Sujet: « And lights will guide you home. » Mer 17 Oct 2012 - 12:55
Halloween. C'était le deuil, c'était la fête. Des gamins galopaient dans les rues d'Austin. Citrouilles en tout genre illuminant les porches des maisons, l'Amérique fêtait Halloween. Et, parfois, elle l'oubliait, mais fêtait de surcroît ses morts. La nuit était tombée. Il faisait décidément moins froid qu'à Detroit. Detroit et Austin. Plus de 1300 miles séparaient les deux villes. 23 heures de route, du Nord vers le Sud. Un monde complet à traverser. Coincé dans son seul et unique moyen de transport, les yeux rivés sur les panneaux d'indications, un jeune homme roulait doucement sur les trottoirs de la ville Texane. Il avait l'air fatigué, exténué. Mais un calme et une sérénité déstabilisants étaient lisibles sur son visage. Silencieux et discret, il scrutait de ses yeux chocolatés chaque numéro de maison. Il en cherchait un en particulier. Le numéro qui le libérerait, celui qui menait vers une nouvelle vie, une nouvelle page à écrire. Il était parti à peine une semaine après sa sortie d'hôpital. Mais ce projet, il le nourrissait depuis bien plus longtemps. C'était sa seule issue, son seul échappatoire. Son devoir. Sept années plus tôt, il y avait manqué. Trop perturbé, trop déstabilisé, trop gênant. Un pauvre gosse qui avait perdu les pédales, se noyait en silence dans les méandres de ses souvenirs, vivait avec des regrets amers sur le coeur et une haine animale dans les os. Quand ses camarades étaient enterrés, lui était dans cet hôpital militaire, un pansement à l'épaule, le regard vide. Un frisson courut le long de l'échine du paraplégique. Quand des familles devaient se relever d'un drame, lui creusait sa tombe à coups de rails. Son périple arrivait à sa fin. Le lendemain, il taperait dans ses économies et se payerait un billet d'avion direct vers Detroit. Une semaine qu'il sillonnait le pays en bus. Une semaine qu'il prenait son courage à demain, et toquait à la porte d'hommes et de femmes. Michigan, les parents d'Andrew, puis ceux de Thomas. Ohio, la mère de Jeremy. Et ce jour-là, le Texas. Le père de Steve. La fin de son voyage. Sa rédemption. Downy Rooney Clarkson, anciennement Sergent tireur de l'élite de l'US Army, était proche de son but, proche de la fin. La maison qu'il cherchait lui apparut. Et, pour la première fois en une semaine, Downy eut peur. La peur, cette garce qui rongeait vos os, jouait avec votre coeur, courrait sur votre peau et faisait des noeuds avec votre estomac. Il s'arrêta, et regard la simple maison. Parfaitement banale. Rien, en extérieur, n'aurait pu témoigner d'une quelconque différence de l'habitant. Clarkson déglutit et s'engagea dans la petite allée qui menait au porche. Rouler en silence, encore et toujours. Downy avait commencé un processus de réconciliation définitive avec lui-même. Quelque part dans la nuit, un pétard éclata. Un jeu d'enfant. Downy se crispa, ses ongles plantés dans le caoutchouc de ses roues qu'il était en train de pousser. Explosion. Il y eut des cris, du bruit, des armes, des ordres, du sang. Une mission comme les autres. La mission où il avait tué pour la première fois. Le jour où il était passé dans l'autre camp ; Celui des tueurs, celui de ceux qui avaient les mains barbouillées de sang. Plus de sept ans que Downy n'avait plus eu à se salir les mains d'une telle façon. Mais les tâches étaient indélébiles. Une fois qu'un homme en avait abattu un autre, il n'était plus le même. Une part de lui s'envolait ; L'innocence. Downy rouvrit les yeux et tenta en vain de détendre ses muscles. Il poussa un soupir et avança jusqu'à cette porte qu'il avait imaginé nombre de fois depuis que son contrat avait été raccourci. Fébrile, il tendit une main et toqua à la porte. Quelle bonne surprise attendait le père de Steve qui devait s'attendre à quelques marmots déguisés... Downy déglutit. Chaque parent qu'il avait visité avait eu, en tout premier lieu la même réaction. Après qu'ils l'aient reconnu ou qu'il se soit présenté, il y avait un choc. Parce que on leur avait dit, sept années auparavant, que le seul survivant, un jeune sniper qui était chargé de diriger l'opération et protéger ses compagnons, avait été touché d'une balle dans l'épaule droite. Et celui qui se présentait alors devant eux était coincé dans un fauteuil roulant... Il pouvait s'en passer, des choses, en autant de temps. Mais là, maintenant, alors que la peur était revenue gronder au creux du ventre de Downy, c'était Halloween, des enfants arpentaient les rues, déguisés, et une vie allait définitivement changer.
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Ven 19 Oct 2012 - 17:53
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La vie ne s'arrêtait jamais. A aucun moment, elle ne vous laissait un instant de répit. Tant de fois, on envisage d'en finir, de se laisser emporter par le flot continu des souvenirs, de ce passé envoûtant qui vous obligeait à oublier momentanément l'avenir. Le présent finissait toujours par reprendre ses droits. On n'oublie jamais rien pour autant, la douleur est toujours là, poids invisible qui vous prenait aux tripes les soirs de solitude. Ce cher Glenn l'avait compris quelques années plus tôt, il avait tout perdu petit à petit. Sa vie s'était étiolée aussi facilement que la destruction d'un château de cartes. Il avait laissé son fils partir à l'autre bout du monde, participer à une guerre qui n'en valait pas la peine. Steve avait sacrifié sa vie pour rien du tout. Ce constat était bien trop difficile à vivre, pourtant, le patriarche de la famille Johansen s'en était relevé. Il avait recommencé à sourire, le manque arrachant toujours des bouts de son coeur perpétuellement, l'Homme était capable de tout surmonter. La perte, le manque, la honte, le regret, les seuls sentiments qui posaient un réel problème, c'était bien l'amour, la haine et la colère. Ces trois émotions s'étaient mêlées en lui pendant des années, il en avait perdu sa femme, son deuxième fils avait disparu de la circulation quelques temps après. Seul au monde, à ruminer contre le reste de l'humanité, Glenn avait fini par comprendre que la vie n'allait pas l'entendre. Il devait se réveiller et prendre ce fichu train avant qu'il ne soit trop tard et qu'il finisse ses jours à batailler entre son frigo et son poste de télévision. Il avait recommencé à sortir, malgré une solitude bien pesante, Glenn osait dire aujourd'hui qu'il aimait sa vie. Bien évidemment, rien ne pourrait jamais remplacer le vide laissé par la perte de son fils. Par moment, il lui arrivait aussi de se rappeler qu'un homme avait survécu à cette boucherie. Un homme des plus communs qui avait continué sa vie alors que son fils avait vécu son dernier souffle sous ses yeux. Parfois, Glenn se demandait pourquoi ce n'était pas Steve qui était rentré puis au bout de quelques secondes, il s'en voulait d'être si égoïste. Cet inconnu avait lui aussi une famille, une vie qui l'attendait à son retour. Johansen effaçait bien vite ses pensées pour remettre un sourire sur son visage après ces sombres paroles. Ce jour là ne faisait pas exception. Pour une fois, il était de repos et comptait bien se détendre avec la Toussaint approchant. Faire un tour sur la tombe de Steve? Glenn n'était pas d'humeur à ressasser le passé. Il s'installa donc dans sa cuisine et s'informa des nouvelles en prenant son journal avant d'être interrompu dans son entreprise par le bruit de la sonnette. Il fut quelque peu surpris, étant donné le peu de visites qu'il recevait mais il se leva agilement pour se diriger vers l'entrée. Il épousseta sa chemise avant d'ouvrir la porte. Une personne en fauteuil se tenait sur le palier et à ce moment-là, Glenn se rappela que c'était Halloween, il afficha un léger sourire.
