on s'est eu au téléphone tout à l'heure. »

Une rencontre pour un cadeau
Milo Trent ϟ Amy-Lee Hogan

Une journée qui devait s'annoncer sans conteste sous le signe du labeur. Milo avait récemment récupéré quelques véhicules ; tous des épaves pratiquement trouvées à l'abandon, qui allaient nécessiter des centaines d'heures de travail chacune, sans compter la recherche des pièces hors d'usage. Le garagiste ne s'en plaignait pas. Il appréciait de pouvoir se focaliser sur une tâche, et ne restait jamais vraiment inactif. Quand il travaillait au garage, ou lorsqu'il était en repérage, son esprit ne déviait que rarement vers sa double-vie, sa solitude, et l'existence de cette fille malade en Europe pour laquelle il avait décidé, sans hésiter, à tuer pour de l'argent.
Si l'on savait que son garage tranquille était celui d'un des assassins les plus performants des États-Unis, Milo n'aurait pas de problèmes qu'avec les baroudeurs trainant parfois dans le quartier. Mais bien sûr, il ne gardait pas de planque dans le garage. Il aurait été complètement inconscient de mettre des effets compromettants dans un lieu aussi exposé. Lorsqu'il était au garage, pour ainsi dire, rien ne pouvait le relier directement aux contrats qu'il concluait ; et c'était bien ainsi.

Il avait reçu un coup de fil dans la matinée, d'une jeune femme, apparemment, désirant passer pour voir ce qu'il pourrait lui proposer. Au départ, Milo avait eu envie de lui dire que la liste complète se trouvait sur son site, mais il se dit qu'elle n'avait sans doute aucune idée de ce qu'elle voulait ; ce qui se confirma très vite. Qui pouvait bien vouloir acheter une voiture ancienne sans ne rien y connaître ? Probablement une personne très riche cherchant un truc très cher et original à exposer ou à offrir. Le garagiste préférait avoir affaire à des gens sachant ce qu'ils voulaient ; souvent, même quand il concluait une affaire avec un client qui ne s'intéressait à un véhicule que pour une question de feeling, il avait affaire à un cabinet d'experts ; une fois, même, il avait eu affaire au responsable des acquisitions d'un client ayant souhaité rester anonyme ... Il avait payé le prix de la discrétion.
Bref, voir la damoiselle arriver ici ne l'enjouait pas plus que ça. Il réussit néanmoins à paraître accueillant lorsqu'il l'aperçut. Il travaillait sur une Pontiac Firebird de 1988, son modèle le plus récent à l'heure actuelle ; facile à retaper, ne demandant que quelques dizaines d'heures de soin, dont la plupart au niveau de l'habillage et de la peinture. En parlant de peinture, la large majorité des véhicules dans le garage n'étaient pas encore repeints. Milo personnalisait la couleur des véhicules selon les désirs du client, ce qui lui avait garanti un petit plus bienvenu. Il avait bien besoin, en tout cas, d'une tâche tranquille et facile avant la visite de cette néophyte.

Milo se retourna vers elle avec un léger sourire, s'étirant rapidement le dos pendant qu'il essuyait ses mains pleines de cambouis sur un vieux chiffon qui avait déjà vu passer pas mal d'autres engins. C'était un boulot salissant, certes, mais il aimait cette sensation.

Milo ‒ Mademoiselle Hogan, oui. Trent, propriétaire de cette ... concession. Vous m'excuserez pour la pauvreté de la décoration, je n'accueille normalement pas les clients ici, mais j'ai cru comprendre que vous étiez vraiment mal assurée question choix. Ah, et pardon si je ne vous sers pas la main non plus.

