Depuis un certain temps, la vie de Constance avait changé. Bien que ce n’était pas totalement pour le mieux, vu que l’ancienne fauchée avait perdu son nouveau mari. Celui-ci était décédé suite à une fuite de gaz horrible au casino dont il était propriétaire. Swanson n’avait jamais été autant amoureuse depuis qu’elle était gamine. Elle éprouvait quelque chose de très fort pour Jaymes et malheureusement pour elle, c’était la fin. Weeler ne l’oublierait jamais et encore moins qu’il avait fait le choix de tout lui léguer avant de mourir ; son argent, sa villa et son casino surtout. Elle n’avait pas totalement les compétences pour faire ça, mais elle tentait le coup et Constance ne pouvait contredire, elle adorait ça. Fini les rats et les problèmes d’argents, enfin. La jeune demoiselle se sentait toujours très mal face au décès de Jaymes, mais elle tentait de ne pas le montrer. Après tout, elle était une menteuse hors pair, pourquoi ne pas cacher ses sentiments pour une fois.

Le temps de prendre une pause était là. La casino était en reconstruction et Swanson avait passé un bon moment avec les contacteurs. Une chance, une partie de l’établissement était toujours ouverte – sachant que dans le cas contraire, elle pourrait perdre une grande somme d’argent – la belle arriva au petit café et commanda un café ainsi qu’un sac de beigne. Elle était habillée d’un magnifique tailleur et se retourna, mais avant de trouver une table, elle tomba nez à nez avec une ancienne connaissance, elle échappa par surprise la totalité de son café sur le sol – évidemment plusieurs gouttelettes tombèrent sur les vêtements de Tia – Elle porta ses mains à son visage et ajouta totalement choquée. « Oh non !! Je m’excuse, sincèrement pardonne moi !! »

Je me suis accordée un petit moment de pause, hors du centre. Certes, il n'y avait pas beaucoup de monde aujourd'hui. Généralement, les jours de semaines étaient un peu plus creux que les soirées. Mes cours se déroulaient en grande partie pendant les vacances scolaires, mais bien sûr, certains élèves se présentaient le mardi et le jeudi le soir. J'ai donc pas mal de temps libre dans l'immédiat et j'en profite donc, pour aller dans ce petit café fort sympathique que j'ai découvert il y a quelques mois.

Après quelques mètres de parcourus, je pénètre enfin dans le petit café. D'habitude, il est bondé mais aujourd'hui, bizarrement, il n'y a pas grand monde. Je me dirige vers le comptoir quand une jeune femme, qui ne m'est pas inconnue, lâche son verre de surprise. Quelques gouttes tombent sur mes vêtements. Je grimace un peu.

- Oh non !! Je m’excuse, sincèrement pardonne moi !!
- Ne t'inquiètes donc pas pour si peu, ce n'est pas grave ! Il n'y a pas mort d'homme.

Je lui souris aimablement et lui fait une bise en guise de bonjour.

- Comment vas-tu Constance ?

En renversant son café sur le sol de la pâtisserie, Constance constata qu’elle connaissait bel et bien la femme qu’elle venait de surprendre. Il s’agissait de Tia, une jeune femme plutôt riche qu’elle avait croisé dans le passé lors des soirées uppées de Detroit. Étant complètement fauchée à cette époque, la brunette s’était délibérément incrustée dans certaines de ses soirées pour profiter du buffet gratuit et ainsi pouvoir remplir son estomac – et même parfois son frigidaire lorsqu’elle se gardait un sac à main plutôt imposant – pour le reste de la semaine. La jeune Swanson avait beaucoup changé et avait même évoluée. Elle était maintenant une riche femme, bien que son cœur reste blessé par la mort de son mari. Jaymes était tout pour elle et son amour était sans compter puissant. Rebecca ne pouvait guère se remettre de cette horrible fuite de gaz en janvier dernier. La demoiselle se sentait si coupable, elle était sur le point de présenter son mari à deux de ses meilleures copines après tout. Démontrer ce qu’elle ressentait, ce n’était pas toujours simple pour Weeler et la douce semblait ne pas montrer sa tristesse en publique, laissant les gens croient qu’elle avait épousé cette homme que pour hériter de tout. Certaines ragots disaient même que la fuite était provoquée par la femme de Jaymes, horrible histoire. Enfin, elle sourit à Tia et se pencha aussitôt pour tenter de nettoyer le dégât à l’aide des serviettes en papier qu’elle avait sous la main – ce qui n’était pas vraiment d’une bonne aide finalement – Elle ria bêtement, un peu maladroite. « Oui, je vais bien, très bien ! Et toi, ça fait vraiment longtemps qu’on ne s’est pas vue, qu’est-ce que tu deviens ? » Demanda-t-elle en souriant, levant la tête vers la femme en question.