Bonjour! Vous n'êtes pas un peu vieux pour participer à cette tradition? Je peux toujours aller fouiller les placards pour trouver quelque chose cela dit!
Glenn souriait largement maintenant. Il se rappelait de Steve, enfant. Il aimait tellement cette fête, il courait toujours dans la rue pour faire le plus de maisons possibles dans son déguisement de cow-boy. Un brin de nostalgie l'avait envahi mais Johansen reprit le contrôle, bien heureux d'avoir un peu de visite tout de même...
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Sam 20 Oct 2012 - 4:38
"Bonjour! Vous n'êtes pas un peu vieux pour participer à cette tradition? Je peux toujours aller fouiller les placards pour trouver quelque chose cela dit!" Downy battit des paupières, et déglutit. Le père de Steve semblait heureux, venant lui ouvrir sa porte. Il s'en voulut dans l'instant d'être venu déranger. Pourquoi faisait-il cela ? Il venait fouiller dans les vieilles histoires, raviver la douleur, tout ça pour simplement se faire du bien, à lui. "Je ne suis pas venu parce que c'est Halloween, monsieur." Downy eut un pincement au coeur. Depuis une semaine, la même chose, à chaque fois. Ne donner que son nom n'aurait pas ravivé les mémoires. Il était à nouveau dans les rangs pour l'histoire de quelques jours. D'une main légèrement hésitante, il esquissa un salut militaire, bien droit dans son fauteuil. "Sergent Clarkson, monsieur." Et puis, le vrai Downy revenait en vitesse. L'enfant timide, l'homme qui refusait de faire du mal. Il baissa ses yeux chocolatés dans l'instant qui suivit ces mots. Sergent Clarkson, monsieur. Il arrivait, comme une fleur, déclinait son identité,, remuait les vieux démons, s'excusait, et puis repartait ? Downy avait peur, cette fois. Peur parce que, personne ne le savait vraiment, mais il aurait pu sauver Steve, du moins lui laisser le temps de vivre encore un petit peu. Il avait le Bad Guy dans le viseur, le doigts sur la gâchette. Il lui suffisait de se décaler un tout petit peu, de tirer, et la balle filerait se planter entre les deux yeux de l'ennemi qui lui aussi visait quelqu'un... Qui visait Steve, se préparait à le descendre. Andrew et Jeremy s'étaient fait descendre soudainement quelques instants auparavant. Et maintenant que Downy devait descendre un nouvel homme, encore, il avait des états d'âmes. Il aurait peut-être du les avoir plus tard, ça aurait sauvé deux vies. Alors que, l'espace d'une seconde ou deux, Downy se demandait si tout cela faisait de lui un meurtrier, le type tirait, et tuait Steve qui s'écroulait dans la poussière. Downy avait commencé à perdre les pédales à cet instant déjà. Rester un peu à découvert, stupéfait, se prendre une balle en pleine épaule, vite se cacher, se vider de son sang, sombrer, alors que Thomas hurlait à la mort, dans son dernier souffle de vie, vie qui venait à lui aussi de lui être arrachée. Le Sergent Clarkson, certes jeune mais excessivement doué, était celui qui était censé chapeauter l'opération qu'on leur avait annoncé comme risquée.
Downy serra les dents. Souvenir fugace d'une lâcheté qu'il s'était reproché bien des fois après le drame, et se reprochait encore couramment de nos jours. Il prit une inspiration, et releva le nez, plantant, incertain, son regard chocolaté dans les yeux bleus glaciaux de Johansen. "Sergent Clarkson, monsieur. Votre fils et moi étions amis, il y a plus de sept ans." Il déglutit péniblement. Il avait eu un peu mal au coeur pour la famille d'Andrew, et celle de Jeremy, et de Thomas. Mais là, là, faisant aussi face à toutes ces choses qu'il regrettait amèrement depuis des années, il menaçait de céder. Une carapace qui se fracturait, une armure qui se fêlait ; Les yeux de Downy brillaient doucement aux lumières d'Halloween.
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Sam 20 Oct 2012 - 19:40
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"Sergent Clarkson, monsieur." Des mots qu'il aurait ne jamais avoir à entendre. Sept longues années s'étaient écoulées depuis que Glenn avait enterré son fils. Il tentait depuis ce jour de retrouver une vie normale, parce qu'il savait que c'était ce que Steve aurait voulu. Certains jours, il n'y arrivait pas. Il s'effondrait devant le miroir, haïssant ce pays qui lui avait enlevé sa chair et son sang. D'autres, il fracassait son réveil lorsqu'il sonnait, s'imaginant que c'était l'homme qui avait abattu Steve sans émotion particulière. D'autres encore, il s'affalait sur son canapé, devant la télévision et ne pensait plus à rien. Cela ne durait jamais longtemps, une journée, deux tout au plus mais la douleur était extrême. Et voilà qu'était à sa porte, Downy Clarkson, l'homme qui avait survécu. Le chef des opérations qui n'avait pas sauvé son fils. Glenn n'avait pas eu beaucoup de détails sur ce jour là, tout ce qu'il savait se résumait à cet homme qui était en bonne santé. Aujourd'hui, cela semblait différent, on ne lui avait pas parlé d'une paraplégie. Le sourire de Johansen s'effaça bien vite, envahi par les images de son fils souriant et lui racontant les plaisanteries qu'il racontait avec un certain Clarkson. Peu de temps avant sa mort, c'est tout ce qu'il lui avait dit, il ne lui avait pas parlé de sa vie au front, encore moins du temps qu'il faisait à l'autre bout du monde, non, il lui avait simplement dit que s'il devait confier sa vie, il la confierait à Downy Clarkson sans sourciller. Cela ne l'avait pas mené bien loin puisque cet homme était revenu et pas Steve. Sans le réaliser, les secondes s'égrenaient, les minutes même et Glenn n'avait rien dit, se contentant de regarder Downy comme s'il était un revenant, comme si on venait lui annoncer de nouveau que son fils était décédé. Clarkson ajouta qu'il était l'ami de Steve, il n'avait pas eu besoin de le préciser mais il fallait avouer que le silence devenait pesant maintenant. Lorsque Glenn se rendit compte que son comportement était incivil. Il s'écarta, en choc, avant d'inviter Downy Clarkson à entrer. Il n'avait plus rien à perdre de toute manière.
