Le passé c'est le passé

ft. Aileen

Braeden regarde son assiette. Une purée à la couleur pâlichonne, un résidu de tranche de jambon, yaourt blanc sans sucre. Il sourira. Il commençait à être habitué à force. Une semaine et demi qu'il était réveillé. Une semaine et demi qu'il se contentait tant bien que mal de la bouffe affreuse de l'hôpital. Il avait beau râler, insister, même Juliette refusait de le "nourrir" d'après lui. Tout ce qu'il voulait c'était un bon repas. Et sortir. Il ne supportait pas l'hôpital en général. Il y avait passé un long moment en Afghanistan. Un mois pour se remettre d'une balle dans l'épaule et de quatre cent dix jours de tortures. La, ce n'était qu’une balle qui l'avait traversé au niveau de l'abdomen. Et en deux mois la cicatrice avait prit une jolie forme. Mais en tombant ce jour la, il c'était cogné la tête. Commotion. Pas de réveil. Il lui avait fallut deux mois de lutte acharné pour quitter le monde de son esprit et pour revenir. Downy lui avait expliqué que beaucoup de personnes étaient venu, mais il ne savait pas qui. Alors Braeden attendait, peu être s'étaient-ils lassés, peu être avaient-ils abandonnés, peu être n'étaient-ils pas au courant, peu être que si justement. En tout cas depuis son réveil les visites avaient été rares. Juliette, Downy et Hesther. C'est tout. Braeden n'en avait pas attendu d'autre. Il n'était de retour à Detroit que depuis février. Il ne connaissait pas grand monde. enfin si bien sur, il connaissait beaucoup de monde, mais personne ne se souvenait de lui. C'est ça l’inconvénient quand on part dix ans sans donner de nouvelle. Mais il s'était habitué à cette vie qu'il appréciait. Il aimait être seul, à faire de la musique. Et il aimait manger. Et il détestait l'hosto. Il soupira à nouveau et commença à avaler son repas lorsque -Ô miracle- on frappa à la porte. Il avala rapidement, s'essuya la bouche et invita la personne à enter. La porte s'ouvrit sur une jeune femme, brune, qui le regardait droit dans les yeux. Aileen. En un regard, Braeden fut plonger dans ses souvenirs.

FLASH-BACK

"J’espère qu’on ne vous dérange pas, je suis désolée pour l’encombrement et le bruit que ma fille et moi causons. " C'était cette phrase que lui avait dit l'inconnue lors de leur premier échange. Il lui avait dit qu'elles ne dérangeaient pas, que tout allait bien. Il avait fallut dix minutes à peine pour que la situation dérape. Les hommes s'étaient levé, avaient tirés sur un passager, et depuis ils terrorisaient tout le monde dans le bus. La petite fille s’agitait. Braeden regarda la jeune femme assise à ses cotés et se pencha vers elle, murmurant à son oreille "Quand je vous le direz, vous vous lèverez légèrement et prendrez ma place, je passerez sous vous, vous serez surement pus en sécurité près de la vitre, ils s'en prendront à ceux près du passage au milieu. Ne vous inquiétez pas, tout ira bien.." Il passa une main dans les cheveux de la jeune femme avant de continuer, gardant son sang froid, comme habitué, et continua "N'aillez pas peur, ils ne vous feront rien.. ils veulent surement quelques chose, ils ne tueront pas tout le monde, ils auraient déjà tout explosés sinon.. Faites moi confiance, d'accord? D'accord ??" Il regarda la femme terrifiée. Il fallait que ça marche, elle serrait plus en sécurité, il leur ferait rempart, à elle et sa petite fille.Malheureusement la femme n'osa rien faire, terrifié à l'idée qu'on les remarques. Il était pourtant sur qu'il pourrait mettre son plan à exécution à un moment donné. Et ils réussirent. Braeden et Aileen échangèrent de place, et Lexie se mit à regarder dehors. elle semblait comme dans une bulle. Braeden lui serrait désormais Hesther contre lui, regardant les hommes par à coup, tout en vérifiant que sa voisine allait bien. Que lui soit en danger, pas grave. Il avait passé dix ans à courir sous les balles, alors cette situation ne l’effrayait guère, même si elle lui rappelait de mauvais souvenirs. Mais autant lui pouvait supporter tout ça, autant il savait que pour les jeunes femmes à ses cotés c'était un tout autre résultat. Il était inquiet pour la mère et sa fille. Il réussi néanmoins à les protéger jusqu'au bout. À les protéger toutes les trois. Même si cela lui en coûta.