- Oui, je vais bien, très bien ! Et toi, ça fait vraiment longtemps qu’on ne s’est pas vue, qu’est-ce que tu deviens ?
- Viens, allons nous asseoir, nous serons mieux pour discuter.

Je me dirige vers une table qui est libre. Il y a pourtant du monde mais, nous avons de la chance, il y a de bonnes tables de libres et celle que j'ai repéré, elle est parfaite. Je m'installe d'un côté puis regarde Constance faire de même.

- Je vais bien aussi. J'ai pas mal de travail mais je suis heureuse comme ça. Je n'ai pas à me plaindre dans le fond. Je vois que tu as bonne mine et ça me fait vraiment très plaisir.

Je lui souris puis commence à boire de ma boisson chaude. J'airencontré Constance pendant une période de sa vie qui était très difficile. Je l'ai aidé comme j'ai pu et je vois que c'est une réussite. Je suis fière de moi, je l'avoue mais je ne vais pas non-plus m'en vanter.

- Comment va ta vie maintenant ? J'espère que tout va bien.

Constance Rebecca Swanson – et maintenant Weeler – vivait sa vie tranquillement, bien qu’à l’intérieur, elle se sentait déchirée. La pauvre avait réellement aimé Jaymes. C’était une bouffée de bonheur pour la brune. Elle se souviendrait toujours de sa rencontre à l’épicerie, lorsqu’elle avait tout renversé le stand de pommes et qu’elle était prise pour tout payer et ainsi ne pas manger de la semaine, mais Jaymes avait été là, digne d’un prince charmant pour la sortir de la misère et ainsi lui offrir un souper au restaurant au courant de la semaine qui changea sa vie complètement. Ce soir-là, elle s’était faite portée pâle et tomba sur sa patronne Maddison Wight qui la renvoya aussitôt. Jaymes lui offre un poste et casino. Une belle histoire commença à cette époque, mais tout était terminé. Le casino avait explosé suite à une fuite de gaz, Constance avait perdu son mari. Oui, elle hérita de sa fortune et du casino – en reconstruction – mais elle avait perdu le seul homme qu’elle avait réellement aimé. La pauvre avait tout de même perdue sa mère il y a quelques années d’un cancer, sa grande amie Mia Anderson fut assassinée durant l’été par le tueur en série qui tourmentait la ville et puis là son mari. C’était infecte comme situation, mais elle souriait et ne démontrait pas sa peine. Constance prit place à une table et mangea une bouchée, sachant que son café faisait maintenant une flaque sur le plancher du café, la serveuse allait lui en préparer un autre. « Oh, mais c’est super ça, je suis ravie pour toi ! » Dit-elle remplie d’énergie et de joie pour son amie. Lorsqu’elle posa la même question sur sa vie, Swanson baissa les yeux un peu timidement. Devait-elle mentir ? Elle savait si bien le faire, enfin, Swanson prit la situation comme elle le pouvait. « En fait, j’ai épousé un charmant homme d’affaire, il … est adorable ! J’en suis folle amoureuse… le seul problème c’est … » Elle hésita à continuer. « Qu’il est mort… » Et un sourire idiot se dessina sur son visage.

Les mots de Constance résonnaient dans ma tête. Mon coeur rata quelques battements à sa confidence. Ainsi donc, elle était veuve... Décidémment, la vie ne lui faisait toujours pas de cadeaux. Je ne sais pas comment réagir. Dois-je venir près d'elle et la serrer dans mes bras ? Ou bien, dois-je me contenter de la soutenir sans dire un mot ? Non, décidémment je ne peux pas me résoudre à ne rien faire ! Dans un élan de tendresse, je m'en viens à son côté et la prends dans mes bras, la serrant fort pour qu'elle comprenne que je suis là si elle a besoin de parler. Je passe tendrement ma main dans sa chevelure.

- Je suis désolée Constance... vraiment désolée..

Après un petit moment, je la regarde, lui souriant avec douceur.

- Si tu as besoin de quoique ce soit, t'hésites pas surtout. Je serais toujours là si tu as besoin, l'oublie pas surtout.

Je récupère ma boisson mais reste près d'elle. Je suis peut-être plus jeune qu'elle mais, mon caractère fait que je n'aime pas savoir telle ou telle personne triste, surtout si elle fait partie de mes amis, comme Constance.