Downy Clarkson... Sept ans. Je ne m'attendais vraiment pas à vous rencontrer un jour... Même si... Steve m'avait beaucoup parlé de vous. Vous pouvez entrer, Sergent.
Glenn luttait contre ses émotions, désormais bien présentes dans sa chair calcinée. Il dirigea Downy vers le salon avant de s'affaisser sur son divan à son tour. Tant de questions prenaient possession de son crâne: la colère, la peur, tout cela se mêlait dans une mixture indigeste. Glenn plongea son regard dans celui de Downy, perturbé. Il ne savait pas quoi dire mais il se doutait qu'il n'était pas là sans raison...
Je suppose que vous êtes ici pour une raison, Monsieur Clarkson. Je ne sais pas ce que vous cherchez mais vous feriez mieux de laisser le passé où il est. On a enterré... Steve il y a sept ans. Il n'y a plus grand chose à faire pour lui...
Imperturbable en apparence, Johansen était fin prêt pour ce moment, ce jour où les cartes seraient finalement mises sur la tables, la vérité exposé au grand jour. Son fils était mort. Pour autant, le père méritait d'avoir des explications sur les circonstances de son décès et c'est ce qu'il cherchait en tentant de capter le regard de Clarkson, plus de sept années après le drame.
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Dim 21 Oct 2012 - 13:32
Downy se rendit rapidement compte du trouble passager de Johansen. Qu'aurait-il pu arriver d'autre ? Il venait, et remuait le couteau dans des plaies qui semblaient enfin se cicatriser. Il s'en voulait, de ne pas avoir assisté aux enterrements d'Andrew, Jeremy, Thomas et Steve. Il s'en voulait, de ne pas alors avoir fait son devoir de jeune gradé, de survivant, d'ami. Il s'en voulait, de ne pas leur avoir présenté des excuses, du soutien, des condoléances. Il n'était qu'un gosse qu'on venait de ramener abruptement à la réalité de la façon la plus dure qu'il soit. Downy n'osait répondre ; Encaisser, il fallait déjà qu'il encaisse. Certes, il n'y avait pas grand-chose qui aurait pu l'ébranler. Mais les mots de l'homme debout devant lui pouvaient changer en partie le restant de ses jours. Il le s'écarta pour le laisser entrer. Discuter, mettre au clair. C'était le grand saut, la dernière étape. Downy leva ses yeux chocolatés vers l'homme. Cela suffisait parfois à dire les choses, échanger un regard. Alors qu'il passait et rentrait avec adresse, coincé dans son fauteuil roulant, il finit quand même par dire, réflexe défensif et triste réalité : « Je suis réellement désolé de n'avoir pu assister aux funérailles de Steve, comme pour celles de mes autres compagnons. J'étais coincé dans un hôpital militaire, à délirer et divaguer toute la journée et hurler son nom la nuit, en me réveillant d'un cauchemar ou d'un autre. » Mince sourire un petit peu ironique. Non, il n'avait pas pris des vacances à ce moment-là. Seul face à tout ce qu'il avait dans la tête et sur le cœur, il perdait les pédales, revivait sans cesse cette dernière mission, vivait dans un autre monde, peuplé de fantômes. Certains disaient qu'il fallait apprendre à vivre avec ses morts avant de pouvoir correctement vivre avec ses vivants. Il pinça les lèvres et ferma les yeux, un instant. Il rouvrit les paupières, et fit un habile demi-tour pour regarder en face le père de Steve. « Si je suis là, c'est sûr, ce n'est pas pour rien, monsieur. Il y a sept ans, j'ai manqué à tout mes devoirs. Le peu que je pouvais faire et que j'aurais du faire, je ne l'ai pas fait. Ça fait sept ans que je me traîne tout ça, partout où je vais. Depuis quelques temps, je pensais réellement le faire, rendre visite à ces familles pour aussi faire mon propre deuil. Je commençais à aller mieux, voyez ? Je faisais moins de cauchemars, et j'avais moins de crises d'angoisse subites, j'arrêtais un peu de fumer et de trimbaler mon couteau à cran d'arrêt partout avec moi. Je commençais peut-être enfin à vivre, à combler le vide, enfin plus ou moins. J'avais trouvé quelqu'un pour m'épauler, qui me comprenait vraiment. » Downy déglutit, détournant le regard. Les mots sortaient instinctivement de sa bouche, il ne réfléchissait même plus, ses tripes le guidaient. Il déblatérait, ce qui n'était pas vraiment son genre. Mais il parfait et disait les choses. Certes il omettait un passage. Il l'avait déjà évité avec les trois autres familles. La descente aux enfers, la cocaïne, les fantômes, les regrets amers, le déni, le refus de toute aide... L'overdose, le déclic, la cure de désintoxication. Il prit une inspiration et continua : « Je pense que vous ne vous attendiez pas à voir débarquer un homme coincé dans un fauteuil roulant, vu ce qu'on avait pu vous dire de mon état, quand tout ça est arrivé il y a des années déjà. Je passe mon temps à risquer ma vie sans raisons. À trop jouer à ce petit jeu avec le destin, il m'a bien eu. Ça fait un peu plus d'un mois qu'on m'a annoncé que j'avais perdu mes jambes mais que je devais garder quelques espoirs. » Downy se tût. Parler, parler, parler, et puis il atteignait ses quotas et se refermait sur lui-même. Le gamin lunatique et taciturne, surtout, veillait au grain. Il était toujours comme ça. Il pouvait parler, et puis, d'un coup, se taire et s'effacer. Il n'y avait que dans sa salle de classe qu'il arrivait à parler librement, passionné et sans limites. Il baissa les yeux, et tritura le bout de ses doigts, interdit.