FIN DU FLASH-BACK

Braeden regardait la nouvelle arrivante. Il lâcha sa fourchette, silencieux, la regardant un long moment. Puis, se rendant compte de son silence, il secoua la tête légèrement et se mordit la lèvre avant de sourire. Il ne savait même pas si il devais la vouvoyer ou la tutoyer. Vu ce qu'ils avaient vécu il était tenté de dire tu, mais que voulez vous, il avait été éduqué dans le respect des autres. "Bonjour... Vous pouvez entrer, allez y." Il regarda la jeune femme approcher, poussa le repas à peine entamé sur la table de chevet et s'installa mieux pour pouvoir parler à sa visiteuse. "Je ne pensez pas vous revoir un jour.. enfin je veux dire je pensais pas vous recroiser" Avait-il bafouillé après sa bourde. Parce que vous revoir un jour, il ne l'aurait pas fait si il était mort. Il préféra changer de sujet. "Comment va votre fille?"

« Braeden Keith Wilde & Aileen Duncan » Le passé c'est le passé

L’épisode du bus ne manqua pas de traumatiser Aileen Duncan. Cette mère de famille n’osait plus en parler tant la douleur était vive. La jeune femme avait déjà vécu un malheur peu de temps avant cette prise d’otage. Un de ses amis avait mis fin à ses jours devant ses yeux en se jetant sur les rails du métro alors qu’ils passaient une excellente après-midi ensemble. Il n’émettait pas l’idée de mourir. L’avocat possédait bien des soucis mais jamais il n’admettait le suicide comme une échappatoire. La rousse avait mal. Cette souffrance, elle ne la partageait pas. L’alcool calmait sa détresse dans ses pauvres instants de solitude. Ces derniers lui rappelaient Ô combien sa vie était minable dans le fond et très différente de ce qu’elle imaginait par le passé. Elle tenait juste pour sa fille. Cette gamine méritait un bon avenir, elle ne possédait que sa mère pour survivre dans ce monde illusoirement intéressant. La professeur des écoles avait pris sa journée. Elle n’arrivait pas à bosser, la concentration n’était plus de mise. Elle voyait le pire dans chaque situation. Des flashs l’envahissaient sans arrêt. Et elle avait peur de tout… comme si des malfrats allaient pénétrer dans chaque pièce où elle choisissait d’entrer, comme si les gens passeraient de vie à trépas sans raison à chacun de ses pas. La belle avait décidé de rendre visite à Braeden à l’hôpital. Cet homme qui avait protégé les Duncan alors qu’il risquait sa vie. Il paraissait si humain, si généreux. Aileen eut un coup de cœur. Elle devait le remercier, prendre de ses nouvelles pour passer à autre chose mais aussi s’assurait que cet inconnu n’avait besoin de rien. A son tour de l’aider! Wilde avait reçu une balle une fois dans le conteneur, ce tir était dirigé à personne mais l’homme le plus clément du bus fut touché… . Comme quoi les meilleurs subissent toujours! 'Leen culpabilisait un peu. La jeune femme se dirigea vers ce lieu de soin en voiture. Sa fille de dix ans était à l’école, elle finirait à 16h30 les cours. La rouquine avait du temps devant elle. En arrivant au secrétariat, elle décrivit Braeden sur des critères physiques car elle ne connaissait pas son identité. Une infirmière la guida elle et son bouquet de fleur pour le rescapé jusqu’à la chambre de ce dernier. Aileen frappa doucement à la porte de manière à ne pas perturber le patient. Elle entra sous autorisation de l’occupant de la chambre d’hôpital. L’homme semblait un peu déboussolé. Le voir dans cet endroit et dans cette tenue rappelant son état servit à rendre triste la jeune femme.

- Bonjour Braeden, j’ai su votre nom à l’accueil quand je vous ai décris, précisa-t-elle. Elle plaça le bouquet de fleur sur une table. C’est pour vous! Je suis désolé de vous déranger. Elle sourit légèrement. Je viens aux nouvelles, comment allez vous? Braedy se mit à l’aise. Vous pouvez manger tranquillement, ne vous privez pas. Les paroles du patient la touchèrent. Vous…. Vous pouvez me tutoyer. Le vécu faisait tout! Aux dires de Wilde qui ne croyait pas en sa venue, elle répondit: Pourtant je suis présente. Je venez vous remercier pour votre comportement lors… lors… elle n’y arrivait pas à sortir le nom de l’événement. Ma fille va mieux merci… . Vous avez eu de la visite?