Sachant qu’au départ, elle ne connaissait pas vraiment intimement Tia, mais elle l’avait toujours appréciée. Maintenant qu’elle était dans la souffrance et le besoin plus qu’autrefois, elle avait besoin de beaucoup de support – bien qu’à la base, Constance ne démontrait en aucun cas ce besoin-ci – l’homme d’affaire ne faisait plus partie de sa vie maintenant, il serait toujours son grand amour dans son cœur, mais la vie était difficile parfois. Comment avait-elle pu rencontrer Jaymes si tard dans sa vie pour le perdre moins qu’une année avant sa rencontre. Elle trouvait cela injuste et n’arrivait toujours pas à s’y faire. Oui, Jaymes n’était pas partie sans rien, il lui avait tout légué, mais était-ce assez ? Non. Déjà qu’elle avait Kate, la sœur de Jaymes sur le dos depuis le tout début, elle ne souhaitait surtout pas empirer la situation – bien que c’était le cas – Constance restait forte. L’accolade de la part de son amie fit beaucoup de bien à Constance qui tentait de contenir ses sentiments. Elle souriait un peu timidement. « Merci Tia… tu as entendu parler de la fuite de gaz au casino ? Ça fait les manchettes durant des jours… et bien Jaymes était là.. J’étais même présente, mais pas dans la partie qui a explosé…. » Elle soupira et retenue une fois de plus ses larmes. « Il m’a tout laissé, son argent, sa villa, son casino… c’est pourquoi tu trouves que je suis mieux, mais finalement… il est plus là, j’ai tout perdu à la fin ! » Elle serra les dents tristement. Depuis la mort de Jaymes, elle n’avait presque pas montré sa peine.

- Merci Tia… tu as entendu parler de la fuite de gaz au casino ? Ça fait les manchettes durant des jours… et bien Jaymes était là.. J’étais même présente, mais pas dans la partie qui a explosé….
- Oui j'en ai entendu parlé mais j'avais du mal a imaginé cet accident.. Je veux dire, en lisant les faits, on aurait dit que c'était volontaire.. Constance, je comprends ta souffrance mais, il faut que tu l'exprime le plus possible parce que sinon... sinon ça te dévore de l'intérieur et tu finis par entrer dans une sphère infernale qu'est la dépression.. Je ne te demande pas de rire et tout ça mais il faut que tu essaye d'aller de l'avant. Mais d'bord, il faut que tu exorcises cette peine en toi sinon, tu ne pourras jamais avancer.

J'essaye de trouver mes mots mais c'est difficile. Certes, je peux comprendre que la perte d'un être cher est douloureuse. Je n'ai pas vécu ça. J'ai vécu les assauts assassin d'un homme qui ne voyait en moi qu'un vide-c******. Il m'a rossé de coups jusqu'à ce que j'en perde connaissance.

- Il m’a tout laissé, son argent, sa villa, son casino… c’est pourquoi tu trouves que je suis mieux, mais finalement… il est plus là, j’ai tout perdu à la fin !
- Tu es une belle femme Constance et même si c'est dans longtemps, je suis sûre que tu trouveras quelqu'un de bien qui t'aidera à panser tes plaies et j'espère que tu retrouveras ta joie de vivre. En attendant, je serais là pour te soutenir quoiqu'il arrive.

Je la prends de nouveau dans mes bras, la berçant gentiment. Je ne peux pas faire plus que ça parce que je ne sais pas vraiment comment m'y prendre dans le fond.

Constance Swanson observait son amie d’un sourire compréhensif. Elle écoutait chacune de ses paroles et savait parfaitement ce qu’elle signifiait. Tia était un peu sous le choc par la nouvelle, mais tenait par-dessus tout à l’aider dans sa démarche de guérison et une amie comme ça, c’était ce qu’elle désirait. Oui, la brunette respirait la joie et la sympathie habituellement, ce qui lui dévoilait un grand jeu d’ami sur laquelle elle pouvait compter, mais dès qu’elle pouvait forger une nouvelle amitié, elle n’hésitait surtout pas et sautait sur l’occasion. Rares étaient les gens qu’elle détestait sincèrement, la riche veuve n’avait pas eu la chance de parler beaucoup à cette femme avant l’accident, mais elle savait qu’elle pouvait désormais lui faire confiance et compter sur elle, ce qui la réjouie. La brune serra lentement les dents et baissa les yeux vers son verre de carton tristement, laissant entrevoir ainsi de petit creux à la base de ses joues. « Merci d’être là pour moi, je dois dire que j’ai beaucoup de difficulté à démontrer ce que je ressens face à tout ça , je suis effondrée, mais je n’arrive pas à montrer ce que je ressens devant les autres, j’ai un blocage et pour ça, tout le monde pense que j’ai un lien dans cette fuite de gaz que pour obtenir sa fortune, comme ma belle-sœur Alice Weeler justement… et ça me décourage tu sais Tia ! Je souffre de son absence… » Swanson n’arrivait pas à croire qu’elle s’ouvre de la sorte. Elle avait passé du temps assez sombre à Detroit depuis qu’elle y résidait à vrai dire. « Sinon, pour l’enquête, la police stagne sur le résultat je pense, rien n’a été déterminé encore… » Elle soupira et passa une main sur son visage pour replacer une mèche rebelle. « Espérons que ça arrive… je porte la poisse je pense, la malchance m’a toujours suivie, à croire que tu devrais t’éloigner de moi et vite ! Attention, un camion va foncer dans la vitrine et t’écraser et comme défaite, je vais en survivre… » Dit-elle en rigolant bêtement.