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Dim 21 Oct 2012 - 17:02
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Lorsqu'on vous poussait à replonger dans votre passé le plus sombre, il était bien évident que votre cerveau ne répondait plus logiquement aux circonstances. Glenn était perdu, tout bonnement. Que pouvait-il bien dire à un reflet d'une vie qu'il avait quitté sept auparavant? Plus aucune trace de Steve sinon des photographies blanchies par le temps ne laissait paraitre que Glenn avait été un père avant de devenir un homme d'affaires. Aujourd'hui, il redevenait le père protecteur, sur la défensive qui tentait encore de défendre les intérêts de son protégé, ce n'était pas un choix, c'était un vil instinct qui le poussait à voir son coeur se déchirer. Constat douloureux que la visite de Downy ne lui apportait pas de répit, cela ne lui ramènerait pas son chair et son sang. Plus jamais, il n'aurait l'occasion d'organiser des parties de pêche avec son fils au lac voisin. Plus jamais, il ne l'aiderait avec ses devoirs. Plus jamais, il ne verrait son sourire lorsqu'il ouvrirait ses cadeaux d'anniversaire. Tout cela n'était que des images racornies, sans espoir, seulement des restes d'une vie qui s'était écoulée en silence. Sans émotion, vidé, Johansen avait invité Clarkson à entrer dans son humble demeure. Il l'avait bien vite écouté se justifier de son absence sept ans plus tôt. Le pardon était une chose si difficile à accorder. Pendant longtemps, le père de famille s'était posé tant de questions: pourquoi ce Downy était-il absent alors que Steve aurait donné sa vie pour lui? Tout cela n'avait aucun sens. Quelques mois plus tard, il avait appris que lui aussi avait été blessé et avait subi des mois à l'hôpital. Pour autant, la colère était toujours caché au fond de lui, comme si cet homme en fauteuil, les yeux tristes auraient pu faire quelque chose pour sauver son fils. Il n'était qu'un homme après tout et ce sentiment ne ferait pas non plus revenir Steve.
Ce n'est pas la peine de vous justifier, Sergent. Vous aviez certainement vos propres démons à combattre, mon fils ne pouvait pas faire partie de vos priorités à cette époque. L'important, c'est qu'au moins, l'un de vous ait survécu pour témoigner...
Un goût amer dans la bouche, Johansen tenta un maigre sourire. Etait-ce donc cela le pardon? Cacher le radeau derrière des excuses qui ne valaient pas le moins du monde le bouillonnement qu'il ressentait à l'intérieur. Puis, Downy lui raconta des bruns de sa vie depuis son retour sur le territoire américain. Des traumatismes, de l'espoir et des regrets. Tout cela en un unique homme. Glenn comprenait finalement qu'il ne pourrait jamais comprendre ce que cet homme avait vécu là bas. Il avait certes perdu un fils mais il n'avait pas laissé derrière lui son intégrité et ses valeurs pour une guerre sans but.
Tout cela fait partie du passé, vous savez. Au début, je vous avoue que c'était difficile de vous savoir vivant alors que mon fils avait vécu les pires supplices puis le temps fait son oeuvre... Je n'arrive pas à croire que je puisse dire cela mais je pense que Steve aurait aimé que l'on continue nos vies avec un sourire aux lèvres. Ne cherchez pas mon pardon, Sergent. Steve vous le donne à ma place et vous le savez, mon avis ne compte pas.
Johansen baissa les yeux quelques secondes, il réalisait tout juste à quel point ce moment était difficile et déchirant. Il n'avait pas prononcé le prénom de Steve depuis des mois et cela lui brisait le coeur encore aujourd'hui. Pourtant, il finit par relever le regard vers l'ancien militaire et l'écouta se justifier sur sa position. Paraplégique. Ironie du destin pour un homme qui avait survécu à la douleur la plus immense. Glenn était curieux mais cela ne le concernait pas après tout. Il connaissait à peine cet homme que Steve adorait. Pourtant, l'homme commenta les propos de Downy, sans arrière pensée.
Je suis désolé de l'apprendre vous savez. Comme vous êtes revenus en vie de là bas, j'avais espéré que vous resteriez en bonne forme. A quoi bon vivre si l'on ne peut pas rendre hommage à ceux qui ont péri dans cette satanée guerre? Steve me manque tellement...
La dernier phrase, Glenn l'avait murmuré, sentant une larme perler au coin de son oeil. Est-ce qu'un jour cette douleur s'effacerait? Il était fort à parier que le temps rendait cela plus supportable mais certainement pas moins douloureux...
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Lun 22 Oct 2012 - 13:04
« Ce n'est pas la peine de vous justifier, Sergent. Vous aviez certainement vos propres démons à combattre, mon fils ne pouvait pas faire partie de vos priorités à cette époque. L'important, c'est qu'au moins, l'un de vous ait survécu pour témoigner... » Downy se mordait la lèvre, visage baissé. Non, non, ce n'était pas la vérité, sa vérité. Marmonnement peu audible, Downy, perdu entre deux mondes, articula : « Je pensais plus qu'à lui, qu'à eux.. Qu'à vous. J'aurais pas du laisser ce type le tuer... J'étais trop con. » Il déglutit, ses ongles se plantant encore une fois dans le caoutchouc des roues de son fauteuil. Et pourtant, trouver la force d'avoir un peu de lucidité, et de lui parler de l'accident. Son coeur s'était mis à tambouriner et résonner avec sa cadence lancinante dans son crâne. Le rythme du remords, du déni, de la peine. Steve. Sergent. Continuer la vie. Supplice. Guerre. Downy ne captait qu'un mot sur deux, passant en mode binaire. Il craquait. Il craquait face à son mensonge constant, le père de son ami, lui-même aussi. Serrer les dents et martyriser ses roues ne servirait en rien. Un peu plus et il était en apnée, n'osant pas relever le regard. Soit il perdait les pédales, soit il craquait, soit il faisait les deux. Se confronter à la vérité, au monde réel, à la douleur humaine, tout cela était toujours insupportable, et ce pour quiconque. Il n'y avait rien de si poignant pourtant dans ce qui était dit entre les deux hommes ; Pour une personne étrangère à leurs histoires du moins. Mais reprendre vie, Downy ne savait même plus vraiment si il y était réellement arrivé. Sourire, il