Le passé c'est le passé

ft. Aileen

"Bonjour Braeden, j’ai su votre nom à l’accueil quand je vous ai décris". Elle semblait triste. Elle semblait le prendre en pitié. Elle posa un beau bouquet sur la table, ne le quittant pas des yeux. Au moins elle avait pensé aux fleurs. Elle n'avait pas tellement changé depuis leur rencontre. Peu être avait-elle l'air plus sérieuse, moins... heureuse. Parce qu'elle l'avait été. Quand elle parlait avec sa fille, ne voulant pas lui dire où elles allaient. Il les avait regardé, amusés. Il avait pensé à avoir un enfant, s'aurait été une belle chose. Mais il y avait eu l'armée, puis le coma. Il savait qu'il n'était pas en état d'en avoir. Et puis ce n'était pas en craquant pour de beaux militaires qu'il allait en faire. Il avait lâché l'idée depuis longtemps. Lui qui avait toujours rêvé d'une belle famille. Il ne pouvait même pas se dire que ce n'était pas grave, qu'il avait l'amour. Parce qu'il était seul. Depuis longtemps et ça commençait à lui peser. Surtout qu'il avait bien quelqu'un en vu lui. Alors voir la petite fille heureuse dans les bras de sa mère, ça l'avait marqué. Il se souvenait de l'avoir vu gigoter, regardant partout. Elle était mignonne, comme la plupart des enfants. "C’est pour vous! Je suis désolé de vous déranger." Elle le fit revenir sur terre. il la regarda un moment, assimilant toute ses paroles, et ouvrit la bouche. "Merci pour les fleurs, elles sont très belles... Vous c'est Aileen n'est ce pas? Je m'en souviens comme si c'était hier... Enfin je veux dire... " Il se mit à bafouiller. Pour tout le monde c'était il y a deux mois. Pour lui, dix jours. Dix jours qu'il était réveillé. Il se remit néanmoins. "Vous ne me dérangez pas, asseyez vous." Il lui sourit, indiquant une chaise. "Je viens aux nouvelles, comment allez vous? Vous pouvez manger tranquillement, ne vous privez pas." il sourit un peu. Manger? Hors de question de retoucher à sa. "Non vous inquiétez pas, je ne tiens pas plus que ça à me faire empoisonner... Je ne pensez pas vous revoir un jour.. enfin je veux dire je pensais pas vous recroiser" Il lui sourit un peu alors qu'elle s'asseyait. "Vous…. Vous pouvez me tutoyer... Pourtant je suis présente. Je venez vous remercier pour votre comportement lors… lors… " Elle ne fini pas sa phrase.

Braeden avait redouté cet instant. Les remerciements. Parce qu'il n'avait aucune idée de quoi dire. Il s'était battu pendant dix ans et la réaction de l'état avait été de le déclaré mort, pas de le remercier. Et la jeune femme était la, le remerciant, sans avoir la force de finir sa phrase. Cela voulait dire tant de choses. Ils avaient tous été profondément traumatisés, tous autant les uns que les autres. Braeden n'était pas seul. Pas si seul. Pas autant qu'il l'avait pensé. Bien évidemment aucun n'avait eu le même passé, mais ils étaient tous solidaires. C'est pour ça qu'elle était la, avec son bouquet, à lui sourire pour cacher sa tristesse. " Vo.. Tu n'as pas à me remercier, je n'ai fait que mon travail, enfin mon devoir plutôt maintenant. J'ai rien à perdre, je pense que c'est normal quand on a rien à perdre de se mettre en danger pour les autres." Il pensait sincèrement ce qu'il avait dit. Il avait l'habitude de toujours divulguer ses pensées, le genre tout dire sans réfléchir, puis s'en vouloir après. Un peu gaffeur, mais parfois très sage. Un grand enfant pour dire vrai. Un jeune homme qui n'avait pas eu le temps de profiter de la vie et qui s'en amusait maintenant. "Ma fille va mieux merci… . Tu as eu de la visite?" "Et bien... Downy Clarkson, un très bon ami, et puis Hesther viens souvent, elle était dans le bus avec nous... Ma meilleure amie est aussi mon médecin, et il parait que des gens sont venu durant mon... coma, mais je ne sais pas qui. Et toi, tu t'en sors comment? Je veux dire.. Je ne sais même pas ce qu'il c'est passé après que je sois tombé. Je ne suis au courant de rien, j'suis un peu paumé... Y a aussi une flic qui est venue me voir, elle m'a posé des tas de questions à la con... Apparemment ça les amuses de remuer le couteau dans la plaie".