Il agita ses mains essuyées mais encore noires entre eux comme si ça devait être nécessaire. Il y avait dans l'air une lourde odeur d'huile, d'essence, et la trace de soudures récentes avait chauffée l'air. Lui était habillé d'un jean délavé et d'un simple t-shirt blanc. Il avait aux pieds des chaussures de sécurité. S'il ne mettait pas de gants pour mieux sentir ce qu'il faisait, il refusait de prendre le risque de perdre un seul orteil à cause d'une petite erreur.
Lui faisant signe de le suivre, il prit la direction d'une porte à l'écart. Il entra dans un petit vestibule où se trouvait un miroir et un lavabo. Usant d'un savon à grains que la jeune femme n'avait probablement jamais vu, diablement efficace pour nettoyer des mains graisseuses, il l'observa grâce au miroir.

Milo ‒ Alors, commençons par le début. La voiture, c'est pour vous, ou c'est pour quelqu'un ?

Le garagiste se retournait vers la jeune femme en lui souriant, elle le trouvait plutôt mignon., mais ce n'était en aucun cas la raison de sa venue. Il essuyait ses mains sur un chiffon qui était déjà complètement sali par plusieurs produits ou substances, tout en la saluant. Avant qu'il finisse sa phrase, Amy-Lee lui tendait sa main pour le saluer. Cependant, quand il eut fini de parler elle se résigna et baissait sa main pour finalement croises ses bras. Elle comprenait son choix, après tout qui voudrait salir les mains de ses clients. La blonde lui adressait alors un sourire quand il lui fit signe de la suivre, ce qu'elle n'hésita pas à faire. Durant ce court trajet, elle regardait toujours autour d'elle. Selon elle, ce métier devait révéler une passion, car les garages de voitures anciennes se faisait de plus en plus depuis quelques années. Comment pouvait-elle savoir une chose pareille ? C'était plutôt simple, son père était un collectionneur. D'ailleurs elle se demandait pourquoi elle n'avait pas eu l'idée un peu plus tôt, ça semblait évident comme cadeau. Lorsque monsieur Trent se lavait les mains, Amy s'appuyait sur l'encadrement de la porte en bois, celle-ci vieillit par le temps. Puis elle répondit aimablement à l'homme brun qui se tenait devant elle.

« Non, ce n'est pas pour moi. C'est un cadeau que j'aimerais faire, pour mon père. Il est collectionneur de petites voitures et possède quelques modèles en grandeur nature. »

Les parents de la blonde possédaient une villa avec un garage d'une taille indescriptible. Il y avait une rangée de vieilles voitures de collection sur la gauche, toute entretenue avec un soin irréprochable. Monsieur Hogan faisait venir des spécialistes pour pouvoir les réparer quand il y avait un problème, souvent c'était mécanique. Puis elle reprit :

« Comme vous le savez, je n'y connais absolument rien alors j'aimerais votre aide. Je peux mettre n'importe quel prix, car de toute manière je veux ce qu'il y a de mieux. Si vous avez une voiture exceptionnelle ici, alors je veux qu'elle m'appartienne. Je sais que je ne suis sûrement qu'une jeune femme pourrit gâté à vos yeux, car c'est toujours ce que pense les gens de toute manière. Mais cette voiture ne sera pas qu'un simple cadeau ou un nouveau jouet, il représentera bien plus aux yeux de mon père. »

Du moins c'était ce qu'elle espérait. Cette voiture représentera déjà beaucoup pour elle, car c'était comme si elle disait un grand merci pour tout ce qu'il avait fait pour elle. Amy-Lee se redressait pour pouvoir laisser passer le garagiste. En revoyant toutes ces voitures devant ses yeux, elle ne put s'empêcher de lui demander :

« Dites-moi, les anciennes voitures, c'est une passion ? »

Elle le regardait dans les yeux, tout en lui souriant. Cependant, elle n'arrivait plus à détacher son regard, elle n'avait jamais vu cela auparavant. Beaucoup de personnes trouveraient ça stupide, c'était certain, mais la blonde remarquait dans les yeux de monsieur Trent des émotions qu'elle n'avait jamais vu. Elle était complètement partie ailleurs, dans ses pensées. Pour la jeune femme, les yeux c'était l'âme qui parlait. Puis elle se rendit compte de son comportement et baissa immédiatement les yeux, rompant le contact.

Abandonné, verrouillé & archivé.