avait mis tellement de temps à y arriver à nouveau qu'il savourait lui-même chaque sourire sincère qu'il pouvait esquisser. Il vint rompre le silence, d'abord dans un murmure, puis sa voix se faisant plus forte : « On nous l'avait dit, cette mission risquait d'être dangereuse. On s'en foutait, c'était tout le temps risqué là-bas. On était réunis, la fine équipe, on se sentait peut-être invincibles faut croire. J'étais jeune, mais ça faisait trois ans que j'étais dans les rangs, j'étais membre des forces spéciales, j'étais tireur d'élite, j'étais gradé alors que j'étais qu'un gamin. Tout ça parce que j'avais un soi-disant talent. Merci Papa, vraiment, d'ailleurs... Ouais, on s'est fait prendre comme des rats, ou presque. J'étais dans mon immeuble, avec mon M-40, mon boulot c'était de démonter les connards qui pouvaient être là, de veiller sur eux, comme d'habitude quoi. On a pas compris d'où ça venait. Andrew et Jeremy se sont écroulés d'un coup, et c'est devenu un cauchemar, un vrai cauchemar. J'en ai descendu quelques uns, méthodiquement, froidement même. J'étais le bon petit soldat qui abattait les méchants. C'était à moitié en train de se calmer, il faut dire que j'en avais descendu quelques uns, hein. J'avais un nouveau gars dans le viseur, il visait lui-même Steve. J'allais lui planter une balle entre les deux yeux, il fallait juste que je me décale un peu, que j'appuie sur la détente. Et j'ai douté, pendant une fraction de secondes, à peine quelques instants. Tout ça, au fond, ça faisait de mois un meurtrier ? Oh, j'y avais déjà pensé. Il a fallu que ça me revienne à ce moment précis. Un instant d’inattention, ça coûte cher dans l'armée. Il a tué Steve. J'ai commencé à perdre pied à ce moment-là. Je buguais, et Steve avait rejoint Andrew et Jeremy dans la poussière. Je me suis pris une balle du coup. Ça, ça m'a réveillé. Enfin voilà quoi. J'me suis caché derrière le mur, je pissais le sang, je commençais à délirer. Et Jeremy a été le dernier. J'étais en train de sombrer, mais je l'ai entendu hurler. C'était inhumain, c'était horrible... J'en ai des frissons rien que d'y repenser. Il y a un gros trou noir après, parce que je me souviens qu'ensuite, je suis dans l'infirmerie du camp, je grelotte, on est en train de me retirer la balle de l'épaule, et puis j'entends qu'ils sont tous morts sauf moi, et tout me revient, et je me mets à hurler moi aussi. J'ai gueulé le nom de votre fils plus fort que je ne pourrais plus jamais gueuler. » Downy releva enfin le regard vers le père de Steve. Il se sentait vide. Vide de sens, vide de tout. Vide, tout simplement. Il déglutit péniblement. Sa voix s'était brisée vers la fin de son discours, en même temps que les têtes tombaient. Clarkson fut parcouru d'un long frisson, serrant toujours les roues de son fauteuil à s'en faire pâlir les articulations. Qu'est-ce qu'il venait de faire.. ? Une fraction de seconde, il paniqua. Mais sa panique le mena surtout à poser son visage dans ses mains portées en coupe, et s'excuser, se cachant et sentant les sanglots monter. « Je suis désolé. Je suis trop con. »
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Sam 27 Oct 2012 - 18:12
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Glenn était toujours surpris de la venue de Downy Clarkson, l'ancien ami de son fils. Celui-ci ne ressemblait pas réellement à la description que lui en avait fait Steve peu avant sa mort. Pourtant, le temps avait passé et la haine qu'il vouait à cet homme qui avait laissé son fils périr s'était peu à peu transformé en indifférence. Le temps faisait son oeuvre et ce qui était insupportable hier était devenu routine aujourd'hui. L'homme avait vécu avec le manque pendant sept années et même si chaque fibre de son être subissait la perte de Steve, il arrivait à se lever de bonne humeur le matin et vivre une journée sans encombre. La douleur n'était que subjective et Glenn savait qu'il pourrait continuer de vivre de la sorte jusqu'à ce que la grande Faucheuse vienne s'emparer de son corps malade. Glenn laissa l'ancien militaire se justifier même s'il n'avait de cesse de lui répéter que ce n'état plus nécessaire. La mort avait fait son chemin et aujourd'hui, il préférait conserver les bons souvenirs plutôt que d'imaginer les derniers instants de son fils.
Vous n'avez pas laissé ce type le tuer. Vous avez fait votre possible, vous n'étiez qu'humain. Je sais que je n'ai pas toujours pensé ainsi vous concernant mais je n'aurai certainement pas fait mieux pour lui...
Puis, Glenn s'enferma dans sa bulle, pas prêt à entendre la suite. Il imaginait la scène dans son esprit, les derniers instants de son fils, la vérité enfin dévoilé. Il n'avait pas réalisé que ce serait douloureux de le voir s'écrouler, le regard certainement embué en réalisant qu'il ne retournerait jamais à la maison, que jamais on ne le regarderait avec une fierté non feinte. Glenn laissa une unique larme couler alors qu'il concentra son regard sur les dalles du salon. Que faire d'autre? Désormais, il n'avait plus rien à entendre, il pouvait bien passer à autre chose et surtout laisser son cher fils reposer en paix, comme il l'a toujours mérité. Johansen finit par relever le regard vers le militaire, décidément perturbé par cette culpabilité qu'il continuait de ressentir des années après la tragédie. "Je suis désolé. Je suis trop con." Ses simples mots résonnèrent dans le crâne de Glenn. Comment avait-il pu, à un moment donné, en vouloir à ce pauvre soldat qui s'était perdu dans une guerre qui n'avait pas lieu d'exister? Johansen s'en voulait désormais pour toutes ces mauvaises pensées, en vérité, comme tous ceux qui avaient péri là bas, Downy était un héros caché. Tout simplement. Glenn essuya les larmes rebelles qui s'étaient étalées sur sa joue avant de reprendre une position confortable, son regard tourné vers l'homme qui lui faisait face.
Merci. Merci pour la vérité. On n'a jamais voulu nous dire dans quelles circonstances.. Steve avait disparu... Quoique vous puissiez penser, vous êtes un héros Downy Clarkson. Peu de gens seraient venus jusqu'ici avouer son erreur. Je vous remercie de tout coeur.