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Aileen Duncan était concentrée dans ses formules de politesse alors que le jeune homme, allongé sur un lit d’hôpital, souffrait certainement. En tout cas, il restait pensif. La rousse se sentait totalement coupable de ce qui fut arrivé à Braeden. S’il n’avait pas tenté de sauver tout le monde, dont elle et sa fille, jamais il n’aurait pris cette balle. Il méritait un meilleur avenir que de rester terré dans une chambre, dans un lieu des plus morbides. Quelqu’un se souciait-il de l’état mental de ce jeune homme? L’institutrice s’intéressait au cas de ce héros. Elle l’appréciait sans réellement le connaître. Wilde fit un commentaire agréable sur les fleurs que ‘Leen venait d’apporter. La belle était trop déprimée pour contempler la beauté de ce bouquet qu’elle aurait pourtant admiré par le passé. La mort l’accaparait alors la chaleur d’une vie n’avait plus son pareil face à la vision d’une femme accablée par le passé. Décidément, depuis l’épisode du bus, rien n’avait de sens… .

- Merci à vous. Je les ai choisi pour leur couleur… . La rouquine sourit légèrement. Oui je suis Aileen, Aileen Duncan. Elle arbora une moue triste aux dires du jeune homme exactement quand il dit «  Je m'en souviens comme si c'était hier... ». Elle ne voulait pas se rappeler de ces instants de pure torture. Deux mois s’était écoulé depuis la prise d’otage. Mais qui en ressortait indemne? Que cela fasse dix jours, un an, cinq semaines ou quatre mois de réveil: la donne ne changeait pas. Ce jour fut le pire qu’Aileen avait connu! La professeur des écoles s’assit quand l’occupant de la chambre l’en autorisa. Elle enchaina: Si j’avais su, je vous aurai apporté de quoi manger. Désolé… . Mais il faut que vous vous nourrissez correctement. Soyez d’accord, je dis cela pour votre bien. Elle le fixa avec un regard bienveillant. Je suis là pourtant. J’avais envie de vous voir, de prendre de vos nouvelles: se répéta-t-elle.

La belle avait une attitude robotique. Elle s’en voulait pour ce que Braeden subissait. Elle avait mal au cœur pour lui. Elle n’aimait pas le voir en tant que patient d’un hôpital. Aileen se sentait très mal. La noirceur commençait à la ronger petit à petit. Le tutoiement était de mise entre ces deux âmes tourmentées. La conversation allait bon train malgré le désarroi de chacun.

- Si je te dois beaucoup Braeden! Tu nous as soutenu jusqu’au bout alors que tu nous devais rien. Peu de gens se comporte de la sorte de nos jours. Merci, franchement, sans toi: ma fille et moi serions peut-être… elle marqua un temps de pause, mortes. Tu n'as peut-être rien à perdre toi mais les autres si car tu es quelqu’un d’exceptionnel. Les autres auraient perdu beaucoup. Le brunet se confiait. Il répondait aux questions de la rousse sans timidité. Tu es bien entouré à ce que je vois, c’est une bonne chose. Ta meilleure amie est médecin, quelle chance! La suite la surprit. Moi? Rien. Nous sommes restés coincés dans ce conteneur… . La chaleur, c’était insupportable et affreux… . Le sang, les pleurs des gens…, il y a eu un tas de morts. La jeune femme tremblait en racontant ce réel cauchemar. Les pauses entre deux démontraient la dureté de ces souvenirs. C’était horrible… . Des gens sont morts de déshydratation, certains n’avaient pas ce qu’il leur fallait pour survivre, d’autres… si tu n’as pas eu à voir cela t’en mieux dans un sens, se coupa-t-elle. Les tremblements ne se stoppèrent pas. Je suis navrée… . La police t’as ennuyé? Pourquoi? C’est de la folie… ! Elle attendit une réponse de la part de son interlocuteur.

Abandonné, verrouillé & archivé.