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Dim 28 Oct 2012 - 4:58
"Merci. Merci pour la vérité. On n'a jamais voulu nous dire dans quelles circonstances.. Steve avait disparu... Quoique vous puissiez penser, vous êtes un héros Downy Clarkson. Peu de gens seraient venus jusqu'ici avouer leur erreur. Je vous remercie de tout coeur." Downy relevait lentement le nez, la gorge serrée, les muscles tendus, les yeux brouillés. La vérité lui tordait toujours l'estomac. Surtout quand elle finissait par s'évader de sa bouche, à retentir à d'autres oreilles que les siennes. Un héros. Un héros. Le sourire nerveux de Downy fut teinté d'ironie. Un héros. Il avait eu l'une des plus importantes médailles que l'on puisse avoir dans l'armée, et puis on lui avait fait un sourire, on lui avait bourré les poches de liasses de billets et on l'avait jeté dans le monde réel, et l'état avait refermé une porte derrière lui. Un héros. Il était loin d'être un héros. Oui, juste des médailles, quelques cicatrices, et puis plus rien derrière. Il n'avait jamais eu et n'aurait jamais des épaules assez solide pour ça. Il fallait croire que c'était son coeur et ses cordes vocales qui le commandaient ce soir. Que le besoin de tout dire pour enfin trouver le pardon le tiraillait. Ce pour quoi il commençait à ouvrir les lèvres n'avait rien à voir avec le père de Steve, après tout. Il réussit à se stopper et se renfrogna un peu. Où est-ce qu'il avait en plus le besoin de parler de l'enfer qui avait suivi, de la drogue, de l'abandon, de sa stupidité du moment que son meilleur ami avait éprouvé à plusieurs reprises ? Il déglutit, et releva enfin son regard chocolaté pour le planter dans les yeux glaciaux de Johansen. La vérité l'avait autant et peut-être plus que Downy. Savoir comment son propre fils était mort, sept ans plus tard, de la bouche d'un lâche qui n'avait pas été capable de le protéger ne pouvait qu'être douloureux. "Je suis pas un héros, monsieur. J'ai rien d'un héros. Un bon petit héros de guerre, il aurait déjà été brandi sous le nez de nous tous pour démontrer la grandeur de ce putain de pays. J'arrive même plus à faire réellement confiance à un seul gouvernement. Vous savez pourquoi on a surement éludé la question de notre mission à l'époque ? C'était bientôt les élections, et l'administration Bush devait penser que ça leur aurait pas fait une bonne publicité. Ils m'ont réellement oublié, voyez ? Pire que les autres.. On est tous les jouets des politiques. Je peux pas, et je VEUX pas être leur héros." Très belle ironie du sort, quand Downy parlait ainsi, il semblait avoir la carrure pour ce rôle, la force de conviction nécessaire. Mais un héros, ça vantait son armée envers et contre tout, la beauté de son pays, sa puissance, sa bonté. Anti-héros. Downy était un anti-héros, tout simplement. Parce qu'il avait réussi à redevenir un membre de la population moyenne... Certes tourmenté par d'autres questions, un peu différentes ; mais il était membre de la masse, un homme parmi des millions d'autres. Un homme parmi des millions d'autres qui continuait pourtant de porter cette flamme en lui. La flamme d'un espoir qu'il avait parfois perdu, mais souvent brandi. Espérer, c'était devenu une habitude pour le jeune homme. Espérer, se battre, dans la vie comme il l'avait fait sur le terrain. Il prit une grande inspiration, et posant ses mains sur ses roues, il se mordit la lèvre avant de continuer : "Je suis pas l'exemple idéal. Loin de là. Un héros se serait pas drogué à manquer d'en crever. Un héros idéal pour la bonne vieille amérique de l'oncle Sam, aussi, n'aurait au grand jamais pu tomber amoureux d'un autre homme... Jusqu'à en souffrir en vain. J'ai toujours été et je resterais celui qu'on oublie très facilement, monsieur, et je m'y suis très bien habitué." ... Il l'avait finalement fait, mais plus en délicatesse. Downy se débarassait donc de tous ses démons, ce soir. La mort, la drogue, Braeden, la jeunesse. Il fallait au moins espérer que ce ne serait pas en vain.
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Lun 29 Oct 2012 - 20:59
"And lights will guide you home"
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Quel était le prix de la vie lorsqu'on n'avait plus rien à perdre? Qu'espérer de vos journées quand l'attente de la vérité vous obnubilait? Glenn avait passé tant de temps à se poser tout un tas de questions, celles-ci n'avaient leur réponse qu'aujourd'hui. Il savait désormais ce qu'était un héros, un homme modeste, qui n'avait pas peur du système, pas peur de le contredire et surtout un héros restait humble. Son fils en avait été un pendant quelques millièmes de secondes alors que sa vie quittait son corps sans demander son reste. La douleur avait fait son chemin dans chaque parcelle de ce corps si frêle que Glenn avait porté tant de fois. L'homme n'oublierait jamais toutes ses images, il n'effacerait jamais l'amour qu'il a porté à son fils, il l'aimait de tout son corps et quoiqu'en dise Downy, il méritait de vivre à nouveau pleinement. On ne pouvait plus laisser un passé vieux de sept ans interférer sur un futur qui pouvait être si radieux. Le deuil était mesquin et vous empêchait d'avancer, il vous retenait en arrière de sa vile main jusqu'à ce que vous n'ayez plus la force de continuer à vivre. Glenn ne voulait plus se forcer à respirer, il voulait que Clarkson en fasse de même. Si Steve avait été là aujourd'hui, il lui aurait dit la même chose. Le système tait peut être ce qu'il était mais il fallait savoir accepter ce qu'il vous offrait, une image, un espoir pour les futures générations. Voilà ce que représentait Downy Clarkson aux yeux de Glenn Johansen. C'était certainement bête voire superficiel, mais c'était cette image du héros revenu sain et sauf du front qui permettait à l'Amérique de continuer de briller, c'était aussi accepter ce lourd fardeau que Downy devait réaliser. Glenn hocha la tête en signe de compréhension aux propos de Downy. Il releva le regard quelques secondes plus tard vers lui, bien décidé à ne pas le laisser sombrer.
Vous avez certainement raison, Sergent. La politique joue une grande part dans ce qui vous est arrivé. Mais vous savez, si des gens comme vous, ceux qui rentrent n'existaient pas... Il resterait quoi? Et l'espoir dans tout cela? Il faut des gens courageux et vous leur avez apporté ce brin d'espoir qui fait qu'ils continuent, tous, quoiqu'il en coûte. Steve en avait conscience et c'est pour cela qu'il n'a pas reculé face à la mort, enfin je l'imagine...
Glenn se mura une nouvelle fois dans le silence. Les images de son fils à l'agonie redevenaient trop difficiles à supporter mais il le fallait, absolument, pour que chaque jour qui passe ne soit qu'un pas de plus vers lui mais un pas désiré et non retenu. Johansen ne savait pas grand chose de tout ce que pouvait avancer Downy, il avait tenté de ne pas penser à ce que la vie de son fils leur apportait. Pas grand chose certainement mais il ne pouvait pas en être certain. La seule chose qu'il savait était que Steve aurait tout donné pour la fierté de son pays et c'était suffisant pour lui, un père qui comprenait finalement les risques du métier qu'il avait choisi. Downy, lui, ne semblait plus en accord avec cet idéal. Selon lui, il était différents de l'utopie américaine. Certes mais en quoi cela l'empêchait-il d'être un héros aux yeux des individus de ce pays?
On vit tous avec nos démons ou nos vices, vous savez. Si vous les reconnaissez, c'est bien suffisant. Personne ne remet en cause votre mode de vie, Sergent. Vous êtes ce que vous êtes, ce qui compte c'est ce que vous avez accompli. Tout simplement.
Johansen sourit pour la première fois de cette rencontre. Un nouvel espoir se distillait dans ses veines. Finalement, la fatalité qui avait déterminé toute sa vie avait joué son rôle; aujourd'hui, il était devenu un homme plus fort et bien plus compréhensif. Que Steve repose en paix...
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Jeu 1 Nov 2012 - 10:26
« On vit tous avec nos démons ou nos vices, vous savez. Si vous les reconnaissez, c'est bien suffisant. Personne ne remet en cause votre mode de vie, Sergent. Vous êtes ce que vous êtes, ce qui compte c'est ce que vous avez accompli. Tout simplement. » Downy écoutait. Il ne savait plus. Des démons et des vices. Il en avait eu, en avait et en aurait pour longtemps. Et puis, comment pouvait-il être porteur d'espoir ? Quel espoir y avait-il à voir un homme rentrer au pays avec la mort de ses camarades sur la conscience ? Il y avait certaines choses qu'il ne saisissait pas encore, ou qu'il ne voulait pas saisir. Un héros, si c'était ça qu'on voulait qu'il soit, il y aurait quelques surprises. Un héros dénonçant le système, n'incitant sûrement pas les jeunes à rejoindre les rangs, un héros dont les choix seraient contestés par une bonne partie de l'Amérique... Downy rongeait son frein. Il s'était aussi présenté en tant que Sergent pour qu'on se rappelle de lui, mais peut-être que c'était trop. Dans l'absolu un homme gardait son grade pour le reste de sa vie, mais Downy en avait mené beaucoup trop pour savoir réellement. Sergent. On l'avait tant de fois appelé ainsi durant la semaine qui venait de s'écouler. En sept années, son grade n'avait plus que rarement été prononcé. C'était peut-être trop, oui. Il était venu remuer les mauvais souvenirs dans les cœurs des familles. Mais il doutait désormais du bienfait qu'il en éprouverait. En vain. Faire cette démarche le calmerait peut-être pour de bon. Calmerait peut-être ses démons, justement. Il était venu chercher le pardon pour se reconstruire, effacer ses dettes. Il leva ses yeux chocolatés et, faisant un demi-tour avec son fauteuil puis roulant doucement, le regard dérivant sur la pièce, il reprit, dans un calme olympien : « Ce serait mentir. À la limite devenir la mascotte involontaire d'une association antimilitariste isolée au fin don de l'Ohio serait à ma portée... Je n'ai rien accompli, justement, monsieur. Autre que tuer des pauvres types, fermer les yeux sur des trucs inimaginables et.. laisser crever votre fils. Vous savez quels jeux on avait là-bas ? On traçait une ligne sur le sol, et on posait des billets juste derrière. Et si un gosse se pointait pour en ramasser, il se faisait battre par nos troupes. Les enfants savaient, à force, mais il y en avait toujours un qui tentait sa chance quand on avait le dos tourné et qu'on ne regardait pas. Au début, j'étais indigné et je me suis disputé avec d'autres à cause de ça. J'ai appris à fermer les yeux et serrer les mâchoires. Mais il y en a que ça amusait beaucoup. » Le regard dans le vague. Il se rappelait de choses, d'images, de paroles. La dernière phrase qui lui vint en tête le fit baisser les yeux et serrer le poing. Braeden. C'était lui qui lui avait, ce soir-là, qu'il méritait amplement sa médaille, pourtant réservée à ceux qui avaient fait preuve d'un courage plus qu'exemplaire dans une situation critique. Il lui avait dit qu'il la méritait parce qu'il avait su rester humain, douter, et se rendre compte de la portée de ses actes, des vies qu'il volait. Braeden. Penser à lui lui tordait l'estomac et lui pinçait le cœur. Il avait certes dit à Jaymes qu'il voulait recommencer, tout recommencer, Braeden l'avait fait se sentir vivant. Il avait été heureux, réellement, avec le Wilde. Il prit une inspiration et reporta son regard vers Johansen. « Excusez-moi encore. Des divagations sans importance. N'y prêtez pas attention. » Un instant passa. Downy déglutit. Il valait peut-être mieux qu'il s'éclipse, mais il venait de faire trop de mal pour quitter le père de Steve ainsi. Downy avait replacé son fauteuil plus en face vers l'homme. Il se raidit de nouveau, le regard vers le lointain, et porta sa main à sa tempe en salut militaire alors qu'il articulait : « Le soldat Johansen était mon ami, et un véritable soldat de l'US Army. Il ne rechignait jamais à la tâche, faisait excessivement bien son travail. Il est mort sous les balles ennemies et sous mes yeux. Je ne suis pas venu il y a sept ans, je n'ai pas fait mon travail, je n'ai même pas assisté à ses funérailles, et je suis venu m'excuser. Je ne voulais en aucun cas semer le trouble ou quelconque idée de ce genre. Excusez-moi encore du dérangement causé. » Il reprit position normale, évitant le regard du père. Lentement, il se détourna et roula vers la porte par laquelle il était entré. Ses roues chuintaient discrètement sur le sol mais leur bruit résonnait entre les deux hommes. Downy s'arrêta un petit mètre avant d'atteindre la porte. Sans se retourner, il déclara pourtant : « Monsieur, mes excuses sont sincères. Depuis sept ans tout ces choses me torturent et me poursuivent. J'appréciais votre fils et je vais peut-être enfin pouvoir faire son deuil et le laisser reposer en paix. »
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Ven 2 Nov 2012 - 16:15
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Que restait-il de ces années de torture mentale? Qu'était Glenn aujourd'hui? Un père? Un homme seul? Un homme hanté par le chagrin? Aujourd'hui, il avait l'impression d'être au bord du précipice, les excuses du jeune homme sonnaient comme la fin d'une époque, comme la fin d'une partie de lui même. Il n'avait plus de femme, son fils était désormais bien loin. Peut être était il temps de recommencer sa vie, d'oublier... Dans la mesure du possible. Bien évidemment, jamais il ne pourrait oublier Steve, son fils unique, la meilleure partie de lui même mais il pouvait peut être se donner une chance d'être heureux. Il avait fallu sept années pour qu'il le réalise, il avait fallu la visite de Downy Clarkson, un homme rongé par la culpabilité et la haine d'un pays qui lui avait tout pris. En ce sens, il n'était pas si différent mais contrairement à lui, Glenn n'était pas amer. Il savait que ces pertes étaient nécessaires pour que l'équilibre terrestre soit maintenu. De la fatalité? Certainement, il avait suffisamment vécu pour avoir conscience de ce que la vie devait vous prendre pour vous faire devenir quelqu'un de respectable. Glenn n'avait pas la certitude d'être quelqu'un de bien mais ses erreurs l'avaient forgé. Il savait désormais qu'il n'avait pas su retenir sa femme, qu'ils auraient dû rester soudés après le drame et non se déchirer aussi facilement. Il savait également que le travail ne faisait pas toute une vie et il avait surtout conscience que les paroles de Downy étaient bien douloureuses. Il avait pris des vies innocentes, son fils en avait pris également parce que c'était la loi du plus fort dans cette jungle. Ses pauvres enfants qui ne demandaient rien d'autre que de vivre. Pendant quelques secondes, la colère se lisait sur son visage, une pointe de dégoût également mais il réalisa bien vite que tout cela était du passé, que ces jeunes militaires n'étaient que des enfants perdus dans un monde qui n'auraient jamais dû être leur à leur âge. Il releva son regard vers celui de l'handicapé, bien déterminé à mettre le passé derrière eux définitivement.
Je ne sais pas pourquoi vous me confiez ce genre de souvenirs mais si vous le faites, c'est bien que vous le regrettez suffisamment pour en avoir honte... Je ne suis jamais allé là bas mais j'ai bien conscience que c'était la jungle, Sergent. Il est temps d'oublier tout cela et de créer de tous nouveaux souvenirs bien loin de l'enfant que vous étiez à cette époque...
Puis, Glenn se referma une nouvelle fois alors que Downy s'excusait de ce partage momentané. Qu'avait-il fait pour subir tout cela, La vie était-elle si cruelle avec les gens les plus intègres? Il fallait croire que le bonheur était plus qu'une utopie ou qu'un simple idéal, on pouvait seulement souffrir ici bas. C'était le pire constant qu'un homme désormais âgé pouvait faire. La vie ne faisait pas de cadeaux et il valait certainement mieux le réaliser à l'âge de Downy qu'au sien. De nouvelles excuses se firent entendre à travers le salon de Johansen, le pardon était déjà obtenu. Il ne restait plus qu'à exécuter ce que le protagoniste en question aurait voulu: vivre, se laisser porter par son intuition, se laisser aller au bonheur. Pour Steve. Pour cette Nation. pour les fils qui avaient péri sous les balles d'autres fils.
Je vous remercie. De tout mon coeur. Même si c'est sept ans plus tard, même si de l'eau a coulé sous les ponts depuis. C'était important pour moi. Steve apprécie aussi certainement. Pour sa mémoire, faites en sorte d'avoir une belle vie, Downy Clarkson.
Puis, l'ancien militaire se dirigea vers la porte, suivi quelques secondes après lui de Glenn Johansen. Il n'y avait plus besoin de mots, la reconnaissance était bien là et l'homme était fin prêt à reprendre une vie normale, loin de tous ces cauchemars qui avaient hanté cette nuit parfois. Dire au revoir à un pan de sa vie, se libérer d'un poids et avancer. Finalement avancer. Encore quelques paroles prononcées par Downy alors que le père de Steve entrouvrait la porte, heureux de cette visite et de son résultat. Il étala un sourire sur son visage désormais ridé par le temps qui passait et les douleurs subies pendant cette dernière décennie. Des excuses acceptées, une vie qui lui tendait les bras. A demi mots, il remercia l'ami de son fils. Comme un adieu, comme un éternel recommencement...
Je n'espère que cela pour vous. Soyez heureux.. Vivez. et ne vous retournez jamais. Adieu Steve, c'est tout ce que vous devez vous dire. Votre vie commence maintenant...
Puis, Glenn lui fit un signe de la main. Le pardon était donné, la vie reprenait son cours et c'était tout ce qui comptait. Steve le suivrait chaque jour, non plus comme une ombre, non, mais comme un heureux souvenir...
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Sujet: Re: « And lights will guide you home. » Sam 3 Nov 2012 - 9:53
Un signe de tête, un regard brillant d'une lueur indescriptible. Vivre. Downy devait continuer sa route. Arrêter avec tout ça. Maintenant il le pourrait. Il le pourrait, enfin. Le père de Steve avait raison. Il n'était plus celui qu'il avait été à l'époque. Il avait vécu. Appris, encore, de ses erreurs. Il en avait aligné en quelques années. Mais c'était ça qui l'avait construit comme il était maintenant. Arrêter de ressasser. Arrêter, enfin. La nuit s'était faite sombre, bordée des lumières des maisons et des grimaces tracées dans la peau des courges posées sur les porches. Des enfants rentraient lentement chez eux, riant ensemble. Au milieu de tout ça, Downy roulait doucement. Remonter la rue, trouver un taxi, et foncer vers l'aéroport d'Austin. Il était temps de rentrer. Temps de tout appliquer. Il était temps. Un sourire se dessina lentement sur ses lèvres. Une larme coula en silence le long de sa joue, une autre, encore. Mais son sourire restait. C'était enfin fini. C'était fait. Enfin. Extraterrestre au milieu des zombies, riant et pleurant en silence. Il leva le regard vers les cieux sombres. Malgré les lumières parasites, quelques étoiles étaient visibles. Orphelines et esseulées. Il s'arrêta et resta un long moment à les regarder, le nez en l'air. Les perles d'eau salées avaient séché sur sa peau. Les astres brillaient dans ses yeux noisettes. "Papa, Maman, Steve, Andrew, Jamie, Thomas... Je suis vivant. Je suis vivant, et je l'ai fait." Un sourire instinctif aux étoiles. Clarkson ne croyait plus en rien, et n'avait jamais cru en Dieu. Ce ne serait pas demain qu'il s'y mettrait. Mais quelque part, il espérait qu'ils l'entendraient, là où ils reposaient désormais. Il leur foutait définitivement la paix. Il arrêterait de se torturer avec leur image. Il était temps de vivre. Les épreuves jonchaient déjà et joncheraient toujours son chemin. Mais ce soir, il était temps de rentrer à la maison. Et de réellement débuter cette vie. Cette nouvelle vie. Son nouveau monde.
FIN.
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